Chapitre 8
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(Ⅰ)
(Ⅱ)


8. 37  
विद्वांस्तु ब्राह्मणो दृष्ट्वा पूर्वोपनिहितं निधिम् ।
अशेषतोऽप्याददीत सर्वस्याधिपतिर्हि सः । । ८.३७ । ।
- Quand un Brahmane instruit trouve un trésor caché jadis (en terre), il peut se l'approprier même en entier, car il est le seigneur de toutes les choses. (Ⅰ)
- Kull. contredit l'opinion de Medh. Govind. et Nâr. qui entendent pûrvopanihitam « jadis caché », au sens de « caché par ses ancêtres ». (Ⅱ)
8. 38  
यं तु पश्येन्निधिं राजा पुराणं निहितं क्षितौ ।
तस्माद्द्विजेभ्यो दत्त्वार्धं अर्धं कोशे प्रवेशयेत् । । ८.३८ । ।
- Si le roi trouve un trésor ancien caché en terre, qu'il en donne moitié aux Brahmanes, et mette (l'autre) moitié dans son trésor. (Ⅰ)
8. 39  
निधीनां तु पुराणानां धातूनां एव च क्षितौ ।
अर्धभाग्रक्षणाद्राजा भूमेरधिपतिर्हि सः । । ८.३९ । ।
- Le roi a droit à la moitié des trésors anciens et des métaux (qui sont) en terre pour prix de la protection (qu'il donne à ses sujets) et en qualité de maître du sol. (Ⅰ)
- La moitié « au cas où il ne sont pas pris par un Brahmane éclairé ». (Kull.) (Ⅱ)
8. 40  
दातव्यं सर्ववर्णेभ्यो राज्ञा चौरैर्हृतं धनम् ।
राजा तदुपयुञ्जानश्चौरस्याप्नोति किल्बिषम् । । ८.४० । ।
- Le bien ravi par des voleurs doit être rendu par le roi (à son propriétaire) à quelque caste (qu'il appartienne) ; le roi qui s'approprierait ce bien se rendrait coupable de vol. (Ⅰ)
- Doit être rendu « lorsque le roi a pu le reprendre aux voleurs ». (Kull.) (Ⅱ)
8. 41  
जातिजानपदान्धर्मान्श्रेणीधर्मांश्च धर्मवित् ।
समीक्ष्य कुलधर्मांश्च स्वधर्मं प्रतिपादयेत् । । ८.४१ । ।
- (Un roi) qui connaît la justice, après avoir étudié les lois des castes, celles des (diverses) provinces, celles des corporations et celles des familles, doit (les) faire régner (comme) sa propre loi. (Ⅰ)
- Littér. : « qu'il établisse sa propre loi », On peut aussi entendre avec B. « établir la loi particulière à chacune d'elles (des castes, provinces) ». — Kull. fait une restriction, c'est que les coutumes particulières « ne soient pas en contradiction avec les textes sacrés ». (Ⅱ)
8. 42  
स्वानि कर्माणि कुर्वाणा दूरे सन्तोऽपि मानवाः ।
प्रिया भवन्ति लोकस्य स्वे स्वे कर्मण्यवस्थिताः । । ८.४२ । ।
- Car les gens qui s'occupent de leurs affaires et se renferment dans leurs occupations propres deviennent chers à (tout) le monde, bien qu'ils soient éloignés. (Ⅰ)
8. 43  
नोत्पादयेत्स्वयं कार्यं राजा नाप्यस्य पुरुषः ।
न च प्रापितं अन्येन ग्रसेदर्थं कथं चन । । ८.४३ । ।
- Le roi et les hommes du roi ne doivent jamais soulever d'eux-mêmes un procès, ni étouffer un procès commencé par un autre. (Ⅰ)
8. 44  
यथा नयत्यसृक्पातैर्मृगस्य मृगयुः पदम् ।
नयेत्तथानुमानेन धर्मस्य नृपतिः पदम् । । ८.४४ । ।
- De même que le chasseur dirige ses pas par les traces de sang du daim (blessé), ainsi le roi doit diriger la marche de la justice par induction. (Ⅰ)
8. 45  
सत्यं अर्थं च संपश्येदात्मानं अथ साक्षिणः ।
