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48 Verses | Page 1 / 1
(Version Hebreu)


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(Ⅰ)


[97a]  
, רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (שיר השירים ב׳:י״ב) הַנִּצָּנִים נִרְאוּ בָאָרֶץ עֵת הַזָּמִיר הִגִּיעַ וקוֹל הַתּוֹר נִשְׁמַע בְּאַרְצֵנוּ. הַנִּצָּנִים נִרְאוּ בָאָרֶץ, כַּד בְּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָלְמָא. יָהַב בְּאַרְעָא כָּל חֵילָא דְּאִתְחֲזִי לָהּ. וְכֹלָּא הֲוָה בְאַרְעָא, וְלָא אֲפִיקַת אִיבִּין בְּעָלְמָא עַד דְּאִתְבְּרֵי אָדָם, כֵּיוָן דְּאִתְבְּרֵי אָדָם, כֹּלָּא אִתְחֲזֵי (ד''א ל''ג למיפק) בְּעָלְמָא, וְאַרְעָא גַּלִּיאַת אִיבָּהָא וְחֵילָהָא דְּאִתְפָּקְדוּ בָה.

כְּגַוְונָא דָא שָׁמַיִם לָא יָהֲבוּ חֵילִין לְאַרְעָא עַד דְּאָתָא אָדָם. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ב׳:ה׳) וְכֹל שִׂיחַ הַשָּׂדֶה טֶרֶם יִהְיֶה בָאָרֶץ וְכָל עֵשֶׂב הַשָּׂדֶה טֶרְם יִצְמָח כִּי לא הִמְטִיר יְיָ אֱלהִים עַל הָאָרֶץ וְאָדָם אַיִן לַעֲבֹד אֶת הָאֲדָמָה. אִטַּמָּרוּ כָּל אִנּוּן תּוֹלָדִין וְלָא אִתְגַּלּוּן, וּשְׁמַיָא אִתְעַכָּבוּ דְּלָא אַמְטִירוּ עַל אַרְעָא, בְּגִין דְּאָדָם אַיִן, דְּלָא אִשְׁתְּכַח וְלָא אִתְבְּרֵי, וְכֹלָּא אִתְעַכַּב בְּגִינֵיהּ, כֵּיוָן דְּאִתְחֲזֵי אָדָם, מִיָּד הַנִּצָּנִים נִרְאוּ בָאָרֶץ וְכָל חַיָילִין דְּאִתְטַמָּרוּ אִתְגַּלִּיאוּ וְאִתְיְהִיבוּ בָהּ.

עֵת הַזָּמִיר הִגִּיעַ, דְּאִתְתַּקַּן תִּקּוּנָא דְּתוּשְׁבְּחָן לְזַמְּרָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מַה דְּלָא אִשְׁתְּכַח עַד לָא אִתְבְּרֵי אָדָם. וְקוֹל הַתּוֹר נִשְׁמַע בְּאַרְצֵנוּ. דְּהָא (ד''א דא) (ד''א ל''ג כל) מִלָּה דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (ד''א ל''ג דעבד) דְּלָא
- [...] Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Cant., I, 12) : « Les fleurs paraissent sur la terre ; le temps de chanter (eth ha-zamir) est venu, et la voix de la tourterelle se fait entendre dans notre pays. » Les paroles : « Les fleurs paraissent sur la terre... » ont la signification suivante : Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il donna à la terre toute la force génératrice dont elle a besoin. Mais cette force resta renfermée dans ses fleurs et ne s’est manifestée par aucune production de fruits jusqu’à la création de l’homme ; ce n’est qu’après que l’homme eut été créé, que la force génératrice de la terre devint visible au monde ; ce n’est qu’alors, qu’en reproduisant des fruits, la terre manifesta au dehors la force génératrice qu’elle tenait cachée jusque-là dans ses flancs. De même, le ciel n’accorda aucun aliment à la terre jusqu’à l’arrivée d’Adam, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 5) : « ... Et avant que toutes les plantes des champs fussent sorties de la terre et que toutes les herbes de la campagne eussent poussé ; car le Seigneur Dieu n’avait pas encore fait pleuvoir sur la terre ; et il n’y avait point d’homme pour la labourer. » Ainsi, tous les produits du ciel, aussi bien que ceux de la terre, n’ont pas paru avant la création de l’homme ; le ciel retenait la pluie et la terre retenait cachée dans son intérieur la force génératrice dont elle a été pourvue. Mais, dès que l’homme a paru, aussitôt « les fleurs ont paru sur la terre », et toutes les forces de la nature, demeurées cachées jusque-là, se montrèrent.
L’Écriture ajoute : « ... Le temps de chanter (eth ha-zamir) est venu. » C’est dès ce moment que le chant des hymnes en l’honneur du Saint, béni soit-il, a été établi ; car ce chant n’était pas entendu avant la création de l’homme.
L’Écriture ajoute : « ... La voix de la tourterelle se fait entendre dans notre pays. » C’est le Verbe du Saint, béni soit-il, qui [...]
(Ⅰ)
[97b]  
אִשְׁתְּכַח בְּעָלְמָא עַד דְּאִתְבְּרֵי אָדָם. כֵּיוָן דְּאִשְׁתְּכַח אָדָם כּוֹלָּא אִשְׁתְּכַח.

בָּתַר דְּחָטָא, כּוֹלָּא אִסְתַּלַּק מֵעָלְמָא וְאִתְלַטְיָא אַרְעָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ג׳:י״ז) אֲרוּרָה הָאֲדָמָה בַּעֲבוּרֶךָ וְגו'. וּכְתִיב כִּי תַעֲבֹד אֶת הָאֲדָמָה לא תֹסֵף תֵּת כֹּחָהּ לָךְ וְגו'. וּכְתִיב וְקוֹץ וְדַרְדַּר תַּצְמִיחַ לָךְ.

אֲתָא נֹחַ וְתִקֵּן קַרְדּוּמִין וּפְצִירֵי בְּעָלְמָא. וּלְבָתַר וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגַּל בְּתוֹךְ אָהֳלה. אָתוּ בְּנֵי עָלְמָא וְחָבוּ קַמֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְאִסְתַּלָּקוּ חֵילִין דְּאַרְעָא (דעלמא) כְּמִלְּקַדְּמִין, וְהֲווּ קָיְימֵי עַד דְּאָתָא אַבְרָהָם.

כֵּיוָן דְּאָתָא אַבְרָהָם (לעלמא) מִיָּד הַנִּצָּנִים נִרְאוּ בָאָרְץ, אִתְתַּקָּנוּ וְאִתְגָּלוּ כָּל חֵילִין בְּאַרְעָא. עֵת הַזָּמִיר הִגִּיעַ. בְּשַׁעֲתָא דְּאָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּיִתְגְּזָר, כֵּיוָן דְּמָטָא הַהוּא זִמְנָא דִּבְרִית אִשְׁתְּכַח בֵּיהּ בְּאַבְרָהָם וְאִתְגְּזַר. כְּדֵין אִתְקְיַּים בֵּיהּ כָּל הַאי קְרָא, וְאִתְקְיַּים עָלְמָא, וּמִלָּה דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה בְּאִתְגַּלְּיָיא בֵּיהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ.

רַבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח הַאי קְרָא (בשעתא) בָּתַר דְּאִתְגְּזַר אַבְרָהָם. דְּעַד לָא אִתְגְּזַר לָא הֲוָה מַלִּיל עִמֵּיהּ אֶלָּא מִגּוֹ דַּרְגָּא תַּתָּאָה, וְדַרְגִּין עִלָּאִין לָא הֲווּ קָיְימֵי עַל הַהִיא דַּרְגָּא. כֵּיוָן דְּאִתְגְּזַר מִיָּד הַנִּצָנִים נִרְאוּ בָאָרֶץ אִלֵּין דַּרְגִּין תַּתָּאִין דְּאֲפִיקַת וְאַתְקִינַת הַאי דַּרְגָּא תַּתָּאָה. עֵת הַזָּמִיר הִגִּיעַ אִלֵּין עַנְפּוֹי דְּעָרְלָה. וְקוֹל הַתּוֹר נִשְׁמַע בְאַרְצֵנוּ. דָּא קוֹל דְּנָפִיק מִגּוֹ
- [...] n’existait pas en ce monde avant la création de l’homme. Mais dès que l’homme a paru dans le monde, tout a paru avec lui. Après que l’homme eut péché, tout a été ôté de ce monde ; et la terre a été maudite ainsi qu’il est écrit (Gen., III, 17) : « Que la terre soit maudite à cause de toi, etc. » Et ailleurs (Gen., IV, 12), il est écrit : « Quand tu cultiveras la terre, elle ne te donnera point son fruit. » Et ailleurs (Gen., III, 18) : « Elle te produira des épines et des ronces. » Ensuite, Noé arriva et inventa la bêche et la charrue. Mais après, l’Écriture (Gen., IX, 21) dit de lui : « Et il but du vin, s’enivra et parut nu dans sa tente. » Après Noé, les habitants de ce monde se sont rendus coupables devant le Saint, béni soit-il. A la suite de tous ces péchés, les forces de la terre furent cachées à nouveau, comme c’était le cas avant la création de l’homme. Tel était l’état du monde avant l’arrivée d’Abraham. Mais dès qu’Abraham vint au monde, aussitôt « les fleurs ont paru sur la terre » ; les forces cachées jusqu’alors dans l’intérieur de la terre se firent jour à nouveau.
Le terme : « Le temps de chanter est venu » désigne l’heure où le Saint, béni soit-il, ordonna à Abraham de se circoncire ; car c’est grâce à l’Alliance, dont la circoncision est la marque, que tous les événements énumérés dans ce verset se sont accomplis ; c’est grâce à elle que le monde fut affermi et que le Verbe du Saint, béni soit-il, se manifesta à Abraham, ainsi qu’il est écrit (Gen., XVIII, 1): « Et le Seigneur apparut à Abraham. »
Rabbi Éléazar commença à parler de cette façon : Le verset précité a rapport à la circoncision d’Abraham. Tant qu’Abraham ne fut pas circoncis, Dieu ne lui parla qu’à l’échelle inférieure, sans que les degrés supérieurs de l’essence divine se fussent joints au degré inférieur. Mais dès qu’Abraham fut circoncis, « les fleurs ont paru sur la terre ». L’Écriture veut dire que les autres degrés de l’essence divine furent joints en ce moment au degré inférieur. Les paroles « eth hazamir » ne signifient pas : le temps de chanter est venu, mais : le temps de tailler la vigne « est venu », ce qui veut dire : le temps de la circoncision (ou le moment de retrancher la partie des démons qui adhère aux hommes).
L’Écriture ajoute : « Et la voix de la tourterelle se fait entendre dans notre pays. » Ces paroles désignent la voix qui émane de Celui qui est l’essence intérieure de tout. « Et la voix est entendue » : c’est la voix qui produit le Verbe qui ordonna à Abraham la circoncision pour le rendre parfait.
Remarquez qu’avant d’être circoncis, Abraham ne connut que le degré inférieur de l’essence divine, ainsi que cela a été déjà dit (1). Mais aussitôt qu’Abraham se fut circoncis, l’Écriture (Gen., XVIII, 1) dit : « Et le Seigneur apparut à lui. »
Que veut dire l’Écriture par le mot « à lui » ? L’Écriture ne veut certainement pas dire par-là que le Seigneur apparut à Abraham, attendu qu’il n’y a pas le mot « à Abraham ». Et comme Dieu lui était déjà apparu même avant sa circoncision, quel avantage Abraham aurait-il obtenu par sa circoncision ? Il y a là un sens caché : « A lui » signifie au degré qui s’adressait à Abraham, ce qui n’a pas eu lieu auparavant ; c’est alors seulement que la voix s’est révélée et s’attacha au Verbe, lorsque Dieu lui parla. L’Écriture (Gen., XVIII, 1) ajoute :«... Et il était assis à la porte de sa tente. » L’Écriture ne nous dit pas qui était assis. Mais dans ces-paroles se trouve renfermé un mystère de la Sagesse éternelle ; l’Écriture nous apprend qu’après la circoncision d’Abraham, tous les autres degrés de l’essence divine vinrent se joindre au degré inférieur.
Remarquez que les paroles : « Et le Seigneur apparut à lui » font allusion au mystère de la voix qui se fit entendre en s’ajoutant au Verbe et en se révélant avec lui.
L’Écriture ajoute : « ... Et il était assis à la porte de la tente. » Ces paroles désignent le monde suprême, à la porte duquel Abraham était assis, pour en recevoir la lumiére. Enfin, L’Écriture ajoute : « ... Lorsque la chaleur du jour se fit sentir. » Ces paroles signifient qu’Abraham s’est attaché à ce degré de l’essence divine qui répand la lumière du côté droit.
D’après une autre interprétation, les mots : « ... Lorsque la chaleur du jour se fit sentir » signifient : lorsque les divers degrés de l’essence divine éprouvèrent le désir de se joindre les uns aux autres. » [...]
(Ⅰ)
[98a]  
הַהוּא פְּנִימָאָה דְּכֹלָּא וְהַהוּא קוֹל נִשְׁמַע וְדָא קוֹל דְּגָזַר מִלָּה לְמַלָּלָא וְעָבִיד לָהּ שְׁלִימוּ.

תָּא חֲזֵי, דְּעַד לָא אִתְגְּזַר אַבְרָהָם לָא הֲוָה עֲלֵיהּ אֶלָּא הַאי דַרְגָּא (כח ב) כִּדְאֲמָרָן, כֵּיוָן (לבתר) דְּאִתְגְּזַר מַה כְּתִיב וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ. לְמַאן, דְּהָא לָא כְּתִיב וַיֵּרָא יְיָ אֶל אַבְרָם. דְּאִי לְאַבְרָם מַאי שְׁבָחָא הָכָא יַתִּיר מִבְּקַדְמִיתָא עַד לָא אִתְגְּזַר דִּכְתִיב וַיֵּרָא יְיָ אֶל אַבְרָם. אֶלָא רָזָא סְתִימָא אִיהוּ, וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ. לְהַהוּא דַרְגָא דְּמַלִּיל עִמֵּיהּ, מַה דְּלָא הֲוָה מִקַּדְמַת דְּנָא עַד דְּלָא אִתְגְּזַר. דְּהַשְׁתָּא אִתְגְּלִי קוֹל וְאִתְחַבַּר בְּדִבּוּר כַּד מַלִּיל עִמֵּיהּ. וְהוּא יוֹשֵׁב פֶּתַח הָאֹהֶל. וְהוּא וְלא גָּלֵי מַאן. אֶלָּא הָכָא גָּלֵי חָכְמְתָא דְּכֻלְהוּ דַּרְגִּין שָׁרוּ עַל הַאי דַּרְגָּא תַּתָּאָה בָּתַר דְּאִתְגְּזַר אַבְרָהָם.

תָּא חֲזֵי, וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ. דָּא הוּא רָזָא דְּקוֹל דְּאִשְׁתְּמַע דְּאִתְחַבַּר בְּדִבּוּר וְאִתְגְּלִי בֵּיהּ. וְהוּ''א יוֹשֵׁב פֶּתַח הָאֹהֶל, דָּא עָלְמָא עִלָּאָה דְּקָאִים לְאַנְהָרָא עֲלֵיהּ. כְּחוֹם הַיּוֹם. דְּהָא אִתְנְהִיר יְמִינָא דַּרְגָּא דְאַבְרָהָם אִתְדָּבַּק בֵּיהּ. דָּבָר אַחֵר כְּחוֹם הַיּוֹם בְּשַׁעֲתָא דְּאִתְקְרִיב דַּרְגָּא לְדַרְגָּא בְּתִיאוּבְתָּא דְּדָא לָקֳבֵל דָּא,
- [...] [texte absent] [...] (Ⅰ)
[98b]  
וַיֵּרָא אֵלָיו. אָמַר רַבִּי אַבָּא עַד לָא אִתְגְּזַר אַבְרָהָם הֲוָה אָטִים. כֵּיוָן דְּאִתְגְּזַר אִתְגְּלִי כֹלָּא וְשָׁרָא עֲלֵיהּ שְׁכִינְתָּא בִּשְׁלִימוּ כְּדְקָא יְאוּת. תָּא חֲזֵי וְהוּא יוֹשֵׁב פֶּתַח הָאֹהֶל. וְהוּא. דָּא עָלְמָא עִלָּאָה דְּשָׁרֵי עַל הַאי עָלְמָא תַּתָּאָה. אֵימָתַי כְּחוֹם הַיּוֹם בְּזִמְנָא דְּתִיאוּבְתָּא דְּחַד צַדִּיק לְמִשְׁרֵי בֵּיהּ.

מִיָּד וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא וְהִנֵּה שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים נִצָּבִים עָלָיו. מַאן אִנּוּן שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים. אִלֵּין אַבְרָהָם יִצְחָק וְיַעֲקֹב דְּקָיְימֵי עֲלֵיהּ דְּהַאי דַרְגָּא, וּמִנַּיְיהוּ
- [...] Il est écrit : « Et le Seigneur lui apparut. »
Rabbi Abba dit : Tant qu’Abraham n’était circoncis, son esprit était fermé ; mais aussitôt qu’il s’est circoncis, tout lui a été révélé et la Schekhina s’est attachée à lui d’une manière parfaite et convenable.
Remarquez que l’Écriture dit : « ... Et il était assis à la porte de sa tente. » « Il » désigne le monde supérieur qui repose sur le monde inférieur. Et à quel moment? Au moment où un juste désire y demeurer. L’Écriture (Gen., XVIII, 2), ajoute immédiatement après : « Et il leva ses yeux et vit trois hommes qui se tenaient près de lui. » Qui étaient ces trois hommes ? Ce sont Abraham, Isaac et Jacob qui étaient placés auprès de lui, auprès du degré de l’essence divine (2) qui [...]
(Ⅰ)
[99a]  
יָנִיק (יסודא דעלמא) וְאִתְּזָן. כְּדֵין וַיַּרְא וַיָּרָץ לִקְרָאתָם. דְּתִיאוּבְתָּא דְּהַאי דַרְגָּא תַּתָּאָה לְאִתְחַבְּרָא בְּהוּ וְחֶדְוָותָא דִּילָהּ לְאִתְמַשְּׁכָא אֲבַּתְרַיְיהוּ. וַיִשְׁתָּחוּ אַרְצָה, לְאִתְתַּקְּנָא כֻּרְסְיָיא לְגַבַּיְיהוּ.

תָּא חֲזֵי, עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְדָוִד מַלְכָּא חַד סַמְכָא מִכֻּרְסְיָיא עִלָּאָה כַּאֲבָהָן. וְאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ כֻּרְסְיָיא לְגַבַּיְיהוּ. אֲבָל בְּזִמְנָא דְּאִתְחַבַּר בְּהוּ אִיהוּ חַד סַמְכָא לְאִתְתַּקְּנָא בְּכֻּרְסְיָיא עִלָּאָה. וּבְגִין כָּךְ נָטַל מַלְכוּתָא (עט ב) בְּחֶבְרוֹן דָּוִד מַלְכָּא שְׁבַע שְׁנִין לְאִתְחַבְּרָא בְּהוּ. וְהָא אִתְּמָר.

תּוֹסֶפְתָּא

ויֵּרָא אֵלָיו יְיָ בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא. אַמַּאי בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא, וְלָא בְּאֲתַּר אָחֳרָא. אֶלָּא בְּגִין דְּיָהִיב לֵיהּ עֵיטָא עַל גְּזִירוּ דִּקְיָימָא דִילֵיהּ. בְּשַׁעֲתָּא דְּאָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא לְאַבְרָהָם לְמִגְזַר אֲזַל אַבְרָהָם לִמָּלֵךָ עִם חַבְרוֹי, אָמַר לֵיהּ עָנֵר (אולי ר''ל כבר עברו עליך צ' שנה ואולם גם יותר שהם צ''ט כמ''ש בתוה''ק. ולא חשב הפרט) אַנְתְּ בֶּן תִּשְׁעִין שְׁנִין ואַתְּ מֵעִיק גַּרְמָךָ.

אָמַר לֵיהּ מַמְרֵא דְּכַרְתְּ יוֹמָא דְּרָמוּ לָךָ כַּשְׂדָאֵי בְּאַתּוּן דְּנוּרָא. והַהוּא כַּפְּנָא דְּעֲבַר עַל עָלְמָא דִּכְתִּיב, (בראשית י״ב:י׳) ויְהִי רָעָב בָּאָרֶץ וַיֵּרֶד אַבְרָם מִצְּרָיְמָה. ואִנּוּן מַלְכִין דִּרְדָּפּוּ בַּתְּרֵיהוֹן וּמָחִיתּ יַתְּהוֹן וקוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא שֵׁזְבִינָךָ מִכֹּלָּא וְלָא יָכִיל בַּר נָשׁ לְמֶעְבַּד לָךָ בִּישׁ. קוּם עֲבִיד פִּקּוּדָא דְמָרָךָ. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא, מַמְרֵא אַנְתְּ יְהַבְתְּ לֵיהּ עֵיטָא לְמִגְזַר, חַיֶּיךָ לֵיתּ אֲנָא מִתְּגַּלֵּי עֲלֵיהּ אֶלָּא בְּפַּלְטְרִין דִּילָךָ, הֲדָא הוּא דִכְתִּיב בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא (עד כאן התוספתא):

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

רַבָּנָן פָּתְחֵי בְּהַאי קְרָא (שיר השירים א׳:ג׳) לְרֵיחַ (לט ב) שְׁמָנֶיךָ טוֹבִים שֶׁמֶן תּוּרַק שְׁמֶךָ וגו'. תָּנוּ רַבָּנָן הַאי נִשְׁמָתָא דְּבַר אֵינָשׁ בְּשַׁעֲתָא דְּסָלְקָא מֵאַרְעָא לִרְקִיעָא וְקָיְימָא בְּהַהוּא זִיהֲרָא עִלָּאָה דְּאֲמָרָן, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְבַקֵּר לָהּ. תָּא שְׁמַע אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן יוֹחָאי כָּל נִשְׁמָתָא דְּצַּדִּיקַיָּיא כֵּיוָן דְּקָיְימָא בְּאֲתַר שְׁכִינְתָּא יְקָרָא דְּחָזְיָא לְמֵיתַב, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָרֵי לַאֲבָהָתָא, וְאָמַר לוֹן זִילוּ וּבַקְּרוּ לִפְלַנְיָא צַּדִּיקָא דְּאָתָא, וְאַקְדִּימוּ לֵיהּ שְׁלָמָא מִן שְׁמִי. וְאִנּוּן אָמְרִין, מָארֵי עָלְמָא, לָא אִתְחֲזֵי לְאַבָּא לְמֵיזַל לְמֶחֱמֵי לִבְרָא, בְּרָא אִתְחֲזֵי לְמֶיחֱמֵי וּלְמֶחֱזֵי וּלְמִתְבַּע לְאֲבוּי.

והוּא קָרֵי לְיַעֲקֹב וְאָמַר לֵיהּ אַנְתְּ דְּהֲוָה לָךְ צַּעֲרָא דִּבְנִין זִיל וְקַבִּיל (אולפניה) פְּנִי דִּפְלַנְיָא צַּדִּיקָא דְּאָתָא הָכָא, ואֲנָא אֵיזִיל עִמָּךְ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים כ״ד:ו׳) מְבַקְּשֵׁי פָנְיךָ יַעֲקֹב סֶלָּה. מְבַקֵּשׁ לֹא נֶאֱמַר אֶלָּא מְבַקְּשֵׁי. אָמַר רַבִּי חִיָּיא מֵרֵישֵׁיהּ דִּקְרָא מַשְׁמַע דִּכְתִיב זֶה דּוֹר דּוֹרְשָׁיו וְגו'.

אָמַר רַבִּי יַעֲקֹב אָמַר רַבִּי חִיָּיא (נ''א עקיבא) יַעֲקֹב אָבִינוּ הוּא כִּסֵּא הַכָּבוֹד, וְכֵן תָּאנָא דְּבֵי אֵלִיָּהוּ יַעֲקֹב אָבִינוּ הוּא כִּסֵּא בִּפְנֵי עַצְּמוֹ, דִּכְתִיב, (ויקרא כ״ו:מ״ב) וְזָכַרְתִּי אֶת בְּרִיתִי יַעֲקוֹב, בְּרִית כָּרַת קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְיַעֲקֹב לְבַדּוֹ יוֹתֵר מִכָּל אֲבוֹתָיו דְּעֲבִיד לֵיהּ כִּסֵּא הַכָּבוֹד. בַּר מִן קַדְמָאָה:

רַבִּי אֱלִיעֶזֶר הֲוָה יָתִיב וְהֲוָה לָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא. אֲתָא לְגַבֵּיהּ רַבִּי עֲקִיבָא אָמַר לֵיהּ בְּמַאי קָא עָסִיק מַר. אָמַר לֵיהּ בְּהַאי קְרָא דִּכְתִיב, (שמואל א ב׳:ח׳) וכִסֵּא כָבוֹד יַנְחִילֵם. מַהוּ כִּסֵּא כָבוֹד יַנְחִילֵם. זֶה יַעֲקֹב אָבִינוּ דְּעֲבִיד לֵיהּ כָּרְסֵי יְקָר בִּלְחוֹדוֹי לְקַבָּלָא אוּלְפַן נִשְׁמָתָא דְּצַּדִּיקַיָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָזִיל עִמֵּיהּ בְּכָל רֵישׁ יַרְחָא וְיַרְחָא. וכַד חָמֵי נִשְׁמָתָא יְקַר אַסְפַּקְלַרְיָאה שְׁכִינְתָּא דְמָארֵיהּ, מְבָרְכַת וְסָגְדַת קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהלים קד) בָּרְכִי נַפְשִׁי וְגו'.

אָמַר רַבִּי עֲקִיבָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָאִים עֲלוֹהִי. וְנִשְׁמָתָא פָּתַח וְאָמַר יְיָ אֱלהֵי גָּדַלְתָּ מְאֹד וְגו' כָּל הַפָּרָשָׁה עַד סִיּוּמָא דְּקָאָמַר יִתַּמּוּ חַטָאִים וְגו'. וְעוֹד אָמַר רַבִּי עֲקִיבָא וְלָא דָא בִּלְחוֹדוֹי אֶלָּא מְשַׁבַּחַת לֵיהּ עַל גּוּפָא דְּאִשְׁתָּאַר בְּעָלְמָא דֵין וְאָמַר (תהילים ק״ג:א׳) בָּרְכִי נַפְשִׁי אֶת יְיָ וְכָל קְרָבַי וְגו'.

וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָזִיל. מְנָא לָן הַאי. מֵהַאי קְרָא דִּכְתִיב וַיִּרָא אֵלָיו יְיָ בְּאֵלוֹנֵי מַמְרִא, זְה יַעֲקֹב. מַהוּ מַמְרִא. מִשּׁוּם דְּאַחְסִין מָאתָן עָלְמִין מֵעֵדֶן והוּא כִּסֵּא. אָמַר רַבִּי יִצְּחָק מַמְרֵא בְּגִימַטְרִיָּא מָאתָן וּתְמַנִין וְחַד הֲוָה, מָאתָן דְּעֵדֶן דִּכְתִיב, (שיר השירים ח׳:י״ב) וּמָאתַיִם לַנּוֹטְרִים אֶת פִּרְיוֹ, וּתְמַנִּין וְחַד דְּהוּא כִּסֵּא. וּבְגִין כָּךְ אִתְקְרֵי וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא. וְעַל שׁוּם דָּא נִקְרָא מַמְרֵא.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה מַהוּ בְּאֵלוֹנֵי. רְצּוֹנוֹ לוֹמַר תּוּקְפּוֹי הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית מ״ט:כ״ד) אֲבִיר יַעֲקֹב. וְהוּא יוֹשֵׁב פֶּתַח הָאֹהֶל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים ט״ו:א׳) יְיָ מִי יָגוּר בְּאָהֳלֶךָ וְגו'. כְּחוֹם הַיּוֹם. דִּכְתִיב, (מלאכי ג׳:כ׳) וְזָרְחָה לָכֶם יִרְאֵי שְׁמִי שֶׁמֶשׁ צְּדָקָה וּמַרְפֵּא בִּכְנָפֶיהָ.

אָמַר רַבָּן יוֹחָנָן בֶּן זַכַּאי בְּהַהִיא שַׁעֲתָא אָזִיל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבְגִין דְּשָׁמְעִין אַבָהָתָא אַבְרָהָם וְיִצְּחָק דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָזִיל לְגַבֵּיהּ. תָּבְעִין מִן יַעֲקֹב לְמֵיזַל עִמְּהוֹן וּלְאַקְדָּמָא לֵיהּ שְׁלָם ואִנּוּן קָיְימִין עֲלוֹהִי. מִמַּאי דִּכְתִיב וַיִּשָּׂא עֵינָיו ויַּרְא וְהִנֵּה שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים נִצָּבִים עָלָיו. שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים (דקיימין) אִלֵּין אֲבָהָתָא אַבְרָהָם יִצְּחָק וְיַעֲקֹב דְּקָיְימִין עֲלוֹהִי וְחָמוּ עוֹבָדִין טָבִין (נ''א דעבד) דְּעָבְדִין. וַיַּרְא ויָּרָץ לִקְרָאתָם מִפֶּתַח הָאֹהֶל וַיִּשְׁתַּחוּ אָרְצָּה. מִשּׁוּם דְּחָמֵי שְׁכִינַת יְקָרָא עִמְהוֹן הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (שיר השירים א׳:ג׳) עַל כֵּן עֲלָמוֹת אֲהֵבוּךָ (אלו הן האבות):

דָּבָר אַחֵר וַיִּרָא אֵלָיו יְיָ בְּאֵלוֹנֵי מַמְרֵא. רַבָּנָן פָּתְחֵי בְּהַאי קְרָא בִּשְׁעַת פְּטִירָתוֹ שֶׁל אָדָם. דְּתַנְיָא אָמַר רַבִּי יְהוּדָה בִּשְׁעַת פְּטִירָתוֹ שֶׁל אָדָם הוּא יוֹם הַדִּין הַגָּדוֹל שֶׁהַנְּשָׁמָה מִתְפָּרֶדֶת מִן הַגּוּף. וְלֹא נִפְטַר אָדָם מִן הָעוֹלָם עַד שֶׁרוֹאֶה אֶת הַשְּׁכִינָה הֲדָא הוּא דִכְתִיב (שמות ל״ג:כ׳) כִּי לֹא יִרְאַנִּי הָאָדָם וָחָי. וּבָאִין עִם הַשְּׁכִינָה שְׁלשָׁה מַלְאֲכֵי הַשָּׁרֵת לְקַבֵּל נִשְׁמָתוֹ שֶׁל צַּדִּיק. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֵּרָא אֵלָיו יְיָ וגו'. כְּחוֹם הַיּוֹם. זְה יוֹם הַדִּין הַבּוֹעֵר כַּתַּנּוּר לְהַפְרִיד הַנְּשָׁמָה מִן הַגּוּף.

וַיִּשָּׂא עֵינָיו וַיַּרְא והִנֵּה שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים. הַמְבַקְּרִים מַעֲשָׂיו מַה שֶּׁעָשָׂה, וְהוּא מוֹדֶה עֲלֵיהֶם בְּפִיו. וְכֵיוָן שֶׁהַנְּשָׁמָה רוֹאָה כָּךְ, יוֹצֵּאת מִן הַגּוּף עַד פֶּתַח בֵּית הַבְּלִיעָה, וְעוֹמֶדֶת שָׁם עַד שֶׁמִּתְודָּה כָּל מַה שֶּׁעָשָׂה הַגּוּף עִמָּהּ בָּעוֹלָם הַזְּה. ואָז נִשְׁמַת הַצַּדִּיק הִיא שְׂמֵחָה בְּמַעֲשֶׂיהָ וּשְׂמֵחָה עַל פִּקְדוֹנָהּ. דְּתָאנָא אָמַר רַבִּי יִצְּחָק נִשְׁמָתוֹ שֶׁל צַּדִּיק מִתְאַוָּה אֵימָתַי תֵּצֵּא מִן הָעוֹלָם הַזֶּה שֶׁהוּא הֶבֶל, כְּדֵי לְהִתְעַנֵּג בָּעוֹלָם הַבָּא.

תָּנוּ רַבָּנָן כְּשֶׁחָלָה רַבִּי אֱלִיעֶזֶר הַגָּדוֹל, הַהוּא יוֹמָא עֶרֶב שַׁבָּת הֲוָה, וְאוֹתִיב לִימִינֵיהּ הוֹרְקְנוּס בְּרֵיהּ, והֲוָה מְגַלֵּי לֵיהּ עֲמִיקְתָּא וּמַסְתַּרְתָּא, וְהוּא לָא הֲוָה מְקַבֵּל בְּדַעְתֵּיהּ מִלַּיָּיא, דְּחֲשִׁיב כִּמְטוֹרָף בְּדַעְתֵּיהּ הֲוָה. כֵּיוָן דְּחָמָא דְּדַעְתָּא דְּאֲבוֹי מִתְיַשְּׁבָא עֲלוֹי, קַבִּיל מִנֵּיהּ מְאָה וּתְמַנִּין וְתִשְׁעָה רָזִין עִלָּאִין.

כַּד מָטָא לְאַבְנֵי שַׁיִשׁ דְּמִתְעָרְבֵי בְּמַיָא עִלָּאָה, בָּכָה רַבִּי אֱלִיעֶזֶר וּפָסַק לְמֵימַר, אָמַר קוּם הָתָם בְּרִי. אָמַר לֵיהּ אַבָּא לָמָה. אָמַר לֵיהּ חָזִינָא דְּאוֹחִית חֲלָף מִן עָלְמָא. אָמַר לֵיהּ זִיל וְאֵימָא לְאִמָּךְ דְּתִסְתַּלַּק תְּפִלָּאִי בְּאֲתַר עִלָּאָה, וּבָתַר דְּאֶסְתַּלֵּק מִן עָלְמָא וְאַיְתֵי הָכָא לְמֶחֱמֵי לְהוֹן לָא תִבְכֵּי דְּאִנּוּן קְרִיבִין עִלָּאִין וְלָא תַתָּאִין וְדַעְתָּא דְבַר נָשׁ לָא יָדַע בְּהוּ.

עַד דְּהֲווּ יָתְבֵי, עָאלוּ חַכִּימֵי דָרָא לְמִבְקַּר לֵיהּ, אוֹלִיט לְהוּ עַל דְּלָא אָתוּ לְשַׁמָּשָׁא לֵיהּ דְּתָנִינָן גְּדוֹלָה שִׁמּוּשָׁהּ יוֹתֵר מִלִּמּוּדָהּ. עַד דְּאָתָא רַבִּי עֲקִיבָא, אָמַר לֵיהּ עֲקִיבָא עֲקִיבָא לָמָה לָא אָתֵית לְשַׁמָּשָׁא לִי (דהא אתא עתא לאצרפא). אָמַר לֵיהּ רַבִּי לָא הֲוָה לִי פְּנַאי. אַרְתַּח אָמַר אֶתְמְהָה עֲלָךְ אִי תָּמוּת מִיתַת עַצְּמְךָ. לַטְיֵיה דִּיהֵא קָשֶׁה מִכֻּלְהוֹן מִיתָתֵיהּ.

בָּכֵי רַבִּי עֲקִיבָא וְאָמַר לֵיהּ רַבִּי אוֹלִיף לִי אוֹרַיְיתָא. אַפְתַּח פּוּמֵיהּ רַבִּי אֱלִיעֶזֶר בְּמַעֲשֵׂה מֶרְכָּבָה. אֲתָא אֶשָׁא ואַסְחַר לְתַרְוִויהוֹן. אָמְרוּ חַכִּימַיָא שְׁמַע מִינָהּ דְּלֵית אֲנַן חַזְיָין וּכְדָאִין לְכָךְ, נָפְקוּ לְפִתְחָא דְבָרָא וְיָתִיבוּ תַּמָּן, הֲוָה מַה דְּהֲוָה וְאֲזַל אֶשָׁא.

וְאוֹלִיף בְּבַהֶרֶת עַזָּה תְּלַת מְאָה הֲלָכוֹת פְּסוּקוֹת, וְאוֹלִיף לֵיהּ רי''ו טְעָמִים דִּפְסוּקֵי דְּשִׁיר הַשִּׁירִים. והֲווּ עֵינוֹי דְּרַבִּי עֲקִיבָא נַחֲתִין מַיָא. וְאִתְחַזַּר אֶשָׁא כְּקַדְמִיתָא. כַּד מָטָא לְהַאי פְּסוּקָא (שיר השירים ב) סַמְכוּנִי בָּאֲשִׁישׁוֹת רַפְּדוּנִי בַּתַּפּוּחִים כִּי חוֹלַת אַהֲבָה אָנִי, לָא יָכִיל לְמִסְבַּל רַבִּי עֲקִיבָא וְאָרִים קָלֵיהּ בִּבְכִיָּיתָא וְגָעֵי וְלָא הֲוָה מְמַלֵּל מִדְחִילוּ דִּשְׁכִינְתָּא דְּהֲוַת תַּמָּן.

אוֹרֵי לֵיהּ כָּל עָמִיקְתָּא וְרָזִין עִלָּאִין דְּהֲוָה בֵּיהּ בְּשִׁיר הַשִּׁירִים. וְאוֹמֵי לֵיהּ אוֹמָאָה דְּלָא לִישְׁתַּמֵּשׁ בְּשׁוּם חַד פָּסוּק מִנֵּיהּ כִּי הֵיכִי דְּלָא לִיחָרֵיב עָלְמָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינֵיהּ. ולָא בָּעֵי קַמֵּיהּ דְּיִשְׁתַּמְּשׁוּן בֵּיהּ

בְּרִיָיתֵי מִסְגִיאוּת קְדוּשָׁתָא דְּאִית בֵּיהּ. לְבָתַר נָפִיק רַבִּי עֲקִיבָא וְגָעֵי וְנָבְעִין עֵינוֹי מַיָא, וְהֲוָה אָמַר, וַוי רַבִּי, וַוי רַבִּי, דְּאִשְׁתָּאַר עָלְמָא יָתוֹם מִנָּךְ. עָאלוּ כָּל שְׁאָר חַכִּימַיָא גַּבֵּיהּ וְשָׁאֲלוּ לֵיהּ וְאָתִיב לְהוֹן.

הֲוָה דָּחִיק לֵיהּ (שעתא) לְרַבִּי אֱלִיעֶזְר, אַפִּיק תְּרֵי דְרוֹעוֹי ושַׁוִּינוּן עַל לִבֵּיהּ. פָּתַח וְאָמַר, אִי עָלְמָא עָלְמָא עִלָּאָה, חָזְרַת לְאָעֳלָא וּלְאִגְנָזָא מִן תַּתָּאָה כָּל נְהִירוּ וּבוּצִּינָא. וַוי לְכוֹן תְּרֵי דְּרָעֵי וַוי לְכוֹן תְּרֵי תּוֹרוֹת דְּיִשְׁתַּכְּחוּן יוֹמָא דֵין מִן עָלְמָא. דְּאָמַר רַבִּי יִצְּחָק כָּל יוֹמוֹי דְּרַבִּי אֱלִיעֶזֶר הֲוָה נְהִירָא שְׁמַעְתָּא מִפּוּמֵיהּ כְּיוֹמָא דְּאִתְיְהִיבַת בְּטוּרָא דְסִינַי.

אָמַר אוֹרַיְיתָא (סברית גמרא) גְּמָרִית וְחָכְמְתָא סְבָרִית וְשִׁמּוּשָׁא עֲבָדִית. דְּאִלּוּ יְהוֹן כָּל בְּנֵי אֵינָשָׁא דְּעָלְמָא סוֹפְרִים לָא יָכְלִין לְמִכְתַּב וְלָא חַסְרֵי תַּלְמִידַי מֵחָכְמָתִי אֶלָּא כְּכוֹחְלָא בְּעֵינָא ואֲנָא מֵרַבּוֹתַי אֶלָּא כְּמַאן דְּשָׁתֵי בְּיַמָּא. וְלָא הֲוָה, אֶלָּא לְמִיתַּן טִיבוּתָא לְרַבּוֹהִי יַתִּיר מִנֵּיהּ.

והֲווּ שָׁאֲלִין מִנֵּיהּ בְּהַהוּא סַנְדְּלָא דְּיִבּוּם עַד דְּנָפַק נִשְׁמָתֵיהּ וְאָמַר טָהוֹר. וְלָא הֲוָה תַּמָּן רַבִּי עֲקִיבָא. כַּד נָפַק שַׁבַּתָּא אַשְׁכְּחֵיהּ רַבִּי עֲקִיבָא דְּמִית, בָּזַע מָאנֵיהּ וגָרִיר כָּל בִּשְׂרֵיהּ וְדָמָא נָחִית וְנָגִיד עַל דִּיוּקְנֵיהּ. הֲוָה צָּוח וּבְכֵי, נָפַק לְבָרָא וְאָמַר, שְׁמַיָא שְׁמַיָא, אָמְרוּ וּלְסִיהֲרָא לְשִׁמְשָׁא דִּנְהִירוּתָא דְּהֲוַת נְהִיר יַתִּיר מִנְהוֹן הָא אִתְחַשַּׁךְ.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה בְּשָׁעָה שֶׁנִּשְׁמַת הַצַּדִּיק רוֹצָּה לָצֵּאת שְׂמֵחָה וְהַצַּדִּיק בָּטוּחַ בְּמִיתָתוֹ כְּדֵי לְקַבֵּל שְׂכָרוֹ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, וַיַּרְא וַיָּרָץ לִקְרָאתָם. בְּשִׂמְחָה, לְקַבֵּל פְּנֵיהֶם. מֵאֵי זֶה מָקוֹם, מִפֶּתַח הָאֹהֶל כְּדְקָא אֲמָרָן. וַיִּשְׁתַּחוּ אָרְצָּה לְגַבֵּי שְׁכִינָה.

