Ici-bas l’âme est l’esclave d’un jugement extérieur sur l’idée supposée du bien : en effet, puisque le corps d’un enfant ne peut pas encore contenir la perfection des facultés de l’âme [1], et que le plein développement des organes sensibles, lorsqu’ils naissent avec le nouveau-né, est donné immédiatement, pour ces raisons l’intelligence est d’abord devancée dans son jugement du bien par la sensibilité, et l’âme reçoit sans aucun examen critique ce que les sens, d’après ce qu’il leur a semblé, ont d’ores et déja considéré comme bon et que, par habitude, ils ont jugé d’avance comme tel; convaincue que le bien est ce que la sensation a au préalable jugé et attesté comme tel, elle voit le bien dans des couleurs, des saveurs et d’autres sottises de ce genre; comme ces dernières disparaissent après la sortie du corps, c'est en toute nécessité qu'apparaît à l’âme le vrai bien, auquel elle a été naturellement apparentée. Car la vue ne sera plus séduite par l’appât des couleurs, puisque cet œil qui est le nôtre aujourd’hui n’existera plus, et notre choix n’inclinera plus vers aucun autre objet qui caresse nos sens, étant donné que toute sensation corporelle se sera éteinte. Seule la faculté intellectuelle touchera, de façon immatérielle et incorporelle, le bien intelligible, si bien que la nature ne sera plus empêchée de recouvrer son bien propre, qui n’est ni la couleur, ni la forme extérieure, ni la dimension, ni la grandeur, mais ce qui dépasse toute représentation conjecturale.





Attention:
Vous ne pouvez envoyer cette citation qu'à une seule adresse.
Pour l'envoyer à plusieurs personnes, vous devez d'abord envoyer la citation à vous-même et la renvoyer depuis votre boite email. Merci.