देशं रूपं च कालं च व्यवहारविधौ स्थितः । । ८.४५ । ।
- Observant les règles de la procédure, qu'il examine la vérité, le fait (en question), sa propre personne, les témoins, le lieu, le temps et la forme (particulière du cas). (Ⅰ)
- Vyavahàravidhau sthitah signifie peut-être, comme le traduit B., « lorsqu'il est engagé dans une procédure » au lieu de « observant les règles de la procédure ». (Ⅱ)
8. 46  
सद्भिराचरितं यत्स्याद्धार्मिकैश्च द्विजातिभिः ।
तद्देशकुलजातीनां अविरुद्धं प्रकल्पयेत् । । ८.४६ । ।
- Toutes (les coutumes) pratiquées par les Dvidjas vertueux et justes, qu'il les fasse observer (comme des lois), si elles ne sont pas en contradiction avec les (usages) des provinces, des familles et des castes. (Ⅰ)
8. 1  
व्यवहारान्दिदृक्षुस्तु ब्राह्मणैः सह पार्थिवः ।
मन्त्रज्ञैर्मन्त्रिभिश्चैव विनीतः प्रविशेत्सभाम् । । ८.१ । ।
- Un roi désireux d'examiner les affaires judiciaires entrera au Palais de justice avec un maintien modeste (accompagné) de Brahmanes et de conseillers expérimentés. (Ⅰ)
8. 2  
तत्रासीनः स्थितो वापि पाणिं उद्यम्य दक्षिणम् ।
विनीतवेषाभरणः पश्येत्कार्याणि कार्यिणाम् । । ८.२ । ।
- Là, assis ou debout, la main droite levée, modeste dans ses habits et ses ornements, il examinera les affaires des plaideurs. (Ⅰ)
8. 3  
प्रत्यहं देशदृष्टैश्च शास्त्रदृष्टैश्च हेतुभिः ।
अष्टादशसु मार्गेषु निबद्धानि पृथक्पृथक् । । ८.३ । ।
- Il (jugera) quotidiennement l'une après l'autre, d'après les principes tirés des usages locaux et des traités (de lois), les (causes) rangées sous les dix-huit titres (suivants) : (Ⅰ)
8. 4  
तेषां आद्यं ऋणादानं निक्षेपोऽस्वामिविक्रयः ।
संभूय च समुत्थानं दत्तस्यानपकर्म च । । ८.४ । ।
- Le premier de ces (titres) est le non-paiement des dettes; (les autres sont) 2°) les dépôts; 3°) la vente (d'une chose) dont on n'est pas le propriétaire ; 4°) les associations ; 5°) la reprise des choses données; (Ⅰ)
- Le non-paiement des dettes : rnâdânam peut s'entendre de deux façons, soit adànam le non-payement, soit àdànam le recouvrement. (Ⅱ)
8. 5  
वेतनस्यैव चादानं संविदश्च व्यतिक्रमः ।
क्रयविक्रयानुशयो विवादः स्वामिपालयोः । । ८.५ । ।
- 6°) Le non-paiement des gages; 7°) la rupture d'un contrat ; 8°) la rédhibition des achats et des ventes ; 9°) les contestations entre maître (du troupeau) et berger ; (Ⅰ)
8. 6  
सीमाविवादधर्मश्च पारुष्ये दण्डवाचिके ।
स्तेयं च साहसं चैव स्त्रीसंग्रहणं एव च । । ८.६ । ।
- 10°) La loi (relative aux) disputes sur les limites; 11°) les voies de fait, et 12°) les injures; 13°) le vol ; 14°) la violence; 15°) l'adultère; (Ⅰ)
8. 7  
स्त्रीपुंधर्मो विभागश्च द्यूतं आह्वय एव च ।
पदान्यष्टादशैतानि व्यवहारस्थिताविह । । ८.७ । ।
- 16°) Les devoirs du mari et de la femme; 17°) le partage (des successions) ; 18°) le jeu et le pari ; tels sont les dix-huit points sur lesquels portent ici-bas les procès. (Ⅰ)
8. 8  
एषु स्थानेषु भूयिष्ठं विवादं चरतां नृणाम् ।
धर्मं शाश्वतं आश्रित्य कुर्यात्कार्यविनिर्णयम् । । ८.८ । ।
