VAYGASCH
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(Version Hebreu)


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(Ⅰ)


[205a]  
תְּרֵין, דְּאִתְחַזְּיָין לְמֶהוֵי בֵּיהּ לֵית בֵּיהּ, דְּהָא לָא אַתְקִין גַּרְמֵיהּ לְדוֹרוֹן, וּבְדוֹרוֹן שְׁלָמָא כָּלִיל בֵּיהּ. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, דִּילְמָא אִיהוּ מִשְׁתַּדֵּל בִּצְלוֹתֵיהּ, אוֹ מַרְחִישׁ תַּלְמוּדֵיהּ בְּגִין דְּלָא יְעָקַר לֵיהּ.

אַזְלֵי כְּחֲדָא, וְלָא מַלִּיל הַהוּא בַר נָשׁ בַּהֲדַיְיהוּ. לְבָתַר אִשְׁתְּמִיטוּ רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי וְאִשְׁתַּדָּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא. כֵּיוָן דְּחָמָא הַהוּא בַר נָשׁ דְּהֲווּ מִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, קָרִיב לְגַבַּיְיהוּ וְיָהִיב לוֹן שְׁלָם.

אָמַר לוֹן, רַבּוֹתַי, בְּמָּה חֲשַׁדְתּוּן לִי, כַּד יַהֲבִיתּוּ לִי שְׁלָם, וְלָא אֲתִיבְנָא לְכוּ. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, דִּילְמָא צְלוֹתָא הֲוֵית אָמַר, אוֹ מַרְחִישׁ בְּתַלְמוּדָךְ. אָמַר לוֹן, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָדִין לְכוּ לְכַף זְכוּ.

אֲבָל אֵימָא לְכוּ. יוֹמָא חַד הֲוֵינָא אָזִיל בְּאָרְחָא, אַשְׁכַּחְנָא חַד בַר נָשׁ, וְאַקְדִימְנָא לֵיהּ שְׁלָם. וְהַהוּא גַבְרָא הֲוָה לִסְטִים, וְקָם עָלַי, וְצִעֵר לִי. וְאִלְמָלֵא דְאִתְתַּקַּפְנָא בֵּיהּ אִצְטָעַרְנָא. מֵהַהוּא יוֹמָא נָדַרְנָא, דְּלָא לְאַקְדָּמָא שְׁלָם, בַּר לְבַר נָשׁ זַכָּאָה. אֶלָּא אִי יְדַעְנָא בֵּיהּ בְּקַדְמִיתָא, בְּגִין דְּיָכִיל לְצַעֲרָא לִי, וְיִתַתַּקַּף בִּי בְּחֵילָא. בְּגִין דְּאָסִיר לְאַקְדָּמָא שְׁלָם לְבַר נָשׁ חַיָּיבָא. דִּכְתִיב, (ישעיה מט) אֵין שָׁלוֹם אָמַר יְיָ לָרְשָׁעִים.

וְהַהִיא שַׁעְתָּא דְּחָמֵינָא לְכוּ, וְיַהֲבִיתּוּ לִי שְׁלָם וְלָא אֲתִיבְנָא לְכוּ. חֲשִׁידְנָא לְכוּ. בְּגִין דְּלָא חָמֵינָא בְּכוּ מִצְוָה דְּאִתְחֲזֵי לְבַר. וַהֲוֵינָא כְּמוֹ כֵן מְהַדַּר תַּלְמוּדָאי. אֲבָל הַשְׁתָּא דְּחָמֵינָא בְכוֹ דְּאַתּוּן זַכָּאִין, הָא אָרְחָא מִתְתַּקְּנָא קֳדָמָי.

פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים ע״ג:א׳) מִזְמוֹר לְאָסָף אַךְ טוֹב לְיִשְׂרָאֵל אֱלֹהִים לְבָרֵי לֵבָב. תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבַד יְמִינָא וְעָבַד שְׂמָאלָא, לְאַנְהָגָא עַלְמָא. חַד אִקְרֵי טוֹב וְחַד אִקְרֵי רָע. וּבִתְרֵין אִלֵּין אִתְכְּלִיל בַּר נָשׁ, וְאִתְקְרִיב בְּכֹלָּא.

וְהַהוּא רַע דְּאִיהוּ שְׂמָאלָא, אִתְכְּלִילוּ בֵּיהּ עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, וְאִתְיְהִיב בְּסִטְרָא דִלְהוֹן. בְּגִין דְּאִינוּן עַרְלֵי לִבָּא, וְעַרְלֵי בִּשְׂרָא, וּלְאִסְתָּאֳבָא בֵּיהּ. אֲבָל בְּיִשְׂרָאֵל מַה כְּתִיב, אַךְ טוֹב לְיִשְׂרָאֵל (כתיב).

וְאִי תֵימָא לְכֻלְּהוּ, לָאו. אֶלָּא לְאִינוּן דְּלָא אִסְתַאֲבֵי בַּהֲדֵי הַהוּא רָע. דִּכְתִיב, לְבָרֵי לֵבָב. בְּגִין דְּדָא טוֹב וְדָא רַע. טוֹב לְיִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדַיְיהוּ, וְרַע לְעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת. אַךְ טוֹב לְיִשְׂרָאֵל, בְּגִין לְאִדְבָּקָא בֵּיהּ. וּבְהַאי אִתְדַּבָּקוּ יִשְׂרָאֵל, בְּרָזָא עִלָּאָה, בְּרָזָא דִמְהֵימְנוּתָא, לְמֶהֱוֵי כֹּלָּא חַד.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, זַכָּאִין אֲנַן, דְּלָא שַׁבַּשְׁנָא בָּךְ. וְהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שַׁדְּרָךְ לְגַבָּן. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, בְּגִין דְּטוֹב הוּא לְיִשְׂרָאֵל, יִשְׂרָאֵל אִית לוֹן חוּלָקָא בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. לְמֶחמֵי עֵינָא בְּעֵינָא חֵיזוּ יְקָרָא. כְּמָה דִּכְתִיב, (ישעיהו נ״ב:ח׳) כִּי עַיִן בְּעַיִן יִרְאוּ בְּשׁוּב יְיָ צִיּוֹן. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן וְאָמֵן: (ע''כ
- [...] Il est écrit (Gen., XLIV, 18) : “ Et Juda s’approcha de lui et lui dit : Permets, mon seigneur, que ton serviteur adresse ces paroles aux oreilles de mon seigneur ; et ne te mets pas en colère contre ton serviteur ; car tu es l’égal de Pharaon. ”
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., LXIII, 16) : “ Car c’est toi qui es notre père ; Abraham ne nous connaît point ; Israël ne sait qui nous sommes ; mais toi, Seigneur, tu es notre Père, notre Sauveur ; c’est là ton nom de toute éternité. ” Ce verset a été déjà expliqué (23). Mais en voici une autre explication.
Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il fit, chaque jour, l’œuvre qui convenait à ce jour. Lorsqu’arriva le sixième jour, où il fallait créer l’homme, la Loi vint au-devant du Saint, béni soit-il, et lui dit : L’homme que tu [...]
(Ⅰ)
[205b]  
וַיִּגַּשׁ אֵלָיו יְהוּדָה וְגו', רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח, (ישעיהו ס״ג:ט״ז) כִּי אַתָּה אָבִינוּ כִּי אַבְרָהָם לא יָדְעָנוּ וְיִשְׂרָאֵל לא יַכִּירֶנּוּ אַתָּה ה' אָבִינוּ גוֹאֲלֵנוּ מֵעוֹלָם שְׁמֶךָ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא, עָבִיד עֲבִידְתָּא כְּדְקָא חָזֵי. בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא כְּמָה דְאִצְטְרִיךְ. כֵּיוָן דְּאָתָא יוֹמָא שְׁתִיתָאָה וְאִצְטְרִיךְ לְמִבְרִי אָדָם, אָתַת אוֹרַיְיתָא קַמֵּיהּ. אָמְרָה (קמי קודשא בריך הוא). הַאי אָדָם דְּאַתְּ
- [...] veux créer finira par t’irriter ; si tu n’es pas patient avec lui, il vaudrait mieux qu’il ne soit pas créé. Le Saint, béni soit-il, lui répondit : Est-ce en vain que je. suis nommé “ le Patient (Ex., XXXI, 6) ” ? Tout a été créé à l’aide de la Loi ; et toute la création est renfermée dans la Loi. Car, avant la création du monde, toutes les lettres se présentèrent devant le Saint, béni soit-il, en sens inverse (24) de leur ordre dans l’alphabet. Le Thav dit au Saint, béni soit-il : Qu’il te plaise de créer le monde en te servant de moi. Dieu lui répondit : Non, car tu seras mêlé un jour à la mort de plusieurs justes, ainsi qu’il est écrit (Éz., IX, 4) : “ Passe au travers de la ville, au milieu de Jérusalem, et marque un Thav sur le front des hommes qui gémissent, etc. ” Or, nous savons par une tradition, qu’au lieu de lire (ibid.) : “ ... Et commencer par mon sanctuaire (mimiqdaschi”), il faut lire : “ ... Et commencer par ceux qui me sanctifient (mimqoudaschi). ”
C’est pourquoi je ne me servirai pas de toi pour créer le monde. Les lettres Schin, Qouph et Resch se présentèrent ensuite séparément. Le Saint, béni soit-il, leur dit : Vous n’êtes pas dignes que je me serve de vous pour créer le monde, attendu que vous formez le mot “ scheqer ” (mensonge) ; or, le mensonge est indigne de se tenir en ma présence. Ceci a été déjà rapporté ailleurs. Ensuite entrèrent les lettres Pé et Tzadi, et ainsi de suite jusqu’à la lettre Caph. Quand là lettre Caph descendit de son trône, les mondes supérieurs et inférieurs furent ébranlés, etc. (25) Enfin, le choix s’arrêta sur la lettre Beth, emblême de la bénédiction ; et c’est par elle que le monde fut créé. Mais, dira-t-on, la lettre Aleph, qui est la première de toutes, n’était-elle pas digne qu’on se servît d’elle pour la création du monde ? - Oui, elle en était digne ; mais comme elle forme l’initiale du mot “ arour ” (maudit), le monde n’a pu être créé par elle. Aussi, bien que l’Aleph soit la lettre qui renferme le mystère suprême (26), le monde n’a pas pu être créé par elle, pour ne pas donner, lieu à l’ “ autre côté” appelé “ arour ” de dominer sur le monde ; et c’est par le Beth qu’il a été créé.
Remarquez que les paroles (Is., LXIII, 16) : “ Car c’est toi qui es notre Père ” s’appliquent à ce degré de l’essence divine par lequel le monde a été créé, ainsi que l’homme.
L’Écriture ajoute : “ Abraham ne nous connaît point. ” Car, bien qu’Abraharn ait été la base du monde, il ne s’est pas occupé de nous autant que d’Ismaël ; car il avait dit (Gen., XVII, 18) : “ Fais-moi la grâce, Seigneur, qu’Ismaël vive devant toi. ” L’Écriture ajoute : “ Israël ne sait qui nous sommes ” ; car il avait laissé à ce degré céleste le soin de prononcer les bénédictions qu’il devait à ses fils. L’Écriture dit encore : “ ... Mais toi, Seigneur, tu es notre Père” ;. car tu es toujours, près de nous pour nous bénir et veiller sur nous, tel un père qui veille sur ses enfants et leur accorde tout ce dont ils ont besoin.
Enfin L’Écriture ajoute : “ Sauveur, c’est là ton nom en toute éternité ” ; car c’est toi qui es notre Sauveur, et c’est pour cela que tu es appelé (Gen., XLVIII, 16) “ Ange libérateur ”. Aussi ton nom est-il, en vérité, “Sauveur ”. Nous savons par une tradition qu’on ne doit faire d’interruption entre la bénédiction concernant la Délivrance et la prière des dix-huit bénédictions, de même qu’on ne doit faire d’interruption entre le phylactère du bras et celui de la tête ; c’est afin de nous indiquer que le “ tout est un ”. C’est ainsi que cela a été expliqué. Rabbi Isaac et Rabbi Yehouda passèrent une fois une nuit ensemble et se consacrèrent à l’étude de la Loi. Rabbi Isaac dit à RabbiYehouda : Nous savons par unetradition que lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il forma le monde d’ici-bas sur le modèle du monde d’en haut, de manière que l’un correspondit à l’autre ; et c’est ce qui constitue sa gloire en haut et en bas.
Rabbi Yehouda lui répondit : En effet, c’est ainsi ; et il créa l’homme pour être au-dessus de tout le monde, ainsi qu’il est écrit (Is., XLV, 12) : “ C’est moi qui ai fait la terre et qui ai créé l’homme pour l’habiter. ” Dieu dit : J’ai créé la terre.. Et pourquoi l’ai-je créée ? - Pour que l’homme l’habite ; car c’est lui qui est la base du monde, et c’est lui qui fait l’union du monde d’en bas avec celui d’en haut.
Rabbi Yehouda commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Is., XLII, 5) : “ Voici ce que dit El-Jéhovah, qui a créé les cieux et qui a étendu le firmament, qui a affermi la terre et tout ce qu’elle produit, qui donne l’âme au peuple qui la remplit, et l’esprit à ceux qui y marchent. ” Ce verset a été déjà expliqué ailleurs (27). Mais les mots : “ Voici ce que dit El-Jéhovah qui a créé les cieux ” désignent le Saint, béni soit-Il, l’Être suprême, qui a créé les cieux et qui les fait subsister à chaque heure. Les mots : “ ... Qui a affermi la terre et tout ce qu’elle produit ” désignent la terre sacrée qui concentre la vie. Les mots : “ ... Qui donne l’âme au peuple qui la remplit ” signifient que c’est cette terre sacrée qui donne l’âme.
Rabbi Isaac dit : Tout vient d’en haut ; car c’est des régions supérieures que les âmes arrivent à la “ terre sacrée ”. C’est la “ terre ” qui distribue les âmes à tout le monde, mais après seulement qu’elles lui ont été confiées par le “ fleuve ” qui coule.
Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa l’homme, il prit la terre des quatre points cardinaux du monde et en forma l’homme à l’emplacement du sanctuaire d’ici-bas ; il lui attira l’âme vivante du sanctuaire d’en haut. L’âme est formée de trois degrés, et c’est pour cela [...]
(Ⅰ)
[206a]  
בָּעֵי לְמִבְרֵי, זַמִּין הוּא לְאַרְגָּזָא קַמָּךְ. אִלְמָלֵא לָא תַאֲרִיךְ רוּגְזָא, טַב לֵיהּ דְּלָא יִתְבְּרֵי. אָמַר לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכִי לְמַגָּנָא אִתְקְרֵינָא אֶרֶךְ אַפַּיִם.

אֶלָּא, כֹּלָּא בְּאוֹרַיְיתָא אִתְבְּרֵי, וְכֹלָּא בְּאוֹרַיְיתָא אִשְׁתַּכְלַל. בְּגִין דְּעַד לָא בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, אַתְיָין כָּל אַתְוָון קַמֵּיהּ, וְעָאלוּ כָּל חַד וְחַד לְמַפְרֵעַ.

עָאֳלַת תי''ו. אָמְרָה קַמֵּיהּ, רְעוּתָךְ לְמִבְרֵי בִּי עַלְמָא, אָמַר לַהּ לָאו, דְּבָךְ זְמִינִין כַּמָּה צַדִּיקַיָא לְמֵימַת, דִּכְתִיב, (יחזקאל ט) וְהִתְוֵיתָ תָּיו עַל מִצְחוֹת הָאֲנָשִׁים וְגו'. וְתָנִינָן, דִּכְתִיב וּמִמִּקְדָּשִׁי תָּחֵלּוּ. אַל תִּקְרֵי מִמִּקְדָּשִׁי, אֶלָּא מִמְקוּדָּשַׁי. וּבְגִין כָּךְ עַלְמָא לָא יִתְבְּרֵי בָּךְ.

עָאלוּ תְּלַת אַתְוָון, שִׁי''ן, קוּ''ף, רֵי''שׁ, כָּל חַד וְחַד בִּלְחוֹדוֹי. אָמַר לְהּוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָאו אַתּוּן כְּדַאי לְמִבְרֵי בְּכוּ עַלְמָא, דְּהָא אַתּוּן אַתְוָון דְּאִתְקְרֵי בְּכוּ שֶׁקֶר, וְשֶׁקֶר לָאו אִיהוּ כְּדַאי לְמֵיקַם קַמַּאי, וְהָא אוּקְמוּהָ.

וְעָלוּ פּ''א צד''י, וְכֵן כֻּלְּהוּ, עַד דְּמָטוּ אַתְוָון לְאָת כ''ף. כֵּיוָן דְּנָחַת כּ''ף מֵעַל כִּתְרָא, אִזְדַּעְזָעוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי כו', עַד דְּאִתְקַיֵּים כְּלָא בְּאָת בֵּי''ת, דְּאִיהוּ סִימָן בְּרָכָה, וּבֵיהּ אִשְׁתָּכְלַל עַלְמָא וְאִתְבְּרֵי.

וְאִי תֵימָא, דְּאל''ף אִיהוּ רֵישָׁא דְּכָל (אינון) אַתְוָון, (לאו) יָאוֹת אִיהוּ. אֶלָּא בְּגִין דְּאִתְקְרֵי בֵּיהּ אָרוּר (ובגין דאתקרי בה ארור). וּבְגִין דָּא לָא אִתְבְּרֵי בֵּיהּ עַלְמָא, אַף עַל גַּב דְּאל''ף אִיהוּ אָת דְּרָזָא עִלָּאָה. בְּגִין דְּלָא לְמֵיהַב דּוּכְתָּא לְסִטְרָא אָחֳרָא דְּאִקְרֵי אָרוּר, לָא אִתְבְּרֵי בֵּיהּ עַלְמָא. וְאִשְׁתַּכְלַל בְּבֵי''ת עַלְמָא, וּבֵיהּ אִתְבְּרֵי.

תָּא חֲזֵי, כִּי אַתָּה אָבִינוּ, בְּגִין דְּהַאי עַלְמָא, בְּהַאי דַרְגָּא אִשְׁתַּכְלַל וְאִתְבְּרֵי. וּבַר נַשׁ בֵּיהּ אִתְבְּרֵי, וְנָפַק לְעַלְמָא. כִּי אַבְרָהָם לֹא יְדָעָנוּ, דְּהָא אַף עַל גַּב דְּבֵיהּ קִיּוּמָא דְעַלְמָא. לָא אִשְׁתַּדַּל עֲלָן, כְּמָה דְאִשְׁתַּדַּל עַל יִשְׁמָעֵאל. דְּאָמַר, (בראשית יז) לוּ יִשְׁמָעֵאל יִחְיֶה לְפָנֶיךָ. וְיִשְׂרָאֵל לֹא יַכִּירֶנּוּ, בְּגִין דְּכָל בִּרְכָאן דְּאִצְטְרִיךְ לְבָרְכָא לִבְנוֹי, שָׁבַק לְהַאי דַרְגָּא לְבָרְכָא כֻּלְּהוּ.

אַתָּה ה' אָבִינוּ, דְּהָא אַנְתְּ קָיְימַת עֲלָן תָּדִיר לְבָרְכָא, וּלְאַשְׁגָּחָא עֲלָן, כְּאַבָּא דְאַשְׁגַּח עַל בְּנִין בְּכָל מַה דְּאִצְטְרִיךְ לוֹן. גּוֹאֲלֵנוּ מֵעוֹלָם שְׁמֶךָ, דְּהָא אַנְתְּ הוּא גוֹאֵל, דְּהָכִי אִתְקְרֵי הַמַּלְאָךְ הַגּוֹאֵל. וְדָא גוֹאֲלֵנוּ מֵעוֹלָם שְׁמֶךָ, שְׁמֶךָ וַדַּאי. תָּנִינָן, אֵין מַפְסִיקִין בֵּין גְּאוּלָּה לִתְפִלָּה, כְּמָה דְלָא מַפְסִיקִין בֵּין תְּפִלָּה שֶׁל יַד לִתְפִלָּה שֶׁל רֹאשׁ. דְּבָעֵי לְמֶחזֵי דְּכֹלָּא חַד, וְהָא אוּקְמוּהָ.

רִבִּי יִצְחָק וְרִבִּי יְהוּדָה הֲווּ יַתְבֵי לֵילְיָא חַד וְלָעָאן בְּאוֹרַיְיתָא. אָמַר רִבִּי יִצְחָק לְרִבִּי יְהוּדָה, הָא תָּנִינָן דְּכַד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, עֲבַד עַלְמָא תַּתָּאָה כְּגַוְונָא דְעַלְמָא עִלָּאָה. וְכֹלָּא דָּא לָקֳבֵל דָּא. (ד''א ציין זה למהוי דא לקבל דא) וְאִיהוּ יְקָרֵיהּ לְעֵילָא וְתַתָּא.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הָכִי הוּא וַדַּאי. וּבָרָא אָדָם עַל כֹּלָּא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיה מ) אָנֹכִי עָשִׂיתִי אֶרֶץ וְאָדָם עָלֶיהָ בָּרָאתִי. אָנֹכִי עָשִׂיתִי אֶרֶץ וַדַּאי. מַאי טַעְמָא עָשִׂיתִי אֶרֶץ, בְּגִין דְּאָדָם עָלֶיהָ בָּרָאתִי, דְּאִיהוּ קִיוּמָא דְעַלְמָא, לְמֶהֱוֵי כֹּלָּא בִּשְׁלִימוּ חַד.

פָּתַח וְאָמַר, (ישעיהו מ״ב:ה׳) כֹּה אָמַר הָאֵל ה' בּוֹרֵא הַשָּׁמַיִם וְנוֹטֵיהֶם רוֹקַע הָאָרֶץ וְצֶאֱצָאֶיהָ נוֹתֵן נְשָׁמָה לָעָם עָלֶיהָ וְרוּחַ לַהוֹלְכִים בָּהּ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל, כֹּה אָמַר הָאֵל ה' בּוֹרֵא הַשָּׁמַיִם וְנוֹטֵיהֶם, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעֵילָא לְעֵילָא. דְּאִיהוּ בּוֹרֵא הַשָּׁמַיִם, וְאַתְקִין לֵיהּ תָּדִיר בְּכָל זִמְנָא. רוֹקַע הָאָרֶץ וְצֶאֱצָאֶיהָ, דָּא אַרְעָא קַדִּישָׁא, צְרוֹרָא דְחַיֵּי. נוֹתֵן נְשָׁמָה לָעָם עָלֶיהָ. (הארץ) דָּא הִיא דְּיַהֲבָה נְשָׁמָה וְגו'.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, כֹּלָּא אִיהוּ לְעֵילָא, דְּהָא מִתַּמָּן נָפְקָא נִשְׁמָתָא דְחַיֵּי, לְהַאי אֶרֶץ. וְהַאי אֶרֶץ, נָקְטָא נִשְׁמָתָא לְמֵיהַב לְכֹלָּא. בְּגִין דְּהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, אִיהוּ יָהִיב וְעָיִיל נִשְׁמָתִין לְהַאי אֶרֶץ, וְאִיהוּ נָקְטָא לוֹן וְיָהֲבָא לְכֹלָּא.

תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לֵיהּ לְאָדָם, אַכְנִישׁ עַפְרֵיהּ מֵאַרְבַּע סִטְרִין דְּעַלְמָא. וְעֲבַד גַּרְמֵיהּ בְּאֲתַר דְּמַקְדְּשָׁא לְתַתָּא, וְאַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ נִשְׁמָתָא דְחַיֵּי מִבֵּי מַקְדְּשָׁא לְעֵילָא.

וְנִשְׁמָתָא אִיהִי כְּלִילָא בִּתְלַת דַּרְגִּין, וְעַל דָּא
- [...] qu’elle a trois noms à l’exemple du mystère suprême : “ Nephesch ” (esprit vital), “ Rouah ” (esprit intellectuel), “ Neschamah ” (âme). “ Nephesch ” est, ainsi qu’on l’a déjà dit, le degré le plus inférieur de tous ; “ Rouah ” est un degré au-dessus de “ Nephesch ”, pour dominer l’autre ; “ Neschamah ” est le degré qui est au-dessus des autres et les domine ; c’est le degré sacré qui est au-dessus des autres. Ces trois degrés se trouvent chez des hommes qui ont mérité pour avoir servi leur Maître. D’abord l’homme possède le “ Nephesch ”, qui prépare l’homme à mener une vie sainte ; si l’homme s’en sert pour mener une bonne vie, on le gratifie du “ Rouah ”, qui est un degré sacré au-dessus de “ Nephesch ” et est accordé aux hommes de mérite. Quand, possédant “ Nephesch ” et “ Rouah ”, l’homme se consacre au service de son Maître de manière convenable, il reçoit la “ Neschamah ”, degré suprême et sacré qui domine tous les autres. Pourvu de ce degré suprême et sacré, l’homme devient parfait de tous les côtés au point d’être jugé digne du monde futur. Un tel homme est aimé du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Prov., VIII, 21) : “ ... Pour enrichir ceux que j’aime et pour remplir leurs trésors. ” Qui sont les amis de Dieu ? - Ceux qui ont une sainte “ Neschamah ”.
Rabbi Yehouda objecta : S’il en est ainsi, pourquoi l’Écriture (Gen., VII 22), dit-elle : “ Tous ceux qui avaient une âme vivante (mischmath) périrent sur la terre ” ?
Rabbi Isaac lui répondit : En effet, tous ceux qui avaient une âme sacrée, tels que Henoch, Jared et autres justes, qui étaient capables de protéger le monde par leurs mérites contre le déluge, tous ces hommes étaient déjà morts ; et c’est pourquoi le monde a été châtié par le déluge.
Remarquez que les trois degrés de l’âme sont superposés ; “ Nephesch ” vient d’abord, c’est le degré inférieur ; “ Rouah ” vient ensuite et est au-dessus de “ Nephesch ”, et “Neschamah ” est le degré supérieur à tous, ainsi que cela a été déjà dit.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XLIV, 18) se sert du terme : “ Et Juda s’approcha de lui ”, image du rapprochement du monde d’ici-bas avec le monde d’en haut. C’est parce que Juda était roi, et que Joseph l’était également, que l’un s’approcha de l’autre pour ne former qu’un.
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XLVIII, 5) : “ ... Car les rois se sont assemblés. ” Ces paroles s’appliquent à Juda et à Joseph qui étaient tous les deux rois et qui se sont approchés l’un de l’autre pour disputer ; car c‘était Juda qui avait pris l’engagement de ramener Benjamin ; et il engagea près de son père et ce monde et le monde futur. C’est pourquoi il s’approcha de Joseph pour disputer avec lui au sujet de Benjamin, pour ne pas rester sous le coup de la censure et dans ce monde et dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLIII, 9) : “ Je réponds de cet enfant, et c’est à moi que tu en demanderas compte. Si je ne le ramène et si je ne te le rends, je veux rester coupable devant toi tous les jours. ” Le terme : “ ... Tous les jours ” veut dire : et dans ce monde et dans le monde futur.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Car les rois se sont assemblés. ” Ils se sont disputés au sujet de Benjamin.
L’Écriture ajoute : “ Ils l’ont vu et ils ont été tout étonnés, tout remplis de trouble et d’émotion. ” Ces paroles s’appliquent aux autres frères de Joseph qui étaient présents. Enfin, L’Écriture ajoute : “ Ils ont ressenti les douleurs que sent la femme qui est en travail d’enfant. ” Ils avaient peur de tuer et ils craignaient d’être tués, et tout cela à cause de Benjamin. Juda avait été la cause de la vente de Joseph qui fut ainsi perdu pour son père ; et maintenant il répondait pour Benjamin ; et il craignait que celui-ci fût également perdu, et c’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et Juda s’approcha de lui. ”
D’après une autre interprétation, les paroles : “ Car les rois se sont assemblés ” s’appliquent à Juda et à Joseph [...]
(Ⅰ)
[206b]  
תְּלַת שְׁמָהָן אִינוּן לְנִשְׁמָתָא, כְּגַוְונָא דְרָזָא עִלָּאָה. נֶפֶ''שׁ, רוּ''חַ, נְשָׁמָ''ה. נֶפֶשׁ, הָא אוּקְמוּהָ דְּאִיהִי תַּתָּאָה מִכֹּלָּא. רוּחַ, אִיהוּ קִיּוּמָא דְּשָׁלְטָא עַל נֶפֶשׁ, וְאִיהוּ דַרְגָּא עִלָּאָה עֲלָהּ, לְקָיְימָא עֲלָהּ בְּכֹלָּא כְּדְקָא חָזֵי. נְשָׁמָה, אִיהִי קִיּוּמָא עִלָּאָה עַל כֹּלָּא, וְשָׁלְטָא עַל כֹּלָּא, דַּרְגָּא קַדִּישָׁא עִלָּאָה עַל כֻּלְּהוּ.

וְאִלֵּין תְּלַת דַּרְגִּין, כְּלִילָן בְּהוּ בִּבְנֵי נָשָׁא, לְאִינוּן דְּזָכָאן לְפוּלְחָנָא דְּמָארֵיהוֹן. דְּהָא בְּקַדְמִיתָא אִית בֵּיהּ נֶפֶשׁ, וְאִיהוּ תִּקּוּנָא קַדִּישָׁא לְאִתְתַּקָּנָא בָּהּ בַּר נָשׁ. כֵּיוָן דְּאָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה בְּהַאי דַרְגָא, אִתְתַּקַּן לְאִתְעַטְּרָא בְּרוּחַ. דְּאִיהוּ דַרְגָּא קַדִּישָׁא דְּשָׁרְיָא עַל נֶפֶשׁ לְאִתְעַטְּרָא בֵּיהּ בַּר נָשׁ, הַהוּא דְזָכֵי.

כֵּיוָן דְּאִסְתַּלַּק בְּהוּ, בְּנֶפֶשׁ וְרוּחַ, וְעָאל וְאִתְתַּקַּן בְּפוּלְחָנָא דְמָארֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת. כְּדֵין שַׁרְיָא עֲלֵיהּ נְשָׁמָה. דַּרְגָּא עִלָּאָה קַדִּישָׁא, דְּשָׁלְטָא עַל כֹּלָּא. בְּגִין לְאִתְעַטְּרָא בְּדַרְגָּא עִלָּאָה קַדִּישָׁא. וּכְדֵין אִיהוּ שְׁלִימָא דְּכֹלָּא, שְׁלִים בְּכָל סִטְרִין, לְמִזְכֵּי בְּעַלְמָא דְאָתֵי. וְאִיהוּ רְחִימָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ח) לְהַנְחִיל אוֹהֲבַי יֵשׁ. מַאן אִינוּן אוֹהֲבַי, אִלֵּין אִינוּן דְּנִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא בְּהוּ.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, אִי הָכִי הָא כְּתִיב, (בראשית ז) כֹּל אֲשֶׁר נִשְׁמַת רוּחַ חַיִּים בְּאַפָּיו וְגו'. אָמַר לֵיהּ, הָכִי הוּא וַדַּאי. דְּהָא לָא אִשְׁתָּאַר בְּהוּ.

השלמה מההשמטות (סימן כ)

כָּל אֲשֶׁר נִשְׁמַת רוּחַ חַיִּים בְּאַפָּיו מִכָּל אֲשֶׁר בְּחֲרַבָה מֵתוּ. שָׁאַל רַבִּי חִיָּיא לְר' אַבָּא אֲמַרְתּוּן דְנִשְׁמָתָא לָא עֲיְילָא בְּבַר נָשׁ עַד דְּאִסְתַכְּלָת בְּפוּלְחָנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּכְדֵין לֵיהֱוֵי לֵיהּ הַהִיא נִשְׁמָתָא. וְאַמְרִיתוּן דְנִשְׁמָתָא הִיא קַדִּישָׁא מַעַלְיָא עַל כֹּלָּא אִם כֵּן מַאי הוּא דְּאָמַר קְרָא כָּל אֲשֶׁר נִשְׁמַת רוּחַ חַיִּים וְגוֹ', הוֹאִיל וַהֲוָה לְהוּ נִשְׁמָתָא, הֲוָה לְהוּ לְאִשְׁתֵּזָבָא. לָא הֲוָה בִּידֵיהּ.

אָתוּ שָׁיְילוּהָ לְר' אֶלְעָזָר בְּרַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר לְהוּ כַּךְ הוּא, וְהָא קְרָא מְסַיֵּיעַ לֵיהּ דְהַכִי אָמַר אֲבוֹי (אבא), דְכִי אֲתָא טוֹפָנָא לָא חַזָא (הוה) בָּר נָשׁ דְּיַעֲבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינֵיהּ, אֶלָּא נֹחַ. וּזְכוּתֶיהּ לָא הֲוָה אֶלָּא לְאַגָּנָא עֲלֵיהוֹן וְעַל בָּתֵיהוֹן דְלָא הֲוָה זְכוּתֵיהּ כָּל כַּךְ לְאַגָּנָא עַל כָּל דָרָא וְאִינּוּן דַהֲווּ זַכָּאִין בְקַדְמִיתָא כְּגוֹן חֲנוֹךְ יֶרֶד דַהֲווּ לְהוּ נִשְׁמְתָא קַדִּישָׁא, וְחַזְיָּיאן לְמֶעְבָּד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינֵיהוֹן בְּחַרְבָּא מֵתוּ. וְהַיְינוּ דְּאָמַר כָּל אֲשֶׁר נִשְׁמַת רוּחַ חַיִּים בְּאַפָּיו אִינוּן דְנִשְׁמַתָא קַדִּישָׁא הֲוָה בְּהוֹן וְלָא תֵימָא דְעַל אִינוּן דַהֲווּ בְּטוֹפָנָא אָמַר, אֶלָּא אֲתָא קְרָא וְאָמַר מִכָּל אֲשֶׁר בְּחֲרַבָה מֵתוּ: (עד כאן מההשמטות)

מִכָּל אִינוּן דְּהֲווּ בְּהוּ נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא. כְּגוֹן חֲנוֹךְ, יֶרֶד וְכֻלְּהוּ צַדִּיקַיָּא, בְּגִין לַאֲגָנָא עַל אַרְעָא, דְּלָא יִשְׁתֵּצֵי בְּגִינַיְיהוּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, כֹּל אֲשֶׁר נִשְׁמַת רוּחַ חַיִּים בְּאַפָּיו מִכֹּל אֲשֶׁר בֶּחָרָבָה מֵתוּ. כְּבָר מֵתוּ וְאִסְתַּלָּקוּ מֵעַלְמָא, וְלָא אִשְׁתָּאַר מִנְּהוֹן מַאן דְּיָגִין עַל עַלְמָא בְּהַהוּא זִמְנָא.

תָּא חֲזֵי, כֹּלָּא אִינוּן דַּרְגִּין, אִלֵּין עַל אִלֵּין. נֶפֶ''שׁ, רוּ''חַ, נְשָׁמָ''ה. דַּרְגָּא עַל דַּרְגָּא. נֶפֶשׁ בְּקַדְמִיתָא, וְאִיהִי דַרְגָּא תַּתָּאָה כִּדְקָאֲמָרָן. רוּחַ לְבָתַר, דְּשַׁרְיָא עַל נֶפֶשׁ וְקָיְימָא עֲלָהּ. נְשָׁמָה, דַּרְגָּא דְסָלְקָא עַל כֹּלָּא, וְאוּקְמוּהָ.

נֶפֶשׁ, דָּא נֶפֶשׁ דָּוִד, וְאִיהִי דְקָיְימָא לְקַבְּלָא נֶפֶשׁ מֵהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק. רוּחַ, דָּא רוּחַ דְּקָיְימָא עֲלֵיהּ דְּנַפְשָׁא, וְלֵית קִיּוּמָא לְנֶפֶשׁ אֶלָּא בְּרוּחַ. וְדָא אִיהוּ רוּחַ דְּשַׁרְיָא בֵּין אֶשָּׁא וּמַיָּא, וּמֵהָכָא אִתְּזָן הַאי נֶפֶשׁ.

רוּחַ, קָיְימָא בְּקִיּוּמָא דְדַרְגָּא אוֹחֲרָא עִלָּאָה דְּאִקְרֵי נְשָׁמָה, דְּהָא מִתַּמָּן נָפְקֵי נֶפֶשׁ וְרוּחַ. מִתַּמָּן אִתְּזָן רוּחַ. וְכַד נָטִיל רוּחַ, כְּדֵין נָטְלָא נֶפֶשׁ, וְכֹלָּא חַד. וְאִתְקְרִיבוּ דָּא בְּדָא. נֶפֶשׁ אִתְקְרִיב בְּרוּחַ, וְרוּחַ אִתְקְרִיב בִּנְשָׁמָה, וְכֹלָּא חַד.

תָּא חֲזֵי, וַיִּגַּשׁ אֵלָיו, תִּקְרוּבְתָּא דְעַלְמָא בְּעַלְמָא, לְאִתְאַחֲדָא דָּא בְּדָא לְמֶהוֵי כֹּלָּא חַד. בְּגִין דִּיְהוּדָה אִיהוּ מֶלֶךְ וְיוֹסֵף מֶלֶךְ. אִתְקְרִיבוּ דָא בְּדָא, וְאִתְאֲחִידוּ דָּא בְּדָא.

רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (תהילים מ״ח:ה׳) כִּי הִנֵּה הַמְלָכִים נוֹעֲדוּ, דָּא יְהוּדָה וְיוֹסֵף. בְּגִין דְּתַרְוַויְיהוּ מְלָכִים, וְאִתְקְרִיבוּ דָּא בְּדָא לְאִתְוַוכְּחָא תַּרְוַויְיהוּ כָּחֲדָא. בְּגִין דִּיְהוּדָה אִתְעָרֵב בֵּיהּ בְּבִנְיָמִן, וְהֲוָה עָרֵב לְגַבֵּיהּ דְּאֲבוֹי בֵּיהּ, בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. וְעַל דָּא אִתְקְרִיב קַמֵּיהּ דְּיוֹסֵף, לְאִתְוַוכְּחָא עִמֵּיהּ עַל עִסְקָא דְבִנְיָמִן, דְּלָא לְמֶהוֵי בְּנִדּוּי. בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית מ״ג:ט׳) אָנֹכִי אֶעֶרְבֶנּוּ מִיָּדִי תְּבַקְּשֶׁנּוּ אִם לא הֲבִיאוֹתִיו אֵלֶיךָ וְהִצַּגְתִּיו לְפָנְיךָ וְחָטָאתִי לְאָבִי כָּל הַיָּמִים. בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.

וְעַל דָּא, כִּי הִנֵּה הַמְּלָכִים נוֹעֲדוּ עָבְרוּ יַחְדָּיו, אִתְרְגִיזוּ כְּחֲדָא, וְאִתְרְגִּיזוּ דָּא בְּדָא בְּגִינֵיהּ דְּבִנְיָמִן. מַה כְּתִיב, הֵמָּה רָאוּ כֵּן תָּמָהוּ נִבְהֲלוּ נֶחְפָּזוּ רְעָדָה אֲחָזָתַם שָׁם, לְכָל אִינוּן דְּהֲווּ תַּמָּן. (לכלהו שאר שבטין דהוו תמן).

חִיל כַּיּוֹלֵדָה, בְּגִין דְּהֲווּ דַּחֲלִין, לְקָטְלָא וּלְאִתְקְטָלָא, וְכֹלָּא בְּגִינֵיהּ דְּבִנְיָמִן. (ד''א ציין זה מה כתיב כן תמהו נבהלו נחפזו וכלא בגיניה) דְּהָא יוֹסֵף אִזְדַּבַּן בְּגִינֵיהּ דִּיהוּדָה, וְאִתְאֲבִיד מֵאֲבוֹי. וְהַשְׁתָּא אִתְעָרַב בֵּיהּ בְּבִנְיָמִין, וְדָחִיל דְּלָא יִתְאֲבִיד. וּבְגִין כָּךְ וַיִּגַּשׁ אֵלָיו יְהוּדָה.

דָּבָר אַחֵר, כִּי הִנֵּה הַמְּלָכִים נוֹעֲדוּ, דָּא יְהוּדָה וְיוֹסֵף,
- [...] qui se sont approchés l’un de l’autre pour disputer ; car Juda était roi, et Joseph l’était également ; et c’est pourquoi ils voulaient disputer l’un avec l’autre ; l’un avait Benjamin pour sujet de plainte, et l’autre avait le même sujet.
Rabbi Yehouda dit : Les paroles : “ Car les rois se sont assemblés ” renferment le mystère de la Foi. Car, lorsque Dieu se complaît aux œuvres des hommes, une union s’opère entre deux mondes ; l’un ouvre ses trésors et l’autre accueille les biens. Ce sont les deux mondes sacrés, celui d’en haut et celui d’en bas.
L’Écriture ajoute : “ Ils ont passé ensemble. ” Le sens anagogique de ces paroles est celui-ci : Quand les rois sont unis, les péchés sont pardonnés ; mais tant que les rois ne sont point unis, il n’y a pas de rémission de péchés. Le mot “ passé ” (abor) est employé dans l’Écriture dans le sens de pardonner, ainsi qu’il est écrit (Michée? VII, 18) : “ ... Et qui pardonne (veober) les péchés. ” Ainsi, à l’union des deux rois, tous les visages s’épanouissent de joie et tous les péchés sont pardonnés.
Rabbi Hiyâ dit : Analogiquement, ces paroles s’appliquent au sacrifice car, lorsque le sacrifice existait et que chacun satisfaisait à la Loi, tous les visages s’épanouissaient, et les rois s’assemblaient alors pour pardonner les péchés. Les mots : “ Ils l’ont vu et ils ont été tout étonnés ” ne désignent certainement pas les rois, mais les chefs de la rigueur qui se réjouissent lorsqu’ils peuvent sévir dans le monde. Aussi, à l’assemblée des rois, quand l’union est parfaite et que la rigueur est supprimée dans le monde, les chefs de la rigueur sont tout étonnés, tout remplis d’émotion ; car ils se voient privés de leur pouvoir de sévir.
Rabbi Éléazar dit : C’était Juda qui s’approcha de Joseph pour réclamer Benjamin, parce que c’était lui qui en avait répondu, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLIV, 32) : “ Car c’est ton esclave qui s’est rendu garant de cet enfant. ” C’était, d’ailleurs, dans l’ordre, que Juda s’approchât de Joseph, ce dernier ayant été un juste et le premier un roi ; et c’est le rapprochement du juste auprès du roi qui valut beaucoup de bien au monde, la paix à toutes les tribus et la joie à Jacob, dont l’esprit revit, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLV, 27) : “ Et l’esprit de Jacob, leur père, revit. ” Ainsi, le rapprochement de Juda avec Joseph amena le bien dans tous les côtés, en haut autant qu’en bas.
Rabbi Abba commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XLVIII, 3) : “ Le mont de Sion est fondé avec la joie de toute la terre : la ville du roi est du côté de l’aquilon. ” Ce verset renferme le mystère de la Foi. “ Iepheh ” désigne Joseph le juste dont l’Écriture dit : “ Et Joseph était beau de visage (iepheh). ” L’Écriture ajoute : “ ... La joie de toute la terre. ” Car il constitue la joie d’en haut et la joie d’en bas. L’Écriture ajoute encore : “ La ville du roi est du côté de l’aquilon. ” Car le tabernacle de Schila était situé sur son partage. ”Le mont de Sion ” désigne Jérusalem. Enfin, les mots “ la ville du grand roi ” désignent l’endroit où avait coutume de résider le grand Roi, le Roi suprême, le Saint des saints, d’où émanent toutes les bénédictions et toutes les lumières qui s’impriment sur les visages des hommes ; c’est de lui qu’arrivent les bénédictions dans le sanctuaire, et de là elles se répandent dans tout le monde. Rabbi Yehouda et Rabbi Yossé se rencontrèrent une fois dans le village de Hanen. Pendant qu’ils étaient assis dans l’auberge, ils virent arriver un homme monté sur un âne chargé de marchandises. L’homme pénétra dans l’auberge. P
endant ce temps, Rabbi Yehouda dit à Rabbi Yossé : Nous savons par une tradition que le roi David ne dormait pas plus longtemps qu’un cheval, dont le sommeil est de courte durée. Or, comment concilier cette tradition avec celle d’après laquelle David se levait toujours à minuit ? Il est évident que le sommeil d’un cheval ne dure pas même jusqu’au premier tiers de la nuit !
Rabbi Yossé lui répondit : David consacrait le commencement de la nuit à prononcer des jugements, assisté des grands de sa maison, et à se consacrer à l’étude de la Loi. Ensuite, il dormait jusqu’à minuit, heure à laquelle il se levait et chantait des cantiques et des hymnes à la gloire de son Maître [...]
(Ⅰ)
[207a]  
דְּאִזְדַּמְּנוּ לְאִתְוַכְּחָא דָּא עִם דָּא, לְאִתְוַכְּחָא תַּרְוַויְיהוּ כְּחֲדָא. בְּגִין דִּיהוּדָה הֲוָה מֶלֶךְ, וְיוֹסֵף הֲוָה מֶלֶךְ, וְתַרְוַויְיהוּ אָתוּ כְּחֲדָא לְאִתְוַכְּחָא דָּא עִם דָּא. דָּא עַל בִּנְיָמִן, וְדָא עַל בִּנְיָמִן.

כִּי הִנֵּה הַמְּלָכִים, אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, רָזָא דִמְהֵימְנוּתָא הָכָא, דְּהָא כַּד רְעוּתָא אִשְׁתַּכַּח, וְקִשּׁוּרָא אִתְעַטַּר כְּחֲדָא, כְּדֵין תְּרֵין עָלְמִין מִתְקַשְּׁרָן כְּחֲדָא וְאִזְדַּמְּנָן כְּחֲדָא. דָּא לְאַפְתָּחָא אוֹצָרָא, וְדָא לְלַקְּטָא וּלְמִכְנַשׁ בְּגַוֵּיהּ. וּכְדֵין כִּי הִנֵּה הַמְּלָכִים נוֹעֲדוּ, תְּרֵין עָלְמִין קַדִּישִׁין, עַלְמָא עִלָּאָה וְעַלְמָא תַּתָּאָה.