רַבִּי יוֹחָנָן פָּתַח וְאָמַר, (שיר השירים ב) עַד שֶׁיָּפוּחַ הַיּוֹם וְנָסוּ הַצְּלָלִים סוֹב דְּמֵה לְךָ דּוֹדִי לִצְּבִי אוֹ לְעוֹפֶר הָאַיָּלִים. עַד שֶׁיָּפוּחַ הַיּוֹם וְגו'. זוֹ אַזְהָרָה לָאָדָם בְּעוֹדוֹ בָּעוֹלָם הַזְּה שֶׁהוּא כְּהֶרֶף עַיִן. תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (קהלת ו) וְאִלּוּ חָיָה אֶלֶף שָׁנִים פַּעֲמַיִם וגו'. בְּיוֹם הַמִּיתָה כָּל מַה שֶּׁהָיָה נְחְשַׁב כְּיוֹם אֶחָד אֶצְּלוֹ.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן נִשְׁמָתוֹ שֶׁל אָדָם מַתְרָה בּוֹ וְאוֹמֶרֶת עַד שֶׁיָּפוּחַ הַיּוֹם (ונסו הצללים) וְיִדְמֶה בְּעֵינֶיךָ כְּהֶרֶף עַיִן בְּעוֹדְךָ בָּעוֹלָם הַזְּה. וְנָסוּ הַצְּלָלִים הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (איוב ח) כִּי צֵּל יָמֵינוּ עֲלֵי אָרֶץ. בְּבַקָּשָׁה מִמְּךָ סוֹב דְּמֵה לְךָ דּוֹדִי לִצְּבִי וְגו'.

דָּבָר אַחֵר עַד שֶׁיָּפוּחַ הַיּוֹם וְגו'. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן פַּזִי, זוֹ אַזְהָרָה לָאָדָּם בְּעוֹדוֹ בָּעוֹלָם הַזֶּה שֶׁהוּא כְּהֶרֶף עַיִן. מַה הַצְּבִי קַל בְּרַגְלָיו אַף אַתָּה הֱיִה קַל כַּצְּבִי אוֹ כְּעוֹפֶר הָאַיָּלִים לַעֲשׂוֹת רְצּוֹן בּוֹרְאֲךָ כְּדֵי שֶׁתִּנְחַל הָעוֹלָם הַבָּא שֶׁהוּא הָרֵי בְּשָׂמִים הַנִּקְרָא הַר יְיָ, הַר הַתַּעֲנוּג הָהָר הַטוֹב (עד כאן המדרש הנעלם).

חסר כאן סתרי תורה

רַבִּי אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים כ״ד:ג׳) מִי יַעֲלֶה בְהַר יְיָ וּמִי יָקוּם בִּמְקוֹם קָדְשׁוֹ. תָּא חֲזֵי, כָּל בְּנֵי עָלְמָא לָא חָמָאן עַל מָה קָיְימֵי בְּעָלְמָא, וְיוֹמִין אָזְלִין וְסָלְקִין וְקָיְימֵי קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כָּל אִנּוּן יוֹמִין דִּבְנֵי נָשָׁא קָיְימֵי בְּהוּ בְּהַאי עָלְמָא, דְּהָא כֻּלְהוּ אִתְבְּרִיאוּ וְכֻלְהוּ קָיְימֵי לְעֵילָא, וּמְנָלָן דְּאִתְבְּרִיאוּ, דִּכְתִיב, (תהלים קלט) יָמִים יוּצָרוּ.

וְכַד מָטָאן יוֹמִין לְאִסְתַּלָּקָא מֵהַאי עָלְמָא. כֻּלְהוּ קְרֵיבִין קַמֵּי מַלְכָּא עִלָּאָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (מלכים א ב׳:א׳) וַיִּקְרֵבוּ יְמֵי דָּוִד לָמוּת. (בראשית מ״ז:כ״ט) וַיִּקְרְבוּ יְמֵי יִשְׂרָאֵל לָמוּת. בְּגִין דְּכַד בַּר נָשׁ אִיהוּ בְּהַאי עָלְמָא לָא אַשְׁגַּח וְלָא אִסְתַּכַּל עַל מַה קָאִים, אֶלָּא כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא חָשִׁיב כְּאִלּוּ הוּא אָזִיל בְּרֵקַנְיָיא, דְּהָא כַּד נִשְׁמָתָא נָפְקַת מֵהַאי עָלְמָא לָא יָדְעַת לְאָן אָרְחָא סָלְקִין לָהּ. דְּהָא אוֹרְחָא לְסַלְקָא לְעֵילָא לְאֲתַר דִּנְהִירוּ דְּנִשְׁמָתִין עִלָּאִין נָהֲרִין, לָא
- [...] s’alimente d’eux. Tel est le sens des paroles suivantes de l’Écriture : « Aussitôt qu’il les eut aperçus, il courut de la porte de sa tente au-devant d’eux et se prosterna à terre. » Cela veut dire que le degré inférieur éprouve toujours le désir de s’unir aux patriarches et sa joie consiste à être attiré par eux.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et se prosterna à terre », pour placer le trône céleste auprès d’eux (des patriarches).
Remarquez que le Saint, béni soit-il, choisit le roi David pour servir, à côté des trois patriarches, de quatrième pied (3) du trône céleste. Bien que David lui-même serve de trône aux patriarches, il constitue un des pieds du trône céleste quand il est uni avec les patriarches. C’est pourquoi Dieu ôta la royauté au roi David pendant sept ans, afin qu’il s’attachât aux patriarches, ainsi que cela a été expliqué,. Rabbi Abba ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXIV, 3) : « Qui est-ce qui montera sur la montagne du Seigneur ? et qui est-ce qui s’arrêtera dans son lieu saint ? » Remarquez que tous les habitants de ce monde ne voient guère la base sur laquelle ils s’appuient en ce monde. Les jours montent au ciel et se tiennent en présence du Saint, béni soit-il ; car les jours, eux aussi, ont été créés (4). Tous les jours qui constituent le temps, se tiennent en présence de Dieu. Chaque jour naît et meurt, et, quand il est mort, il remonte en haut pour paraître de nouveau dans la présence de Dieu. Ainsi, à chaque homme est fixé, au moment de sa naissance, un certain nombre de jours ; quand tous les jours accordés à son existence sont morts, l’homme disparaît aussi. D’où savons-nous que les jours aussi ont été créés ?
Nous le savons des paroles de l’Écriture Ps., CXXXIX, 16) : « Les jours ont été créés. » Et quand tous les jours fixés à l’existence d’un homme sont arrivés au terme de leur mission ils s’approchent tous du Roi suprême, ainsi qu’il est écrit (III Rois, II, 1) : « Et les jours de David s’approchaient de leur fin. » Et il est également écrit (Gen., XLVII, 23) : « Et les jours d’Israël s’approchaient de leur fin. » Ainsi, tant que l’homme vit en ce bas monde, il ne voit ni n’examine la base sur laquelle son existence est appuyée ; chaque jour qui apparaît et qui disparaît lui semble un objet vain et dépourvu de toute importance. Lorsque l’âme quitte ce bas monde, elle ignore la route sur laquelle on va la conduire ; car la route qui conduit à la région de lumière où rayonnent les âmes supérieures [...]
(Ⅰ)
[99b]  
אִתְיְהִיב לְכֻלְהוֹן נִשְׁמָתִין, דְּהָא כְּגַוְונָא דְּאִיהוּ אַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ בְּהַאי עָלְמָא, הָכִי אִתְמַשְׁכַת לְבָתַר דְּנָפִיק מִנֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, אִי בַּר נָשׁ אִתְמְשִׁיךְ בָּתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְתִיאוּבְתָּא דִּילֵיהּ אֲבַתְרִיהּ בְּהַאי עָלְמָא, לְבָתַר כַּד נָפִיק מִנֵּיהּ, אִיהוּ אִתְמְשִׁיךְ אֲבַתְרִיהּ וְיָהֲבִין לֵיהּ אוֹרַח לְאִסְתַּלָּקָא לְעֵילָא, בָּתַר הַהוּא מְשִׁיכוּ דְּאִתְמְשִׁיךְ בִּרְעוּתָא כָּל יוֹמָא בְּהַאי עָלְמָא.

אָמַר רַבִּי אַבָא יוֹמָא חַד אִעַרְעָנָא בְּחַד מָתָא מֵאִנּוּן דְּהֲווּ מִן בְּנֵי קֶדֶם, וְאָמְרוּ לִי מֵהַהִיא חָכְמְתָא דְּהֲווּ יָדְעִין מִיּוֹמֵי קַדְמָאֵי וְהֲווּ אַשְׁכְּחָן סִפְרִין דְּחָכְמְתָא דִּלְהוֹן, וּקְרִיבוּ לִי חַד סִפְרָא. וְהֲוָה כְּתִיב בֵּיהּ, דְּהָא כְּגַוְונָא דִּרְעוּתָא דְּבַּר נָשׁ אִיכַוֵּון בֵּיהּ בְּהַאי עָלְמָא, הָכִי אַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ רוּחַ מִלְּעֵילָא כְּגַוְונָא דְּהַהוּא רְעוּתָא דְּאִתְדָּבַּק בֵּיהּ, אִי רְעוּתֵיהּ אִיכַוִּין בְּמִלָּה עִלָּאָה קַדִּישָׁא אִיהוּ אַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ לְהַהִיא מִלָה מִלְּעֵילָא לְתַתָּא לְגַבֵּיהּ.

וְאִי רְעוּתֵיהּ לְאִתְדַּבְּקָא בְּסִטְרָא אָחֳרָא וְאִיכַוֵּין בֵּיהּ, אִיהוּ אַמְשִׁיךְ לְהַהִיא מִלָּה מִלְּעֵילָא לְתַתָּא לְגַבֵּיהּ. וְהֲווּ אָמְרִי דְּעִקָּרָא דְּמִלְּתָא תַּלְיָיא בְּמִלִּין וּבְעוֹבָדָא וּבִרְעוּתָא לְאִתְדַּבְּקָא, וּבְדָא אִתְמְשַׁךְ מִלְּעֵילָא לְתַתָּא הַהוּא סִטְרָא דְּאִתְדָּבַּק בָּהּ.

וְאַשְׁכַּחְנָא בֵּיהּ כָּל אִנּוּן עוֹבָדִין וּפוּלְחָנִין דְּכֹכְבַיָא וּמַזָּלֵי וּמִלִּין דְּאִצְטְרִיכוּ לוֹן וְהֵיאַךְ רְעוּתָא לְאִתְכַּוְּונָא בְּהוּ בְּגִין
- [...] n’est pas la même pour toutes les âmes qui arrivent de ce bas monde ; c’est suivant la conduite que l’homme a eue durant sa vie, que, son âme est dirigée après sa mort par telle ou telle voie pour arriver à la région des âmes.
Remarquez que si l’homme s’attache, durant sa vie, au Saint, béni soit-il, et qu’il soupire toujours après lui, son âme, après sa séparation du corps, sera conduite directement vers la région supérieure, pour y jouir immédiatement de cette lumière après laquelle elle avait soupiré durant son séjour en ce bas monde.
Rabbi Abba dit : Je me trouvais un jour dans une ville qui avait été habitée autrefois par des Orientaux. Les habitants de cette ville m’ont communiqué la science que les aborigènes connaissaient dès les temps les plus reculés. Ils en ont trouvé les livres dont ils m’ont montré un. J’y ai lu ce qui suit : L’homme s’attire toujours l’esprit après lequel il soupire en ce bas monde. Si l’homme soupire après la Parole suprême sainte, et y attache constamment sa pensée, il attire à lui cette Parole sainte de haut en bas. Mais s’il soupire après l’autre côté, et qu’il y attache constamment sa pensée, il attire l’esprit de l’autre côté. Il était écrit en outre, dans ce livre, que tout dépend de la parole, de l’acte et de la volonté ; c’est suivant la parole qu’on prononce, l’acte qu’on accomplit et le désir qu’on éprouve, qu’on attire ici-bas le côté auquel on s’attache. J’ai trouvé également, dans ce livre, tous les rites du culte des astres, les paroles qu’il faut prononcer pendant les cérémonies et l’intention qu’on doit avoir pour [...]
(Ⅰ)
[100a]  
לְאַמְשָׁכָא לוֹן לְגַבַּיְיהוּ. כְּגַוְונָא דָא מַאן דְּבָעֵי לְאִתְדַּבְּקָא לְעֵילָא בְּרוּחַ קוּדְשָׁא דְּהָא בְּעוֹבָדָא וּבְמִלִּין וּבִרְעוּתָא דְלִבָּא לְכַוְּונָא בְּהַהִיא מִלָּה תַּלְיָיא מִלְּתָא לְאַמְשָׁכָא לֵיהּ לְגַבֵּיהּ מֵעֵילָא לְתַתָּא וּלְאִתְדַּבְּקָא בְּהַהִיא מִלָּה.

וְהֲווּ אָמְרֵי כַּמָּה דְּבַר נָשׁ אִתְמְשַׁךְ בְּהַאי עָלְמָא הָכִי נָמֵי מָשְׁכִין לֵיהּ כַּד נָפִיק מֵהַאי עָלְמָא. וּבְמָּה דְאִתְדָּבַּק בְּהַאי עָלְמָא וְאִתְמְשַׁךְ אֲבַתְרֵיהּ הָכִי אִתְדָּבַּק בְּהַהוּא עָלְמָא, אִי בְּקוּדְשָׁא, בְּקוּדְשָׁא. וְאִי בִּמְסָאֲבָא, בִּמְסָאֲבָא. אִי בְּקוּדְשָׁא, מָשְׁכִין לֵיהּ לְגַבֵּי הַהוּא סְטַר וְאִתְדָּבַּק בֵּיהּ לְעֵילָא, וְאִתְעֲבִיד מְמַנָּא שַׁמָּשָׁא, לְשַׁמָּשָׁא קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בֵּין אִנּוּן שְׁאָר מַלְאָכִין. כְּמָה דְּהָכִי אִתְדָּבַּק לְעֵילָא וְקָאִים בֵּין אִנּוּן קַדִּישִׁין דִּכְתִיב (זכריה ג׳:ז׳) וְנָתַתִּי לְךָ מַהְלְכִים בֵּין הָעוֹמְדִים הָאֵלֶה.

הָכִי נָמֵי כְּגַוְונָא דָא. אִי בִּמְסָאֳבָא, מָשְׁכִין לֵיהּ לְגַבֵּי הַהוּא סְטַר וְאִתְעֲבִיד כְּחַד מִנַּיְיהוּ לְאִתְדַּבְּקַא בְּהוּ וְאִנּוּן אִקְרוּן נִזְקֵי בְּנֵי נְשָׁא. וּבְהַהִיא שַׁעֲתָא דְּנָפִיק מֵהַאי עָלְמָא נָטְלִין לֵיהּ וְשָׁאֲבִין לֵיהּ בַּגֵּיהִנָּם בְּהַהוּא אֲתַר דְּדַיְינֵי לוֹן לִבְנֵי מְסָאֳבָא דְּסָאִיבוּ גַּרְמַיְיהוּ וְרוּחַיְיהוּ, וּלְבָתַר אִתְדָּבַּק בְּהוּ. וְאִיהוּ נִזְקָא (כט א) כְּחַד מֵאִנּוּן נִזְקֵי דְעָלְמָא.

אֲמִינָא לוֹן בָּנַי קְרִיבָא דָא לְמִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא. אֲבָל אִית לְכוּ אִתְרַחֲקָא (מגו) מֵאִנּוּן סִפְרִין (אלין) בְּגִין דְּלָא
- [...] attirer en bas l’esprit impur du démon. Il y était dit également que l’homme désireux de s’attacher à l’. Esprit Saint doit accomplir certains actes, prononcer certaines paroles et avoir le désir ardent d’attirer à soi cet Esprit de haut en bas. Il y était dit, enfin, que l’esprit que l’homme s’est attiré durant sa vie attirera son âme lorsqu’elle sera séparée du corps ; si l’homme s’est attiré l’Esprit Saint, c’est celui-ci qui attirera son âme ; et si l’homme s’attire, durant sa vie, l’esprit impur, c’est celui-ci qui en attirera l’âme. Si c’est l’Esprit Saint qui attire l’âme, celle-ci est élevée dans les régions supérieures où, incorporée dans la légion des anges sacrés, elle devient la servante du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Zac., III, 7) : « ... Et je te donnerai accès parmi ceux qui se tiennent debout devant moi. »
Mais, si elle est attirée par l’esprit du démon, elle est projetée du côté du démon et, s’attachant au mauvais esprit, elle devient elle-même un de ces démons qui sont appelés « plaies des hommes ». Lorsqu’une telle âme quitte ce monde, elle est jetée dans cette partie de l’enfer où sont jugés les hommes qui ont souillé leur corps et leur esprit. Ensuite on la tire de là et on la jette du côté des démons, auxquels elle s’attache, et près desquels elle devient elle-même un de ces démons appelés « plaies des hommes (5) ». J’ai dit aux habitants de la ville qui m’ont montré ce livre : Mes enfants, ces paroles ont de l’analogie avec celles de la doctrine sainte. Cependant, vous devez vous tenir à distance de ces livres, afin qu’ils ne [...]
(Ⅰ)
[100b]  
יִסְטֵי לִבַּיְיכוּ לְאִלֵּין פּוּלְחָנִין וּלְכָל אִנּוּן סִטְרִין דְּקָאֲמַר הָכָא דִּילְמָא חַס וְשָׁלוֹם (לא) תִּסְטוּן מִבָּתַר פּוּלְחָנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּהָא כָּל סְפָרִים אִלֵּין אַטְעַיָּין לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא, בְּגִין דִּבְנֵי קֶדֶם חַכִּימִין הֲווּ, וִירוּתָא דְּחָכְמְתָא דָא יָרְתוּ מֵאַבְרָהָם דְּיָהַב לִבְנֵי פִּלַּגְּשִׁים, דִּכְתִיב, (בראשית כ״ה:ו׳) וְלִבְנֵי הַפִּלַּגְּשִׁים אֲשֶׁר לְאַבְרָהָם נָתַן אַבְרָהָם מַתָּנוֹת וַיְשַׁלְּחֵם מֵעַל יִצְחָק בְּנוֹ בְּעוֹדֶנוּ חַי קֵדְמָה אֶל אֶרֶץ קֶדֶם. וּלְבָתַר אִתְמַשְׁכוּ בְּהַהִיא חָכְמָה לְכַמָּה סִטְרִין.

אֲבָל זַרְעָא דְּיִצְחָק חוּלָקָא דְיַעֲקֹב לָאו הָכִי, דִּכְתִיב, (בראשית כ״ה:ה׳) וַיִּתֵּן אַבְרָהָם אֶת כָּל אֲשֶׁר לוֹ לְיִצְחָק, דָּא חוּלָקָא קַדִּישָׁא דִּמְהֵימְנוּתָא דְּאִתְדָּבַּק בֵּיהּ אַבְרָהָם, וְנָפַק מֵהַהוּא עַדְבָא וּמֵהַהוּא סִטְרָא, יַעֲקֹב מַה כְּתִיב בֵּיהּ (בראשית כ״ח:י״ג) וְהִנֵה יְיָ נִצָּב עָלָיו. וּכְתִיב, (ישעיה מא) וְאַתָּה יַעֲקֹב עַבְדִּי וְגו'. בְּגִינֵי כָךְ בָּעֵי לֵיהּ לְבַּר נָשׁ לְאִתְמַשְׁכָא בָּתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּלְאִתְדַּבְּקָא בֵּיהּ תָּדִיר דִּכְתִיב, (דברים י) וּבוֹ תִדְבָּק.

תָּא חֲזֵי, (תהילים כ״ד:ג׳) מִי יַעֲלֶה בְּהַר יְיָ וְגו'. וּלְבָתַר אַהֲדַר וּפֵירַשׁ נְקִי כַפַּיִם. דְּלָא עֲבִיד בִּידוֹי טוּפְסָא וְלָא אִתְתַּקַּף בְּהוּ בְּמָּה דְּלָא אִצְטְרִיךְ. וְתוּ דְּלָא אִסְתָּאַב בְּהוּ וְלָא סָאִיב בְּהוּ לְגוּפָא כְּאִנּוּן דִּמְסָאֲבִין גַּרְמַיְיהוּ בְּיָדִין לְאִסְתָּאֲבָא, וְדָא הוּא נְקִי כַפַּיִם, וּבַר לֵבָב, כְּגַוְונָא דָא דְּלָא אַמְשִׁיךְ רְעוּתֵיהּ וְלִבֵּיהּ לְסִטְרָא אָחֳרָא, אֶלָּא לְאִתְמַשְּׁכָא בָּתַר פּוּלְחָנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

אֲשֶׁר לא נָשָׂא לַשָׁוְא נַפְשׁוֹ. נַפְשׁוֹ כְּתִיב נַפְשִׁי קְרִי, וְהָא אוּקְמוּהָ
- [...] vous séduisent et ne vous tentent de vous adonner aux cultes dont les cérémonies y sont décrites, ni de vous attirer l’esprit du mauvais côté dont il est question ; cela pourrait, - ce qu’à Dieu ne plaise, - vous détourner du culte du vrai Dieu. Car tous ces livres sont propres à pervertir le cœur de l’homme. Les Orientaux étaient sages ; ils ont hérité, leur sagesse d’Abraham qui l’avait transmise aux enfants de ses concubines, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXV, 6) : « Et il fit des présents aux fils de ses concubines ; et, de son vivant, il les sépara de son fils Isaac, en les envoyant habiter le pays de l’Orient. » Mais ces enfants des concubines ont altéré la science qu’Abraham leur avait transmise et se sont attiré l’esprit de l’autre côté. Par contre, la postérité d’Isaac, à partir de Jacob, a conservé intacte cette science, ainsi qu’il est écrit ()Gen., XXV, 5) : « Abraham donna à Isaac tout ce qu’il possédait », ce qui veut dire qu’il lui donna la partie sainte de la foi à laquelle Abraham était toujours attaché ; et c’est de cet héritage qu’est sorti Jacob, dont l’Écriture (Gen., XXVIII, 13) dit : « Et le Seigneur se tenait à côté de lui. » Et ailleurs (Ibid., 8) il est écrit : « Et tu es Jacob mon serviteur (6) (7). » C’est pourquoi il convient à l’homme de s’attirer l’esprit du Saint, béni soit- il, et de s’attacher constamment à lui, ainsi qu’il est écrit (Deut., X, 30) : « Tu t’attacheras à lui. » Remarquez que l’Écriture (Ps., XXIV, 3) demande : «Qui est-cequi montera sur la montagne du Seigneur ? et qui s’arrêtera dans son lieu saint ? » Et elle répond (Ps., XXIV, 4) : « Ce sera celui dont les mains sont propres et le cœur pur. »
L’Écriture veut dire : celui qui n’a jamais attiré l’esprit du démon qui commence toujours à souiller les mains avant de souiller les corps de ceux qui l’attirent.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Ce sera celui dont les mains sont propres. » Par les mots : « ... Et le cœur pur »,
L’Écriture veut dire : celui qui n’a jamais eu le désir d’attirer l’esprit du démon, mais dont le cœur a toujours éprouvé le besoin de faire la volonté du Saint, béni soit-il. Enfin L’Écriture ajoute : « ... Qui n’a point pris son âme en vain. » Le mot « naphscho » (son âme), bien qu’écrit avec un Vav, est ponctué de façon à être prononcé « naphschi » (mon âme), comme si le mot était écrit avec un Yod. Voici l’explication qui en a été donnée. [...]
(Ⅰ)
[101a]  
נַפְשִׁי דָּא נֶפֶשׁ דָּוִד סִטְרָא דִּמְהֵימְנוּתָא. נַפְשׁוֹ דָּא נֶפֶשׁ דְּבַר נָשׁ מַמָּשׁ. בְּגִין דְּכַד יִפּוּק מֵהַאי עָלְמָא. וְנַפְשֵׁיהּ יִסְתַּלַּק בְּעוֹבָדִין דְּכָשְׁרִין עַל מַה דְּיִתְקַיַּים בְּהוּ לְמֵיהַךְ בֵּין כָּל אִנּוּן קַדִּישִׁין כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים קט״ז:ט׳) אֶתְהַלֵּךְ לִפְנֵי יְיָ בְּאַרְצוֹת הַחַיִּים. וּבְגִין דְּלָא נָשָׂא לַשָּׁוְא נַפְשִׁי יִשָּׂא בְרָכָה מֵאֵת יְיָ וְגו'.

תָּא חֲזֵי, בָּתַר דְּאִתְגְּזַר אַבְרָהָם הֲוָה יָתִיב וְכָאִיב, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שָׁדַר לְגַבֵּיהּ תְּלַת מַלְאָכִין בְּאִתְגַּלְּיָא לְאַקְדָמָא לֵיהּ שְׁלָם. וְאִי תֵימָא דְּהָא בְּאִתְגַּלְּיָא. וְכִי מַאן יָכִיל לְמֶחֱמֵי מַלְאָכִין וְהָא כְּתִיב, (תהילים ק״ד:ד׳) עוֹשֶׂה מַלְאָכָיו רוּחוֹת וְגו'. אֶלָּא ודַּאי חָמָא לוֹן, דְּנַחֲתֵי לְאַרְעָא כְּגַוְונָא דִבְנֵי נָשָׁא, וְלָא יִקְשֶׁה לָךְ הַאי, דְּהָא וַדַּאי אִנּוּן רוּחִין קַדִּישִׁין, וּבְשַׁעֲתָא דְּנָחֲתֵי לְעָלְמָא מִתְלַבְּשִׁין (קמד א) בַּאֲוִירֵי וּבִיסוֹדֵי דְּגוּלְמִין, וְאִתְחֲזוּ לִבְנֵי נָשָׁא מַמָּשׁ כְּחֵיזוּ דִּיוּקְנָא דִּלְהוֹן.

וְתָּא חֲזֵי, אַבְרָהָם חָמָא לוֹן כְּחֵיזוּ בְּנֵי נָשָׁא. וְאַף עַל גַּב דְּהֲוָה כָּאִיב מִמִּילָה נָפַק וְרָהַט אֲבַּתְרַיְיהוּ בְּגִין דְּלָא לְמִגְרַע (מה) דְּהֲוָה עֲבִיד מִקַּדְמַת דְּנָא.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן וַדַּאי כְּחֵיזוּ דְּמַלְאָכִין חָמָא לוֹן, מִמַּה דִּכְתִיב וַיֹּאמַר אֲדֹנָי בְּאל''ף דל''ת, שְׁכִינְתָּא הֲוָה אַתְיָא, וְאִלֵּין הֲווּ סְמִיכִין דִּילָהּ וְכֻּרְסְיָיא לְגַבָּהּ, בְּגִין דְּאִנּוּן גְּוָונִין (צא א) תְּלַת דִּתְחוֹתָא. וְחָמָא הַשְׁתָּא בְּגִין דְּאִתְגְּזַר מַה דְּלָא הֲוָה חָמֵי מִקַּדְמַת דְּנָא עַד לָא
- [...] « Naphschi » se rapporte à l’âme de David qui était du côté de la foi, alors que « naphscho » désigne l’âme de l’homme, dont on parle. Car lorsque l’âme quitte ce bas monde, elle est associée aux autres âmes saintes en haut, grâce aux bonnes œuvres accomplies en ce monde, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXVI, 9) : « Je marcherai devant le Seigneur dans le pays de la vie. » Et quand l’homme sera-t-il jugé digne de voir son âme associée aux âmes saintes d’en haut ? David répond : « ... Quand il n’aura pas pris son âme en vain. » C’est alors (Ps., XXIV, 5) « qu’il recevra du Seigneur la bénédiction, etc. » Remarquez qu’après sa circoncision, Abraham a souffert de l’opération. Le Saint, béni soit-il, lui envoya trois anges qui lui apparurent, non pas en vision, mais en réalité, pour le saluer.
Mais, objectera-t-on peut-être, comment les anges ont-ils pu paraître en réalité, alors qu’il est impossible de voir un ange, qui est un être immatériel, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 4) : « Qui fit ses anges d’esprit et ses ministres de flammes? » Mais la vérité est qu’Abraham a vu en réalité les anges descendre sur la terre sous la figure d’hommes. Que cela n’étonne. Car, bien que les anges soient de purs esprits saints, ils sont revêtus d’une enveloppe matérielle lorsqu’ils descendent en ce bas monde, où ils apparaissent aux hommes sous une forme semblable à la leur (8).
Remarquez qu’Abraham avait aperçu les anges sous la forme d’hommes ; et, bien qu’il ait été souffrant à la suite de la circoncision, il s’empressa de courir au-devant d’eux, pour ne pas paraître moins hospitalier après sa circoncision qu’avant.
Rabbi Siméon dit : Il est certain qu’Abraham a aperçu les anges sous leur forme réelle, et non pas sous celle d’hommes. Nous le savons des paroles suivantes de l’Écriture (Gen., XVIII, 3) : « Et il dit : Seigneur (Adonaï), si j’ai trouvé grâce devant tes yeux, ne passe pas la maison de ton serviteur sans t’y arrêter. » Ainsi, Abraham se servit du mot « Adonaï » ; or, ce nom qui commence par les lettres Aleph et Daleth, est celui de la Schekhina. Car Abraham a vu arriver la Schekhina sous laquelle planent ces trois anges de trois couleurs différentes qui lui servent de trônes. Abraham n’a aperçu la Schekhina que maintenant qu’il était circoncis ; mais il n’a jamais pu la voir avant sa [...]
(Ⅰ)
[101b]  
אִתְגְּזַר, בְּקַדְמִיתָא לָא הֲוָה יָדַע אֶלָּא דְּאִנּוּן בְּנֵי נָשָׁא, וּלְבָתַר יָדַע דְּאִנּוּן מַלְאָכִין קַדִּישִׁין וְאָתוּ בִּשְׁלִיחוּתָא לְגַבֵּיהּ. בְּשַׁעֲתָא דְּאָמְרוּ לֵיהּ אַיֵּ''ה שָׂרָה אִשְׁתְּךָ וּבִשְׂרוּ לֵיהּ בְּשׂוֹרַת יִצְחָק.

אֵלָיו אַתְוָון נְקוּדוֹת אַיּ''וֹ, וְסִימָן אַיּ''וֹ, רֶמֶז לְמַה דִּלְעֵילָא, רֶמֶז לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וַיֹּאמֶר הִנֵּה בָאֹהֶל. כְּתִיב הָכָא הִנֵּה בָאֹהֶל וּכְתִיב הָתָם (ישעיהו ל״ג:כ׳) אֹהֶל בַּל יִצְעָן וְגו'. תָּא חֲזֵי, כֵּיוָן דְּנָקוּד אי''ו אַמַּאי כְּתִיב לְבָתַר אַיֵּה, אֶלָּא בְּגִין דְּחִבּוּרָא דִּדְכַר וְנוּקְבָא כְּחֲדָא רָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא. כְּדֵין אָמַר וַיֹּאמֶר הִנֵּה בָאֹהֶל. תַּמָּן הוּא קִשּׁוּרָא דְּכֹלָּא וְתַמָּן אִשְׁתַּכַּח (ויאמר הנה באהל). אַיֵּה וְגו', וְכִי לָא הֲווּ יָדְעֵי מַלְאֲכֵי עִלָּאֵי דְּשָׂרָה הִנֵּה בָאֹהֶל, אַמַּאי כְּתִיב אַיֵּה. אֶלָּא לָא יָדְעֵי בְּהַאי עָלְמָא אֶלָּא מַה דְּאִתְמָסַר לְהוּ לְמִנְדַע.

תָּא חֲזֵי (שמות י״ב:י״ב) וְעָבַרְתִּי בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם אֲנִי יְיָ. וְכִי כַּמָּה שְׁלִיחִין וּמַלְאָכִין אִית לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֶלָּא בְּגִין דְּאִנּוּן לָא יָדְעֵי בֵּין טִפָּה דְּבוּכְרָא לְהַהוּא דְּלָא בּוּכְרָא בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּלְחוֹדוֹי.

כְּגַוְונָא דָּא (יחזקאל ט׳:ד׳) וְהִתְוֵיתָ תָּו עַל מִצְחוֹת הָאֲנָשִׁים. וְאַמַּאי צְרִיכִין. אֶלָּא בְּגִין דְּאִנּוּן לָא יָדְעֵי, אֶלָא מַה דְּאִתְמָסַר לוֹן לְמִנְדַע (ידעי), כְּגוֹן כָּל אִנּוּן מִלִּין דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַיְיתָאָה עַל עָלְמָא. וּמַאי טַעְמָא בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַעֲבַר כָּרוֹזָא בְּכֻלְהוּ רְקִיעִין בְּהַהִיא מִלָּה דְּזַמִּין לְאַיְתָאָה עַל עָלְמָא.

כְּגַוְונָא דָא בְּשַׁעֲתָא דִּמְחַבְּלָא אִשְׁתְּכַח
- [...] circoncision. Avant, il a pris pour des hommes les trois couleurs qu’il apercevait de temps à autre ; mais, après sa circoncision, il a su que ce sont des anges qui, planant au-dessous de la Schekhina, en forment le trône. Il s’est aperçu que ces anges sont venus à titre de messagers célestes lorsque ceux-ci lui ont demandé (Gen., XVIII, 9) : « Où est (aïeh) Sara ta femme ? » Dans ces paroles, les anges lui ont annoncé la bonne nouvelle de la naissance d’Isaac. Car le mot « elav » porte des points au-dessus des lettres Aleph, Yod et Vav. Ils lui ont fait ainsi allusion au Saint, béni soit-il.
L’Écriture ajoute : « Il leur répondit : Elle est dans la tente. » Et ailleurs il est écrit (Is., XXIII, 20) : « ... Une tente qui ne sera point transportée ailleurs ; les pieux qui l’affermissent en terre ne s’arracheront jamais ; et tous les cordages qui la tiennent ne se rompront point. » Remarquez que le mot « elav » est pourvu de points sur les lettres Aleph, Yod et Vav pour être lu «aïo». Mais pourquoi l’Écriture dit-elle immédiatement après « aïeh », avec un Hé ? Parce que l’union du mâle (9) et de la femelle doit être une union parfaite dans le mystère de la foi. C’est pourquoi Abraham a répondu : « Elle est dans la tente. » C’est là qu’est le nœud de tout et c’est là qu’elle (la Schekhina) réside.
Il est écrit : « Et ils lui dirent : Où est Sara ta femme ? » Les anges ne savaient-ils donc pas que Sara était dans la tente ? Pourquoi donc demandaient-ils : « Où est Sara, ta femme? » Mais la vérité est que, lorsque les anges descendent en ce bas monde, ils ne savent rien de plus que ce qu’il leur est indispensable de savoir pour l’accomplissement de leur mission.
Remarquez que l’Écriture dit (Ex., XII, 12) : « Je passerai cette nuit-là par l’Égypte et je frapperai dans les terres des Égyptiens tous les premiers-nés, depuis l’homme jusqu’aux bêtes, et j’exercerai mes jugements sur tous les dieux de l’Égypte, moi-même qui suis le Seigneur. » Le Saint, béni soit-il, a pourtant de nombreux messagers et de nombreux anges ; et cependant il a passé lui-même en Égypte, parce que, hors le Saint, béni soit-il, lui-même, aucun ange n’aurait pu distinguer entre l’enfant qui est réellement premier-né et celui qui ne l’est pas.
Une autre preuve de ce qu’on vient de dire se trouve dans le verset suivant (Éz., IX, 4) : « Et le Seigneur me dit : Passe au travers de la ville, au milieu de Jérusalem, et marque un Thav sur le front des hommes, etc. » Or, de ce que Dieu a fait marquer le Thav sur le front, il résulte clairement que les anges ne savent que ce qu’on leur communique pour qu’ils puissent accomplir leurs missions. De même, si les anges savent parfois ce que le Saint, béni soit-il, a résolu de faire dans ce monde, c’est que le Saint, béni soit-il ; proclame lui-même dans tous les cieux les événements qui arriveront dans ce monde. De même, lorsque l’ange destructeur sévit [...]
(Ⅰ)
[102a]  
בְּעָלְמָא בָּעֵי בַּר נָשׁ לְאִתְכַּסְיָא בְּבֵיתֵיהּ וְלָא יִתְחֲזֵי בְּשׁוּקָא בְּגִין דְּלָא יִתְחַבֵּל, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (שמות י״ב:כ״ב) וְאַתֶּם לא תֵצְאוּ אִישׁ מִפֶּתַח בֵּיתוֹ עַד בֹּקֶר. מִנַּיְיהוּ (דיכיל לאסתתרא, אין, אבל מקמי קודשא בהך הוא לא (ס''א יכיל)) בָּעֵי לְאִסְתַּתְּרָא. מַה כְּתִיב, (ירמיהו כ״ג:כ״ד) אִם יִסָּתֵר אִישׁ בַּמִּסְתָּרִים וַאֲנִי לֹא אֶרְאֶנּוּ נְאֻם יְיָ.

המדרש הנעלם

אָמַר רַבִּי חִיָּיא אָמַר רַב אִי הֲוִינָא מִסְתַּכְּלִין בְּפָרָשָׁתָא דָּא נִסְתַּכֵּל בְּחָכְמָתָא, אִי עִנְיָינָא דְּנִשְׁמָתָא הִיא לָאו רֵישָׁא סוֹפָא וְלָאו סוֹפָא רֵישָׁא,

וְאִי עִנְיָינָא לִפְטִירַת אִינִישׁ מֵעָלְמָא הִיא, נִסְתּוֹר כָּל פַּרְשָׁתָא אוֹ נוֹקִים פַּרְשָׁתָא בְּהַאי אוֹ בְּהַאי. מַהוּ יוּקַח נָא מְעַט מַיִם וְרַחֲצּוּ רַגְלֵיכֶם וְגו' וְאֶקְחָה פַת לֶחֶם וְגו' וַיְמַהֵר אַבְרָהָם הָאֹהֱלָה אֶל שָׂרָה וְגו' וְאֶל הַבָּקָר רָץ אַבְרָהָם וְגו' וַיִּקַּח חֶמְאָה וְחָלָב וְגו'. כַּד אֲתָא רַב דִּימִי אָמַר לא מָצְּאָה הַנְּשָׁמָה תּוֹעֶלֶת לַגּוּף אִלְּמָלֵא מַה שֶּׁרָמַז בְּכָאן רְמֶז הַקָּרְבָּנוֹת. בָּטְלוּ הַקָּרְבָּנוֹת לֹא בָּטְלָה הַתּוֹרָה, הַאי דְּלָא אִעֲסַק בַּקָּרְבָּנוֹת לִיעֲסַק בַּתּוֹרָה וְיִתְהַנֵּי לֵיהּ יַתִּיר, דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן כְּשֶׁפֵּרַשׁ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא הַקָּרְבָּנוֹת אָמַר משֶׁה רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם תִּינַח בִּזְמַן שֶׁיִּהְיוּ יִשְׂרָאֵל עַל אַדְמָתָם, כֵּיוָן שֶׁיִּגְלוּ מֵעַל אַדְמָתָם מַה יַּעֲשׂוּ, אָמַר לוֹ משֶׁה, יַעַסְקוּ בַּתּוֹרָה ואֲנִי מוֹחֵל לָהֶם בִּשְׁבִילָהּ יוֹתֵר מִכָּל הַקָּרְבָּנוֹת שֶׁבָּעוֹלָם שֶׁנְּאֱמַר (ויקרא ז׳:ל״ז) זֹאת הַתּוֹרָה לָעוֹלָה לַמִּנְחָה וגו'. כְּלוֹמַר זֹאת הַתּוֹרָה בִּשְׁבִיל עוֹלָה בִּשְׁבִיל מִנְחָה בִּשְׁבִיל חַטָאת בִּשְׁבִיל אָשָׁם.

אָמַר רַבִּי כְּרוּסְפְּדָאי הַאי מַאן דְּמַדְכַּר בְּפוּמֵיהּ בְּבָתֵּי כְנֵסִיּוֹת וּבְבָתֵּי מִדְרָשׁוֹת דְּקָרְבָּנַיָא עִנְיָינָא וְתִקְרוּבְתָּא וִיכַוִּון בְּהוּ, בְּרִית כְּרוּתָה הוּא דְּאִנּוּן מַלְאָכַיָא דְּמַדְכְּרִין חוֹבֵיהּ לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ דְּלָא יָכְלִין לְמֶעְבַּד לֵיהּ אִלְּמָלֵא טִיבוּ. וּמַאן יוֹכַח הַאי פַּרְשָׁתָא יוֹכַח, דְּכֵיוָן דְּאָמַר והִנֵּה שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים נִצָּבִים עָלָיו, מַהוּ עָלָיו, לְעַיֵּין בְּדִינֵיהּ, כֵּיוָן

דְּחָמָא נִשְׁמָתָא דְּצַּדִּיקַיָא כָּךְ, מַה כְּתִיב וַיְמַהֵר אַבְרָהָם הָאֹהֱלָה וגו'. מַהוּ הָאֹהֱלָה בֵּית הַמִּדְרָשׁ. וּמַהוּ אוֹמֵר מַהֲרִי שְׁלשׁ סְאִים, עִנְיַן הַקָּרְבָּנוֹת, וְנִשְׁמָתָא מִתְכַּוְּונְת בְּהוּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְאֶל הַבָּקָר רָץ אַבְרָהָם. וּכְדֵין נַיְיחָא לְהוּ ולָא יָכְלִין לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ.

