Yesht de Mithra (Chapitre 10)
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(Version Charles de Harlez)



10. 101  
Puissant, il lance constamment contre eux des traits aux plumes d'aigle ; et lorsque, dans sa marche, il arrive là où sont les régions ennemies de Mithra, alors il lance le premier sa massue sur les chevaux et les hommes, il fait fuir tremblants les uns et les autres, les chevaux et les hommes. Par son éclat, etc.
10. 102  
Nous honorons Mithra... aux chevaux d'un fauve brillant, à la lance aiguë, à la longue hampe, aux traits agiles, Mithra qui atteint au loin de ses traits, guerrier plein d'habileté ;
10. 103  
Mithra, qu'Ahura-Mazda a constitué le soutien et le directeur de la prospérité de tout être terrestre et qui, constitué soutien et directeur de la prospérité de l'être terrestre, ne dormant jamais, garde avec vigilance les créatures de Mazda ; qui, ne dormant jamais, conserve intactes par sa vigilance les créatures de Mazda. Par son éclat, etc. [201]
10. 104  
Nous honorons Mithra dont les longs bras saisissent, avec une puissance qui atteint tout, et ce qui est à l'orient de l'Indus et ce qui est dans les profondeurs de l'occident, et ce qui est au cours lent de la Ranha et ce qui est aux extrémités de la terre.
10. 105  
Ô toi Mithra, étends tes bras pour saisir (et frapper). Le (maître) à l'éclat mauvais, destructeur de la justice, est une cause de douleur pour le monde. Il pense ainsi : Mithra ne voit pas tout ce qui se fait de mal, tout ce qu'il y a d'acte mauvais plein de fourberie.
10. 106  
Mais moi je crois, selon mon esprit : L'homme terrestre, avec une puissance centuplée ne pense pas autant de mauvaises pensées que le céleste Mithra, par sa (seule) force, pense de pensées saintes. L'homme terrestre, avec une puissance centuplée, ne dit pas autant de paroles mauvaises que le céleste Mithra en dit de bonnes par sa (seule) puissance. L'homme terrestre, avec une force centuplée, ne fait pas autant de mauvaises actions que le céleste Mithra en fait de bonnes par sa puissance.
10. 107  
L'esprit inné, agrandi de cent fois, ne sert pas l'homme terrestre autant qu'il sert le céleste Mithra. L'homme terrestre, avec une puissance centuplée, n'entend point de ses oreilles autant que le céleste Mithra, l'audition même. Génie aux mille moyens, il voit tout ce qui trompe.
10. 108  
Mithra s'avance plein de force, il amène des maux terribles pour le pays ; de loin, il fixe ses regards brillants qui étincellent de ses yeux : Qui m'honore, qui veut me nuire ? Qui croit que je dois être honoré d'un culte saint ; qui, par un culte coupable ? À qui, (moi) qui le puis, accorderai-je la richesse et l'éclat ; à qui la santé du corps ? À qui accorderai-je, (moi) qui le peux, une abondance de biens pleine d'éclat ? Pour qui ferai-je naître une descendance directe ?
10. 109  
À qui donnerai-je une puissance forte, aux armes bruyantes, (pourvue) de nombreuses armées, parfaite, (et cela) sans qu'on y pense ? (À quel) souverain, possédant toute la puissance, vaillant, frappant et n'étant point frappé, qui tient fermement à l'exécution des châtiments (imposés pour des fautes). Le (châtiment) imposé s'exécute aussitôt, s'il persiste [202] dans sa (juste) colère et, pour satisfaire Mithra, cherche à apaiser l'esprit de Mithra irrité et qui n'a point obtenu satisfaction.
10. 110  
À qui, (moi) qui le peux, donnerai-je la maladie et la mort, et le dénuement privé d'éclat ? De qui détruirai-je d'un seul coup la descendance immédiate ?
10. 111  
À qui enlèverai-je, sans qu'il y songe, la puissance forte, aux armes retentissantes, pourvue de nombreuses armées, parfaite ? (À quel) souverain maître suprême, vaillant, frappant et n'étant point frappé, qui tient fermement à l'exécution des châtiments. Le châtiment imposé s'exécute aussitôt s'il y persiste, irrité, et excite l'esprit de Mithra, satisfait, non offensé, de manière à déplaire à Mithra. Par son éclat, etc.