עָבְרוּ יַחְדָּיו, רָזָא דְמִלָּה, דְּכַד מִתְחַבְּרָן כְּחֲדָא, כְּדֵין עָבְרוּ יַחְדָּיו. בְּגִין דְּכָל חִיּוּבִין דְּעַלְמָא לָא אִתְעַבְרָן לְאִתְכַּפְיָא, עַד דְּמִתְחַבְּרָן כְּחֲדָא. כְּדִכְתִיב, (מיכה ז׳:י״ח) וְעוֹבֵר עַל פֶּשַׁע. וְעַל דָּא עָבְרוּ יַחְדָּיו. עָבְרוּ, אִינוּן חוֹבִין אִתְכַּפָּרוּ. בְּגִין דְּהָא כְדֵין כָּל אַנְפִּין נְהִירִין, וְכָל חוֹבִין אִתְעֲבָרוּ.

רִבִּי חִיָּיא אָמַר, רָזָא דָא בְתִקּוּנָא דְּקָרְבָּנָא אִיהוּ. דְּהָא כַּד קָרְבָּנָא אִתְקְרִיב וְכֹלָּא מִסְתַּפְּקִין, וְכָל חַד וְחַד כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ, כְּדֵין אִתְקַשַּׁר כֹּלָּא כְּחֲדָא. וְכָל אַנְפִּין נְהִירִין, וְקִשּׁוּרָא חַד אִשְׁתַּכַּח. וּכְדֵין הַמְּלָכִים נוֹעֲדוּ וְאִזְדַּמְּנוּ כְּחֲדָא, לְכַפָּרָא עַל חוֹבִין, לְאַעֲבָרָא עֲלַיְיהוּ. וּכְדֵין הַמְּלָכִים נוֹעֲדוּ, וְאִתְקַשְּׁרָן כְּחֲדָא. עָבְרוּ יַחְדָּיו, לְאַנְהָרָא כָּל אַנְפִּין, וּלְמֶהֱוֵי כֹּלָּא רְעוּתָא חָדָא.

הֵמָּה רָאוּ כֵּן תָּמָהוּ, סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּאִינוּן מְלָכִים. אֶלָּא אִלֵּין מָארֵיהוֹן דְּדִינִין, דְּחֶדְוָה דִלְהוֹן לְמֶעְבַּד הַהוּא דִינָא דְּאִתְפַּקְּדוּ עֲלֵיהּ. וּכְדֵין, כַּד מְלָכִים אִזְדַּמְּנוּ תַּרְוַויְיהוּ בִּרְעוּתָא חָדָא, כְּדֵין הֵמָה רָאוּ הַהוּא רְעוּתָא דִתְרֵין עָלְמִין. כֵּן תָּמָהוּ נִבְהֲלוּ נֶחְפָּזוּ, בְּגִין דְּכֻלְּהוּ מָארֵי דְדִינָא אִתְכַּפְיָין וּמִתְעַבְרָן מֵעַלְמָא, וְלָא יָכְלֵי לְשַׁלְּטָאָה. וּכְדֵין מִתְעַבְרִין קִיּוּמֵיהוֹן, מְעַבְרִין שָׁלְטָנְהוֹן.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, וַיִּגַשׁ אֵלָיו יְהוּדָה. מַאי טַעְמָא יְהוּדָה, בְּגִין דְּהָכִי אִצְטְרִיךְ, דְּאִיהוּ עָרַב. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, כִּי עַבְדְּךָ עָרַב אֶת הַנַּעַר. וְרָזָא דְמִלָּה, יְהוּדָה וְיוֹסֵף הָכִי אִצְטְרִיכוּ לְאִתְקָרְבָא כְּחֲדָא. בְּגִין דְּיוֹסֵף אִיהוּ צַדִּיק, יְהוּדָה אִיהוּ מֶלֶךְ. וְעַל דָּא וַיִּגַּשׁ אֵלָיו יְהוּדָה. בְּגִין דְּקוּרְבָא דִלְהוֹן דְאִתְקְרִיבוּ כְּחֲדָא, גָּרַם כַּמָּה טָבִין לְעַלְמָא. גָּרַם שְׁלָמָא לְכֻלְּהוּ שִׁבְטִין. גָּרַם שְׁלָמָא בֵּינַייהוּ. גָּרַם לְיַעֲקֹב דְּאִתְקְיַּים רוּחָא דִילֵיהּ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית מ״ה:כ״ז) וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם. וְעַל דָּא קְרִיבוּ דְּדָא עִם דָּא אִצְטְרִיךְ, בְּכֻלְּהוּ סִטְרִין לְעֵילָא וְתַתָּא.

רִבִּי אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים מ״ח:ג׳) יְפֵה נוֹף מְשׂוֹשׂ כָּל הָאָרֶץ הַר צִיּוֹן יַרְכְּתֵי צָפוֹן קִרְיַת מֶלֶךְ רָב. הַאי קְרָא רָזָא דִמְהֵימְנוּתָא אִיהוּ. יְפֵה נוֹף, דָּא אִיהוּ יוֹסֵף הַצַּדִּיק, דִּכְתִיב בֵּיהּ, וַיְהִי יוֹסֵף יְפֵה תֹאַר וִיפֵה מַרְאֶה. מְשׂוֹשׂ כָּל הָאָרֶץ, אִיהוּ חֶדְוָה וְחֵדוּ לְעֵילָא וְתַתָּא. הַר צִיּוֹן יַרְכְּתֵי צָפוֹן, בְּגִין דִּבְחוּלָקֵיהּ קָאִים מַשְׁכְּנָא דְשִׁילֹה, הַר צִיּוֹן דָּא יְרוּשָׁלַ ם. יַרְכְּתֵי צָפוֹן, הָכִי הוּא וַדַּאי לְעֵילָא וְתַתָּא.

קִרְיַת מֶלֶךְ רָב, אֲתַר אִיהוּ מְתַקְּנָא, לָקֳבֵיל מֶלֶךְ רָב, דָּא מַלְכָּא עִלָּאָה דְּכֹלָּא, קֹדֶשׁ הַקֳּדָשִׁים. דְּהָא מִתַּמָּן אַתְיָא כָּל נְהִירוּ וְכָל בִּרְכָאן וְכָל חֵידוּ דְּכֹלָּא. דְּהָא מִתַּמָּן נָהֲרִין כָּל אַנְפִּין, וּבֵי מַקְדְּשָׁא אִתְבָּרְכָא מִתַּמָּן. וְכַד אִיהִי מִתְבָּרְכָא, מִתַּמָּן נָפְקֵי בִּרְכָאן לְכָל עַלְמָא, דְּהָא כָּל עַלְמָא מִתַּמָּן אִתְבָּרְכָא.

רִבִּי יְהוּדָה וְרִבִּי יוֹסֵי אִעָרְעוּ בִּכְפַר חָנָן. עַד דְּהֲווּ יָתְבֵי בֵּי אוּשְׁפִּיזַיְיהוּ, אֲתָא חַד בַּר נָשׁ וְחַד מָטוּלָא דְחַמְרָא קַמֵיהּ וְעָאל בְּבֵיתָא. אַדְּהָכִי, אָמַר רִבִּי יְהוּדָה לְרִבִּי יוֹסֵי, הָא תָּנִינָן, דְּדָוִד מַלְכָּא הֲוָה מִתְנַמְנֵם כְּסוּס, וְשֵׁינְתֵיהּ זְעֵיר, הֵיךְ הֲוָה קָם בְּפַלְגּוּת לֵילְיָא. הַאי שִׁעוּרָא זְעֵיר אִיהוּ וְלָא הֲוָה אִתְעַר אֲפִילּוּ בִּתְלָתוּת לֵילְיָא.

אָמַר לֵיהּ, בְּשַׁעְתָּא דְּעָאל לֵילְיָא, הֲוָה יָתִיב עִם כָּל רַבְרְבֵי בֵיתֵיהּ וְדָאִין דִּינָא, וְעָסִיק בְּמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. וּלְבָתַר הֲוָה נָאִים שֵׁינְתֵיהּ עַד פַּלְגוּת לֵילְיָא, וְקָם בְּפַלְגוּת לֵילְיָא וְאִתְעַר, וְאִשְׁתְּדָּל בְּפוּלְחָנָא דְמָארֵיהּ, בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן.

אַדְהָכִי אָמַר
- [...] L’étranger intervint alors et leur dit : Bien que votre explication soit exacte, apprenez-en le sens anagogique : Comme le roi David vit en toute éternité, il s’est toujours gardé de goûter la mort ; car le sommeil est une soixantième partie de la mort. Aussi ne dormait-il que le temps nécessaire pour respirer soixante fois ; soixante respirations moins une est encore la vie, mais à partir de là, l’homme commence à goûter la mort, et l’esprit impur a le pouvoir de s’attacher à lui. Le roi David, qui s’est gardé de goûter la mort et de s’attirer l’esprit impur, n’a jamais respiré dans son sommeil que soixante fois moins une ; ces respirations correspondent au mystère de la vie d’en haut, ou respiration d’en haut dont dépend la vie. Mais, à partir de là, on goûte la mort. A minuit, David se consacrait au chant des cantiques à la gloire de son Maître. A minuit, la sainteté d’en haut se manifeste ; et c’est pourquoi cette heure ne doit trouver l’homme dans son lit ; car, dans ce cas, l’homme s’attache à la mort et à l’ “ autre côté ”, alors que l’homme vivant s’attache toujours à la vie. Voilà la raison pour laquelle David n’a pas même dormi le temps nécessaire pour respirer soixante fois, ce qui est la durée du sommeil du cheval.
L’ayant embrassé, Rabbi Yehouda et Rabbi Yossé lui demandèrent : Quel est ton nom ? Il leur répondit Hizqiya. Ils lui répliquèrent : Puisse ta force être fortifiée, ainsi que ta doctrine (28). S’étant assis,
Rabbi Yehouda lui dit : Puisque tu as déjà com-mencé à nous dévoiler un mystère suprême, dévoile nous encore d’autres mystères. L’étranger commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Prov., III, 19) : “ Le Seigneur a fondé la terre par la Sagesse ; il établit les cieux par la prudence. ” Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il vit que celui-ci ne pourrait exister sans la Loi ; aussi créa-t-il la Loi qui renferme toutes les lois qui régissent les mondes d’en haut et ceux d’en bas et qui les soutiennent. C’est-pourquoi l’Écriture dit : “ Le Seigneur a fondé la terre par la Sagesse, etc. ” Car tout ce qui existe au monde est créé et soutenu par la Sagesse.
D’après une autre interprétation, le monde d’en haut n’a été créé que par la Sagesse d’en haut ; et le monde d’ici-bas n’a été créé que par la Sagesse d’en bas. Ainsi, tout ce qui existe émane de la Sagesse d’en haut et de la Sagesse d’en bas. Que signifie : “ ... Et qui établit les cieux par la prudence ” ? - Cela signifie que le Seigneur établit les cieux tous les jours et sans cesse. C’est ce mystère qui est renfermé dans les paroles de l’Écriture (Job, XV, 15) : “ Et les cieux ne sont pas favorisés devant ses yeux. ” L’Écriture veut-elle dénigrer les cieux en affirmant qu’ils ne sont pas favorisés devant Dieu ? - Non, au contraire, l’Écriture fait l’éloge du monde céleste, en affirmant que le Saint, béni soit-il, l’aime tellement que, bien qu’il le favorise chaque jour, il lui semble ne pas le favoriser suffisamment.
C’est pourquoi l’Écriture ne dit pas : “ Et les cieux ne sont pas favorisés ”, mais elle ajoute encore : “ ... Devant ses yeux ”, parce que ce n’est qu’aux yeux de Dieu qu’ils ne sont pas assez favorisés. Tel est le sens des paroles : “ Et il établit les cieux par la prudence. ” Qu’est-ce qu’on entend par “ cieux ” ? - C’est ce mystère dont les patriarches sont l’image et particulièrement Jacob qui éclairait le monde de sa lumière. Après la mort de Jacob, c’est Joseph le juste qui nourrit tout le monde. C’est une branche issue de Jacob, agréable de visage et donnant naissance à toutes les lumières. Tout ce que le Saint, béni soit-il, fait dans le monde est l’image d’un mystère suprême. -A peine l’étranger eut-il cessé de parler que Rabbi Éléazar arriva. Les ayant aperçus, Rabbi Éléazar s’écria : Il est certain que la Schekhina est ici présente. Il leur demanda le sujet de leur conversation. Ceux-ci lui répétèrent [...]
(Ⅰ)
[207b]  
הַהוּא בַּר נָשׁ, וְכִי הַאי מִלָּה דְקָאַמְרִיתּוּ, הָכִי הוּא. רָזָא דְמִלָּה הָכָא, דְּהָא דָוִד מַלְכָּא חַי וְקַיָּים לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמִין. וְדָוִד מַלְכָּא הֲוָה נָטִיר כָּל יוֹמוֹי דְּלָא יִטְעַם טַעַם מִיתָה. בְּגִין דְּשֵׁינְתָא חַד מִשִּׁתִּין בְּמִיתָה אִיהוּ. וְדָוִד בְּגִין דּוּכְתֵּיהּ דְּאִיהוּ חַי, לָא הֲוָה נָאִים אֶלָּא שִׁיתִּין נִשְׁמֵי. דְּעַד שִׁתִּין נִשְׁמֵי חָסֵר חַד, אִיהוּ חַי. מִתַּמָּן וּלְהָלְאָה, טָעִים בַּר נָשׁ טַעְמָא דְמוֹתָא, וְשַׁלִּיט בֵּיהּ סִטְרָא דְרוּחַ מְסָאֲבָא.

וְדָא הֲוָה נָטִיר דָּוִד מַלְכָּא, דְּלָא יִטְעַם טַעְמָא דְמוֹתָא, וְשַׁלִּיט (ס''א דלא ישליט) בֵּיהּ סִטְרָא דְרוּחָא אָחֳרָא, בְּגִין דְּשִׁתִּין נִשְׁמֵי חָסֵר חַד, אִיהוּ רָזָא דְחַיִּים דִּלְעֵילָא. עַד שִׁתִּין נִשְׁמֵי, דְּאִינוּן שִׁתִּין (ד''א ל''ג חסר חד נשמי) נִשְׁמֵי עִלָּאִין, וְאִילֵין רָזָא דִלְהוֹן, דְּתַלְיָין בְּהוֹן חַיֵּי. וּמִכָּאן וּלְתַתָּא, רָזָא דְמוֹתָא הוּא.

וְעַל דָּא, דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה מְשַׁעֵר שִׁעוּרָא דְלֵילְיָא, בְּגִין דְּיִתְקַיֵּים בַּחַיִּים, דְּלָא יִשְׁלוֹט בֵּיהּ טַעְמָא דְמוֹתָא. וְכַד אִתְפְּלִיג לֵילְיָא, הֲוָה דָּוִד מִתְקַיֵּים בְּאַתְרֵיהּ. בְּגִין דְּכַד אִתְעַר פַּלְגוּ לֵילְיָא וְכִתְרָא קַדִּישָׁא אִתְעַר, בָּעָא דְלָא לְאַשְׁכָּחָא לֵיהּ לְדָוִד מִתְקַשַּׁר בְּאֲתַר אָחֳרָא, בְּאֲתַר דְּמוֹתָא.

בְּגִין דְּכַד אִתְפְּלִיג לֵילְיָא וּקְדוּשָּׁה עִלָּאָה אִתְעַר, וּבַר נָשׁ דְּנָאִים בְּעַרְסֵיהּ וְלָא אִתְעַר לְאַשְׁגָּחָא בִּיקָרָא דְמָארֵיהּ. הָא אִיהוּ אִתְקַשַּׁר בְּרָזָא דְמוֹתָא וּמִתְדַּבַּק בְּאֲתַר אָחֳרָא, וְעַל דָּא דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה קָאִים לְאַשְׁגָּחָא בִּיקָרָא דְמָארֵיהּ תָּדִיר. חַי לְגַבֵּי חַי, וְלָא נָאִים בְּשֵׁינְתָא לְטָעֲמָא טַעְמָא דְמוֹתָא. וּבְגִין כָּךְ, הֲוָה מִתְנַמְנֵם כְּסוּס שִׁתִּין נִשְׁמֵי, וְלָא בִּשְׁלִימוּ.

אָתוּ רִבִּי יְהוּדָה וְרִבִּי יוֹסֵי וּנְשָׁקוּהָ, אָמְרוּ לֵיהּ, מַה שְּׁמָךְ. אָמַר לְהוֹן, חִזְקִיָּה. אָמְרוּ לֵיהּ, יִתְיַישֵּׁר חֵילָךְ וְיִתְתַּקַּף אוֹרַיְיתָךְ. יְתִיבוּ. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הוֹאִיל וְשָׁרִית, אֵימָא לָן מֵהַנֵּי רָזִין עִלָּאִין דְּקָאֲמַרְתְּ.

פָּתַח וְאָמַר, (משלי ג׳:י״ט) ה' בְּחָכְמָה יָסַד אֶרֶץ כּוֹנֵן שָׁמַיִם בִּתְבוּנָה. תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, חָמָא דְלָא יָכִיל לְאִתְקָיְימָא, עַד דְּבָרָא אוֹרַיְיתָא. בְּגִין דְּמִנָּהּ נָפְקִין כָּל נִמּוּסִין עִלָּאִין וְתַתָּאִין, וּבָהּ קָיְימֵי עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, ה' בְּחָכְמָה יָסַד אָרֶץ כּוֹנִן שָׁמַיִם בִּתְבוּנָה. דְּהָא בְּחָכְמָה קָיְימִין כָּל קִיּוּמִין דְּעַלְמָא, וְכֻלְּהוּ נָפְקֵי מִגַּוָּהּ.

דָּבָר אַחֵר ה' בְּחָכְמָה יָסַד אֶרֶץ, עַלְמָא עִלָּאָה לָא אִתְבְּרֵי אֶלָּא מִגּוֹ חָכְמָה. וְעַלְמָא תַּתָּאָה לָא אִתְבְּרֵי אֶלָּא מִגּוֹ חָכְמָה תַּתָּאָה. וְכֻלְּהוּ נָפְקָן מִגּוֹ חָכְמָה עִלָּאָה וּמִגּוֹ חָכְמָה תַּתָּאָה. כּוֹנֵן שָׁמַיִם בִּתְבוּנָה. כּוֹנֵן, מַאי כּוֹנֵן. אֶלָּא, כּוֹנֵן כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא וְלָא פָּסִיק, וְלָא אִתְתַּקַּן בְּזִמְנָא חָדָא, אֶלָּא בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא אַתְקִין לֵיהּ.

וְהַיְינוּ רָזָא דִּכְתִיב, (איוב ט״ו:ט״ו) וְשָׁמַיִם לֹא זַכּוּ בְעֵינָיו. וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ, דִּגְרִיעוּתָא אִיהוּ מִשָּׁמַיִם, אֶלָּא חֲשִׁיבוּ מִשָּׁמַיִם אִיהוּ, בְּגִין חֲבִיבוּ וּרְעוּ סַגְיָא, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָעֵי בְּהוּ, וַחֲבִיבוּתַיְהוּ לְגַבֵּיהּ. דְּהָא אַף עַל גַּב דְּאִיהוּ מַתְקִין לוֹן כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא, לָא דָמֵי בְּעֵינוֹי דְּאִינוּן מִתְתַּקְנָן כְּדְקָא יְאוּת. בְּגִין דִּרְחִימוּתָא דִלְהוֹן לְגַבֵּיהּ, וּרְעוּתֵיהּ לְאַנְהָרָא לוֹן תָּדִיר בְּלָא פְּסִיקוּ. דְּהָא עַלְמָא דְאָתֵי אַפִּיק נְהוֹרִין זְהִירִין כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא תָּדִיר בְּלָא פְּסִיקוּ, בְּגִין לְאַנְהָרָא לוֹן תָּדִיר. וְעַל דָּא לא זַכּוּ בְּעֵינָיו. לא זַכּוּ בִּלְחוֹדוֹי לָא כְּתִיב, אֶלָּא לא זַכּוּ בְעֵינָיו. וּבְגִין כָּךְ, כּוֹנֵן שָׁמַיִם בִּתְבוּנָה.

מַאן שָׁמַיִם. דָּא הוּא רָזָא דְּאֲבָהָן, וְרָזָא דְּאֲבָהָן דָּא הוּא יַעֲקֹב דְּאִיהוּ כְּלָלָא דִלְהוֹן. בְּגִין דְּיַעֲקֹב תּוּשְׁבַּחְתָּא דְּאֲבָהָן אִיהוּ, וְאִיהוּ קָיְימָא לְאַנְהָרָא עַל עַלְמָא.

וּבְגִין דְּאִיהוּ אִסְתָּלַּק גּוֹ עַלְמָא דְאָתֵי, נָפַק מִנֵּיהּ עֲנָפָא חָדָא שַׁפִּירָא בְּחֵיזוּ, וְכָל נְהוֹרִין מִינֵיהּ נָפְקִין. וְכָל שָׂבְעָא וּמְשַׁח רְבוּ לְאַנְהָרָא לְאַרְעָא, וּמַאן אִיהוּ. דָּא יוֹסֵף הַצַּדִּיק, דְּאִיהוּ יָהִיב שָׂבְעָא לְכָל עַלְמָא, וְעַלְמָא מִנֵּיהּ אִתְּזָן. וּבְגִין כָּךְ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כָּל מַה דְּעָבַד בְּעַלְמָא, כֹּלָּא אִיהוּ בְּרָזָא עִלָּאָה, וְכֹלָּא כְּדְקָא חָזֵי.