רַבִּי פִּנְחָס פָּתַח קְרָא דִּכְתִיב, (במדבר י״ז:י״א) וְהִנֵּה הֵחֵל הַנֶּגֶף בָּעָם וּכְתִיב וַיֹּאמֶר משֶׁה אֶל אַהֲרֹן קַח אֶת הַמַּחְתָּה וְגו' וּכְתִיב וַתֵּעָצַּר הַמַּגֵּפָה. כְּתִיב הָכָא מַהֵר וּכְתִיב הָתָם מַהֲרִי שְׁלשׁ סְאִים. מַה לְּהַלָּן קָרְבָּן לְאִשְׁתְּזָבָא אַף כָּאן קָרְבָּן לְאִשְׁתְּזָבָא.

אָמַר רַבִּי פִּנְחָס זִמְנָא חָדָא הֲוִינָא אָזְלֵי בְאָרְחָא וַעֲרָעִית בֵּיהּ בְּאֵלִיָּהוּ, אֲמִינָא לֵיהּ, לֵימָא לִי מַר מִלָּה דְּמַעֲלֵי לִבְרִיָּיתָא, אָמַר לֵיהּ, קְיים גָּזַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְעָאלוּ קַמֵּיהּ כָּל אִלֵּין מַלְאָכַיָא דִּמְמַנָּן לְאַדְכָּרָא חוֹבֵי דְּבַּר נָשׁ, דִּי בְּעִדְנָא דְּיִדְכְּרוּן בְּנִי אֱנָשָׁא קָרְבָּנַיָא דְּמַנֵּי משֶׁה ושַׁוִּי לִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ בְּהוּ, דְּכֻלְהוּ יִדְכְּרוּן לֵיהּ לְטַב.

וְעוֹד בְּעִדָּנָא דִּיעֲרַע מוֹתָנָא בִּבְנֵי אֱנָשָׁא, קְיָימָא אִתְגְּזַר וכָרוֹזָא אַעֲבַר עַל כָּל חֵילָא דִשְׁמַיָא דְּאִי יִיעֲלוּן בְּנוֹהִי בְּאַרְעָא בְּבָתֵּי כְנֵסִיּוֹת וּבְבָתֵּי מִדְרָשׁוֹת וְיֵימְרוּן בִּרְעוּת נַפְשָׁא וְלִבָּא עִנְיָינָא דִקְטֹרֶת בּוּסְמִין דְּהֲווּ לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל, דְּיִתְבַּטַל מוֹתָנָא מִנַּיְיהוּ.

אָמַר רַבִּי יִצְּחָק בֹּא וּרְאֵה מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר משֶׁה אֶל אַהֲרֹן קַח אֶת הַמַּחְתָּה ותֵן עָלֶיהָ אֵשׁ מֵעַל הַמִּזְבֵּחַ וְשִׂים קְטֹרֶת. אָמַר לֵיהּ אַהֲרֹן לָמָּה. אָמַר כִּי יָצָּא הַקֶּצֶּף מִלִּפְנֵי יְיָ וגו'. מַה כְּתִיב וַיָּרָץ אֶל

תּוֹךְ הַקָּהָל וְהִנֵּה הֵחֵל הַנֶּגֶף בָּעָם. וּכְתִיב וַיַּעֲמֹד בֵּין הַמֵּתִים וּבֵין הַחַיִּים וַתֵּעָצַּר הַמַּגֵּפָה. ולָא יָכִיל מַלְאָכָא דִּמְחַבְּלָא לְשַׁלְּטָאָה וְנִתְבַּטְלָא מוֹתָנָא.

רַבִּי אַחָא אֲזַל לִכְפַר טַרְשָׁא אֲתָא לְגַבֵּי אוּשְׁפִּיזֵיהּ, לְחִישׁוּ עֲלַיְהוּ כָּל בְּנֵי מָתָא, אָמְרוּ גַּבְרָא רַבָּא אֲתָא הָכָא נֵזִּיל לְגַבֵּיהּ, אָתוּ לְגַבֵּיהּ, אָמְרוּ לֵיהּ לָא חָס עַל אוֹבָדָנָא, אָמַר לְהוּ מַהוּ. אָמְרוּ לֵיהּ דְּאִית שִׁבְעָה יוֹמִין דְּשָׁארֵי מוֹתָנָא בְּמָאתָא וכָל יוֹמָא אִתְתַּקַּף ולָא אִתְבַּטַל. אָמַר לְהוּ נֵזִּיל לְבֵי כְנִשְׁתָּא וְנִתְבַּע רַחֲמֵי מִן קֳדָם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, אָתוּ וְאָמְרוּ פְּלוֹנִי וּפְלוֹנִי מִיתוּ, וּפְלוֹנִי וּפְלוֹנִי נָטוּ לָמוּת. אָמַר לְהוּ רַבִּי אַחָא לֵית עִתָּא לְקָיְימָא הָכִי דְּשַׁעֲתָא דְחִיקָא.

אֲבָל אַפְרִישׁוּ מִנְכוֹן אַרְבְּעִין בְּנֵי נָשָׁא מֵאִנּוּן דְּזַכָּאִין יַתִיר. עֲשָׂרָה עֲשָׂרָה לְאַרְבְּעָה חוּלָקִין ואֲנָא עִמְּכוֹן, עֲשָׂרָה לְזִוְויָיתָא דְּמָאתָא, וַעֲשָׂרָה לְזִוְויָיתָא דְּמָאתָא, וְכֵן לְאַרְבַּע זִוְויָיתָא דְּמָאתָא. וְאָמְרוּ בִּרְעוּת נַפְשְׁכוֹן עִנְיָינָא דִקְטֹרֶת בּוּסְמִין. דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לְמשֶׁה ועִנְיָינָא דְּקָרְבָּנָא עִמֵּיהּ.

עֲבְדוּ כֵּן תְּלַת זִמְנִין וְאַעֲבָרוּ בְּכָל מָאתָא לְאַרְבַּע זִוְויָיתָא והֲווּ אָמְרִין כֵּן, לְבָתַר אָמַר לְהוּ נֵּזִיל לְאִנּוּן דְּאוֹשִׁיטוּ לְמֵימַת אַפְרִישׁוּ מִנַּיְיכוּ לְבָתֵּיהוֹן, ואִמְרוּ כְדֵין, וְכַד תְּסַיְּימוּ אִמְרוּן אִלֵּין פְּסוּקַיָיא (במדבר ט״ז:ח׳) וַיֹּאמֶר משֶׁה אֶל אַהֲרֹן קַח אֶת הַמַּחְתָּה ותֵן עָלֶיהָ אֵשׁ וְגו'

וַיִּקַּח אַהֲרֹן וְגו' וַיַּעֲמֹד בֵּין הַמֵּתִים וְגו'. וכֵן עֲבְדוּ ואִתְבַּטַל מִנַּיְיהוּ.

שָׁמְעוּ הַהוּא קָלָא דְּאָמַר סִתְרָא סִתְרָא קַמַּיְיתָא אוֹחִילוּ לְעֵילָא דְּהָא דִּינָא דִּשְׁמַיָא לָא אַשְׁרֵי הָכָא דְּהָא יָדְעֵי לְבַטְלָא לֵיהּ. חָלַשׁ לִבֵּיהּ דְּרַבִּי אַחָא, אִדְמוּךְ, שָׁמַע דְּאֲמְרֵי לֵיהּ, כַּד עָבַדְתְּ דָּא עֲבִיד דָּא, זִיל ואֵימָא לוֹן דְּיַחְזְרוּן בִּתְשׁוּבָה דְּחַיָּיבִין אִנּוּן קַמָּאי. קָם ואַחֲזַר לְהוּ בִּתְשׁוּבָה שְׁלֵימָתָא, וְקַבִּילוּ עֲלַייהוּ דְּלָא יִתְבַּטְלוּן (צד א (ב)) מֵאוֹרַיְיתָא לְעָלַם, וְאַחֲלִיפוּ שְׁמָא דְּקַרְתָּא וקָארוּן לָהּ מָאתָא מַחְסֵיָא. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה לֹא דַּי לָהֶם לַצַּדִּיקִים שֶׁמְבַטְלִין אֶת הַגְּזִרָה אֶלָּא לְאַחַר כֵּן שֶׁמְבָרְכִין לָהֶם, תֵּדַע לָךְ שֶׁכֵּן הוּא, דְּכֵיוָן שֶׁהַנְּשָׁמָה אוֹמֶרֶת לַגּוּף מַהֲרִי שְׁלשׁ סְאִים וְגו' וְכָל אוֹתוֹ הָעִנְיָן וּמְבַטֵל אֶת הַדִּין, מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כְּעֵת חַיָּה הֲרֵי בְּרָכָה.

כֵּיוָן שֶׁרוֹאִים אוֹתָהּ הַמַּלְאָכִים שֶׁזֶּה לָקַח עֵצָּה לְנַפְשׁוֹ, מַה עוֹשִׂים, הוֹלְכִים אֵצֶּל הָרְשָׁעִים לְעַיֵּן בְּדִינָם וְלַעֲשׂוֹת בָּהֶם מִשְׁפָּט הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיָּקוּמוּ מִשָּׁם הָאֲנָשִׁים וַיַּשְׁקִיפוּ עַל פְּנִי סְדוֹם לִמְקוֹם הָרְשָׁעִים לַעֲשׂוֹת בָּהֶם מִשְׁפָּט. הֲדָא הוּא דְּאָמַר רַבִּי יְהוּדָה כָּךְ דַּרְכּוֹ שֶׁל צַּדִּיק כֵּיוָן שֶׁרוֹאֶה שֶׁמְעַיְינִין בְּדִינוֹ אֵינוֹ מִתְאַחֵר לָשׁוּב וּלְהִתְפַּלֵל וּלְהַקְרִיב (על) חֶלְבּוֹ וְדָמוֹ לִפְנֵי צּוּרוֹ עַד שֶׁמִּסְתַּלְּקִין בַּעֲלֵי הַדִּין מִמֶּנּוּ.

דְּכֵיון שֶׁאָמַר וַיִּשָּׂא עֵינָיו

וַיַּרְא והִנֵּה שְׁלשָׁה אֲנָשִׁים נִצָּבִים עָלָיו, מַה כְּתִיב בַּנְּשָׁמָה, וַיְמַהֵר אַבְרָהָם הָאֹהֱלָה אֶל שָׂרָה. בְּחִפָּזוֹן וּבִמְהִירוּת בְּלֹא שׁוּם הַעְכָּבָה, מִיָּד מְמַהֶרֶת הַנְּשָׁמָה אֵצֶּל הַגּוּף לְהַחֲזִירוֹ לְמוּטָב וּלְבַקֵּשׁ בַּמֶּה שֶׁיִּתְכַּפֵּר לוֹ עַד שֶׁמִּסְתַּלְּקִין מִמֶּנּוּ בַּעֲלֵי הַדִּין.

רַבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר מַהוּ דְּאָמַר ואַבְרָהָם וְשָׂרָה זְקֵנִים בָּאִים בַּיָּמִים חָדַל לִהְיוֹת לְשָׂרָה אֹרַח כַּנָּשִׁים. אֶלָּא כֵּיוָן שֶׁהַנְּשָׁמָה עוֹמֶדֶת בְּמַעֲלָתָהּ וְהַגּוּף נִשְׁאָר בָּאָרֶץ מִכַּמָּה שָׁנִים, בָּאִים בַּיָּמִים, שָׁנִים וְיָמִים הַרְבֵּה. וְחָדַל לָצֵּאת וְלָבֹא וְלַעֲבֹר אֹרַח כִּשְׁאָר כָּל אָדָם, אִתְבַּשַּׂר לְהַחֲיוֹת הַגּוּף.

מַהוּ אוֹמֵר אַחֲרֵי בְלוֹתִי הָיְתָה לִי עֶדְנָה, אַחֲרֵי בְלוֹתִי בֶּעָפָר מֵהַיּוֹם כַּמָּה שָׁנִים הָיְתָה לִי עֶדְנָה וְחִדּוּשׁ, ואֲדוֹנִי זָקֵן שֶׁהַיּוֹם כַּמָּה שָׁנִים שֶׁיָּצָּאת מִמֶּנִּי וְלֹא הִפְקִידַנִי. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר הֲיִפָּלֵא מֵיְיָ דָּבָר לַמּוֹעֵד. מַהוּ לַמּוֹעֵד. אוֹתוֹ הַיָּדוּעַ אֶצְּלִי לְהַחֲיוֹת הַמֵּתִים. וּלְשָׂרָה בֵן מְלַמֵּד שֶׁיִּתְחַדֵּשׁ כְּבֶן שָׁלשׁ שָׁנִים. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה בְּרַבִּי סִימוֹן כֵּיוָן שֶׁהַנְּשָׁמָה נִיזוֹנֶת מִזִּיוָהּ שֶׁל מַעְלָה, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹמֵר לְאוֹתוֹ הַמַּלְאָךְ הַנִּקְרָא דומ''ה, לֵךְ וּבַשֵּׂר לְגוּף פְּלוֹנִי שֶׁאֲנִי עָתִיד לְהַחֲיוֹתוֹ לַמּוֹעֵד שֶׁאֲנִי אֲחַיֶּה אֶת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא. והוּא מֵשִׁיב אַחֲרֵי בְלוֹתִי הָיְתָה לִי עֶדְנָה. אַחֲרֵי בְלוֹתִי בֶּעָפָר ושָׁכַנְתִּי בָּאֲדָמָה וְאָכַל בְּשָׂרִי רִמָּה וְגוּשׁ עָפָר תִּהְיְה לִי חִדּוּשׁ.

קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹמֵר לַנְּשָׁמָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֹּאמֶר יְיָ אֶל אַבְרָהָם וְגו' הֲיִפָּלֵא מֵיְיָ דָּבָר לַמּוֹעֵד הַיָּדוּעַ אֶצְּלִי לְהַחֲיוֹת אֶת הַמֵּתִים, אָשׁוּב אֵלֶיךָ, אוֹתוֹ הַגּוּף שֶׁהוּא

קָדוֹשׁ כְּבָרִאשׁוֹנָה מְחוּדָשׁ לִהְיוֹתְכֶם מַלְאָכִים קְדוֹשִׁים ואוֹתוֹ הַיּוֹם עָתִיד לְפָנַי לִשְׂמֹחַ בָּהֶם הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים ק״ד:ל״א) יְהִי כְבוֹד יְיָ לְעוֹלָם יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו, (ע''כ מדרש הנעלם)

אַיֵּה שָׂרָה אִשְׁתֶּךָ, דְּלָא בָעוּ לוֹמַר קַמָּהּ, כֵּיוָן דְּאָמַר הִנֵּה בָאֹהֶל מִיָּד וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כְּעֵת חַיָּה וְהִנֵּה בֵן לְשָׂרָה אִשְׁתֶּךָ וְגו'. תָּא חֲזֵי, אוֹרַח אַרְעָא, דְּעַד לָא אַזְמִין אַבְרָהָם קַמַּיְיהוּ לְמֵיכַל לָא אָמְרוּ לֵיהּ מִידֵּי, בְּגִין דְּלָא יִתְחֲזֵי דִּבְגִין הַהִיא בְּשׂוֹרָה קָא אַזְמִין לְהוּ לְמֵיכַל, בָּתַר דִּכְתִיב וַיּאכֵלוּ כְּדֵין אָמְרוּ לֵיהּ הַהִיא בְּשׂוֹרָה.

וַיֹּאכֵלוּ, סָלְקָא דַּעְתָּךְ וְכִי מַלְאֲכֵי עִלָּאֵי אָכְלֵי, אֶלָּא בְּגִין יְקָרָא דְּאַבְרָהָם אִתְחֲזֵי הָכִי. אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר וַיֹּאכֵלוּ וַדַּאי, בְּגִין דְּאִנּוּן (קד א) אֶשָׁא דְּאָכִיל אֶשָׁא וְלָא אִתְחֲזֵי, וְכָל מַה דְּיָהַב לוֹן אַבְרָהָם אָכְלֵי בְּגִין דְּמִסִּטְרָא דְּאַבְרָהָם אָכְלֵי לְעֵילָא (דאכלי מההוא סטרא דלעילא).

תָּא חֲזֵי, כָּל מַה דְּאָכִיל אַבְרָהָם בְּטָהֳרָה אִיהוּ קָא אָכִיל וּבְגִין כָּךְ אַקְרִיב קַמַּיְיהוּ וְאָכְלֵי, וְנָטִיר אַבְרָהָם בְּבֵיתֵיהּ דַּכְיָא וּמְסָאֲבוּתָא, דְּאֲפִילּוּ בַּר נָשׁ דְּאִיהוּ מְסָאַב (לא יכיל לקרבא לביתיה כדין ידע אברהם דהא מסאב איהו ועביד) (נ''א לא הוה משמש בביתיה, עד דעביד) לֵיהּ טְבִילָה, אוֹ עֲבִיד לֵיהּ לְנַטְרָא שִׁבְעָה יוֹמִין כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ בְּבֵיתֵיהּ, וְהָכִי הוּא וַדַּאי.

תָּא חֲזֵי כְּתִיב, (דברים כג) אִישׁ אֲשֶׁר לא יִהְיֶה טָהוֹר מִקְרֶה לַיְלָה וְגו'. מַאי תַּקַנְתֵּיהּ, וְהָיָה לִפְנוֹת עֶרֶב יִרְחַץ בַּמָּיִם. אִעֲרַע בֵּיהּ טֻמְאָה
- [...] dans ce bas monde, l’homme doit se cacher dans sa maison et ne pas se montrer sur la rue, pour que l’ange exterminateur ne puisse le léser, ainsi qu’il est écrit (Ex., XII, 22) : « ... Mais vous ne sortirez de la porte de votre maison jusqu’au lendemain matin. » Mais, si l’on peut se cacher devant l’ange exterminateur, on ne peut pas se cacher devant le Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXIII, 24) « Un homme peutil se cacher sans que je le voie, dit le Seigneur ? » Après que les anges eurent demandé à Abraham : « Où est Sara ta femme », et après qu’il leur eut répondu « Elle est dans la tente », ils lui apprirent la bonne nouvelle, ainsi qu’il est écrit (Gen., XVIII, 10) : « Et il dit à Abraham : Je reviendrai te voir dans un an, et Sara ta femme aura un fils. » C’est parce que l’ange ne voulait pas lui annoncer cette nouvelle en présence de Sara.
Remarquez qu’on trouve dans ces paroles une règle de bienséance : avant qu’Abraham ne les eût invités à manger, ils ne lui avaient rien dit ; ce n’est qu’après avoir mangé, qu’ils lui communiquèrent la bonne nouvelle. C’était pour qu’Abraham n’eût paru les avoir invités à manger uniquement parce qu’ils lui avaient apporté une bonne nouvelle. L’Écriture dit : « ... Et ils ont mangé. » Comment peut-on admettre chose pareille ? Les anges célestes mangentils donc ? Mais la vérité est que, pour l’honneur d’Abraham, ils faisaient semblant de manger.
Rabbi Éléazar dit : Le terme « ils ont mangé » doit être pris à la lettre ; ils ont réellement mangé ; car les anges sont un feu qui se nourrit d’un autre feu ; ce feu qui sert de nourriture aux anges et qui est invisible aux yeux des hommes émane de ce degré séphirothique, c’est-à-dire de la Séphirâ « Yésed » (ou Grâce), dont Abraham est l’image ; et c’est cette nourriture qu’Abraham leur a servie.
Remarquez que tout ce qu’Abraham mangeait était à l’état de pureté légale ; c’est pourquoi il a pu servir ces mets aux anges qui en ont mangé. Il conservait sa maison dans un tel état de pureté, qu’il était impossible à un homme impur de s’en approcher. Et quand Abraham a vu un homme essayer de s’approcher de sa maison sans pouvoir y parvenir, il a compris que cet homme était impur, et il lui fit subir, soit l’ablution purificatrice, soit l’isolement durant sept jours, conformément à la loi.
Remarquez que l’Écriture (Deut., XXIII, 11) dit : « Si un homme d’entre vous a été atteint d’impureté pendant la nuit, il sortira du camp. » Et pour laver cette impureté L’Écriture ajoute : « ... Qu’il se lave vers le soir dans l’eau. » Mais il y a un autre genre [...]
(Ⅰ)
[102b]  
אָחֳרָא כְּגוֹן זִיבָה אוֹ (נ''א סגירו או נדה) סְגִירַת נִדָּה דְּהֲווּ תְּרִי מְסָאֲבוּ, לָא סַגְיָא לֵיהּ בְּהַהִיא טְבִילָה (בגין) בֵּין דְּאִעֲרַע בֵּיהּ קֶרִי קֹדֶם דְּקַבִּיל טֻמְאָה אָחֳרָא (בגין) בֵּין דְּאִעֲרַא בֵּיהּ לְבָתָר.

וְאַבְרָהָם וְשָׂרָה הֲווּ מְתַקְּנֵי טְבִילָה לְכֻלְהוּ, אִיהוּ לְגַבְרֵי וְאִיהִי לְנַשֵּׁי. מַאי טַעְמָא אִעֲסַק אַבְרָהָם לְדַכָּאָה לִבְנִי נָשָׁא, בְּגִין דְּאִיהוּ טָהוֹר וְאִקְרֵי טָהוֹר. דִּכְתִיב, (איוב י״ד:ד׳) מִי יִתֵּן טָהוֹר מִטָּמֵא לא אֶחָד. טָהוֹר דָּא אַבְרָהָם דְּנָפַק מִתֶּרַח.

רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר בְּגִין לְתַקָּנָא הַהוּא דַּרְגָּא דְּאַבְרָהָם, וּמַאן אִיהוּ מַיִ''ם. בְגִין כָּךְ אַתְקִין לְדַכָּאָה בְּנִי עָלְמָא בְּמַיָא. וּבְשַׁעֲתָא דְּאַזְמִין לַמַּלְאָכִין, שֵׁירוּתָא דְּמִלּוֹי מַה כְּתִיב יוּקַח נָא מְעַט מַיִם. בְּגִין לְאִתְתַּקְּפָא בְּהַהוּא דַּרְגָּא דְמַיִין שָׁרָאן בָּהּ. וּבְגִינֵי כָךְ הֲוָה מְדַכֵּי לְכָל בְּנֵי נָשָׁא מִכֹּלָּא. מְדַכֵּי לוֹן מִסִּטְרָא דְּעֲבוֹדָה זָרָה, וּמְדַכֵּי לוֹן מִסִּטְרָא דִּמְסָאֳבָא, וְכַמָּה דְּאִיהוּ מְדַכֵּי לְגוּבְרִין הָכִי נָמֵי שָׂרָה מְדַכַּאת לְנָשִׁין, וְאִשְׁתַּכָּחוּ כֻּלְהוּ דְּאַתְיָין לְגַבַּיְיהוּ דָּכְיָין מִכֹּלָּא.

תָּא חֲזֵי, אִילָנָא נָטַע אַבְרָהָם בְּכָל אֲתַר דְּדִיּוּרֵיהּ תַּמָּן, וְלָא הֲוָה סָלִיק בְּכָל אֲתַר כְּדְקָא יְאוּת, בַּר בְּשַׁעֲתָא דְּדִיוּרֵיהּ בְּאַרְעָא דִּכְנָעַן, וּבְהַהוּא אִילָנָא הֲוָה יָדַע מַאן דְּאִתְאַחִיד בֵּיה בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּמַאן דְּאִתְאַחִיד בְּעֲבוֹדָה זָרָה.

מַאן דְּאִתְאַחִיד בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִילָנָא הֲוָה פָּרִישׂ עַנְפּוֹי וְחֲפֵי עַל רֵישֵׁיהּ וְעֲבִיד עֲלֵיהּ צִלָּא יָאֶה, וּמַאן דְּאִתְאַחִיד בְּסִטְרָא דְּעֲבוֹדָה זָרָה הַהוּא אִילָנָא הֲוָה אִסְתַּלַּק וְעַנְפּוֹי הֲווּ סְלִיקִין לְעֵילָא. כְּדֵין הֲוָה יָדַע אַבְרָהָם וְאַזְהִיר לֵיהּ, וְלָא אַעֲדֵי מִתַּמָּן עַד דְּאִתְאַחִיד בִּמְהֵימְנוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְהָכִי מַאן דְּאִיהוּ דַּכְיָא (ד''א ל''ג הכי) מְקַבֵּל לֵיהּ אִילָנָא. מַאן דְּאִיהוּ מְסָאַב לָא מְקַבֵּל לֵיהּ. כְּדֵין יָדַע אַבְרָהָם וּמְדַכֵּי לוֹן בְּמַיָא.

וּמַעֲיָינָא דְמַיָא הֲוָה תְּחוֹת הַהוּא אִילָנָא, וּמַאן דְּצָרִיךְ טְבִילָה מִיָּד מַיִין סָלְקִין לְגַבֵּיהּ, וְאִילָנָא אִסְתַּלְּקִין עַנְפּוֹי, כְּדֵין יָדַע אַבְרָהָם דְּאִיהוּ מְסָאָבָא וּבָעֵי טְבִילָה מִיָּד, וְאִם לָאו מַיָא נְגִיבָן כְּדֵין יָדַע דְּבָעֵי לְאִסְתָּאֳבָא וּלְאִסְתַמְרָא שִׁבְעָה יוֹמִין.

תָּא חֲזֵי, דְּאֲפִילּוּ בְּשַׁעֲתָא דְּאַזְמִין לוֹן לְמַּלְאָכִין אָמַר לוֹן וְהִשָּׁעֲנוּ תַּחַת הָעֵץ בְּגִין לְמֶחמֵי וּלְמִבְדַּק בְּהוּ, וּבְהַהוּא אִילָנָא הֲוָה בָּדִיק לְכָל בְּנֵי עָלְמָא. וְרָזָא (לקבל) בְּגִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָא (עבד) אָמַר דְּאִיהוּ אִילָנָא דְחַיֵּי לְכֹלָּא, וּבְגִין כָּךְ וְהִשָּׁעֲנוּ תַּחַת הָעֵץ וְלֹא תַּחַת עֲבוֹדָה זָרָה.

וְתָּא חֲזֵי, כַּד חָב אָדָם, בְּעֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע חָב, דִּכְתִיב וּמֵעֵץ הַדַּעַת וְגו' וְאִיהוּ בֵּיהּ חָב וְגָרַם מוֹתָא לְעָלְמָא. מַה כְּתִיב וְעַתָּה פֶּן יִשְׁלַח יָדוֹ וְלָקַח גַּם מֵעֵץ הַחַיִּים וְגו'. (וגרם מותא לכל בני עלמא) וְכַד אֲתָא אַבְרָהָם בְּאִילָנָא אָחֳרָא אַתְקִין עָלְמָא דְּהוּא אִילָנָא דְּחַיֵּי וְאוֹדַע מְהֵימְנוּתָא לְכָל בְּנֵי עָלְמָא:

וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה. אָמַר רַבִּי יִצְחָק שׁוֹב אָשׁוּב, שׁוֹב יָשׁוּב מִבָּעֵי לֵיהּ, דְּהָא מַפְתְחָא דָּא לְמִפְקַד עֲקָרוֹת בִּידָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִיהוּ וְלָא בִּידָא דִּשְׁלִיחָא אָחֳרָא. כְּמָה דְּתָנִינָן תְּלַת מַפְתְּחָן אִנּוּן דְּלָא אִתְמְסָרוּ בִּידָא דִּשְׁלִיחָא. דְּחַיָּה וּתְחִיַּת הַמֵּתִים וּגְשָׁמִים. וְהוֹאִיל דְּלָא אִתְמְסָרוּ בִּידָא דִשְׁלִיחָא אַמַּאי כְּתִיב שׁוֹב אָשׁוּב. אֶלָּא וַדַּאי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּהֲוָה קָאִים עֲלַיְיהוּ אָמַר (ליה) מִלָּה, בְגִין כָּךְ כְּתִיב וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ.

וְתָּא חֲזֵי, בְּכָל אֲתַר דִּכְתִיב וַיֹּאמֶר סְתָם אוֹ וַיִּקְרָא סְתָם הוּא מַלְאָכָא דִּבְרִית וְלָא אָחֳרָא. וַיֹּאמֶר דִּכְתִיב, (שמות ט״ו:כ״ו) וַיֹּאמֶר אִם שָׁמֹעַ תִּשְׁמַע וְגו' וַיֹּאמֶר וְלָא קָאֲמַר מַאן הוּא. וַיִּקְרָא דִּכְתִיב, (ויקרא א׳:א׳) וַיִּקְרָא אֶל משֶׁה וְלָא קָאֲמַר מַאן הֲוָה. אָמַר דִּכְתִיב, (שמות כ״ד:ט״ז) וְאֶל משֶׁה אָמַר וְגו' וְלָא אָמַר מַאן הֲוָה. (אוף הכי דכתיב ויאמר שוב אשוב ויאמר סתם ולא קאמר מאן
- [...] d’impureté, telle que la gonorrhée, ou les menstrues ; pour ces deux cas d’impureté le bain purificateur ne suffit pas. Soit que la pollution ait précédé le genre d’impureté ou qu’elle l’ait suivi, dans aucun cas le bain ne suffit pour rétablir la pureté de l’homme. Abraham et Sara se sont occupés à faire subir aux impurs l’ablution, purificatrice ; lui la fit subir aux hommes, elle aux femmes. Pourquoi Abraham s’est-il occupé à purifier les hommes ? Parce que lui-même était pur, et parce qu’il porte le nom de « pur », ainsi qu’il est écrit (Job, XIV, 4)) : « Qui peut rendre pur celui qui est né d’un sang impur ? n’est-ce pas toi seul qui le peux ? » Or, ce verset s’applique à Abraham qui descendait de Tharé (10).
Rabbi Siméon dit : Abraham voulait atteindre l’échelle dont il est l’image et qui est appelée « eau » (maïm) ; et c’est pourquoi il s’efforçait de puritier le genre humain à l’aide de l’eau. Dès que les anges se sont présentés chez Abraham, les premières paroles qu’il leur a adressées étaient(Gen., XVIII, 4) : « Qu’on apporte un peu d’eau. » Abraham s’efforçait ainsi d’atteindre ce degré céleste où les eaux se trouvent, et c’est pourquoi il a purifié tous les hommes ; il les a purifiés du culte de l’idolâtrie, et il les a purifiés de toutes les autres souillures. Et de même que lui s’occupait à purifier les hommes, Sara de son côté s’était consacrée à purifier les femmes ; de sorte que tous ceux qui venaient dans la maison d’Abraham devenaient purs.
Remarquez qu’Abraham avait planté un arbre dans tous les pays qu’il habita successivement ; mais nulle part l’arbre n’a réussi de manière convenable que sur la terre de Chanaan. Grâce à cet arbre, Abraham a su distinguer entre un homme uni au Saint, béni soit-il, et un homme attaché au culte de l’idolâtrie. Quand un homme uni au Saint, béni soit-il, s’asseyait sous cet arbre, celui-ci étendait ses branches au-dessus de la tête de l’homme en question et l’enveloppait de son ombre bienfaisante ; mais quand c’était un homme attaché au culte de l’idolâtrie qui s’asseyait au pied de cet arbre, celui-ci perdait son ombre en élevant ses branches dans une position verticale. Dans ce dernier cas, Abraham savait qu’il avait devant lui un pécheur ; aussi s’efforçait-il de le convertir et ne le quittait-il jusqu’à ce qu’il l’eût ramené à la foi en le Saint, béni soit-il. Ainsi, l’arbre d’Abraham n’était accessible qu’aux hommes purs ; les hommes impurs ne pouvaient s’en approcher. Quand Abraham constatait l’impossibilité dans laquelle se trouvaient certains hommes d’approcher de son arbre, il en déduisait que ces hommes se trouvaient dans un état d’impureté, et leur faisait subir l’ablution purificatrice. Une source jaillissait au pied de l’arbre ; si l’impureté de l’homme était de nature à disparaître à l’aide d’une ablution, la source faisait jaillir ses eaux et l’arbre dressait ses branches en haut ; alors Abraham comprenait que cet homme avait besoin d’une ablution purificatrice. Mais si l’arbre dressait ses branches en haut, sans que la source fit jaillir ses eaux, Abraham en déduisait que l’impureté de l’homme n’était pas de nature à disparaître à l’aide d’une ablution, mais qu’il fallait isoler l’homme pendant sept jours.
Remarquez que, lors même de la visite des anges, il leur dit (Gen., XVIII, 4) : « Reposez-vous sous cet arbre. » Car Abraham voulait les mettre à l’épreuve, à l’aide de cet arbre qui lui servait à examiner tout le monde. Quant au sens spirituel de ces mots, Abraham désignait le Saint, béni soit-il, sous le nom d’Arbre : Asseyez-vous, disait Abraham à ses hôtes, sous l’Arbre de la vie de tout le monde ; mais ne vous asseyez pas sous l’arbre de l’idolâtrie. Remarquez, en outre, que le péché d’Adam avait pour objet l’Arbre du Bien et du Mal, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 17) : « Mais ne mange point de l’Arbre de la science du Bien et du Mal, etc. » C’est pour avoir transgressé ce commandement de Dieu qu’Adam a causé la mort de tous les hommes en ce bas monde, ainsi qu’il est écrit (Gen;, III, 22) : « Empêchons donc maintenant qu’il ne porte sa main à l’Arbre de vie, qu’il ne prenne aussi de son fruit et que, le mangeant, il ne vive éternellement. » Lorsqu’Abraham vint au monde, il répara le mal causé par Adam à l’aide de l’Arbre de vie, car il fit connaître la Foi à tout le monde (11).
Il est écrit (Gen., XVIII, 10) : « Et il dit : Je reviendrai chez toi dans un an. » Rabbi Isaac demande : Pourquoi l’Écriture dit-elle : « Je reviendrai... », au lieu de : « Il reviendra... », attendu que la clef de la fécondation des femmes stériles se trouve entre les mains du Saint, béni soit-il, lui-même, et n’est confiée à aucun autre ange messager, conformément à la tradition suivant laquelle trois clefs ne sont confiées à aucun messager céleste : celle de la parturition, celle de la résurrection et celle des pluies ; or, la clef de la fécondation n’étant confiée à aucun ange messager, pourquoi l’ange dit-il : « Je reviendrai chez toi dans un an ; et Sara ta femme aura un fils » ? Mais il est certain que ce fut le Saint, béni soit-il, qui prononça ces paroles ; et c’est pourquoi il est écrit : « Je reviendrai chez toi, etc. » Remarquez, en outre, que, partout où l’Écriture emploie le terme « il dit » (vayomer) (12), sans désigner celui qui dit, ou « il appela » (vaïqra), sans désigner celui qui appelle, elle désigne l'ange de l’Alliance, c'est-à-dire Dieu, et aucun autre. Pour le mot « vayomer », on trouve un exemple dans le verset (Ex., XV, 26) suivant : « Et il dit : Si tu écoutes la voix du Seigneur ton Dieu, etc. » L'Écriture se sert ici du mot « vayomer », sans désigner celui qui dit : Pour le mot « vaïqra », on trouve un exemple dans le verset (Lév., I, 1) suivant : « Et il appela Moïse. » Ici l'Écriture se sert du mot « vaïqra » sans désigner celui qui appela. Il en est de même du mot « amar» (il dit), ainsi qu'il est écrit (Ex., XIV, 1) : « Et il dit à Moïse: Monte vers le Seigneur, etc. » Ici l'Écriture se sert du mot «amar», sans [...]
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הוה) אֶלָּא בְּכָל הַנֵּי מַלְאָכָא דִּבְרִית הֲוָה וְכֹלָּא בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְּמָר. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ וְגו'. וְהִנֵּה בֵן וְגו':

וְהִנֵּה בֵן לְשָׂרָה אִשְׁתְּךָ. מַאי טַעְמָא לָא כְּתִיב וְהִנֵּה בֵן לְךָ, אֶלָּא בְּגִין דְּלָא יַחֲשֹׁב דְּהָא מִן הָגָר אִיהוּ כִּדְבְקַדְמִיתָא. רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (מלאכי א׳:ו׳) בֵּן יְכַבֵּד אָב וְעֶבֶד אֲדוֹנָיו. בֵּן יְכַבֵּד אָב דָּא יִצְחָק לְאַבְרָהָם. אֵימָתַי כַּבִּיד לֵיהּ, בְּשַׁעֲתָא דְּעֲקַד לֵיהּ עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא וּבְעָא לְמִקְרַב לֵיהּ קָרְבָּנָא, וְיִצְחָק בַּר תְּלָתִין וּשְׁבַע שְׁנִין הֲוָה, וְאַבְרָהָם הֲוָה סָבָא, דְּאִילוּ הֲוָה בָּעִיט (ס''א ביה) בְּרַגְלָא חַד לָא יָכִיל לְמֵיקַם קַמֵיהּ, (כל שכן למעבד ליה), וְאִיהוּ אוֹקִיר לֵיהּ לְאֲבוֹי וְעֲקַד לֵיהּ כְּחַד אִימְרָא בְּגִין לְמֶעְבַּד רְעוּתֵיהּ דְּאֲבוֹי. (קמו ב) וְעֶבֶד אֲדוֹנָיו דָּא אֱלִיעֶזְרִ לְאַבְרָהָם. כַּד שַׁדַּר לֵיהּ לְחָרָן, וְעֲבַד כָּל רְעוּתֵיהּ דְּאַבְרָהָם, וְאוֹקִיר לֵיהּ כְּמָה דִכְתִיב, (בראשית כ״ד:ל״ה) וַיְיָ בֵּרַךְ אֶת אֲדוֹנִי וְגו'. וּכְתִיב (בראשית כ״ד:ל״ד) וַיֹּאמֶר עֶבֶד אַבְרָהָם אָנֹכִי, בְּגִין לְאוֹקִיר לֵיהּ לְאַבְרָהָם. דְּהָא בַּר נָשׁ דְּהֲוָה מַיְיתֵי כֶּסֶף וְזָהָב וְאַבְנֵי יְקָר וּגְמַלִּין וְאִיהוּ כְּדְקָא יְאוּת שַׁפִּיר בְּחֵיזוּ לָא אָמַר דְּאִיהוּ רְחִימָא דְּאַבְרָהָם אוֹ קָרִיבָא דִּילֵיהּ. אֶלָּא אָמַר עֶבֶד אַבְרָהָם אָנֹכִי, בְּגִין לְסַלְּקָא בְּשִׁבְחָא דְּאַבְרָהָם וּלְאוֹקִיר לֵיהּ בְּעֵינַיְיהוּ.

וְעַל דָּא בֵּן יְכַבֵּד אָב וְעֶבֶד אֲדוֹנָיו. וְאַתּוּן יִשְׂרָאֵל בָּנַי. קְלָנָא בְּעֵינַיְיכוּ לוֹמַר דְּאֲנָא אֲבוּכוֹן אוֹ דְּאַתּוּן עֲבָדִין לִי. וְאִם אָב אָנִי אַיֵּה כְבוֹדִי וְגו'. בְגִין כָּךְ וְהִנֵּה בֵן, דָּא הוּא בֵּן וַדַּאי, וְלָא יִשְׁמָעֵאל. דָּא הוּא בֵּן דְּאוֹקִיר לְאֲבוֹי כְּדְקָא חָזֵי.

וְהִנֵּה בֵן לְשָׂרָה אִשְׁתֶּךָ. בֵּן לְשָׂרָה, דִּבְגִינֵיהּ מִיתַת, דִּבְגִינֵיהּ כְּאִיבַת נַפְשָׁהּ עַד דְּנַפְקַת מִינָהּ. וְהִנִּה בֵן לְשָׂרָה. לְאִסְתַּלָּקָא בְּגִינֵיהּ בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב בְּדִינָא עַל עָלְמָא. דִּכְדֵין וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה וְגו' דְּהָא מַדְכְּרֵי לְשָׂרָה בְּגִינִיהּ דְּיִצְחָק וְעַל דָּא אִיהוּ בֵּן לְשָׂרָה (אנהו מלאכי אמרו). וְהִנֵּה בֵן לְשָׂרָה. (דין) דְּהָא נוּקְבָא נָטְלָא (ליה) לִבְרָא מִן דְּכוּרָא:

וְשָׂרָה שׁוֹמַעַת פֶּתַח הָאֹהֶל וְהוּא אַחֲרָיו. מַאי וְהוּא אַחֲרָיו, וְהִיא אַחֲרָיו מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא רָזָא אִיהוּ, וְשָׂרָה שׁוֹמַעַת מַה דְּהֲוָה אָמַר (פתח האהל דא קודשא בריך הוא. והוא אחריו מאן דהוה אמר) פֶּתַח הָאֹהֶל דָּא דַּרְגָּא תַּתָּאָה. פִּתְחָא דִּמְהֵימְנוּתָא. וְהוּא אַחֲרָיו (דא) דְּאוֹדֵי לֵיהּ דַּרְגָּא עִלָּאָה (נ''א פתח האהל והוא אחריו דא קודשא בהך הוא. פתח האהל דא דרגא תתאה, והוא אחריו דא דרגא עלאה). מִן יוֹמָא דְּהֲוַת שָׂרָה בְּעָלְמָא לָא שָׁמְעַת מִלָּה דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בַּר הַהוּא שַׁעֲתָא.

