Chapitre 10
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(Ⅰ)
(Ⅱ)


10. 101  
वैश्यवृत्तिं अनातिष्ठन्ब्राह्मणः स्वे पथि स्थितः ।
अवृत्तिकर्षितः सीदन्निमं धर्मं समाचरेत् । । १०.१०१ । ।
- Un Brahmane qui ne (veut pas) adopter les occupations (d'un Kchatriya ou) d'un Vaisya et persévère dans sa voie, bien que pressé par l'indigence et tourmenté (par la faim), peut pratiquer la règle de conduite suivante : (Ⅰ)
10. 102  
सर्वतः प्रतिगृह्णीयाद्ब्राह्मणस्त्वनयं गतः ।
पवित्रं दुष्यतीत्येतद्धर्मतो नोपपद्यते । । १०.१०२ । ।
- Un Brahmane tombé dans la détresse peut accepter de n'importe qui ; car d'après la loi, il n'est pas possible que ce qui est pur soit souillé. (Ⅰ)
- Ce qui est pur. par exemple « le Gange, etc. ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 103  
नाध्यापनाद्याजनाद्वा गर्हिताद्वा प्रतिग्रहात् ।
दोषो भवति विप्राणां ज्वलनाम्बुसमा हि ते । । १०.१०३ । ।
- Enseigner (le Véda) à des (gens) méprisables, offrir (pour eux) le sacrifice ou accepter (d'eux des présents) n'est pas une faute pour les Brahmanes ; car ils sont (purs) comme l'eau et le feu. (Ⅰ)
- Les Brahmanes « en détresse ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 104  
जीवितात्ययं आपन्नो योऽन्नं अत्ति ततस्ततः ।
आकाशं इव पङ्केन न स पापेन लिप्यते । । १०.१०४ । ।
- Celui qui en danger de mourir (de faim) accepte des aliments de n'importe qui, n'est pas plus souillé de péché que l'air par la fange. (Ⅰ)
10. 105  
अजीगर्तः सुतं हन्तुं उपासर्पद्बुभुक्षितः ।
न चालिप्यत पापेन क्षुत्प्रतीकारं आचरन् । । १०.१०५ । ।
- Adjîgarta pressé par la faim s'approcha pour tuer son fils et ne fut pas souillé de péché, (car) il n'agissait (ainsi que) pour calmer sa faim. (Ⅰ)
- « Le sage Ajïgarta vendit son fils Çunahçepha pour un sacrifice. » (Kull.) Cf. Aitareya Brâhmana, VII, 13-16. (Ⅱ)
10. 106  
श्वमांसं इच्छनार्तोऽत्तुं धर्माधर्मविचक्षणः ।
प्राणानां परिरक्षार्थं वामदेवो न लिप्तवान् । । १०.१०६ । ।
- Vâmadéva qui connaissait le juste et l'injuste, lorsque tourmenté (par la faim) il voulut manger de la viande de chien pour sauver sa vie, ne se souilla (d'aucun péché). (Ⅰ)
- Vâmadéva, sage védique auquel on attribue plusieurs hymnes ; dans l'un d'eux il dit : « Pressé par un extrême besoin j'ai cuit les entrailles d'un chien ». C'est à ce passage que fait allusion Manou. (Ⅱ)
10. 107  
भरद्वाजः क्षुधार्तस्तु सपुत्रो विजने वने ।
बह्वीर्गाः प्रतिजग्राह वृधोस्तक्ष्णो महातपाः । । १०.१०७ । ।
- Bharadvâdja, le rigide ascète, accepta du charpentier Bribou plusieurs vaches, lorsqu'il était tourmenté par la faim avec ses fils dans une forêt déserte. (Ⅰ)
- Bharadvâja, sage auquel on attribue plusieurs hymnes védiques, fils de Brhaspati et frère de Drona le précepteur des Pândavas ; il est question de lui dans le Mahâbhârata et leRàmâyana. (Ⅱ)
10. 108  
क्षुधार्तश्चात्तुं अभ्यागाद्विश्वामित्रः श्वजाघनीम् ।
चण्डालहस्तादादाय धर्माधर्मविचक्षणः । । १०.१०८ । ।
- Visvâmitra qui connaissait le juste et l'injuste, tourmenté par la faim, s'approcha pour manger une cuisse de chien qu'il reçut des mains d'un Tchândâla. (Ⅰ)
- Viçvàmitra, sage célèbre que ses austérités élevèrent de la condition de Kchatriya à celle de Brahmane. (Ⅱ)
10. 109  
प्रतिग्रहाद्याजनाद्वा तथैवाध्यापनादपि ।
प्रतिग्रहः प्रत्यवरः प्रेत्य विप्रस्य गर्हितः । । १०.१०९ । ।
