PART II [LE PROCEDE DE LA RENAISSANCE ]
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(Version Marguerite La Fuente)



13. 1  
Naissance par le germe – le retour au monde humain
13. 2  
"Si pourtant une telle (naissance supra-normale) n'est pas possible et que l'on se réjouisse d'entrer dans un germe ou que l'on doive y entrer, voici l'enseignement pour le choix de la porte de la matrice dans le Sangsāra impur. Écoute.
13. 3  
Regardant, avec ton pouvoir supra-normal de prévision les Continents décrits, choisi celui où la religion prévaut et entre là. Si la naissance doit se faire sur le monceau d'impuretés (349), une sensation d'odeur agréable t'attirera vers cette masse impure et tu obtiendras la naissance ainsi.
13. 4  
De quelque façon que t'apparaissent (les matrices ou les visions), ne les regarde pas comme elles sont (ou paraissent être) et, ne te sentant ni attiré, ni repoussé, tu pourras choisir un bon germe. En ceci aussi comme il est important de diriger le souhait, dirige-le ainsi :
13. 5  
Ah, je dois prendre naissance comme un grand empereur, ou un Brāhmane semblable à l'arbre-sal (350), ou comme le fils d'un adepte des puissances siddhiques (351), ou dans une famille sans tache dans sa lignée, ou dans un homme de caste plein de foi (religieuse), et étant né ainsi, je dois être doté de grand mérite pour être capable de servir tous les êtres animés".
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Pensant cela, dirige ton souhait et entre dans le germe. Au même moment, émets tes ondes de dons (de grâce et de bon vouloir) sur le sein où tu entres, (le transformant ainsi) en demeure céleste (352). Et dans la croyance que les Conquérants et leurs Fils (Bodhisattvas) des Dix Directions (353) et les déités tutélaires, spécialement le Grand Compatissant, vont le doter de leur puissance, prie-les et entre dans le germe.
13. 7  
En choisissant ainsi la porte de la matrice il y a une possibilité d'erreur. Par l'influence du mauvais karma de bons germes peuvent paraître mauvais et de mauvais peuvent sembler bons ; une telle erreur est possible. A ce moment aussi l'art de l'enseignement étant important, suis-le ainsi :
13. 8  
Même si un germe apparaît bon, ne sois pas attiré ; s'il apparaît mauvais, n'aie pas de répulsion. Être libre de répulsion ou d'attraction, du désir de prendre ou d'éviter – entrer dans un état de complète impartialité – c'est le plus profond de l'art. Excepté pour le petit nombre qui a eu quelque expérience pratique (de développement psychique), il est difficile de se débarrasser des restes du mal des mauvaises tendances."
13. 9  
(Instructions pour l'Officiant) : Donc, s'ils sont incapables de se séparer de l'attraction et de la répulsion, ceux de la plus inférieure mentalité et de mauvais karma mériteront de prendre refuge parmi les brutes (354). La manière de les en empêcher est d'appeler le défunt par son nom, encore une fois, ainsi :
13. 10  
"Ô fils noble, si tu ne peux t'affranchir de l'attraction et de la répulsion, si tu ne connais pas (l'art de) choisir la porte de la matrice, quelles que soient les visions déjà décrites qui t'apparaissent, appelle la Précieuse Trinité et prends refuge (en elle). Prie le Grand Compatissant. Marche la tête levée. Connais que tu es dans le Bardo. Rejette toute faiblesse ou attraction envers tes fils, tes filles ou quelque être cher laissé en arrière ; ils ne peuvent te servir en rien. Entre dans le (chemin) de Lumière Blanche des Dévas ou dans le Chemin de Lumière Jaune des êtres humains (355) ; entre dans les grandes demeures de métaux précieux ou dans les délicieux jardins."
13. 11  
(Instructions pour l'Officiant) : Répétez ces (mots adressés au défunt) sept fois de suite. Après on doit offrir : "L'invocation aux Bouddhas et Bodhisattvas", "Le Chemin des Bons souhaits protégeant des Peurs dans le Bardo" ; "Les Paroles Fondamentales du Bardo" et "Le Sauveur (ou le chemin des bons souhaits pour sauver) des Embuscades (ou du dangereux passage étroit) du Bardo" (356). Ces prières doivent être lues trois fois. On doit aussi lire le Tahdol qui libère les agrégats (357) du corps et le "Rite qui confère de soi-même la Libération en (vertu de) Tendance" (358).
13. 12  
Notes