- S'appuyant sur la Loi éternelle, qu'il tranche les procès des hommes qui sont généralement en contestation sur ces sujets. (Ⅰ)
8. 9  
यदा स्वयं न कुर्यात्तु नृपतिः कार्यदर्शनम् ।
तदा नियुञ्ज्याद्विद्वांसं ब्राह्मणं कार्यदर्शने । । ८.९ । ।
- Si le prince ne fait pas lui-même l'examen des affaires, qu'il charge alors un Brahmane éclairé de les examiner. (Ⅰ)
8. 10  
सोऽस्य कार्याणि संपश्येत्सभ्यैरेव त्रिभिर्वृतः ।
सभां एव प्रविश्याग्र्यां आसीनः स्थित एव वा । । ८.१० । ।
- Ce dernier entrera dans l'auguste tribunal accompagné de trois assesseurs, et debout ou assis, il connaîtra des affaires (soumises â la juridiction du roi). (Ⅰ)
8. 11  
यस्मिन्देशे निषीदन्ति विप्रा वेदविदस्त्रयः ।
राज्ञश्चाधिकृतो विद्वान्ब्रह्मणस्तां सभां विदुः । । ८.११ । ।
- (La cour) où siègent trois Brahmanes versés dans le Véda et un (juge) éclairé désigné par le roi, s'appelle la cour de Brahmâ (à quatre faces). (Ⅰ)
- A quatre faces est suppléé par le commentaire. Brahmâ a quatre têtes ; il en avait originairement cinq, mais l'une d'elles fut brûlée par le feu de l'oeil de Siva, pour avoir parlé de lui irrespectueusement : de là les épithètes de caturmukha « à quatre faces » ou de ashtakarna « à huit oreilles ». (Ⅱ)
8. 12  
धर्मो विद्धस्त्वधर्मेण सभां यत्रोपतिष्ठते ।
शल्यं चास्य न कृन्तन्ति विद्धास्तत्र सभासदः । । ८.१२ । ।
- Mais quand la justice blessée par l'injustice se présente au tribunal sans qu'on lui retire le dard, les juges (eux-mêmes) sont blessés. (Ⅰ)
- Dharma désigne la Justice personnifiée. — Sont blessés « par ce dard de l'injustice ». (Kull.) (Ⅱ)
8. 13  
सभां वा न प्रवेष्टव्यं वक्तव्यं वा समञ्जसम् ।
अब्रुवन्विब्रुवन्वापि नरो भवति किल्बिषी । । ८.१३ । ।
- Ou il ne faut pas entrer au tribunal, ou il faut (y) dire la vérité; un homme qui ne parle point ou qui parle faussement est coupable. (Ⅰ)
8. 14  
यत्र धर्मो ह्यधर्मेण सत्यं यत्रानृतेन च ।
हन्यते प्रेक्षमाणानां हतास्तत्र सभासदः । । ८.१४ । ।
- Partout où la justice est détruite par l'injustice, la vérité par le mensonge, au vu des juges, ceux-ci (également) sont détruits. (Ⅰ)
8. 15  
धर्म एव हतो हन्ति धर्मो रक्षति रक्षितः ।
तस्माद्धर्मो न हन्तव्यो मा नो धर्मो हतोऽवधीत् । । ८.१५ । ।
- Détruite, la justice détruit; protégée, elle protège; c'est pourquoi gardons-nous de détruire la justice, de peur que la justice détruite ne nous fasse périr. (Ⅰ)
- Suivant Kull. ce vers est une admonestation adressée par les assesseurs au juge prêt à violer la justice. (Ⅱ)
8. 16  
वृषो हि भगवान्धर्मस्तस्य यः कुरुते ह्यलम् ।
वृषलं तं विदुर्देवास्तस्माद्धर्मं न लोपयेत् । । ८.१६ । ।
- Caria justice divine est un taureau ; celui qui lui fait du tort est considéré par les Dieux comme un homme de caste vile; voilà pourquoi il ne faut pas violer la justice. (Ⅰ)
- La justice est représentée sous la forme d'un taureau vrsha : celui qui lui fait du tort, alam, est donc un Vrshala, homme de caste vile. Inutile de faire remarquer que cette étymologie est tout à fait fantaisiste, d'autant plus que alam n'a guère ce sens. (Ⅱ)