10. 112  
Nous honorons Mithra... au casque d'argent, à la cuirasse d'or, appuyé sur un glaive, puissant, prompt, guerrier, chef des viçs. Brillantes sont les voies de Mithra qui parcourt la contrée, lorsque, bien honoré, il transforme les gorges les plus vastes en champs fertiles. Il circule alors, gouvernant à son gré les troupeaux et les hommes qui lui appartiennent.
10. 113  
Qu'ils viennent à notre secours Mithra (et) Ahura, maîtres élevés, lorsque les glaives élèvent leur voix stridente, que les crinières des chevaux s'agitent, que les glaives se heurtent et que les cordes des arcs lancent des flèches aiguës. Qu'alors, les fils des sacrificateurs coupables, frappés à mort, tombent les cheveux pendants.
10. 114  
Alors donne-nous, toi, Mithra aux vastes campagnes, force pour nos équipages, santé pour le corps, l'observation des ennemis, l'abattement des méchants, l'écrasement des adversaires, ardents, haineux. Par son éclat, etc.
10. 115  
Nous honorons Mithra... à (toi), ô Mithra aux vastes campagnes, sont les chefs des nmânas, des bourgs, des tribus, des régions, le prêtre suprême.
10. 116  
Mithra est de vingt (ans) entre des amis étroitement unis ; de trente (ans), entre voisins ; de quarante, entre copropriétaires [203] de champs ; de cinquante, entre sacrificateurs fidèles ; de soixante, entre condisciples (qui s'exercent aux cérémonies) ; de soixante-dix (ans), entre disciples et maîtres ; de quatre-vingts (ans), entre beau-fils et beau-père ; de quatre-vingt-dix ans, entre frères ;
10. 117  
De cent, entre père et fils ; de mille (ans), entre deux régions ; Mithra est de dix mille (ans) pour celui qui est attaché à la loi mazdéenne ; qu'il soit tous les jours d'une force victorieuse.
10. 118  
Par cet hommage apporté ici-bas, que je m'élève au lieu des hommages de là-haut. Comme le soleil s'avance et s'élève à travers le Hara Berezaiti, qu'ainsi, par mon offrande d'ici-bas, je m'élève à celles de là-haut, ô très saint ! à travers le désir (contraire) d'Anro-Mainyus, l'esprit méchant. Par son éclat, etc.
10. 119  
Nous honorons Mithra... Sacrifie à Mithra, ô saint ! et ordonne aux disciples de le faire. - Que les Mazdéens t'offrent un sacrifice de deux boeufs, de deux bêtes de trait, de deux oiseaux ailés qui se meuvent au moyen d'ailes.
10. 120  
Mithra est l'instigateur et le formateur de tous les Mazdéens fidèles à la loi. Le Hôma a été annoncé, il a été présenté, que les sacrificateurs l'offrent et accomplissent le sacrifice. Que l'homme pur mange des offrandes consacrées qu'il a préparées ; que Mithra aux vastes campagnes, qu'il honore par ce culte, soit satisfait, offensé en rien.
10. 121  
Zarathustra lui demanda : Comment, ô Ahura-Mazda, l'homme pur pourra-t-il manger des offrandes consacrées qu'il a préparées ? (En sorte que) Mithra aux vastes campagnes, auquel (le Zaota) offre ce sacrifice, soit satisfait, en rien offensé ?
10. 122  
Ahura-Mazda répondit : Qu'ils se lavent le corps trois jours et trois nuits, qu'ils réunissent de ci et de là trente apports, pour l'honneur et la louange de Mithra aux vastes campagnes. - Qu'ils se lavent le corps deux jours et deux nuits, qu'ils amènent vingt apports pour l'honneur et la louange de Mithra, qui règne au loin sur les campagnes. Que personne ne mange de ces offrandes qui me sont présentées s'il n'a point appris ceux des Çtutas Yaçnas (qui commencent par les mots) viçpé ratava 28. Par son éclat, etc. [204]
10. 123  
Nous honorons Mithra... auquel Ahura-Mazda sacrifia du haut du Garônmâna éclatant de splendeur.
