Chapitre 1
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(Ⅰ)
(Ⅱ)


1. 51  
एवं सर्वं स सृष्ट्वेदं मां चाचिन्त्यपराक्रमः ।
आत्मन्यन्तर्दधे भूयः कालं कालेन पीडयन् । । १.५१ । ।
- Après avoir ainsi créé tout cet (univers) et moi-même, celui dont le pouvoir est incompréhensible se résorba de nouveau en lui-même, remplaçant une période par une autre. (Ⅰ)
- En lui-même : Je ne puis admettre le sens de L. « absorbé dans l'Ame suprême ». — Une période par une autre : c'est-à-dire la période de création srshtikâla par la période de destruction pralayakâla. (Ⅱ)
1. 52  
यदा स देवो जागर्ति तदेवं चेष्टते जगत् ।
यदा स्वपिति शान्तात्मा तदा सर्वं निमीलति । । १.५२ । ।
- Quand le Divin s'éveille le monde se meut : quand il dort en repos, alors tout (l'univers) sommeille. (Ⅰ)
- Sommeille : nimîlati signifie littéralement « ferme les yeux ». L. traduit, « se dissout ». (Ⅱ)
1. 53  
तस्मिन्स्वपिति तु स्वस्थे कर्मात्मानः शरीरिणः ।
स्वकर्मभ्यो निवर्तन्ते मनश्च ग्लानिं ऋच्छति । । १.५३ । ।
- Or quand il dort en repos, les êtres corporels, dont la nature consiste dans l'action, suspendent leurs fonctions et l'Esprit tombe dans l'inertie. (Ⅰ)
1. 54  
युगपत्तु प्रलीयन्ते यदा तस्मिन्महात्मनि ।
तदायं सर्वभूतात्मा सुखं स्वपिति निर्वृतः । । १.५४ । ।
- Quand tous en même temps s'absorbent dans cette grande âme, alors cette âme de tous les êtres repose dans une douce quiétude. (Ⅰ)
1. 55  
तमोऽयं तु समाश्रित्य चिरं तिष्ठति सेन्द्रियः ।
न च स्वं कुरुते कर्म तदोत्क्रामति मूर्तितः । । १.५५ । ।
- Mais quand cette (âme) est retournée dans l'obscurité, elle demeure longtemps unie aux organes des sens sans accomplir sa fonction ; alors elle se dépouille de sa forme corporelle. (Ⅰ)
- Obscurité: Voici en quels termes Kull. commente ce vers : « Entrant dans l'obscurité (c'est-à-dire) la cessation de la connaissance, pendant longtemps elle reste unie aux organes des sens, mais sans accomplir ses fonctions propres, telles que l'expiration et l'inspiration (de l'air) et autres : alors elle sort de sa forme corporelle (c'est-à-dire) de son premier corps pour aller dans un autre. » (Ⅱ)
1. 56  
यदाणुमात्रिको भूत्वा बीजं स्थास्नु चरिष्णु च ।
समाविशति संसृष्टस्तदा मूर्तिं विमुञ्चति । । १.५६ । ।
- Lorsque, devenant revêtue d'éléments subtils, elle entre dans une semence végétale ou animale, alors unie (à ceux-ci) elle reprend une forme corporelle. (Ⅰ)
- Revêtue d'éléments subtils : anumàtrika. Suivant Sananda cité par Kull. ces éléments subtils consistent dans le puryashtaka, mot qui désigne les huit parties constituantes, à savoir bhûta, les principes élémentaires, indriya les organes des sens, manas l'esprit ou sens interne, buddhi l'intelligence, vâsanâ les idées, karma les actes, vàyu le souffle vital, avidyà l'ignorance. (Ⅱ)
1. 57  
एवं स जाग्रत्स्वप्नाभ्यां इदं सर्वं चराचरम् ।
संजीवयति चाजस्रं प्रमापयति चाव्ययः । । १.५७ । ।
- Ainsi en s'éveillant et en dormant (tour à tour) l'Éternel anime et détruit perpétuellement toute cette (collection d'êtres) mobiles et immobiles. (Ⅰ)
1. 58  
इदं शास्त्रं तु कृत्वासौ मां एव स्वयं आदितः ।
विधिवद्ग्राहयां आस मरीच्यादींस्त्वहं मुनीन् । । १.५८ । ।
