Sans méditer, sans renoncer [au monde], on peut rester chez soi avec sa femme.Si l'on n'est pas délivré tout en prenant intensément plaisir au monde sensible, peut-on appeler cela Connaissance parfaite ? dit Saraha. (19) S'Il est déjà manifeste, à quoi sert la méditation, et s'Il est caché, on ne peut que mesurer les ténèbres. Saraha ne cesse de proclamer: "Ni être ni non-être, éternellement, voilà la nature du Spontané. (20) Ce par quoi l'on naît, vit et meurt, par cela même on acquiert la suprême, l'ultime Béatitude. Bien que Saraha profère ces paroles profondes et secrètes, le monde du troupeau enchaîné demeure hébété. (21. ) S'Il est dépourvu de méditation, à quoi bon méditer sur Lui? Et s'Il est indicible, à quoi bon l'expliquer? Le monde entier se trouve asservi sous le sceau du devenir et personne n'appréhende sa nature propre. (22. ) NI formule, ni texte religieux, ni objet médité, ni concentration, mais eux tous sont cause du leurre, ô insensé! Immaculée est la Conscience, ne la polluez pas par la méditation. Demeurez dans la Béatitude intime; ne vous tourmentez plus! (23. ) Mangez et buvez, soyez heureux en jouissant des plaisirs, et remplissez sans cesse [de ces offrandes] le cercle tantrique. C'est ainsi que l'on gagne l'autre monde. (24 ) Là où ni pensée ni souffle ne circulent, là ou ni soleil ni lune pénètrent, là même, insensé, mets ta conscience en repos. Tel l'enseignement que profère Saraha. (25 ) Fais un, ne fais pas deux. Dans la Connaissance ne fais pas de distinction. Que la totalité de ce triple monde prenne dans la grande attirance d'amour une seule couleur! (26 ) Là point de commencement, de milieu ni de fin; point non plus de devenir ni de nirvana. (27 ) Là où s'évanouit l'organe des sens et [où vole en éclats le sentiment du moi, ami, voici le corps du Spontané]. Demande-le clairement au vénérable Maître ! (29 ) Où la pensée meurt, le souffle s'arrête... réside la suprême et grande Béatitude. Elle ne se trouve pas ailleurs dit Saraha . (30-31) C'est la prise de conscience intime. Mais point de confusion à ce sujet. L'identifier à être et non-être ou à la bonne voie serait la limiter. Connais ta propre pensée d'une façon subtile, ô yogin, elle est comme l'eau se mêlant à l'eau.(32 ) Ce défaut qu'est l'amour-propre [l'] empêche de voir la Réalité. Alors, il vilipende tous les Véhicules. Le monde entier est dans la confusion quant aux méditations et personne ne perçoit sa nature propre.(35. ) On ne distingue pas la racine de la conscience, car on surimpose au Spontané une triple falsification (1). Là où l'on vit, là où l'on disparaît, c'est là, mon fils, qu'il te faut demeurer! (36. ) Pour celui qui réfléchit à la Réalité sans racine, l'enseignement du guru éclaircira tout. Saraha déclare: Vraiment, sache-le, benêt, la diversité du cycle des naissances n'est qu'un aspect de la Conscience. (37.) Notre nature propre ne peut être décrite par autrui, elle ne se révèle qu'avec l'enseignement du guru. Par là ne demeure plus l'ombre d'une imperfection. Il purifie du bien et du mal qu'il dévore ensuite. (38. ) Par l'acte karmique, on se lie. Lorsqu'on se libère de l'acte, la pensée est libérée. Et par la libération de la pensée on gagne le suprême nirvana. (40. ) La conscience liée, on est lié; la conscience libérée, on en libéré. Pas le moindre doute à ce sujet. Cela même qui lie les ignorants libère immédiatement les éveillés. (42. ) Lié, on court dans les dix directions; libre, on reste immobile. Ami, regarde le chameau (2). Ce paradoxe me frappe par son évidence. (43. ) Ne te concentre pas sur toi-même sans respirer, ô yogin planté là comme un pieu! Ne fixe pas le bout de ton nez. Insensé, jouis du Spontané et abandonne [ces] liens qui ont relent de devenir! (44. ) La pensée aussi instable que le vent et le cheval, abandonnez-la. Prenez conscience de la nature propre du Spontané et d'elle-même la pensée s'immobilisera. (45. ) Désirs, formules, traités sont voués à la destruction. Si tu cherches là où [les dieux] Brahma et Visnu avec les trois mondes au complet se dissolvent, tu seras l'absolu. (50 ) Ô toi, fils, reconnais la saveur de [ce] nectar si parfaitement inhérent au non-savoir. Ceux qui expliquent les commentaires ignorent la purification au sein du monde. (51. ) Là, l'intelligence se défait, la pensée succombe, l'orgueil vole en éclats. Telle est la suprême kala identique à l'illusion. Pourquoi s'y lier par la méditation ? (53.) Regardez, écoutez, touchez, mangez, sentez, marchez, restez assis, levez-vous, [mais] renoncez au bavardage de la vie courante. Abandonnez la pensée, ne vous écartez pas de l'Un. (55 ) Suprêmement libre d'être et de non-être, c'est en Lui que s'engloutit le monde entier. Quand la pensée s'arrête, immobile, on se libère alors du cycle du devenir ! (59 ) Jouir du monde sensible, sans être pollué par le sensible, cueillir le lotus sans toucher l'eau, ainsi fait le yogin qui repose à la racine [des choses] : tout en jouissant du sensible, il ne se rend pas esclave. (64. ) Tant que le groupe des sens et du sensible ne meurt pas, l'acte fructifiera. Tant que l'on ne voit pas où l'on est, peut-on résoudre [cette] énigme ? (67. ) Celui qui s'adonne au vide et ne jouit pas [du monde] par des organes purifiés est comme une corneille qui, s'envolant d'une barque, décrit des cercles au-dessus d'elle et y retombe. (70. ) Ne t'attache pas au vide, considère comme semblables "ceci " et "cela". En vérité même la balle [minuscule] de la graine de sésame cause inévitablement tout autant de douleur qu'une épine. (75. ) En elle, il rend toute forme égale à l'espace infini, il affermit la pensée elle aussi dans la nature propre de [cette] égalité spatiale, celui qui rend sa pensée sans pensée se réjouit de la suprême nature propre du Spontané. (77. ) Le Dieu est unique, mais il est révélé en de nombreuses traditions, étant perçu selon le désir de chaque soi.(79. ) Le même à l'extérieur, le même à l'intérieur, fermement établi dans le quatorzième monde (3), l'incorporel est celé dans le corps. Qui sait ainsi est libéré. (89 ) Les ensembles, les univers, les organes sensoriels et leurs domaines spécifiques, ainsi que leurs modifications, voilà l'eau [du mirage]. Dans ces distiques toujours nouveaux, comment y aurait-il quelque secret ? (92) " C'est moi, c'est un autre ", conçoit-on. Dépouille ce lien qui rend captif ; c'est ainsi qu'on se libère soi-même. (105 ) Le bel arbre de la Conscience-sans-dualité s'étend avec ampleur sur le triple monde. Il fleurit en compassion, son fruit se nomme charité envers autrui." (107 )





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