Chapitre 12
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(Ⅰ)
(Ⅱ)


12. 51  
एष सर्वः समुद्दिष्टस्त्रिप्रकारस्य कर्मणः ।
त्रिविधस्त्रिविधः कृत्स्नः संसारः सार्वभौतिकः । । १२.५१ । ।
- Ainsi (vous) a été expliqué en entier tout ce (système de) transmigrations (produit) par les trois sortes d'actes, (composé de) trois classes, (dont chacune a) trois subdivisions et qui embrasse toutes les créatures. (Ⅰ)
12. 52  
इन्द्रियाणां प्रसङ्गेन धर्मस्यासेवनेन च ।
पापान्संयान्ति संसारानविद्वांसो नराधमाः । । १२.५२ । ।
- (En punition) de l'attachement aux (objets des) sens, de la négligence des devoirs, les ignorants, les plus vils des hommes, ont en partage les naissances les plus basses. (Ⅰ)
12. 53  
यां यां योनिं तु जीवोऽयं येन येनेह कर्मणा ।
क्रमशो याति लोकेऽस्मिंस्तत्तत्सर्वं निबोधत । । १२.५३ । ।
- Apprenez maintenant en détail et par ordre pour quelles actions (commises) ici-bas l'esprit vital entre dans telle ou telle matrice en ce monde. (Ⅰ)
- L'esprit vital le jîva. — Matrice, c'est-à-dire « existence ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 54  
बहून्वर्षगणान्घोरान्नरकान्प्राप्य तत्क्षयात् ।
संसारान्प्रतिपद्यन्ते महापातकिनस्त्विमान् । । १२.५४ । ।
- Après avoir subi pendant de longues séries d'années d'affreux (tourments en) enfer, les grands criminels sont soumis à l'expiration de ce temps aux transmigrations suivantes : (Ⅰ)
- Sont soumis « pour ce qui reste de leurs fautes (c'est-à-dire pour achever leur expiation) ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 55  
श्वसूकरखरोष्ट्राणां गोऽजाविमृगपक्षिणाम् ।
चण्डालपुक्कसानां च ब्रह्महा योनिं ऋच्छति । । १२.५५ । ।
- Le meurtrier d'un Brahmane entre dans le corps d'un chien, d'un porc, d'un âne, d'un chameau, d'une vache, d'une chèvre, d'une brebis, d'un daim, d'un oiseau, d'un Tchândâla, d'un Poulkasa. (Ⅰ)
- Dans le corps littér. dans la matrice. — Il entre dans l'une quelconque de ces matrices « suivant la gravité ou la légèreté de ce qui lui reste à expier de sa faute ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 56  
कृमिकीटपतङ्गानां विड्भुजां चैव पक्षिणाम् ।
हिंस्राणां चैव सत्त्वानां सुरापो ब्राह्मणो व्रजेत् । । १२.५६ । ।
- Un Brahmane buveur de sourâ entrera (dans le corps) d'un ver, d'un insecte, d'un papillon de nuit, d'un oiseau qui se nourrit d'excréments ou d'un animal destructeur. (Ⅰ)
- Animal destructeur, « tigre, etc. ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 57  
लूताहिसरटानां च तिरश्चां चाम्बुचारिणाम् ।
हिंस्राणां च पिशाचानां स्तेनो विप्रः सहस्रशः । । १२.५७ । ।
- Un Brahmane qui a volé (passera) mille fois (dans des corps) d'araignées, de serpents, de lézards, d'animaux aquatiques ou de vampires destructeurs. (Ⅰ)
- Qui a volé « l'or d'un Brahmane ». (Kull.) — Vampires ou Piçâcas. (Ⅱ)
12. 58  
तृणगुल्मलतानां च क्रव्यादां दंष्ट्रिणां अपि ।
क्रूरकर्मकृतां चैव शतशो गुरुतल्पगः । । १२.५८ । ।
- Celui qui a profané la couche d'un gourou (renaîtra) cent fois (à l'état) de brin d'herbe, de ronce, de liane, (d'oiseau) carnassier, (d'animal) pourvu de crocs et (de bête) dont la nature est sanguinaire. (Ⅰ)