10. 124  
Les bras levés, Mithra, qui règne sur les vastes campagnes, s'avance du brillant Garônmâna vers le lieu de l'immortalité sur un char éclatant de beauté, marchant d'une vitesse toujours égale, orné de toutes façons, fait d'or.
10. 125  
(Attelés) à ce char, marchent quatre coursiers blancs, semblables en couleur, nourris d'aliments célestes, immortels. Leurs sabots de devant sont recouverts d'or ; ceux de derrière le sont d'argent. Tous (les quatre) sont unis et attelés au timon, au joug recourbé, au montant du joug superposé et attaché au timon par une cheville de métal, solide, bien travaillée.
10. 126  
À droite, à côté de lui, marche Rashnu, très juste, très saint, d'une taille élevée. À sa gauche s'avance la sagesse très juste, portant des offrandes, pure, vêtue d'habits blancs, blanche elle-même, fondement de la loi mazdéenne.
10. 127  
À leur suite vient la puissante malédiction de l'esprit, sous la forme bien faite d'un sanglier fondant sur (son adversaire), aux dents aiguës, aux défenses aiguës, tuant d'un seul coup ; d'un sanglier gras, irrité, prêt à attaquer, vigoureux, armé, allant çà et là autour (de son ennemi). Après lui s'avancent le feu flamboyant, et la redoutable majesté royale.
10. 128  
Pour la garde du char de Mithra se dresse un millier de flèches d'arcs, faits d'os, avec art, (garnis) d'une corde de nerf de boeuf. Au gré de la pensée, elles partent ; au gré de la pensée, elles tombent sur la tête des Dévas.
10. 129  
Pour la garde du char de Mithra, se dresse un millier de traits aux plumes d'aigle, à la pointe d'or, au pied de corne, au manche de fer, bien faits. Au gré de la pensée, ils partent ; au gré de la pensée, ils tombent sur la tête des Dévas.
10. 130  
Pour la garde du char de Mithra, se dressent mille lances, aiguës comme des fendoires, faites avec art. Au gré de la pensée, elles se meuvent ; au gré de la pensée, elles tombent sur la tête des Dévas. Pour la garde du char de Mithra, se dressent mille coutelas d'airain, aux deux côtés aigus, faits avec art. Au gré de la pensée, ils partent ; au gré de la pensée, ils tombent sur la tête des Dévas.
10. 131  
Pour la garde du char de Mithra, se dressent mille glaives à deux tranchants, faits avec art. Au gré de la pensée, ils [205] partent ; au gré de la pensée, ils tombent sur la tête des Dévas. Pour la garde du char de Mithra, se dressent mille masses de fer, bien faites. Au gré de la pensée, elles partent ; au gré de la pensée, elles tombent sur la tête des Dévas.
10. 132  
Pour la garde du char de Mithra, se dresse une massue brillante, facile à lancer, à cent boutons, à cent pointes aiguës, tombant avec violence, écrasant les hommes, d'un fer jaunâtre, recouverte d'or solide, la plus forte des armes, l'arme victorieuse par-dessus toutes. Au gré de la pensée, elle part ; au gré de la pensée, elle tombe sur la tête des Dévas.
10. 133  
Après avoir frappé les Dévas, après avoir abattu les hommes qui trompent Mithra, alors Mithra, qui règne au loin sur les campagnes, parcourt l'Arezahe Çavahe, le Vourubaresti, Vourujaresti, le Fradadhafshu, Vidadhafshu et le présent Karshvar Qaniratha, le brillant.
10. 134  
Aussitôt, Anro-Mainyus, le meurtrier, tremble violemment. Il tremble violemment, Aeshma, le méchant, au corps perverti. Elle tremble fortement, Bushyâçta aux longs bras ; ils tremblent fortement, tous les Dévas esprits et tous les méchants impudiques.
10. 135  
Puissions-nous ne pas rencontrer, etc. (V. § 98). Par son éclat, etc.
