The Chikhai Bardo [LE BARDO DU MOMENT DE LA MORT ]
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(Version Marguerite La Fuente)



2. 1  
Instructions concernant le second stage du Chikhai Bardo : la claire lumière secondaire vue immédiatement après la Mort.
2. 2  
La Claire Lumière Primordiale, si elle a été reconnue, a fait atteindre à la Libération. Mais si l'on craint qu'elle n'ait pu être reconnue, alors on peut certainement assurer que le défunt verra luire la Claire Lumière secondaire qui se lèvera environ "le temps d'un repas" après que l'expiration aura cessé (101).
2. 3  
Suivant le bon ou mauvais karma, la force vitale descend dans le nerf droit ou gauche et s'en va par l'une des ouvertures du corps (102). Vient alors un état d'esprit lucide (103).
2. 4  
L'état de Claire Lumière primordiale peut durer le "temps d'un repas", cela dépendra de la bonne ou mauvaise condition des nerfs et aussi de l'étude de la confrontation faite durant la vie.
2. 5  
Lorsque le Principe-Conscient sort du corps, il se demande : "Suis-je mort ou non ?". Il ne peut le déterminer ; il voit ses proches, son entourage comme ils les voyaient avant. Il entend leurs plaintes. Les illusions karmiques de terreur ne se lèvent pas encore, non plus que les apparitions ou expériences produites par les Maîtres de la Mort (104).
2. 6  
Durant cet intervalle, le Lāma ou lecteur doit suivre les directions du Thödol.
2. 7  
Il y a des adeptes du stage de perfection et ceux du stage de vision. Si on s'adresse à un adepte du stage de perfection, appelez-le trois fois par son nom et répétez plusieurs fois les paroles de confrontation avec la Claire Lumière, lues au premier chapitre. Si c'est un adepte du sage de vision, alors lisez-lui les prières d'introduction et le texte de la Méditation sur sa divinité tutélaire (105) puis, dites-lui :
2. 8  
"Ô fils noble, médite sur ta divinité protectrice (ici, dire le nom de la divinité) (106). Ne sois pas distrait. Concentre ton esprit sur ton dieu tutélaire. Médite sur lui comme s'il était le reflet de la lune sur l'eau, apparent mais inexistant en lui-même. Médite sur lui comme s'il était un être ayant un corps physique".
2. 9  
Ainsi le lecteur imprimera cette idée dans l'esprit du mort. Si le mort est un être ordinaire, dites :
2. 10  
"Médite sur le Grand Seigneur de Compassion." (107)
2. 11  
Ainsi confrontés, même ceux que l'on croirait incapables de reconnaître le Bardo (sans aide) seront sans nul doute certains de le reconnaître.
2. 12  
Des personnes qui, pendant leur vie, ont étudié la Confrontation avec un guru mais sans se familiariser avec elle, ne pourront reconnaître seules le Bai-do. Un guru ou un frère de la Foi devra les aider à ce moment (108).
2. 13  
Il peut y avoir aussi ceux qui, s'étant entraînés dans l'enseignement, ne peuvent mentalement pas résister à l'illusion, à cause d'une mort trop violente. Pour ceux-là aussi l'instruction est absolument nécessaire.
2. 14  
Il y a également ceux qui, entraînés dans l'enseignement, ont mérité de passer dans un état d'existence misérable, par suite du manquement à des vœux ou à l'accomplissement honnête d'obligations essentielles. Pour ceux-là aussi, cette instruction est absolument nécessaire.
2. 15  
Si le premier stage du Bardo a été saisi de suite, c'est pour le mieux. Sinon, par l'application de ce rappel distinct (au mort) dans le deuxième stage, l'intellect est éveillé et peut atteindre la libération.
2. 16  
Durant le second stage du Bardo, le corps est dans l'état appelé "le corps d'illusion brillant" (109).
2. 17  
Ne sachant s'il est mort ou non, il arrive à un état de lucidité (110). Si les instructions sont appliquées au mort, avec succès, durant cet état, le karma ne pourra empêcher (111) sa rencontre avec la Réalité-Mère et la Réalité de descendance (112). Ainsi que les rayons du soleil dissipent les ténèbres, la Claire Lumière dissipe la puissance du karma.
2. 18  
Ce qui est appelé le deuxième stage du Bardo se lève pour éclairer le corps-pensée (113). "Le Connaisseur" demeure dans les endroits où ses activités ont été limitées. Si, à ce moment, tout cet enseignement spécial a été appliqué efficacement alors le but est atteint. Car les illusions karmiques ne sont pas encore venues tirailler ici et là le mort pour le détourner du but de l'achèvement de l'illumination.
2. 19  
Notes