- D'un gourou, c'est-à-dire de son père naturel ou spirituel. — D'oiseau carnassier, « vautour et autres ». (Kull.) — D'animal pourvu de crocs, « lion, etc. ». (Kull.) — Bête dont la nature est sanguinaire, littér. commettant des actes cruels, expression commentée par vailhaçïla. (Ⅱ)
12. 59  
हिंस्रा भवन्ति क्रव्यादाः कृमयोऽमेध्यभक्षिणः ।
परस्परादिनः स्तेनाः प्रेत्यान्त्यस्त्रीनिषेविणः । । १२.५९ । ।
- Ceux qui aiment à faire le mal deviennent des carnassiers; ceux qui mangent des aliments défendus, des vers; les voleurs, des (êtres) qui s'entre-dévorent; ceux qui ont commerce avec des femmes de la plus basse caste, des revenants. (Ⅰ)
- Des êtres qui s'entre-dévorent « des poissons et autres ». (Kull.) — Des revenants prêtas. (Ⅱ)
12. 60  
संयोगं पतितैर्गत्वा परस्यैव च योषितम् ।
अपहृत्य च विप्रस्वं भवति ब्रह्मराक्षसः । । १२.६० । ।
- Celui qui a fréquenté des gens dégradés (de leur caste), qui (a eu des relations) avec la femme d'autrui, et celui qui a volé un bien appartenant à un Brahmane, devient un démon ennemi des Brahmanes. (Ⅰ)
- Un bien appartenant à un Brahmane, « mais non de l'or ». (Kull.) — Un démon appelé Brahmarâkshasa. (Ⅱ)
12. 61  
मणिमुक्ताप्रवालानि हृत्वा लोभेन मानवः ।
विविधाणि च रत्नानि जायते हेमकर्तृषु । । १२.६१ । ।
- L'homme qui par cupidité a dérobé des diamants, des perles ou du corail, ou divers (autres) joyaux renaît parmi les orfèvres. (Ⅰ)
- Orfèvres « quelques-uns entendent par là l'oiseau appelé hemakàra ». (Kull.) C'est en effet un sens très acceptable. (Ⅱ)
12. 62  
धान्यं हृत्वा भवत्याखुः कांस्यं हंसो जलं प्लवः ।
मधु दंशः पयः काको रसं श्वा नकुलो घृतम् । । १२.६२ । ।
- Pour avoir volé du grain il devient rat, (pour avoir volé) du cuivre (il devient) flamant, (pour avoir volé) de l'eau (il devient) poule d'eau, (pour avoir volé) du miel (il devient) taon, (pour avoir volé) du lait (il devient) corneille, (pour avoir volé) des essences (il devient) chien, (pour avoir volé) du beurre clarifié (il devient) un ichneumon. (Ⅰ)
- Des essences, « de la sève de canne à sucre, etc. » (Kull.) (Ⅱ)
12. 63  
मांसं गृध्रो वपां मद्गुस्तैलं तैलपकः खगः ।
चीरीवाकस्तु लवणं बलाका शकुनिर्दधि । । १२.६३ । ।
- (S'il a volé) de la viande (il devient) vautour; du lard, cormoran; de (l'huile de) sésame, un (oiseau) tailapaka; du sel, un grillon; du lait suri, un oiseau balâkâ. (Ⅰ)
- Cormoran (?) madgu, espèce d'oiseau d'eau. — Tailapaka, oiseau inconnu, ce nom signifie buveur d'huile. — Balâkâ, cigogne (?). (Ⅱ)
12. 64  
कौशेयं तित्तिरिर्हृत्वा क्षौमं हृत्वा तु दर्दुरः ।
कार्पासतान्तवं क्रौञ्चो गोधा गां वाग्गुदो गुडम् । । १२.६४ । ।
- S'il a dérobé de la soie (il devient) perdrix ; de la toile, grenouille; une étoffe de coton, courlis; une vache, iguane; de la mélasse, chauve-souris. (Ⅰ)
12. 65  
छुच्छुन्दरिः शुभान्गन्धान्पत्रशाकं तु बर्हिणः ।
श्वावित्कृतान्नं विविधं अकृतान्नं तु शल्यकः । । १२.६५ । ।
- (S'il a volé) des parfums précieux, (il devient) un rat musqué; des légumes à feuilles, un paon; des aliments préparés de diverses sortes, un porc-épic; des aliments non préparés, un hérisson. (Ⅰ)
- Aliments, anna signifie aussi plus particulièrement du riz. On pourrait traduire « du riz cuit et du riz cru ». (Ⅱ)