- Après avoir composé ce Livre (des lois) il me l'enseigna lui-même d'abord, selon la règle, et moi je l'ai enseigné (à mon tour) à Maritchi et aux autres Sages. (Ⅰ)
1. 59  
एतद्वोऽयं भृगुः शास्त्रं श्रावयिष्यत्यशेसतः ।
एतद्धि मत्तोऽधिजगे सर्वं एषोऽखिलं मुनिः । । १.५९ । ।
- Bhrigou que voici vous récitera ce livre d'un bout à l'autre, car ce Sage l'a appris en entier de moi. » (Ⅰ)
1. 60  
ततस्तथा स तेनोक्तो महर्षिमनुना भृगुः ।
तानब्रवीदृषीन्सर्वान्प्रीतात्मा श्रूयतां इति । । १.६० । ।
- Ainsi interpellé par Manou, Bhrigou le grand Sage, charmé dans son cœur, dit à tous ces Sages : « Écoutez ! (Ⅰ)
1. 61  
स्वायंभुवस्यास्य मनोः षड्वंश्या मनवोऽपरे ।
सृष्टवन्तः प्रजाः स्वाः स्वा महात्मानो महौजसः । । १.६१ । ।
- De ce Manou issu de l'Être existant par lui-même descendent six autres Manous magnanimes et très puissants, qui ont chacun produit des créatures, (Ⅰ)
1. 62  
स्वारोचिषश्चोत्तमश्च तामसो रैवतस्तथा ।
चाक्षुषश्च महातेजा विवस्वत्सुत एव च । । १.६२ । ।
- Svârotchicha, Auttami, Tâmasa, Raivata, le glorieux Tchâkchoucha et le fils de Vivasvat. (Ⅰ)
- Vivasvat est le nom du Soleil : le septième Manou est appelé vaivas. vata, c'est-à-dire « fils du Soleil ». (Ⅱ)
1. 63  
स्वायंभुवाद्याः सप्तैते मनवो भूरितेजसः ।
स्वे स्वेऽन्तरे सर्वं इदं उत्पाद्यापुश्चराचरम् । । १.६३ । ।
- Ces sept Manous tout-puissants, Svâyambhouva et les autres, ont, chacun pendant sa période, produit et protégé tout ce (monde d'êtres) mobiles et immobiles. (Ⅰ)
- Cette période est ce qu'on appelle un manvantara ou âge de Manou. (Ⅱ)
1. 64  
निमेषा दश चाष्टौ च काष्ठा त्रिंशत्तु ताः कला ।
त्रिंशत्कला मुहूर्तः स्यादहोरात्रं तु तावतः । । १.६४ । ।
- Dix-huit niméchas (clins d'œil) font une kâchthâ, trente kâchthâs font une kalâ, trente kalâs font un mouhoûrta, et autant de mouhoûrtas font l'espace d'un jour et d'une nuit. (Ⅰ)
1. 65  
अहोरात्रे विभजते सूर्यो मानुषदैविके ।
रात्रिः स्वप्नाय भूतानां चेष्टायै कर्मणां अहः । । १.६५ । ।
- Le soleil marque la division du jour et de la nuit pour les dieux et pour les hommes ; la nuit est pour le sommeil des êtres, le jour pour l'accomplissement de leurs fonctions. (Ⅰ)
- Pour les dieux et pour les hommes : mot à mot : « le jour et la nuit divins et humains ». (Ⅱ)
1. 66  
पित्र्ये रात्र्यहनी मासः प्रविभागस्तु पक्षयोः ।
कर्मचेष्टास्वहः कृष्णः शुक्लः स्वप्नाय शर्वरी । । १.६६ । ।
- Pour les Mânes, un mois (humain) représente un jour et une nuit; et il se divise en deux quinzaines (lunaires) : la (quinzaine) noire est (pour eux) le jour destiné aux actions, et la (quinzaine) blanche la nuit réservée au sommeil. (Ⅰ)
- Le mois lunaire des Hindous est divisé en deux quinzaines (paksha, littér. aile) : la quinzaine blanche finit avec le jour de la pleine lune, et la quinzaine noire avec le jour de la nouvelle lune. (Ⅱ)
1. 67  
दैवे रात्र्यहनी वर्षं प्रविभागस्तयोः पुनः ।
अहस्तत्रोदगयनं रात्रिः स्याद्दक्षिणायनम् । । १.६७ । ।
- Pour les dieux, une année (humaine) représente une nuit et un jour, et voici quelle en est la division : la marche du soleil vers le Nord fait le'jour, la marche du soleil vers le Sud fait la nuit. (Ⅰ)
1. 68  
ब्राह्मस्य तु क्षपाहस्य यत्प्रमाणं समासतः ।
एकैकशो युगानां तु क्रमशस्तन्निबोधत । । १.६८ । ।
