Asclepius
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(Version Louis Ménard)



4. 1  
ASCLÈPIOS : Pourquoi donc fallait-il, ô Trismégiste, que l'homme fût placé dans le monde, au lieu de jouir de la suprême béatitude dans la partie divine de son être?
4. 2  
HERMÈS : Ta question est naturelle, ô Asclèpios, et je prie Dieu de m'aider à y répondre, car tout dépend de sa volonté, surtout les grandes choses qui sont en ce moment l'objet de nos recherches; écoute-moi donc, Asclèpios.[5] Le seigneur et l'auteur de toutes choses, que nous appelons Dieu, créa un second Dieu, visible et sensible ; je l'appelle ainsi non parce qu'il sent lui-même, car ce n'est pas ici le lieu de traiter cette question, mais parce qu'il est perçu par les sens. Ayant donc créé cet être unique, qui tient le premier rang parmi les créatures et le second après lui, il le trouva beau et rempli de tous les biens, et il l'aima comme son propre enfant. Il voulut donc qu'un autre put contempler cet être si grand et si parfait, qu'il avait tiré de lui-même, et à cet effet il créa l'homme, doué de raison et d'intelligence. La volonté de Dieu, c'est l'accomplissement absolu ; vouloir et accomplir, c'est pour lui l'œuvre d'un même instant. Et comme il savait que l'essentiel ne pouvait connaître toutes choses sans être enveloppé par le monde, il lui donna un corps pour demeure. Il voulut qu'il eût deux natures, il les unit intimement et les mêla dans une juste mesure.
4. 3  
C'est ainsi qu'il forma l'homme d'esprit et de corps, d'une nature éternelle et d'une nature mortelle, afin qu'un animal ainsi constitué pût, en raison de sa double origine, admirer et prier ce qui est céleste et éternel, cultiver et gouverner ce qui est sur la terre;[6] je parle ici des choses mortelles, non pas des deux éléments soumis à l'homme, la terre et l'eau, mais des choses qui viennent de l'homme, sont en lui ou dépendent de lui, comme la culture du sol, les pâturages, la construction, les ports, la navigation, les communications, les échanges réciproques qui sont le lien le plus fort entre les hommes. La terre et l’eau forment une part du monde, et cette part terrestre est entretenue par les arts et les sciences, sans lesquelles le monde serait imparfait aux yeux de Dieu. Or, ce qui plaît à Dieu est nécessaire, et l'effet accompagne sa volonté ; on ne peut croire que ce qui lui a plu cesse de lui plaire, car il savait d'avance ce qui serait et ce qui lui plairait.


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Chapitre 4
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