12. 66  
बको भवति हृत्वाग्निं गृहकारी ह्युपस्करम् ।
रक्तानि हृत्वा वासांसि जायते जीवजीवकः । । १२.६६ । ।
- S'il a dérobé du feu, il devient héron ; des ustensiles, guêpe ; pour vol d'étoffes de couleur, il renaît (sous la forme d'un) francolin. (Ⅰ)
- Francolin (?) où perdrix rouge (?). — Quelques-unes de ces attributions reposent sur une similitude d'attributs : ainsi le voleur de parfums devient un rat musqué ; le voleur d'étoffes de couleur devient une perdrix rouge; d'autres reposent sur une simple allitération, vàgguda chauve-souris, et guda mêlasse; d'autres enfin paraissent tout à fait arbitraires. (Ⅱ)
12. 67  
वृको मृगेभं व्याघ्रोऽश्वं फलमूलं तु मर्कटः ।
स्त्रीं ऋक्षः स्तोकको वारि यानान्युष्ट्रः पशूनजः । । १२.६७ । ।
- (S'il a volé) un daim ou un éléphant, (il devient) loup; un cheval, (il devient) tigre; des racines et fruits, singe; une femme, ours; de l'eau, coucou; des voitures, chameau; du bétail, bouc. (Ⅰ)
- De l'eau « pour boire ». (Kull.) — Coucou stokaka « qui demande une goutte d'eau » appelé aussi câtaka, Cuculus melanoleucus, oiseau qui passe chez les Hindous pour ne boire que de l'eau de pluie. (Ⅱ)
12. 68  
यद्वा तद्वा परद्रव्यं अपहृत्य बलान्नरः ।
अवश्यं याति तिर्यक्त्वं जग्ध्वा चैवाहुतं हविः । । १२.६८ । ।
- L'homme qui a dérobé par force n'importe quel objet appartenant à autrui, ainsi que celui qui a mangé les gâteaux du sacrifice avant qu'ils aient été offerts (à une divinité), renaîtra inévitablement â l'état de bête. (Ⅰ)
- Offerts, c'est-à-dire « avant qu'on en ait jeté une partie dans le feu ». (Ⅱ)
12. 69  
स्त्रियोऽप्येतेन कल्पेन हृत्वा दोषं अवाप्नुयुः ।
एतेषां एव जन्तूनां भार्यात्वं उपयान्ति ताः । । १२.६९ । ।
- Les femmes aussi qui ont commis un vol d'une manière analogue se chargent du (même) péché; elles renaissent à l'état de femelles de ces mêmes êtres (qu'on vient d'énumérer). (Ⅰ)
12. 70  
स्वेभ्यः स्वेभ्यस्तु कर्मभ्यश्च्युता वर्णा ह्यनापदि ।
पापान्संसृत्य संसारान्प्रेष्यतां यान्ति शत्रुषु । । १२.७० । ।
- (Les hommes des quatre) castes qui sans nécessité ont abandonné leurs devoirs respectifs, après avoir transmigré dans des existences misérables, renaissent dans la condition d'esclaves parmi leurs ennemis. (Ⅰ)
- Leurs devoirs respectifs, « les cérémonies telles que les cinq sacrifices et autres ». (Kull.) — Ennemis, littér. les Dasyus; une autre leçon du reste porte çatrushu au lieu de dasyushu. (Ⅱ)
12. 71  
वान्ताश्युल्कामुखः प्रेतो विप्रो धर्मात्स्वकाच्च्युतः ।
अमेध्यकुणपाशी च क्षत्रियः कटपूतनः । । १२.७१ । ।
- Un Brahmane qui a manqué à ses devoirs devient un revenant (appelé) Oulkâmoukha qui se nourrit de vomissement; un Kchatriya (devient un revenant appelé) Katapoûtana qui se nourrit d'immondices et de cadavres. (Ⅰ)
- Ulkâmukha veut dire : dont la bouche est un brandon enflammé ; le sens du mot katapûtana est obscur. (Ⅱ)
12. 72  
मैत्राक्षज्योतिकः प्रेतो वैश्यो भवति पूयभुक् ।
चैलाशकश्च भवति शूद्रो धर्मात्स्वकाच्च्युतः । । १२.७२ । ।
- Un Vaisya qui a manqué à ses devoirs devient un revenant (appelé) Maitrâkchadjyotikaqui mange du pus; un Soudra devient (un revenant appelé) Tchailâsaka. (Ⅰ)