- Maintenant apprenez en peu de mots quelle est la durée d'une nuit et d'un jour de Brahmâ et de chaque âge du monde, suivant l'ordre : (Ⅰ)
- Les âges du monde (yuga) sont au nombre de quatre, krta, tretâ, dvâpara, kali, et correspondent aux quatre âges de la mythologie classique. (Ⅱ)
1. 69  
चत्वार्याहुः सहस्राणि वर्साणां तत्कृतं युगम् ।
तस्य तावच्छती संध्या संध्यांशश्च तथाविधः । । १.६९ । ।
- Quatre mille années (divines) forment, dit-on, l'âge Krita : le crépuscule (qui le précède) est d'autant de centaines d'années, et pareillement le crépuscule (qui le suit). (Ⅰ)
- Dit-on : on représente l'autorité des Sages qui ont révélé la loi. — Autant de centaines, c'est-à-dire quatre. (Ⅱ)
1. 70  
इतरेषु ससंध्येषु ससंध्यांशेषु च त्रिषु ।
एकापायेन वर्तन्ते सहस्राणि शतानि च । । १.७० । ।
- Dans les trois autres âges, précédés et suivis chacun d'un crépuscule, il y a une diminution progressive de un sur le chiffre des mille et des cents. (Ⅰ)
1. 71  
यदेतत्परिसंख्यातं आदावेव चतुर्युगम् ।
एतद्द्वादशसाहस्रं देवानां युगं उच्यते । । १.७१ । ।
- Les quatre âges (humains) qui viennent d'être mentionnés, formant un total de douze mille ans, s'appellent un âge des dieux. (Ⅰ)
1. 72  
दैविकानां युगानां तु सहस्रं परिसंख्यया ।
ब्राह्मं एकं अहर्ज्ञेयं तावतीं रात्रिं एव च । । १.७२ । ।
- Mais sachez que mille âges des dieux additionnés ensemble font un jour de Brahmâ, et que sa nuit est d'égale durée. (Ⅰ)
- Voici en chiffres le tableau comparatif de ces diverses durées : Age krta : 400 + 4.000 + 400 = 4.800 ans. Age tretâ : 300 + 3.000 + 300 = 3.600 ans. Age dvâpara : 200 + 2.000 + 200 = 2.400 ans. Age kali : 100 + 1.000 + 100 = 1.200 ans. 12.000 ans: Ces 12.000 années divines représentent 4.320.000 années humaines, puisque l'année humaine est 1/360e de l'année divine. Un jour de Brahmâ se compose donc de 4.320.000.000 d'années humaines au bout desquelles commence la nuit de Brahmâ, c'est-à-dire la dissolution (pralaya) du monde. (Ⅱ)
1. 73  
तद्वै युगसहस्रान्तं ब्राह्मं पुण्यं अहर्विदुः ।
रात्रिं च तावतीं एव तेऽहोरात्रविदो जनाः । । १.७३ । ।
- Ceux qui savent que le saint jour de Brahmâ finit avec mille âges (des dieux), et que sa nuit est d'égale durée, ceux-là (seuls) connaissent la (véritable division) des jours et des nuits. (Ⅰ)
1. 74  
तस्य सोऽहर्निशस्यान्ते प्रसुप्तः प्रतिबुध्यते ।
प्रतिबुद्धश्च सृजति मनः सदसदात्मकम् । । १.७४ । ।
- A l'expiration de ce jour, et de cette nuit, Lui, qui était endormi, se réveille, et en se réveillant il crée l'Esprit renfermant en soi l'être et le non-être. (Ⅰ)
- Suivant Kull. manas peut s'entendre ici de deux manières : ou bien Brahmâ fait émaner son propre esprit (svîyam nianah srjati) et l'applique à la création du monde ; ce manas n'avait pas cessé d'exister (anashta) pendant la destruction intermédiaire du monde (avântara pralaya) ; — ou bien le mot manas désigne le grand principe intellectuel, le mahat. (Ⅱ)
1. 75  
मनः सृष्टिं विकुरुते चोद्यमानं सिसृक्षया ।
आकाशं जायते तस्मात्तस्य शब्दं गुणं विदुः । । १.७५ । ।
- Poussé par le désir de créer (qui est en Brahmâ), l'Esprit opère la création et produit l'éther auquel on reconnaît la propriété du son. (Ⅰ)