- (Entre ces divers actes), accepter (d'êtres méprisables), offrir (pour eux) le sacrifice et (leur) enseigner (le Véda), l'acceptation (des présents) est (ce qu'il y a de) plus bas de la part d'un Brahmane (et ce dont il est le plus) puni dans l'autre monde. (Ⅰ)
- Puni, littér. « blâmé ». (Ⅱ)
10. 110  
याजनाध्यापने नित्यं क्रियेते संस्कृतात्मनाम् ।
प्रतिग्रहस्तु क्रियते शूद्रादप्यन्त्यजन्मनः । । १०.११० । ।
- (Car) l'offrande du sacrifice et l'enseignement (du Véda) sont toujours faits pour (des gens) dont l'âme a été régénérée (parles sacrements), tandis qu'un présent s'accepte même d'un Soudra, (homme) de la plus basse caste. (Ⅰ)
- Dont l'âme a été régénérée, c'est-à-dire « des Dvidjas ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 111  
जपहोमैरपैत्येनो याजनाध्यापनैः कृतम् ।
प्रतिग्रहनिमित्तं तु त्यागेन तपसैव च । । १०.१११ । ।
- Par la prière et les oblations s'efface la faute commise en offrant le sacrifice (pour des gens méprisables), ou en leur enseignant (le Véda) ; mais (le péché) encouru en acceptant (d'eux des présents s'efface) par l'abandon du présent et les austérités. (Ⅰ)
10. 112  
शिलोञ्छं अप्याददीत विप्रोऽजीवन्यतस्ततः ।
प्रतिग्रहाच्छिलः श्रेयांस्ततोऽप्युञ्छः प्रशस्यते । । १०.११२ । ।
- Un Brahmane sans ressources peut glaner des épis et ramasser des grains épars (sur le champ) de n'importe qui; car glaner vaut mieux qu'accepter des présents, et ramasser des grains épars est réputé (plus louable).que glaner. (Ⅰ)
- Des présents « de gens non vertueux ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 113  
सीदद्भिः कुप्यं इच्छद्भिर्धने वा पृथिवीपतिः ।
याच्यः स्यात्स्नातकैर्विप्रैरदित्संस्त्यागं अर्हति । । १०.११३ । ।
- Des Brahmanes sortis de noviciat doivent s'adresser au souverain, lorsqu'ils sont dans la misère et qu'ils ont besoin (d'objets en) métal vil, ou (d'autres) articles ; mais il ne faut pas s'adresser à celui qui n'est pas disposé à donner. (Ⅰ)
- Sortis de noviciat, des Snàtakas. — Il ne faut pas s'adresser, littér. « il doit être quitté ». Medh. et Govind. entendent par là « il faut quitter le pays de ce prince, il ne faut pas y rester ». Kull. ajoute : « si le prince est connu pour être un peu avare ». (Ⅱ)
10. 114  
अकृतं च कृतात्क्षेत्राद्गौरजाविकं एव च ।
हिरण्यं धान्यं अन्नं च पूर्वं पूर्वं अदोषवत् । । १०.११४ । ।
- (Accepter un champ) inculte (est moins blâmable qu'accepter) un champ cultivé ; (parmi les objets suivants) vache, chèvre, brebis, or, grains, aliments préparés, c'est toujours le premier nommé (dont l'acceptation) est moins blâmable (par rapport au suivant). (Ⅰ)
10. 115  
सप्त वित्तागमा धर्म्या दायो लाभः क्रयो जयः ।
प्रयोगः कर्मयोगश्च सत्प्रतिग्रह एव च । । १०.११५ । ।
- Il y a sept moyens légaux d'acquérir la richesse: héritage, donation, achat, conquête, placement à intérêt, exécution d'un travail et acceptation (de présents) des gens vertueux. (Ⅰ)
- Donation, lâbha, « trouvaille, etc., ou donation amicale ». (Kull.) — « Les trois premiers moyens sont permis à toutes les castes, le quatrième est permis au Kchatriya, le cinquième et le sixième au Vaisya, le septième au Brahmane. » (Kull.) — Exécution d'un travail, karmayoga; c'est, suivant Kull., « le labourage et le commerce ». (Ⅱ)
10. 116  
विद्या शिल्पं भृतिः सेवा गोरक्ष्यं विपणिः कृषिः ।
धृतिर्भैक्षं कुसीदं च दश जीवनहेतवः । । १०.११६ । ।
- Enseignement, arts manuels, travail à gages, domesticité, garde des troupeaux, commerce, agriculture, contentement (de peu), mendicité, prêt à intérêt, (tels sont) les dix moyens de subsistance. (Ⅰ)