- Maitràkshajyotika est suivant Kull. « un démon à qui son anus sert d'oeil, ou qui a une lumière dans l'anus »; c'est du reste l'explication de ce composé. Quant au Cailâsaka c'est « un Prêta ou revenant qui se nourrit de poux ». (Ⅱ)
12. 73  
यथा यथा निषेवन्ते विषयान्विषयात्मकाः ।
तथा तथा कुशलता तेषां तेषूपजायते । । १२.७३ । ।
- Plus les gens dont l'âme (est portée à la) sensualité s'adonnent aux (plaisirs des) sens, plus leur propension augmente. (Ⅰ)
12. 74  
तेऽभ्यासात्कर्मणां तेषां पापानां अल्पबुद्धयः ।
संप्राप्नुवन्ति दुःखानि तासु तास्विह योनिषु । । १२.७४ । ।
- Par la répétition de ces actes coupables, ces insensés s'attirent ici-bas des souffrances dans ces diverses transmigrations (que voici) : (Ⅰ)
- Insensés, littér. de peu d'intelligence. — Ces diverses transmigrations « dans des matrices de plus en plus méprisables d'animaux et autres ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 75  
तामिस्रादिषु चोग्रेषु नरकेषु विवर्तनम् ।
असिपत्रवनादीनि बन्धनछेदनानि च । । १२.७५ । ।
- Le séjour dans le Tâmisra et autres enfers épouvantables, la forêt (dont les arbres ont) des épées en guise de feuilles et autres (lieux horribles), la captivité et les mutilations ; (Ⅰ)
12. 76  
विविधाश्चैव संपीडाः काकोलूकैश्च भक्षणम् ।
करम्भवालुकातापान्कुम्भीपाकांश्च दारुणान् । । १२.७६ । ।
- Diverses tortures (telles que) d'être dévoré par des corneilles et des chouettes, de (manger) une bouillie de sable brûlant et d'être cuit dans des pots, (supplice) intolérable ; (Ⅰ)
12. 77  
संभवांश्च वियोनीषु दुःखप्रायासु नित्यशः ।
शीतातपाभिघातांश्च विविधानि भयानि च । । १२.७७ । ।
- Renaissances perpétuelles dans des matrices (d'êtres) inférieurs exposés à des maux sans fin, tourments par le froid et le chaud et terreurs de toutes sortes ; (Ⅰ)
12. 78  
असकृद्गर्भवासेषु वासं जन्म च दारुणम् ।
बन्धनानि च काष्ठानि परप्रेष्यत्वं एव च । । १२.७८ । ।
- Séjour répété dans (diverses) matrices, naissances pénibles, captivités rigoureuses, esclavage sous les autres ; (Ⅰ)
- Séjour répété, le seul fait de renaître plusieurs fois constitue par luimême une peine. (Ⅱ)
12. 79  
बन्धुप्रियवियोगांश्च संवासं चैव दुर्जनैः ।
द्रव्यार्जनं च नाशं च मित्रामित्रस्य चार्जनम् । । १२.७९ । ।
- Séparation d'avec leurs parents et amis, et cohabitation avec les méchants, perte des richesses gagnées, acquisition d'amis (qui deviennent des) ennemis; (Ⅰ)
- Perte des richesses gagnées, littér. acquisition et perte de biens, c'est-à-dire biens acquis pour les reperdre ensuite. (Ⅱ)
12. 80  
जरां चैवाप्रतीकारां व्याधिभिश्चोपपीडनम् ।
क्लेशांश्च विविधांस्तांस्तान्मृत्युं एव च दुर्जयम् । । १२.८० । ।
- Vieillesse sans ressources, tourments des maladies, afflictions de-toute espèce et (enfin) la mort invincible, (telles sont les épreuves qui les attendent). (Ⅰ)
- Vieillesse sans ressources ou peut-être « l'âge (mal) incurable ». (Ⅱ)
12. 81  
यादृशेन तु भावेन यद्यत्कर्म निषेवते ।
तादृशेन शरीरेण तत्तत्फलं उपाश्नुते । । १२.८१ । ।
- Dans quelque disposition d'esprit qu'on accomplisse tel ou tel acte, on en recueille le fruit avec un corps doué de cette même qualité. (Ⅰ)