דָּבָר אַחֵר דְּהֲוַת יָתְבָא שָׂרָה פֶּתַח הָאֹהֶל בְּגִין לְמִשְׁמַע מִלִּין. וְהִיא שָׁמְעַת הַאי מִלָּה דְּאִתְבַּשַּׂר בָּהּ אַבְרָהָם. (ד''א) וְהוּא אַחֲרָיו. אַבְרָהָם דְּהֲוָה יָתִיב אַחוֹרוֹי דִּשְׁכִינְתָּא: וְאַבְרָהָם וְשָׂרָה זְקֵנִים בָּאִים בַּיָּמִים. מַאי בָּאִים בַּיָּמִים. שִׁעוּרִין דְּיוֹמִין דְּאִתְחֲזֵי כְּדֵין לְהוּ, חַד מֵאָה וְחַד תִּשְׁעִים, עָאלוּ בְּיוֹמִין שִׁעוּרָא דְּיוֹמִין כְּדְקָא יָאוֹת. בָּאִים בַּיָּמִים. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר כִּי בָא הַיּוֹם דְּאִעֲרַב יוֹמָא לְמֵיעַל. חָדַל לִהְיוֹת לְשָׂרָה אֹרַח כַּנָּשִׁים. וְהַהִיא שַׁעֲתָא חָמַאת גַּרְמָהּ בְּעִדּוּנָא אָחֳרָא. וּבְגִין כָּךְ אָמְרָה וַאֲדוֹנִי זָקֵן דְּהָא אִיהוּ לָא כְדַאי לְאוֹלָדָא בְּגִין דְּאִיהוּ סָבָא.

רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח (משלי ל״א:כ״ג) נוֹדַע בַּשְּׁעָרִים בַּעֲלָהּ בְּשִׁבְתּוֹ עִם זִקְנֵי אָרֶץ. תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִסְתַּלַּק בִּיקָרֵיהּ דְּאִיהוּ גָּנִיז וְסָתִים בְּעִילוּיָא סַגְיָא. לָאו אִיתַי בְּעָלְמָא וְלָא הֲוָה מִן יוֹמָא דְּאִתְבְּרֵי עָלְמָא דְּיָכִיל לְקָיְימָא עַל חָכְמָתָא דִילֵיהּ וְלָא יָכִיל לְקָיְימָא בֵּיהּ.

בְּגִין דְּאִיהוּ גָּנִיז וְסָתִים וְאִסְתַּלַּק לְעֵילָא לְעֵילָא, וְכֻלְהוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי לָא יָכְלִין לְאִתְדַּבְּקָא, עַד דְּכֻלְהוּ אָמְרִין (יחזקאל ג׳:י״ב) בָּרוּךְ כְּבוֹד יְיָ מִמְקוֹמוֹ. תַּתָּאֵי אָמְרֵי דְּאִיהוּ לְעֵילָא דִּכְתִיב, (תהילים קי״ג:ד׳) עַל הַשָּׁמַיִם כְּבוֹדוֹ. עִלָאֵי אָמְרֵי דְּאִיהוּ לְתַתָּא דִּכְתִיב, (תהילים נ״ז:ו׳) עַל כָּל הָאָרֶץ כְּבוֹדֶךָ. עַד דְּכֻלְהוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי אָמְרֵי בָּרוּךְ כְּבוֹד יְיָ מִמְקוֹמוֹ. בְּגִין דְּלָא אִתְיְידַע וְלָא הֲוָה מַאן דְּיָכִיל לְקָיְימָא בֵּיהּ, וְאַתְּ אֲמַרְתְּ נוֹדָע בַּשְּׁעָרִים בַּעֲלָהּ.
- [...] désigner celui qui dit. Mais, dans tous ces endroits cités, c'était l'ange de l'Alliance qui parlait ; et nous avons appris que l'ange de l'Alliance est le même que le Saint, béni soit-il ; c'est pourquoi il est écrit : « Et il dit : Je reviendrai chez toi dans un an ; et Sara ta femme aura un fils. » L'Écriture dit : « ... Et Sara ta femme aura un fils. » Pourquoi ne dit-elle pas : « Et tu auras un fils »? C'est afin qu'Abraham ne pût supposer que c’est d'Agar qu'il aurait ce fils, comme avant. .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Mal., II, 6) : « Le fils honore son père, et le serviteur son seigneur. » Les mots : « Le fils honore son père » désignent l'honneur qu'Isaac rendit à Abraham. Quand lui a-t-il prouvé cet honneur? - Lorsque son père l'avait lié et l'avait déposé sur l'autel pour le sacrifier en holocauste ; or, à cette époque, Isaac était âgé de trente-sept ans, alors qu’Abraham était déjà un vieillard ; il aurait pu échapper à son père en le repoussant légèrement du pied.
Mais Isaac a honoré son père, et il s'est laissé lier comme un agneau, pour faire la volonté de son père. Les mots : « Le serviteur honore son seigneur » désignent l'honneur qu'Eliézer rendit à Abraham, lorsqu'il fut envoyé par son maître à Haran ; c'est à cette occasion qu'Eliézer prouva tout le dévouement et toute la vénération qu'il avait pour son maître, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXIV, 35) : « Le Seigneur a comblé mon maître de bénédictions, etc. » Et dans le verset précédent il est écrit (Gen., XXIV, 31) : « Et il leur dit : Je suis le serviteur d'Abraham. » Eliézer avait apporté de l'argent, de l'or, des pierres précieuses et des chameaux ; et il était en plus doué d'une belle prestance ; tout autre à sa place aurait dit : Je suis l'ami d'Abraham, ou je suis son parent ; mais Eliézer a préféré dire : « Je suis le serviteur d'Abraham », pour faire ressortir le rang élevé de son maître.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « I.e fils honore son père, et le serviteur son seigneur. » Et L’Écriture ajoute : « Si je suis votre père, où est l'honneur que vous me rendez ? » Dieu dit aux Israélites : Vous jugez au-dessous de votre dignité de reconnaître que je suis votre Père, ou que vous êtes mes serviteurs; car, si vous me reconnaissiez pour votre Père, « où est l'honneur que vous me rendez » ? C'est pourquoi l'Écriture dit (Gen., XVIII, 10) : « ... Et Sara ta femme aura un fils », un fils qui honore son père de manière convenable. L'Écriture dit : « ... Et Sara ta femme aura un fils. » Sara est morte pour Isaac (13) ; elle a souffert pour lui jusqu'à son dernier moment ; Dieu lui accorda la faveur que sa mémoire obtienne le pardon lorsque Dieu juge le monde,ainsi qu'il est écrit (Gen., XXI, 1) : « Et Jéhovah se souvint de Sara. » Car c'est grâce à Isaac que Dieu s'est souvenu de Sara ; c'est pourquoi l'Écriture dit « un fils à Sara ». Elle attribue, en outre, ce fils à Sara, car c'est la femme qui reçoit l'enfant du mâle (14).
Il est écrit (Gen., XVIII, 10) : « Et Sara écoutait derrière la porte de la tente ; et lui était derrière. » Qui est-ce qui est désigné par ces mots : « ... Et lui (ve hou) était derrière » ? L'Écriture aurait dû dire : « ... Et elle (ve hi) était derrière »? Mais la vérité est que l'Écriture a la signification suivante : Sara écoutait la « Porte de la tente », ce qui veut dire qu'elle écoutait la voix du Saint, béni soit-il; car « Porte de la tente» désigne le degré inférieur de l'essence divine ; ce degré constitue la porte de la Foi. Et L’Écriture ajoute : « ... Et lui était derrière », ce qui veut dire que le degré supérieur de l’essence divine acquiesça. Depuis le jour où Sara était née, c'était la première fois qu'elle entendait la voix du Saint, béni soit-il. D'après une autre interprétation, Sara se tenait à la porte de la tente pour écouter ce qu'on disait ; et c'est alors qu'elle entendit la bonne nouvelle annoncée à Abraham. Les paroles : « ... Et lui était derrière » signifient qu'Abraham se tenait derrière la Schekhina. L'Écriture ajoute (Gen., XVIII, 11) : « Et Abraham et Sara étaient vieux et arrivés aux jours. » Que signifient les mots : « ... Et arrivés aux jours » ? - Ils ont atteint l'âge prévu pour donner le jour à Isaac ; car lui avait cent ans et elle en avait quatre-vingt-dix. Le terme « arrivés aux jours » a la même signification que cette autre expression biblique : « ... Car le jour est arrivé », ce qui veut dire : le jour est arrivé à son déclin. Le terme « arrivés aux jours » signifie donc : arrivés au déclin de leurs jours.
L’Écriture ajoute : « Sara n'avait plus de menstrues. » Au moment où elle a entendu la bonne nouvelle annoncée à Abraham, les menstrues ont paru de nouveau chez elle ; et c'est pourquoi elle a dit (Gen., XVIII, 12) : « Et mon maître est vieux. » C'est lui, disait-elle, qui ne peut plus avoir d'enfants, étant vieux.
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XXXI, 13) : « Son époux est connu aux portes, lorsqu'il est assis avec les vieillards de la terre. »
Remarquez que la gloire du Saint, béni soit-il, est si sublime et si élevée au-dessus de l'entendement humain qu'elle demeure éternellement secrète ; depuis que le monde a été créé, il n'y a jamais eu un homme qui ait pu pénétrer au fond de sa Sagesse, tant elle est cachée et mystérieuse. L'essence de Dieu est tellement supérieure à l'intelligence des anges et des hommes, que nulle légion céleste, ni les habitants de ce monde, ne peuvent s'en approcher ; et tous sont réduits à s'écrier (Éz., III, 12) : « Bénie soit la gloire de Dieu au lieu où il réside. » Les êtres qui habitent ici-bas disent que Dieu est en haut, ainsi qu'il est écrit (Ps., CXIII, 4) : « Au ciel est sa gloire. » Les anges du ciel disent qu'il est en bas, ainsi qu'il est écrit (Ps., LVII, 12) : « Sur toute la terre est ta gloire. » Et c'est l'incertitude dans laquelle sont les anges aussi bien que les hommes sur la résidence de Dieu qui leur fait dire à tous : « Bénie soit la gloire de Dieu au lieu où il réside. » Or, comme nul ne connaît l'essence divine et n'arrivera jamais à la déterminer, comment comprendre ces paroles de l'Écriture : « Son époux est connu aux portes », paroles qui sont appliquées, d'après la tradition, à Dieu? [...]
(Ⅰ)
[103b]  
אֶלָּא וַדַּאי נוֹדָע בַּשְּׁעָרִים בַּעְלָהּ דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּאִיהוּ אִתְיְדַע וְאִתְדָּבַּק לְפוּם מַה דִּמְשַׁעֵר בְּלִבֵּיהּ כָּל חַד כַּמָּה דְּיָכִיל לְאִדַּבְּקָא בְּרוּחָא דְּחָכְמְתָא. וּלְפוּם מַה דִּמְשַׁעֵר בְּלִבֵּיהּ הָכִי אִתְיְדַע בְּלִבֵּיהּ. וּבְגִינִי כָךְ נוֹדָע בַּשְּׁעָרִים בְּאִנּוּן שְׁעָרִים. אֲבָל דְּאִתְיְדַע כְּדְקָא יְאוּת לָא הֲוָה מַאן דְּיָכִיל לְאִדַּבְּקָא וּלְמִנְדַע לֵיהּ.

רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר נוֹדָע בַּשְּׁעָרִים בַּעֲלָהּ. מַאן שְׁעָרִים. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (תהילים כ״ד:ז׳) שְׂאוּ שְׁעָרִים רָאשֵׁיכֶם וְהִנָּשְׂאוּ פִּתְחֵי עוֹלָם. וּבְגִין אֵלּוּ שְׁעָרִים דְּאִנּוּן דַּרְגִּין עִלָּאִין בְּגִינַיְיהוּ אִתְיְדַע קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְאִי לָא לָא יָכְלִין לְאִתְדַּבָּקָא בֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, דְּהָא נִשְׁמָתָא דְּבַּר נָשׁ לָאו אִיהוּ (נ''א לא אית) מַאן דְּיָכִיל לְמִנְדַע לָהּ, אֶלָּא בְּגִין אִלֵּין שַׁיְיפִין דְּגוּפָא וְאִנּוּן דַּרְגִּין דְּעָבְדִין אוּמָנוּתָא דְּנִשְׁמָתָא בְגִין כָּךְ אִתְיְדַע וְלָא אִתְיְדַע. כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְיְדַע וְלָא אִתְיְדַע בְּגִין דְּאִיהוּ נִשְׁמָתָא לְנִשְׁמָתָא רוּחָא לְרוּחָא גָּנִיז וְטָמִיר מִכֹּלָּא, אֲבָל בְּאִנּוּן שְׁעָרִים דְּאִנּוּן פִּתְחִין לְנִשְׁמָתָא אִתְיְדַע קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

תָּא חֲזֵי, אִית פִּתְחָא לְפִתְחָא וְדַרְגָּא לְדַרְגָּא, וּמִנַּיְיהוּ יְדִיעַ יְקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. פֶּתַח הָאֹהֶל, דָּא הוּא פִּתְחָא דְצֶדֶק. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (תהילים קי״ח:י״ט) פִּתְח''וּ לִ''י שַׁעֲרֵ''י צֶדֶ''ק וְגו' דָּא פִּתְחָא קַדְמָאָה לְאָעֳלָא בֵּיהּ, וּבְהַאי פִּתְחָא אִתְחַזּוּן כָּל שְׁאָר פִּתְחִין עִלָּאִין. מַאן דְּזָכֵי לְהַאי (פתחא) זָכֵי לְמִנְדַע בֵּיהּ וּבְכֻלְהוֹ שְׁאָר פִּתְחִין בְּגִין דְּכֻלְהוּ שָׁרָאן עֲלֵיהּ.

וְהַשְׁתָּא דְּפִתְחָא דָא לָא אִתְיְדַע. בְּגִין דְּיִשְׂרָאֵל בְּגָלוּתָא וְכֻלְהוּ פִּתְחִין אִסְתַּלָּקוּ מִנֵּיהּ וְלָא יָכְלִין לְמִנְדַע וּלְאִתְדַּבְּקָא. אֲבָל בְּזִמְנָא דְּיִפְקוּן יִשְׂרָאֵל מִן גָּלוּתָא זְמִינִין כֻּלְהוּ דַּרְגִּין עִלָּאִין לְמִשְׁרֵי עֲלֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת.

וּכְדֵין יִנְדְעוּן בְּנִי עָלְמָא חָכְמְתָא עִלָּאָה יַקִּירָא מַה דְּלָא הֲווּ יָדְעִין מִקַּדְמַת דְּנָא. דִּכְתִיב, (ישעיהו י״א:ב׳) וְנָחָה עָלָיו רוּחַ יְיָ רוּחַ חָכְמָה וּבִינָה רוּחַ עֵצָה וּגְבוּרָה רוּחַ דַּעַת וְיִרְאַת יְיָ. כֻּלְהוּ זְמִינִין לְאַשְׁרָאָה עַל הַאי פִּתְחָא תַּתָּאָה דְּאִיהוּ פֶּתַח הָאֹהֶל. וְכֻלְהוּ זְמִינִין לְאַשְׁרָאָה עַל מַלְכָּא מְשִׁיחָא בְּגִין לְמֵידַן עָלְמָא דִּכְתִיב וְשָׁפַט בְּצֶדֶק דַּלִּים וְגו'.

בְּגִינֵי כָךְ כַּד אִתְבַּשַּׂר אַבְרָהָם, הַאי דַרְגָּא הֲוָה אָמַר כְּמָה דְּאִתְּמָר דִּכְתִיב וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה. וַיֹּאמֶר, לָא כְּתִיב מַאן הֲוָה. וְדָא הוּא פֶּתַח הָאֹהֶל. וְעַל דָּא וְשָׂרָה שׁוֹמַעַת הַאי דַרְגָּא דְּהֲוָה מַלִּיל עִמֵּיהּ מַאן דְּלָא הֲוָה שְׁמָעַת מִקַּדְמַת דְּנָא. דִּכְתִיב וְשָׂרָה שׁוֹמַעַת פֶּתַח הָאֹהֶל דְּהֲוָה מְבַשֵּׂר וְאָמַר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה וְהִנֵּה בֵן לְשָׂרָה אִשְׁתֶּךָ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה הוּא חֲבִיבוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְגַבֵּיהּ דְּאַבְרָהָם, דְּהָא לָא נָפַק מִנֵּיהּ יִצְחָק עַד דְּאִתְגְּזַר, לְבָתַר דְּאִתְגְּזַר אִתְבַּשַּׂר בֵּיהּ בְּיִצְחָק, בְּגִין דְּאִיהוּ כְּדֵין זַרְעָא קַדִּישָׁא, וְעַד לָא אִתְגְּזַר לָאו אִיהוּ זַרְעָא קַדִּישָׁא. וּכְדֵין אִיהוּ כְּמָה דִּכְתִיב, (בראשית א׳:י״ב) אֲשֶׁר זַרְעוֹ בוֹ לְמִינֵהוּ.

וְתָּא חֲזֵי, עַד לָא אִתְגְּזַר אַבְרָהָם הַהוּא זַרְעָא דִילֵיהּ לָא הֲוָה קַדִּישָׁא, בְּגִין דְּנָפַק בְּגוֹ עָרְלָה וְאִתְדְּבַק בְּעָרְלָה לְתַתָּא. לְבָתַר דְּאִתְגְּזַר נָפַק הַהוּא זַרְעָא בְּגוֹ קַדִּישָׁא, וְאִתְדְּבַק בִּקְדוּשָׁה דִּלְעֵילָא וְאוֹלִיד לְעֵילָא, וְאִתְדְּבַק אַבְרָהָם בְּדַרְגֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת. תָּא חֲזֵי, כַּד אוֹלִיד אַבְרָהָם לְיִצְחָק נָפַק קַדִּישָׁא כְּדְקָא יְאוּת. וְהַאי (נ''א ודאי) מַאי אַעֲדוּ וְאוֹלִידוּ חֲשׁוֹכָא.

רַבִּי אֶלְעָזָר שָׁאִיל יוֹמָא חַד לְרַבִּי שִׁמְעוֹן אֲבוֹי, אָמַר לֵיהּ הַאי דְּקָרָא לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִצְחָק דִּכְתִיב וְקָרָאת אֶת שְׁמוֹ יִצְחָק. אַמַּאי, דְּהָא אִתְחֲזֵי דְּעַד לָא נָפַק לְעָלְמָא קָרָא לֵיהּ יִצְחָק. אָמַר לֵיהּ הָא אִתְּמָר דְּאֶשָׁא נָטַל מַיָא. דְּהָא מַיָא מִסִּטְרָא דִגְבוּרָה קָא אַתְיָין. וְתוּ (נ''א ותא שאיל להו ללואי) (שאיל ליה) לֵוָאֵי דְּאִנּוּן בְּדִיחִין לְהַהוּא סִטְרָא בְּמָאנֵי זֶמֶר וְתֻשְׁבְּחָן לָקֳבֵיל הַאי סִטְרָא, בְגִין כָּךְ יִצְחָק אִיהוּ חֶדְוָה בְּגִין דְּאָתֵי מֵהַהוּא סִטְרָא וְאִתְדָּבַּק בֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, יִצְחָק בְּדִיחוּתָא חֶדְוָה דְּאַחְלַף מַיָא בְּאֶשָׁא וְאֶשָׁא בְּמַיָא, וְעַל דָּא אִקְרֵי הָכִי. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָרֵי לֵיהּ
- [...] Mais la vérité est que les paroles : « Son époux est connu aux portes » désignent réellement le Saint, béni soit-il, qui se fait connaître à chacun selon l'entendement de chacun ; chaque homme peut s'attacher à l'esprit de la Sagesse selon la largeur de son propre esprit; et chacun a le devoir d'approfondir la connaissance de Dieu, tant que son entendement le lui permet ; et c'est pourquoi l'Écriture dit : « Son époux est connu aux portes », c'est-à-dire aux intelligences des hommes ; il est connu à chacun selon la largeur de sa porte (de son intelligence). Quant à connaître l'essence divine à fond, nul n'a jamais pu s'en approcher de près et nul ne la connaîtra jamais.
Rabbi Siméon dit : Les paroles : « Son époux est connu aux portes» désignent les portes dont parle le verset (Ps., XIV, 9) suivant : « Levez vos portes, ô princes ; et vous, portes éternelles, levez-vous, afin de laisser entrer le Roi de gloire. » C'est par ces portes, qui sont les degrés supérieurs, que le Saint, béni soit-il, est connu ; sans quoi on ne peut jamais s'attacher à lui.
Remarquez que nul ne connaît l'essence de l'âme ; on ne connaît l'âme que par les mouvements du corps, qui sont les manifestations de l'âme ; et c'est parce qu’on ne la connaît que par l'intermédiaire du corps, que la connaissance qu'on en a n'est qu'imparfaite. De même, la connaissance qu'on a du Saint, béni soit-il, n’est qu'imparfaite, car il est l'Ame des âmes, l'Esprit des esprits ; il est le plus Secret de tous les secrets, et on ne le connaît que par ces portes ouvertes aux âmes pour la connaissance du Saint, béni soit-il.
Remarquez .qu'il y a une porte qui est la synthèse de toutes les portes et qu’il y a un degré qui est la synthèse de tous les degrés ; et c'est par cette porte et par ce degré qu'on connaît la gloire du Saint, béni soit-il. La « Porte de la tente » désigne la Porte du Juste, ainsi qu'il est écrit (Ps., CXVIII, 19) : « Ouvrez-moi la Porte du Juste. » C'est la première porte par laquelle il faut entrer, pour que toutes les portes célestes s'ouvrent ; celui qui a la faveur d'entrer par cette porte verra aussi toutes les portes du ciel s'ouvrir devant lui , car toutes les autres portes supérieures reposent sur celles-ci. Mais actuellement cette porte est inconnue parce qu'Israël est dans l'exil ; aussi toutes les portes lui sont-elles fermées, et il ne peut en connaître aucune ni s'attacher à aucune.
Mais lorsqu'Israël sortira de l'exil, il remontera à tous les degrés supérieurs d'une manière convenable. C'est à cette époque que les habitants du monde connaîtront les précieux mystères de la Sagesse supérieure qu’ils n'ont jamais connus avant, ainsi qu'il est écrit (Is., XI, 1 et 2) : « Il sortira un rejeton de la tige de Jessé, et une fleur naîtra de sa racine. Et l'Esprit du Seigneur se reposera sur lui, - l'esprit de sagesse et d'intelligence, l'esprit de conseil et de force, l'esprit de science et de piété. Et il sera rempli de l'esprit de la crainte du Seigneur. » En ce moment tout le monde reconnaîtra cette Porte d'en bas, appellée « Porte de la tente» ; tout le monde sera prêt à se fier en le Roi-Messie ; car c'est lui qui va juger le monde, ainsi qu'il est écrit (Is., XI, 4) : « Il jugera les pauvres dans la justice, etc. » Aussi, lorsque la bonne nouvelle fut annoncée à Abraham, c'était ce degré de l'essence divine appelée « Porte de la tente » qui prononça ces paroles : « Je reviendrai chez toi ainsi qu'il est écrit (Gen., XVIII, 10). » Et il dit : « Je reviendrai chez toi dans un an. » L'Écriture se sert du mot « il dit»; mais elle ne désigne pas celui qui dit, parce que ce mot désigne la « Porte de la tente ».
C’est pourquoi l’Écriture ajoute . « ...Et Sara écoutait » ; car elle n'a jamais entendu la voix de ce degré de l'essence divine. Ainsi s'explique le sens de ce verset : « ... Et Sara écouta la Porte de la tente», ce qui veut dire qu'elle a réellement entendu la voix de ce degré de l'essence divine appelé « Porte de la tente » qui annonça cette bonne nouvelle à Abraham, en lui disant : « Je reviendrai chez toi dans un an ; et Sara ta femme aura un fils. » Remarquez combien grand était l'amour du Saint, béni soit-il, pour Abraham ; il n'a permis la naissance d'Isaac qu'après qu’Abraham eut été circoncis ; ce n'est qu'après sa circoncision que la bonne nouvelle lui fut annoncée qu'il aurait un fils qui formerait la souche d'une postérité sainte ; si Isaac fût né avant la circoncision d'Abraham, sa postérité n'aurait pas été sainte ; c'est pourquoi l'Écriture dit (Gen., I, 12) : « ... Chacun selon son espèce. »
Remarquez, en outre, qu'avant sa circoncision, Abraham n'avait pas pu avoir une descendance sainte ; car, comme lui-même était attaché ici-bas au prépuce, ses enfants venaient également du côté du prépuce, c'est-à-dire du côté impur ; mais, après sa circoncision, ses enfants émanaient du côté saint ; car Abraham s'étant attaché à la sainteté d'en haut engendra en haut, de sorte qu'Abraham s'est attaché à son degré d'une manière convenable.
Remarquez qu'au moment de la naissance d'Isaac, le côté saint se manifesta de manière convenable ; et aussitôt les «eaux», c'est-à-dire le côté de la rigueur, se manifestèrent également et engendrèrent les ténèbres. Rabbi Eléazar demanda un jour à Rabbi Siméon : Pourquoi le Saint, béni soit-il, dit-il à Abraham (Gen., XVII, 19) : « Sara ta femme t'enfantera un fils que tu nommeras Isaac » ? Avait-il besoin de lui donner un nom avant qu'il ne fût encore né?
Rabbi Siméon lui répondit : Nous savons par une tradition que le feu consume l'eau, c'est-à-dire que le côté de la Grâce, appelé «côté de la joie», adoucit le côté de la Rigueur, appelé côté « de la tristesse ». C’est pourquoi les Lévites jouaient des instruments dans le temple, afin d'égayer le côté de la Rigueur et de la tristesse. Or, Isaac émane du « côté de la joie » ; et c'est pourquoi il porte le nom d'Isaac, qui signifie « ris », « joie ».
Remarquez qu'Isaac porte ce nom parce que sa joie transformait l'eau en feu et le feu en eau ; c'est-à-dire qu'il a su concilier le côté de la Grâce avec le côté de la Rigueur. C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, lui donna [...]
(Ⅰ)
[104a]  
הָכִי עַד לָא יִפּוּק לְעָלְמָא שְׁמָא דָּא וְאוֹדַע לֵיהּ לְאַבְרָהָם.

וְתָּא חֲזֵי, בְּכֻלְהוּ אָחֳרָנִין שָׁבַק לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמִקְרֵי לוֹן שְׁמָהָן, וְאֲפִילּוּ נָשֵׁי הֲווּ קָרָאן לִבְנַיְיהוּ שְׁמָהָן, אֲבָל הָכָא לָא שָׁבַק קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאִמֵּיהּ לְמִקְרֵי לֵיהּ שְׁמָא אֶלָּא לְאַבְרָהָם, דִּכְתִיב וְקָרָאתָ אֶת שְׁמוֹ יִצְחָק אַנְתְּ וְלָא אָחֳרָא, בְּגִין לְאַחְלָפָא מַיָּא בְּאֶשָׁא וְאֶשָׁא בְּמַיָא לְאַכְלָלָא לֵיהּ בְּסִטְרֵיהּ.

כֵּיוָן דְּאִתְבַּשַּׂר אַבְרָהָם בְּיִצְחָק, מַה כְּתִיב וַיָּקוּמוּ מִשָּׁם הָאֲנָשִׁים וַיַּשְׁקִיפוּ עַל פְּנִי סְדוֹם. רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַר תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אַנְהַג קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא טִיבוּ עִם כָּל בְּרִיָין וְכָל שֶׁכֵּן לְאִנּוּן דְּאָזְלֵי בְּאָרְחוֹי, דְּאָפִילּוּ בְּזִמְנָא דְּבָעֵי לְמֵידַן עָלְמָא, אִיהוּ גָּרִים לְמַאן דְרָחִים לֵיהּ לְמִזְכֵּי בְּמִלָּה עַד לָא יֵיתֵי הַהוּא דִּינָא לְעָלְמָא.

דְּתָנִינָן בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָחִים לֵיהּ לְבַּר נָשׁ, מְשַׁדֵּר לֵיהּ דּוֹרוֹנָא, וּמַאן אִיהוּ, מִסְּכֵּנָא, בְּגִין דְּיִזְכֵּי בֵּיהּ. וְכֵיוָן דְּזָכֵי בֵּיהּ, אִיהוּ אַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ חַד חוּטָא דְּחֶסֶד דְּאִתְמְשַׁךְ מִסְּטַר יָמִינָא וּפָרִישׂ אֲרֵישֵׁיהּ וְרָשִׁים לֵיהּ, בְּגִין דְּכַד יֵיתֵי דִינָא לְעָלְמָא הַהוּא מְחַבְּלָא יִזְדְּהַר בֵּיהּ, וְזָקֵיף עֵינוֹי וְחָמָא לְהַהוּא רְשִׁימוּ וּכְדֵין אִסְתַּלַּק מִנֵּיהּ וְאִזְדְּהַר בֵּיהּ. בְּגִינֵי כָךְ אַקְדִּים לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּמָּה דְּיִזְכֵּי.

וְתָּא חֲזֵי, כַּד בָּעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַיְתָאָה דִּינָא עַל סְדוֹם, אַזְכֵּי קֹדֶם לְאַבְרָהָם וְשַׁדַּר לֵיהּ דּוֹרוֹנָא לְמִזְכֵּי עִמְּהוֹן בְּגִין לְשֵׁזָבָא לְלוֹט בַּר אֲחוּהָ מִתַּמָּן, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת אַבְרָהָם וַיְשַׁלַּח אֶת לוֹט מִתּוֹךְ הַהֲפֵכָה. וְלָא כְּתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת לוֹט, דְּהָא בִּזְכוּתֵיהּ דְּאַבְרָהָם אִשְׁתְּזִיב. וּמַאי וַיִּזְכֹּר, דְּדָכִיר לֵיהּ מַאי דְּאַזְכֵּי קֹדֶם עִם אִנּוּן תְּלַת מַלְאָכִין.

כְּגַוְונָא דָא בַּר נָשׁ דְּיִזְכֵּי בִּצְדָקָה עִם בְּנֵי נְשָׁא, בְּשַׁעֲתָא דְדִינָא שָׁרְיָא בְּעָלְמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַדְכַּר לֵיהּ לְהַהִיא צְדָקָה דְּעֲבַד. בְּגִין דְּבְּכָל שַׁעֲתָא דְּזָכֵי בַּר נָשׁ הָכִי אַכְתִּיב עֲלֵיהּ לְעֵילָא, וְאֲפִילּוּ בְּשַׁעֲתָא דְדִינָא שָׁרְיָא עֲלוֹי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִדְכַּר לֵיהּ לְהַהוּא טִיבוּ דְּעֲבַד וְזָכָה עִם בְּנֵי נָשָׁא. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (משלי יא) וּצְדָקָה תַּצִּיל מִמָּוֶת. בְּגִינֵי כָךְ אַקְדִּים לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַבְרָהָם בְּגִין דְּיִזְכֵּי וִישֵׁזִיב לְלוֹט.

וַיַּשְׁקִיפוּ עַל פְּנֵי סְדוֹם. תָּא חֲזֵי, וַיָּקוּמוּ מִשָּׁם הָאֲנָשִׁים. מֵהַהִיא סְעוּדָה דְּאַתְקִין לוֹ אַבְרָהָם וְזָכָה בְּהוּ. אַף עַל גַּב דְּמַלְאָכִין הֲווּ, זָכָה בְּהוּ, וְכָל הַהוּא מֵיכְלָא לָא אִשְׁתָּאַר מִנֵּיהּ כְּלוּם, בְּגִינֵי דְּאַבְרָהָם, וּלְמִזְכֵּי בֵּיהּ, דְּהָא כְּתִיב וַיֹּאכֵלוּ בְּאֶשָׁא דִלְהוֹן (קכ א) אִתְאֲכִיל.

וְאִי תֵימָא הָא תְּלַת מַלְאָכִין הֲווּ. הַאי אֶשָׁ''א. וְהַאי מַיָ''א. וְהַאי רוּחָ''א. אֶלָא כָּל חַד וְחַד כָּלִיל בְּחַבְרֵיהּ וּבְגִינֵי כָךְ וַיֹּאכֵלוּ. כְּגַוְונָא דָא (שמות כד) וַיֶּחֱזוּ אֶת הָאֱלֹהִים וַיֹּאכְלוּ וַיִּשְׁתּוּ. אֲכִילָה וַדָּאִית אֲכְלוּ דְּאִתְזָנוּ מִן שְׁכִינְתָּא, אוּף הָכָא וַיֹּאכֵלוּ גָּרְמוּ (נ''א נרמז רמז) לְאִתְזְנָא (מניה) מֵהַהוּא סִטְרָא דְאַבְרָהָם אִתְדְּבַק בֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ לָא אַשְׁאָרוּ מִמַּה דְּיָהִיב לוֹן אַבְרָהָם כְּלוּם.

כְּגַוְּונָא דָּא בָּעֵי לֵיהּ לְבַּר נָשׁ לְמִשְׁתֵּי מֵהַהוּא כַּסָּא דִּבְרָכָה, בְּגִין דְּיִזְכֵּי לְהַהִיא בְּרָכָה דִּלְעֵילָא. אוּף אִנּוּן אֲכְלוּ מִמַּה דְּאַתְקִין לוֹן אַבְרָהָם בְּגִין דְּיִזְכּוּן לְאִתְזְנָא מִסִּטְרָא דְאַבְרָהָם. דְּהָא מֵהַהוּא סִטְרָא נָפִיק מְזוֹנָא לְכֻלְהוּ מַלְאֲכֵי עִלָּאֵי. וַיַּשְׁקִיפוּ, אִתְעָרוּתָא דְּרַחֲמֵי לְשֵׁיזָבָא לְלוֹט. כְּתִיב הָכָא וַיַּשְׁקִיפוּ וּכְתִיב הָתָם (דברים כו) הַשְׁקִיפָה מִמְּעוֹן קָדְשֶׁךָ. מַה לְּהַלָּן לְרַחֲמֵי אוּף הָכָא לְרַחֲמֵי.

וְאַבְרָהָם הוֹלֵךְ עִמָּם לְשַׁלְּחָם. לְמֶעְבַּד לוֹן לְוָיָה. אָמַר רַבִּי יֵיסָא אִי תֵימָא דְּאַבְרָהָם יָדַע דְּמַלְאָכִין אִנּוּן אַמַּאי אַעֲבִיד לוֹן לְוָיָה. אֶלָּא אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר אַף עַל גַּב דְּהֲוָה יָדַע (רגיל הוה למעכד לכלהו בני נשא דזמינין עמיה למעכד לון לויה) (נ''א מה דהוה רגיל למעבד עם בני נשא עבד בהו ואלוי לון) בְּגִין דְּכָךְ אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַּר נָשׁ לְמֶעְבַּד לְוָיָה לְאוּשְׁפִּיזִין דְּהָא כֹּלָּא בְּהַאי תַּלְיָא, וּבְעוֹד דְּאִיהוּ הֲוָה אָזִיל עִמְּהוֹן אִתְגְּלִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲלֵיהּ דְּאַבְרָהָם דִּכְתִיב וַיְיָ אָמָר הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם אֲשֶׁר אֲנִי עוֹשֶׂה. וַיְיָ הוּא וּבֵית דִּינֵיהּ, בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה אָזִיל
- [...] Ce nom avant sa venue au monde et le fit connaître à Abraham.
Remarquez que, pour tous les autres patriarches, le Saint, béni soit-il, laissa à la famille le soin de donner le nom à son enfant ; et même les femmes ont fait souvent le choix d'un nom à donner à leurs enfants. Mais pour Isaac, le Saint, béni soit-il, ne permit pas à la mère de lui donner un nom ; mais il commanda à Abraham que ce fût lui qui donnât le nom, ainsi qu'il est écrit : « Et tu lui donneras le nom d'Isaac. » Tu lui donneras ce nom (mais que ce ne soit aucune autre personne) pour qu'il sache transformer l'eau en feu et le feu en eau et les réunir en lui, c'est-àdire pour qu'il sache établir l’harmonie entre la Séphirâ «Hésed» (Grâce), dont Abraham est l'image, et la Séphirâ « Gueboura » (Rigueur.) dont lui-même est l'image. Que dit l'Écriture après que la bonne nouvelle de la naissance d'Isaac eut été annoncée à. Abraham? L'Écriture (Gen., XVIII, 16) dit: « Ces hommes se sont levés de ce lieu, et ils tournèrent les yeux vers Sodome. »
Rabbi Éléazar dit : Remarquez combien grande est la sollicitude du Saint, béni soit-il, pour tous les hommes en général, et pour tous ceux qui marchent dans ses voies ; car, alors même que les rigueurs sont imminentes, Dieu fournit à celui qui l'aime l'occasion, avant que les rigueurs ne sévissent, d'exercer quelque bonne œuvre assez méritoire pour le mettre à l'abri des rigueurs futures. Car nous savons par une tradition que, quand le Saint, béni soit-il, aime l'homme, il lui fait un don avant que les rigueurs ne sévissent dans le monde. En quoi consiste ce don? - Dieu lui envoie un pauvre, pour qu'il pratique envers lui la charité ; et c'est par le mérite de cette charité qu'il s'attire un rayon de grâce qui émane du côté droit ; ce rayon, en s'étendant sur la tête de l'homme, lui imprime une marque indélébile. Aussi, lorsque les rigueurs commencent à sévir dans le monde, l'ange exterminateur ne s'attaque-t-il jamais à l'homme sur lequel il constate l'empreinte de la marque susnommée.
Remarquez en outre que, lorsque le Saint, béni soit-il, résolut de châtier Sodome, il fit à Abraham un don pareil, en lui fournissant l'occasion de pratiquer la charité envers ses trois hôtes ; car c'est par le mérite de l'hospitalité exercée par Abraham que Lot, son neveu, a échappé au cataclysme, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIX, 29) : « Et le Seigneur se souvint d'Abraham, et il délivra Lot de ces villes où il avait demeuré. » Ainsi, l'Écriture ne dit pas : « Et le Seigneur se souvint de Lot », parce que celui-ci n'a été sauvé que par le mérite d'Abraham. Que signifie le terme : « Et le Seigneur se souvint d'Abraham » ? - Le Seigneur se souvint de l'œuvre méritoire de l'hospitalité exercée par Abraham à l'égard des anges. De même, lorsque l'homme pratique la charité envers son prochain, il reste à l'abri des rigueurs, alors même que celles- ci sévissent dans le monde ; car le Saint, béni soit-il, se souvient de la charité que cet homme a pratiquée. Tout acte de charité est inscrit en haut ; et, dans un temps de rigueur, le Saint, béni soit-il, s'en souvient, ainsi qu'il est écrit (Prov., XI, 4) : « Et la charité délivrera de la mort. » C'est pour cette raison que le Saint, béni soit-il, fournit à Abraham l'occasion de pratiquer l'hospitalité, pour que le mérite de cette œuvre profitât à Lot. L'Écriture (Gen., XVIII, 16) ajoute : «Et ils tournèrent les yeux vers Sodome. »
Remarquez que les paroles : « Ces hommes se sont levés de là» signifient qu'ils ont quitté le repas qu'Abraham leur avait préparé et qui lui avait été compté pour une œuvre méritoire, bien que ces hôtes fussent des anges et n'en eussent par conséquent nullement besoin. Les anges n'ont laissé aucun reste des mets qu'Abraham leur avait servis ; ils ont agi ainsi pour l'honneur d'Abraham et aussi pour que cette hospitalité lui fût comptée comme une œuvre méritoire ; car il est écrit (Gen., XVIII, 8) : « Et ils ont mangé. » Les mets qu'Abraham leur avait servis ont été consumés par le feu dégagé par les anges (15). Mais objectera- t-on peut-être, les trois anges qui ont visité Abraham sont pourtant de trois éléments différents (16) : l'un de feu, l'autre d'eau et le troisième d'air. Comment peut-on donc admettre que tous les trois ont consumé les mets par le feu qu'ils dégagent? Mais la vérité est que chacun de ces trois anges renferme également les éléments des deux autres ; seulement, chez l'un c'est le feu qui prédomine ; chez l'autre c'est l'eau ; et chez le troisième c'est l'air. Ainsi, par le terme : «Et ils ont mangé», il faut entendre qu'il ont consumé les mets par le feu qu'ils dégageaient, de même que dans le verset (Ex., XXIV, 11) suivant : « Et ils ont vu Dieu, et ils burent et mangèrent. » Or, il est évident que, par ce terme, l'Écriture entend que les Israélites se délectaient à la vue de la Schekhina.
De même, en disant que les anges se sont délectés de ce côté saint auquel Abraham s'était étroitement attaché, l'Écriture a voulu indiquer que ces anges désiraient montrer à Abraham combien grande était leur joie de consumer tous les mets qu'Abraham leur avait servis, sans laisser aucun reste. De même que l'homme doit boire à la coupe de la bénédiction, ici-bas, pour mériter d'obtenir la bénédiction d'en haut, de même, les anges ont consumé les mets qu'Abraham leur avait servis, pour mériter la nourriture céleste qui émane du côté auquel Abraham s'était attaché et qui sert de nourriture spirituelle à tous les anges d'en haut. L'Écriture se sert du terme : « Ils tournèrent les yeux (va-ïaschqiphou»), afin de nous indiquer que les anges ont invoqué la miséricorde divine en faveur du sauvetage de Lot ; ici l'Écriture se sert du mot «va-ïaschqiphou»; et ailleurs il est écrit (Deut., XXIX, 15) : « Tourne tes yeux (haschqiphah) de ton sanctuaire et de ce lieu où tu demeures au plus haut des cieux et bénis Israël, ton peuple. » Or, de même que dans ce dernier verset, ce terme exprime un appel à la miséricorde divine, de même en estil dans le verset précédent. L’Écriture (Gen., XVIII, 16) ajoute : « Et Abraham allait avec eux les reconduisant. » Abraham a voulu accomplir la prescription qui recommande d'accompagner des hôtes. Rabbi Éléazar demanda : D'après ceux qui admettent qu'Abraham a connu la qualité d'anges de ses visiteurs, pourquoi Abraham avait-il pris la peine de les accompagner ?
Rabbi Éléazar répondit : Bien qu'Abraham ait su que ses hôtes étaient des anges, il avait cru devoir les accompagner parce qu'il avait coutume d'accompagner tous les hommes à qui il avait donné l'hospitalité ; et il ne voulait faire moins pour les anges que pour les hommes. Nous en inférons que l'homme est tenu d'accompagner l'hôte à qui il a accordé l'hospitalité ; car tout dépend de l'acte d'accompagner son hôte. Pendant qu'Abraham accompagnait les anges, le Saint, béni soit-il, lui apparut, ainsi qu'il est écrit (Gen., XVIII, 17) : « Et Jéhovah dit : Pourrais-je cacher à Abraham ce que je fais? » Partout où l'Écriture emploie le terme « Et Jéhovah», elle désigne Dieu et son tribunal ; car le Saint, béni soit-il, allait également [...]
(Ⅰ)
[104b]  
עִמְּהוֹן.