אַדְהָכִי אֲתָא רִבִּי אֶלְעָזָר, כֵּיוָן דְּחָמָא לוֹן אָמַר, וַדַּאי שְׁכִינְתָּא הָכָא. בְּמַאי עַסְקִיתוּ. אָמְרוּ לֵיהּ
- [...] toute leur conversation. Rabbi Éléazar leur dit : Certes, vos paroles sont exactes ; il y a un sommeil d’une durée nécessaire à respirer soixante fois ; c’est encore la vie ; mais les soixante respirations suivantes sont déjà du côté de la mort, et elles sont appelées à cause de cela “ dormita ”. C’est pourquoi le roi David n’a dormi que le temps nécessaire pour faire les soixante premières respirations ; mais il n’a pas dormi davantage, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXXXII, 4) : “ Si je permets à mes yeux de dormir, à mes paupières de sommeiller, etc. ” Aussi l’étranger avait-il raison de dire que David, ayant été un homme vivant, voulait toujours rester à côté de la vie, et non à côté de la mort. Toutes les personnes présentes s’assirent et se consacrèrent ensemble à l’étude de la Loi.
Rabbi Éléazar commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., LXXXVIII, 2) : “ Seigneur Dieu, auteur de mon salut, j’ai crié vers toi durant le jour et durant la nuit. ” Remarquez que le roi David se levait à minuit et se consacrait à l’étude de la Loi et au chant des hymnes et des cantiques pour réjouir le Roi et la Matrona. Ce sont les cantiques et les louanges de Dieu qui constituent la joie de la Foi sur la terre. Quant à la joie procurée en haut, elle est provoquée par d’innombrables anges supérieurs qui louent Dieu durant toute la nuit. De même, le Saint, béni soit-il, se complaît aux cantiques que l’homme chante durant la nuit ; et tous les anges sacrés qui louent le Saint, béni soit-il, prêtent l’oreille à la voix de l’homme qui chante les cantiques durant la nuit.
Remarquez que le roi David a dit : “ Seigneur Dieu, auteur de mon salut... ” Et pour expliquer depuis quand Dieu est devenu l’auteur de son salut, il ajoute : “ ... J’ai crié vers toi durant le jour et durant la nuit. ” Remarquez, en outre, qu’un rayon de grâce couvre celui qui consacre ses nuits à la louange du Seigneur ; ce rayon émane du côté droit ; et l’homme qui en est couvert est fortifié. C’est pourquoi également le Psalmiste a dit (Ps., CXV, 17) : “ Les morts ne louent point le Seigneur. ” Ce sont, en effet, les vivants qui louent Celui qui vit en toute éternité ; mais ce n’est pas à un mort de louer le Vivant. C’est pourquoi le Psalmiste ajoute : “ ... Mais nous bénirons le Seigneur dès maintenant et en toute éternité... ” ; car nous sommes vivants et n’avons rien du côté de la mort. Ézéchias a dit (Is., XXXVIII, 19) : “ Ce sont les vivants, ce sont les vivants qui te louent, comme je fais aujourd’hui... ” ; car c’est le vivant qui est attiré vers le Vivant. Le roi David était un vivant, et il a été attiré par Celui qui vit en toute éternité. Et quiconque s’attache à Celui qui vit en toute éternité est également vivant, ainsi qu’il est écrit (Deut., IV, 4) : “ Vous qui vous êtes attachés au Seigneur votre Dieu, vous avez été tous conservés en vie jusqu’aujourd’hui. ”
Et ailleurs (II Rois, XXIII, 20) il est écrit : “ Banaïas, fils de Joïada, fils d’un homme vivant... ” Ce juif commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Deut, VIII, 10) : “ Après avoir mangé et t’être rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu. ” Ne bénit-on pas Dieu même avant d’avoir mangé ? N’est-on pas obligé de faire la prière le matin et de bénir le Nom du Seigneur avant d’avoir béni un nom quelconque ? Et n’est-on pas obligé de bénir le Saint, béni soit-il, avant de manger, ainsi que cela est inféré des paroles de l’Écriture (Lévit., XIX, 26) : “ Vous ne mangerez rien avec le sang ”, paroles dont on infère qu’il est défendu à l’homme de manger avant d’avoir béni son Maître ? Pourquoi donc l’Écriture dit-elle ici, “ Après avoir mangé et t’être rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu ” ? Mais la prière que l’on fait avant de manger a pour but de reconnaître l’unité de Dieu, alors que la prière que l’on fait après le manger s’adresse au degré céleste dont émane la Foi ; à ce degré on ne doit s’adresser que quand on est rassasié. Car, pour obtenir les moyens d’existence, il faut adresser sa prière à un degré céleste supérieur ; et à ce degré on ne doit parler que lorsqu’on est rassasié.
C’est pourquoi la tradition nous apprend que procurer à l’homme les moyens d’existence est pour le Saint, béni soit-il, une tache aussi ardue que la séparation des eaux de la mer Rouge. Pourquoi ? Parce que la nourriture du monde dépend d’un degré supérieur, de même que la tradition nous apprend que la vie, la faveur d’avoir des enfants et les moyens d’existence ne dépendent point du mérite de l’homme, mais du “ sort ”. C’est pourquoi procurer les moyens d’existence aux hommes est une tâche ardue, parce que ceci dépend du “ sort ” ; il est donc difficile au Saint, béni soit-il, d’accorder ces faveurs qui ne dépendent point de lui, avant que le degré céleste dont elles dépendent ait été béni. C’est pour la même raison que la tradition nous apprend que les mariages sont pour le Saint, béni soit-il, un travail aussi ardu que le passage des Israélites par la mer Rouge, parce que les mariages dépendent d’un degré spécial.
Remarquez qu’au moment de l’union de l‘Époux et de l’Épouse, toutes [...]
(Ⅰ)
[208a]  
כָּל עוֹבָדָא. אָמַר, וַדַּאי שַׁפִּיר קָאֲמַר. אֲבָל אִינוּן שִׁתִּין נִשְׁמֵי, וַדַּאי שִׁתִּין נִשְׁמֵי אִינוּן דְּחַיִּין, בֵּין לְעֵילָא בֵּין לְתַתָּא. מִכָּאן וּלְהָלְאָה, אִיכָּא שִׁתִּין נִשְׁמִין אָחֳרָנִין, דְּאִינוּן כֻּלְּהוּ מִסִּטְרָא דְמוֹתָא, וְדַרְגָּא דְמוֹתָא עֲלַיְיהוּ, וְאִקְרוּן דּוּרְמִיטָא, וְכֻלְּהוּ טַעֲמָא דְמוֹתָא.

וּבְגִין כָּךְ דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה אִיהוּ מִתְדְּבַּק בְּאִינוּן שִׁתִּין נִשְׁמִין דְּחַיִּין, וּמִתַּמָּן וּלְהָלְאָה לָא נָאִים כְּלַל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים קל״ב:ד׳) אִם אֶתֵּן שְׁנָת לְעֵינָי לְעַפְעַפַּי תְּנוּמָה. וְעַל דָּא שַׁפִּיר קָאֲמַר, בְּגִין דְּיָקוּם דָּוִד חַי, בְּסִטְרָא דְחַי וְלָא בְּסִטְרָא דְמוֹתָא. יָתְבוּ כֻּלְּהוּ וְאִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא וְאִתְחַבָּרוּ כְּחֲדָא.

פָּתַח רִבִּי אֶלְעָזָר וְאָמַר, (תהילים פ״ח:ב׳) ה' אֱלֹקֵי יְשׁוּעָתִי יוֹם צָעַקְתִּי בַלַּיְלָה נֶגְדֶּךָ. תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה קָם בְּפַלְגּוּת לֵילְיָא, וְאִשְׁתְּדָּל בְּאוֹרַיְיתָא בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן, לְחֶדְוָה דְמַלְכָּא וּמַטְרוֹנִיתָא. וְדָא הֲוָה חֶדְוָה דִמְהֵימְנוּתָא בְּאַרְעָא. בְּגִין דְּהַאי אִיהוּ שְׁבָחָא דִמְהֵימְנוּתָא דְּאִתְחֲזֵי בְּאַרְעָא.

דְּהָא לְעֵילָא פָּתְחֵי בְּחֶדְוָה שִׁירָתָא כַּמָּה מַלְאָכִין עִלָּאִין, בְּכַמָּה זִינִין דְּקָא מְשַׁבְּחָן בְּלֵילְיָא בְּכָל סִטְרִין. כְּהַאי גַּוְונָא לְתַתָּא בְּאַרְעָא, מַאן דִּמְשַׁבַּח לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּאַרְעָא בְּלֵילְיָא, רָעֵי בֵּיהּ (בעי) קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְכָל אִינוּן מַלְאָכִין קַדִּישִׁין דְּקָא מְשַׁבְּחָן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כֻּלְּהוּ צַיְיתִין לְהַהוּא דְקָא מְשַׁבַּח לֵיהּ בְּלֵילְיָא בְּאַרְעָא. דְּהַאי תּוּשְׁבַּחְתָּא אִיהוּ בִּשְׁלִימוּ, לְסַלְקָא יְקָרֵי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִתַּתָּא, וּלְזַמְּרָא בְּחֶדְוָה דְּיִחוּדָא.

תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא כָּתַב, ה' אֱלֹהֵי יְשׁוּעָתִי וְגו', ה' אֱלהֵי יְשׁוּעָתִי, אֵימָתַי אִיהוּ יְשׁוּעָתִי. בְּהַהוּא יוֹמָא דְאַקְדֵּמִית תּוּשְׁבַּחְתָּא בְּלֵילְיָא לְגַבָּךְ, כְּדֵין אִיהוּ יְשׁוּעָתִי בִּימָמָא.

וְתָּא חֲזֵי, דְּהָא בְּלֵילְיָא, מַאן דִּמְשַׁבַּח לְמָארֵיהּ בְּתוּשְׁבַּחְתָּא דְאוֹרַיְיתָא, כְּדֵין אַתְקַף בִּתְקִיפוּ בִּיְמָמָא בְּסִטְרָא דִּימִינָא. דְּהָא חוּטָא חַד נַפְקָא מִסִּטְרָא דִּימִינָא, וּכְדֵין אִתְמָשַּׁךְ עֲלֵיהּ וְאִתְתַּקַּף בֵּיהּ. וְעַל דָּא אָמַר, ה' אֱלֹהֵי יְשׁוּעָתִי יוֹם צָעַקְתִּי וְגו'.

וּבְגִין כָּךְ אָמַר, (תהילים קט״ו:י״ז) לא הַמֵּתִים יְהַלְּלוּ יָהּ. לא הַמֵּתִים, בְּגִין דְּאִצְטְרִיךְ לְשַׁבְּחָא חַי לְחַי. וּמֵת לְחַי לָאו הָכִי, דִּכְתִיב לֹא הַמֵּתִים יְהַלְּלוּ יָהּ. וַאֲנַחְנוּ נְבָרֵךְ יָהּ, דְּהָא אֲנַן חַיִּין וְלֵית לָן חוּלָקָא בְּסִטְרָא דְמוֹתָא כְּלַל. חִזְקִיָּהוּ אָמַר, (ישעיהו ל״ח:י״ט) חַי חַי הוּא יוֹדֶךָ כָּמוֹנִי, בְּגִין דְּחַי אִתְקְרַב לְחַי. דָּוִד מַלְכָּא אִיהוּ חַי, וְקוּרְבָא דִילֵיהּ לְחַי הָעוֹלָמִים. וּמַאן דְּאִתְקְרִיב לְגַבֵּיהּ, אִיהוּ חַי. דִּכְתִיב, (דברים ד׳:ד׳) וְאַתֶּם הַדְּבֵקִים בַּה' אֱלֹהֵיכֶם חַיִּים כֻּלְּכֶם הַיּוֹם. וּכְתִיב, (שמואל ב כ״ג:כ׳) וּבְנָיָהוּ בֶּן יְהוֹיָדָע בֶּן אִישׁ חַי רַב פְּעָלִים מִקַּבְצְאֵל.

פָּתַח הַהוּא יוּדָאי אֲבַתְרֵיהּ וְאָמַר, (דברים ח׳:י׳) וְאָכַלְתָּ וְשָׂבָעְתָּ וּבֵרַכְתָּ אֶת ה' אֱלקֶיךָ. וְכִי לָא מְבָרְכִינָן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַד לָא נִיכוּל, וְהָא אִית לָן לְאַקְדּוּמֵי בְּצַפְרָא וּלְסִדּוּרֵי שְׁבָחָא דִילֵיהּ (דמאריה) כְּדְקָא יְאוּת, וּלְבָרְכָא בִּשְׁמֵיהּ עַד לָא יְבָרֵךְ לְאַחֲרָא בְּעַלְמָא. וּכְתִיב (ויקרא כט) לא תֹאכֵלוּ עַל הַדָּם, אָסוּר לֵיהּ לְמֵיכַל עַד לָא יְבָרֵךְ לְמָארֵיהּ. וְהַשְׁתָּא כְּתִיב וְאָכַלְתָּ וְשָׂבָעְתָּ וּבֵרַכְתָּ.

אֶלָּא, דָּא בִּרְכָתָא דִצְלוֹתָא דְּיִחוּדָא, וְדָא בִּרְכָתָא דִּמְזוֹנָא. לְאַחֲזָאָה לְגַבֵּי דַרְגָּא דִמְהֵימְנוּתָא, שָׂבָע כְּדְקָא יָאוֹת. וּכְדֵין בְּעֵי לְבָרְכָא לֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת, דְּהַהוּא דַרְגָּא דִמְהֵימְנוּתָא יִתְרַוֵּי וִיבָרֵךְ, וְיִתְמַלֵּא חֵידוּ מֵחַיִּין דִּלְעֵילָא כְּמָה דְאִצְטְרִיךְ, בְּגִין לְמֵיהַב לָן מְזוֹנֵי.

דְּהָא קָשִׁין מְזוֹנָא דְבַר נָשׁ קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כִּקְרִיעַת יַם סוּף. מַאי טַעְמָא. בְּגִין דִּמְזוֹנָא דְעַלְמָא דִלְעֵילָא הוּא, דִּתְנַן בָּנֵי חַיֵּי וּמְזוֹנֵי וְכוּ', וּבְגִין כָּךְ קַשְׁיָין קַמֵּיהּ מְזוֹנֵי דְעַלְמָא. דְּהָא בְּמַזָּלָא תַּלְיָא מִילְתָא. דְּמִנֵּיהּ נָפְקֵי מְזוֹנֵי וְחַיֵּי וּבָנֵי. וּבְגִין כָּךְ קָשִׁין קַמֵּיהּ מְזוֹנֵי דְעַלְמָא, דְּהָא לָאו בִּרְשׁוּתֵיהּ קָיְימָא, עַד דְּיִתְבָּרֵךְ אִיהוּ.

כְּגַוְונָא דָא זִיִוְגִּין דְּעַלְמָא קָשִׁין קַמֵּיהּ, וְכֹלָּא בְּגִין דְּרָקִיעַ וִילוֹן לָא מְשַׁמֵּשׁ כְּלוּם. וְכָל שֶׁכֵּן אִלֵּין מִלִּין דְּקָיְימִין לְעֵילָא בְּאֲתַר אָחֳרָא, וְעַל דָּא אִצְטְרִיךְ לְאִתְבָּרְכָא.

תָּא חֲזֵי, כָּל זִווּגִין דְּעַלְמָא קָשִׁין קַמֵּיהּ הַאי דַרְגָא, בְּגִין דְּכַד הַאי זִוּוּגָא קַדִּישָׁא אִשְׁתַּכַּח, כָּל
- [...] les âmes sortent du fleuve céleste qui constitue le “ sort ” d’en haut. Ces âmes descendent en bas pêle-mêle, les âmes mâles et les âmes femelles ensemble. Au moment du mariage, il faut que les âmes se retrouvent ; chaque âme mâle doit retrouver l’âme femelle qui était sa compagne avant la descente sur la terre. C’est pourquoi la tradition dit que les mariages constituent un travail aussi ardu que la séparation des eaux de la mer Rouge. Pour séparer la mer, il a fallu que la région céleste à laquelle la mer Rouge correspond fût également séparée en autant de voies qu’il a fallu de gués dans la mer pour livrer passage aux Israélites. Pour qu’un événement se produise ici-bas, il faut qu’un événement pareil s’accomplisse en haut, tout ici-bas n’étant que le reflet du monde d’en haut.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Après avoir mangé et t’être rassasié, tu béniras le Seigneur ton Dieu (èth) ”. Le mot “ Èth ” désigne ce degré céleste qui accorde les moyens d’existence. Or, à ce degré céleste, on ne doit s’adresser que rassasié et plein de gaieté. Voilà pourquoi la prière par laquelle on demande les moyens d’existence ne doit être faite qu’après le manger. Mais s’il ne faut se présenter devant ce degré céleste que rassasié, on ne doit, au contraire, se montrer devant un autre degré qu’affamé, lorsque ce degré exerce son pouvoir sur le monde. Lorsque le degré de la rigueur exerce son pouvoir sur le monde et y amène la famine, l’homme ne doit se présenter devant Dieu qu’affamé.
Rabbi Éléazar dit : Tes paroles sont exactes, et c’est ainsi que l’homme doit réellement agir.
Rabbi Yehouda dit : Heureux le sort des justes dont le rapprochement apporte la paix dans le monde, parce qu’ils savent par leur rapprochement amener le rapprochement de ces degrés célestes dont l’union est la cause réelle de la paix du monde. Ainsi, tant que Joseph et Juda ne furent pas rapprochés l’un de l’autre. la paix n’existait pas ; mais dès qu’ils se furent rapprochés l’un de l’autre, la paix augmenta dans le monde et la joie grandit en haut aussi bien qu’en bas. Aussitôt que Juda s’approcha de Joseph, l’union de toutes les tribus avec Joseph s’opéra et la paix commença à régner dans le monde.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XLIV, 18) dit : “ Et Joseph s’approcha de lui. ” Il est écrit : “ Et Joseph ne pouvait plus se retenir en présence des personnes dont il était entouré, etc. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXII, 9) : “ Il a répandu ses biens avec libéralité sur les pauvres ; sa justice demeure éternellement ; sa puissance sera élevée en gloire. ” Remarquez que le Saint, béni soit-il, créa le monde et conféra à l’homme le pouvoir d’exercer la puissance d’un roi sur tout ce qui existe. Mais il y a plusieurs catégories d’hommes dans le monde ; il y a des justes et des impies, des insensés et des sages, des riches et des pauvres ; tous existent dans le monde, pour que les uns puissent mériter par les autres, pour que les justes convertissent les impies, les sages instruisent les insensés et les riches nourrissent les pauvres ; ce n’est qu’ainsi que l’homme est jugé digne du monde futur et digne d’être attaché à l’Arbre de vie. Mais il y a plus : La charité que l’homme pratique subsiste éternellement, ainsi qu’il est écrit (ibid.) : “ Et sa tzedaqà demeure éternellement. ”
Rabbi Éléazar interpréta de la manière suivante les paroles : “ Il a répandu ses biens avec libéralité sur les pauvres. ” Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il le fonda sur une colonne dont le nom est “Juste”. C*est ce “Juste” qui est la base du monde et qui accorde la nourriture à toutes les créatures, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 10) : “ Et un fleuve sort de l’Éden pour arroser le Jardin. et de là il se divise en quatre canaux. ” Que signifie : “ Il se divise en quatre canaux ” ? La nourriture qui sort du fleuve se divise dans les quatre directions du monde, où de nombreuses personnes attendent leur nourriture, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXLV, 15) : “ Tous, Seigneur, ont les yeux tournés vers toi, et ils attendent de toi que tu leur donnes leur nourriture dans le temps propre. ” Tel est le sens du verset : “ Il a répandu ses biens avec libéralité sur les pauvres. ” Ces paroles désignent le Juste qui répand la nourriture dans le monde. Les paroles : “ Sa tzedaqâ demeure éternellement ” désignent la “ Communauté d’Israël ” qui subsistera éternellement. Enfin, L’Écriture ajoute : “ Le pécheur le verra et en sera irrité ”. ” Ces paroles désignent le règne des peuples idolâtres.
Remarquez qu’il s’agit dans ce verset de la nourriture spirituelle que le royaume du ciel accorde aux pauvres qui en manquent. C’est le sanctuaire qui fait entrer tous les pauvres sous l’ombre de la Schekhina. Le Juste est l’administrateur de cette charité du règne du ciel ; car c’est lui qui la distribue à tous, ainsi qu’il est écrit : “ Il a répandu ses biens avec libéralité sur les pauvres. ” Remarquez que Joseph est l’image du Juste, et c’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et Joseph ne pouvait plus se retenir en présence de toutes les personnes qui l’environnaient”, ce qui veut dire : en présence de tous ceux qui attendent leur nourriture du Juste.
L’Écriture ajoute : “ Et nul homme n’était présent [...]
(Ⅰ)
[208b]  
נִשְׁמָתִין נָפְקִין מִגּוֹ הַאי מַזָּלָא לְעֵילָא, דְּאִיהוּ הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק. וְכַד תִּיאוּבְתָּא אִשְׁתַּכַּח מִלְרַע לְעֵילָא, כְּדֵין פָּרְחִין נִשְׁמָתִין, וְאִתְיְיהִיבוּ כֻּלְּהוּ כְּלִילָן דְּכַר וְנוּקְבָא כְּחֲדָא בְּהַאי דַרְגָּא. וּלְבָתַר אִיהוּ פָּרִישׁ לוֹן כָּל חַד וְחַד לְאַתְרֵיהּ כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ. וּלְבָתַר קָשִׁין קַמֵּי הַאי דַרְגָּא לְחַבְּרָא לוֹן כְּקַדְמִיתָא, בְּגִין דְּלָא מִתְחַבְּרָן, בַּר כְּאִינוּן אָרְחֵי דְבַּר נָשׁ, וְכֹלָּא לְעֵילָא תַּלְיָין.

וְעַל דָּא קָשִׁין קַמֵּיהּ כִּקְרִיעַת יַם סוּף. דְּהָא קְרִיעַת יַמָּא לְאִתְפַּתְּחָא בֵּיהּ שְׁבִילִין, לְעֵילָא אִיהוּ. וּכְמָה דְּמִתְפַּתְּחִין שְׁבִילִין וְאוֹרְחִין בֵּיהּ, הָכִי אִתְבַּקַּע וְאִתְפַּתַּח. וּבְגִין כָּךְ כֹּלָּא תַּלְיָא לְעֵילָא, וּבְעִינָן לְבָרְכָא לֵיהּ, וּלְמֵיהַב לֵיהּ תּוּקְפָא מִתַּתָּא, בְּגִין דְּיִתְבָּרְכָא מִלְּעֵילָא, וְיִתְתַּקַּף כְּדְקָא חָזֵי. וְעַל דָּא כְּתִיב, וּבֵרַכְתָּ אֶת ה', אֶת דַּיְיקָא.

וּלְגַבֵּי הַאי אֲתַר, אִצְטְרִיךְ לְאַחֲזָאָה קַמֵּיהּ שָׂבְעָא וּנְהִירוּ דְאַנְפִּין. וּלְגַבֵּי סִטְרָא אָחֳרָא, בְּזִמְנָא דְאִיהִי שָׁלְטָא בְּעַלְמָא, בְּעֵי לְאַחֲזָאָה קַמֵּיהּ כַּפְנָא. דְּהַהוּא דַרְגָּא רָעָב אִיהוּ, וְאִתְחֲזֵי לְאַחֲזָאָה קַמֵּיהּ כַּפְנָא וְלָא שׂוֹבְעָא, הוֹאִיל וְשָׂבָע לָא שָׁלְטָא בְּעַלְמָא. וְעַל דָּא, וְאָכַלְתָּ וְשָׂבָעְתָּ וּבֵרַכְתָּ אֶת ה' אֱלֹקֶיךָ. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, הָכִי הוּא וַדַּאי, וְהָכִי אִצְטְרִיךְ.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָּיא דְּקוּרְבָא דִּלְהוֹן אִיהוּ שְׁלָמָא בְּעַלְמָא. בְּגִין דְּיָדְעֵי לְיַחֲדָא יִחוּדָא, וּמְקַרְבֵי קוּרְבָא לְאַסְגָּאָה שְׁלָמָא בְּעַלְמָא. דְּהָא יוֹסֵף וִיהוּדָה עַד לָא אִתְקְרִיבוּ דָּא עִם דָּא, לָא הֲוָה שְׁלָמָא. כֵּיוָן דְּאִתְקְרִיבוּ יוֹסֵף וִיהוּדָה כְּחֲדָא, כְּדֵין אַסְגִּיאוּ שְׁלָמָא בְּעַלְמָא. וְחֵידוּ אִתּוֹסַף לְעֵילָא וְתַתָּא, כְּמָה דְּקוּרְבָא דִּיהוּדָה וְיוֹסֵף וְכֻלְּהוּ שִׁבְטִין אִשְׁתַּכָּחוּ כְּחֲדָא בֵּיהּ בְּיוֹסֵף. וְהַהוּא קוּרְבָא אַסְגֵּי שְׁלָמָא בְּעַלְמָא, כְּמָה דְאוֹקִימְנָא. דִּכְתִיב, וַיִּגַּשׁ אֵלָיו יְהוּדָה:

וְלֹא יָכוֹל יוֹסֵף לְהִתְאַפֵּק לְכָל הַנִּצָּבִים עָלָיו וְגו', רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קי״ב:ט׳) פִּזַּר נָתַן לָאֶבְיוֹנִים צִדְקָתוֹ עוֹמֶדֶת לָעַד קַרְנוֹ תָּרוּם בְּכָבוֹד. תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּרָא עַלְמָא, וְאַשְׁלִיט עֲלֵיהּ לָאָדָם, דִּיהֵא מַלְכָּא עַל כֹּלָּא.

