The Chönyid Bardo [LE BARDO DE L'EXPERIENCE DE LA REALITE ]
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12 Verses | Page 1 / 1
(Version Marguerite La Fuente)



4. 1  
Second jour
4. 2  
Il a pu se faire que malgré cette confrontation, le mort, par la force de la colère ou de son karma obscurcissant, se soit laissé alarmer par la lumière splendide, ait fui, ou se soit laissé dominer par les illusions malgré les paroles dites.
4. 3  
Alors, le second jour Vajra-Sattva et les déités qui l'entourent ainsi que les mauvaises actions du mort qui lui ont mérité l'enfer, viendront pour l'accueillir.
4. 4  
Pour la confrontation, il faut appeler le mort par son nom et lui dire :
4. 5  
"Ô fils noble, écoute sans distractions. Le second jour, la pure forme de l'eau brillera comme une lumière blanche. A ce moment, du royaume de la sagesse prééminente qui est le royaume bleu foncé de l'Est, le Bhagavān Akshobhya Vajra-Sattva (137) de couleur bleue tenant dans sa main le dorje (138) à cinq branches, assis sur le trône de l'éléphant et enlacé par la Mère Māmaki (139) t'apparaîtra entouré des Bodhisattvas : Kshitigarbha (140) et Maitreya (141) avec les Bodhisattvas féminins : Lasema et Pusphema (142). Ces six divinités bodhiques t'apparaîtront.
4. 6  
L'agrégat de ton principe de conscience (143) dans la forme la plus pure qui est "La Sagesse semblable au Miroir", brillera telle une lumière claire, radieuse et blanche qui sort du cœur de Vajra-Sattva le Père Mére (144). Si éblouissante, brillante et transparente que tu pourras à peine la regarder, cette lumière jaillira vers toi.
4. 7  
Une terne lueur gris fumée venue de l'enfer paraîtra à côté de la lumière de la "Sagesse, semblable au Miroir" et viendra aussi te frapper. Alors, par la force de la colère, tu seras surpris et effrayé par la blanche lumière et tu voudras fuir ; tu te sentiras attiré par la terne lueur gris fumée de l'enfer : Agis de telle sorte que tu ne sois pas effrayé par la lumière blanche, brillante, éblouissante et transparente. Reconnais-la pour être celle de la sagesse. Mets en elle ta foi humble et profonde. Elle est la lumière de la grâce de Bhagavan VajraSattva. Pense avec foi "Je prendrai mon refuge en elle" et prie. Tu as devant toi le Bhagavān Vajra-Sattva venant te recevoir et te sauver des craintes et terreurs du Bardo. Crois en sa Lumière c'est "Le crochet des rayons de la grâce" par (145) lequel Vajra-Sattva te sauvera.
4. 8  
Ne sois pas attiré par la terne lueur gris fumée de l'enfer. C'est le mauvais karma accumulé de la colère violente qui a ouvert ce chemin. Si tu suis cette attraction tu tomberas dans les mondes-enfers où tu devras endurer une grande misère sans qu'un temps certain te soit fixé pour en sortir.
4. 9  
Ceci est une interruption pour t'arrêter dans la voie de la Libération, ne regarde pas autour de toi, évite la colère (146). Ne sois pas attiré par tout cela, ne sois pas faible. Crois en la blanche Lumière éblouissante et brillante et, mettant tout ton cœur en Bhagavān Vajra-Sattva, dit :
4. 10  
"Hélas ! au moment où j'erre dans le Sangsāra par la puissance de la colère violente,
Sur le chemin lumineux de la Sagesse semblable au Miroir.
Puissé-je être conduit par Bhagavān Vajra-Sattva ;
Puisse la Divine Mère Māmaki me suivre pour me protéger ;
Puissé-je être conduit en sûreté au travers des embûches du Bardo.
Et puissé-je être placé dans l'état tout parfait du Bouddha."
4. 11  
Disant cela, avec une foi humble et profonde, tu te fondras dans le halo d'arc-en-ciel du cœur du Bhagavān Vajra-Sattva et tu obtiendras l'état de Bouddha dans le Sambhoga-Kāya du royaume de l'Est, appelé le royaume du Suprême Bonheur."
4. 12  
Notes

(137) Texte : Rdorje-sems-dpah-Mi-bskyod-pa (pron. : Dorje-rems-pa Mi-kyod-pa), sans. : VajraSattva Akshobhya. Le Calme ou l'Immuable. Le Dhyāni Bouddha de l'Est apparaît ici comme son reflet actif et orné dans le Sambhoga-Kāya Vajra-Sattva (l'esprit divin héroïque ou l'esprit indestructible). Vajra-Dhāra (l'indestructible ou la prise inébranlable) est aussi un reflet d'Akshobya, ils sont tous deux des divinités importantes de l'école ésotérique.
(138) Le dorje est le sceptre lamaïque, figuration de la foudre d'Indra (Jupiter).
(139) Il y a une erreur dans le texte imprimé qui porte : Sangs-rgyas-spyan-ma (pron. : Sang-yay Chan-ma) : "Celle qui a l'oeil du Bouddha", qui, dans notre manuscrit, accompagne RatnaSambhava le (3ème jour. Māmaki est un des 108 noms de Dolma, la déesse nationale du Tibet (sans. : Tarā) ; Dans le Dharma-Samgraha on cite quatre Devis nommées : Rochani, Māmaki, Pāndurā et Tara.
(140) Texte : Sahi-snying-po (prou, Sayi-nying-po) ; sans. : Kshitigarbha : Matrice de la terre. (141) Texte : Byams-pa (pron. Cham-pa), sans. : Maitreya : "Amour", le Bouddha qui viendra réformer l'humanité par la force de l'amour divin.
(142) Texte : Lasema et Pushpema, formes sanscrites corrompues introduites dans notre manuscrit ; en tibétain : Sgeg-mo-ma (sans. : Lāsya ), "la Belle ou la Coquette" est représentée tenant un miroir et personnifie la Beauté. Me-tog-ma (sans. : Pushpa) : "Celle qui tient des fleurs" personnifie la Floraison.
(143) Texte : Rnampar-shes-pahi phung-po (pron. : Nampar-she-pay-phung-po) L'agrégat du principe conscient, "le Connaisseur", l'esprit dans sa fonction de connaissance. Dans le texte imprimé nous trouvons ceci remplacé par Gzugs-kyiphung-po (pron. : Zu-kyi-phung-po), l'agrégat du corps.
(144) Voir note (132).
(145) Les rayons de la grâce divine forment un crochet pour saisir le mort et le retirer au-dessus des dangers du Bardo. Quelquefois on pense que chaque rayon se termine per un crochet, ou une main, ainsi que les rayons émanant du dieu solaire Ra et descendant comme la grâce sur les fidèles, étaient représentés dans les temples égyptiens. Les Chrétiens expriment cette idée par "la main de Dieu qui sauve".
(146) On se représente peut-être ici le mort capable de voir les siens sur la terre et se mettant en colère s'il les voit se disputer son bien, ou si le Lama qui dirige les funérailles est avare ou intéressé. La défense de se mettre en colère est essentiellement yogī. Les yogīs de toutes les religions savent que la colère empêche tout progrès spirituel. Ceci est à rapprocher également de l'enseignement donné en Égypte ancienne sur les dangers de la colère : les Préceptes de Ptah-hotep.


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Chapitre 4
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