- Enseignement, vidyâ : ordinairement le mot désigne l'enseignement du Véda; mais ici, suivant Kull., il s'agit d'autres sciences que delà science sacrée: « la logique, l'exorcisme contre les poisons, etc. ». — Arts manuels « l'écriture, etc. ». (Kull.). — Moyens de subsistance « en temps de détresse ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 117  
ब्राह्मणः क्षत्रियो वापि वृद्धिं नैव प्रयोजयेत् ।
कामं तु खलु धर्मार्थं दद्यात्पापीयसेऽल्पिकाम् । । १०.११७ । ।
- Ni un Brahmane, ni un Kchatriya ne doivent prêter à intérêt; mais ils peuvent s'ils le veulent, dans un but pieux, prêter à un grand pécheur (moyennant) un faible (taux). (Ⅰ)
- Ni un Brahmane « même en détresse ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 118  
चतुर्थं आददानोऽपि क्षत्रियो भागं आपदि ।
प्रजा रक्षन्परं शक्त्या किल्बिषात्प्रतिमुच्यते । । १०.११८ । ।
- Un roi qui en temps de détresse, prend même le quart (des récoltes) n'est coupable d'aucune faute, (pourvu qu'il) protège ses sujets dans la mesure de ses moyens. (Ⅰ)
- Cf. VII, v. 130, où il est dit que le roi a droit au huitième, au sixième, ou au douzième des récoltes, et au cinquantième des bénéfices en troupeaux et en argent. (Ⅱ)
10. 119  
स्वधर्मो विजयस्तस्य नाहवे स्यात्पराङ्मुखः ।
शस्त्रेण वैश्यान्रक्षित्वा धर्म्यं आहारयेद्बलिम् । । १०.११९ । ।
- Sa fonction propre c'est de vaincre; dans le combat, qu'il ne tourne point le dos. Après avoir protégé les Vaisyas de son épée, il peut prélever l'impôt légal : (Ⅰ)
- Les Vaisyas, pour dire le peuple en général. (Ⅱ)
10. 120  
धान्येऽष्टमं विशां शुल्कं विंशं कार्षापणावरम् ।
कर्मोपकरणाः शूद्राः कारवः शिल्पिनस्तथा । । १०.१२० । ।
- (A savoir) des Vaisyas le huitième comme taxe sur les grains, le vingtième (sur l'or et le reste, jusqu'à une somme) minima d'un kârchâpana. (Quant aux) Soudras, aux artisans et aux manouvriers, qu'ils s'acquittent (envers lui) par leur travail. (Ⅰ)
- Ce précepte s'applique au cas de détresse : en toute autre circonstance le roi doit s'en tenir à la règle donnée au livre VII, v. 130. — Le huitième des grains « ou même le quart », comme il est dit au v. 118. (Ⅱ)
10. 121  
शूद्रस्तु वृत्तिं आकाङ्क्षन्क्षत्रं आराधयेद्यदि ।
धनिनं वाप्युपाराध्य वैश्यं शूद्रो जिजीविषेत् । । १०.१२१ । ।
- Mais un Soudra en quête de moyens d'existence peut servir un Kchatriya et même gagner sa vie au service d'un riche Vaisya. (Ⅰ)
- Un Soudra « qui ne trouve pas d'emploi auprès d'un Brahmane ». Kull.) — Au service d'un Vaisya « à défaut d'un Kchatriya ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 122  
स्वर्गार्थं उभयार्थं वा विप्रानाराधयेत्तु सः ।
जातब्राह्मणशब्दस्य सा ह्यस्य कृतकृत्यता । । १०.१२२ । ।
- Mais il peut servir les Brahmanes soit en vue du ciel, soit en vue de l'une et l'autre (vie) ; car celui dont on dit qu'il est le serviteur d'un Brahmane atteint le but. (Ⅰ)
- L'une et l'autre vie « en vue du ciel et en vue de gagner sa subsistance ». (Kull.) — B. H. entend littér. « celui par qui le mot Brahman est sans cesse prononcé (produit, jâta) ». — Le but, c'est-à-dire la félicité suprême, la délivrance finale. (Ⅱ)
10. 123  
विप्रसेवैव शूद्रस्य विशिष्टं कर्म कीर्त्यते ।
यदतोऽन्यद्धि कुरुते तद्भवत्यस्य निष्फलम् । । १०.१२३ । ।
- Le service des Brahmanes seul est réputé l'occupation par excellence d'un Soudra ; car tout ce qu'il fait en dehors de cela est pour lui sans fruit. (Ⅰ)