8. 17  
एक एव सुहृद्धर्मो निधानेऽप्यनुयाति यः ।
शरीरेण समं नाशं सर्वं अन्यद्धि गच्छति । । ८.१७ । ।
- La justice est le seul ami qui (vous) suive même dans la mort; car toute autre chose va à la destruction en même temps que le corps. (Ⅰ)
8. 18  
पादोऽधर्मस्य कर्तारं पादः साक्षिणं ऋच्छति ।
पादः सभासदः सर्वान्पादो राजानं ऋच्छति । । ८.१८ । ।
- Un quart de l'injustice (d'un jugement) retombe sur l'auteur (du méfait), un quart sur le témoin (qui a menti), un quart sur tous les juges, un quart sur le roi. (Ⅰ)
- Un quart : littér. : un pied pàda du taureau qui symbolise la justice. (Ⅱ)
8. 19  
राजा भवत्यनेनास्तु मुच्यन्ते च सभासदः ।
एनो गच्छति कर्तारं निन्दार्हो यत्र निन्द्यते । । ८.१९ । ।
- Au contraire le roi est sans reproche, les juges exempts (de péché), et la faute retombe (tout entière) sur son auteur, quand celui qui mérite le châtiment est châtié. (Ⅰ)
8. 20  
जातिमात्रोपजीवी वा कामं स्याद्ब्राह्मणब्रुवः ।
धर्मप्रवक्ता नृपतेर्न तु शूद्रः कथं चन । । ८.२० । ।
- Un (Brahmane) qui n'a d'autre mérite que sa naissance, ou un Brahmane qui se dit tel, peuvent au gré du roi interpréter pour lui la Loi, mais jamais un Soudra. (Ⅰ)
- Littér. : un Brahmane qui subsiste seulement en vertu de sa naissance, de sa caste, et « qui ne remplit pas les devoirs d'un Brahmane » (Kull.), c'està-dire qui n'étudie pas le Véda et n'accomplit pas le sacrifice. — Un Brahmane qui se dit tel « dont l'origine est douteuse ». (Kull.) — Le commentaire ajoute « à défaut d'un Brahmane instruit, il peut employer un Kchatriya, voire même un Vaisya connaissant le code des lois ». (Ⅱ)
8. 21  
यस्य शूद्रस्तु कुरुते राज्ञो धर्मविवेचनम् ।
तस्य सीदति तद्राष्ट्रं पङ्के गौरिव पश्यतः । । ८.२१ । ।
- Lorsqu'un roi laisse sous ses yeux un Soudra rendre la justice, son royaume s'abîme comme une vache dans une fondrière. (Ⅰ)
8. 22  
यद्राष्ट्रं शूद्रभूयिष्ठं नास्तिकाक्रान्तं अद्विजम् ।
विनश्यत्याशु तत्कृत्स्नं दुर्भिक्षव्याधिपीडितम् । । ८.२२ । ।
- Un royaume rempli de Soudras, infesté d'athées et dépourvu de Brahmanes périt bientôt tout entier, ravagé par la famine et les épidémies. (Ⅰ)
- Athée : littér. « celui qui dit qu'il n'y a pas un autre monde ». (Ⅱ)
8. 23  
धर्मासनं अधिष्ठाय संवीताङ्गः समाहितः ।
प्रणम्य लोकपालेभ्यः कार्यदर्शनं आरभेत् । । ८.२३ । ।
- Après s'être assis sur le siège de justice et avoir adoré les (Dieux) protecteurs du monde, (le roi) revêtu (de son costume) et recueilli doit commencer l'examen des causes. (Ⅰ)
8. 24  
अर्थानर्थावुभौ बुद्ध्वा धर्माधर्मौ च केवलौ ।
वर्णक्रमेण सर्वाणि पश्येत्कार्याणि कार्यिणाम् । । ८.२४ । ।
- Considérant ce qui est utile et ce qui ne l'est pas, et surtout ce qui est juste et injuste, qu'il examine toutes les affaires des plaideurs suivant l'ordre des castes. (Ⅰ)
- Et surtout : l'expression kevala est un peu obscure : littér. « la justice et l'injustice seules ». — Suivant l'ordre des castes veut dire qu'il doit s'occuper d'abord des Brahmanes, puis des Kchatriyas, etc. (Ⅱ)