(346) C'est le royaume où règne maintenant le grand Guru Padma Sambhava (appelé ici Urgyan).
(347) Maitreya le futur maître de l'enseignement bodhique, demeure maintenant au ciel Tushita où il est roi.
(348) La naissance d'une fleur de lotus dans le ciel Tushita ou le monde déva, implique ésotériquement une naissance pure, c'est-à-dire une naissance autre que celle par la matrice, considérée comme impure.
(349) Le sperme et l'ovule dans la matrice imprégnée.
(350) Texte : Sala (sans. : Shāla), le shorea robusta, un des arbres à bois dur des forêts indiennes atteignant une grande taille. Le mot tibétain pour Brāhmane est Brāmze (pron. : Tāmze). Les anciens indiens regardaient le sal comme le meilleur arbre à cause de son feuillage et sa floraison splendide. Pour les Bouddhistes il fut sanctifié par la naissance et la mort de l'Illuminé qui furent protégés par son ombre.
(351) Texte : grub-pa-thob-pa (pron. : dub-pa-thob-pa), sans. : Siddha purusha, adepte des pouvoirs siddhiques (ou yogiques).
(352) Le sens peut être rendu ainsi : Par l'exercice de tes pouvoirs supranormaux "visualise" le sein où tu rentres comme une demeure céleste.
(353) Ce sont les quatre points cardinaux, les quatre points intermédiaires, le nadir et le zénith.
(354) Ou, ésotériquement, parmi des étres humains semblables aux brutes.
(355) Le texte ici, sans doute par erreur de copie, porte lumière bleue au lieu de lumière jaune.
(356) Ces quatre prières sont données à l'appendice.
(357) L'agrégat d'un corps humain vivant est composé, suivant quelques systèmes tibétains de yoga de vingt-sept parties : 1° : les cinq éléments : terre, eau, feu, air, éther ; 2° : les cinq skandhas agrégats : corps, sensation, sentiments, volition conscience ; 3° : les cinq airs : air descendant, air égalisant la chaleur, air qui pénètre, air soulevant, air maintenant la vie ; 4° : les cinq sens organes : nez, oreilles, yeux, langue, peau ; 5° : les six facultés : vue, odorat, ouie, goût, perception, raisonnement ; 6° : la mentalité. Ces 27 parties constituent la personnalité impermanente ; derrières elles est le subconscient le "Connaisseur" qui, à la différence de la personnalité est le principe capable de réaliser le Nirvāna. Quelques parties du texte du Tahdol sont faites de yantras et attachées au corps du vivant aussi bien que du mort. Au moment de la mort d'une personne on les brûle ou les enterre avec le corps, car la croyance populaire est que cela confère la libération au corps agrégat. On trouve cet usage dans l'Astrologie des Morts, livre tibétain ayant bien des versions et qui prescrit (en se servant du calcul astrologique au moment de la mort) le temps approprié, la place, le mode de funérailles, le royaume d'après la mort auquel !e défunt est destiné, le pays et la condition de sa renaissance sur terre.
(358) Texte : Chös-spyod-bag-chags-rang-grol (pron. : Chö-chod-bag-chah-rang-dol), titre d'une brève version métrique du Bardo Thödol qui, étant facile à retenir, est récitée habituellement et est considérée comme libératrice. Par l'habitude acquise, il est supposé que le défunt, sachant le rituel par coeur, s'en souvient dès qu'on le lit et est ainsi libéré.


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