10. 136  
Nous honorons Mithra... au char duquel tirent, attelés, des chevaux d'un fauve éclatant, (qui traînent ce char) au moyen d'une seule roue d'or, toute brillante par ses rayons.
10. 137  
Si quelqu'un lui porte des offrandes à son temple, salut et bonheur à cet homme spirituel, ô saint Zarathustra, dit Ahura-Mazda, pour qui un Zaota saint et pieux de disposition, soumis à la loi, honore Mithra par ses prières, en tenant le Bareçma formé selon le rite. Aussitôt, Mithra vient dans la demeure de cet homme spirituel.
10. 138  
Mais, si par ses dons, il se conforme, selon une prescription, à la doctrine des méchants, selon une autre, à celle des bons, malheur à cet homme, ô saint Zarathustra, dit Ahura-Mazda, pour qui un Zaota impur, impie, non complètement soumis à la loi, se tient en avant derrière le Bareçma, étendant le Bareçma plein, récitant le long Yaçna. [206]
10. 139  
Il ne satisfait pas Ahura-Mazda, il ne satisfait par les Amesha-Çpentas, il ne satisfait pas Mithra, maître des vastes campagnes ; lui qui méprise Mazda et les autres Amesha-Çpentas, qui méprise Mithra, maître des vastes campagnes, qui méprise la loi, la justice et la rectitude qui développe les mondes et les fait prospérer. Par son éclat, etc.
10. 140  
Je veux honorer Mithra, ô saint ! Mithra, ardent de nature, céleste, supérieur à tout, indulgent, incapable de nuire, habitant les régions élevées, puissant, guerrier valeureux,
10. 141  
Toujours vainqueur, ceint d'armes faites avec art, veillant du fond des ténèbres, incapable d'être trompé. C'est le plus puissant des plus puissants, le plus fort des forts, le plus sage des Baghas ; vainqueur, il est ceint de splendeur, il a mille oreilles et dix mille yeux, il voit de dix mille côtés, lui le puissant, l'omniscient que l'on ne peut tromper. Par son éclat, etc.
10. 142  
Nous honorons Mithra... qui le premier en science, de nature sainte, très grand, digne de vénération, constitue puissamment les créatures de Çpenta-Mainyus, lorsqu'il fait resplendir le monde matériel comme la lune au brillant éclat ;
10. 143  
Dont le fond brille comme celui de l'astre Tistrya, qui monte son char, lui le plus incapable de tromper, ô saint ; ce char construit pour ce brillant Yazata, à l'égal des plus belles et des plus brillantes créatures, et celui qui le créa (par celui) est Çpenta-Mainyus ; ce char émaillé d'étoiles, de construction céleste. (Nous honorons Mithra), qui a dix mille yeux, vaillant, omniscient, qui ne peut être trompé. Par son éclat, etc.
10. 144  
Nous honorons Mithra... qui vient vers les régions, nous honorons Mithra qui est au sein des régions. Nous honorons Mithra qui touche les régions. Nous honorons Mithra qui est au-dessus des régions, Mithra qui est en dessous des [207] régions. Nous honorons Mithra qui entoure les régions. Nous honorons Mithra qui est derrière les régions.
10. 145  
Nous honorons Mithra et Ahura, grands, impérissables, purs. Nous honorons les étoiles, la lune et le soleil, en tenant les branches du Bareçma. Nous honorons Mithra, le chef de toutes les contrées. Par son éclat, etc.
10. 146  
Je veux, par ces bénédictions, procurer honneur et gloire, puissance et force à Mithra aux vastes campagnes, à Mithra qui a mille oreilles et dix mille yeux, à ce Yazata dont le nom est invoqué, et à Râma-Qâçtra. À lui l'éclat et la richesse ; à lui la santé du corps, à lui tout le bien du corps ; à lui la protection du corps ; à lui l'abondance pleine d'éclat ; à lui la descendance immédiate ; à lui la longue vie ; à lui le lieu parfait des justes, brillant, de toute splendeur. Par son éclat, etc. Ashem Vohû. - Salut et bonheur.


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