וְהַאי בַּר נָשׁ, מִתְפָּרְשָׁן מִנֵּיהּ בְּעַלְמָא כַּמָּה זִינִין. מִנְּהוֹן צַדִּיקַיָּא וּמִנְּהוֹן רַשִּׁיעַיָא. מִנְּהוֹן טִפְּשִׁין וּמִנְּהוֹן חַכִּימִין. וְכֻלְּהוּ אִתְקָיְימוּ בְּעַלְמָא, עֲתִירִין וּמִסְכֵּנִין. וְכֻלְּהוּ בְּגִין לְמִזְכֵּי אִלֵּין בְּאִלֵּין, לְמִזְכֵּי צַדִּיקַיָא עִם רַשִּׁיעַיָא, לְמִזְכֵּי חַכִּימִין עִם טִפְּשִׁין, לְמִזְכֵּי עֲתִירִין עִם מִסְכֵּנִין. דְּהָא בְּגִין כָּךְ, זָכֵי בַּר נָשׁ לְחַיֵּי עָלְמָא, וְאִתְקַשַּׁר בְּאִילָנָא דְחַיֵּי. וְלָא עוֹד, אֶלָּא דְּהָא צְדָקָה דְּאִיהוּ עָבִיד, קָאִים לְעָלְמִין. דִּכְתִיב וְצִדְקָתוֹ עוֹמֶדֶת לָעַד.

פִּזַּר נָתַן לָאֶבְיוֹנִים. רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, קָאִים לֵיהּ עַל סַמְכָא חַד, וְצַדִּיק שְׁמֵיהּ, וְהַאי צַדִּיק אִיהוּ קִיּוּמָא דְעַלְמָא, וְדָא אִיהוּ דְאַשְׁקֵי, וְזָן לְכֹלָּא. דִּכְתִיב, (בראשית ב׳:י׳) וְנָהָר יוֹצֵא מֵעֵדֶן לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן וּמִשָּׁם יִפָּרֶד וְהָיָה לְאַרְבָּעָה רָאשִׁים.

וּמִשָּׁם יִפָּרֶד, מַהוּ יִפָּרֶד. אֶלָּא, הַהוּא מְזוֹנָא וּמַשְׁקַיָא דְּהַהוּא נָהָר, נָטִיל גִּנְתָא כֹּלָּא, וּלְבָתַר אִתְבַּדַּר הַהוּא מַשְׁקַיָא לְד' סִטְרִין דְּעַלְמָא. וְכַמָּה אִינוּן דִּמְצַפָּאן לְאִתְשַׁקְיָיא וּלְאִתְּזְנָא מִתַּמָּן. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים קמ״ה:ט״ו) עֵינִי כֹל אֵלֶיךָ יְשַׂבֵּרוּ וְאַתָּה נוֹתֵן לָהֶם אֶת אָכְלָם בְּעִתּוֹ. וּבְגִין כָּךְ פִּזַּר נָתַן לָאֶבְיוֹנִים, דָּא צַדִּיק. צִדְקָתוֹ עוֹמֶדֶת לָעַד, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. דִּבְגִין כָּךְ, אִיהִי קָיְימָא בְּרָזָא דִשְׁלָם, בְּקִיּוּמָא שְׁלִים. רָשָׁע יִרְאֶה וְכָעַס, דָּא מַלְכוּת עוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת.

תָּא חֲזֵי, מַלְכוּת שָׁמַיִם, אִיהִי בֵּי מַקְדְּשָׁא. לְקָיְימָא כָּל מִסְכְּנֵי בְּגוֹ צִלָּא דְּשֵׁרוּתָא דִשְׁכִינְתָּא. וְצַדִּיק דָּא אִיהוּ אִקְרֵי גַּבָּאי צְדָקָה, לְמֵיחַן וּלְמֵיזַן לְכֹלָּא. דִּכְתִיב פִּזַּר נָתַן לָאֶבְיוֹנִים. בְּגִין כָּךְ, גַּבָּאֵי צְדָקָה נָטְלֵי אַגְרָא לָקֳבֵיל כֻּלְּהוּ דְּיַהֲבֵי צְדָקָה.

תָּא חֲזֵי, וְלֹא יָכוֹל יוֹסֵף לְהִתְאַפֵּק לְכָל הַנִּצָּבִים, אִלֵּין אִינוּן כָּל דְּקָיְימֵי לְאִתְּזָנָא וּלְאִתְשַׁקְיָיא מִנֵּיהּ. וְלֹא עָמַד אִישׁ אִתּוֹ
- [...] lorsque Joseph s’était fait connaître à ses frères. ” Les frères du Juste désignent la “ Communauté d’Israél ”, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXXII, 9) : “ C’est pour mes frères et pour mes proches que j’ai parlé le langage de la paix. ” Les paroles : “ ... Lorsque Joseph s’était fait connaître à ses frères ” s’appliquent au temps où le Saint, béni soit-il, s’est attaché à Israël à l’exclusion de tous les autres peuples païens, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XXIX, 35) : “ Le huitième jour sera très célèbre pour vous ”, - “ pour vous ”, à l’exclusion des autres peuples païens. Rabbi Yessa applique ces paroles à l’époque où le Saint, béni soit-il, ressuscitera la “ Communauté d’Israël ” et la vengera des peuples païens, ainsi qu’il est écrit (Is., LXIII, 3) : “ J’étais seul à fouler le vin, sans qu’un homme d’entre tous les peuples fût avec moi. ” Ainsi, l’Écriture se sert ici également du mot “ homme ” : “ Et aucun homme n’était présent lorsque Joseph s’était fait connaître à ses frères. ” Donc ces paroles s’appliquent à la même époque dont parle Isaïe.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Dans l’affection et dans la tendresse qu’il avait pour eux, il les a rachetés lui-même ; il les a portés et les a toujours élevés. ”
Rabbi Hizqiya commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXIII, 1) : “ J’ai élevé mes yeux vers toi, ô Dieu, qui habites dans les cieux. ” Ce verset a été déjà expliqué. Mais, remarquez que l’Écriture (Ps., CXXI, 1) dit ici : “ J’ai élevé mes yeux vers toi. ” Et ailleurs elle dit : “ J’ai élevé mes yeux vers les montagnes. ” C’est qu’un de ces versets désigne le règne d’en haut, qui répand ses bénédictions sur la “ Communauté d’Israël ” en ouvrant les sources de la région jubilaire. Or, ces bénédictions n’arrivent dans le monde d’ici-bas que par l’intermédiaire d’un Juste qui, seul, donne à manger et à boire à la “ Communauté d’Israël ” ; c’est à ce Juste que toutes les créatures demandent leur nourriture, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 21) : “ Les petits des lions rugissent après leur proie et demandent à Dieu leur nourriture. ” Telle une épouse qui reçoit de son époux tout ce dont elle a besoin, et en fait ensuite la distribution à tous les membres de la maisonnée, ainsi le Juste reçoit tous les besoins du monde de son Époux céleste, qu’il distribue ensuite à ceux qui en ont besoin. C’est pourquoi Joseph dit : “ Faites sortir tout le monde. ”
Car le Juste reçoit les bénédictions d’en haut, sans que nul esprit céleste y soit présent ; et c’est lui qui les distribue au monde, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 8) : “ Elle abreuve toutes les Hayoth des champs. ”
Rabbi Yossé commença ensuite à expliquer le verset suivant concernant le prophète Élie (III Rois, XVII, 20) : “ Il cria ensuite au Seigneur et lui dit : Seigneur, mon Dieu, pourquoi fais-tu mal à cette veuve qui m’a nourri, jusqu’à faire mourir son fils ? ” Remarquez que deux hommes ont demandé au Saint, béni soit-il : “ Pourquoi fais-tu mal ? ” Moïse a demandé (Ex., V, 22) : “ Seigneur, pourquoi fais-tu mal à ce peuple ? ” Et Élie a demandé également : “Seigneur, mon Dieu, pourquoi fais-tu mal à cette veuve ? ” Tous deux ont visé la même chose. L’ “ autre côté ” n’exerce la rigueur sur le monde que lorsqu’il y est autorisé. C’est pourquoi Moïse aussi bien qu’Élie ont demandé : Pourquoi as-tu autorisé le côté du mal à exercer sa rigueur ? Élie a ajouté : “ ... Cette veuve qui m’a nourri ” ; car le Saint, béni soit-il, lui avait dit (III Rois, XVII, 9) : “ ... Car j’ai commandé à une femme veuve de t’y nourrir. ” Or, quiconque nourrit son prochain, surtout durant une année de famine, s’unit à l’Arbre de vie et s’attire la vie pour lui-même et pour ses enfants. C’est pourquoi Élie a demandé : “ Pourquoi as-tu fait du mal à cette veuve qui m’a nourri ? ” Le mal ne vient point à l’homme du Saint, béni soit-il.
Remarquez que, tant que l’homme marche dans la voie droite, la garde du Saint, béni soit-il, le protège contre l’esprit du mal qui se trouve vaincu et n’ose approcher de l’homme. Mais, dès que la garde de Dieu cesse, parce que [...]
(Ⅰ)
[209a]  
בְּהִתְוַדַּע יוֹסֵף אֶל אֶחָיו. אִתּוֹ, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. אֶחָיו, אִלֵּין שְׁאָר רְתִיכִין חֲיָילִין, דִּכְתִיב בְּהוּ (תהלים קכב) לְמַעַן אֲחַי וְרֵעָי.

דָּבָר אַחֵר, וְלֹא עָמַד אִישׁ אִתּוֹ. בְּזִמְנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָתֵי לְאִזְדַּוְּוגָא בִּכְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. בְּהִתְוַדַּע יוֹסֵף אֶל אֶחָיו, בְּזִמְנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה מִתְחַבֵּר בְּהוּ בְּיִשְׂרָאֵל, בְּגִין דְּאִינוּן נָטְלֵי בִּלְחוֹדַיְיהוּ, וְלָא חִבּוּרָא דְּעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת בַּהֲדַיְיהוּ. בְּגִין כָּךְ (במדבר כט) בַּיּוֹם הַשְּׁמִינִי עֲצֶרֶת תִּהְיֶה לָכֶם. דְּהָא בְּזִמְנָא דָא, אִיהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּלְחוֹדוֹי, בְּחִבּוּרָא חָדָא עִם יִשְׂרָאֵל, דִּכְתִיב בְּהוּ אֲחַי וְרֵעָי כְּמָה דְאוּקְמוּהָ.

רִבִּי יֵיסָא פָּתַח קְרָא, בְּזִמְנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יוֹקִים לָהּ לִכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל מֵעַפְרָא, וְיִבָּעֵי לְאִנָּקְמָא נִקְמָתָא מֵעַמְּמַיָא עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, כְּדֵין כְּתִיב, (ישעיה סג) וּמֵעַמִים אֵין אִישׁ אִתִּי. וּכְתִיב הָכָא, וְלֹא עָמַד אִישׁ אִתּוֹ בְּהִתְוַדַּע יוֹסֵף אֶל אֶחָיו. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה סג) וַיְנַטְּלֵם וַיְנַשְּׂאֵם כָּל יְמֵי עוֹלָם.

וְלֹא יָכוֹל יוֹסֵף לְהִתְאַפֵּק, רִבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח וְאָמַר, (תהלים קכג) שִׁיר הַמַּעֲלוֹת אֵלֶיךָ נָשָׂאתִי אֶת עֵינַי הַיּוֹשְׁבִי בַּשָּׁמָיִם, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר. אֲבָל תָּא חֲזֵי, אֵלֶיךָ נָשָׂאתִי אֶת עֵינַי, וּכְתִיב, (תהלים קכא) אֶשָּׂא עֵינַי אֶל הֶהָרִים. אֶלָּא, דָּא לְעֵילָא וְדָא לְתַתָּא. אֶשָּׂא עֵינַי אֶל הֶהָרִים, דָּא לְעֵילָא. בְּגִין לְאַמְשָׁכָא בִּרְכָאן מֵעֵילָא לְתַתָּא, מֵאִלֵּין הָרִים עִלָּאִין, לְאַמְשָׁכָא מִנַּיְיהוּ בִּרְכָאן לִכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּאִתְבָּרְכָא מִנַּיְיהוּ. אֵלֶיךָ נָשָׂאתִי אֶת עֵינַי, לְמִצְפֵּי וּלְחַכָּאָה לְאִנּוּן בִּרְכָאן דְּנָחֲתוּ מִתַּמָּן לְתַתָּא.

הַיּוֹשְׁבִי בַּשָּׁמָיִם, דְּכָל תּוּקְפָהָא וְחֵילָאָה וְקִיּוּמָהָא, אִיהוּ בַּשָּׁמַיִם. בְּגִין דְּכַד יוֹבֵלָא אַפְתַּח מַבּוּעֵי דְּכָל אִינוּן תַּרְעִין, כֻּלְּהוּ קָיְימֵי בַּשָּׁמַיִם. וְכֵיוָן דְּשָׁמַיִם נָטִיל כָּל אִינוּן נְהוֹרִין דְּנָפְקֵי מִיּוֹבֵלָא, כְּדֵין אִיהוּ זָן וְאַשְׁקֵי לָהּ לִכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל עַל יְדָא דְצַדִּיק חַד.

וְכֵיוָן דְּדָא אִתְעַר לְגַבָּהּ, כַּמָּה אִינוּן דְּקָיְימָן בְּכָל סִטְרִין לְאִתְשַׁקְאָה וּלְאִתְבָּרְכָא מִתַּמָּן. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים קד) הַכְּפִירִים שׁוֹאֲגִים לַטֶּרֶף וּלְבַקֵּשׁ מֵאֵל אָכְלָם. וּכְדֵין, אִיהִי סָלְקָא בְּרָזָא דְרָזִין כְּדְקָא חָזֵי (ד''א ל''ג ליה), וּמְקַבְּלָא עִדּוּנִין מִבַעֲלָהּ כְּדְקָא יְאוּת, וְכֻלְּהוּ דְּקָיְימִין בְּכָל סִטְרִין עָמְדֵי בִּלְחוֹדַיְיהוּ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, וְלֹא עָמַד אִישׁ אִתּוֹ. דִּכְתִיב, וַיִּקְרָא הוֹצִיאוּ כָּל אִישׁ מֵעָלַי, וּלְבָתַר דְּאִיהִי מְקַבְּלָא עִדּוּנִין מִבַּעֲלָהּ, כֻּלְּהוּ אִתְשַׁקְיָין לְבָתַר וְאִתְּזָנוּ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים קד) יַשְׁקוּ כָּל חַיְתוֹ שָׂדָי יִשְׁבְּרוּ פְרָאִים צְמָאָם.

רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח קְרָא בְּאֵלִיָּהוּ, דִּכְתִיב, (מלכים א יז) וַיִּקְרָא אֶל ה' וַיֹּאמַר ה' אֱלהָי הֲגַם עַל הָאַלְמָנָה אֲשֶׁר אֲנִי מִתְגּוֹרֵר עִמָּהּ הֲרֵעוֹתָ לְהָמִית אֶת בְּנָהּ. תָּא חֲזֵי, תְּרֵי הֲווּ דְּקָאָמְרִין מִלִּין לָקֳבֵיל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, משֶׁה וְאֵלִיָּהוּ. משֶׁה אָמַר, (שמות ה) לָמָּה הֲרֵעוֹתָ לָעָם הַזֶּה. וְאֵלִיָּהוּ אָמַר, הֲרֵעוֹתָ לְהָמִית אֶת בְּנָהּ, וְתַרְוַיְיהוּ מִלָּה חָדָא קָאֲמְרוּ.

מַאי טַעְמָא. אֶלָּא רָזָא אִיהוּ. משֶׁה אָמַר, לָמָּה הֲרֵעוֹתָ, מַאי טַעְמָא. אֶלָּא, בְּגִין דְּאִתְיְהִיב רְשׁוּ לְסִטְרָא אָחֳרָא לְשַׁלְּטָאָה עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, הֲרֵעוֹתָ, יְהַבְתְּ רְשׁוּ לְסִטְרָא אָחֳרָא דְרַע, לְמִשְׁלַט עֲלַיְיהוּ. אֵלִיָּהוּ אָמַר, הֲרֵעוֹתָ יְהַבְתְּ רְשׁוּ לְסִטְרָא דְרַע, לִיטוֹל נִשְׁמָתָא דְּדָא. וְדָא הוּא הֲרֵעוֹתָ, וְכֹלָּא רָזָא חָדָא.

תָּא חֲזֵי, אֵלִיָּהוּ אָמַר, הֲגַם עַל הָאַלְמָנָה אֲשֶׁר אֲנִי מִתְגּוֹרֵר עִמָּהּ. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לֵיהּ לְאֵלִיָּהוּ, הִנֵּה צִוִּיתִי שָׁם אִשָּׁה אַלְמָנָה לְכַלְכְּלֶךָ. וְכָל מַאן דְּזָן וּמְפַרְנֵס לְמַאן דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ, וְכָל שֶׁכֵּן בְּיוֹמָא דְכַפְנָא. הָא אִתְאַחִיד בְּאִילָנָא דְחַיֵּי, וְגָרִים לֵיהּ חַיִּים וְלִבְנוֹי, וְהָא אוֹקִימְנָא. וְהַשְׁתָּא אֵלִיָּהוּ אָמַר, כָּל מַאן דְּקִיֵּים נַפְשָׁא בְּעַלְמָא, זָכֵי לֵיהּ חַיִּים וְזָכֵי לְאִתְאַחֲדָא בְּאִילָנָא דְחַיֵּי. וְהַשְׁתָּא שָׁלְטָא אִילָנָא דְמוֹתָא סִטְרָא דְרַע עַל הָאַלְמָנָה דְּאַנְתְּ פְּקַדְתְּ לְמֵיזַן לִי. בְּגִין כָּךְ הֲרֵעוֹתָ (למה הרעות).

וְאִי תֵימָא דְּרַע לָא אִתְעֲבִיד לְבַר נָשׁ מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. תָּא חֲזֵי, בְּזִמְנָא דְבַר נָשׁ אָזִיל לִימִינָא, נְטִירוּ דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תָּדִיר לְגַבֵּיהּ, וְלָא יָכִיל סִטְרָא אָחֳרָא לְשַׁלְטָאָה עֲלֵיהּ. וְהַאי רָע אִתְכַּפְיָא קַמֵּיהּ, וְלָא יָכִיל לְשַׁלְּטָאָה. וְכֵיוָן דִּנְטִירָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְעַבְרָא מִנֵּיהּ, בְּגִין
- [...] l’homme s’est attaché à l’esprit du mal, celui-ci cherche à s’emparer de l’homme, et il vient demander l’autorisation de lui ôter l’âme. Moïse a également demandé : “ Pourquoi as-tu fait du mal à ce peuple ? ” Cela veut dire : Pourquoi as-tu donné l’autorisation à l’esprit du mal de subjuguer Israël ? Remarquez que, lorsque le bien du côté droit est répandu dans le monde, toutes les bénédictions d’en haut arrivent ici-bas en silence. C’est pourquoi on a dit que le verset : “ Béni soit le nom de sa glorieuse royauté en toute éternité ” doit être récité tous les jours à voix basse.
Rabbi Hiyâ demanda : Comment Élie qui n’avait qu’à commander pour que le Saint, béni soit-il, accomplît sa volonté, lui qui a eu le pouvoir d’arrêter les pluies et la rosée du ciel, comment a-t-il pu avoir peur de Jézabel, laquelle lui ayant fait dire (III Rois, XIX, 2) : “ Que les dieux me traitent dans toute leur sévérité si demain à la même heure je ne te fais perdre la vie, comme tu l’as fait perdre à chacun de ces prophètes ”, lui inspira une telle crainte qu’il prit immédiatement la fuite ?
Rabbi Yossé lui répondit : Il a été déjà dit que les justes ne veulent pas déranger leur Maître pour qu’il leur vienne en aide lorsque le danger est imminent. De même, Samuël a dit (I Rois, XVI, 2) : “ Comment irai-je ? car Saül l’apprendra, et il me fera mourir. ” Aussi Dieu lui répondit-il (I Rois, XVI, 2) : “ Prends avec toi un veau du troupeau, et tu diras : “ Je suis venu pour sacrifier au Seigneur. ”
Rabbi Hiyâ lui dit : Voici ce que j’ai entendu a ce sujet : L’Écriture ne dit pas “ vaïira ” (et il eut peur), mais “ vaïra ” avec un seul “ Yod ” (et il a vu). Qu’est-ce qu’il a vu ? Il a vu que l’ange exterminateur le poursuivait depuis déjà un grand nombre d’années, sans que Dieu permît qu’il s’emparât de lui.
L’Écriture ajoute : “ Et il alla vers son âme (èl naphscho). ” Que signifie : “ ... Vers son âme ” ? - Il alla vers la source des âmes et s’y attacha. Et qui est la source des âmes ? C’est l’Arbre de vie.
Remarquez que, partout, l’Écriture se sert du terme “ èth naphscho ”, alors qu’ici elle emploie le terme “ èl naphscho ”. Voici ce que j’ai entendu, à ce sujet, de Rabbi Siméon : Toutes les âmes du monde émanent du fleuve céleste qui les confie à la région où les âmes sont conservées. La femme devient enceinte de l’homme par le désir réciproque. Lorsque le désir de l’homme provoque également le désir de l’âme mâle pour l’âme femelle, l’enfant qui naît de cette union aura une âme supérieure à celle des autres hommes ; car sa naissance a été provoquée par le désir de l’Arbre de vie. Élie était né de cette façon ; et c’est pourquoi son âme a été plus élevée que celle des autres hommes. C’est pour cette raison que l’Écriture dit “ èl naphscho ”, ce qui indique le principe mâle ; car c’est par le désir de ce principe qu’il est né. Mais, objectera-t-on, “ èl ” ne désigne pourtant pas toujours le principe mâle, puisque l’Écriture (Gen., III, 16) dit : “ Il dit à la femme... (él haischa amar). ” Le mot “ èl ” désigne le mâle aussi bien que la femelle, alors que le mot “ èth ” ne désigne que le principe femelle. En disant “ èl naphscho ”, l’Écriture nous indique que l’âme d’Élie émanait exclusivement du principe mâle. C’est pourquoi Élie était supérieur aux autres hommes et n’a jamais goûté la mort comme les autres hommes, ainsi qu’il est écrit (IV Rois, II, 11) : “ Et Élie fut enlevé au ciel par le moyen d’un tourbillon. ” L’Écriture (ibid.) dit : “ Lorsqu’ils continuaient leur chemin et qu’ils marchaient en s’entretenant, un char de feu et des chevaux de feu les séparèrent l’un de l’autre. ” C’était la séparation entre le corps et l’esprit ; car le corps d’Élie ne ressemblait plus à celui des autres hommes. Il est devenu un ange sacré, semblable aux autres êtres sacrés d’en haut, et il fait les messages sacrés d’en haut. Il a été dit également que tous les miracles que le Saint, béni soit-il, fait en ce monde, sont exécutés par l’intermédiaire d’Élie.
Remarquez que L’Écriture ajoute : “ Et il souhaitait la mort (èth naphscho). ” C’est qu’Élie éprouva le désir de s’attacher à l’arbre de la mort ; et c’est alors que le Saint, béni soit-il, lui apparut, ainsi qu’il est écrit : “ Sors et tiens-toi sur la montagne devant le Seigneur. ” L’Ecriture ajoute : “ Et le Seigneur passa ; et devant le Seigneur soufflait un vent violent et impétueux, etc... Après ce feu, on entendit une voix douce et harmonieuse. ” C’est la région intérieure d’où émanent toutes les lumières. Enfin, L’Écriture ajoute : “ Et Élie ayant entendu cela, il se couvrit le visage de son manteau, etc... Et une voix se fit entendre, qui lui dit : Que fais-tu là, Élie ? Il répondit. Je brûle de zèle pour toi, Seigneur, Dieu des armées, parce que les enfants d’Israël ont abandonné ton Alliance, etc. ” Le Saint, béni soit-il, dit à Élie : Combien de temps brûleras-tu encore de zèle pour moi ? Par ton zèle tu as fermé la porte, au point que [...]
(Ⅰ)
[209b]  
דְּאִיהוּ אִתְדָּבַּק בְּרָע, כְּדֵין הַהוּא רָע, כֵּיוָן דְּחָמֵי דְּלָאו עִמֵּיהּ נְטִירוּ, כְּדֵין שַׁלִּיט עֲלֵיהּ, וְאָתֵי לְשֵׁיצָאָה לֵיהּ, וּכְדֵין אִתְיְהִיב לֵיהּ רְשׁוּ, וְנָטִיל נִשְׁמָתֵיהּ.