8. 25  
बाह्यैर्विभावयेल्लिङ्गैर्भावं अन्तर्गतं नृणाम् ।
स्वरवर्णेङ्गिताकारैश्चक्षुषा चेष्टितेन च । । ८.२५ । ।
- Par des signes extérieurs (tels que) la voix, le teint, les gestes, la mine, les yeux, le maintien, qu'il découvre le caractère intime des gens. (Ⅰ)
8. 26  
आकारैरिङ्गितैर्गत्या चेष्टया भाषितेन च ।
नेत्रवक्त्रविकारैश्च गृह्यतेऽन्तर्गतं मनः । । ८.२६ । ।
- Par la mine, les gestes, la démarche, le maintien, le langage, par les modifications du regard et de la voix se trahit la pensée intérieure. (Ⅰ)
8. 27  
बालदायादिकं रिक्थं तावद्राजानुपालयेत् ।
यावत्स स्यात्समावृत्तो यावच्चातीतशैशवः । । ८.२७ । ।
- C'est au roi de préserver le patrimoine d'un mineur, jusqu'à ce qu'il soit revenu (de noviciat) ou qu'il soit sorti de l'enfance. (Ⅰ)
- Le patrimoine d'un mineur « dépouillé par un oncle indigne, etc. » (Kull.); — « la minorité finit avec la seizième année » remarque Kull. (Ⅱ)
8. 28  
वशापुत्रासु चैवं स्याद्रक्षणं निष्कुलासु च ।
पतिव्रतासु च स्त्रीषु विधवास्वातुरासु च । । ८.२८ । ।
- Qu'il protège aussi les femmes stériles, celles qui n'ont pas de fils, celles qui sont sans famille, celles qui sont fidèles à leurs époux (absents), les veuves et les infirmes. (Ⅰ)
8. 29  
जीवन्तीनां तु तासां ये तद्धरेयुः स्वबान्धवाः ।
ताञ् शिष्याच्चौरदण्डेन धार्मिकः पृथिवीपतिः । । ८.२९ । ।
- Un roi juste punira du châtiment des voleurs les parents qui usurpent (le bien) de ces femmes pendant leur vie. (Ⅰ)
8. 30  
प्रणष्टस्वामिकं रिक्थं राजा त्र्यब्दं निधापयेत् ।
अर्वाक्त्र्यब्दाद्धरेत्स्वामी परेण नृपतिर्हरेत् । । ८.३० । ।
- Le roi fera garder en dépôt pendant trois ans le bien dont le propriétaire est inconnu ; avant l'expiration de ces trois ans le propriétaire peut le reprendre, au delà (de ce terme) le roi a le droit de se l'approprier. (Ⅰ)
- Le roi « après l'avoir fait proclamer au son du tambour pour retrouver le possesseur ». (Kull.) (Ⅱ)
8. 31  
ममेदं इति यो ब्रूयात्सोऽनुयोज्यो यथाविधि ।
संवाद्य रूपसंख्यादीन्स्वामी तद्द्रव्यं अर्हति । । ८.३१ । ।
- Celui qui dit : « Ceci est à moi » doit être examiné suivant la règle ; s'il (peut) spécifier la forme, le nombre et les autres (renseignements), il doit être remis en possession de l'objet. (Ⅰ)
8. 32  
अवेदयानो नष्टस्य देशं कालं च तत्त्वतः ।
वर्णं रूपं प्रमाणं च तत्समं दण्डं अर्हति । । ८.३२ । ।
- Mais s'il ne (peut) indiquer exactement le lieu et le moment (où l'objet a été) perdu, la couleur, la forme et les dimensions, il mérite une amende égale â (la valeur de) cet (objet). (Ⅰ)
8. 33  
आददीताथ षड्भागं प्रनष्टाधिगतान्नृपः ।
दशमं द्वादशं वापि सतां धर्मं अनुस्मरन् । । ८.३३ । ।
- Se souvenant du devoir des hommes de bien, le roi prendra sur un bien perdu et retrouvé la sixième partie, la dixième ou la douzième. (Ⅰ)
- A titre de droit de garde il prélèvera « un douzième la première année, un dixième la seconde, un sixième la troisième ». (Medh.) (Ⅱ)
8. 34  