תָּא חֲזֵי כַּד בַּר נָשׁ עֲבִיד לְוָיָה (לבר נש) לְחַבְרֵיהּ אִיהוּ אַמְשִׁיךְ (עליה) לִשְׁכִינְתָּא לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדֵיהּ וּלְמֵהַךְ עִמֵּיהּ בְּאָרְחָא לְשֵׁזָבָא לֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי לֵיהּ לְבַּר נָשׁ לְלַווּיֵי לְאוּשְׁפִּיזָא בְּגִין דְּחַבַּר לֵיהּ לִשְׁכִינְתָּא וְאַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדֵיהּ.

בְגִין כָּךְ וַיְיָ אָמָר הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם אֲשֶׁר אֲנִי עוֹשֶׂה. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (עמוס ג׳:ז׳) כִּי לא יַעֲשֶׂה יְיָ אֱלהִים דָּבָר כִּי אִם גָּלָה סוֹדוֹ אֶל עֲבָדָיו הַנְּבִיאִים. זַכָּאִין אִנּוּן זַכָּאֵי עָלְמָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ, בְּכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד בָּרְקִיעָא וְזַמִּין לְמֶעְבַּד בְּעָלְמָא, עַל יְדֵי דְּזַכָּאִין עֲבִיד לֵיהּ, וְלָא כַּסֵּי מִנַּיְיהוּ לְעָלְמִין כְּלוּם. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעֵי לְשַׁתָּפָא בַּהֲדֵיהּ (לצדיקיא דלא תהא פתחון פה לרשיעייא בכל מה דאיהו עביד. תא חזי, כלא גלי קודשא בריך הוא) לְצַדִּיקַיָא בְּגִין דְּאִנּוּן אַתְיָין וּמַזְהִירִין לִבְנֵי נָשָׁא לְאֲתָבַא מֵחוֹבַיְיהוּ וְלָא יִתְעַנְשׁוּן מִגּוֹ דִּינָא עִלָּאָה וְלָא יְהֵא לוֹן פִּתְחָא דְפוּמָא לְגַבֵּיהּ. בְּגִינֵי כָךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹדַע לוֹן רָזָא דְּאִיהוּ עָבִיד בְּהוּ דִינָא. תּוּ בְּגִין דְּלָא יֵימְרוּן דְּהָא בְּלָא דִינָא עֲבִיד בְּהוּ דִּינָא.

אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר וַוי לוֹן לְחַיָּיבַיָא דְּלָא יָדְעִין וְלָא מַשְׁגִּיחִין וְלָא יָדְעִין לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבַיְיהוּ. וּמַה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּי כָּל עוֹבָדוֹהִי קְשׁוֹט וְאוֹרְחָתֵיהּ דִּין. לָא עָבִיד כָּל מַה דְּעֲבִיד בְּעָלְמָא עַד דְּגָלֵי לְהוּ לְצַדִּיקַיָיא בְּגִין דְלָא יְהֵא לוֹן פִּתְחָא דְפוּמָא לִבְנֵי נָשָׁא. (כאן שייך מה שבסוף הספר סימן ח''י, עי' לקמן דף ק''ו ע''א ותמצאנו שם) גַּבֵּי בְּנֵי נָשָׁא לא כָל שֶׁכֵּן דְּאִית לוֹן לְמֶעְבַּד מִלַּיְיהוּ דְּלָא יְמַלְּלוּן בְּנֵי נָשָׁא סִטְיָא עֲלֵיהוֹן. וְכֵן כְּתִיב, (במדבר ל״ב:כ״ב) וִהְיִיתֶם נְקִיִּים מֵיְיָ וּמִיִּשְׂרָאֵל. וְאִית לוֹן לְמֶעְבַּד דְּלָא יְהֵא לוֹן פִּתְחוֹן פֶּה לִבְנֵי נָשָׁא, וְיִתְרוּן בְּהוֹן אִי אִנּוּן חָטָאן וְלָא מַשְׁגְּחֵי לְאִסְתַּמָּרָא, דְּלָא יְהֵא לֵיהּ לְמִדַּת דִּינָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא פִּתְחָא דְפוּמָא לְגַבַּיְיהוּ. וּבְמָּה, בִּתְשׁוּבָה וְעוֹבָדִין דְּכַשְׁרָן.

תָּא חֲזֵי, וַיְיָ אָמָר הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב כָּל אַרְעָא לְאַבְרָהָם
- [...] avec eux.
Remarquez que, quand un homme accompagne son ami, il attire la Schekhina sur celui-ci ; elle s'attache à cet ami et l'accompagne sur son chemin, afin de le préserver de tout accident. C'est pourquoi l'homme doit accompagner son hôte à qui il vient d'accorder l'hospitalité, afin d'attirer sur lui la Schekhina et de l'attacher à lui. C'est pour cette raison qu'Abraham avait coutume d'accompagner ses hôtes.
Il est écrit (Gen., XVIII, 17) : « Et Jéhovah dit : Pourrais-je cacher à Abraham ce que je fais? »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Amos, III, 7) : « ... Car le Seigneur Dieu ne fait rien sans avoir révélé auparavant ses secrets aux prophètes, ses serviteurs. » Heureux le sort des justes de ce monde ; car le Saint, béni soit-il, leur révèle tout ce qu'il fait au ciel et tous les évènements qui doivent arriver dans ce bas monde ; il fait tout avec le consentement des justes, à qui il ne cache jamais rien. Car le Saint, béni soit-il, associe les justes de ce monde à ses œuvres, afin que ceux-ci exhortent les hommes et les avertissent des rigueurs célestes, pour les convertir. Dieu veut que les coupables soient prévenus des châtiments qui les attendent, pour que les coupables ne trouvent de matière à récrimination contre le Saint, béni soit-il, en l'accusant de les avoir punis sans les avoir prévenus. C'est pour cette raison que le Saint, béni soit-il, fait connaître d'avance à ses serviteurs les châtiments dont il veut accabler les coupables.
Rabbi Éléazar dit : Malheur aux coupables qui ne savent trouver, ni ne cherchent les moyens propres à les détourner de leur mauvaise conduite. Si le Saint, béni soit-il, dont toutes les œuvres sont véritables et dont les voies sont justes, ne fait rien dans le monde sans l'avoir auparavant révélé aux justes, pour ne pas donner aux coupables un sujet de récrimination, à plus forte raison convient-il aux hommes de ne jamais rien faire qui puisse fournir matière à la médisance et à la récrimination, ainsi qu'il est écrit : « Et vous serez irréprochables devant le Seigneur et devant Israël. » Il résulte de ce verset qu'il convient de se garder des actes qui peuvent fournir matière à reproche de la part des hommes. Il convient également aux hommes d'exhorter les coupables qui ne veulent pas revenir de leur mauvaise conduite, et de leur montrer la voie propre à les mettre à l'abri de la rigueur céleste du Saint, béni soit-il. Et quelle est la voie propre à mettre à l'abri de la rigueur? La pénitence et les bonnes œuvres.
Remarquez l'expression de l'Écriture : « Et Jéhovah dit : Pourrais-je cacher à Abraham, etc. »
Rabbi Yehouda dit : Le Saint, béni soit-il, donna à Abraham toute la terre [...]
(Ⅰ)
[105a]  
לְמֶהֱוֵי לֵיהּ אַחְסָנַת יְרוּתָא לְעָלְמִין, דִּכְתִיב כִּי אֶת כָּל הָאָרֶץ אֲשֶׁר אַתָּה רֹאֶה לְךָ אֶתְּנֶנָּה וְגו'. וּכְתִיב שָׂא נָא עֵינֶיךָ וּרְאֵה. וּלְבָתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִצְטְרִיךְ לְאַעֲקָרָא אַתְרִין אִלֵּין. אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּבָר יַהֲבִית יַת אַרְעָא לְאַבְרָהָם, וְהוּא אַבָּא לְכֹלָּא, דִּכְתִיב כִּי אַב הֲמוֹן גּוֹיִם נְתַתִּיךָ. וְלָא יָאוֹת לִי לְמִמְחֵי בְּנִין וְלָא אוֹדַע לַאֲבוּהוֹן דְּקָרִית לֵיהּ אַבְרָהָם אוֹהֲבִי. וּבְגִין כָּךְ אִצְטְרִיךְ לְאוֹדַע לֵיהּ, בְגִין כָּךְ (אמר) וַיְיָ אָמָר הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם אֲשֶׁר אֲנִי עוֹשֶׂה.

אָמַר רַבִּי אַבָּא תָּא חֲזֵי (קיא א) עִנְוְתָנוּתָא דְּאַבְרָהָם, דְּאַף עַל גַּב דְּאָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רַבָּה. וְעִם כָּל דָּא דְּאוֹרִיךְ עִמֵּיהּ וְאוֹדַע לֵיהּ דְּבָעֵי לְמֶעְבַּד דִּינָא בִּסְדוֹם, לָא בָּעָא קַמֵיהּ לְשֵׁזָבָא לֵיהּ לְלוֹט וְלָא יַעֲבִיד בֵּיהּ דִּינָא. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּלָא לְמִתְבַּע אַגְרָא מִן עוֹבָדוֹי.

וְעַל דָּא שָׁלַח קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְלוֹט וְשֵׁזִיב לֵיהּ בְּגִינֵיהּ דְּאַבְרָהָם. דִּכְתִיב וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת אַבְרָהָם וַיְשַׁלַּח אֶת לוֹט מִתּוֹךְ הַהֲפֵכָה וְגו'. מַאי אֲשֶׁר יָשַׁב בָּהֵן לוֹט הָא אִתְּמָר. אֲבָל בְּגִין דְּכֻלְהוּ חַיָּיבִין וְלָא אִשְׁתְּכַח (בינייהו), מִכֻּלְהוּ דְּאִית לֵיהּ מִידִי דִּזְכוּ, בַּר לוֹט. מִכָּאן אוֹלִיפְנָא בְּכָל אֲתַר דְּדָיְירִין בֵּיהּ חַיָּיבִין חָרִיב אִיהוּ.

אֲשֶׁר יָשַׁב בָּהֵן לוֹט. (קח א) וְכִי בְּכֻלְהוּ הֲוָה יָתִיב לוֹט, אֶלָא בְּגִינֵיהּ הֲווּ יַתְבֵי דְּלָא אִתְחָרְבוּ. וְאִי תֵימָא בִּזְכוּתֵיהּ, לָא. אֶלָּא בִּזְכוּתֵיהּ דְּאַבְרָהָם. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן תָּא חֲזֵי, דְּשִׁמּוּשָׁא דְּעֲבִיד בַּר נָשׁ לְזַכָּאָה, הַהוּא שִׁמּוּשָׁא אָגִין עֲלֵיהּ בְּעָלְמָא. וְלָא עוֹד אֶלָּא דְּאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ חַיָּיבָא, אוֹלִיף מֵאָרְחוֹי וְעֲבִיד לוֹן.

תָּא חֲזֵי דְּהָא בְּגִין דְּאִתְחַבַּר לוֹט בַּהֲדֵיהּ דְּאַבְרָהָם אַף עַל גַּב דְּלָא אוֹלִיף כָּל עוֹבָדוֹי, אוֹלִיף לְמֶעְבַּד טִיבוּ עִם בִּרְיָין כְּמָה דְּהֲוָה עָבִיד אַבְרָהָם, וְדָא הוּא דְּאוֹתִיב לְכָל אִנּוּן קַרְתֵּי כָּל הַהוּא זִמְנָא דְּיָתְבוּ בָּתַר דְּעָאל לוֹט בֵּינַיְיהוּ.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן תָּא חֲזֵי, דִּשְׁכִינְתָּא לָא אַעֲדֵי מִנֵּיהּ דְּאַבְרָהָם בְּהַהִיא שַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לֵיהּ (בההוא זמנא דקודשא בריך הוא עמיה), אָמַר לֵיהּ רַבִּי אֶלְעָזָר וְהָא שְׁכִינְתָּא הֲוָה מַלִּיל עִמֵּיהּ דְּהָא (בדרגא) דָא אִתְגְּלִי עֲלֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּכְתִיב, (שמות ו׳:ג׳) וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי. אָמַר לֵיהּ הָכִי הוּא וַדַּאי. וְתָּא חֲזֵי מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר יְיָ זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמֹרָה כִּי רָבָּה. בְּקַדְמִיתָא וַיְיָ אָמַר. וּלְבַסּוֹף וַיֹּאמֶר יְיָ זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה וְגו'. דָּא אִיהוּ דַּרְגָא עִלָּאָה דְּאִתְגְּלֵי לֵיהּ עַל דַּרְגָּא תַּתָּאָה,

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

וַיְיָ אָמָר הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם וְגו' מַה כְּתִיב לְמַעְלָה וַיָּקוּמוּ מִשָּׁם הָאֲנָשִׁים וַיַּשְׁקִיפוּ עַל פְּנִי סְדוֹם לַעֲשׂוֹת דִּין בָּרְשָׁעִים. מַה כְּתִיב אַחֲרָיו הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם. אָמַר רַב חַסְדָא אֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עוֹשֶׂה דִּין בָּרְשָׁעִים עַד שֶׁנִּמְלַךְ בְּנִשְׁמָתָן שֶׁל צַּדִּיקִים הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (איוב ד׳:ט׳) מִנִּשְׁמַת אֱלוֹהַּ יֹאבֵדוּ. וּכְתִיב הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם. אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא כְּלוּם יֵשׁ לִי לַעֲשׂוֹת דִּין בָּרְשָׁעִים עַד שֶׁאֱמָלֵךְ בְּנִשְׁמוֹת הַצַּדִּיקִים, וְאוֹמֵר לָהֶם, הָרְשָׁעִים חָטְאוּ לְפָנַי, אֶעֱשֶׂה בָּהֶם דִּין, דִּכְתִיב וַיֹּאמֶר יְיָ זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רָבָּה וחַטָאתָם וְגו'.

אָמַר רַבִּי אַבְהוּ הַנְּשָׁמָה עוֹמֶדֶת בִּמְקוֹמָהּ וְהִיא יְרֵאָה לְהִתְקָרֵב אֵלָיו וְלוֹמַר לְפָנָיו כְּלוּם, עַד שֶׁיֹּאמַר לְמטטרו''ן שֶׁיַּגִּישֶׁנָּה לְפָנָיו וְתֹאמַר מַה שֶׁרָצְּתָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב ויִּגַּשׁ אַבְרָהָם, וַיֹּאמֶר הַאַף תִּסְפֶּה צַּדִּיק עִם רָשָׁע חָלִילָה לְךָ וגו'. אוּלַי יֵשׁ חֲמִשִּׁים צַּדִּיקִים וְגו'. הַנְּשָׁמָה פּוֹתַחַת וְאוֹמֶרֶת רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם שֶׁמָּא נִתְעַסְּקוּ בְּנ' פָּרָשִׁיּוֹת שֶׁל תּוֹרָה, וְאַף עַל פִּי שֶׁלא נִתְעַסְּקוּ לִשְׁמָהּ, שָׂכָר יִשׁ לָהֶם לָעוֹלָם הַבָּא וְלֹא יִכָּנְסוּ לַגֵּיהִנֹּם. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ וַיֹּאמֶר יְיָ אִם אֶמְצָּא בִּסְדוֹם חֲמִשִּׁים צַּדִּיקִים וְגו'.

והָא (תנינן) יַתִּיר אִנּוּן פָּרָשִׁיּוֹת נ''ג הֲווּ. אֶלָּא אָמַר רַבִּי אַבָּהוּ חֲמִשָּׁה סְפָרִים הֵם בַּתּוֹרָה וּבְכָל אֶחָד וְאֶחָד נִכְלָלִים עֲשֶׂרֶת הַדִּבְּרוֹת עֲשָׂרָה מַאֲמָרוֹת שֶׁבָּהֶם נִבְרָא הָעוֹלָם חֲשׁוֹב עֲשָׂרָה בְּכָל חַד מִנְּהוֹן הוּא חֲמִשִּׁים.

השלמה מההשמטות (סימן טו)

חֲמִשִׁים הֵם כְּנֶגֶד חֲמִשִׁים שַׁעֲרֵי בִּינָה וְהֵם רְאוּיִים לְהַצִּיל כָּל הָעוֹלָם בְּצִּדְקַתָם וַיְיָ הוֹדָה לִדְבַרֶיהָ וּכְשְׁרָאַתָה שֶׁלֹּא מָצְּאָה אָמְרָה (בראשית י״ח:כ״ח) אוּלַי יַחְסְרוּן חֲמִשִׁים הַצַּדִּיקִים חֲמִשָׁה, כְּלוֹמַר אוּלַי יֵשׁ בָּהֶם בְּנֵי אָדָם שְׁעַסְקוּ בִּיְדִיעַת שִׁמְךָ שֶׁהוּא הַשֵׁם בִּמְלוֹאוֹ שֶׁהוּא מָ''ה יוֹ''ד הֵ''א וא''ו הֵ''א כְּמִסְפָר אָדָם שֶׁנֶּאֱמַר (דברים י׳:י״ב) וְעַתָּה יִשְׂרָאֵל מָה יְיָ אֱלהֶיךָ שׁוֹאֵל, וּכְשְׁלֹא מָצְּאָה חוֹזֶרֶת לוֹמַר, אוּלַי יִמָצְּאוּן שָׁם אַרְבָּעִים (ככתוב בדפוס) (עד כאן מההשמטות)

עוֹד פּוֹתַחַת הַנְּשָׁמָה וְאוֹמֶרֶת רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם אַף עַל פִּי שֶׁלא נִתְעַסְּקוּ בַּתּוֹרָה שֶׁמָּא קִבְּלוּ עוֹנְשָׁם עַל מַה שֶּׁחָטְאוּ בְּבֵּית דִּין וְנִתְכַּפֵּר לָהֶם שֶׁנֶּאֱמַר (דברים כ״ה:ג׳) אַרְבָּעִים יַכֶּנּוּ לֹא יוֹסִיף. וּמִמַּה שֶּׁנִּתְבַּיְישׁוּ לִפְנֵיהֶם דַּיָּים לְהִתְכַּפֵּר (לפניהם) לָהֶם שֶׁלֹּא יִכָּנְסוּ לַגֵּיהִנֹּם. מַה כְּתִיב אַחֲרָיו לֹא אֶעֱשֶׂה בַּעֲבוּר הָאַרְבָּעִים.

השלמה מההשמטות (סימן טז)

עוֹד פוֹתָחַת וְאוֹמֶרֶת רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם אוּלַי יִמָצְּאוּן שָׁם שְׁלֹשִׁים כְּלוֹמַר אוּלַי יִשׁ בֵּינֵיהֶם צַּדִּיקִים שְׁעַסְקוּ והִשִּׂיגוּ אוֹתָם הַשְׁלשִֹׁים מַעֲלוֹת הַרְמוּזוֹת בִּנְבוּאַת יְחֶזְקֵאל בַּפָסוּק וַיְהִי בִּשְׁלֹשִׁים (שנה) וְגוֹ' וְהֵם כְּלוּלִים בְּלֵ''ב נְתִיבוֹת חָכְמָה שֶׁהֵם כ''ב אוֹתִיּוֹת וי' סְפִירוֹת. וכֵן אוּלַי יְשׁ בֵּינֵיהֶם אֲנָשִׁים צַּדִּיקִים יְחִידִי סְגוּלָה הַמְיַחֲדִים שִׁמְךָ ב' פַּעֲמִים בַּיוֹם בַּפָסוּק שְׁמַע יִשְׂרָאֵל שֶׁבָּה כְּלוּלִים י' סְפִירוֹת בְּמִלַּת אֶחָד האל''ף עִם החי''ת הֵם תִשְׁעָה וְהַמִלָה א' הֲרֵי עֲשָׂרָה והד' אָמַר דָוִד הַמֶּלֶךְ עָלָיו הַשָׁלוֹם עֲלָהּ (תהילים קי״ח:כ׳) זֶה הַשַׁעַר לַיְיָ צַּדִּיקִים יָבוֹאוּ בּוֹ וְד''לת מִלָשׁוֹן שַׁעַר וּשְׁנֵי פַּעֲמִים בַּיוֹם הֲרֵי עֶשְׂרִים.

וּכְשֶאֵינָה מוֹצְּאָה, חוֹזֶרֶת וּפוֹתָחַת וְאוֹמֶרֶת רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם, אוּלַי יִמָצְּאוּן שָׁם עֲשָׂרָה כְּלוֹמַר אוּלַי יִמָצֵּא בֵּינֵיהֶם מִי שֶׁעוֹסֵק בַּעֲשָׂרָה מַאֲמָרוֹת וּבְעֲשֶׂרֶת הַדִבְּרוֹת בְּכָל יוֹם וְכֵן אוּלַי יִמָצְּאוּן בֵּינֵיהֶם עֲשָׂרָה שֶׁמַקְדִימִים לְבֵית הַכְּנֶסֶת דְהָא תְּנַן כָּל (הנמצא) הַנִמְנָה מֵעֲשָׂרָה רִאשׁוֹנִים בְּבֵית הַכְּנֶסֶת נוֹטֵל שָׂכָר כְּנֶגֶד כּוּלָם שֶׁבָּאִים אַחֲרָיו, מָה כְּתִיב, לא אַשְׁחִית בַּעֲבוּר הַעֲשָׂרָה. כָּל זֶה יְשׁ לְנִשְׁמַת הַצַּדִּיק לְלָמֵד סְנֵגוֹרְיָיא וּזְכוּת עַל הָרְשָׁעִים לְהַשְׁקִיט הַאַף וְהַחֵמָה וכֵיוָן שֶׁלֹּא מָצְּאָה שׁוּם זְכוּת לְלָמֵד מָה כְּתִיב (בראשית י״ח:ל״ג) וַיֵּלֶךְ יְיָ כַּאֲשֶׁר כִּלָה לְדַבֵּר אֶל אַבְרָהָם וְאַבְרָהָם שָׁב לִמְקוֹמוֹ. מַהוּ לִמְקוֹמוֹ, לְמָקוֹם מָעַלָתוֹ הַיְדוּעָה. ואָז נִסְתָלַק הֲדָיַין וְנִסְתָלַק הַסָינֵגוֹר וְהַקַטֵיגוֹר מֵקַטְרֵג וזֶהוּ (בראשית י״ט:א׳) וַיָּבֹאוּ שְׁנֵי הַמַּלְאָכִים סְדוֹמָה בָּעֶרֶב וְגוֹ' ולוֹט הוּא שָׂטָן הוּא יִצֶּר הָרָע יוֹשֵׁב בְּשָׁעַר סְדוֹם כִּי שָׁם בֵּיתוֹ דִּכְתִיב (בראשית ד׳:ז׳) לַפֶּתַח חַטָאת רוֹבֵץ. וּמִתְחַבֵּר עִם בְּנִי אָדָם וּמַטְעֵה אוֹתָם עַד שְׁמוֹרִידָם לִבְאֵר שָׁחַת וְהוּא גַּם כֵּן עִמָהֵם נִידוֹן עַל שֶׁהִטְעָה אוֹתָם ויוֹרֵד עַד צָּעֲרָה דְגִהֵינָם וזֶהוּ (בראשית י״ט:כ׳) הִנֵּה נָא הָעִיר הֲזֹאת קְרוֹבָה לָנוּס שָׁמָּה.

הַרוֹצֵּחַ, הוּא עֵשָׂו שׁוֹפֵךְ דָּמִים וְהִיא מִצְּעַר ואַף עַל פִּי שֶׁיוֹרֶד ונִידוֹן שָׁם עִם כָּל זְה תַאָוַתוֹ וְחֶשְׁקוֹ לַחֲזוֹר וּלְהַטְעוֹת לַאֲחֵרִים וְזְהוּ (בראשית י״ט:ל׳) וַיָּעַל לוֹט מִצּוֹעַר: (עד כאן מההשמטות)

עוֹד פּוֹתַחַת ואוֹמֶרֶת אוּלַי יִשׁ שָׁם שְׁלשִׁים, אוּלַי יִשׁ בֵּינֵיהֶם צַּדִּיקִים שֶׁהִשִּׂיגוּ שְׁלשִׁים מַעֲלוֹת הָרְמוּזִים בַּפָּסוּק (יחזקאל א׳:א׳) וַיְהִי בִּשְׁלשִׁים שָׁנָה וְהֵם כְּלוּלִים בְּל''ב נְתִיבוֹת שֶׁהֵם כ''ב אוֹתִיּוֹת וי' סְפִירוֹת לִפְעָמִים הֵם כְּלוּלִים לִשְׁמוֹנָה.

עוֹד פּוֹתַחַת ואוֹמֶרֶת אוּלַי יִמָּצְּאוּן שָׁם עֶשְׂרִים, שֶׁמָּא יְגָדְּלוּ בָּנִים לְתַלְמוּד תּוֹרָה ויִשׁ לָהֶם שָׂכָר לַעֲשֶׂרֶת הַדִּבְּרוֹת שְׁתֵּי פְּעָמִים בְּכָל יוֹם, דְּאָמַר רַבִּי יִצְּחָק כָּל הַמְגַדֵּל בְּנוֹ לְתַלְמוּד תּוֹרָה וּמוֹלִיכוֹ לְבֵית רַבּוֹ בַּבֹּקֶר וּבָעֶרֶב מַעֲלֶה עָלָיו הַכָּתוּב כְּאִלּוּ קִיֵּים (עליו) הַתּוֹרָה ב' פְּעָמִים בְּכָל יוֹם. מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר לא אַשְׁחִית בַּעֲבוּר הָעֶשְׂרִים.

עוֹד פּוֹתַחַת וְאוֹמֶרֶת אוּלַי יִמָּצְּאוּן שָׁם עֲשָׂרָה. אוֹמֶרֶת רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם שֶׁמָא הָיוּ מֵאוֹתָם הָעֲשָׂרָה הָרִאשׁוֹנִים שֶׁל בֵּית הַכְּנֶסֶת שֶׁנּוֹטֵל שָׂכָר כְּנֶגֶד כֻּלָּם שֶׁבָּאִים אַחֲרֵיהֶם, מַה כְּתִיב (ביה) וַיֹּאמֶר לֹא אַשְׁחִית בַּעֲבוּר הָעֲשָׂרָה.

כָּל זֶה יִשׁ לְנִשְׁמַת הַצַּדִּיק לוֹמַר עַל הָרְשָׁעִים, כֵּיוָן שֶׁלֹּא נִמְצָּא בְּיָדָם כְּלוּם, מַה כְּתִיב וַיֵּלֶךְ יְיָ כַּאֲשֶׁר כִּלָּה לְדַבֵּר אֶל אַבְרָהָם וְאַבְרָהָם שָׁב לִמְקוֹמוֹ. מַהוּ לִמְקוֹמוֹ. לִמְקוֹם מַעֲלָתוֹ הַיְדוּעָה.

אָמַר רַבִּי מִצְּוָה לוֹ לָאָדָם לְהִתְפַּלֵּל עַל הָרְשָׁעִים כְּדֵי שֶׁיַּחְזְרוּ לְמוּטָב וְלא יִכָּנְסוּ לַגֵּיהִנֹּם. דִּכְתִיב, (תהילים ל״ה:י״ג) וַאֲנִי בַּחֲלוֹתָם לְבוּשִׁי שָׂק וְגו'. ואָמַר רַבִּי אָסוּר לוֹ לָאָדָם לְהִתְפַּלֵּל עַל הָרְשָׁעִים שֶׁיִּסְתַּלְּקוּ מִן הָעוֹלָם, שֶׁאִלְמָלֵא סִלְּקוֹ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְתֶרַח מִן הָעוֹלָם כְּשֶׁהָיָה עוֹבֵד עֲבוֹדָה זָרָה, לֹא בָּא אַבְרָהָם אָבִינוּ לָעוֹלָם, וְשִׁבְטֵי יִשְׂרָאֵל לא הָיוּ, וְהַמֶּלֶךְ דָּוִד וּמֶלֶךְ הַמָּשִׁיחַ, וְהַתּוֹרָה לֹא נִתְּנָה, וְכָל אוֹתָם הַצַּדִּיקִים וְהַחֲסִידִים והַנְּבִיאִים לא הָיוּ בָּעוֹלָם. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה כֵּיוָן שֶׁרוֹאֶה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא שֶׁלא נִמְצָּא בָּרְשָׁעִים כְּלוּם מִכָּל אוֹתָם הָעִנְיָינִים, מַה כְּתִיב ויָּבֹאוּ שְׁנִי הַמַּלְאָכִים סְדוֹמָה וגו', (עד כאן מדרש

הנעלם)
- [...] à litre de patrimoine à jamais inaliénable, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIII, 14) : « ...Car toute la terre que tu vois je te la donne à toi et à ta postérité. » « Et précédemment il est écrit : « Lève tes yeux, et regarde du lieu où tu es, au nord et au sud, à l'est et à l'ouest. » Aussi, lorsque le Saint, béni soit-il, voulut ravager les pays de Sodome et de Gomorrhe, il se dit : J'ai déjà donné cette terre à Abraham qui est le père de tous les peuples de la terre, ainsi qu'il est écrit (Gen., XVII, 5) : « ... Car je t'ai établi pour être le père de toutes les nations. » Il ne me convient pas d'exterminer les enfants sans en prévenir préalablement le père que j'ai appelé (Is., XLI, 8) «mon ami » ; il faut que je l'en prévienne.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Jéhovah dit : Pourrais-je cacher à Abraham ce que je fais? »
Rabbi Abba dit : Remarquez combien grande était la modestie d'Abraham ; car, alors même que le Saint, béni soit-il, lui avait annoncé (Gen., XVIII, 20) : « Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'augmente de plus en plus, et leur péché est monté jusqu'à son comble », et en dépit de la condescendance de Dieu à lui révéler d'avance le châtiment dont il avait résolu d'accabler la ville de Sodome, Abraham n'a pas osé demander à Dieu d'épargner à Lot les châtiments décrétés (17). Pourquoi? - De crainte que cette faveur ne lui fût accordée en récompense de ses œuvres qu'il ne voulait pas voir récompensées.
C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, envoya les anges auprès de Lot et le fit sauver par les mérites d'Abraham, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIX, 29) : « Et il se souvint d'Abraham et délivra Lot de ces villes où il avait demeuré.» Ces paroles ont été expliquées de cette façon que, dans toutes ces villes, il n’y avait pas un seul homme qui eût quelque mérite, excepté Lot. Nous déduisons de ce passage que toute ville habitée par des coupables sera détruite. Pourquoi l'Écriture dit-elle : « ... Ces villes où il avait demeuré » ? Lot avait-il donc demeuré dans toutes ces villes (18)? L'Écriture veut dire que ces villes n'ont été préservées de la destruction jusqu'ici qu'à cause de Lot ; et ce n'était pas par le mérite de Lot, mais par celui d'Abraham.
Rabbi Siméon dit : Remarquez que les soins qu'un homme donne à un juste lui valent d'être préservé des rigueurs de ce monde. Mais il y a plus : Alors même qu'un homme est coupable, il profite en se faisant le serviteur d'un juste ; car il en voit constamment la conduite et il finit par se l'approprier.
Remarquez que l'attachement de Lot à Abraham a eu comme résultat, pour Lot, de s'approprier, sinon toutes les œuvres d'Abraham, du moins celle de la charité envers tous les hommes, à la façon qu’Abraham avait coutume de pratiquer. Tel est le sens des paroles: « ...Les villes où il avait demeuré. » Car depuis le temps que Lot vint habiter cette contrée, il exerça l'hospitalité envers les habitants de toutes ces villes.
Rabbi Siméon dit en outre : Remarquez que la Schekhina ne s'est pas séparée d'Abraham, même au moment où le Saint, béni soit-il, lui adressa la parole. Rabbi Éléazar demanda à Rabbi Siméon : C'était pourtant la Schekhina qui parlait à Abraham, attendu que le Saint, béni soit-il, s'est révélé à Abraham par ce degré de son essence, ainsi qu'il est écrit (Ex., VI, 3) : «Et je suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu Tout Puissant.»
Rabbi Siméon lui répondit : En effet, il est certain qu'en général c'était la Schekhina qui se révélait à Abraham ; mais remarquez qu'après que l'Écriture (Gen., XVIII, 17) a déjà dit : « Et Jéhovah dit, etc. », elle répète (Gen., XVIII, 20) encore une fois : « Et Jéhovah dit : Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'augmente de plus en plus, etc. » Or cette répétition paraît superflue, puisque, depuis le premier verset, c'est toujours Jéhovah qui parle! Mais, par cette répétition : « Et Jéhovah dit... », l'Écriture nous indique que le degré supérieur de l'essence divine venait se joindre au degré inférieur en se révélant à Abraham, c'est-à-dire que le Saint, béni soit-il, venait de se révéler à Abraham au moment où la Schekhina était encore près de lui. [...]
(Ⅰ)
[105b]  
אֵרְדָה נָא וְאֶרְאֶה הַכְּצַעֲקָתָהּ הַבָּאָה אֵלַי עָשׂוּ כָּלָה. לְמַאן קָאֲמַר. אִי תֵימָא לְאִנּוּן מַלְאָכִין. מַאן חָמָא מַלִּיל עִם דָּא וּפַקִּיד לְדָא. אֶלָּא לְאַבְרָהָם קָאֲמַר דְּבִרְשׁוּתֵיהּ קָיְימִין אִנּוּן אַתְרֵי. דָּבָר אַחֵר לְאִנּוּן מַלְאָכִין. מַה דְּאִתְּמָר לְאַבְרָהָם מַה טַעֲמָא עָשׂוּ. עָשָׂה מִבָּעֵי לֵיהּ. מַאי עָשׂוּ. (אלא) דָּא אַבְרָהָם וּשְׁכִינְתָּא דְּלָא אַעֲדֵי מִנֵּיהּ. (דבר אחר) עָשׂוּ מַה דְּאִתְּמָר לַמַּלְאָכִין, בְּגִין דְּהֲווּ זְמִינִין תַּמָּן וְהֲווּ מִשְׁתַּכְּחִין לְמֶעְבַּד דִּינָא, וְעַל דָּא עָשׂוּ.

דָּבָר אַחֵר עָשׂוּ (למעבד) כְּתַרְגּוּמוֹ עֲבְדוּ. וְכִי לָא הֲוָה יָדַע קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּאִיהוּ אָמַר אֵרְדָה נָא וְאֶרְאֶה, וְהָא כֹּלָּא אִתְגְּלִי קַמֵּיהּ. אֶלָּא אֵרְדָה נָא מִדַּרְגָּא דְּרַחֲמֵי לְדַרְגָּא דְדִינָא, וְהַיְינוּ (האי) יְרִידָה. וְאֶרְאֶה, רְאִיָּיה דָּא הִיא לְאַשְׁגָּחָא עֲלֵיהוֹן בְּמַאן דִּינָא יָדִין לוֹן.

אַשְׁכְּחָן רְאִיָּיה לְטַב וְאַשְׁכְּחָן רְאִיָּיה לְבִישׁ. רְאִיָּיה לְטַב, דִּכְתִיב, (שמות ב) וַיַּרְא אֱלֹהִים אֶת בְּנִי יִשְׂרָאֵל וַיֵּדַע. רְאִיָּיה לְבִישׁ, דִּכְתִיב אֵרְדָה נָא וְאֶרְאֶה (נ''א אשכחן ירידה לטב ואשכחן ירידה לביש. לטב דכתיב, (שמות יט) וירד יי על הר סיני. (במדבר יא) וירדתי ודברתי עמך שם. ירידה לביש ארדה נא בגין) לְאַשְׁגָּחָא עֲלַיְיהוּ בְּדִינָא, וְעַל דָּא אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הַמְכַסֶּה אֲנִי מֵאַבְרָהָם:

וְאַבְרָהָם הָיוֹ יִהְיֶה לְגוֹי גָּדוֹל וְעָצוּם. מַאי טַעְמָא בְּרָכָה דָא הָכָא. אֶלָא בְּגִין לְאוֹדָעָא דְּאָפִילּוּ בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב בְּדִינָא עַל עָלְמָא לָא אִשְׁתַּנִּי. דְּהָא יָתִיב בְּדִינָא עַל דָּא (ד''א ל''ג ויתיב) וּבְרַחֲמֵי עַל דָּא וְכֹלָּא בְּרִגְעָא חָדָא וּבְשַׁעֲתָא חָדָא.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה וְהָא כְּתִיב, (תהלים סט) וַאֲנִי תְפִלָּתִי לְךָ יְיָ עֵת רָצוֹן. זִמְנִין דְּאִיהוּ עֵת רָצוֹן וְזִמְנִין דְּלָאו אִיהוּ עֵת רָצוֹן. זִמְנִין דְּשָׁמַע וְזִמְנִין דְּלָא שָׁמַע. זִמְנִין דְּאִשְׁתְּכַח וְזִמְנִין דְּלָא אִשְׁתְּכַח דִּכְתִיב, (ישעיה נה) דִּרְשׁוּ יְיָ בְּהִמָּצְאוֹ קְרָאוּהוּ בִּהְיוֹתוֹ קָרוֹב.

אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר כָּאן לְיָחִיד כָּאן לְצִבּוּר. כָּאן לְאֲתַר חָד וְכָאן לְכוּלֵי עָלְמָא. בְּגִינִי כָךְ בָּרִיךְ לֵיהּ לְאַבְרָהָם דְּאִיהוּ שָׁקִיל כְּכָל עָלְמָא דִּכְתִיב, (בראשית ב) אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ בְּהִבָּרְאָם (וכתיב) וְתָנִינָן בְּאַבְרָהָם. יִהְיֶה בְּגִימַטְרִיָּא שְׁלשִׁים. הָכִי תָּנִינָן תְּלָתִין צַדִּיקִים אַזְמִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּכָל דָּרָא וְדָרָא לְעָלְמָא. כְּמָה דְּאַזְמִין לְאַבְרָהָם.

השלמה מההשמטות (סימן יז)

לְאַבְרָהָם. זִמְנָא חֲדָא נָפַק רַבִּי שִׁמְעוֹן וְחָמָא (וחזא) עַלְמָא דְחַשִׁיךְ וְאַפִיל וְאִסְתַתָם נְהוֹרֵיהּ. אָמַר לֵיהּ לְרַבִּי אֶלְעָזָר, תָּא וְנֶחֱזֵי מָה בָּעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֶעְבָּד בְּעַלְמָא. אָזְלוּ וְאַשְׁכָּחוּ חַד מַלְאֲכָא דְּדָמֵי לְטוּרָא רַבְרְבָא וְאַפִּיק תְּלָתִין שַׁלְהוֹבִין דְּנוּרָא מִפּוּמֵיהּ. אָמַר לֵיהּ רַבִּי שִׁמְעוֹן מָה אַתְּ בָּעֵי לְמֵעְבָּד. אָמַר לֵיהּ בָּעֵינָא לְמֵחַרְבֵּיהּ לְעַלְמָא בְּגִין דְלָא שְׁכִיחֵי תְּלָתִין זַכָּאִין בְּדָרָא דְהַכִי גָּזָר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל אַבְרָהָם דִּכְתִיב (בראשית י''ח) הָיוֹ יִהְיֶה בְּגִימַטְרִיָּא תְּלָתִין.