(101) Dès que la force vitale passe dans le nerf médian, la personne mourante se trouve dans la Claire Lumière en sa primitive pureté : le Dharma-Kāya sans obscurcissement. Et s'il ne peut s'y tenir il entre alors dans la Claire Lumière secondaire étant tombé dans un stage inférieur du Bardo, où le Dharma-Kāya est terni par les obscurités karmiques.
(102) Voir page (215).
(103) Shes-Pa appelé ici esprit. Le traducteur ajoute : la force vitale passant par le nerf psychique du nombril et le principe conscient passant par le nerf psychique du cerveau s'unissent dans le centre psychique du coeur et, en quittant normalement le corps par l'ouverture de Brāhma, produisent dans le mourant une sorte d'intense extase. Le stage suivant est d'une intensité moins forte. Dans le 1er stage est expérimentée la Claire Lumière primordiale et dans le 2ème la Claire Lumière secondaire. Une balle lancée fait des bonds de moins en moins hauts jusqu'à l'immobilisation ; il en est de même du principe conscient au moment de la mort. Son premier élan après avoir quitté le corps est le plus haut, le suivant est moins élevé et ainsi jusqu'à ce que la force du karma s'étant épuisée dans l'état post-mortem, le principe conscient, venu au repos, entre dans une matrice et vient à renaître.
(104) Texte : Gshin-rje (Pron. Shin-je) : Seigneur de la Mort ; ici le pluriel est préférable.
(105) Voir : The Craft to Know Well to Die, éd. Comper, chap. IV, p. (73). "Alors, il (le mourant) doit avoir recours aux apôtres, martyrs, confesseurs, vierges, tous les saints qu'il a tant aimés."
(106) La divinité favorite ou tutélaire (yi-dam) est habituellement un des Bouddhas ou Bodhisattvas, Chenrazee est le plus populaire.
(107) Texte : Jo-vo-thugs-rje-chen-po (pron. : Jo-wo-thu-ji-chen-po) : Seigneur de Grande Compassion, synonyme en tibétain de Spyan-ras-gzigs (pron. : Chen-rā-zi), sans. : Avalokiteshvara.
(108) Une personne peut avoir entendu décrire la natation et ne pas avoir essayé de nager. Jetée à l'eau brusquement, elle se trouvera incapable d'agir. Il en est de même pour ceux qui écoutent la théorie de la mort sans étudier son applicacation par des pratiques Yogīs. Ils ne peuvent tenir leur conscience attentive sans distractions, ils sont troublés par le changement de conditions et manquent ainsi de progresser et de profiter des avantages offerts par la mort. La direction d'un guru vivant doit les soutenir, et malgré tout ce qu'il pourra faire, si leur karma est mauvais, ils pourront manquer de reconnaître le Bardo pour ce qu'il est.
(109) Texte : Dag-pahi-sgyu-lū (pron. : tag-pay-gyu lū) : Pur ou brillant, le corps d'illusion. sans. : Mayā-rupa. La contre-partie éthérée du corps physique du plan terrestre. Le corps astral de la Théosophie.
(110) Lorsque le principe conscient sort du corps humain, une sorte de frémissement se produit qui fait naître un état de lucidité.
(111) Litt. "karma ne peut tourner sa bouche ou sa tête", allusion au cavalier dirigeant son cheval. Voir : Tantra of the Great Liberation, trad. A. Avalon, Londres, (1913), p. (359). "L'homme aveuglé par l'ignorance, le sot pris dans les filets de ses actes, écoutant ce grand Tantra sont déliés des liens karmiques."
(112) Texte : Chös-nyid-ma-bu, sans. : Dharma Matri Putra : "Vérité Mère et Vérité de descendance". La "Vérité de descendance" est celle qui est expérimentée dans ce monde en pratiquant la méditation profonde (sans. : Dhyāna). La "Vérité Mère" est la Vérité primordiale et fondamentale qui n'est expérimentée qu'après la mort lorsque le "Connaisseur" est dans l'état équilibré du Bardo, avant que les tendances karmiques ne soient entrées en activité. Ce qu'une photographie est par rapport à l'objet photographié peut faire mieux comprendre la "Vérité de descendance" vis-à-vis de la "Vérité Mère".
(113) Texte : Yid-kyi-lus (pron. : yid-kyi-lu) : Cor


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