- Disposition d'esprit « produite par la qualité de Bonté, la qualité de Passion, ou la qualité d'Obscurité ». (Kull.) — Le corps futur sera doué d'une de ces trois qualités, suivant l'esprit dans lequel on a accompli l'acte « tel que bain, aumône, etc. ». (Kull.) — Cf. v. 41 sqq. les divers corps produits par chacune des trois qualités avec leurs trois degrés. (Ⅱ)
12. 82  
एष सर्वः समुद्दिष्टः कर्मणां वः फलोदयः ।
नैःश्रेयसकरं कर्म विप्रस्येदं निबोधत । । १२.८२ । ।
- Ainsi ont été expliqués entièrement les origines et les résultats des actes; apprenez (maintenant) les actes qui procurent à un Brahmane la délivrance, finale. (Ⅰ)
12. 83  
वेदाभ्यासस्तपो ज्ञानं इन्द्रियाणां च संयमः ।
अहिंसा गुरुसेवा च निःश्रेयसकरं परम् । । १२.८३ । ।
- L'étude du Véda, les austérités, la connaissance, dompter ses sens, ne point faire de mal (aux créatures), servir son précepteur spirituel, (tels sont) les meilleurs moyens (d'arriver) à la délivrance finale. (Ⅰ)
- La connaissance « ayant pour objet Brahme ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 84  
सर्वेषां अपि चैतेषां शुभानां इह कर्मणाम् ।
किं चिच्छ्रेयस्करतरं कर्मोक्तं पुरुषं प्रति । । १२.८४ । ।
- Parmi toutes ces actions vertueuses en ce monde, en est-il une (qui soit) déclarée plus propre (que les autres) à conduire l'homme à la délivrance finale? (Ⅰ)
- Ce vers est une question adressée par les grands Sages à Bhrgu qui leur répond au vers suivant. (Ⅱ)
12. 85  
सर्वेषां अपि चैतेषां आत्मज्ञानं परं स्मृतम् ।
तद्ध्यग्र्यं सर्वविद्यानां प्राप्यते ह्यमृतं ततः । । १२.८५ । ।
- Entre toutes, la connaissance de l'Âme est déclarée la plus excellente; elle est la première de toutes les sciences, car par elle on obtient l'immortalité. (Ⅰ)
- La connaissance de l'Âme « de l'Âme suprême, paramàtman, enseignée par les Upanishads ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 86  
षण्णां एषां तु सर्वेषां कर्मणां प्रेत्य चेह च ।
श्रेयस्करतरं ज्ञेयं सर्वदा कर्म वैदिकम् । । १२.८६ । ।
- Parmi tous les six actes (précédemment énumérés), les actes prescrits par le Véda doivent toujours être considérés comme les plus efficaces pour assurer la félicité suprême ici-bas et dans l'autre monde. (Ⅰ)
- Karma vaidikam, Kull. l'entend dans le sens de paramàtmajùàna la connaissance de l'Âme suprême; les autres commentateurs au contraire prennent cette expression dans son sens littéral, « acte prescrit par le Véda », c'est-à-dire les rites, les sacrifices. Le v. 85 n'a en vue que le moksha ou délivrance finale, tandis que le v. 86 considère la félicité en ce monde et dans l'autre. (Ⅱ)
12. 87  
वैदिके कर्मयोगे तु सर्वाण्येतान्यशेषतः ।
अन्तर्भवन्ति क्रमशस्तस्मिंस्तस्मिन्क्रियाविधौ । । १२.८७ । ।
- Car dans l'accomplissement des actes prescrits par le Véda, tous les autres (actes) sans exception sont contenus par ordre dans les diverses règles des cérémonies. (Ⅰ)
- Ici Kull. explique karma vaidikam par « l'adoration de l'Âme suprême ». (Ⅱ)
12. 88  
सुखाभ्युदयिकं चैव नैःश्रेयसिकं एव च ।
प्रवृत्तं च निवृत्तं च द्विविधं कर्म वैदिकम् । । १२.८८ । ।