אָמַר לֵיהּ רַבִּי שִׁמְעוֹן בְּמָטוּ מִינָךְ, זִיל קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִימָא לֵיהּ, בָּר יוֹחָאי שָׁכִיחַ בְּאַרְעָא. אֲזַל הַהוּא מַלְאֲכָא קַמֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאָמַר לֵיהּ, מָארֵיהּ דְעַלְמָא גָּלֵי קַמָּךְ מָה דְּאָמַר לִי בָּר יוֹחָאי. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זִיל אֲחַרְבֵיה לְעַלְמָא וְלָא תַשְׁגָּח בְּבַר יוֹחָאי.

אֲתָא חַזְיֵיה ר' שִׁמְעוֹן לְמַלְאֲכָא אָמַר לֵיהּ אִי לָא תֵּיזִיל, גּוֹזַרְנָא עֲלָךְ דְלָא תֵּיעוּל לִשְׁמַיָּיא וְתֶּהֱוֵי בַאֲתַר עֲזָא וְעֲזָאֵל וְכַד תֵּיעוּל קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִימָא לֵיהּ אִי לֵית תְּלָתִין זַכָּאִין בְּעַלְמָא לֶיהֱוָון עַשְׂרִין דְהַכִי כְּתִיב לא אֱעֶשֶׂה בַּעֲבוּר הַעֶשְׂרִים וְאִי לֵית עֶשְׂרִים לִיהווּ עֲשָׂרָה דְהַכִי כְּתִיב לא אַשְׁחִית בַּעֲבוּר הַעֲשָׂרָה וְאִי לֵית עֲשָׂרָה לֵיהווּ תְרִין דְּאִינּוּן אֲנָא וּבְרִי, דְהַכִי כְּתִיב (דברים י״ט:ט״ו) עַל פִּי שְׁנַיִם עֵדִים יָקוּם דָּבָר, וְאֵין דָּבָר אֶלָּא עוֹלָם דִּכְתִיב (תהילים ל״ג:ו׳) בִּדְבַר יְיָ שָׁמַיִם נַעֲשׁוֹּ. וְאִי לֵית תְרֵין, הַא אִית חַד וַאֲנָא הוּא דִּכְתִיב (משלי י׳:כ״ה) וְצַדִּיק יְסוֹד עוֹלָם. בָּהּ שַׁעְתָּא קָל מִן שְׁמַיָּיא נָפַק וְאָמַר, זַכָּאָה חוּלָקָךְ רַבִּי שִׁמְעוֹן. דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּזָר לְעֵילָא וְאָתְּ מְבַטֵּל לְתַתָּא בְּוַדַאי עֲלָךְ אִתְמַר (תהילים קמ״ה:י״ט) רָצוֹן יְרֵאָיו יָעֲשֶׂה: (עד כאן מההשמטות)

פָּתַח וְאָמַר, (שמואל ב כ״ג:כ״ג) מִן הַשְּׁלשִׁים הֲכִי נִכְבָּד וְאֶל הַשְּׁלשָׁה לֹא בָא וְגו'. מִן הַשְּׁלשִׁים הֲכִי נִכְבָּד, אִלֵּין אִנּוּן תְּלָתִין צַדִּיקִים דְּאַזְמִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעָלְמָא וְלָא יְבַטֵּל לוֹן מִנֵּיהּ. וּבְנָיָהוּ בֶּן יְהוֹיָדָע כְּתִיב בֵּיהּ מִן הַשְּׁלשִׁים הֲכִי נִכְבָּד אִיהוּ חַד מִנַּיְיהוּ.

וְאֶל הַשְּׁלשָׁה לא בָא. דְּלָא שָׁקִיל לִתְלָתָא אָחֳרָנִין דְּעָלְמָא קָאִים עֲלַיְיהוּ. וְאֶל הַשְּׁלשָׁה לֹא בָא. לְמֶהוֵי בְּמִנְיָינָא כְּחַד מִנַּיְיהוּ. בְּאִנּוּן תְּלָתִין זַכָּאִין זָכָה לְמֵיעַל בְּחוּשְׁבְּנָא, אֲבָל וְאֶל הַשְּׁלשָׁה לֹא בָא, דְּלָא זָכָה לְאִתְחַבְּרָא בְּהוּ וּלְמֶהֱוֵי עִמְּהוֹן בְּחוּלָקָא חָדָא. יִהְיֶ''ה, כְּמָה דְּתָנִינָן תְּלָתִין הֲוָה. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּרְכֵיהּ בְּאִנּוּן תְּלָתִין צַדִּיקִים.

תָּא חֲזֵי, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַבְרָהָם זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רָבָּה, דְּהָא סְלִיקַת קֳדָמַי מַה דְּאִנּוּן עָבְדִין לְכָל עָלְמָא, דְּכָל עָלְמָא מָנְעֵי רַגְלַיְיהוּ דְּלָא לְמֵיעַל בִּסְדוֹם וַעֲמוֹרָה דִּכְתִיב, (איוב כ״ח:ד׳) פָּרַץ נַחַל מֵעִם גָּר הַנִּשְׁכָּחִים מִנִּי רָגֶל דַּלּוּ מֵאֱנוֹשׁ נָעוּ. פָּרַץ נַחַל מֵעִם גָּר, פִּרְצָה הֲוָה פָּרִיץ נַחַל לְאִנּוּן בְּנֵי עָלְמָא דְּעָאלוּ לְתַמָּן. דְּכֻלְהוּ דְּחָמָאן לְמַאן דְּהֲווּ יַהֲבֵי לְמֵיכַל וּלְמִשְׁתֵּי לְבַר נָשׁ אָחֳרָא, שַׁדְיָין לֵיהּ (בנוקבי דנקרי) בְּעוּמְקָא דְּנַהֲרָא, וְאִיהוּ דְּנָטִיל לֵיהּ הָכִי נָמֵי.

וְעַל דָּא כֻּלְהוּ בְּנֵי עָלְמָא הֲווּ נִשְׁכָּחִים מִנִּי רָגֶל. דְּמָנְעֵי רַגְלַיְיהוּ דְּלָא לְמֵיעַל תַּמָּן. וּמַאן דְּעָאל, דַּלּוּ מֵאֱנוֹשׁ נָעוּ, דְּהֲווּ דָּלֵי גוּפָא בְּכַפְנָא לָא הֲווּ יַהֲבֵי לֵיהּ לְמֵיכַל וּלְמִשְׁתֵּי וְאִשְׁתַּנֵּי דִּיוּקְנֵיהּ מִשְּׁאָר בְּנֵי עָלְמָא, דִּכְתִיב דַּלּוּ מֵאֱנוֹשׁ, נָעוּ. כְּתִיב הָכָא נָעוּ. וּכְתִיב הָתָם (משלי ה׳:ו׳) נָעוּ מַעְגְּלוֹתֶיהָ. הָכִי נָמֵי הֲווּ סָטָאן מַעֲגָלִין וְאָרְחִין דְּלָא לְמֵיעַל תַּמָּן. וְאֲפִילּוּ עוֹפֵי שְׁמַיָא הֲווּ מָנְעֵי
- [...] Il est écrit (ibid, 21) : « Je descendrai, et je verrai si le cri qui est venu jusqu'à moi est vrai ; dans ce cas exterminez-les ; sinon, que je le sache ! » A qui Dieu adressa-t-il ces paroles : « Exterminez-les (19)» ? On ne peut pas admettre que c'était aux anges qu'il les adressa ; car comment Dieu aurait-il pu donner des ordres aux anges en parlant à Abraham? Mais ces paroles ont été adressées à Abraham au pouvoir de qui étaient ces pays. D'après une autre interprétation, c'est aux anges que Dieu donna l'ordre d'exercer contre ces pays la rigueur qu'il avait annoncée précédemment à Abraham. Mais, si on admet la première interprétation, aux termes de laquelle l’ordre a été adressé à Abraham, comment expliquer l'expression de l’Écriture : « Exterminez- les », alors qu'elle devrait dire : « Extermine-les » ? Mais Dieu s'adressa à Abraham et à la Schekhina, qui ne l'a pas quitté.
D'après la seconde interprétation, l'ordre a été adressé aux anges qui étaient présents au moment où Dieu parlait à Abraham et lui annonçait la grande abjection des habitants de Sodome et de Gomorrhe, de manière que Dieu n'avait qu’à adresser aux anges ces deux mots : « Exterminez-les », les anges sachant déjà de quoi il s'agissait. Enfin, d'après une troisième interprétation, le mot « asou » a le sens que lui prête le Thargoum, qui traduit ce mot par « abadou» (ils ont fait). Pourquoi le Saint, béni soit-il, a-t-il dit : «Je descendrai, et je verrai » ? Ne savait-il donc pas ce qui se passait sur la terre, lui qui est omniscient? Mais, Dieu a dit : « Je descendrai » du degré de la clémence au degré de la justice ; c'est ce que Dieu voulait indiquer par le mot : « Je descendrai... » Et Dieu ajouta : « ...Et je verrai. » Ce mot signifie : Je les regarderai ; et ce regard sera leur châtiment. Le mot «voir » est employé, dans l'Écriture, tantôt dans le sens de procurer le bien, et tantôt dans le sens de procurer le mal ; un exemple du premier cas se trouve dans le verset suivant (Ex., II, 25) : « Et le Seigneur vit les enfants d'Israël ;et il les reconnut pour son peuple.» Un exemple du second cas se trouve dans le présent verset : « Je descendrai, et je verrai », ce qui veut dire : mon regard sera leur châtiment.
C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, a dit (Gen., XVIII, 17) : « Pourrais-je cacher à Abraham ce que je fais? » Il est écrit (Gen., XVIII, 18) : « Et Abraham sera le chef d'un peuple très grand et très puissant, et toutes les nations de la terre seront bénies en lui. » Pourquoi Dieu donna-t-il sa bénédiction à Abraham à l'occasion de la destruction de Sodome ? - C'était dans le but de nous faire savoir que, à l'heure même où Dieu exerce sa rigueur contre les coupables, sa bonté à l'égard des justes reste inaltérable ; à la même heure et à la même seconde, Dieu exerce sa rigueur envers l'un et sa clémence envers l'autre.
Rabbi Yehouda objecta : l'Écriture (Gen., XVIII, 17) dit pourtant : « Et moi, Seigneur, je t'offre ma prière ; c'est le temps où tu fais éclater ta bonté ; exauce-moi donc selon la grandeur de ta miséricorde, etc. » De ces paroles, il résulte qu'il y a des heures propices pour la prière et des heures qui ne le sont pas, des heures où Dieu exauce les vœux des hommes, et d'autres où il ne le fait pas. Il résulte même de l'Écriture qu'il y a certaines heures pendant lesquelles on trouve Dieu, et certaines autres pendant lesquelles on ne le trouve pas, ainsi qu'il est écrit (Is., LV, 6) : « Cherchez le Seigneur pendant qu'on peut le trouver; invoquez-le pendant qu'il est proche. »
Rabbi Éléazar répondit : Il n’y a aucune contradiction entre la sentence donnée et les versets cités; les verset cités, desquels il résulte qu'il y a certaines heures pendant lesquelles Dieu est plus favorable que pendant d'autres, s'appliquent à la prière adressée par un seul individu, alors que la sentence mentionnée, suivant laquelle Dieu exerce en même temps la rigueur envers l'un et la clémence envers l'autre, s'applique à la multitude. c'est-à-dire que, quand Dieu juge une multitude d'hommes, il exerce simultanément la rigueur envers les uns et la clémence envers les autres. En outre, les versets cités s'appliquent au cas où Dieu juge séparément une seule contrée ; alors que la sentence mentionnée s'applique au cas où Dieu juge le monde entier. C'est pourquoi Dieu bénit Abraham, à l'occasion de la destruction de Sodome, parce qu'Abraham à lui seul équivalait le monde entier, ainsi qu'il est écrit (Gen., II, 4) : « Telle a été l'origine du ciel et de la terre lorsqu'ils furent créés (behibaram).» Or nous savons par une tradition qu'il faut lire « beabraham », ce qui veut dire que le ciel et la terre ont été creés par le mérite d’Abraham. L'Écriture se sert du terme : « Et Abraham sera (ihïeh). » Le mot «ihïeh» représente la valeur numérique de trente (20) ; car nous savons par une tradition que le Saint, béni soit-il, suscite dans chaque génération trente justes, de même qu’il a suscité Abraham qui en valait trente (21).
Rabbi Éléazar commença ensuite à parler de la manière suivante :« Il est écrit (II Rois, XXIII, 23) : Il était illustre entre les trente ; mais néanmoins il n'égalait pas les trois. »Ces paroles désignent les trente justes que le Saint, béni soit-il, suscite dans le monde à chaque génération, afin que le monde ne soit jamais dépourvu de ce nombre de justes. L'Écriture dit que Banaïas, fils de Joïada, était un de ces trente justes ; mais elle ajoutte qu'il n'égalait pas les trois autres sur lesquels le monde est fondé ; c'est pourquoi l'Écriture dit : « Mais néanmoins il n'égalait pas les trois. » Il comptera bien parmi les trentes justes ; mais il ne sera jamais jugé digne de compter parmi les patriarches, de s'attacher à ceux-ci et d'avoir une égale part avec ceux-ci dans l'éternité. Ainsi qu'il a été dit précédemment, le mot «ihïeh» représente la valeur numérique de trente ; c'est pourquoi le Saint, béni soit-il, bénit Abraham par ce mot, en faisant allusion aux trente justes.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, dit (Gen., XVIII, 20) à Abraham : « Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'augmente de plus en plus, et leur péché est monté jusqu'à son comble. » Dieu dit à Abraham : Le cri d'iniquité de ces hommes est venu jusqu'à moi ; ils ont exercé tant d'iniquités envers les hommes que nul n'ose plus pénétrer dans Sodome et dans Gomorrhe, ainsi qu'il est écrit (Job, XXVIII, 4) : « Le fleuve abonde en voyageurs étrangers et les hommes n'y mettent plus les pieds. » Les mots : « Le fleuve abonde en voyageurs étrangers... » désignent les hommes qui avaient l'imprudence de venir à Sodome et à Gomorrhe. Lorsque les habitants de l'endroit ont vu un des leurs offrir à manger et à boire à un étranger, ils l'ont précipité dans le fleuve à l'endroit où il est le plus profond ; ils ont en même temps précipité l'étranger qui avait accepté l'hospitalité. C'est pour cette raison que tout le monde s'abstenait de mettre le pied sur cette terre inhospitalière. Les mots « dalou meenosch naou » signifient également qu'il avaient défiguré les étrangers qui venaient chez eux ; car, à force de les priver de nourriture et de leur faire souffrir la faim, les visages de ces victimes avaient été altérés au point de ne plus ressembler aux autres hommes. Ici l'Écriture se sert du mot « naou» ; et ailleurs (Prov., V, 6) il est écrit : «Ses démarches sont vagabondes et impénétrables (naou). » Car les étrangers faisaient également des détours pour ne pas être obligés de passer par Sodome et Gomorrhe. Et même les oiseaux de l'air évitaient ces pays [...]
(Ⅰ)
[106a]  
לְמֵיעַל תַּמָּן דִּכְתִיב, (איוב כ״ח:ז׳) נְתִיב לֹא יָדְעוּ עַיִט וְגו'. וּבְגִינֵי כָךְ כֻּלֵּי עָלְמָא הֲווּ צָוְוחִין עַל סְדוֹם וְעַל עֲמוֹרָה וְעַל כֻּלְהוּ קַרְתֵּי. דְּכֻלְהוּ כְּגַוְונָא חָדָא הֲווּ.

זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רָבָּה. אָמַר לֵיהּ אַבְרָהָם. אַמַּאי. אָמַר לֵיהּ וְחַטָּאתָם כִּי כָבְדָה מְאֹד. בְּגִינֵי כָךְ אֵרְדָה נָא וְאֶרְאֶה, הַכְּצַעֲקָתָהּ. הַכְּצַעֲקָתָם מִבָּעֵי לֵיהּ, דְּהָא כְּתִיב זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה וּתְרֵי קַרְתֵּי הֲווּ, אַמַּאי הַכְּצַעֲקָתָהּ. אֶלָּא הָא אוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, בְּסִטְרָא דְּתוּתֵי קָלָא דְּבַרְדָּא סָלְקִין קוּטְרֵי כֻּלְהוּ בְּכַתְּפָא מִתְכַּנְשֵׁי בְּחַד טִיף וְעָאלִין בְּגוֹ נוּקְבֵי דִּתְהוֹמָא רַבָּא, אִתְעֲבִידוּ חָמֵשׁ בְּחַד. חַד אִיהוּ כַּד (צלילן קלין) אִיכָּא צְלִילִין קָלִין דְּכֻלְהוּ אִתְעֲבִידוּ חַד. קָלָא דְּסָלִיק מִתַּתָּא עָאל בֵּינַיְיהוּ וְאִתְמַשְׁכוּ כְּחַד. וְהַהוּא קָלָא סָלְקָא וְנַחֲתָא תָּבְעָא דִינָא לְאִתְמַשְׁכָא לְתַתָּא. כַּד הַאי קָלָא סָלְקָא לְמִתְבַּע דִּינָא כְּדֵין אִתְגְּלִי לְאַשְׁגָחָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּדִינָא.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן, הַכְּצַעֲקָתָהּ. מַאן הַכְּצַעֲקָתָהּ, דָּא גְּזֵרַת דִּינָא דְּתָבְעָא דִינָא כָּל יוֹמָא. דְּהָכִי תָּנִינָן כַּמָּה שְׁנִין קָיְימָא גְּזֵרַת דִּינָא וְתָבְעָא מִקַּמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל דְּזַבִּינוּ אֲחוּי דְיוֹסֵף לְיוֹסֵף. בְּגִין דִּגְזֵרַת דִּינָא צָוְוחַת עַל דִּינָא, וְעַל דָּא הַכְּצַעֲקָתָהּ, הַבָּאָה אֵלַי.

מַאי (קז א) הַבָּאָה אֵלַי. דָּא הוּא רָזָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (אסתר ב׳:י״ד) בָּעֶרֶב הִיא בָאָה וּבַבֹּקֶר הִיא שָׁבָה. וְדָא הוּא הַבָּאָה אֵלַי תָּדִיר. כְּגַוְונָא דָא קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי וְהָא אִתְּמָר. עָשׂוּ כָּלָה הָא אִתְּמָר:

וַיִּגַשׁ אַבְרָהָם וַיֹּאמַר הַאַף תִּסְפֶּה צַדִּיק עִם רָשָׁע. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה מַאן חָמָא אַבָּא דְּרַחְמָנוּתָא כְּאַבְרָהָם. תָּא חֲזֵי, בְּנֹחַ כְּתִיב וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים לְנֹחַ קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי וְגו' עֲשֵׂה לְךָ תֵּבַת עֲצֵי גֹפֶר. וְאִשְׁתִּיק וְלָא אָמַר לֵיהּ מִידִי. וְלָא בָעָא רַחֲמֵי. אֲבָל אַבְרָהָם בְּשַׁעֲתָא דְּאָמַר לֵיה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, זַעֲקַת סְדוֹם וַעֲמוֹרָה כִּי רָבָּה וְגו'. אֵרַדָה נָא וְאֶרְאֶה וְגו'. מִיָּד כְּתִיב וַיִּגַּשׁ אַבְרָהָם וַיֹּאמַר הַאַף תִּסְפֶּה צַדִּיק עִם רָשָׁע.

אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר, אוּף אַבְרָהָם לָא עָבַד שְׁלִימוּ כְּדְקָא יְאוּת. נֹחַ לָא עֲבִיד מִידִי, לָא הַאי וְלָא הַאי. אַבְרָהָם תָּבַע דִּינָא כְּדְקָא יְאוּת דְּלָא יְמוּת זַכָּאָה עִם חַיָּיבָא. וְשָׁארֵי מֵחֲמִשִּׁים עַד עֲשָׂרָה, עָבַד וְלָא אַשְׁלִים, דְּלָא בָּעָא רַחֲמֵי בֵּין כָּךְ וּבֵין כָּךְ, דְּאָמַר אַבְרָהָם לָא בָּעִינָא לְמִתְבַּע אֲגַר עוֹבָדוֹי.

אֲבָל מַאן עָבַד שְׁלִימוּ כְּדְקָא יְאוּת, דָּא משֶׁה. דְּכֵיוָן דְּאָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (שמות ל״ב:ח׳) סָרוּ מַהֵר מִן הַדֶּרֶךְ וְגו'. עָשׂוּ לָהֶם עֵגֶל מַסֵּכָה וַיִּשְׁתַּחֲווּ לוֹ. מִיָּד מַה כְּתִיב וַיְחַל משֶׁה אֶת פְּנֵי יְיָ אֱלהָיו וְגו'. עַד דְּאָמַר וְעַתָּה אִם תִּשָּׂא חַטָּאתָם וְאִם אַיִן מְחֵנִי נָא מִסִּפְרְךָ אֲשֶׁר כָּתָבְתָּ. וְאַף עַל גַּב דְּכֻלְהוּ חָטוּ, לָא זָז מִתַּמָּן עַד דְּאָמַר לֵיהּ סָלַחְתִּי כִּדְבָרֶךָ. אֲבָל אַבְרָהָם לָא אַשְׁגַּח אֶלָּא אִי אִשְׁתְּכַח בְּהוּ זַּכַּאי וְאִם לָאו לָא. וְעַל דָּא לָא הֲוָה בְּעָלְמָא בַּר נָשׁ דְּיָגִין עַל דָּרֵיהּ כְּמשֶׁה דְּאִיהוּ רַעֲיָא מְהֵימְנָא.

וַיִּגַּשׁ אַבְרָהָם וַיֹּאמַר, אַתְקִין גַּרְמֵיהּ לְמִתְבַּע דָּא. אוּלַי יִמָּצְאוּ שָׁם חֲמִשִּׁים. שָׁרָא מֵחֲמִשִּׁים דְּאִיהוּ שֵׁירוּתָא לְמִנְדַע, עַד עֲשָׂרָה דְּאִיהוּ עֲשִׂירָאָה סוֹפָא דְּכָל דַּרְגִּין.

אָמַר רַבִּי יִצְחָק עַד עֲשָׂרָה, אִלֵּין עֲשָׂרָה יוֹמִין דְּבֵין רֹאשׁ הַשָּׁנָה לְיוֹם הַכִּפּוּרִים. בְּגִין כָּךְ שָׁרָא מֵחֲמִשִּׁים עַד עֲשָׂרָה.

השלמה מההשמטות (סימן יח)

דְאִיהוּ שֵׁירוּתָא עַד עֲשָׂרָה דְאִיהוּ עֲשָׂרָה סוֹפָא דְּדַרְגִּין וְכֵיוָן דְּמָטָא עַד עֲשָׂרָה אָמַר, מִכָּאן וּלְתַתָּא לָאו אֲתַר לְקַיְימָא בִּתְשׁוּבָה וְתָב וְאָמַר אַרְבָּעִים בְּגִין דְיִשְׁתַזְבוּן ד' קִרְיָין, וְתַב וְאָמַר שְׁלֹשִׁים בְּגִין דְיִשְׁתַזְבוּן ג' קִרְיָין, וְתַב וְאָמַר עֶשְׂרִים בְּגִין דְיִשְׁתַזְבוּן תְרֵין קִרְיָין, וְתָב וְאָמַר עֲשָׂרָה בְּגִין דְיִשְׁתֵזִיב קַרְתָּא חֲדָא מֵאִינוּן חֲמִשָׁה בְּגִינֵי כָּךְ לָא נָחִית לְתַתָּא מִן עֲשָׂרָה: (עד כאן מההשמטות)

וְכֵיוָן דְּמָטָא לַעֲשָׂרָה, אָמַר מִכָּאן וּלְתַתָּא לָאו הוּא אֲתַר דְּקָיְימָא בִּתְשׁוּבָה, בְּגִינֵי כָךְ לָא נָחַת לְתַתָּא מֵעֲשָׂרָה:

וַיָּבֹאוּ שְׁנֵי הַמַּלְאָכִים סְדוֹמָה בָּעֶרֶב וְגו'. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי תָּא חֲזֵי מַה כְּתִיב לְעֵילָא וַיֵּלֶךְ יְיָ כַּאֲשֶׁר
- [...] et n'y pénétraient pas, ainsi qu’il est écrit (Job, XXVIII, 7) : « L'oiseau a ignoré la route pour y aller, et l'œil du vautour ne l'a point vue. » C'est pourquoi tout le monde se plaignait de Sodome et de Gomorrhe ainsi que de toutes les autres villes dont l'iniquité égalait celle des premières. C'est pourquoi Dieu dit (Gen., XVIII, 20) : « Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'augmente de plus en plus. » Abraham demandait à Dieu : Pourquoi le cri s'augmente-t-il de plus en plus? Dieu lui répondit : Parce que «leur péché est monté jusqu'à son comble ». Et Dieu ajouta (Gen., XVIII, 21) : « Je descendrai, et je verrai si ce cri est vrai, etc. » Pourquoi Dieu dit-il « si ce cri », au singulier, au lieu de « si leurs cris », au pluriel, alors que les cris s'élevaient de Sodome et de Gomorrhe qui sont deux villes différentes ? Ceci a été expliqué de la manière suivante : Remarquez que, de dessous « la pierre de grèle (22) », une fumée s'élève : c'est la fumée qui indique le règne de Satan, toutes les puissances du démon se réunissent derrière le trône céleste ou règne la rigueur ; leur union a pour but d'obtenir une seule goutte de cette rigueur pour pouvoir châtier le monde. Aussitôt que ces puissances ont reçu la goutte désirée, elles se précipitent dans l'abîme de l'océan, où les cinq puissances du démon se fusionnent en une seule ; et c'est cette puissance qui embrasse toutes les autres, qui fait monter sa voix en haut et demande la permission de sévir contre les hommes ; elle demande que la rigueur céleste soit attirée en ce bas monde. Et quand cette voix retentit en haut, le Saint, béni soit-il, regarde s'il y a lieu d'accorder cette permission et de punir le monde.
Rabbi Siméon dit : Les paroles : « Je verrai si son cri, etc.» désignent l'instigatrice des châtiments, c'est-à-dire le démon femelle appelé Lilith, qui demande la rigueur chaque jour ; car nous savons par une tradition que l'instigatrice des châtiments se tenait depuis un grand nombre d'années en présence du Saint, béni soit-il, et demandait la rigueur contre les hommes, en raison du crime commis par les frères de Joseph, lorsqu'ils vendirent celui-ci comme esclave. Tel est le sens des paroles «...Si son cri qui est venu jusqu'à moi », ce qui veut dire le cri de celle qui demande tous les jours la rigueur. Que signifient les mots : « ... Qui est venu jusqu'à moi » ? Ces paroles indiquent que ce cri arrive très souvent en haut ; car le mot «venir» (baah) exprime l'idée de fréquence, ainsi qu'il est écrit (Esther, II, 14) : « Elle est venue (baah) au soir et elle est partie au matin. » Et ailleurs (Gen., VI, 13) il est écrit : «La fin de toute chair est venue (bâ) jusqu'à moi.» Quant aux mots «asou baah», ils ont été déjà expliqués précédemment.
Il est écrit (Gen., XVIII, 23) : « Et Abraham s'approcha, et dit : Perdras-tu le juste avec l'impie? »
Rabbi Yehouda dit : Qui a jamais vu un père plus pénétré d'amour pour ses enfants qu'Abraham ! Remarquez que, pour Noé, l'Écriture dit (Gen., VI, 13 et 14) : « Et le Seigneur dit à Noé : La fin de toute chair est venue jusqu'à moi, etc. Fais-toi une arche, etc. » Noé a gardé le silence et n'a pas demandé grâce pour les hommes. Mais, lorsque le Saint, béni soit-il, dit à Abraham : « Le cri de Sodome et de Gomorrhe s'augmente de plus en plus, etc. Je descendrai, et je verrai, etc.», aussitôt L’Écriture ajoute : « Et Abraham s'approcha et dit : Perdras-tu le juste avec l'impie ? »
Rabbi Éléazar dit : La conduite d'Abraham non plus n'était pas entièrement parfaite. Noé n'a rien fait du tout pour les hommes. Abraham s’était borné à demander justice, afin que le juste ne meure avec l'impie. Il commença par demander que, s’il y avait cinquante justes, ceux-ci ne meurent avec les impies ; et il finit par demander la même justice pour le cas où il n’y en aurait que dix ; mais il n'a pas demandé grâce pour les coupables ; car Abraham ne voulait pas que ses bonnes œuvres fussent récompensées par une faveur quelconque (23). Mais celui qui a agi de manière parfaite, c'est Moïse. Car lorsque le Saint, béni soit-il, lui eut dit (Ex., XXXII, 8) : « Ils se sont retirés bientôt de la voie que tu leur avais montrée, etc... Ils se sont fait un veau jeté en fonte, et ils l'ont adoré », aussitôt l’Écriture (Ex., XXXII, 11) dit : Et Moïse conjurait le Seigneur, son Dieu, en disant : Seigneur, pourquoi ta fureur s'allume-t-elle contre ton peuple.? etc. » Et il alla jusqu'à dire (Ex., XXXII, 32) : « Je te conjure de leur pardonner cette faute ; et si tu ne le fais pas, efface-moi de ton livre que tu as écrit. » Ainsi, bien que tous aient été coupables, Moïse ne laissa de demander grâce pour eux, et il ne cessa de réitérer sa demande, jusqu'à ce que Dieu lui ait répondu (Nomb., XIV, 20) : « J'ai pardonné selon ta demande. » Par contre, Abraham ne s'était occupé que du salut des justes qu'il aurait pu y avoir à Sodome et Gomorrhe ; mais il ne s'était pas soucié des coupables. Aussi n'y a-t-il jamais eu dans le monde un homme qui ait mieux défendu la cause de ses contemporains que Moïse, qui est appelé le « Pasteur fidèle ». L'Écriture dit : « Et Abraham s'approcha et dit... », ce qui veut dire qu'il s'apprêta à faire la demande suivante (Gen., XVIII, 24) : « S'il y a cinquante justes dans cette ville, périront-ils avec tous les autres? » Abraham a commencé par le nombre de cinquante ; car c'est le commencement de l'Intelligence (24), et il finit par le nombre de dix, qui correspond aux dix degrés inférieurs.
Rabbi Isaac dit : -Abraham n'est allé que jusqu'au nombre dix, parce que ce nombre correspond aux dix jours qui séparent le premier jour de l'an du jour du Grand Pardon, et qui sont des jours de pénitence (25). Lorsqu'Abraham est arrivé au nombre dix, il se dit: Au-dessous de ce nombre il n'y a pas lieu d'espérer la pénitence ; et c'est pourquoi il n'est pas descendu au-dessous de ce nombre.
Il est écrit (Gen., XIX, 1) : « Et les deux anges vinrent vers le soir à Sodome, etc. »
Rabbi Yossé dit : Remarquez que, précédemment (Gen., XVIII, 33), l'Écriture dit : « Et le Seigneur se retira [...]
(Ⅰ)
[106b]  
כִּלָּה לְדַבֵּר אֶל אַבְרָהָם. דְּהָא כֵּיוָן דְּאִתְפְּרַשׁ שְׁכִינְתָּא מֵאַבְרָהָם, וְאַבְרָהָם תָּב לְאַתְרֵיהּ, כְּדֵין וַיָּבֹאוּ שְׁנֵי הַמַּלְאָכִים סְדוֹמָה בָּעֶרֶב, דְּהָא חַד אִסְתַּלַּק בִּשְׁכִינְתָּא, וְאִשְׁתָּאֲרוּ אִנּוּן תְּרֵין.

כֵּיוָן דְּחָמָא לוֹט לוֹן, רָהַט בַּתְרַיְיהוּ. מַאי טַעְמָא, וְכִי כָּל אִנּוּן דְּהֲווּ אַתְיָין אִיהוּ אָעִיל לוֹן לְבֵיתֵיהּ וְיָהִיב לוֹן לְמֵיכַל וּלְמִשְׁתֵּי וּבְנִי מָתָא הֵיךְ לָא קָטְלִין לֵיהּ, דְּהָא לִבְרַתֵּיהּ עֲבְדוּ דִינָא. וּמַאי הוּא. דִּבְרַתֵּיהּ דְּלוֹט יַהֲבַת פִּתָּא דְּנַהֲמָא לְחַד עַנְיָא, יָדְעוּ בָּהּ, שָׁפוּהָ דוּבְשָׁא וְאוֹתְבוּהָ בְּרִישׁ אִיגְרָא עַד דְּאֲכְלוּהָ צִרְעֵי. אֶלָּא בְּגִין דְּהֲוָה בְּלֵילְיָא חָשִׁיב דְּלָא יִסְתַּכְּלוּן לֵיהּ בְּנֵי מָתָא, וְעִם כָּל דָּא כֵּיוָן דַּאֲעָלוּ לְבֵיתָא אִתְכְּנָשׁוּ כֻּלְהוּ וְאַסְחָרוּ לְבֵיתָא.

אָמַר רַבִּי יִצְחָק אַמַּאי רָהַט לוֹט אֲבַּתְרַיְיהוּ, (אלא בגין) דִּכְתִיב וַיַּרְא לוֹט וַיָּרָץ לִקְרָאתָם. רַבִּי חִזְקִיָּה וְרַבִּי יֵיסָא. חַד אָמַר דִּיוּקְנָא דְּאַבְרָהָם חָמָא עִמְהוֹן. וְחַד אָמַר שְׁכִינְתָּא אַתְיָא עֲלַיְיהוּ. כְּתִיב הָכָא וַיַּרְא לוֹט וַיָּרָץ לִקְרָאתָם, וּכְתִיב הָתָם וַיָּרָץ לִקְרָאתָם מִפֶּתַח הָאֹהֶל. מַה לְהַלָּן חָמָא שְׁכִינְתָּא, אוּף הָכָא חָמָא שְׁכִינְתָּא.

וַיַּרְא לוֹט וַיָּרָץ לִקְרָאתָם וַיֹּאמֶר הִנֶּה נָּא אֲדֹנַי בָּאָלֶ''ף דָלֶ''ת נוּ''ן יוּ''ד. סוּרוּ נָא, גְּשׁוּ נָא מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי סוּרוּ נָא. אֶלָּא לְאַהֲדָרָא לוֹן סַחֲרָנֵיהּ דְּבֵיתָא בְּגִין דְּלָא יֶחמוּן לוֹן בְּנֵי מָתָא, וְלָא יֵעֲלוּן בְּאוֹרַח מֵישָׁר לְבֵיתָא, וּבְגִין כָּךְ סוּרוּ נָא.

רַבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח (איוב כ״ח:כ״ד) כִּי הוּא לִקְצוֹת הָאָרֶץ יַבִּיט תַּחַת כָּל הַשָּׁמַיִם יִרְאֶה. כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאִסְתַּכָּלָא בְּעוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּלְאִשְׁתַּדָּלָא בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילֵי, דְּכָל מָאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִשְׁתַּבַּח בֵּיהּ לְעֵילָא, וְאִשְׁתַּבַּח בֵּיהּ לְתַתָּא, בְּגִין דְּאוֹרַיְיתָא אִילָנָא דְחַיֵּי אִיהִי לְכָל אִנּוּן דְּעָסְקִין בָּהּ לְמֵיהַב לוֹן חַיִּין בְּעָלְמָא דֵין
- [...] dès qu'il eut cessé de parler à Abraham. » C'était précisément en raison de ce que la Schekhina s'était retirée d'Abraham et de ce que celui-ci était retourné chez lui, qu'il n'y avait que deux anges qui arrivèrent à Sodome vers le soir ; car l'un des trois anges s'était retiré avec la Schekhina, de sorte qu'il n'en restait que deux. Dès que Lot aperçut les anges, il courut au-devant d'eux. Pourquoi courut-il au-devant d'eux? Est-ce que Lot avait l'habitude de recevoir chez lui tous ceux qui se présentaient à sa porte, et de leur donner à manger et à boire? Comment ne craignait-il que les autres habitants de sa ville ne le tuassent ainsi qu'ils avaient tué sa fille? Qu'est-il arrivé à la fille de Lot? La fille de Lot avait une fois donné un morceau de pain à un pauvre. Dès que les habitants de la ville en eurent connaissance, ils l'ont enduite de miel et l'ont fait asseoir sur le toit, où les guêpes l'ont dévorée. Comment Lot ne craignait-il donc pour lui un sort pareil? Comme les anges sont arrivés chez lui sur le soir, il a pensé que les habitants de la ville ne les verraient pas. Cependant, à peine les anges étaient-ils entrés dans la maison que les habitants de la ville se sont réunis et ont entouré la maison. Rabbi Isaac demanda: Pourquoi Lot courut-il au-devant des anges, ainsi qu'il est écrit : « Et Lot les vit et il courut au-devant d'eux » ?
Rabbi Hizqiya et Rabbi Yessa sont d'opinions divergentes à ce sujet. D'après l'un, Lot a couru au-devant des anges, parce qu'il a vu le visage d'Abraham au milieu d'eux. Suivant l'autre, il a vu la Schekhina planer au-dessus d'eux. Ici l'Écriture se sert du terme : « Et Lot les vit ; et il courut au-devant d’eux. » Et ailleurs (Gen., XVIII, 2), il est écrit : « Et il les vit, et il courut de la porte de sa tente au-devant d'eux et se prosterna à terre. » Or, de même que, dans ce dernier verset, le mot « et il vit » signifie qu'il vit la Schekhina, de même, pour Lot, les mots « et Lot les vit » signifient qu'il a vu la Schekhina. L'Écriture dit : « Et Lot les vit, et il courut au-devant d'eux, etc. » Et il leur dit : « Seigneur (Adonaï) faites un détour dans la maison de votre serviteur. » Lot s'est servi du mot « Adonaï », le nom composé des lettres Aleph, Daleth, Noun et Yod, parce qu'il a vu la Schekhina planer au-dessus d’eux. Pourquoi Lot leur dit-il : « Faites un détour (sourou nâ) », au lieu de dire : «Approchez-vous de ma maison » ? Lot désirait que les anges fissent un détour pour entrer dans sa maison, afin de ne pas être vu par les habitants de sa ville ; c'est pourquoi il dit aux anges : « Faites un détour dans la maison », ce qui veut dire : n'entrez pas dans la maison par la porte principale, mais par une porte latérale.
Rabbi Hizqiya ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Job, XXVIII, 24) : « ... Car il voit la terre d'une extrémité à l'autre et il considère tout ce qui se passe sous le ciel. » Ces paroles nous font sentir combien le devoir incombe à l'homme de contempler les œuvres du Saint, béni soit-il, et de se consacrer jour et nuit à l'étude de la doctrine. Le Saint, béni soit-il, est glorifié en haut et glorifié en bas par quiconque se consacre à l'étude de la doctrine ; car la doctrine constitue l'arbre de vie pour tous ceux qui la cultivent ; elle leur accorde la vie en ce bas monde [...]
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וּלְמֵיהַב לוֹן חַיִּין בְּעָלְמָא דְּאָתֵי.

תָּא חֲזֵי, כִּי הוּא לִקְצוֹת הָאָרֶץ יַבִּיט. לְמֵיהַב לוֹן מְזוֹנָא וּלְסַפָּקָא לוֹן מִכָּל מַה דְּאִצְטְרִיכוּ, בְּגִין דְּאִיהוּ אַשְׁגַּח בָּהּ תָּדִיר, דִּכְתִיב, (דברים י״א:י״ב) תָּמִיד עֵינֵי יְיָ אֱלוֹהֶיךָ בָּהּ מֵרִשִׁית הַשָּׁנָה וְעַד אַחֲרִית שָׁנָה. בְּגִין דְּאֶרֶץ דָּא מַה כְּתִיב בָּהּ (משלי ל״א:י״ד) מִמֶּרְחָק תָּבִיא לַחְמָהּ, וּלְבָתַר אִיהִי יְהַבְתְּ מְזוֹנָא וְטַרְפָא לְכָל אִנּוּן חֵיוָן בְּרָא דִּכְתִיב (משלי ל״א:ט״ו) וַתָּקָם בְּעוֹד לַיְלָה וַתִּתֵּן טֶרֶף לְבֵיתָהּ וְחֹק לְנַעֲרוֹתֶיהָ.

וְעַל דָּא כִּי הוּא לִקְצוֹת הָאָרֶץ יַבִּיט תַּחַת כָּל הַשָּׁמַיִם יִרְאֶה. לְכֻלְהוּ בְּנֵי עָלְמָא לְמֵיהַב לוֹן מְזוֹנָא וְסִפּוּקָא לְכָל מַה דְּאִצְטְרִיךְ כָּל חַד וְחַד דִּכְתִיב (תהילים קמ״ה:ט״ז) פּוֹתֵחַ אֶת יָדֶךָ וּמַשְׂבִּיעַ לְכָל חַי רָצוֹן. דָּבָר אַחֵר כִּי הוּא לִקְצוֹת הָאָרֶץ יַבִּיט. לְאִסְתַּכָּלָא עוֹבָדוֹי דְּבַר נָשׁ וּלְאַשְׁגָּחָא בְּכָל מַה דְּעַבְדֵי בְּנֵי נָשָׁא בְּעָלְמָא. תַּחַת כָּל הַשָּׁמַיִם יִרְאֶה. מִסְתַּכֵּל וְחָמֵי לְכָל חַד וְחַד.

