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L'ordre des Frères mineurs


Saint Francis of Assisi : L'ordre des Frères mineurs

Les autorités ecclésiastiques se méfient d'abord de ce groupe de pénitents, qui leur rappelle des mouvements antérieurs en rupture avec le clergé et taxés d'hérésie. Cependant, François réussit à défendre sa cause auprès de la hiérarchie et obtient l'appui de l'évêque d'Assise ainsi que celui du pape Innocent III, qui approuve oralement la règle des Frères mineurs (dont le nom traduit l'humilité). L'apostolat de François et de ses disciples, dont le nombre ne cesse de croître, s'étend alors à toute l'Italie du Centre et du Nord.

L'un des traits les plus originaux du nouvel ordre est le vœu de pauvreté absolue, qui interdit – non seulement à ses membres, mais à la confrérie dans son ensemble – de posséder des biens et d'avoir des revenus. Ce trait fondamental s'oppose aux règles en usage dans l'Église: même les ordres monastiques devaient subvenir à leurs besoins, et certains étaient devenus très riches. Saint François d'Assise exige de ses frères qu'ils abolissent en eux le goût de la propriété, considérant que celle-ci est une source de violence: «Si nous possédions des biens, dit-il, il nous faudrait les défendre.»

Dès 1217, des missions sont envoyées au nord des Alpes. C'est à partir de 1219 que les succès de l'apostolat franciscain se multiplient en Allemagne, en France, en Hongrie, en Angleterre, où des frères s'établissent. Certains compagnons, qui vont jusqu'au Maroc, s'y font massacrer. Saint François d'Assise lui-même rejoint à Damiette, en Égypte, la Ve croisade. Révolté par les violences guerrières, Saint François d'Assise part avec un seul frère vers les lignes ennemies. Conduit devant le sultan, il a avec lui un entretien religieux, avant d'être ramené avec honneur au camp des croisés.

Pendant son absence, des divergences sont nées, en Italie, parmi les frères. Certains sont prêts à des compromis qui risquent de ruiner l'idéal de l'ordre. En 1221, Saint François d'Assise doit composer une nouvelle règle, pour réaffirmer les exigences essentielles. C'est seulement en 1223 qu'un texte plus juridique est promulgué, insistant davantage sur les aspects institutionnels. Pendant les dernières années de sa vie, Saint François d'Assise laisse de plus en plus à d'autres le soin d'organiser l'ordre qu'il a fondé. Il se consacre à la prédication et à la prière et il se retire souvent dans des ermitages.

En 1224, dans la solitude de l'Alverne, au nord d'Arezzo, alors qu'il médite sur la passion du Christ, il reçoit les stigmates: les plaies du crucifié s'impriment sur ses mains, ses pieds et son côté. Il est déjà malade et presque aveugle. C'est pourtant au milieu de ces souffrances qu'il compose le Cantique au solei, louange joyeuse et sublime du Dieu créateur. Saint François d'Assise meurt le 3 octobre 1226, après avoir dicté son Testament.

L'idéal franciscain


Saint François d'Assise est canonisé dès 1228 par Grégoire IX. Une nouvelle basilique est construite en son honneur, où sa dépouille est transportée en 1230. Son ordre compte alors 3 000 membres et se développe rapidement. La papauté se sert de cette popularité pour renforcer le pouvoir de l'Église et pour lutter contre l'hérésie. Or cette glorification posthume et cette utilisation politique ne sont guère conformes à l'humilité de François ni à sa prédilection pour les exclus et les démunis.

La communauté des Pauvres Dames


En 1212, Claire, une jeune fille de l'aristocratie, s'enfuit de chez elle pour rejoindre Saint François d'Assise. Comme les Frères mineurs, elle veut mener une vie de pauvreté, de privations, de charité active au service des malheureux. Des amies viennent former autour d'elle un groupe nouveau. En adoptant l'idéal de Saint François d'Assise, Claire fait preuve d'une audace inouïe; elle enfreint toutes les règles du Moyen Âge, qui placent la femme sous la tutelle d'un père, d'un mari ou d'une institution. À force de ténacité, elle fait approuver, en 1216, par le pape Innocent III, le droit pour la communauté des Pauvres Dames de vivre sans ressources fixes. La seule entrave qu'elle soit contrainte d'accepter est l'installation dans le petit couvent de San Damiano.

Après la mort de Saint François d'Assise, c'est elle qui défend le plus ardemment l'idéal de son «père» en pauvreté, à la suite du Christ. Ainsi, lorsque, dans une lettre du 18 mai 1235, le pape Grégoire IX invite Agnès de Prague, fille du roi de Bohême, qui avait suivi l'exemple de Claire, à accepter des possessions et des revenus pour la subsistance de son monastère, Claire proteste discrètement, mais fermement, en écrivant à Agnès: «Très noble reine, regarde, considère, contemple, désirant imiter ton époux, le plus beau des fils des hommes, qui, pour ton salut, s'est fait le plus vil des hommes, méprisé, frappé et sur tout le corps flagellé de multiples façons, mourant dans les angoisses suprêmes de la croix.»


  
  
  



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