- Les actes prescrits par le Véda sont de deux sortes, les uns procurant le bonheur (matériel), les autres assurant la délivrance finale; les uns ayant un but intéressé, les autres un but désintéressé. (Ⅰ)
- Dans ce vers au contraire Kull. donne à karma vaidikam son sens ordinaire « le jyotishtoma et autres sacrifices ». — Les actes dits pravrtta sont les cérémonies faites dans le but d'une récompense ici-bas ou dans l'autre monde, les actes dits nivrtta sont les cérémonies faites sans aucune vue intéressée, et partant plus méritoires que les autres. B. traduit : « Qui causent une continuation de l'existence mondaine, pravrtta », et « qui causent une cessation de l'existence mondaine, nivrtta ». Au fond l'idée est la même. (Ⅱ)
12. 89  
इह चामुत्र वा काम्यं प्रवृत्तं कर्म कीर्त्यते ।
निष्कामं ज्ञातपूर्वं तु निवृत्तं उपदिश्यते । । १२.८९ । ।
- Un acte qui assure la réussite d'un désir ici-bas ou dans l'autre monde est appelé intéressé; mais celui qui est étranger à tout désir (de récompense) et (qu'on accomplit après avoir) d'abord (acquis) la connaissance (de l'Être divin) est déclaré désintéressé. (Ⅰ)
- D'un désir « un sacrifice pour obtenir de la pluie ». (Kull.) — Dans l'autre monde « un sacrifice tel que le jyotishtoma et autres en vue d'obtenir le paradis ». (Kull.) — Jnânapûrva peut signifier aussi « ayant la connaissance pour guide, dirigé par la connaissance ». (Ⅱ)
12. 90  
प्रवृत्तं कर्म संसेव्यं देवानां एति साम्यताम् ।
निवृत्तं सेवमानस्तु भूतान्यत्येति पञ्च वै । । १२.९० । ।
- Celui qui accomplit des actes intéressés atteint l'égalité de rang avec les dieux; mais celui-ci qui accomplit des actes désintéressés s'élève assurément au-dessus des cinq éléments. (Ⅰ)
- Qui accomplit : il faut entendre cela d'actes pieux répétés fréquemment. — Au-dessus des cinq éléments, c'est-à-dire se dépouille des éléments qui composent le corps, « atteint la délivrance finale ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 91  
सर्वभूतेषु चात्मानं सर्वभूतानि चात्मनि ।
समं पश्यन्नात्मयाजी स्वाराज्यं अधिगच्छति । । १२.९१ । ।
- Celui qui voit également soi-même dans tous les êtres et tous les êtres dans soi-même, s'offrant soi-même en sacrifice, s'identifie avec l'être qui brille de son propre éclat. (Ⅰ)
- Soi-même, c'est-à-dire qui se dit : « Moi je suis contenu dans tous les êtres animés et inanimés, et tous les êtres sont contenus en moi. » (Kull.) — Àtmayâjin, qui se sacrifie lui-même ou qui sacrifie à soi-même, signifie suivant Kull. « qui accomplit le jyotishtoma et autres sacrifices suivant la manière du Brahmârpana ». — S'identifie avec l'être qui brille de son propre éclat (avec Brahmâ), c'est-à-dire obtient la délivrance finale. On peut traduire aussi « il obtient l'indépendance, la domination », car la racine râj a les deux sens de briller et de régner. (Ⅱ)
12. 92  
यथोक्तान्यपि कर्माणि परिहाय द्विजोत्तमः ।
आत्मज्ञाने शमे च स्याद्वेदाभ्यासे च यत्नवान् । । १२.९२ । ।
- Un Brahmane, même après avoir renoncé aux rites prescrits (par les Sâstras), doit s'appliquer à la connaissance de l'Âme suprême, à l'extinction (de ses passions) et à l'étude du Véda. (Ⅰ)
12. 93  
एतद्धि जन्मसाफल्यं ब्राह्मणस्य विशेषतः ।