תָּא חֲזֵי, כֵּיוָן דְּחָמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עוֹבָדִין דִּסְדוֹם וַעֲמוֹרָה, שַׁדַּר לוֹן לְאִנּוּן מַלְאָכִין לְחַבָּלָא לִסְדוֹם. מַה כְּתִיב וַיַּרְא לוֹט חָמָא לִשְׁכִינְתָּא. וְכִי מַאן יָכִיל לְמֶחמֵי שְׁכִינְתָּא, אֶלָא חָמָא זָהֲרָא חַד דְּנָהִיר דְּקָא סָלְקָא עַל רֵישַׁיְיהוּ. וּכְדֵין וַיֹּאמֶר הִנֶּה נָּא אֲדֹנַי בְּאָלֶ''ף דָלֶ''ת כְּמָה דְּאִתְּמָר, וּבְגִין שְׁכִינְתָּא הַהוּא נְהִירוּ דְּנָהִיר קָאֲמַר, סוּרוּ נָא אֶל בֵּית עַבְדְּכֶם וְלִינוּ וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם.

לָא עֲבַד הָכִי אַבְרָהָם, אֶלָּא בְּקַדְמִיתָא אָמַר וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם וּלְבָתַר וְאֶקְחָה פַּת לֶחֶם וְגו'. אֲבָל לוֹט אָמַר סוּרוּ נָא אֶל בֵּית עַבְדְּכֶם וְלִינוּ. וּלְבָתַר וְרַחֲצוּ רַגְלֵיכֶם וְהִשְׁכַּמְתֶּם וַהֲלַכְתֶּם לְדַרְכְּכֶם. בְּגִין דְּלָא יִשְׁתְּמוֹדְעוּן בְּהוּ בְּנֵי נָשָׁא.

וַיֹּאמְרוּ לֹא כִּי בָרְחוֹב נָלִין. בְּגִין דְּכָךְ הֲווּ עָבְדֵי אוֹרְחִין דְּעָאלִין תַּמָּן לָא הֲוָה בַּר נָשׁ דְּיִכְנוֹשׁ לוֹן לְבֵיתָא, וְעַל דָּא אָמְרוּ לא כִּי בָרְחוֹב נָלִין. מַה כְּתִיב וַיִּפְצַר בָּם מְאֹד וְגו'. תָּא חֲזֵי כַּד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבִיד דִּינָא בְּעָלְמָא, שְׁלִיחָא חָדָא עֲבִיד לֵיהּ, וְהַשְׁתָּא חָמֵינָן תְּרֵי שְׁלוּחֵי, אַמַּאי וְכִי לָא סַגֵּי בְּחַד. אֶלָא חַד הֲוָה, וּמַה דְּאָמַר תְּרֵי (הכי הוא ודאי בגין דחד) חַד הֲוָה לְאַפָּקָא לֵיהּ לְלוֹט וּלְשֵׁזָבָא לֵיהּ, וְחַד לְמֶהְפַּךְ לְקַרְתָּא וּלְחַבָּלָא אַרְעָא, וּבְגִין כָּךְ אִשְׁתָּאַר חַד:

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

רַבִּי פָּתַח בְּהַאי קְרָא (שופטים ג׳:א׳) וְאֵלֶּה הַגּוֹיִם אֲשֶׁר הִנִּיחַ יְיָ לְנַסּוֹת בָּם אֶת יִשְׂרָאֵל. אָמַר רַבִּי חָזֵי הֲוִית בְּהַהוּא עָלְמָא (ולית עלמא) קָאִים (ד''א ולית מעלה) אֶלָּא בְּאִנּוּן

דְּשַׁלִּיטִין עַל רְעוּתָא דְּלִבְּהוֹן שֶׁנֶּאֱמַר (תהילים פ״א:ו׳) עֵדוּת בִּיהוֹסֵף שָׂמוֹ וְגו'. אָמַר רַב יְהוּדָה לָמָּה זָכָה יוֹסֵף לְאוֹתָהּ הַמַּעֲלָה וְהַמַּלְכוּת, בִּשְׁבִיל שֶׁכָּבַשׁ יִצְּרוֹ. דְּתָנִינָן כָּל הַכּוֹבֵשׁ אֶת יִצְּרוֹ מַלְכוּתָא דִּשְׁמַיָא אָחִיל עֲלֵיהּ.

דְּאָמַר רַב אַחָא לֹא בָּרָא הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לַיֵּצֶּר הָרָע אֶלָּא לְנַסּוֹת בּוֹ בְּנֵי אָדָם. וּמִי בָּעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְנַסּוּתָא בִּבְנֵי נָשָׁא. אִין. דְּאָמַר רַב אַחָא מְנָא לָן מִדִּכְתִיב, (דברים י״ג:ב׳) כִּי יָקוּם בְּקִרְבְּךָ נָבִיא וגו' וּבָא הָאוֹת וְהַמּוֹפֵת וגו' כִּי מְנַסֶה יְיָ אֱלהֵיכֶם וגו'. וְלָמָה בָּעֵי נַסוּתָא דְּהָא כָּל עוֹבָדוֹי דְּבַר נָשׁ אִתְגְּלִי קַמֵּיהּ, אֶלָּא שֶׁלא לָתֵת פִּתְחוֹן פֶּה לִבְנֵי אָדָם. רְאֵה מַה כְּתִיב וְלוֹט יוֹשֵׁב בְּשַׁעַר סְדוֹם, דְּהֲוָה יָתִיב לְנַסּוּתָא לִבְרִיָּיתָא.

אָמַר רַבִּי יִצְּחָק מַאי דִּכְתִיב (ישעיהו נ״ז:כ׳) וְהָרְשָׁעִים כַּיָּם נִגְרָשׁ וְגו'. אֲפִלּוּ בִּשְׁעַת דִּינוֹ שֶׁל רָשָׁע הוּא מֵעִיז פָּנָיו ואֲזַי הוּא בְּרִשְׁעָתוֹ קַיָּים, רְאֵה מַה כְּתִיב טֶרֶם יִשְׁכָּבוּ וגו'. אָמַר רַבִּי יִצְּחָק כְּשֵׁם שֶׁבָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גַּן עֵדֶן בָּאָרֶץ כָּךְ בָּרָא גֵּיהִנֹּם בָּאָרֶץ. וּכְשֵׁם שֶׁבָּרָא גַּן עֵדֶן לְמַעְלָה כָּךְ בָּרָא גֵּיהִנֹּם לְמַעְלָה.

גַּן עֵדֶן בָּאָרֶץ דִּכְתִיב, (בראשית ב׳:ח׳) וַיִּטַע יְיָ אֱלֹהִים גַּן בְּעֵדֶן וגו'. גֵּיהִנֹּם בָּאָרֶץ דִּכְתִיב, (איוב י׳:כ״ב) אֶרֶץ עֵיפָתָה כְּמוֹ אוֹפֶל וגו'. גַּן עֵדֶן לְמַעְלָה דִּכְתִיב, (שמואל א כ״ה:כ״ט) וְהָיְתָה נֶפֶשׁ אֲדוֹנִי צְּרוּרָה בִּצְּרוֹר הַחַיִּים אֶת ה' אֱלֹהֶיךָ וּכְתִיב, (קהלת י״ב:ז׳) וְהָרוּחַ תָּשׁוּב אֶל הָאֱלֹהִים אֲשֶׁר נְתָנָהּ.

גֵּיהִנֹּם לְמַעְלָה דִּכְתִיב וְאֵת נֶפֶשׁ אֹיְבֶיךָ יְקַלְּעֶנָּה בְּתוֹךְ כַּף הַקָּלַע. גַּן עֵדֶן לְמַטָה כִּדְקָאֲמָרָן. גַּן עֵדֶן לְמַעְלָה לְנִשְׁמָתָן שֶׁל צַּדִּיקִים גְּמוּרִים לִהְיוֹת נִזּוֹנִין מֵאוֹר הַגָּדוֹל שֶׁל מַעְלָה. גֵּיהִנִֹּם לְמַטָה לְאוֹתָם הָרְשָׁעִים (דישראל) שֶׁלֹּא קִבְּלוּ בְּרִית מִילָה וְלֹא הֶאֱמִינוּ בְּהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא וְדָתוֹ ולֹא שָׁמְרוּ שַׁבָּת, וְאֵלּוּ הֵם עוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת שֶׁנִּדּוֹנִים בָּאֵשׁ, שֶׁנְּאֱמַר (יחזקאל ט״ו:ז׳) מֵהָאֵשׁ יָצָּאוּ וְהָאֵשׁ תֹּאכְלֵם וגו'. וּכְתִיב (ישעיהו ס״ו:כ״ד) וְיָצְּאוּ וְרָאוּ בְּפִגְרֵי הָאֲנָשִׁים וְגו'.

גֵּיהִנֹּם לְמַעְלָה לְאוֹתָם פּוֹשְׁעֵי יִשְׂרָאֵל שֶׁעָבְרוּ עַל מִצְּווֹת הַתּוֹרָה וְלֹא חָזְרוּ בִּתְשׁוּבָה שֶׁדּוֹחִים אוֹתָם לַחוּץ עַד שֶׁיְקַבְּלוּ עָנְשָׁם. וְהוֹלְכִים וְסוֹבְבִים כָּל הָעוֹלָם שֶׁנֶּאֱמַר (תהילים י״ב:ט׳) סָבִיב רְשָׁעִים יִתְהַלָּכוּן. וְשָׁם נִדּוֹנִים שְׁנֵים עָשָׂר חֹדֶשׁ, לְאַחַר כֵּן מָדוֹרָם עִם אוֹתָם שֶׁקִּבְּלוּ עָנְשָׁם בְּמוֹתָם

כָּל אֶחָד ואֶחָד כְּפִי הַמָּקוֹם הָרָאוּי לוֹ.

וְהָרְשָׁעִים שֶׁל הַעוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת נִדּוֹנִים תָּמִיד בָּאֵשׁ וּבַמַּיִם וְשׁוּב אֵינָם עוֹלִים שֶׁנְּאֱמַר וְאִשָּׁם לא תִכְבֶּה. מִשְׁפַּט הָרְשָׁעִים בַּגֵּיהִנָּם כְּמָה דִּכְתִיב וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם וְעַל עֲמוֹרָה גָּפְרִית וָאֵשׁ וְגו' ושׁוּב אֵינָם עוֹלִים ולֹא יָקוּמוּ לְיוֹם הַדִּין שֶׁנֶּאֱמַר (דברים כ״ט:כ״ב) אֲשֶׁר הָפַךְ יְיָ בְּאַפּוֹ וּבַחֲמָתוֹ, בְּאַפּוֹ בָּעוֹלָם הַזְּה. וּבַחֲמָתוֹ בָּעוֹלָם הַבָּא.

אָמַר רַבִּי יִצְּחָק לְהַאי גַּוְונָא אִית גַּן עֵדֶן לְמַעְלָה וְאִית גַּן עֵדֶן לְמַטָה. אִית גֵּיהִנֹּם לְמַטָה ואִית גֵּיהִנֹּם לְמַעְלָה. אָמַר רַבִּי יַעֲקֹב הָרְשָׁעִים שֶׁקִּלְקְלוּ בְּרִית מִילָה שֶׁבָּהֶם וְחִלְּלוּ שַׁבָּת בְּפַרְהֶסְיָא וְחִלְּלוּ אֶת הַמּוֹעֲדוֹת וְשֶׁכָּפְרוּ בַּתּוֹרָה וְשֶׁכָּפְרוּ בִּתְחִיַּת הַמֵּתִים וְכַדּוֹמֶה לָהֶם יוֹרְדִים לַגֵּיהִנֹּם שֶׁלְּמַטָה וְנִדּוֹנִים שָׁם וְשׁוּב אֵינָם עוֹלִים. אֲבָל יָקוּמוּ לְיוֹם הַדִּין וְיָקוּמוּ לִתְחִיַּת הַמֵּתִים, וַעֲלֵיהֶם נֶאֱמַר (דניאל י״ב:ב׳) וְרַבִּים מִישֵׁנִי אַדְמָת עָפָר יָקִיצּוּ אֵלֶּה לְחַיֵּי עוֹלָם וְגו'. וַעֲלֵיהֶם נְאֱמַר (ישעיהו ס״ו:כ״ד) וְהָיוּ דֵּרָאוֹן לְכָל בָּשָׂר. מַה דֵּרָאוֹן, דַּיי רָאוֹן, שֶׁהַכֹּל יֹאמְרוּ דַּיי בִּרְאִיָּיתָם. וְעַל הַצַּדִּיקִים שֶׁבְּיִשְׂרָאֵל נֶאֱמַר (ישעיהו ס׳:כ״א) וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַּדִּיקִים וגו', (ע''כ מדרש הנעלם).

וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם וְעַל עֲמוֹרָה וְגו'. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח (ישעיהו י״ג:ט׳) הִנֵּה יוֹם יְיָ בָּא אַכְזָרִי וְגו'. הִנִּה יוֹם יְיָ בָּא, דָּא בֵּי דִינָא לְתַתָּא. בָּא כְּמָה דְּאִתְּמָר. (קו א) הַבָּאָה אֵלַי (עשו). בְּגִין דְּלָא עֲבִיד דִּינָא עַד דְעָאל וְנָטִיל רְשׁוּ, כְּגַוְונָא דָּא קֵץ כָּל בָּשָׂר בָּא לְפָנַי.

דָּבָר אַחֵר הִנֵּה יוֹם יְיָ בָּא. דָּא הוּא מְחַבְּלָא לְתַתָּא כַּד נָטִיל נִשְׁמָתָא, בְּגִינֵי כָּךְ אַכְזָרִי וְעֶבְרָה. לָשׂוּם הָאָרֶץ לְשַׁמָּה, דָּא סְדוֹם וַעֲמוֹרָה. וְחַטָּאֶיהָ
- [...] et elle leur procure la vie dans le monde futur.
Remarquez que les paroles de l'Écriture : « ... Car il voit la terre d'une extrémité à l'autre » signifient que Dieu permet à la terre de nourrir tous les hommes et de les pourvoir de tout ce dont ils ont besoin. Ce pouvoir, la terre l'acquiert par le seul fait que Dieu la regarde toujours, ainsi qu'il est écrit (Deut., XI, 12) : « ... La terre que le Seigneur ton Dieu a toujours visitée et sur laquelle il jette toujours des regards favorables depuis le commencement de l'année jusqu'à la fin. » Car c'est de la terre que l'Écriture (Prov., XXXI, 14) dit : « Qui apporte de loin son pain... » C'est grâce à ces regards que la terre est à même ensuite de donner la nourriture à toutes les créatures, ainsi que l'Écriture (Prov., XXXI, 15) ajoute : « Et elle se lève lorsqu'il est encore nuit et donne le butin à ses domestiques et la nourriture à ses servantes. » Tel est le sens des paroles de l'Écriture : « ... Car il regarde la terre d'une extrémité à l'autre. »
Les paroles suivantes : « ... Et il considère tout ce qui se passe sous le ciel » signifient que Dieu regarde tous les habitants de la terre et accorde à chacun d'eux la nourriture et tout ce dont il a besoin, ainsi qu'il est écrit (Ps., CXLV, 16) : «Ouvre ta main et rassasie par un effet de ta bonté tout ce qui a vie. » D'après une autre interprétation, les paroles : « ... Car il voit la terre d'une extrémité a l'autre » signifient que Dieu regarde les œuvres de tous les hommes ; et les paroles : « ... Et il considère tout ce qui se passe sous le ciel » signifient que Dieu veille sur chacun en ce bas monde.
Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, vit les mauvaises actions de Sodome et de Gomorrhe, il envoya des anges pour détruire ces villes. L'Écriture (Gen., XIX, 1) dit : « Et Lot vit... » Ces paroles signifient que Lot vit la Schekhina. Est-il possible qu'un homme voie la Schekhina ? Lot a vu une lueur se répandre au-dessus de la tête des anges ; et il a compris que la Schekhina était présente ; c'est pourquoi il's'est écrié : «Seigneur (Adonaï)... » Il s'est servi du nom sacré qui commence par les lettres Aleph et Daleth, nom qui désigne la Schekhina. C'est en raison de ce qu'il a vu la Schekhina parmi ses hôtes qu'il leur dit : « Faites, je vous prie, Seigneur (Adonaï) un détour pour entrer dans la maison de votre serviteur, et passez-y la nuit ; ensuite vous laverez vos pieds et vous continuerez votre chemin. » Au contraire, Abraham a dit (Gen., XVIII, 4 et 5) aux anges : « Je vous apporterai un peu d'eau pour laver vos pieds ; vous vous reposerez ensuite sous cet arbre ; et je vais vous servir un peu de pain pour reprendre vos forces, etc. » Lot ajouta : « Et vous vous lèverez le matin de bonne heure et vous continuerez votre chemin . » Il voulait que ses hôtes quittassent sa maison de bonne heure afin que les habitants de la ville ne s'aperçussent de leur présence.
L’Écriture ajoute : « Ils lui répondirent : Nous n'irons pas chez toi ; mais nous passerons la nuit dans la rue. » C'était le sort qui attendait tous les étrangers qui venaient à Sodome ; comme aucun des habitants de la ville ne voulait les recevoir, ils étaient obligés de passer la nuit dans la rue. C'est pourquoi les anges ont répondu à Lot : « Nous passerons la nuit dans la rue. » (Nous ferons comme tous les étrangers qui viennent à Sodome.) Aussi Lot dût-il insister auprès d'eux pour les faire entrer dans sa maison, ainsi qu'il est écrit : « Et il les pressa avec grande insistance. » Remarquez que lorsque le Saint, béni soit-il, châtie le monde, il charge de cette mission un ange messager. Pourquoi donc envoya-t-il deux anges pour détruire les villes de Sodome et de Gomorrhe ? N'était-il pas suffisant d'en envoyer un seul ? Mais la vérité est qu'un des anges a eu pour mission de faire sortir Lot et de le sauver ; l'autre était chargé de détruire la ville ; ainsi, pour la destruction de Sodome, Dieu ne chargea qu'un seul ange.
Il est écrit (Gen., XIX, 24) : « Et Jéhovah fit descendre du ciel sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XIII, 9) : « Voici le jour du Seigneur qui vient, jour cruel plein d'indignation, de colère et de fureur, pour dépeupler la terre et en exterminer les méchants.» Les mots : « Voici le jour du Seigneur qui vient... » désignent le tribunal d'en bas, la rigueur (26), ainsi que cela a été déjà dit (27) à l'occasion de l'interprétation du verset : « Je descendrai, et je verrai si le cri qui est venu jusqu'à moi.... » Car la rigueur ne peut s’exercer sans avoir obtenu la permission préalable d'en haut. Tel est également le sens des paroles de l’Écriture (Gen., VI, 13) : « La fin de toute chair est venue devant moi. » D'après 'une autre interprétation, les paroles : « Voici le jour du Seigneur qui vient, jour cruel » désignent l'ange exterminateur qui se trouve en bas lorsqu'il prend l'âme ; c'est cet acte qui lui vaut le nom de «cruel ». Les mots : « ...Pour dépeupler la terre » désignent Sodome et Gomorrhe. Les mots : « ... Pour en [...]
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יַשְׁמִיד מִמֶּנָּהּ. אִלֵּין יַתְבֵי אַרְעָא. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ כִּי כּוֹכְבֵי הַשָּׁמַיִם וּכְסִילֵיהֶם וְגו'. דְּהָא מִן שְׁמַיָא אַמְטָר עֲלֵיהוֹן אֶשָׁא, וְאַעֲבַר לוֹן מִן עָלְמָא. לְבָתַר מַה כְּתִיב אוֹקִיר אֱנוֹשׁ מִפָּז וְגו'. דָּא אַבְרָהָם דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סָלִיק לֵיהּ עַל כָּל בְּנֵי עָלְמָא.

רַבִּי יְהוּדָה אוֹקִים לוֹן לְהַנֵּי קְרָאֵי בְּיוֹמָא דְּאִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא, דִּבְהַהוּא יוֹמָא אִתְחַשְׁכוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי, וְאִתְחַשְׁכָן שְׁמַיָא וְכוֹכְבַיָא. רַבִּי אֶלְעָזָר מוֹקִים לְהַנֵּי קְרָאֵי בְּיוֹמָא דְּיוֹקִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לִכְנְסֶת יִשְׂרָאֵל מֵעַפְרָא, וְהַהוּא יוֹמָא יִתְיְדַע לְעֵילָא וְתַתָּא, דִּכְתִיב, (זכריה י״ד:ז׳) וְהָיָה יוֹם אֶחָד הוּא יִוָּדַע לַיְיָ. וְהַהוּא יוֹמָא יוֹמָא דְּנוֹקְמָא אִיהוּ, דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְנָקְמָא מִשְּׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת.

וְכַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַעֲבִיד נוּקְמִין בִּשְׁאָר עַמִין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, כְּדֵין אוֹקִיר אֱנוֹשׁ מִּפָּז דָּא מַלְכָּא מְשִׁיחָא דְּיִסְתָּלַּק וְיִתְיָיקַר עַל כָּל בְּנִי עָלְמָא, וְכָל בְּנֵי עָלְמָא יִפְלְחוּן וְיִסְגְּדוּן קַמֵּיהּ דִּכְתִיב, (תהילים ע״ב:ט׳) לְפָנָיו יִכְרְעוּ צִיִּים וְגו' מַלְכֵי תַרְשִׁישׁ וְגו'. תָּא חֲזֵי, אַף עַל גַּב דִּנְבוּאָה דָא אִתְּמָר עַל בָּבֶל, בְּכוֹלָּא אִתְּמָר. דְּהָא חָמֵינָן בְּהַאי פַּרְשָׁתָא דִּכְתִיב (ר''ל סמוך לפ' שלמעלה שכ' בה אוקיר אנוש וגו' ואולי לדעת הזוה''ק חד פר' היא) כִּי יְרַחֵם יְיָ אֶת יַעֲקֹב. וּכְתִיב וּלְקָחוּם עַמִּים וְהֱבִיאוּם אֶל מְקוֹמָם.

וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם. דָּא דַּרְגָא דְּבֵי דִינָא לְתַתָּא דְּנָטִיל רְשׁוּ מֵעֵילָא. רַבִּי יִצְחָק אָמַר דְּעֲבִיד דִּינָא בְּרַחֲמֵי. דִּכְתִיב מֵאֵת יְיָ מִן הַשָּׁמָיִם. בְּגִין לְאִשְׁתַּכָּחָא דִּינָא בְּרַחֲמֵי. וְאִי תֵימָא מַאי רַחֲמֵי הָכָא דִּכְתִיב וַיְהִי בְּשַׁחֵת אֱלֹהִים אֶת עָרֵי הַכִּכָּר וַיִּזְכֹּר אֱלֹהִים אֶת אַבְרָהָם וְגו'. וּלְבָתַר נָפְקוּ מִנֵּיהּ תְּרֵין אוּמִין שְׁלֵמִין, וְזָכָה דְּנָפִיק מִנֵּיהּ דָּוִד וּשְׁלֹמֹה מַלְכָּא.

חֲמֵי מַה כְּתִיב וַיְהִי כְּהוֹצִיאָם אוֹתָם הַחוּצָה וַיֹּאמֶר וְגו'. תָּא חֲזֵי (סג א) בְּשַׁעֲתָא דְּדִינָא שָׁרֵי בְּעָלְמָא, הָא אִתְּמָר דְּלָא לִיבָּעֵי לְבַּר נָשׁ לְאִשְׁתַּכָּחָא בְּשׁוּקָא, בְּגִין דְּכֵיוָן דְּשָׁרְיָא דִינָא לָא אַשְׁגַּח בֵּין זַכָּאָה וְחַיָּיבָא, וְלָא בָעֵי (לאסתכלא) לְאִשְׁתַּכָּחָא תַּמָּן. וְהָא אִתְּמָר דִּבְגִין כָּךְ אִסְתִּים נֹחַ בַּתֵּיבָה וְלָא יִשְׁגַּח בְּעָלְמָא בְּשַׁעֲתָא דְּדִינָא יִתְעֲבִיד. וּכְתִיב (שמות י״ב:כ״ב) וְאַתֶּם לֹא תֵצְאוּ אִישׁ מִפֶּתַח בֵּיתוֹ עַד בֹּקֶר עַד דְּיִתְעֲבִיד דִּינָא. וּבְגִין כָּךְ וַיֹּאמֶר הִמָּלֵט עַל נַפְשְׁךָ אַל תַּבִּיט אַחֲרֶיךָ וְגו'.

רַבִּי יִצְחָק וְרַבִּי יְהוּדָה הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה לְרַבִּי יִצְחָק דִּינָא דְּעֲבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בַּמַּבּוּל וְדִינָא דִּסְדוֹם, תַּרְוַויְיהוּ דִּינִין דְּגֵיהִנֹּם הֲווּ בְּגִין דְּחַיָּיבֵי גֵּיהִנֹּם אִתְדָּנוּ בְּמַיָא וּבְאֶשָׁא.

אָמַר רַבִּי יִצְחָק סְדוֹם בְּדִינָא דְּגֵיהִנֹּם אִתְדָּן, דִּכְתִיב וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם וְעַל עֲמוֹרָה גָּפְרִית וָאֵשׁ מֵאֵת יְיָ מִן הַשָּׁמָיִם. דָּא מִסִּטְרָא דְּמַיָיא וְדָא (עיין סוף הספר סימן ב) מִסִּטְרָא דְאֶשָׁא. דָּא וְדָא הוּא דִּינָא דְּגֵיהִנֹּם, וְחַיָּיבִין דְּגֵיהִנֹּם בִּתְרֵין דִּינִין אִלֵּין אִתְדָנוּ.

אָמַר לֵיהּ דִּינָא דְּחַיָּיבֵי דְּגֵיהִנֹּם תְּרֵיסַר יַרְחֵי, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סָלִיק לוֹן מִגֵּיהִנֹּם, וְתַמָּן מִתְלַבְּנִין וְיָתְבִין לְתַרְעָא דְּגֵיהִנֹּם, וְחָמָאן אִנּוּן חַיָּיבִין דְּעָאלִין וְדָנִין לוֹן תַּמָּן, וְאִנּוּן תָּבְעֵי רַחֲמֵי עֲלַיְיהוּ. וּלְבָתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חַיִּיס עֲלַיְיהוּ וְאָעִיל לוֹן לְדוּכְתָּא דְּאִצְטְרִיךְ לוֹן. מֵהַהוּא יוֹמָא וּלְהָלְאָה גּוּפָא אִשְׁתְּכַךְ בְּעַפְרָא וְנִשְׁמָתָא יַרְתָא
- [...] exterminer les méchants » désignent les méchants de cette terre.
L’Écriture ajoute : « Les étoiles du ciel les plus éclatantes ne répandront plus leur lumière. » Ces paroles désignent également Sodome et Gomorrhe ; car c'est du ciel que Dieu fit descendre sur elles une pluie de feu pour les exterminer de ce monde. Enfin l'Écriture (Is., XIII, 12) ajoute : « Je rendrai l'homme plus précieux que l'or, etc. » Ces paroles désignent Abraham que le Saint, béni soit-il, a élevé au-dessus des autres habitants de ce monde.
Rabbi Yehouda applique ces versets au jour de la destruction du temple ; car, en ce jour, les ténèbres se sont répandues en haut et en bas ; le ciel et les étoiles même ont perdu leur lumière. Rabbi Éléazar applique ces versets au jour où le Saint, béni soit-il, fera ressusciter de la terre la « communauté d’Israël » ; car ce jour sera proclamé et en haut et en bas, ainsi qu'il est écrit (Zac., XIV, 17) : « Il y aura un jour connu du Seigneur, qui ne sera ni jour ni nuit ; et sur le soir de ce jour la lumière paraîtra. » Ce jour sera un jour de vengeance ; car le Saint, béni soit-il, fera sentir sa vengeance aux peuples païens. Et lorsque le Saint, béni soit-il, aura fait sentir sa vengeance aux peuples païens, alors arrivera ce que dit l’Écriture (Is., XIII, 12) : «Je rendrai l'homme plus précieux que l'or, etc. »
Ces paroles désignent le Roi-Messie qui sera élevé au-dessus de tous les habitants du monde qui l'adoreront et se prosterneront devant lui, ainsi qu'il est écrit (Ps., LXXII, 9) : « Les Ethiopiens se prosterneront devant lui; et ses ennemis baiseront la terre ; les rois de Tharse et des îles lui offriront des présents; les rois de l'Arabie et de Saba lui apporteront des dons : et tous les rois de la terre l'adoreront, toutes les nations lui seront assujetties. » Remarquez que, si la prophétie d'Isaïe se rapporte à Babylone, ainsi qu'il résulte du commencement du chapitre : Prophétie contre Babylone, elle s'applique également à l’avènement du Messie, puisque nous trouvons, dans le même chapitre (28), le verset suivant : « Car le Seigneur aura pitié de Jacob. » Et un peu plus bas (Is., XIV, 1) : « Et les peuples les prendront et les conduiront dans leur pays. » Les paroles : « Et Jéhovah fit descendre sur Sodome et Gomorrhe une pluie de soufre et de feu » signifient que le degré inférieur qui exerce les châtiments ici-bas est monté en haut pour demander l'autorisation au degré supérieur.
Rabbi Isaac dit : Ces paroles signifient que Dieu mêla la clémence à la rigueur ; c'est pourquoi l’Écriture dit : « Une pluie de soufre et de feu de Jéhovah, c'est-à-dire du degré de la rigueur, et du ciel», c'est-à-dire du degré de la clémence.
Mais, objectera-t-on peut-être : En quoi consistait la clémence que Dieu mêla à la rigueur lorsqu'il détruisit Sodome? L’Écriture (Gen., XIV, 29) dit : « Lorsque Dieu détruisait les villes de ce pays-là, il se souvint d'Abraham et délivra Lot, etc. » Voici en quoi consistait la clémence de Dieu ; il a sauvé Lot dont sont issus deux peuples parfaits et qui a été jugé digne de donner naissance à David et au roi Salomon.
Remarquez que l'Écriture (Gen., XIX, 17) dit : « Et lorsqu'ils les eurent fait sortir dehors, ils lui dirent : Sauve ta vie, et ne regarde point derrière toi, etc. »
Remarquez que, lorsque la rigueur sévit dans ce monde, l'homme ne doit pas se trouver dans la rue ; car, au moment de la rigueur, l'ange exterminateur ne fait aucune distinction entre le juste et le coupable ; et il a été déjà dit (29) que c'est pour cette raison que Noé fut enfermé dans une arche, pour qu'il ne se trouvât pas dehors lorsque la rigueur sévirait. Tel est également le motif des paroles de l'Écriture (Ex., XII, 22) : « Et personne ne sortira de la porte de sa maison jusqu'au point du jour », c'est-à-dire jusqu'à l'accomplissement du châtiment. C'est pour la même raison que les anges ont dit à Lot : « Sauve ta vie, ne regarde point derrière toi, et ne t'arrête point dans tous les pays d'alentour ; sauve-toi sur la montagne, de peur que tu ne périsses avec les autres. »
Rabbi Isaac et Rabbi Yehouda ayant fait une fois un voyage ensemble, Rabbi Yehouda dit à Rabbi Isaac : Le fléau dont le Saint, béni soit-il, accabla les hommes à l'époque du déluge, de même que celui dont il accabla la ville de Sodome, tenaient tous deux du châtiment de l’enfer, attendu que les coupables châtiés dans l'enfer sont punis par l'eau et par le feu. Rabbi Isaac lui répondit: La punition de la ville de Sodome tenait du châtiment de l'enfer, ainsi qu'il est écrit: « Et Jéhovah fit tomber sur Sodome et sur Gomorrhe une pluie de soufre et de feu descendue de Jéhovah du ciel. » L'expression finale du verset : « ... De Jéhovah du ciel» nous indique que la ville de Sodome a été punie, et par l'eau, et par le feu, à l'instar du châtiment des coupables dans l'enfer. Rabbi Isaac lui dit en outre : Le châtiment des coupables dans l'enfer est d'une durée de douze mois. Après ce délai, le Saint, béni soit-il, les tire de l'enfer où ils ont subi la première épuration et les fait asseoir à la porte de l'enfer. Ils voient tous les coupables conduits à l'enfer et ils assistent à leur châtiment. Émus de compassion, ils prient Dieu pour ces malheureux coupables. C'est cette prière qu'ils font pour les autres coupables qui leur vaut à eux-mêmes la commisération du Saint, béni soit-il, lequel les fait monter à la région qui leur convient. A partir de ce jour, le corps reste en repos dans la terre, et l'âme entre en possession [...]
(Ⅰ)
[108a]  
אַתְרָהּ כִּדְחָזֵי לָהּ. (נח סט א).

תָּא חֲזֵי דְּהָא אִתְּמָר דְּאֲפִילּוּ אִנּוּן בְּנֵי טוֹפָנָא לָא אִתְדָּנוּ אֶלָּא בְּאֶשָׁא וּמַיָּא. מַיָּיא קְרִירָן נַחֲתֵי מִלְּעֵילָא, וּמַיָּיא רְתִיחָן סָלְקֵי מִתַּתָּא כְּאֶשָׁא. וְאִתְדָּנוּ בִּתְרֵי דִינִין, בְּגִין דְּדִינָא דִּלְעֵילָא הָכִי הֲוָה, בְגִין כָּךְ בִּסְדוֹם גָּפְרִית וָאֵשׁ.

אָמַר לֵיהּ אִי יְקוּמוּן לְיוֹם דִּינָא. אָמַר לֵיהּ הָא אִתְּמָר. אֲבָל אִלֵּין דִּסְדוֹם וַעֲמוֹרָה לָא יְקוּמוּן, וּקְרָא אוֹכַח דִּכְתִיב, (דברים כ״ט:כ״ב) גָּפְרִית וָמֶלַח שְׂרֵפָה כָל אַרְצָהּ לא תִזָּרַע וְלא תַצְמִיחַ וְגו'. אֲשֶׁר הָפַךְ יְיָ בְּאַפּוֹ וּבַחֲמָתוֹ. אֲשֶׁר הָפַךְ יְיָ, בְּעָלְמָא דֵּין. בְּאַפּוֹ, בְּעָלְמָא דְאָתֵי. וּבַחֲמָתוֹ, בְּזִמְנָא דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַאֲחָיָיא מֵתַיָּיא. אָמַר לֵיהּ תָּא חֲזֵי, כַּמָּה דְּאַרְעָא דִּלְהוֹן אִתְאֲבִיד לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָא, הָכִי נָמֵי אִתְאֲבִידוּ אִנּוּן לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָא.

וְתָּא חֲזֵי, דִּינָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּינָא לָקֳבֵל דִּינָא. אִנּוּן לָא הֲוָה תַּיְיבִין נַפְשָׁא דְּמִסְכֵּנָא בְּמֵיכְלָא וּבְמִשְׁתַּיָּא, אוּף הָכִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא אָתִיב לוֹן נַפְשַׁיְיהוּ לְעָלְמָא דְּאָתֵי. וְתָּא חֲזֵי, אִנּוּן אִתְמְנָעוּ מִצְּדָקָה דְּאִקְרֵי חַיִּים, אוּף קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָנַע מִנַּיְיהוּ חַיִּים בְּעָלְמָא דֵין וּבְעָלְמָא דְּאָתֵי. וְכַמָּה דְּאִנּוּן מָנְעוּ אָרְחִין וּשְׁבִילִין מִבְּנֵי עָלְמָא, הָכִי נָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָנַע מִנַּיְיהוּ אוֹרְחִין וּשְׁבִילִין דְּרַחֲמֵי לְרַחֲמָא עֲלַיְיהוּ בְּעָלְמָא דֵין וּבְעָלְמָא דְּאָתֵי.

רַבִּי אַבָּא אָמַר כֻּלְהוּ בְּנֵי עָלְמָא יְקוּמוּן, וִיקוּמוּן לְדִינָא וְעֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (דניאל י״ב:ב׳) וְאֵלֶּה לַחֲרָפוֹת וּלְדֵרָאוֹן עוֹלָם. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָארִי דְּרַחֲמִין אִיהוּ, כֵּיוָן דְּדָן לְהוּ בְּהַאי עָלְמָא וְקַבִּילוּ דִּינָא, לָא אִתְדָּנוּ בְּכֻלְהוּ דִּינִין.

אָמַר רַבִּי חִיָּיא כְּתִיב וַיְשַׁלַּח אֶת לוֹט מִתּוֹךְ הַהֲפֵכָה וְגו'. (קה א) מַהוּ בַּהֲפֹךְ אֶת הֶעָרִים אֲשֶׁר יָשַׁב בָּהֵן לוֹט. אֶלָא בְּכֻלְהוּ עֲבַד דִּיּוּרֵיהּ לוֹט, דִּכְתִיב וְלוֹט יָשַׁב בְּעָרֵי הַכִּכָּר וַיֶּאֱהַל עַד סְדוֹם. (וכתיב אשר ישב בהן לוט. אלא ודאי בכלהו עבד דיוריה) וְלָא קַבִּילוּ לֵיהּ, בַּר דְּמֶלֶךְ סְדוֹם קַבִּיל לֵיהּ
- [...] de la place qui lui convient.
Remarquez qu'il a été déjà dit (30) que les hommes, au moment du déluge, ont été également châtiés par le feu et par l'eau ; des eaux froides tombaient sur eux d'en haut, et des eaux bouillantes émergeaient sous leurs pieds et les brûlaient comme du feu. Tel était le châtiment des coupables ici-bas, parce qu'il est conforme au châtiment d'en haut. Le châtiment des habitants de Sodome était pareil, ainsi qu'il est écrit : « ...Une pluie de soufre et de feu. » Rabbi Yehouda demanda à Rabbi Isaac si les habitants de Sodome et de Gomorrhe ressusciteraient au jour du jugement dernier. Rabbi Isaac lui répondit Voici la tradition : Tous les coupables seront ressuscités au jour du jugement dernier ; mais les coupables de Sodome et de Gomorrhe ne seront jamais ressuscités ; ceci résulte du verset (Deut., XXIX, 23) suivant : « Le pays sera brûlé par le soufre et par un sel brûlant, de sorte qu'on n'y jettera plus aucune semence et qu'on n'y verra plus pousser aucune verdure ; il y sera renouvelé l'image de Sodome et de Gomorrhe, d'Adma et de Çeboïm, que le Seigneur détruisit dans sa colère et dans sa fureur.»
Les mots : « Que le Seigneur détruisit » désignent les châtiments des habitants de Sodome dans ce bas monde. Le terme « dans sa colère » signifie qu’ils sont également perdus dans le monde futur. Le terme « et dans sa fureur » signifie qu'ils ne ressusciteront pas le jour où le Saint, béni soit-il, fera ressusciter les morts. Rabbi Isaac lui dit en outre : Remarquez que, de même que le sol de Sodome et de Gomorrhe a été ravagé à jamais, de même les coupables qui y habitaient sont perdus pour toute l'éternité. Remarquez, en outre, que les punitions que Dieu inflige .aux hommes sont pareilles aux crimes. Les habitants de Sodome n'ont jamais réconforté le pauvre en lui donnant à manger et à boire ; et le Saint, béni soit-il, ne réconfortera pas leurs âmes dans le monde futur. Ils se sont abstenus de pratiquer la charité qui est appelée « vie » ; et le Saint, béni soit-il, à son tour, leur ôta la vie de ce monde et du monde futur.
Rabbi Abba dit : Tous les coupables de ce monde seront ressuscités au jour du jugement ; et c'est d'eux que l'Écriture (Dan., XII, 2) dit : « Et toute la multitude de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour un opprobre éternel. » Mais le Saint, béni soit-il, est éminemment miséricordieux ; aussi, les coupables qui ont été châtiés ici-bas, et qui s'y sont résignés, ne subiront plus d'autres peines dans l'éternité.
Rabbi Hiyâ dit : Il est écrit (Gen., XIX, 19) : « Lorsque Dieu détruisait les villes de ces pays-là, il se souvint d'Abraham et délivra Lot de la ruine de ces villes où il avait demeuré. » Pourquoi l'aventure dit-elle : « ... Où il avait demeuré » ? Lot avait-il donc demeuré dans toutes ces villes (31) ? Oui, Lot a demeuré, dans toutes les villes de ces pays, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIII, 12) : « Et Lot demeura dans les villes qui étaient aux environs du Jourdain, et il dressa sa tente jusqu'à Sodome. » Ces paroles signifient que Lot s'était établi successivement dans plusieurs villes ; mais les habitants de ces villes n'en voulaient pas ; et il finit par s'établir à Sodome [...]
(Ⅰ)
[108b]  
בִּסְדוֹם בְּגִינֵיהּ דְּאַבְרָהָם:

וַתַּבֵּט אִשְׁתּוֹ מֵאַחֲרָיו, מֵאַחֲרֶיהָ מִבָּעֵי לֵיהּ, אֶלָּא מִבָּתַר שְׁכִינְתָּא. רַבִּי יוֹסֵי אָמַר מִבַּתְרִיהּ דְּלוֹט, דִּמְחַבְּלָא אָזִיל אֲבַתְרֵיהּ, וְכִי אֲבַתְרִיהּ אָזִיל, וְהָא הוּא שַׁדַּר לֵיהּ, אֶלָּא בְּכָל אֲתַר דְּהֲוָה אָזִיל לוֹט אִתְעַכַּב מְחַבְּלָא לְחַבָּלָא, וְכָל אֲתַר דְּאָזִיל כְּבָר וְשָׁבִיק לַאֲחוֹרֵיהּ הֲוָה מְהַפֵּךְ לֵיהּ מְחַבְּלָא.