10. 124  
प्रकल्प्या तस्य तैर्वृत्तिः स्वकुटुम्बाद्यथार्हतः ।
शक्तिं चावेक्ष्य दाक्ष्यं च भृत्यानां च परिग्रहम् । । १०.१२४ । ।
- Ceux-ci doivent lui assigner sur leur train de maison des moyens d'existence en rapport avec ses mérites, après avoir examiné ses capacités, son adresse et ses charges de famille. (Ⅰ)
10. 125  
उच्छिष्टं अन्नं दातव्यं जीर्णानि वसनानि च ।
पुलाकाश्चैव धान्यानां जीर्णाश्चैव परिच्छदाः । । १०.१२५ । ।
- Ils doivent (lui) donner les restes de (leurs) aliments, (leurs) vieux vêtements, le rebut des grains et les vieux meubles. (Ⅰ)
10. 126  
न शूद्रे पातकं किं चिन्न च संस्कारं अर्हति ।
नास्याधिकारो धर्मेऽस्ति न धर्मात्प्रतिषेधनम् । । १०.१२६ । ।
- Pour un Soudra il n'y a point (de péché entraînant) la déchéance, et il n'est point apte à recevoir l'initiation ; il n'est point qualifié pour (l'accomplissement) des devoirs religieux, (mais) il ne lui est pas défendu (d'accomplir certains) devoirs (tels que le pâkayadjna et autres). (Ⅰ)
- Pour un Soudra « qui mange de l'ail et autres choses (prohibées) ». (Kull.) — Péché entraînant la déchéance, pâtaka. — Les devoirs religieux « tels que l'agnihotra et autres ». (Kull.) — Le pâkayajna littér. « sacrifice cuit » désigne certains rites domestiques très simples. (Ⅱ)
10. 127  
धर्मेप्सवस्तु धर्मज्ञाः सतां वृत्तं अनुष्ठिताः ।
मन्त्रवर्ज्यं न दुष्यन्ति प्रशंसां प्राप्नुवन्ति च । । १०.१२७ । ।
- (Les Soudras) désireux (d'acquérir) des mérites spirituels, et connaissant (leurs) devoirs, (qui) imitent la conduite des gens vertueux, tout en évitant (de réciter) les textes sacrés, ne pèchent pas et obtiennent des éloges. (Ⅰ)
- Désireux d'acquérir des mérites spirituels ou simplement « d'accomplir leur devoir ». — La conduite des gens vertueux « des trois castes ». (Kull.) « Suivant Yâjnavalkya ils n'encourent pas de péché en accomplissant les cinq sacrifices et autres, à condition de s'abstenir (de la récitation) des mantras, sauf le mantra de l'adoration. » (Kull.) (Ⅱ)
10. 128  
यथा यथा हि सद्वृत्तं आतिष्ठत्यनसूयकः ।
तथा तथेमं चामुं च लोकं प्राप्नोत्यनिन्दितः । । १०.१२८ । ।
- Plus un (Soudra) imite, sans murmurer, la conduite des gens vertueux, plus il gagne (de bénédictions) en ce monde et dans l'autre, sans s'exposer au blâme. (Ⅰ)
- La conduite des gens vertueux « des Dvidjas dans les actes qui ne sont pas défendus ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 129  
शक्तेनापि हि शूद्रेण न कार्यो धनसंचयः ।
शूद्रो हि धनं आसाद्य ब्राह्मणानेव बाधते । । १०.१२९ । ।
- Un Soudra, même s'il le peut, ne doit pas amasser de richesses, car un Soudra qui s'enrichit fait tort aux Brahmanes. (Ⅰ)
- Fait tort aux Brahmanes « parce qu'il s'enorgueillit de ses richesses et refuse de les servir ». (Kull.) (Ⅱ)
10. 130  
एते चतुर्णां वर्णानां आपद्धर्माः प्रकीर्तिताः ।
यान्सम्यगनुतिष्ठन्तो व्रजन्ति परमं गतिम् । । १०.१३० । ।
- Ainsi ont été exposés les devoirs des quatre castes, en temps de détresse ; ceux qui les observent exactement, arrivent au chemin (de la félicité) suprême. (Ⅰ)
10. 131  
एष धर्मविधिः कृत्स्नश्चातुर्वर्ण्यस्य कीर्तितः ।
अतः परं प्रवक्ष्यामि प्रायश्चित्तविधिं शुभम् । । १०.१३१ । ।
- Voilà, exposée en entier, la règle du devoir des quatre castes. Je vais maintenant déclarer la règle pure concernant les expiations. (Ⅰ)


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