משֶׁה אָמַר לָמָּה הֲרֵעוֹתָ, דְּאִתְיְהִיב לֵיהּ רְשׁוּ לְסִטְרָא דְרָע, לְמִשְׁלַט עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, לְמֶהֱוֵי בְּשִׁעְבּוּדָא דִילֵיהּ. דָּבָר אַחֵר לָמָּה הֲרֵעוֹתָ, דְּחָמָא כַּמָּה מִנְהוֹן דְּהֲווּ מֵתִין, וְאִתְמְסָרוּ בְּסִטְרָא דְרָע.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּטוֹב אִתְעַר, דְּאִיהוּ יְמִינָא, כָּל חֵידוּ, וְכָל טִיבוּ, וְכָל בִּרְכָאן מִשְׁתַּכְּחָן, וְכֹלָּא בַּחֲשַׁאי אִיהוּ, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ, דְּאָמְרֵי בָּרוּךְ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתוֹ לְעוֹלָם וָעֶד בַּחֲשַׁאי, וְרָזָא דָא בְּגִין (ס''א דהאי איהו יחודא) דְּאִיהוּ כְּדֵין יִחוּדָא כְּדְקָא חָזֵי.

אָמַר רִבִּי חִיָּיא, וְכִי אֵלִיָּהוּ, כֵּיוָן דְּאִיהוּ גָּזַר, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְקַיֵּים. וְאִיהוּ גָּזִיר עַל שְׁמַיָא, דְּלָא לַאֲחָתָא מִטְרָא וְטַלָּא, הֵיךְ דָּחִיל אִיהוּ מֵאִיזֶבֶל, דְּשַׁדְּרַת לֵיהּ. דִּכְתִיב, (מלכים א יט) כִּי כָעֵת מָחָר אָשִׂים אֶת נַפְשְׁךָ כְּנֶפֶשׁ אַחַד מֵהֶם, וּמִיָּד דָּחִיל וְעָרַק עַל נַפְשֵׁיהּ.

אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, הָא אוּקְמוּהָ, דְּצַדִּיקַיָא לָא בָּעָאן לְאַטְרָחָא לְמָארֵיהוֹן, בְּאֲתַר דְּנִזְקָא אִשְׁתַּכְּחַת (ליה) לְעֵינָא. כְּגַוְונָא דִשְׁמוּאֵל, דִּכְתִיב, (שמואל א ט״ז:ב׳) אֵיךְ אֵלֵךְ וְשָׁמַע שָׁאוּל וַהֲרָגָנִי, אָמַר לֵיהּ, עֶגְלַת בָּקָר תִּקַּח בְּיָדֶךָ. בְּגִין דְּצַדִּיקַיָּא לָא בָּעָאן לְאַטְרָחָא לְמָארֵיהוֹן בְּאֲתַר דְּנִזְקָא אִשְׁתַּכַּח. אוּף הָכִי אֵלִיָּהוּ, כֵּיוָן דְּחָמָא דְּנִזְקָא אִשְׁתַּכַּח, לָא בָּעֵי לְאַטְרָחָא לְמָארֵיהּ.

אָמַר לֵיהּ, אֲנָא מִלָּה שְׁמַעְנָא, דְּהָא בְּאֵלִיָּהוּ לָא כְּתִיב בֵּיהּ וַיִּירָא וַיֵּלֶךְ אֶל נַפְשׁוֹ, אֶלָּא (מלכים א יט) וַיַּרְא. רְאִיָה חָמָא. וּמַה חָמָא, אֶלָּא חָמָא דְּהָא מִכַּמָּה שְׁנִין אֲזַל בַּתְרֵיהּ מַלְאַךְ הַמָּוְת, וְלָא אִתְמָסַר בִּידֵיהּ. וְהַשְׁתָּא וַיֵּלֶךְ אֶל נַפְשׁוֹ, מַאי וַיֵּלֶךְ אֶל נַפְשׁוֹ, אֲזַל לְקִיּוּמָא דְנַפְשָׁא, וּמַאן אִיהוּ אִילָנָא דְחַיֵּי לְאִתְדַּבְּקָא תַּמָּן.

תָּא חֲזֵי, כֻּלְּהוּ כְּתִיב אֶת נַפְשׁוֹ, וְהָכָא כְּתִיב אֶל נַפְשׁוֹ, וְרָזָא דָא שְׁמַעְנָא, דְּאָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, כָּל נִשְׁמָתִין דְּעַלְמָא, כֻּלְּהוּ נָפְקֵי מֵהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, וְכֻלְּהוּ נָקִיט לוֹן הַהוּא צְרוֹרָא דְחַיָּיא (דחיי), וְכַד נוּקְבָא אִתְעַבְּרַת מִן דְּכוּרָא, כֻּלְּהוּ בְּתִיאוּבְתָּא דִּתְרֵין סִטְרִין, בְּתִיאוּבְתָּא דְּנוּקְבָא לְגַבֵּי דְכוּרָא. וְכַד תִּיאוּבְתָּא דִּדְכוּרָא נָפְקָא בִּרְעוּתָא, כְּדֵין אִינוּן נִשְׁמָתִין בְּקִיּוּמָא יַתִּיר, בְּגִין דְּכֹלָּא בְּתִיאוּבְתָּא וּרְעוּ דְּאִילָנָא דְּחַיָּיא. וְאֵלִיָּהוּ, בְּגִין דְּהֲוָה מֵהַהוּא רְעוּתָא יַתִּיר מִבַּר נָשׁ אָחֳרָא, אִתְקְיַּים.

וּבְגִין כָּךְ אֶל נַפְשׁוֹ כְּתִיב, וְלָא כְּתִיב אֶת נַפְשׁוֹ. דְּהָא אֶת נַפְשׁוֹ דָּא הִיא נוּקְבָא. וְאִי תֵימָא וְאֶל הָאִשָּׁה אָמַר, כְּלָלָא דִּדְּכַר וְנוּקְבָא. כַּד הִיא בְּגוֹ דְּכוּרָא, כְּדֵין וְאֶל הָאִשָּׁה אָמַר. אֶת הָאִשָּׁה, נוּקְבָא בִּלְחוּדָהָא, וְלָא דִּדְּכוּרָא. כְּגַוְונָא דָא אֶל נַפְשׁוֹ, דָּכָר בִּלְחוֹדוֹי, אֶת נַפְשׁוֹ נוּקְבָא בִּלְחוּדָהָא וְלָא כְּלִילוּ דִּדְּכוּרָא. וּבְגִין דְּאִיהוּ מִסִּטְרָא דִּדְּכוּרָא יַתִּיר מִכָּל בְּנֵי עַלְמָא, אִתְקְיַּים בְּקִיּוּמֵיהּ יַתִּיר, וְלָא מִית כִּשְׁאָר בְּנֵי עַלְמָא. בְּגִין דְּכֹלָּא אִיהוּ מֵאִילָנָא דְחַיֵּי, וְלָא מִגּוֹ עַפְרָא. וּבְגִין דָּא אִסְתַּלַּק לְעֵילָא, וְלָא מִית כְּאֹרַח כָּל בְּנֵי עַלְמָא. דִּכְתִיב, (מלכים ב ב) וַיַּעַל אֵלִיָּהוּ בִּסְעָרָה הַשָּׁמַיִם.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וְהִנֵּה רֶכֶב אֵשׁ וְסוּסֵי אֵשׁ וְגו', (שמות קצז ע''א) דְּהָא כְּדֵין אִתְפַּשַּׁט גּוּפָא מִן רוּחָא, וְאִסְתַּלַּק דְּלָא כִּשְׁאָר אֹרַח בְּנֵי עַלְמָא. וְאִשְׁתָּאַר מַלְאֲכָא קַדִּישָׁא, כִּשְׁאָר קַדִּישֵׁי עֶלְיוֹנִין, וְעָבִיד שְׁלִיחוּתָא בְעַלְמָא. וְהָא אוּקְמוּהָ, דְּנִסִּין דְּעָבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעַלְמָא, עַל יְדֵיהּ אִתְעֲבִידָן.

וְתָא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (מלכים א י״ט:ג׳) וַיִּשְׁאַל אֶת נַפְשׁוֹ. בְּקַדְמִיתָא, וַיֵּלֶךְ אֶל נַפְשׁוֹ, כְּמָה דְאִתְּמָר בְּקִיּוּמָא. וְהָכָא אֶת נַפְשׁוֹ לָמוּת, אִילָנָא דְבֵיהּ שַׁרְיָא מוֹתָא. וְתַמָּן אִתְגְּלִי עֲלֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּמָה דִכְתִיב, (מלכים א י״ט:י״ב) צֵא וְעָמַדְתָּ בָּהָר. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ, וְאַחַר הָרַעַשׁ אֵשׁ לא בָאֵשׁ ה' וְאַחַר הָאֵשׁ קוֹל דְּמָמָה דַקָּה, דָּא הוּא אֲתַר פְּנִימָאָה דְּכֹלָּא, דְּמִנֵּיהּ נָפְקִין כָּל נְהוֹרִין.

מַה כְּתִיב, (מלכים א י״ט:י״ג) וַיְהִי כִּשְׁמֹעַ אֵלִיָּהוּ וַיָּלֶט פָּנָיו בְּאַדַּרְתּוֹ וְהִנֵּה אֵלָיו קוֹל וַיֹּאמֶר (תשא ק''ץ ע''א) מַה לְּךָ פֹה אֵלִיָּהוּ וַיֹּאמֶר קַנֹּא קִנֵּאתִי, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, עַד מָתַי אַתָּה מְקַנֵּא לִי, טְרָקַת גַּלָּא דְּלָא
- [...] la mort ne peut avoir jamais aucune prise sur toi ; mais le monde non plus ne peut tolérer que tu vives ensemble avec les autres hommes. Lorsqu’Élie dit : “ Parce que les enfants d’Israël ont abandonné ton Alliance ”, le Saint, béni soit-il, lui répondit (29) : Je jure sur ta vie que partout où les hommes observeront l’Alliance sacrée, tu seras présent.
Remarquez le mal causé par la parole d’Élie ; car il est écrit (III Rois, XIX, 18) : “ Et je me suis réservé dans Israël sept mille hommes qui n’ont point fléchi le genou devant Baal, et qui ne l’ont point adoré en portant la main à leur bouche pour la baiser. ” Le Saint, béni soit-il, dit à Élie : Puisque le monde ne peut plus te tolérer parmi les autres hommes, “ Va (III Rois, XIX, 16) sacrer Etisée, fils de Saphat, qui est d’Abel-Méhula, pour être prophète en ta place. ” Dieu lui indiqua ainsi que les hommes auraient un autre prophète, mais que lui devait retourner à sa place. Remarquez, en outre, que quiconque brûle de zèle pour le Saint, béni soit-il, sera à l’abri de l’ange exterminateur qui n’aura pas de prise sur lui comme sur les autres hommes ; un tel homme vivra en paix, ainsi que l’Écriture (Nomb, XXV, 12) dit de Phineès : “ C’est pourquoi dis-lui que je lui donne la paix de mon Alliance. ” Il est écrit (Gen., XLV, 14) : “ Et il se jeta au cou de Benjamin, son frère, pour l’embrasser, et il pleura ; et Benjamin pleura aussi à son cou. ”
Rabbi Isaac dit : Il a, été expliqué que Joseph a pleuré la destruction du premier temple et du second. Il commença, en outre, à parler de la manière suivante : Il est écrit (Cant., XXV, 12) : “ Comme la tour de David, tel est ton cou, bâti sur une hauteur ; mille boucliers y sont suspendus, ainsi que les armes des plus vaillants. ” Littéralement, “ la tour de David ” désigne réellement la tour que David a fait bâtir dans la ville de Jérusalem. Mais, analogiquement, “ la tour de David ” désigne en vérité la Jérusalem céleste, ainsi qu’il est écrit (Prov., XVIII, 10) : “ Le nom du Seigneur est une forte tour ; le juste y a recours, et il y trouve une haute forteresse. ” C’est précisément cette haute forteresse qui est le séjour du “ Juste ”. Le “ cou ” désigne le sanctuaire d’ici-bas ; car, de même que le cou forme la beauté de tout le corps, de même le sanctuaire forme la beauté de tout le monde. Le terme : “ Bâti sur une hauteur ” signifie que tous les regards sont tournés vers le sanctuaire, et que tous les hommes y adressent leurs prières. La phrase : “ Mille boucliers y sont suspendus ” désigne les mille ornements qui paraient le sanctuaire ; enfin, les mots : “ ... Les armes des plus vaillants ” désignent ceux qui émanent du côté de la rigueur. Ainsi, le “ cou ” désigne le sanctuaire à Jérusalem ; car, de même que la femme suspend tous ses bijoux à son cou, de même tous les ornements du monde étaient suspendus au sanctuaire de Jérusalem. C’est ainsi qu’on a également interprété le verset suivant (Lam., V, 5) : “ On vous a entraînés au cou. ” Car, de même que, lorsqu’on coupe le cou, tout le corps périt, de même, en détruisant le sanctuaire, tout le monde fut plongé dans les ténèbres ; et le soleil ainsi que les étoiles du ciel cessèrent d’éclairer la terre. C’est pourquoi Joseph a pleuré en parlant avec Benjamin, ainsi qu’en parlant avec ses frères ; il a pleuré sur la destruction du premier et du second sanctuaires et sur l’exil des dix tribus et sur leur dispersion parmi les autres peuples.
L’Écriture ajoute : “ Et après cela ses frères lui parlèrent. ” Mais l’Écriture ne dit pas qu’ils avaient pleuré, parce que Joseph seul, inspiré par l’Esprit Saint, a prévu l’avenir, alors que ses frères n’étaient point inspirés ; et c’est pourquoi ils n’ont point pleuré.
Il est écrit (Gen., XLV, 16) : “ Et le bruit parvint jusqu’à la maison de Pharaon. ” Rabbi Abba (30) ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., LXXXIV, 7) : “ Mon âme désire ardemment d’être dans le parvis du Seigneur ; mon cœur et ma chair tressaillent en chantant la gloire du Dieu vivant. ” Remarquez que tout homme doit adresser la prière à son Maître chaque jour et à l’heure convenue. Le matin, l’homme doit s’unir à la droite du Saint, béni soit-il ; et, dans la prière des vêpres, il doit s’unir à la gauche de Dieu. Il a été dit que, pendant la prière, l’homme ne doit élever sa voix au point que celle-ci puisse étre entendue, et la prière ne sera pas exaucée, si elle est récitée à haute voix. Pourquoi ? Parce que [...]
(Ⅰ)
[210a]  
יָכִיל לְשַׁלְּטָאָה בָּךְ מוֹתָא לְעָלְמָא, וְעַלְמָא לָא יָכִיל לְמִסְבְּלָךְ עִם בָּנַי (נשא). אָמַר לֵיהּ, כִּי עָזְבוּ בְרִיתְךָ בְּנִי יִשְׂרָאֵל וְגו'. אָמַר לֵיהּ, חַיֶּיךָ, דְּבְּכָל אֲתַר דְּבָנַי (נשא) יְקַיְּימוּ קְיָים קַדִּישָׁא, אַנְתְּ תְּהֵא זַמִּין תַּמָּן. (ד''א והא אתמר בגין כך מתקנין כורסיא לאליהו דאיהו זמין תמן)

תָּא חֲזֵי, מַה גָּרַם הַהִיא מִלָּה דְאֵלִיָּהוּ, דִּכְתִיב, (מלכים א יט) וְהִשְׁאַרְתִּי בְּיִשְׂרָאֵל שִׁבְעַת אֲלָפִים כָּל הַבִּרְכַּיִם אֲשֶׁר לא כָּרְעוּ לַבַּעַל וְכָל הַפֶּה אֲשֶׁר לֹא נָשַׁק לוֹ. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מִכָּאן וּלְהָלְאָה, דְּלָא יָכִיל עַלְמָא לְמִסְבְּלָךְ עִם בָּנַי (נשא). וְאֶת אֱלִישָׁע בֶּן שָׁפָט מֵאָבֵל מְחוֹלָה תִּמְשַׁח לְנָבִיא תַּחְתֶּיךָ. יְהֵא נְבִיאָה אָחֳרָא לְגַבֵּי בָּנַי (נשא), וְאַתְּ תִּסְתַּלַּק לְאַתְרָךְ.

וְתָּא חֲזֵי, כָּל הַהוּא בַּר נָשׁ דִּמְקַנִּי לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָא יָכִיל מַלְאֲכָא דְמוֹתָא לְשַׁלְּטָאָה בֵּיהּ, כִּשְׁאָר בְּנֵי נָשָׁא. וְיִתְקַיֵּים בֵּיהּ שְׁלָם, וְהָא אוּקְמוּהָ. כְּמָה דְאִתְּמָר בְּפִנְחָס, (במדבר כה) לָכֵן אֱמוֹר הִנְנִי נוֹתֵן לוֹ אֶת בְּרִיתִי שָׁלוֹם: וַיִּפּוֹל עַל צַוְּארֵי בִּנְיָמִן אָחִיו וַיֵּבְךִ וּבִנְיָמִן בָּכָה עַל צַוָּארָיו. רִבִּי יִצְחָק אָמַר, הָא אוּקְמוּהָ, דְּבָכָה עַל מִקְדָּשׁ רִאשׁוֹן וְעַל מִקְדָּשׁ שֵׁנִי.

פָּתַח וְאָמַר, (שיר השירים ד) כְּמִגְדַּל דָּוִד צַוָּארֵךְ בָּנוּי לְתַלְפִּיּוֹת אֶלֶף הַמָּגֵן תָּלוּי עָלָיו כֹּל שִׁלְטֵי הַגִּבּוֹרִים. כְּמִגְדַּל דָּוִד, מַאן מִגְדַּל דָּוִד. דָּא מִגְדַּל דָּוִד וַדַּאי, דְּבָנָה לֵיהּ דָּוִד, וְסָלִיק לֵיהּ גּוֹ יְרוּשָׁלַיִם. אֶלָּא כְּמִגְדַּל דָּוִד, דָּא יְרוּשָׁלֵם דִּלְעֵילָא, דִּכְתִיב בֵּיהּ, (משלי יח) מִגְדַּל עֹז שֵׁם ה' בּוֹ יָרוּץ צַדִּיק וְנִשְׂגָּב. מַאן נִשְׂגָּב, אֶלָּא הַהוּא מִגְדַּל נִשְׂגָּב, בְּגִין דְּבֵיהּ יָרוּץ צַדִּיק.

צַוָּארֵךָ, דָּא בֵּית מַקְדְּשָׁא דִלְתַתָּא, דְּאִיהוּ קָאִים בְּתִקּוּנָא דְּשַׁפִּירוּ, כְּקַדְלָא לְגוּפָא. מַה צַּוָּאר, אִיהוּ שַׁפִּירוּ דְּכָל גּוּפָא, הָכִי נָמֵי בֵּי מַקְדְּשָׁא, אִיהוּ שַׁפִּירוּ דְּכָל עַלְמָא.

בָּנוּי לְתַלְפִּיּוֹת, תִּלָּא דְּכָל בְּנֵי עַלְמָא הֲווּ מִסְתַּכְּלָן בֵּיהּ, וְהָכִי אוּקְמוּהָ, תַּלְפִּיּוֹת, תֵּל דְּכָל פִּיּוֹת דְּעַלְמָא מְשַׁבְּחָן וּמְצַלָּאן לְגַבֵּיהּ.

אֶלֶף הַמָּגֵן תָּלוּי עָלָיו, אִלֵּין אֶלֶף תִּקּוּנִין, דִּמְתַקְּנִין בֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת. כֹּל שִׁלְטֵי הַגִּבּוֹרִים, דְּכֻלְּהוּ קָא אַתְיָין מִסִּטְרָא דְּדִינָא קַשְׁיָא.

מַה צַּוָּאר, כָּל תִּקּוּנִין דְּאִתְּתָא בֵּיהּ תַּלְיָין. כָּךְ בְּמַקְדְּשָׁא, כָּל תִּקּוּנִין דְּעַלְמָא בֵּיהּ תַּלְיָין וְשָׁרְיָין. וְהָא אוּקְמוּהָ, דִּכְתִיב, (איכה ה׳:ה׳) עַל צַוָּארֵינוּ נִרְדָּפְנוּ, עַל בֵּי מַקְדְּשָׁא, דְּאִיהוּ צַוָּאר וְשַׁפִּירוּ דְּכָל עַלְמָא. נִרְדָּפְנוּ, יָגַעְנוּ לְמִבְנֵי לֵיהּ תְּרֵין זִמְנִין, וְלֹא הוּנַח לָנוּ. דְּהָא לָא שָׁבְקוּהָ לָן, וְאִתְחָרַב וְלָא אִתְבְּנֵי לְבָתַר.