- On comme au v. 69 désigne les Sages. (Ⅱ)
1. 76  
आकाशात्तु विकुर्वाणात्सर्वगन्धवहः शुचिः ।
बलवाञ् जायते वायुः स वै स्पर्शगुणो मतः । । १.७६ । ।
- L'éther en se transformant donne naissance à l'air, pur, puissant, véhicule de toutes les odeurs, auquel on attribue la propriété de la tangibilité. (Ⅰ)
1. 77  
वायोरपि विकुर्वाणाद्विरोचिष्णु तमोनुदम् ।
ज्योतिरुत्पद्यते भास्वत्तद्रूपगुणं उच्यते । । १.७७ । ।
- Puis l'air en se transformant donne naissance à la lumière brillante, qui éclaire et dissipe les ténèbres : on lui reconnaît la propriété de la couleur. (Ⅰ)
1. 78  
ज्योतिषश्च विकुर्वाणादापो रसगुणाः स्मृताः ।
अद्भ्यो गन्धगुणा भूमिरित्येषा सृष्टिरादितः । । १.७८ । ।
- La lumière en se transformant (donne naissance à) l'eau qui a pour propriété la saveur; de l'eau (provient) la terre qui a pour propriété l'odeur : telle est la création à l'origine. (Ⅰ)
1. 79  
यद्प्राग्द्वादशसाहस्रं उदितं दैविकं युगम् ।
तदेकसप्ततिगुणं मन्वन्तरं इहोच्यते । । १.७९ । ।
- Cet âge des dieux, dont il a été parlé plus haut, (soit) douze mille (années divines), multiplié par soixante-onze, est ce qu'on appelle ici-bas une période de Manou. (Ⅰ)
1. 80  
मन्वन्तराण्यसंख्यानि सर्गः संहार एव च ।
क्रीडन्निवैतत्कुरुते परमेष्ठी पुनः पुनः । । १.८० । ।
- Innombrables (sont) les périodes de Manou, les créations et les destructions (du monde) : comme en se jouant, l'Etre suprême les répète indéfiniment. (Ⅰ)
1. 81  
चतुष्पात्सकलो धर्मः सत्यं चैव कृते युगे ।
नाधर्मेणागमः कश्चिन्मनुष्यान्प्रति वर्तते । । १.८१ । ।
- Dans l'âge Krita, la Justice a quatre pieds et elle est entière, la Vérité aussi; aucun bien pour les hommes ne dérive de l'injustice. (Ⅰ)
- Quatre pieds : il est dit au livre VIII, v. 16, que la Justice, Dharma, est un taureau. Ces quatre pieds sont une allégorie : ils désignent suivant le commentaire, soit les quatre vertus fondamentales (tapojûânayajnadânam) : austérité, science, sacrifice et libéralité, ou bien les quatre castes. (Ⅱ)
1. 82  
इतरेष्वागमाद्धर्मः पादशस्त्ववरोपितः ।
चौरिकानृतमायाभिर्धर्मश्चापैति पादशः । । १.८२ । ।
- Mais dans les autres (âges) par suite du gain (illicite), la Justice est successivement privée d'un pied : par le vol, le mensonge et la fraude, la Justice est graduellement diminuée d'un quart (dans chacun d'eux). (Ⅰ)
- D'un quart : pàda signifie à la fois pied et quart. Le mot dharma signifie tout ensemble la justice, le devoir, la loi sacrée, la vertu, les mérites spirituels : nous n'avons pas d'équivalent en français. (Ⅱ)
1. 83  
अरोगाः सर्वसिद्धार्थाश्चतुर्वर्षशतायुषः ।
कृते त्रेतादिषु ह्येषां आयुर्ह्रसति पादशः । । १.८३ । ।
- (Les hommes), exempts de maladies, obtiennent l'accomplissement de tous leurs vœux, et vivent quatre cents ans dans l'âge Krita : dans l'âge Tretâ et les suivants, leur vie est successivement diminuée d'un quart. (Ⅰ)
1. 84  
वेदोक्तं आयुर्मर्त्यानां आशिषश्चैव कर्मणाम् ।
फलन्त्यनुयुगं लोके प्रभावश्च शरीरिणाम् । । १.८४ । ।
- La vie des mortels, telle qu'elle est mentionnée dans le Véda, les bénédictions (résultant) des (bonnes) œuvres, et le pouvoir (surnaturel) des êtres corporels, portent en ce monde des fruits en rapport avec les âges. (Ⅰ)