प्राप्यैतत्कृतकृत्यो हि द्विजो भवति नान्यथा । । १२.९३ । ।
- Car c'est en cela que consiste surtout pour un Brahmane l'objet principal de l'existence ; c'est en atteignant cela et non autrement qu'un Dvidja parvient à ses fins. (Ⅰ)
- Parvient à ses fins krtakrtya signifie littér. qui a fait ce qu'il devait faire, c'est-à-dire qui voit tous ses désirs accomplis. (Ⅱ)
12. 94  
पितृदेवमनुष्याणां वेदश्चक्षुः सनातनम् ।
अशक्यं चाप्रमेयं च वेदशास्त्रं इति स्थितिः । । १२.९४ । ।
- Le Véda est l'œil éternel des Mânes, des Dieux, des hommes ; le livre du Véda ne peut pas avoir été fait (par les hommes), il est incommensurable (pour la raison humaine) ; telle est la décision. (Ⅰ)
12. 95  
या वेदबाह्याः स्मृतयो याश्च काश्च कुदृष्टयः ।
सर्वास्ता निष्फलाः प्रेत्य तमोनिष्ठा हि ताः स्मृताः । । १२.९५ । ।
- Tous les textes révélés qui ne reposent pas sur le Véda et tous les faux systèmes de philosophie ne produisent aucun fruit après la mort; car ils sont déclarés fondés sur l'Obscurité. (Ⅰ)
- Les textes révélés Jolly imprime çrutayah. D'autres textes portent smrtayah les traditions. (Ⅱ)
12. 96  
उत्पद्यन्ते च्यवन्ते च यान्यतोऽन्यानि कानि चित् ।
तान्यर्वाक्कालिकतया निष्फलान्यनृतानि च । । १२.९६ । ।
- Et tous les (systèmes) autres que le (Véda) qui naissent et meurent (rapidement) sont stériles et mensongers, parce qu'ils sont de date plus récente. (Ⅰ)
- Qui naissent, Kull. précise en disant qu'ils « sont sortis de la main des hommes. » (Ⅱ)
12. 97  
चातुर्वर्ण्यं त्रयो लोकाश्चत्वारश्चाश्रमाः पृथक् ।
भूतं भव्यं भविष्यं च सर्वं वेदात्प्रसिध्यति । । १२.९७ । ।
- Les quatre castes, les trois mondes, les quatre ordres distincts, le présent, le passé et le futur, tout cela est expliqué au moyen du Véda. (Ⅰ)
- Prasidhyati signifierait plus littér. « dépend du Véda pour sa réussite ». (Ⅱ)
12. 98  
शब्दः स्पर्शश्च रूपं च रसो गन्धश्च पञ्चमः ।
वेदादेव प्रसूयन्ते प्रसूतिर्गुणकर्मतः । । १२.९८ । ।
- Le son, la tangibilité, la forme, le goût et l'odeur, ce cinquième (attribut), sont expliqués au moyen du Véda seul, selon l'origine, les qualités et les actes. (Ⅰ)
- Le composé gunakarmatah est obscur. Kull. entend karman au sens de karma vaidikam, et guna au sens des trois qualités primordiales. Bonté, Passion, Obscurité: le sens seraitalors « par le moyen des rites védiques dérivant des trois qualités de Bonté, Passion et Obscurité, sources du son, de la tangibilité, etc. » (Ⅱ)
12. 99  
बिभर्ति सर्वभूतानि वेदशास्त्रं सनातनम् ।
तस्मादेतत्परं मन्ये यज्जन्तोरस्य साधनम् । । १२.९९ । ।
- L'éternel traité du Véda soutient tous les êtres ; c'est pourquoi je considère comme la (chose) suprême celle qui assure la félicité à cette créature (l'homme). (Ⅰ)
- Cette créature, Kull. entend par là « l'homme qui est propre à accomplir les rites védiques ». (Ⅱ)
12. 100  
सेनापत्यं च राज्यं च दण्डनेतृत्वं एव च ।
सर्वलोकाधिपत्यं च वेदशास्त्रविदर्हति । । १२.१०० । ।
- Commandement des armées, pouvoir royal, fonctions de juge, souveraineté sur le monde entier, celui qui connaît le traité du Véda est digne de tout. (Ⅰ)


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