מַה צַּוָּאר, כֵּיוָן דְּאִשְׁתֵּצֵי, כָּל גּוּפָא אִשְׁתֵּצֵי עִמֵּיהּ. הָכִי נָמֵי בֵּי מַקְדְּשָׁא, כֵּיוָן דְּאִיהוּ אִשְׁתֵּצֵי וְאִתְחַשַּׁךְ, כָּל עַלְמָא הָכִי נָמֵי אִתְחַשַּׁךְ, וְלָא נָהִיר שִׁמְשָׁא, וְלָא שְׁמַיָא וְאַרְעָא וְכֹכְבַיָא.

בְּגִין כָּךְ בָּכָה יוֹסֵף עַל דָּא. וּלְבָתַר דְּבָכָה עַל דָּא, בָּכָה עַל שִׁבְטִין דְּאִתְגָּלוּ. כַּד אִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא, כֻּלְּהוּ שִׁבְטִין אִתְגָּלוּ מִיָּד, וְאִתְבַּדְּרוּ בֵּינֵי עַמְמַיָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְנַשֵּׁק לְכָל אֶחָיו וַיֵּבְךִ עֲלֵיהֶם, עֲלֵיהֶם וַדַּאי. עַל כֻּלָּם בָּכָה, עַל בֵּי מַקְדְּשָׁא דְּאִתְחָרִיב תְּרֵין זִמְנִין, וְעַל אֲחוֹי עֲשֶׂרֶת הַשְּׁבָטִים, דְּאִתְגָּלוּ בְּגָלוּתָא וְאִתְבַּדְּרוּן בֵּינֵי עַמְמַיָא. וְאַחֲרֵי כֵן דִּבְּרוּ אֶחָיו אִתּוֹ, וְלָא כְּתִיב וַיִּבְכּוּ, דְּהָא אִיהוּ בָּכָה, דְּנִצְנְצָה בֵּיהּ רוּחָא קַדִּישָׁא, וְאִינוּן לָא בָּכוּ, דְּלָא שָׁרָא עֲלַיְיהוּ רוּחַ קוּדְשָׁא:

וְהַקֹּל נִשְׁמַע בֵּית פַּרְעֹה. רִבִּי (אלעזר) אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים פ״ד:ג׳) נִכְסְפָה וְגַם כָּלְתָה נַפְשִׁי לְחַצְרוֹת ה' לִבִּי וּבְשָׂרִי יְרַנְּנוּ אֶל אֵל חָי. תָּא חֲזֵי, כָּל בַּר נָּשׁ דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ (וקם) קַמֵּי מָארֵיהּ, אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְאַקְדָּמָא לֵיהּ בִּרְכָאן בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא, וּלְצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ קַמֵּי מָארֵיהּ בְּזִמְנָא דְאִצְטְרִיךְ.

בְּצַפְרָא, לְאַחֲדָא בִּימִינָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בְּמִנְחָה, לְאַחֲדָא בִּשְׂמָאלָא. וּצְלוֹתָא וּבָעוּתָא, אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא בְּגִין לְאִתְאַחֲדָא בֵּיהּ. וְאוֹקִימְנָא, מַאן דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ, (וקם) קַמֵּי מָארֵיהּ, אִצְטְרִיךְ לֵיהּ דְּלָא לְמִשְׁמַע קָלֵיהּ בִּצְלוֹתֵיהּ. וּמַאן דְּאַשְׁמַע קָלֵיהּ בִּצְלוֹתֵיהּ, צְלוֹתֵיהּ לָא אִשְׁתְּמַע.

מַאי טַעְמָא. בְּגִין
- [...] la vraie prière se fait en silence, alors que les cris ne sont pas une prière (31). Et qu’est-ce qu’une prière ? C’est la voix qui dépend d’une autre voix entendue. Et quelle est la voix entendue ? C’est la voix (qol) avec un Vav. Cette voix est entendue ; mais les voix ici-bas ne doivent pas être entendues (32). C’est pourquoi la prière de l’homme doit être récitée à voix basse ; et c’est alors seulement qu’elle est exaucée, ainsi qu’il est écrit (II Rois, I, 13) : “ Et l’on voyait seulement remuer ses lèvres sans qu’on entendît aucune parole. ” On trouve une allusion à ce précepte dans les paroles de l’Écriture. “ Et la voix (qol) fut entendue dans la maison de Pharaon. ” Le mot “ qol ” est ici écrit sans Vav, pour nous indiquer que la prière faite à voix basse est la voix suprême de laquelle émanent toutes les voix ; “ qol ” sans Vav désigne la prière d’ici-bas par laquelle l’homme cherche toujours à s’attacher au Vav. C’est cette voix qui a pleuré sur la destruction du premier et du deuxième sanctuaires ; c’est cette voix qui fut entendue, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXI, 15) : “ Une voix fut entendue d’en haut. ” “ En haut ” désigne le monde céleste, ainsi qu’il est écrit (Ps., CVI, 48) : “ Béni soit le Seigneur, le Dieu d’Israël, d’un monde à l’autre monde ”, ce qui désigne le monde céleste. C’est donc au monde céleste que cette voix fut entendue. Et l’Écriture dit ailleurs (Is., XXII, 12) : “ Le Seigneur, le Dieu des armées, vous invitera aux larmes et aux soupirs, etc. ” Cette voix monte en haut et y fait entendre ses pleurs parce que le Vav s’est détourné d’Israël. C’est pour cette raison que “ Rachel pleure toujours et ne peut se consoler sur ses enfants qui n’est plus là. ” L’Écriture dit : “ ... Qui n’est plus là ”, au lieu de : “ ... Qui ne sont plus là ”, parce que ces paroles se rapportent au mari et non aux enfants. Car si le mari s’était trouvé auprès d’elle, il aurait pu la consoler.
Remarquez que l’Écriture dit ici “ la maison de Pharaon (33) ” ; c’est la maison d’en haut d’où jaillissent toutes les lumières et toutes les lampes, et où tout ce qui est caché se dévoile. C’est pourquoi Dieu a fait sortir toutes ses lumières et ses lampes afin d’illuminer cette voix “ qol ” qui est sans Vav.
Remarquez que lorsque le Saint, béni soit-il, relèvera “ qol ”, c’est-à-dire Israël, de la terre et l’unira de nouveau au Vav, Israël acquerra de nouveau les lumières célestes dont il était privé pendant l’exil, ainsi qu’il est écrit (Is., XXVII, 13) : “ En ce temps-là, la trompette retentira avec un grand bruit ; ceux qui étaient perdus dans la terre des Assyriens, ou bannis au pays d’Égypte, reviendront pour adorer le Seigneur sur la montagne sainte, dans Jérusalem. ” Il est écrit (Gen., XLV, 19) : “ Ordonne aussi d’amener des chariots de l’Égypte, pour faire venir leurs femmes et leurs petits-enfants. ”
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., LXVI, 10) : “ Réjouissez-vous avec Jérusalem ; soyez dans l’allégresse avec elle, vous tous qui l’aimez ; joignez les sentiments de votre joie à la sienne, vous tous qui pleurez sur elle. ” Remarquez que, lorsque le sanctuaire a été détruit et qu’Israël a été exilé à cause de ses Péchés, le Saint, béni soit-il, s’est retiré au plus haut des cieux et n’a plus jeté de regards sur le sanctuaire qui a été détruit, ni sur Israël qui a été exilé. Aussi la Schekhina s’était-elle exilée avec Israël. Lorsqu’il descendit ensuite et qu’il vit sa maison brûlée et son peuple exilé, il demanda sa Matrona ; mais celle-ci avait disparu. C’est à ce moment que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Is., XXII, 12) : “ Alors le Seigneur, le Dieu des armées, invitera aux larmes et aux soupirs, etc. ”
De la Schekhina, l’Écriture (Joël, I, 8) dit également : “ Pleure comme une jeune femme, qui se revêt d’un sac pour pleurer celui qu’elle avait épousé étant fille. ” A cette époque, les cieux et la terre ont aussi pleuré la destruction du sanctuaire, ainsi qu’il est écrit (Is., I, 3) : “J’envelopperai les cieux de ténèbres et je les couvrirai d’un sac. ” Les anges d’en haut ont également pleuré la destruction du sanctuaire, ainsi qu’il est écrit (Is., XXIII, 7) : “ Ceux de la campagne ont poussé des cris, et les anges de la paix pleurent amèrement. ” Le soleil et la lune ont également pleuré la destruction du sanctuaire ; et leur lumière se changea en ténèbres, ainsi qu’il est écrit (Is., XIII, 40) : “ Le soleil à son lever se couvrira de ténèbres, et la lune n’éclairera plus. ” Ainsi, tous les êtres d’en haut et d’en bas ont versé des larmes [...]
(Ⅰ)
[210b]  
(שמות ר''ב ע''ב) דִּצְלוֹתָא, לָאו אִיהִי הַהִיא קָלָא דְּאִשְׁתְמַע. דְּהַהוּא קוֹל דְּאִשְׁתַּמַּע לָאו הִיא צְלוֹתָא. וּמַאן אִיהִי צְלוֹתָא. דָּא קָלָא אָחֳרָא, דְּתַלְיָא בְּקָלָא דְאִשְׁתְּמַע, וּמַאן הוּא קָלָא דְּאִשְׁתְּמַע. דָּא הַהוּא קוֹל דְּהוּא בְּוא''ו, קָלָא דְתַלְיָא בֵּיהּ, דָּא הַהוּא קֹל בְּלָא וא''ו.

וּבְגִין כָּךְ, לָא אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמִשְׁמַע קָלֵיהּ בִּצְלוֹתֵיהּ, אֶלָּא לְצַלָּאָה בְּלַחַשׁ, בְּהַהוּא קָלָא דְּלָא אִשְׁתְּמַע. וְדָא הִיא צְלוֹתָא דְּאִתְקַבָּלַת תָּדִיר. וְסִימָנִיךְ, וְהַקֹּל נִשְׁמַע, קֹל בְּלָא וא''ו, נִשְׁמַע. דָּא הִיא צְלוֹתָא דְּהִיא בַּחֲשַׁאי. דִּכְתִיב בְּחַנָּה, (שמואל א א׳:י״ג) וְקוֹלָהּ לא יִשָּׁמַע. דָּא הִיא צְלוֹתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קַבִּיל, כַּד אִתְעֲבִיד גּוֹ רְעוּתָא וְכַוָּונָה וְתִקּוּנָא כְּדְקָא יְאוּת, וּלְיַחֲדָא יִחוּדָא דְמָרֵיהּ כְּדְקָא יָאוֹת בְּכָל יוֹמָא. (והקל נשמע בית פרעה. והקל נשמע חסר וא''ו, מאי טעמא, אמר רבי אלעזר, דא היא שכינתא דבכאת על חרוב בי מקדשא ועל גלותהון דישראל. כתיב הכא, והקל נשמע, וכתיב התם, (ירמיהו ל״א:ט״ו) קול ברמה נשמע. מה להלן שכינתא, אף כאן נמי שכינתא).

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, קָלָא בַּחֲשַׁאי, דָּא הִיא קָלָא עִלָּאָה, דְּכָל קָלִין נָפְקִין מִתַּמָּן. אֲבָל קֹל בְּלָא ו', דָּא הִיא צְלוֹתָא דִלְתַתָּא, דְּאִיהִי אָזְלָא לְאִסְתַּלְּקָא בְּוא''ו וּלְאִתְחַבְּרָא בֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, וְהַקֹּל נִשְׁמַע, דָּא הוּא קֹל בְּלָא וא''ו. דָּא הִיא קָלָא דְּבָּכַאת עַל מִקְדָּשׁ רִאשׁוֹן וְעַל מִקְדָּשׁ שֵׁנִי. נִשְׁמַע, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע. בְּרָמָה, מַאי בְּרָמָה. דָּא הוּא עַלְמָא עִלָּאָה, עַלְמָא דְאָתֵי. וְסִימָנִיךְ, מִן הָרָמָה וְעַד בֵּית אֵל, (תהילים ק״ו:מ״ח) מִן הָעוֹלָם וְעַד הָעוֹלָם. הָכָא בְּרָמָה, דָּא עַלְמָא עִלָּאָה. דְּהָא בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דִּי בְּרָמָה נִשְׁמַע. כְּדֵין מַה כְּתִיב, (ישעיהו כ״ב:י״ב) וַיִּקְרָא ה' אֱלהִים צְבָאוֹת בַּיּוֹם הַהוּא לִבְכִי וּלְמִסְפֵּד וְגו'.

וְהַקֹּל נִשְׁמַע, לְעֵילָא לְעֵילָא. מַאי טַעְמָא. בְּגִין דְּוא''ו אִתְרַחַק וְאִסְתַּלַּק מִנֵּיהּ, וּכְדֵין רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנֶיהָ מֵאֲנָה לְהִנָּחֵם עַל בָּנֶיהָ כִּי אֵינֶנוּ. כִּי אֵינֶנּוּ, כִּי אֵינָם מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא כִּי אֵינֶנּוּ, וְהָא אוֹקִימְנָא, כִּי אֵינֶנּוּ, דְּבַעֲלָהּ לָא אִשְׁתַּכַּח עִמָּהּ. דְּאִלְּמָלֵא בַּעֲלָהּ יִשְׁתַּכַּח עִמָּהּ, תִּתְנַחֵם עֲלַיְיהוּ. דְּהָא כְּדֵין בְּנָהָא, לָא יְהוֹן בְּגָלוּתָא. וּבְגִין דְּאֵינֶנּוּ, לָאו אִיהִי מִתְנַחֲמָא עַל בְּנָהָא, בְּגִין דִּבְנָהָא אִתְרַחֲקוּ מִנָּהּ, עַל דְּאֵינֶנּוּ עִמָּהּ.

תָּא חֲזֵי, בֵּית פַּרְעֹה, דָּא הוּא סִימָנִיךְ לְעֵילָא, בֵּיתָא דְּאִתְפְּרָעוּ וְאִתְגַּלְּיָין מִנֵּיהּ כָּל נְהוֹרִין וְכָל בּוּצִינִין, כָּל מַה דְּהֲוָה סָתִים, מִתַּמָּן אִתְגְּלִי. וּבְגִין כָּךְ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַפִּיק כָּל נְהוֹרִין וְכָל בּוּצִינִין, בְּגִין לְאַנְהָרָא לְהַהוּא קוֹל, דְּאִקְרֵי קֹל בְּלָא וא''ו.

תָּא חֲזֵי, כַּד יָקִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְהַאי קֹל מֵעַפְרָא, וְיִתְחַבַּר בְּוא''ו, כְּדֵין כָּל מַה דְּאִתְאֲבִיד מִנַּיְיהוּ בְּזִמְנָא דְגָלוּתָא, יִתְהֲדַר וְיִתְעַדְּנוּן בִּנְהוֹרִין עִלָּאִין דְּאִתּוֹסְפָן מִגּוֹ עַלְמָא עִלָּאָה. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו כ״ז:י״ג) וְהָיָה בַּיּוֹם הַהוּא יִתָּקַע בְּשׁוֹפָר גָּדוֹל וּבָאוּ הָאוֹבְדִים בְּאֶרֶץ אַשּׁוּר וְהַנִּדָּחִים בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם וְהִשְׁתַּחֲווּ לַה' בְּהַר הַקֹּדֶשׁ בִּירוּשָׁלָם:

וְאַתָּה צֻוֵּיתָה זֹאת עֲשׂוּ קְחוּ לָכֶם מֵאֶרֶץ מִצְרַיִם וְגו'. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח, (ישעיהו ס״ו:י׳) שִׂמְחוּ אֶת יְרוּשָׁלַם וְגִילוּ בָהּ כָּל אוֹהֲבֶיהָ שִׂישׂוּ אִתָּהּ מָשׂוֹשׂ וְגו'. תָּא חֲזֵי, כַּד אִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא וְגָרְמוּ חוֹבִין, וְאִתְגָּלוּ יִשְׂרָאֵל מֵאַרְעָא, (ויקרא ע''ה ע''א) אִסְתַּלַּק קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעֵילָא לְעֵילָא, וְלָא אַשְׁגַּח עַל חָרוּב בֵּי מַקְדְּשָׁא, וְעַל עַמֵּיהּ דְּאִתְגָּלוּ, וּכְדֵין שְׁכִינְתָּא אִתְגַּלְּיָיא עִמְּהוֹן.

כַּד נָחַת, אַשְׁגַּח עַל בֵּיתֵיהּ דְּאִתּוֹקַד, אִסְתַּכַּל עַל עַמֵּיהּ וְהָא אִתְגְּלִי. שָׁאַל עַל מַטְרוֹנִיתָא וְאִתְתָּרְכַת. כְּדֵין וַיִּקְרָא ה' אֱלֹהִים צְבָאוֹת בַּיּוֹם הַהוּא לִבְכִי וּלְמִסְפֵּד וּלְקָרֵחָה וְלַחֲגֹר שָׂק. וְהִיא גַּם הִיא מַה כְּתִיב בָּהּ, (יואל א׳:ח׳) אֱלִי כִּבְתוּלָה חֲגֻרַת שַׂק עַל בַּעַל נְעוּרֶיהָ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר כִּי אֵינֶנּוּ, בְּגִין דְּאִסְתַּלַּק מִינָהּ, וְאִשְׁתַּכַּח פִּירוּדָא.

וְאֲפִילּוּ שְׁמַיָא וְאַרְעָא, כֻּלְּהוּ אִתְאַבָּלוּ, דִּכְתִיב, (ישעיהו נ׳:ג׳) אַלְבִּישׁ שָׁמַיִם קַדְרוּת וְשַׂק אָשִׂים כְּסוּתָם. מַלְאֲכֵי עִלָּאֵי כֻּלְּהוּ אִתְאַבָּלוּ עֲלֵיהּ, דִּכְתִיב, (ישעיהו ל״ג:ז׳) הֵן אֶרְאֶלָּם צָעֲקוּ חֻצָּה מַלְאַכֵי שָׁלוֹם מַר יִבְכָּיוּן. שִׁמְשָׁא וְסִיהֲרָא אִתְאַבָּלוּ וְחָשְׁכוּ נְהוֹרֵיהוֹן. דִּכְתִיב, (ישעיהו י״ג:י׳) חָשַׁךְ הַשֶּׁמֶשׁ בְּצֵאתוֹ וְגו', וְכֹלָּא עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי, בָּכוּ עֲלָהּ
- [...] et porté le deuil lors de la destruction du sanctuaire. Pourquoi ? -A cause de l’ “ autre côté ” qui dominait sur la terre sainte, après la destruction du sanctuaire. Rabbi Hiyâ commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Éz., VII, 2) : “ Et toi, fils de l’homme, voici ce que dit le Seigneur Dieu à la terre d’Israël : La “ Fin ” vient, elle vient cette Fin sur les quatre coins de cette terre. ” Ce verset renferme un mystère suprême. Quel rapport y a-t-il entre la fin et la terre d’Israël ? Mais il y a une “ Fin ” du côté droit, et une “ Fin ” du côté gauche. La “ Fin ” du côté droit est indiquée dans les paroles (Dan., XII, 13) : “ Fin de la droite. ” Et la “ Fin ” du côté gauche est indiquée dans le verset (Job, XXVIII, 13) suivant : “ Il mit une Fin aux ténèbres. ” C’est la même “ Fin ” dont parle l’Écriture (Gen., VI, 13) : “ La Fin de toute chair est venue devant moi. ” Tel est le sens du verset précité : “ La Fin vient... ”, ce qui veut dire : la “ Fin ” du côté gauche est venue exercer son pouvoir sur la terre. sainte, alors qu’auparavant c’était la “ Fin ” du côté droit qui y exerçait son pouvoir. La “ Fin ” du côté droit constitue la “ Fin ” de l’esprit tentateur ; et la “ Fin ” du côté gauche constitue la “ Fin ” de l’esprit du bien.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : “ Voici ce que dit le Seigneur Dieu : Une affliction vient, et tout aussitôt il en vient une autre. ” Ceux qui ont pleuré la destruction du sanctuaire se réjouiront lorsque la “ Fin ” du côté gauche sera brisée et que la “ Fin ” du côté droit reprendra sa domination, ainsi qu’il est écrit (Is., LXVI, 10) : “ Joignez les sentiments de votre joie à la sienne, vous tous qui pleurez sur elle. ” Remarquez que l’Écriture (Jér., XLVI, 20° dit de l’Égypte : “ L’Égypte est comme une génisse belle et agréable. ” Comme Israël a été pendant nombre d’années sous la domination de la génisse, c’est-à-dire du démon, Joseph fait allusion à cette domination (34).
Rabbi Éléazar dit : Joseph fit allusion avec son père à la génisse qu’on devait décapiter en cas de meurtre (Deut., XXI, 1-9) ; car c’était à cette section de la Loi que Joseph a été séparé de son père, ainsi que cela a été dit. La génisse qu’on doit décapiter en cas de meurtre a pour but de concilier l’ange destructeur. Car tous les hommes passent par la main de cet ange, excepté celui qui est tué avant le temps. Et c’est pour empêcher l’ange destructeur de requérir contre les hommes, parce que ceux-ci ont empiété sur son droit d’ôter les âmes, qu’on lui offre la génisse en question (35).
Remarquez que Jacob n’avait pas accompagné Joseph au moment où celui-ci l’avait quitté ; Jacob se l’était reproché, parce qu’en accompagnant un homme qui va en voyage, on contribue à ce qu’il soit préservé de tout accident (36). C’est pourquoi Jacob a dit (Gen., XXXVII, 35) : “ Je pleurerai toujours ; car je descendrai à cause de mon fils dans le Scheol. ” Jacob voulait dire : Je suis la cause de la perte de mon fils pour avoir omis de l’accompagner au moment de son départ. Rabbi Siméon dit : L’Écriture (Gen., XLV, 27) dit d’abord : “ Et l’esprit de Jacob, leur père revit. ” Et ensuite elle ajoute : “ Et Israël dit : Je n’ai plus rien à souhaiter, puisque mon fils Joseph vit encore. ” Elle l’appelle d’abord Jacob et ensuite Israël, parce que tant que la Schekhina était éloignée de Jacob (parce que les tribus l’avaient associée à leur serment de garder le secret de la vente de Joseph), Jacob était placé à un degré inférieur. Mais aussitôt qu’il apprit la bonne nouvelle de Joseph, la Schekhina se révéla de nouveau à, lui ; et c’est pourquoi [...]
(Ⅰ)
[211a]  
וְאִתְאַבָּלוּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּשָׁלְטָא עֲלָהּ סִטְרָא אָחֳרָא, דְּשָׁלְטָא עַל אַרְעָא קַדִּישָׁא.