- Mentionnée dans le Véda, veut dire suivant Kull. « une vie de cent années ». — Des œuvres, c'est-à-dire l'accomplissement des sacrifices. — En rapport avec les âges, veut dire que ces fruits sont soumis à une décadence graduelle comme les âges du monde eux-mêmes. (Ⅱ)
1. 85  
अन्ये कृतयुगे धर्मास्त्रेतायां द्वापरेऽपरे ।
अन्ये कलियुगे नॄणां युगह्रासानुरूपतः । । १.८५ । ।
- Autres sont les devoirs des hommes dans l'âgé Krita, autres dans l'âge Tretâ et l'âge Dvâpara, autres dans l'âge Kali, en raison de la décroissance de ces âges. (Ⅰ)
1. 86  
तपः परं कृतयुगे त्रेतायां ज्ञानं उच्यते ।
द्वापरे यज्ञं एवाहुर्दानं एकं कलौ युगे । । १.८६ । ।
- Dans l'âge Krita, l'austérité est considérée comme (la vertu) suprême; dans l'âge Tretâ, (c'est) la science (divine); dans l'âge Dvâpara, on dit que c'est le sacrifice, et dans l'âge Kali, la libéralité seule. (Ⅰ)
1. 87  
सर्वस्यास्य तु सर्गस्य गुप्त्यर्थं स महाद्युतिः ।
मुखबाहूरुपज्जानां पृथक्कर्माण्यकल्पयत् । । १.८७ । ।
- Pour la conservation de toute cette création, le Très Resplendissant assigna des occupations distinctes aux (êtres) sortis de sa bouche, de ses bras, de ses cuisses et de ses pieds. (Ⅰ)
1. 88  
अध्यापनं अध्ययनं यजनं याजनं तथा ।
दानं प्रतिग्रहं चैव ब्राह्मणानां अकल्पयत् । । १.८८ । ।
- Aux Brahmanes il assigna renseignement et l'étude (du Véda), (le droit) de sacrifier et de diriger le sacrifice d'autrui, de donner et de recevoir (les aumônes); (Ⅰ)
1. 89  
प्रजानां रक्षणं दानं इज्याध्ययनं एव च ।
विषयेष्वप्रसक्तिश्च क्षत्रियस्य समासतः । । १.८९ । ।
- Aux Kchatriyas il assigna la protection des peuples, le don (des aumônes), le sacrifice, l'étude (du Véda) et le détachement des plaisirs sensuels; (Ⅰ)
- Au lieu de samâdiçat « il assigna », une autre leçon porte samâsatah « en un mot. » (Ⅱ)
1. 90  
पशूनां रक्षणं दानं इज्याध्ययनं एव च ।
वणिक्पथं कुसीदं च वैश्यस्य कृषिं एव च । । १.९० । ।
- Aux Vaisyas (il assigna) la garde des troupeaux, le don (des aumônes), le sacrifice, l'étude (du Véda), le commerce, le prêt d'argent et l'agriculture. (Ⅰ)
1. 91  
एकं एव तु शूद्रस्य प्रभुः कर्म समादिशत् ।
एतेषां एव वर्णानां शुश्रूषां अनसूयया । । १.९१ । ।
- Mais le seul devoir que le Seigneur ait imposé aux Soudras, c'est de servir humblement ces (trois autres) castes. (Ⅰ)
- Humblement, sans murmurer. L. « sans déprécier leur mérite. » (Ⅱ)
1. 92  
ऊर्ध्वं नाभेर्मेध्यतरः पुरुषः परिकीर्तितः ।
तस्मान्मेध्यतमं त्वस्य मुखं उक्तं स्वयंभुवा । । १.९२ । ।
- L'homme est déclaré plus pur (dans les parties situées) au-dessus du nombril : voilà pourquoi l'Être existant par lui-même a dit que sa bouche est ce qu'il y a de plus pur en lui. (Ⅰ)
1. 93  
उत्तमाङ्गोद्भवाज्ज्येष्ठ्याद्ब्रह्मणश्चैव धारणात् ।
सर्वस्यैवास्य सर्गस्य धर्मतो ब्राह्मणः प्रभुः । । १.९३ । ।
- Parce qu'il est sorti delà partie supérieure (de Brahmâ), parce qu'il est l'aîné, et parce qu'il possède le Véda, le Brahmane est de droit seigneur de toute cette création. (Ⅰ)
1. 94  
तं हि स्वयंभूः स्वादास्यात्तपस्तप्त्वादितोऽसृजत् ।
हव्यकव्याभिवाह्याय सर्वस्यास्य च गुप्तये । । १.९४ । ।
