The Chönyid Bardo [LE BARDO DE L'EXPERIENCE DE LA REALITE ]
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14 Verses | Page 1 / 1
(Version Marguerite La Fuente)



7. 1  
Cinquième jour
7. 2  
Il est impossible qu'on ne soit pas ainsi libéré.
7. 3  
Pourtant, malgré cette confrontation, certains êtres animés par une trop longue association avec leurs tendances, rendus incapables d'abandonner leurs habitudes et chargés du mauvais karma de la jalousie, sont terrifiés par les sons et les rayons. "Le crochet des rayons de la grâce" n'ayant pu les saisir, ils rôdent jusqu'au cinquième jour.
7. 4  
Si l'on fait partie de ces êtres animés, ce jour, le Bhagavān AmoghaSiddhi (158) entouré de ses divinités et des rayons lumineux de sa grâce, viendra vous recevoir. La confrontation consiste à appeler le mort par son nom et à dire :
7. 5  
"Ô fils noble, écoute sans distractions. Le cinquième jour, la lumière verte de la forme primitive de l'élément "air" brillera sur toi.
7. 6  
A ce moment du Royaume du Nord de l'accomplissement heureux des meilleures actions, le Bhagavān Bouddha Amogha-Siddhi de couleur verte, portant en sa main le dorje crucial (159) assis sur le trône des harpies volants (160) enlacé par la Divine Mère la Fidèle Dölma (161), brillera sur toi avec ses assistants les deux Bodhisattvas Chag-naDorje (162) et Dibpanamsel (163) suivis des deux Bodhisattvas féminins Gandhema (164) et Nidhema (165). Ces six formes bodhiques brilleront dans un halo de lumière.
7. 7  
L'agrégat de la volonté, en sa forme primitive de la lumière de la Sagesse qui peut tout accomplir, d'un vert surprenant, transparent, radieux, magnifique et terrifiant entouré d'orbes de radiations, sortant du cœur du Divin Père-Mère Amogha-Siddhi comme un rayon vert éclatant te frappera au cœur et tu seras à peine capable de les regarder. Ne les crains pas.
7. 8  
C'est le pouvoir naturel de ta sagesse personnelle que tu vois. Demeure en grande résignation et en toute impartialité.
7. 9  
Accompagnant cette lumière verte, une terne lueur vert foncé, causée par les sentiments de jalousie, viendra de l'Asura-Loka luire sur toi. Médite sur elle en toute impartialité, sans répulsion, sans attraction. Ne sois pas attaché à cette lueur ; si tu as une faible puissance mentale, n'aie pas d'affection pour elle.
7. 10  
Alors, par l'influence de la jalousie intense (166), tu seras terrifié par l'éclatante radiation de la lumière verte et tu voudras la fuir. Tu te sentiras attiré par la terne lueur vert foncé de l'Asura Loka. Ne crains pourtant pas la lumière verte magnifique, transparente, radieuse et éblouissante ; connais-la pour être celle de la sagesse et, dans cet état, permets à ton esprit de se fixer dans la résignation. Ou bien pense : "C'est le crochet des rayons de la grâce" de Bhagavān Amogha-Siddhi qui est la Sagesse qui accomplit tout". Crois aussi en cela. Ne fuis pas.
7. 11  
Même si tu fuis, la lumière verte te suivra, car elle est inséparable de toi. N'aie pas peur d'elle. Ne sois pas attiré par la terne lueur vert foncé de l'Asura Loka. C'est le karma acquis de la jalousie intense venu pour te recevoir. Si tu te laisses attirer par elle tu tomberas dans l'Asura-Loka ou tu devras endurer l'intolérable misère des querelles et des états de guerre (167). C'est une interruption pour t'arrêter sur la voie de la libération. Abandonne tes tendances habituelles. Ne sois pas faible. Aie foi dans la clarté verte éblouissante et, concentrant ta pensée entière sur le Divin Père-Mère le Bhagavān Amogha-Siddhi , dis ceci :
7. 12  
"Hélas ! au moment où j'erre dans le Sangsāra par la force de l'intense jalousie,
Sur le chemin radieux de la Sagesse qui accomplit tout ;
Puisse me conduire le Bhagavān Amogha-Siddhi ;
Puisse la Divine Mère la Fidèle Tārā me suivre pour me garder ;
Puissé-je être conduit en sûreté au travers des embûches du Bardo ;
Et puissé-je être placé dans l'état tout parfait du Bouddha".
7. 13  
Pensant ainsi, en toute foi et humilité, tu te fondras dans le halo de lumière d'arc-en-ciel du cœur du Divin Père-Mère le Bhagavān Amogha Siddhi et tu atteindras l'état du Bouddha dans le SamboghaKāya du Royaume du Nord des Bonnes actions accumulées." (168)
7. 14  
Notes