प्रनष्टाधिगतं द्रव्यं तिष्ठेद्युक्तैरधिष्ठितम् ।
यांस्तत्र चौरान्गृह्णीयात्तान्राजेभेन घातयेत् । । ८.३४ । ।
- Un objet perdu et retrouvé doit demeurer sous la garde de (personnes) choisies exprès ; ceux qu'il surprendrait â le voler, le roi les fera écraser par un éléphant. (Ⅰ)
- Retrouvé « par les gens du roi ». (Kull.) (Ⅱ)
8. 35  
ममायं इति यो ब्रूयान्निधिं सत्येन मानवः ।
तस्याददीत षड्भागं राजा द्वादशं एव वा । । ८.३५ । ।
- Si un homme dit avec vérité d'une trouvaille: « C'est à moi », le roi a le droit d'en prendre le sixième ou le douzième. (Ⅰ)
- « Soit que la trouvaille ait été faite par lui ou par un autre » (Kull.); — le sixième ou le douzième « suivant que cet homme est sans qualités, ou pourvu de qualités. » (Kull.) Cette interprétation est déjà proposée par le même au vers 33. (Ⅱ)
8. 36  
अनृतं तु वदन्दण्ड्यः स्ववित्तस्यांशं अष्टमम् ।
तस्यैव वा निधानस्य संख्ययाल्पीयसीं कलाम् । । ८.३६ । ।
- Mais celui qui fait une fausse déclaration doit payer une amende (égale) au huitième de son propre bien ou à une assez petite portion du trésor, après qu'on l'aura évalué. (Ⅰ)
- Ici, comme précédemment, « l'alternative est subordonnée au manque de vertus ou à la possession de vertus » delà personne. (Kull.) (Ⅱ)
8. 47  
अधमर्णार्थसिद्ध्यर्थं उत्तमर्णेन चोदितः ।
दापयेद्धनिकस्यार्थं अधमर्णाद्विभावितम् । । ८.४७ । ।
- Quand un créancier s'adresse à lui pour un recouvrement d'argent sur un débiteur, il doit forcer le débiteur à rendre au créancier l'argent (que celui-ci) prouvera (avoir été prêté par lui). (Ⅰ)
8. 48  
यैर्यैरुपायैरर्थं स्वं प्राप्नुयादुत्तमर्णिकः ।
तैर्तैरुपायैः संगृह्य दापयेदधमर्णिकम् । । ८.४८ । ।
- Pour contraindre son débiteur à le payer, un créancier (peut employer) tous les moyens susceptibles de le faire rentrer dans son bien. (Ⅰ)
8. 49  
धर्मेण व्यवहारेण छलेनाचरितेन च ।
प्रयुक्तं साधयेदर्थं पञ्चमेन बलेन च । । ८.४९ । ।
- Par des moyens moraux, par un procès, par la ruse, par la coutume établie, et en cinquième lieu par la force, (le créancier) peut recouvrer l'argent prêté. (Ⅰ)
- Les moyens moraux : dharma est commenté par « la médiation conciliatrice des amis et parents ». — Procès : vyavahâra, suivant Medh., signifie que « quand le débiteur est insolvable, on le force à travailler pour s'acquitter de sa dette ». — La ruse consiste à lui emprunter quelque chose qu'on refuse de lui rendre jusqu'à ce qu'il ait payé. — La coutume établie âcarita, « en tuant la femme, les enfants, le bétail du débiteur, et l'emmenant à sa maison avec des coups, etc. ». (Ⅱ)
8. 50  
यः स्वयं साधयेदर्थं उत्तमर्णोऽधमर्णिकात् ।
न स राज्ञाभियोक्तव्यः स्वकं संसाधयन्धनम् । । ८.५० । ।
- Le créancier qui recouvre lui-même son bien sur son débiteur ne doit pas être réprimandé par le roi pour avoir repris ce qui lui appartenait. (Ⅰ)
- Réprimandé. Suivant Kull. le sens est « le roi ne doit pas l'empêcher de reprendre son bien ». (Ⅱ)


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