- Car c'est lui que l'Être existant par lui-même, après s'être livré aux austérités, créa d'abord de sa propre bouche, pour faire parvenir les offrandes aux Dieux et aux Mânes et pour (assurer) la conservation de tout cet (univers). (Ⅰ)
1. 95  
यस्यास्येन सदाश्नन्ति हव्यानि त्रिदिवौकसः ।
कव्यानि चैव पितरः किं भूतं अधिकं ततः । । १.९५ । ।
- Quel être serait supérieur à celui par la bouche duquel les habitants des cieux et les Mânes consomment sans cesse les offrandes destinées aux uns et aux autres? (Ⅰ)
- Les offrandes destinées aux dieux s'appellent havya, celles destinées aux Mâneskavya : les deux mots sont souvent liés ensemble. — Par la bouche duquel : quand le prêtre sacrificateur mange le beurre clarifié de l'offrande aux dieux, ces derniers sont censés le manger par sa bouche. (Ⅱ)
1. 96  
भूतानां प्राणिनः श्रेष्ठाः प्राणिनां बुद्धिजीविनः ।
बुद्धिमत्सु नराः श्रेष्ठा नरेषु ब्राह्मणाः स्मृताः । । १.९६ । ।
- Parmi les êtres, on considère comme supérieurs ceux qui sont animés, parmi les (êtres) animés, ceux qui subsistent par l'intelligence, parmi les intelligents les hommes, parmi les hommes les Brahmanes, (Ⅰ)
1. 97  
ब्राह्मणेषु च विद्वांसो विद्वत्सु कृतबुद्धयः ।
कृतबुद्धिषु कर्तारः कर्तृषु ब्रह्मवेदिनः । । १.९७ । ।
- Parmi les Brahmanes ceux qui sont instruits (dans le Véda), parmi ceux qui sont instruits, ceux qui connaissent leur devoir, parmi ceux qui connaissent leur devoir, ceux qui l'accomplissent, parmi ceux qui l'accomplissent, ceux qui annoncent la Sainte-Écriture. (Ⅰ)
- Qui connaissent leur devoir : krlabuddhayah signifie proprement « qui ont pris une ferme résolution » (Dictionnaire de Saint-Pétersbourg) ; mais le commentaire autorise l'interprétation que nous avons suivie. — Ceux qui annoncent la Sainte-Ecriture, traduit brahmavâdinah (texte de Jolly) : mais il y a une autre leçon qui porte vedinah, suivie par B. et B. H. « ceux qui connaissent le Véda. » L. traduit : « ceux que l'étude des livres saints conduit à la béatitude. » (Ⅱ)
1. 98  
उत्पत्तिरेव विप्रस्य मूर्तिर्धर्मस्य शाश्वती ।
स हि धर्मार्थं उत्पन्नो ब्रह्मभूयाय कल्पते । । १.९८ । ।
- La naissance même du Brahmane est une éternelle incarnation de la Loi sacrée : car il est né pour (l'accomplissement de) la Loi sacrée et il est destiné à l'absorption en Brahme. (Ⅰ)
- L'absorption en Brahme ou délivrance finale (moksha) est le but suprême où l'âme arrive après une série de transmigrations : le suicide religieux usité dans l'Inde a pour but de hâter cette délivrance. (Ⅱ)
1. 99  
ब्राह्मणो जायमानो हि पृथिव्यां अधिजायते ।
ईश्वरः सर्वभूतानां धर्मकोशस्य गुप्तये । । १.९९ । ।
- Car un Brahmane en naissant naît au premier rang sur cette terre, seigneur de toutes les créatures, (préposé) à la garde du trésor de la Loi sacrée. (Ⅰ)
1. 100  
सर्वं स्वं ब्राह्मणस्येदं यत्किं चिज्जगतीगतम् ।
श्रैष्ठ्येनाभिजनेनेदं सर्वं वै ब्राह्मणोऽर्हति । । १.१०० । ।
- Tout ce qui existe dans le monde est la propriété du Brahmane : en effet par l'excellence de son origine il a droit à tout. (Ⅰ)
- Il a droit à tout : Kull. ajoute « sarvagrahanayogyo bhavati », il est autorisé à tout prendre, — ce qui semble impliquer que le vol n'existe pas pour le Brahmane. (Ⅱ)


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