(158) Texte : Don-yod-grub-pa (pron. : Don-yöd-rub-pa), sans. : Amogha-Siddhi : "le Conquérant Tout-Puissant".
(159) Le Dorje à quatre branches courtes en forme de croix qui symbolise l'équilibre, l'immuable et la toute-puissance.
(160) Shang-shang se rapporte à une sorte de créatures fabuleuses comme les harpies de la mythologie classique grecque, ayant un buste d'homme sur un corps d'oiseau. Les harpies des grecs étaient féminines, ceux-ci sont des deux sexes. Une croyance populaire tibétaine est que ce peuple existe vraiment quelque part dans le monde.
(161) Sgrol-ma (pron. : Döl-ma), sans. : Tara : "Celle qui sauve". L'épouse divine de Avalokiteshvara. Il y a deux formes de cette déesse : la Dölma verte adorée au Tibet et la Dölma blanche adorée en Chine et en Mongolie. La princesse royale du Népal qui fut l'épouse du premier roi bouddhiste du Tibet est considérée comme ayant été l'incarnation de la Dölma verte, et l'épouse de ce même roi, venue de la famille impériale chinoise, une incarnation de la Dölma blanche. Le Lama Nazi DawaSamdup apprit au Dr Evans-Wentz que les Tibétains ayant vu sur des monnaies anglaises l'effigie de la reine Victoria et ayant reconnu sa ressemblance avec Dölma, une tradition s'établit au Tibet durant l'ère victorienne que Dölma était revenue diriger le monde sous la forme de la Grande Reine d'Angleterre. C'est à cette conviction que des représentants britanniques de la Reine durent d'être reçus amicalement pendant leurs négociations avec Lhassa, alors qu'ils étaient loin de se douter de la véritable raison de cet accueil bienveillant.
(162) Texte : Phyag-na-rdorje (pron. : Chag-na-dorje), sans. : Vajra-pāni : "Celui qui porte le Dorje."
(163) Texte : Sgrib-pa-rnam-sel (pron. : Dib-pa-nam-sel), sans. : Dipani ou Dipaka "Celui qui dissipe l'obscurité".
(164) Texte hybride de sanscrit et de tibétain : tib. : Dri-Chha-ma sans. : Gandha "Celle qui répand le parfum", une des huit Déesses-Mères du Panthéon hindou (Matris). On la représente tenant une coquille remplie de parfum.
(165) Texte hybride de sanscrit et de tibétain : tib. : Zhal-zas-ma (pron. : Shal-zama) : "Celle qui tient les sucreries", déesse qui ne fait pas partie des huit Mātris qui déjà ont toutes été nommées dans le texte. Ces deux déesses sont de couleur verte comme la Sagesse de tout accomplissement.
(166) Ici, comme dans les passages précédents, il est parlé de la jalousie des tendances karmiques existant comme partie de la conscience ou sub-conscience du mort. Elle fait irruption le (5ème jour dans l'existence du Bardo et produit les hallucinations astrales qui lui correspondent.
(167) Les querelles, la guerre et les nécessités qu'elle entraîne sont les principales douleurs de l'être né Asura dans l'Asura-Loka.
(168) La version imprimée porte : Le Royaume des actes parfaitement bons (ou actions), et c'est une forme plus correcte.


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Chapitre 7
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