פָּתַח וְאָמַר, (יחזקאל ז) וְאַתָּה בֶּן אָדָם כֹּה אָמַר ה' אֱלֹהִים לְאַדְמַת יִשְׂרָאֵל קֵץ בָּא הַקֵּץ עַל אַרְבַּע כַּנְפוֹת הָאָרֶץ. הַאי קְרָא רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ. לְאַדְמַת יִשְׂרָאֵל קֵץ, מַאי אִיהוּ. וְכִי אַדְמַת יִשְׂרָאֵל קֵץ הִיא. אֶלָּא הָכִי הוּא וַדַּאי וְאִתְּמָר, קֵץ אִיהוּ לִימִינָא, קֵץ אִיהוּ לִשְׂמָאלָא. קֵץ לִימִינָא, דִּכְתִיב, (דניאל יב) לְקֵץ הַיָּמִין. קֵץ לִשְׂמָאלָא, דִּכְתִיב, (איוב כח) קֵץ שָׂם לַחשֶׁךְ וּלְכָל תַּכְלִית הוּא חוֹקֵר, וְדָא הוּא (בראשית ו) קֵץ כָּל בָּשָׂר, כְּמָה דְאִתְּמָר. קֵץ דִּימִינָא, הַיְינוּ דִכְתִיב לְאַדְמַת יִשְׂרָאֵל קֵץ. בָּא הַקֵּץ, דָּא קֵץ דִּשְׂמָאלָא. קֵץ דִּימִינָא, דָּא קֵץ דְּיֵצֶר הַטּוֹב. קֵץ דִּשְׂמָאלָא, דָּא קֵץ דְּיֵצֶר הָרָע, וְדָא אִיהוּ דְּכַד חוֹבִין גָּרְמוּ וְאִתְגַּבְּרוּ, אִתְגְּזַר וְאִתְיְיהִיב שָׁלְטָנָא לְמַלְכוּת הָרְשָׁעָה לְשַׁלְטָאָה, וּלְחָרָבָא בֵּיתֵיהּ וּמִקְדְּשֵׁיהּ. וְדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל ז) כֹּה אָמַר ה' אֱלהִים רָעָה אַחַר רָעָה הִנֵּה בָאָה, וְכֹלָּא חַד.

וּבְגִין כָּךְ, אִתְאַבָּלוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי עַל דְּאִתְיְיהִיב שָׁלְטָנוֹ לְהַאי קֵץ דִּשְׂמָאלָא. וּבְגִין כָּךְ, כֵּיוָן דְּמַלְכוּ קַדִּישָׁא, מַלְכוּת שָׁמַיִם אִתְכַּפְיָא, וּמַלְכוּת חַיָּיבָא (אחרא) אִתְגַּבַּר. (כדין) אִית לֵיהּ לְכָל בַּר נָשׁ, לְאִתְאַבָּלָא עִמָּהּ, וּלְאִתְכַּפְיָא עִמָּהּ. וּבְגִין דְּכַד אִיהִי יִזְדַּקְּפָא, וְעַלְמָא יִתְחַדֵּי, יִתְחַדֵּי אִיהוּ בַּהֲדָהּ. דִּכְתִיב, (ישעיה סו) שִׂישׂוּ אִתָּהּ מָשׂוֹשׂ כָּל הַמִּתְאַבְּלִים עָלֶיהָ.

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב בְּהוּ בְּמִצְרַיִם, (ירמיה מו) עֶגְלָה יְפִיפִיָה מִצְרַיִם. וְרָזָא דְּעֶגְלָה דָא, הֲווּ יִשְׂרָאֵל תְּחוֹת שָׁלְטָנֵיהּ כַּמָּה זִמְנִין וְכַמָּה שְׁנִין. וּבְגִין דִּזְמִינִין יִשְׂרָאֵל לְשַׁלְּטָאָה לְבָתַר עֲלָהּ, אִתְרְמִיז לוֹן הַשְׁתָּא עֲגָלוֹת.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, רֶמֶז רָמַז לֵיהּ יוֹסֵף לְיַעֲקֹב עַל עֶגְלָה עֲרוּפָה. דְּהָא בְּהַהוּא פִּרְקָא אִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ. וְאוּקְמוּהָ, עֶגְלָה עֲרוּפָה, דְּאִיהִי אַתְיָא עַל דְּאִשְׁתַּכַּח קָטוֹלָא, וְלָא אִתְיְידַע מַאן קָטִיל לֵיהּ. וּבְגִין דְּלָא יִשְׁלְטוּן עַל אַרְעָא רוּחִין בִּישִׁין דְּלָא אִצְטְרִיכוּ, יַהֲבִין הַאי עֶגְלָה לְתִקּוּנָא, בְּגִין דְּלָא יִשְׁתְּמוֹדְעוּן לְגַבֵּיהּ, וְלָא יִשְׁלְטוּ עֲלַיְיהוּ. (לעיל קיד ע''א)

תָּא חֲזֵי, כָּל בְּנֵי נָשָׁא כֻּלְּהוּ עָבְרִין עַל יְדֵי דְּמַלְאַךְ הַמָּוֶת, בַּר מֵהַאי דְּאַקְדִּימוּ לֵיהּ בְּנֵי נָשָׁא, עַד לָא יִמְטֵי זִמְנָא לְשַׁלְּטָאָה בֵּיהּ וְלִיטוֹל רְשׁוּ. דְּהָא לָא שַׁלִּיט בְּבַר נָשׁ, עַד דְּנָטִיל רְשׁוּ.

וּבְגִין כָּךְ, אִית לֵיהּ דִּינָא לְשַׁלְּטָאָה עַל הַהוּא אֲתַר. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברים כא) לא נוֹדַע מִי הִכָּהוּ. הָכִי נָמֵי אִית לֵיהּ דִּינָא דְּלָא אִתְיְידַע, בְּגִין לְקַטְרְגָא עַל הַהוּא אֲתַר. וְעַל דָּא, (דברים כא) וְלָקְחוּ זִקְנֵי הָעִיר הַהִיא עֶגְלַת בָּקָר וְגו'. בְּגִין לְאַעֲבָרָא דִינֵיהּ דְּהַהוּא אֲתַר, וּלְאִתְתַּקָּנָא דְּלָא יִשְׁלוֹט בֵּיהּ מְקַטְרְגָא, וּלְאִשְׁתְּזָבָא מִנֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, יוֹסֵף כַּד אִתְפְּרַשׁ מֵאֲבוֹי, בְּלָא לְוָיָה, וּבְלָא אֲכִילָה אִשְׁתַּדַּר, וְהֲוָה מַה דְּהֲוָה. וְכַד אָמַר יַעֲקֹב, (בראשית לז) טָרוֹף טוֹרַף יוֹסֵף, אָמַר, כִּי אֵרֵד אֶל בְּנִי אָבֵל שְׁאוֹלָה, דְּאֲנָא גָרִימְנָא לֵיהּ. וְתוּ, דַּהֲוֵינָא יָדַע דַּאֲחוֹי סַנְיָין לֵיהּ, וְשַׁדַּרְנָא לֵיהּ. וְרֶמֶז קָא רָמִיז לֵיהּ.

אָמַר לֵיהּ רִבִּי יְהוּדָה, אִינוּן עֲגָלוֹת עַל פִּי פַּרְעֹה שַׁדַּר לוֹן, דִּכְתִיב וַיִּתֵּן לָהֶם יוֹסֵף עֲגָלוֹת עַל פִּי פַּרְעֹה. אָמַר לֵיהּ, דִּיּוּקָא דְמִלָּה, דִּכְתִיב וְאַתָּה צֻוֵּיתָה זֹאת עֲשׂוּ. וְאַתָּה צֻוֵּיתָה דַּיְיקָא, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב בְּה''א, מַשְׁמַע דְּיוֹסֵף תָּבַע לוֹן, וּבְגִין כָּךְ וַיִּתֵּן לָהֶם יוֹסֵף עֲגָלוֹת עַל פִּי פַּרְעֹה. וְיַעֲקֹב לָא אִתְקְיַּים בְּמִלָּה, עַד דְּחָמָא לוֹן. דִּכְתִיב, וַיַּרְא אֶת הָעֲגָלוֹת אֲשֶׁר שָׁלַח יוֹסֵף לָשֵׂאת אוֹתוֹ וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן, בְּקַדְמִיתָא וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב, וּלְבָתַר וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל רַב עוֹד יוֹסֵף בְּנִי חָי. אֶלָּא, בְּקַדְמִיתָא קָרֵי לֵיהּ אוֹרַיְיתָא יַעֲקֹב, בְּגִין שׁוּתָּפוּתָא, דְּאִשְׁתַּתְּפוּ שְׁכִינְתָּא בְּהַהוּא חֵרֶם, כַּד אִזְדַּבַּן יוֹסֵף. וְהַשְׁתָּא דִּשְׁכִינְתָּא סָלְקָא, כְּדֵין אִיהוּ, וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם, וְדָא הוּא רָזָא דִשְׁכִינְתָּא. וּבָתַר דְּאִיהִי קָיְימָא בְּקִיּוּמָא, (בגין) כְּדֵין דַּרְגָּא דִלְעֵילָא, אִתְעֲבַר לְגַבָּהּ, דַּרְגָּא דְּאִיהוּ יִשְׂרָאֵל. (נ''א כדין דרגא דלעילא, אתער לגבה, ואיהו דרגא דישראל) מִכָּאן, דְּדַרְגָּא דִלְעֵילָא לָא אִתְעַר לְעֵילָא, עַד דְּאִתְעַר בְּקַדְמִיתָא לְתַתָּא, דְּהָא הָכָא וַתְּחִי רוּחַ
- [...] l’Écriture l’appelle ensuite Israël. L’Écriture (Gen., XLVI, 2) ajoute : “ Et le Seigneur dit à Israël dans une vision de nuit... ” Le mot “ marôth ” est écrit sans Vav, parce que Jacob avait invoqué le côté de la Rigueur, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLVI, 1) : “ Et il a immolé en ce lieu des victimes au Dieu de son père. ” L’Écriture ajoute : “ Je suis le Très Fort, le Dieu de ton père, etc. J’irai là avec toi, etc. ” Nous en inférons que la Schekhina est allée avec Jacob en exil ; de même, partout où Israël avait été exilé, la Schekhina avait été en exil avec lui, ainsi que cela a été déjà dit. Combien de chariots Joseph avait-il envoyés d’Égypte ? Six, ainsi qu’il est écrit (Nomb., VII, 3) : “ Six chariots couverts... ” Suivant d’autres, leur nombre était de soixante. Mais ces deux versions reviennent au même. Joseph en avait envoyé six, et Pharaon avait envoyé le reste jusqu’à soixante. Mais, lorsqu’Israël reviendra de l’exil, alors s’accompliront les paroles de l’Écriture (Is., LX, 20) : “ Et tous vos frères des autres nations apporteront un présent au Seigneur, etc. ” Il est écrit (Gen., XLVI, 29) : “ Et Joseph fit mettre les chevaux à son chariot. ”
Rabbi Isaac ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Éz, I, 22) : “ Au-dessus de la tête des Hayoth, on voyait un firmament qui paraissait comme un cristal étincelant et terrible à voir, et qui était étendu sur leurs têtes. ” Ce verset a été déjà expliqué. Mais, remarquez qu’il y a trois Hayoth sacrées, l’une au-dessus de l’autre. Toutes les Hayoth d’en bas tirent leur nourriture des trois Hayoth sacrées d’en haut. A chacun des côtés du char de Dieu se trouvent trois Hayoth, et comme chacune de ces Hayoth a trois figures, en plus de celle de l’homme, il en résulte que le char de Dieu est entouré de trente-six figures, outre celle de l’homme. Mais quand les Hayoth s’unissent ensemble, elles ne forment qu’une seule figure ; et cette figure est celle de l’homme. C’est ce mystère qui est renfermé dans les paroles (Gen., XLVI, 29) : “ Et Joseph fit mettre les chevaux à son chariot. ” Joseph désigne le Juste qui sait faire l’union des Hayoth sacrées, pour faire apparaître la figure de l’homme.
L’Écriture (ibid.) ajoute : “ Et il alla au-devant d’Israël, son père, à Gessen. ” Israël, c’est le mystère de l’homme. Joseph voulait s’approcher de son père pour en recevoir les lumières, tel le soleil qui regarde la lune et lui prête sa lumière. L’Écriture dit : “ Et le voyant il se jeta à son cou et pleura encore (ód). ” Il a pleuré sur la destruction du sanctuaire. Que signifie le mot “ ód ” (encore) ? - Il a pleuré sur le dernier exil d’Israël. Lorsque Jacob vit que tout ce qui est en bas est fait sur le modèle de ce qui est en haut, il lui dit : “ Je mourrai maintenant, puisque j’ai vu ton visage et que tu es encore vivant ”, ce qui veut dire : puisque tu as observé le mystère de l’Alliance sacrée de Celui [...]
(Ⅰ)
[211b]  
יַעֲקֹב בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל.

וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאֹת הַלַּיְלָה, בְּמַרְאַת כְּתִיב. תָּא חֲזֵי, וַיִּזְבַּח זְבָחִים לֵאלהֵי אָבִיו יִצְחָק, בְּקַדְמִיתָא. בְּגִין לְאִתְעָרָא שְׂמָאלָא בְּרָזָא דִרְחִימוּ. וּכְדֵין וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְיִשְׂרָאֵל בְּמַרְאוֹת הַלַּיְלָה, בְּהַאי דַרְגָּא דְּקָאֲמָרָן דְּאִיהִי מַרְאוֹת הַלַּיְלָה.

וַיֹּאמֶר אָנֹכִי הָאֵל אֱלֹהֵי אָבִיךָ, מַאי טַעְמָא. בְּגִין דְּסִטְרָא דִקְדּוּשָּׁה דִלְעֵילָא, הָכִי הוּא. דְּהָא סִטְרָא דִמְסָאֲבָא, לָא אַדְכַּר שְׁמָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכָל סְטַר דִּקְדּוּשָּׁה אִדְכַּר בִּשְׁמֵיהּ. אָנֹכִי אֵרֵד עִמְּךָ מִצְרַיְמָה וְגו', מִכָּאן, דִּשְׁכִינְתָּא נָחֲתַת עִמֵּיהּ בְּגָלוּתָא, וּבְכָל אֲתַר דְּיִשְׂרָאֵל אִתְגָּלוּ, שְׁכִינְתָּא אִתְגַּלְּיָא עִמְּהוֹן, וְהָא אוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה עֲגָלוֹת הֲווּ. שִׁית. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר ו) שֵׁשׁ עֶגְלוֹת צָב. דָּבָר אַחֵר, שִׁיתִּין הֲווּ, וְכֹלָּא רָזָא חָדָא. בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב בָּעֲגָלוֹת אֲשֶׁר שָׁלַח יוֹסֵף, וּלְבַסּוֹף אֲשֶׁר שָׁלַח פַּרְעֹה. אֶלָּא, כֻּלְּהוּ דְּשַׁדַּר יוֹסֵף, הֲווּ בְּחוּשְׁבָּנָא כְּדְקָא חָזֵי. וְאִינוּן דְּשַׁדַּר פַּרְעֹה יַתִּיר מִנַּיְיהוּ, לָא הֲווּ בְּרָזָא דָא, וְלָא הֲווּ בְּחוּשְׁבָּנָא.

וְאִלֵּין וְאִלֵּין קָאָתוּ. בְּגִין כָּךְ, אֲשֶׁר שָׁלַח יוֹסֵף, אֲשֶׁר שָׁלַח פַּרְעֹה. וְכַד יִפְקוּן יִשְׂרָאֵל מִן גָּלוּתָא מַה כְּתִיב, (ישעיה סו) וְהֵבִיאוּ אֶת כָּל אֲחֵיכֶם מִכָּל הַגּוֹיִם מִנְחָה לַה' וְגו':

וַיֶּאֱסוֹר יוֹסֵף מֶרְכַּבְתּוֹ, רִבִּי יִצְחָק פָּתַח וְאָמַר, (יחזקאל א׳:כ״ב) וּדְמוּת עַל רָאשֵׁי הַחַיָּה רָקִיעַ כְּעֵין הַקֶּרַח הַנּוֹרָא נָטוּי עַל רָאשֵׁיהֶם מִלְּמַעְלָה, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, אִית חַיָּה לְעֵיל מִן חַיָּה, וְאִית חַיָּה קַדִּישָׁא דְּקָיְימָא עַל רִישׁ חֵיוָתָא.

וְאִית חַיָּה עִלָּאָה, לְעֵילָא עַל כָּל שְׁאָר חֵיוָתָא, וְהַאי (נ''א ואית) חַיָּה שָׁלְטָא עַל כֻּלְּהוּ. בְּגִין דְּכַד הַאי חֵיוָתָא יָהֲבָא וְנָהֲרָא לְכֻלְּהוּ, כְּדֵין כֻּלְּהוּ נָטְלִין לְמַטְלָנוֹי, וִיהִיבַת דָּא לְדָא, וְשָׁלְטָא דָּא עַל דָּא.

וְאִית חֵיוָתָא לְעֵילָא עַל תַּתָּאֵי, עַל שְׁאָר חֵיוָתָא לְתַתָּא, וְכֻלְּהוּ אִתְּזָנוּ מִינָהּ, וְד' סִטְרֵי דְעַלְמָא רְשִׁימִין בָּהּ. אַנְפִּין נְהִירִין יְדִיעָן (דינין) לְכָל סְטַר, וְאִיהִי שָׁלְטָא עַל ד' סִטְרֵי. וְהָא אוּקְמוּהָ, דְּאִינוּן ג' לִסְטַר דָּא, וְג' לִסְטַר דָּא, וְכֵן לְד' סִטְרִין דְּעַלְמָא. (שמות ריב ע''א) וְאִית רָקִיעַ לְעֵיל מִן רָקִיעַ, וְהַאי רָקִיעַ דְּשָׁלְטָא עֲלַיְיהוּ, כֻּלְּהוּ מִסְתַּכְּלָן לְגַבֵּיהּ. מַה כְּתִיב, (יחזקאל א) וְתַחַת הָרָקִיעַ כַּנְפֵיהֶם יְשָׁרוֹת אִשָּׁה אֶל אֲחוֹתָהּ וְגו'. בְּגִין דְּכֻלְּהוּ שָׁלְטִין עַל מַה דְּאִתְפָּקְדוּ, וּשְׁלִיחוּ דְּקוּסְטָא דְּקוּפְטְרָא בְּהוּ.

וְאִינוּן לְכָל סְטַר תִּשְׁעָה, (ט') לְד' סִטְרִין דְּעַלְמָא, וְאִינוּן ל''ו בְּחוּשְׁבְּנָא. וְכַד מִתְחַבְּרָן כֻּלְּהוּ, אִתְעֲבִידוּ רְשִׁימָא חָדָא בְּרָזָא דִשְׁמָא חָדָא, בְּיִחוּדָא שְׁלִים כִּדְקָחָזֵי.

וְכַד מִתְתַּקְנֵי לְגַבֵּי כָּרְסְיָא, מַה כְּתִיב. וּמִמַּעַל לָרָקִיעַ אֲשֶׁר עַל רֹאשָׁם כְּמַרְאֵה אֶבֶן סַפִּיר דְּמוּת כִּסֵּא וְעַל דְּמוּת הַכִּסֵּא דְּמוּת כְּמַרְאֶה אָדָם עָלָיו מִלְּמָעְלָה, וְהָא אוֹקִימְנָא (נ''א דיוקנא) דְּהַאי אֶבֶן טָבָא בְּכָרְסְיָא דְּקָיְימָא עַל ד' קָיְימִין, וְעַל הַהוּא כָּרְסְיָא דִּיוּקְנָא דְאָדָם, לְאִתְחַבְּרָא בֵּיהּ כְּחֲדָא, וּלְאִתְבָּרְכָא כְּדְקָא יְאוּת.

וְכַד אִיהִי מִתְתַּקְנָא לְגַבֵּיהּ דְּאָדָם, לְמֶהֱוֵי כֹּלָּא רְתִיכָא (נ''א קדישא, וכהן כלא רתיכא) חָדָא, לְהַאי אָדָם. כְּדֵין כְּתִיב, וַיֶּאֱסוֹר יוֹסֵף מֶרְכַּבְתּוֹ דָּא צַדִּיק. וַיַּעַל לִקְרַאת יִשְׂרָאֵל אָבִיו גּשְׁנָה. לִקְרַאת יִשְׂרָאֵל, דָּא רָזָא דְּאָדָם. גּשְׁנָה, תִּקְרוּבְתָּא חָדָא, לְאִתְקְרָבָא כְּחֲדָא, בְּקָרְבָּנָא חָדָא וְיִחוּדָא חָדָא.

וַיֵּרָא אֵלָיו, דְּכַד אִתְחֲזֵי שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא, כְּדֵין נָהִיר סִיהֲרָא וְאַנְהִיר לְכֻלְּהוּ דִלְתַתָּא. וְכֵן כְּגַוְונָא דָא, כָּל זִמְנָא דִּקְדּוּשָּׁה דִלְעֵילָא שָׁרָא עַל מַקְדְּשָׁא דִלְתַתָּא, אִתְנְהִיר בֵּי מַקְדְּשָׁא וְקָיְימָא בִּשְׁלִימוּתֵיהּ. וְכַד אִסְתַּלַּק מִנֵּיהּ וְאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא, כְּדֵין, וַיֵּבְךִ עַל צַוָּארָיו עוֹד. דְּבָכוּן כֹּלָּא עַל מַקְדְּשָׁא דְּאִתְחָרִיב. עוֹד, מַאי עוֹד. דָּא גָלוּתָא בַּתְרָאָה.

כְּדֵין כֵּיוָן דְּחָמָא יַעֲקֹב וְאִסְתַּכַּל דְּהָא תִּקּוּנָא דִלְתַתָּא אִשְׁתַּכְלַל כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא, כְּדֵין אָמַר אָמוּתָה הַפָּעַם וְגו'. כִּי עוֹדְךָ חַי, דְּאִתְקָיְימַת בְּרָזָא דִּבְרִית קַדִּישָׁא,
- [...] qui est appelé : “ Celui qui vit en toute éternité. ”Tel est le sens des paroles “ ... Et que tu es encore vivant. ” Remarquez que l’Écriture (Gen., XLVII, 7) dit : “ Et Jacob bénit Pharaon. ”
Rabbi Yossé dit : Bien que précédemment on ait attribué au mot “ Pharaon ” une autre signification, ce n’était que par voie d’allusion ; car, en réalité, Pharaon est l’image du démon, ainsi qu’il est écrit (Cant., I, 9) : “ Je te compare aux chevaux attelés au char de Pharaon. ” Remarquez que le côté gauche a également un char comme le côté droit ; le char de Dieu est fait de miséricorde, et le char du démon est fait de rigueur. Lorsque le Saint, béni soit-il, châtia les Égyptiens, il adapta les châtiments à leurs crimes. Le démon s’efforce toujours d’affaiblir le char de Dieu en s’emparant des âmes, et le Saint, béni soit-il, affaiblit le char du démon en tuant tous les premiers-nés des Égyptiens, ainsi qu’il est écrit (Ex., XIII, 15) : “ Et le Seigneur tua tous les premiers-nés d’Égypte. ” Mais, des temps futurs, l’Écriture (Is., LXIII, 1) dit : “ Qui est celui qui vient d’Édom, qui vient de Bosra, avec sa robe teinte de rouge ? etc. ” Remarquez que l’Écriture (Gen., XLVII, 27) dit : “ Et Israël demeura en Égypte, en la terre de Gessen, qu’il a prise, et où sa famille s’accrut et se multiplia extraordinairement. ” Par les mots : “ Il l’a prise... ”, l’Écriture nous indique qu’il en a pris possession pour toujours. Comme sa famille n’avait plus à souffrir et y jouissait de tous les biens du monde, elle put s’accroître et se multiplier extraordinairement. “ Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le Seigneur éternellement. Amen, amen. ” [...]
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