וּבְגִין כָּךְ אָמַר לֵיהּ אַל תַּבֵּט אַחֲרֶיךָ דְּהָא אֲנָא אֲחַבֵּל בַּתְרָךְ, וְעַל דָּא כְּתִיב וַתַּבֵּט אִשְׁתּוֹ מֵאַחֲרָיו וְחֲמַת מְחַבְּלָא. כְּדֵין וַתְּהִי נְצִיב מֶלַח. דְּהָא בְּכָל זִמְנָא דִּמְחַבְּלָא לָא חָמֵי אַנְפּוֹי דְּבַר נָשׁ (נ''א אחמי אנפי לכר נש) לָא מְחַבִּיל לֵיהּ. כֵּיוָן דְּאִתְּתֵיהּ אֲהַדְּרַת אַנְפָּהָא לְאִסְתַּכָּלָא אֲבַתְרִיהּ מִיָּד וַתְּהִי נִצָּב מֶלַח.

רַבִּי אֶלְעָזָר וְרַבִּי יוֹסֵי הֲווּ קָיְימֵי יוֹמָא חַד וְעָסְקֵי בְּהַאי קְרָא, אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר כְּתִיב, (דברים ח׳:ט׳) אֶרֶץ אֲשֶׁר לא בְמִסְכֵּנוּת תֹּאכַל בָּהּ לֶחֶם, לא תֶחְסַר כֹּל בָּהּ. הַאי בָּהּ בָּהּ תְּרִי זִמְנֵי אַמַּאי. אֶלָּא הָא אִתְּמָר דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא פָּלִיג כָּל עַמִּין וְאַרְעָאן לִמְמַנָּן שְׁלִיחָן, וְאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל לָא שַׁלִּיט בָּהּ מַלְאָכָא וְלָא מְמַנָּא אָחֳרָא אֶלָּא אִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי, בְּגִין כָּךְ אָעִיל לְעַמָּא דְּלָא שַׁלִּיט בְּהוּ אָחֳרָא לְאַרְעָא דְּלָא שָׁלִיט בָּהּ אָחֳרָא.

תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהִיב מְזוֹנָא תַּמָּן בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר לְכָל עָלְמָא. כָּל שְׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת בְּמִסְכֵּנוּת, וְאַרְעָא דְּיִשְׂרָאֵל לָאו הָכִי, אֶלָּא אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל אִתְּזָן בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר כָּל עָלְמָא.

וּבְגִין כָּךְ אֶרֶץ אֲשֶׁר לא בְמִסְכֵּנוּת תֹּאכַל בָּהּ לֶחֶם. אֶלָּא בְּעֲתִירוּ בְּסִפּוּקָא דְּכֹלָּא תֹּאכַל בָּהּ וְלָא בְּאֲתַר אָחֳרָא. בָּהּ בִּקְדִּישׁוּ דְּאַרְעָא, בָּהּ שַׁרְיָא מְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה. בָּהּ שַׁרְיָא בִּרְכְּתָא דִּלְעֵילָא, וְלָא בְּאֲתַר אָחֳרָא.

תָּא חֲזֵי כְּתִיב כְּגַן יְיָ כְּאֶרֶץ מִצְרַיִם. עַד הָכָא לָא אִתְיְדַע גַּן יְיָ אִי הוּא אֶרֶץ מִצְרַיִם, וְאִי אִיהוּ אֶרֶץ סְדוֹם,
- [...] où le roi l'accueillit à cause d'Abraham.
Il est écrit (Gen., XIX, 26) : «Et la femme de Lot regarda derrière lui (meahrav) et elle fut changée en une statue de sel. » Pourquoi l'Écriture dit-elle « derrière lui » au lieu de « derrière elle » ? Mais l’Écriture veut nous indiquer que la femme de Lot a regardé derrière la Schekhina.
Rabbi Yossé dit : L'Écriture veut dire que la femme a regardé derrière Lot où marchait l'ange exterminateur. Comment ! l'ange exterminateur marchait derrière Lot? C'était cependant l'ange exterminateur lui-même qui avait conduit Lot hors du pays, pour le mettre à l'abri du cataclysme ! Mais, la vérité est que, partout où Lot allait, l'ange exterminateur cessait de sévir pendant tout le temps que Lot restait dans le pays ; mais dès que Lot tournait le dos à une ville, l'ange exterminateur recommençait à sévir ; il en résultait que l'ange n'exerçait ses ravages que derrière le dos de Lot, mais jamais devant lui. C'est pourquoi il dit à Lot : « Ne regarde pas derrière toi, de crainte que tu ne périsses avec les autres. » Comme la femme de Lot n'en tint pas compte et qu'elle se retourna pour regarder derrière son mari, elle y aperçut l'ange exterminateur, et c'est ce qui causa sa transformation en une statue de sel ; car, tant que l'ange exterminateur ne voit pas le visage de l'homme, il n'a aucune prise sur lui ; aussi, dès que la femme de Lot lui tourna le visage, elle fut aussitôt changée en une statue de sel . Rabbi Éléazar et Rabbi Yossé se sont un jour entretenus de l'interprétation du verset suivant.
Rabbi Éléazar dit à Rabbi Yossé : Il est écrit (Deut., VIII, 9) : « Un pays dans lequel tu mangeras ton pain sans que tu en manques jamais, dans lequel tu seras dans une abondance de toutes choses... » Pourquoi l'Écriture, répète-t-elle deux fois «dans lequel (bâ) » ? Mais voici ce que la tradition nous apprend à ce sujet : Le Saint, béni soit-il, a confié le gouvernement des divers peuples et des divers pays à divers chefs célestes ; mais nul ange et nul chef céleste ne peut exercer d'empire sur la terre d'Israël, en dehors du Saint, béni soit-il. C'est pourquoi Dieu donna à un peuple sur lequel aucun ange ne domine, un pays sur lequel aucun ange ne peut exercer son empire.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, accorde la nourriture à la Palestine d'abord, et ensuite à tous les autres pays du monde ; tous les peuples païens reçoivent une nourriture parcimonieuse, alors que la terre d'Israël la reçoit en abondance, puisque c'est elle qui la reçoit avant tous les autres pays du monde.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Un pays dans lequel tu mangeras ton pain, sans que tu en manques jamais... », ce qui veut dire : la nourriture n'y sera pas parcimonieuse comme dans les autres pays, mais riche et abondante ; et L’Écriture ajoute : « ...Dans lequel tu seras dans une abondance de toutes choses. » l’Écriture veut dire que c'est dans ce pays qu'il y aura de la sainteté, de la foi suprême et des bénédictions célestes, mais non pas dans un autre pays.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XIII, 10) dit : « Lot, levant les yeux, considéra tout le pays, situé le long du Jourdain, qui s'étendait de ce lieu-là jusqu'à ce qu'on vienne à Çoar, et qui, avant que Dieu détruisit Sodome et Gomorrhe, était un pays très agréable, tout arrosé d'eau comme le Jardin de Dieu, comme l’Égypte. » On ne sut de longtemps expliquer le rapport qu'il y a entre le pays d'Égypte, le pays de Sodome [...]
(Ⅰ)
[109a]  
וְאִי אִיהוּ גַּן יְיָ דְּאִקְרֵי גַּן עֵדֶן. אֶלָּא כְּגַן יְיָ דְּאִית בֵּיהּ סִפּוּקָא וְעִדּוּנָא דְּכֹלָּא, הָכִי נָמֵי הֲוָה סְדוֹם וְהָכִי נָמֵי מִצְרַיִם. מַה גַּן יְיָ לָא אִצְטְרִיךְ בַּר נָשׁ לְאַשְׁקָאָה לֵיהּ, אוּף מִצְרַיִם לָא אִצְטְרִיךְ אָחֳרָא לְאַשְׁקָאָה לֵיהּ, בְּגִין דְּנִילוּס אִיהוּ אַסִּיק וְאַשְׁקֵי לְכָל אַרְעָא דְמִצְרַיִם.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (זכריה י״ד:י״ז) וְהָיָה אֲשֶׁר לא יַעֲלֶה מֵאֵת מִשְׁפְּחוֹת הָאָרֶץ אֶל יְרוּשָׁלֵם וְגו'. דָּא הוּא עוֹנָשָׁא דִלְהוֹן דְּאִתְמְנַע מִנְּהוֹן מִטְרָא, מַה כְּתִיב וְאִם מִשְׁפַּחַת מִצְרַיִם לא תַעֲלֶה וְלא בָאָה וְגו'. חָמֵי דְּלָא כְּתִיב וְלא עֲלֵיהֶם יִהְיֶה הַגֶּשֶׁם, בְּגִין דְּלָא נָחִית מִטְרָא לְמִצְרַיִם וְלָא אִצְטַרְכָן לֵיהּ, אֶלָּא עוֹנָשָׁא דִּלְהוֹן מַה הוּא דִּכְתִיב, (זכריה י״ד:י״ב) וְזֹאת תִּהְיֶה הַמַּגֵּפָה אֲשֶׁר יִגּוֹף יְיָ אֶת כָּל הַגּוֹיִם וְגו'. בְּגִין דְּמִצְרַיִם לָא צְרִיכִין לְמִטְרָא. אוּף סְדוֹם מַה כְּתִיב בֵּיהּ כִּי כֻלָּהּ מַשְׁקֶה, כָּל עִדּוּנִין דְּעָלְמָא הֲווּ בָהּ, וְעַל דָּא לָא בָעָאן דִּבְנֵי נָשָׁא אָחֳרָנִין יִתְעַדְּנוּן בָּהּ.

רַבִּי חִיָּיא אָמַר אִנּוּן הֲווּ חַיָּיבִין מִגַּרְמַיְיהוּ וּמִמָּמוֹנְהוֹן, דְּכָל בַּר נָשׁ דְּאִיהוּ צָר עֵינָא לְגַבֵּי מִסְכֵּנָא, יָאוֹת הוּא דְּלָא יִתְקַיַּים בְּעָלְמָא. וְלא עוֹד אֶלָּא דְּלֵית לֵיהּ חַיִּים לְעָלְמָא דְּאָתֵי. וְכָל מַאן דְּאִיהוּ וַותְּרָן לְגַבֵּי מִסְכֵּנָא יָאוֹת הוּא דְּיִתְקַיַּים בְּעָלְמָא, וְיִתְקַיַּים עָלְמָא בְּגִינֵיהּ, וְאִית לֵיהּ חַיִּים וְאוֹרְכָּא דְחַיֵּי לְעָלְמָא דְּאָתֵי:

סִתְרֵי תּוֹרָה

תּוֹסֶפְּתָּא קְטוּרֵי רָמָּאי, הוּרְמְנֵי (עיין סוף הספר סי' ב) דִּבְדוּרֵי. (נ''א דבורירי ונ''א דבורייני) חַכִּימִין בְּסֻכְלְתָּנוּ, יִסְתַּכְּלוּן לְמִנְדַע, בְּשַׁעֲתָּא דְּרֵישָׁא חִוָּורָא אַתְּקִין כֻּרְסְיָיא עַל גַּבֵּי סָמְכִין דְּאַבְנִין דְּמַרְגְּלִיטָן טָבָן. בֵּין אִנּוּן אַבְנִין אִיתּ חַד מַרְגָּלִיטָא שַׁפִּירָא בְּחֵיזוּ יָאָה בְּרֵיוָא קוּמְטְרָא דְּקַנְטָרָא (נ''א דקיטרא) דִּמְלַהֲטָא בְּע' גְּוָונִין, אִנּוּן ע' גְּוָונִין מְלַהֲטָן לְכָל סְטַר.

אִלֵּין ע' מִתְּפָּרְשָׁאן מִגּוֹ ג' גְּוָונִין. אִלֵּין זִיקִין בְּזִיקִין דִּנְצִּיצִּין לְד' סִטְרֵי עָלְמָא, הָכָא אִיתָּא זִיקָא תַּקִּיפָּא דִּסְטַר שְׂמָאלָא דְּאִתְּאַחִיד בִּשְׁמַיָא. אִנּוּן גְּוָונִין שִׁבְעִין (דניאל ז׳:י׳) דִּינָא יָתִּיב וְסִפְּרִין פְּתִּיחוּ. מֵהָכָא נָפְּקֵי גִירִין וּסְיָיפִּין וְרוֹמְחִין וְאֶשָׁא דְּקוּסְטְרָא. וְאִתְּאַחִיד אֶשָׁא תַּקִּיפָּא דְּנָפְּקָא מִשָׁמַיִם בֵּיהּ, וְכַד אִתְּאַחַד אשא עִלָּאָה בְּאִלֵּין דִּלְתַּתָּא, לֵיתּ מַאן דְּיָכִיל לְאִתְּבַּר רוּגְזָא וְדִינָא.

עַיְינִין לָהֲטִין כְּטִיסִין דְּנוּרָא, נָחִיתּ בְּהוּ לְעָלְמָא. וַוי מַאן דְּאִעָרַע בֵּיהּ, חֲגִיר חַרְצִּין (ס''א חרבין), אִיהוּ חַרְבָּא שִׁנְּנָא בִּידֵיהּ, לָא חָיִיס עַל טַב וְעַל בִּישׁ. דְּהָא (ס''א פסקא) פִּתְּקָא דְּאִנּוּן שִׁבְעִין בִּרְשׁוּ דְּאִתְּאַחִיד הַהוּא סִטְרָא דִשְׁמַיָא נָחִיתּ בִּידָא שְׂמָאלָא בְּכַמָּה דִּינִין, אִתְּהַפֵּךָ בְּכַמָּה גְּוָונִין, הֲפּוּךָ בְּכָל יוֹמָא, אִיהוּ אִקְרֵי כְּרֻם זְלֻּתּ דִּמְתַּקְּנָא לְגַבֵּי בְּנֵי אָדָם. כָּל גְּוָונִין דִּכְלֵי זַעֲמוֹ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא בֵּיהּ אִתְּחַזְּיָין. וְאִנּוּן יָתְּבִין בְּרוּמֵי דְּעָלְמָא, וּבְנֵי נָשָׁא בְּסִכְלוּתָּא דִלְהוֹן לָא מַשְׁגְּחֵי בְּהוֹן. גָּפְּרִיתּ וָאֵשׁ הִתּוּכָא דְּמַיָא וְאֶשָׁא דְּמִתְּהַתְּכֵי מִן שְׁמַיָא אִתְּאַחֲדוּ דָּא בְּדָא וּנְחַתּ עַל סְדוֹם. וַוי לְחַיָּיבַיָא דּלא מַשְׁגִּיחִין עַל יְקָרָא דְמָארֵיהוֹן:

א. עֲשָׂרָה שְׁמָהָן גְּלִיפָּן בְּהוּרְמְנוּתָּא דְמַלְכָּא. (פירוש השם במלואו עשר אותיות יו''ד ה''א וי''ו ה''א). ב. עשר אִנּוּן וְסָלְקִין לְחוּשְׁבַּן סַגֵּי. (פי' יוד עולה כ', יוד הא עולה כ''ו, יוד (נ''ל הה וו) הא ויו עולה מ''ב, י' יד' יד' ידוד' עולה ע''ב). ג. שִׁבְעִין (הם ע''ב ונקראים ד' מחנות שכינה והם למטה ממלכות). גַּוְונָן מְלַהֲטֵי לְכָל סְטַר. נַפְּקֵי מִגּוֹ שְׁמָהָן דְּאִגְלִיף רָזָא דְּע' שְׁמָהָן דְּמַלְאָכַיָיא. דְּאִנּוּן בְּרָזָא דִשְׁמַיָא.

וְאִנּוּן מיכאל גּבריאל רפּאל נוריאל. קמ''ץ ''קדומיאל ''מלכיאל ''צּדקיאל. פּתּ''ח ''פּדאל ''תּומיאל ''חשדיאל. צּר''י ''צּדקיאל ''רזיאל ''יופּיאל. סגו''ל ''סטוטריה ''גזריאל ''ותּריאל נ''א ורדיא''ל ''למואל. חר''ק ''רהטיאל ''חזקיאל ''קדשיאל. שׁב''א ''שמעאל ''ברכיאל (נ''א שכניאל ונ''א ברקיא''ל) ''אהיאל. חל''ם חניא''ל ''להדיאל ''מחניאל. (נ''א ח''ניאל ל''עדיאל מ''לכיאל). ''עניאל ענאל אהניאל רחמיאל עזריאל (נ''א ש''בנאל ר''ומיאל ק''דומיאל. שר''ק. חכמיאל רמיאל קרשיאל. חר''ק) סנניה ודרגזיה רסיסיאל דומיאל ''חוניאל ''זכריאל ''ואריאל ''ה''ינאל ד''נדאל ג''דיאל ב''דאל א''נפּיאל ועדי''אל, אדנ''י עַל כֻּלְהוּ. ד (פירוש כשע''ב מלאכים מתחברין במלכות אז נקרא מלכות הוא ובית דינו בלשון וה').

השלמה מההשמטות (סימן מ''ט)

''אהניאל ''ברקיאל ''גדיאל ''דומיאל ''הדריאל ''ודרגזיה ''זהריאל ''חניאל ''טהריאל ''יעזריאל ''כרעיאל ''למדיאל ''מלכיאל ''נהריאל ''סניה ''ענאל ''פּתּחיאל ''צּוריאל ''קנאל ''רמיאל ''שעריאל ''תּבכיאל:

סדר תּשר''ק

''תּפּוריא ''שכניאל ''רנאל ''קמריה ''צּוריה ''פּסיסיה ''עיריאל ''סמכיאל ''נריאל ''מדוניה ''לסניה ''כמסריה ''יריאל ''טסמסיה ''חניאל ''זכראל ''ודריאל ''הניאל ''דנבאל ''גדיאל ''בדאל ''אדירירון אדני על כולהו וכו': (עד כאן מההשמטות)

כַּד מִתְּחַבְּרָן כֻּלְהוּ כְּחֲדָא בְּרָזָא חָדָא בְּחֵילָא עִלָּאָה, כְּדֵין אִקְרֵי וידוד כֹּלָּא בִּכְלָלָא חָדָא. מֵאֵתּ יְיָ מִן הַשָׁמַיִם, שְׁמָא קַדִּישָׁא דְּאִתְּגְּלַף בְּע' שְׁמָהָן אָחֳרָנִין רָזָא דְּשָׁמָיִם. ואִלֵּין אִנּוּן שִׁבְעִין דְּשָׁלְטִין עַל אִלֵּין ע' דִּינִין רָזָא דְּיהו''ה, ואִלֵּין שִׁבְעִין שְׁמָהָן בִּקְדוּשָׁה יהו''ה שָׁמָיִם. ה (פירוש שם של ע''ב גשרים היוצא מפסוק ויסע ויבא ויט אלו הם נקראים שמים, ואותם ע''ב מלאכים של מטה במלכו''ת מקבלים מע''ב של מעלה, ונוטלין מהן).

אִלֵּין נָטְלִין מֵאִלֵּין וְידוד. ו (פירוש מלכות מתפארת). נָטִיל מֵאֵתּ ידוד דָּא מִן דָּא. ז (פירוש סוד של אותן ע''ב שמות הוא שם ידוד, והוא הרוכב עליהן כנשמה לגוף). ואִלֵּין תַּלְיָין מֵאִלֵּין, תַּתָּאִין בְּעִלָּאִין, וְכלָּא קִשׁוּרָא חָדָא. וּבְהַאי קוּדְשָׁא בְּרִיךָ הוּא אִשְׁתְּמוֹדָע בִּיקָרֵיהּ. ח (פירוש ע''ב מלאכים של מטה מתחבים בע''ב שמות של מעלה הנקראים שמים). שָׁמַיִם דְּאִנּוּן ע' רָזָא ידוד, דָּא אִיהוּ בְּרָזָא דְּשִׁבְעִין וּתְּרֵין שְׁמָהָן ואִלֵּין אִנּוּן דְּנָפְּקֵי מִן וַיִּסַּע וַיָּבֹא וַיֵּט. וה''ו יל''י סי''ט על''ם מה''ש לל''ה אכ''א כה''תּ הז''י אל''ד לא''ו הה''ע. חֵלֶק רִאשׁוֹן בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם וָעֶד יז''ל מב''ה הר''י הק''ם לא''ו כל''י לו''ו פּה''ל נל''ךָ יי''י מל''ה חה''ו. חֵלֶק שֵׁנִי בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם וָעֶד נתּ''ה הא''א יר''תּ שא''ה רי''י או''ם לכ''ב וש''ר יה''ו לה''ח כו''ק מנ''ד. חֵלֶק שְׁלִישִׁי בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם וָעֶד אנ''י חע''ם רה''ע יי''ז הה''ה מי''ךָ וו''ל יל''ה סא''ל ער''י עש''ל מי''ה. חלק רְבִיעִי בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם וָעֶד וה''ו דנ''י הח''ש עמ''ם ננ''א ני''תּ מב''ה פּו''י נמ''מ יי''ל הר''ח מצּ''ר. חֵלֶק חֲמִישִׁי בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם וָעֶד ומ''ב יה''ה ענ''ו מח''י דמ''ב מנ''ק אי''ע חב''ו רא''ה יב''מ הי''י מו''ם, חֵלֶק שִׁשִׁי בָּרוּךָ שֵׁם כְּבוֹד מַלְכוּתּוֹ לְעוֹלָם ועֶד.

וְאִלֵּין אִנּוּן שִׁבְעִין שְׁמָהָן דְּשָׁלְטִין עַל שִׁבְעִין דַּרְגִּין תַּתָּאִין רָזָא וידוד. אִלֵּין שִׁבְעִין שְׁמָהָן ידוד רָזָא דְאִקְּרֵי שָׁמָיִם. שִׁבְעָא רְקִיעִין אִנּוּן דְּסָלְקִין לְשִׁבְעִין שְׁמָהָן שְׁמָא קַדִּישָׁא, וְדָא אִיהוּ וַידוד הִמְטִיר. מֵאֵתּ ידוד מִן הַשָׁמָיִם. סִתְּרָא דְּסִתְּרִין לַחֲכִימִין אִתְּמָסַר. שְׁמָא

דָּא דְּאִקְּרֵי שָׁמָיִם מִנֵּיהּ אִתְּבְּרֵי סִתְּרָא דְּאִקְּרֵי אָדָם. חָשְׁבָן שַׁיְיפֵּי גוּפָּא דְּאִנּוּן חוּשְׁבַּן מָאתָּן וְאַרְבְּעִין וּתְּמַנְיָא שַׁיְיפִּין. חָשְׁבָן אַתְּווֹהִי מָאתָּן וְשִׁיתּ סָרֵי, שְׁמָא דָא דְּאִיהוּ רָזָא וְסִתְּרָא כְּלָלָא דְּכָל אוֹרַיְיתָּא בְּכ''ב אַתְּוָון וְעֶשֶׂר אֲמִירָן, בְּגִין דְּהָא שְׁמָא דָא מָאתָּן וְשִׁיתּ סָרֵי אַתְּוָון וּתְּלָתִּין וּתְּרֵין שְׁבִילִין דְּאִתְּכְּלִילָן בֵּיהּ, הָא מָאתָּן וְאַרְבָּעִין וּתְּמַנְיָא שַׁיְיפִּין דְּגוּפָּא רָזָא דְאִקְרֵי אָדָם דְּשַׁלִּיט על כֻּרְסְיָיא. רָזָא דְּשִׁבְעִין דִּלְתַּתָּא, וְסִתְּרָא דָא דִּכְתִּיב (יחזקאל א׳:כ״ו) וְעַל דְּמוּתּ הַכִּסֵּא דְּמוּתּ כְּמַרְאֵה אָדָם עָלָיו מִלְּמַעְלָה, וְדָא הוּא סִתְּרָא דִּכְתִּיב וַיְיָ הִמְטִיר עַל סְדוֹם וְגו' מֵאֵתּ יְיָ מִן הַשָׁמָיִם. וְכלָּא חַד וּמִלָּה חָדָא, וְסִתְּרָא חָדָא לַחֲכִימֵי לִבָּא אִתְּמָסַר, זַכָּאָה (ד''א ל''ג איהו) חוּלַקְהוֹן בְּעָלְמָא דֵּין וּבְעָלְמָא דְּאָתֵּי.

סְדוֹם גְּזַר דִּינָא דִּלְהוֹן על דְּמָנְעוּ צְּדָקָה מִנַּיְיהוּ, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (יחזקאל ט״ז:מ״ט) וְיַד עָנִי וְאֶבְיוֹן לא הֶחֱזִיקָה. וּבְגִין כָּךָ דִּינָא לָא הֲוָה אֶלָּא מִן שָׁמַיִם. צְּדָקָה וְשָׁמַיִם כּלָּא חַד וּכְתִּיב, (תהילים ק״ח:ה׳) כִּי גָדוֹל מֵעַל שָׁמַיִם חַסְדֶּךָ, וּבְגִין דְּתַּלְיָא צְּדָקָה בִּשְׁמֵיהּ (נ''א בשמים) דִּינָא הוּא מִשָׁמַיִם דִּכְתִּיב מאתּ יְיָ מִן הַשָׁמָיִם.

דִּינָא דְּיִשְׂרָאֵל מֵהַאי אֲתַּר דִּכְתִּיב, (איכה ד׳:ו׳) וַיִּגְדַּל עֲוֹן בַּתּ עַמִּי מֵחַטַאתּ סְדוֹם. וְאִקְרֵי יְרוּשָׁלֵם אֲחוֹתּ לִסְדוֹם כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (יחזקאל ט״ז:מ״ט) הִנֵּה זְה הָיָה עֲוֹן סְדוֹם אֲחוֹתֵּךָ, וְדִינְהוֹן הֲוָה מִן שְׁמַיָא דִּינָא חָדָא כִּסְדוֹם עַל דְּמָנְעוּ צְּדָקָה מִנַּיְיהוּ. בַּר דְּדָא אִתְּהַפַּךָ וְדָא אִתְּחָרַב, דָּא אִיתּ לָהּ תְּקוּמָה, וְדָא לֵיתּ לָהּ תְּקוּמָה, (ע''כ סתרי תורה).

וַיַּעַל לוֹט מִצֹּעַר וַיֵּשֶׁב בָּהָר הוּא וּשְׁתֵּי בְנוֹתָיו עִמּוֹ וְגו'. מַאי טַעְמָא. בְּגִין דְּחָמָא דְּהֲוָה קָרִיב לִסְדוֹם וְאִסְתַּלַּק מִתַּמָּן. רַבִּי יִצְחָק פָּתַח (איוב ל״ז:י״ב) וְהוּא מְסִיבּוֹת מִתְהַפֵּךְ בְּתַחְבּוּלתָיו לְפָעֳלָם וְגו'. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְסַבֵּב סִבּוּבִין דְּעָלְמָא וְאַיְיתֵי קוּמְרִין טְהִירִין לְמֶעְבַּד עוֹבָדוֹי, וּלְבָתַר מְהַפֵּךְ לוֹן וְעָבִיד לוֹן כְּגַוְונָא אָחֳרָא.

וּבְמָּה, בְּתַחְבּוּלוֹתָיו, עָבִיד תַּחְבּוּלִין וּמְסַבֵּב סִבּוּבִין לַאֲפָכָא לוֹן וְלָאו כְּאִנּוּן קַדְמָאֵי.
- [...] et le Jardin de Dieu qui est appelé le «Jardin de délices». Mais, en vérité, l'Écriture veut dire : De même que le Jardin de Dieu contient l'abondance de toutes choses, de même Sodome et l'Égypte étaient pourvues de toutes choses en abondance. De même que le Jardin de Dieu n'a pas besoin qu'un homme l'arrose, de même l'Égypte n'a pas besoin d'être arrosée par la pluie, parce que les eaux du Nil, sortant de leur lit, arrosent tout le pays.
Remarquez que l'Écriture Zac., XIV, 17) dit : « Si dans les maisons du pays il se trouve quelqu'un qui ne vienne pas à Jérusalem adorer le Roi, le Seigneur des armées, la pluie du ciel ne tombera pas sur lui. » Ainsi, la punition de ceux qui ne vont pas à Jérusalem adorer Dieu consiste dans la cessation de la pluie. Mais, en parlant plus loin des familles habitant l'Égypte, et qui ne vont pas à Jérusalem, l'Écriture ne dit plus qu'elles seront punies par la cessation de la pluie, mais qu'elles seront punies par la peste (Zac., XIV, 18) : « S'il y a des familles d'Égypte qui ne montent et ne viennent à Jérusalem, elles seront frappées de la peste dont le Seigneur frappera tous les peuples qui ne monteront pas pour célébrer la fête des Tabernacles. » Pour les Égyptiens, l'Écriture ne pouvait indiquer comme châtiment la cessation de la pluie, attendu qu'ils n'en ont pas besoin. Il en était de même du pays de Sodome, dont l'Écriture (Gen., XIII, 10) dit qu'il était « tout arrosé ». Ce pays renfermait tous les délices du monde ; et c'est pourquoi les habitants étaient si inhospitaliers, attendu qu'ils ne voulaient pas permettre aux autres de jouir des délices de leur pays.
Rabbi Hiyâ dit : Les habitants de Sodome étaient doublement coupables : ils avaient de mauvais penchants et ils étaient avares. Pour tout homme qui se montre avare à l'égard du pauvre, il eût mieux valu qu'il ne fût pas né ; mais il y a plus : un tel homme sera privé de vie dans le monde futur. Mais l'homme qui est prodigue envers les pauvres est digne d'exister dans ce monde et digne que le monde existe à cause de lui ; un tel homme aura la vie dans ce monde et son prolongement dans le monde futur.
Il est écrit (Gen., XIV, 30) : « Et Lot étant dans Çoar eut peur d'y périr, s'il y demeurait; il se retira alors sur la montagne avec ses deux filles.» Pourquoi avait-il peur ? Parce que cette ville était située trop près de Sodome ; c'est pourquoi il partit de là.
Rabbi Isaac ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Job, XXXVII, 12) : « Elles éclairent de toute part sur la face de la terre, partout où elles sont conduites par la volonté de celui qui les gouverne et selon les ordres qu'elles ont reçus de lui. » Ces paroles signifient que le Saint, béni soit-il, dirige les événements du monde par des causes mystérieuses ; le même événement qui, tantôt, paraît aux hommes très malheureux, leur apparaît, tantôt, très heureux ; c'est pourtant le même événement dû à la même cause mystérieuse [ 109b]. Les paroles : « ... Partout où elles sont conduites par la volonté de celui qui les gouverne » signifient que Dieu tourne les événements selon les œuvres des hommes ; enfin, les paroles : « ... Et selon les ordres qu'elles ont reçus de lui »signifient que ce sont les œuvres des hommes qui font qu'un événement est heureux ou malheureux pour eux.
Rabbi Eléazar dit : Les paroles : « ... Partout où elles sont conduites par la volonté de celui qui les gouverne » signifient que le Saint, béni soit-il, tourne en quelque sorte la roue des événements. Lorsqu'un événement se produit dans ce monde, les hommes croient que cet événement durera toujours ; mais, en un clin d'œil, le Saint, béni soit-il, tourne la roue : et un autre événement se produit, diamétralement opposé au premier. Le mot « bethah boulothav » est écrit au singulier, sans Yod, parce que le Saint, béni soit-il, ressemble à un potier qui donne au vase la forme qu'il veut, à l'aide du tour, et qui modifie la grandeur du vase à sa volonté. Le Saint, béni soit-il, modifie également ses œuvres à l'aide du tour. Le mot « bethah boulothav » est écrit sans Yod, parce qu'il désigne le monde ici-bas qui constitue le tour de Dieu. Les hommes, ici-bas, forment eux-mêmes le tribunal qui prononce les arrêts de leur bonheur oui de leur malheur. Si les hommes se tournent du côté, droit et font des bonnes œuvres, les événements sont tous heureux pour eux. Mais si les homme s se tournent du côté gauche, [...]
(Ⅰ)
[109b]  
לְפָעֳלָם, בְּגִין פָּעֳלָם דִּבְנֵי נָשָׁא, כְּמָה דְאִנּוּן עָבְדִין עוֹבָדִין הָכִי מְהַפֵּךְ לוֹן. כֹּל אֲשֶׁר יְצַוֵּם עַל פְּנֵי תֵבֵל אָרְצָה. בְּגִין דְּעוֹבָדִין דִּבְנֵי נָשָׁא מְהַפֵּךְ לְאִנּוּן מְסִבּוֹת בְּכָל מַה דְּאִיהוּ פַּקִּיד לוֹן עַל פְּנִי תֵבֵל וְגו'.

רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַר וְהוּא מְסִבּוֹת מִתְהַפֵּךְ. הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְסַבֵּב סִבּוּבִין וְאַיְיתֵי עוֹבָדִין בְּעָלְמָא לְאִתְקָיְימָא, וּלְבָתַר דְּחֲשִׁיבוּ בְּנֵי נָשָׁא דְּיִתְקָיְימוּן אִנּוּן עוֹבָדִין, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְהַפֵּךְ לוֹן לְאִנּוּן עוֹבָדִין מִכְּמָה דְּהֲווּ בְּקַדְמִיתָא. בְּתַחְבּוּלוֹתָיו. בְּתַחְבּוּלָתוֹ כְּתִיב כְּהַאי אוֹמָנָא דְּעָבִיד מָאנִין דְּחַרְסָא. בְּעוֹד דְּהַהִיא טִיקְלָא אִסְתַּחֲרַת קַמֵיהּ. חָשִׁיב לְמֶעְבַּד כְּגַוְונָא דָּא עָבִיד. חָשִׁיב לְמֶעְבַּד כְּגַוְונָא אָחֳרָא עָבִיד. מְהַפֵּךְ מָאנָא דָּא לְמָאנָא דָא, בְּגִין דְּהַהוּא טִיקְלָא אִסְתַּחֲרַת קַמֵּיהּ. כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְהַפֵּךְ עוֹבָדוֹי דְּאִיהוּ עָבִיד.

בְּתַחְבּוּלֹתָו חָסֵר יו''ד, וּמַאן אִיהוּ, דָּא בֵּי דִינָא לְתַתָּא דְּאִיהוּ טִקְלָא דְּאִסְתַּחֲרַת קַמֵּיהּ, וְעַל דָּא מְהַפֵּךְ מָאנִין מִמָּאנָא דָא לְמָאנָא אָחֳרָא. וְכָל דָּא כְּפִי פָּעֳלָם דִּבְנֵי נָשָׁא, אִי מְטִיבִין בְּנֵי נָשָׁא עוֹבָדֵיהוֹן, הַהוּא טִקְלָא דְּסַחֲרָא אַסְחָרַת לוֹן לְיָמִינָא, וּכְדֵין אִתְעֲבִידוּ עוֹבָדִין בְּעָלְמָא לְאוֹטָבָא לוֹן כְּדְקָא יְאוּת. וְטִיקְלָא אַסְחָרַת תָּדִיר וְלָא שָׁכִיךְ בְּהַהוּא סִטְרָא דְּיָמִינָא וְעָלְמָא מִתְגַּלְגְּלָא בֵּיהּ. אָתוּ בְּנֵי נָשָׁא לְאַבְאָשָׁא,
- [...] [texte absent] [...] (Ⅰ)
[110a]  
לְפָעֳלָם, בְּגִין פָּעֳלָם דִּבְנֵי נָשָׁא, כְּמָה דְאִנּוּן עָבְדִין עוֹבָדִין הָכִי מְהַפֵּךְ לוֹן. כֹּל אֲשֶׁר יְצַוֵּם עַל פְּנֵי תֵבֵל אָרְצָה. בְּגִין דְּעוֹבָדִין דִּבְנֵי נָשָׁא מְהַפֵּךְ לְאִנּוּן מְסִבּוֹת בְּכָל מַה דְּאִיהוּ פַּקִּיד לוֹן עַל פְּנִי תֵבֵל וְגו'.

רַבִּי אֶלְעָזָר אָמַר וְהוּא מְסִבּוֹת מִתְהַפֵּךְ. הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְסַבֵּב סִבּוּבִין וְאַיְיתֵי עוֹבָדִין בְּעָלְמָא לְאִתְקָיְימָא, וּלְבָתַר דְּחֲשִׁיבוּ בְּנֵי נָשָׁא דְּיִתְקָיְימוּן אִנּוּן עוֹבָדִין, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְהַפֵּךְ לוֹן לְאִנּוּן עוֹבָדִין מִכְּמָה דְּהֲווּ בְּקַדְמִיתָא. בְּתַחְבּוּלוֹתָיו. בְּתַחְבּוּלָתוֹ כְּתִיב כְּהַאי אוֹמָנָא דְּעָבִיד מָאנִין דְּחַרְסָא. בְּעוֹד דְּהַהִיא טִיקְלָא אִסְתַּחֲרַת קַמֵיהּ. חָשִׁיב לְמֶעְבַּד כְּגַוְונָא דָּא עָבִיד. חָשִׁיב לְמֶעְבַּד כְּגַוְונָא אָחֳרָא עָבִיד. מְהַפֵּךְ מָאנָא דָּא לְמָאנָא דָא, בְּגִין דְּהַהוּא טִיקְלָא אִסְתַּחֲרַת קַמֵּיהּ. כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְהַפֵּךְ עוֹבָדוֹי דְּאִיהוּ עָבִיד.

בְּתַחְבּוּלֹתָו חָסֵר יו''ד, וּמַאן אִיהוּ, דָּא בֵּי דִינָא לְתַתָּא דְּאִיהוּ טִקְלָא דְּאִסְתַּחֲרַת קַמֵּיהּ, וְעַל דָּא מְהַפֵּךְ מָאנִין מִמָּאנָא דָא לְמָאנָא אָחֳרָא. וְכָל דָּא כְּפִי פָּעֳלָם דִּבְנֵי נָשָׁא, אִי מְטִיבִין בְּנֵי נָשָׁא עוֹבָדֵיהוֹן, הַהוּא טִקְלָא דְּסַחֲרָא אַסְחָרַת לוֹן לְיָמִינָא, וּכְדֵין אִתְעֲבִידוּ עוֹבָדִין בְּעָלְמָא לְאוֹטָבָא לוֹן כְּדְקָא יְאוּת. וְטִיקְלָא אַסְחָרַת תָּדִיר וְלָא שָׁכִיךְ בְּהַהוּא סִטְרָא דְּיָמִינָא וְעָלְמָא מִתְגַּלְגְּלָא בֵּיהּ. אָתוּ בְּנֵי נָשָׁא לְאַבְאָשָׁא,
- [...] tous les événements sont malheureux pour eux. Le Saint, béni soit-il, ne produit pas de bons événements et de mauvais ; le Saint, béni soit-il, est le potier qui met l'argile sur le tour ; le monde d'ici-bas constitue ce tour ; la forme du vase est subordonnée à la tournure du tour.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, a maintes fois produit dans le monde des événements qui paraissent multiples et de natures différentes, mais qui, en réalité, n'avaient qu'une seule cause et une même origine céleste. Dieu s'attacha Abraham ; celui- ci enfanta Ismaël avant d'être circoncis ; à cette époque Abraham était encore à un degré inférieur, parce qu'il n'était pas encore marqué du signe de l'Alliance sacrée. Ensuite, le Saint, béni soit-il, sembla produire un autre événement ; car Abraham s'était circoncis, entra dans l'Alliance et compléta son nom de la lettre Hé ; il s'est ainsi attaché au Hé supérieur (32), et est entré dans le mystère par lequel l'eau émane de l'air (33) . Mais après qu'Abraham fut entré dans l'Alliance et qu'il se fut circoncis, il enfanta Isaac qui devint la souche de la postérité sainte ; c’est alors qu'Abraham s'attacha au mystère d'en haut par lequel le feu émane de l'eau.
C’est pourquoi l’Écriture (Jér., II, 31) dit : « Et moi je t'avais plantée comme une vigne choisie où je n'avais mis que de bon plant, etc. » Ainsi, bien qu'en apparence la naissance d'Ismaël et celle d'Isaac constituent deux événements de nature différente, elles n'ont en réalité qu’une seule cause et une même origine.
Remarquez que l'union de Lot avec ses filles donna naissance à deux peuples (34) qui, dès leur origine, se sont divisés, chacun ayant pris une direction différente. C'est de ce fait également qu'il résulte que le Saint, béni soit-il, [...]
(Ⅰ)
[110b]  
תַּחְבּוּלָתוֹ דְּאַסְחַר תָּדִיר וְהֲוָה קָיְימָא בְּאַסְחָרוּתָא דְּיָמִינָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַסְחַר לֵיהּ בְּסִטְרָא דִּשְׂמָאלָא וּמְהַפֵּךְ מְסִבּוֹת וּמָאנִין דְּהֲווּ בְּקַדְמִיתָא לְהַהוּא סְטַר שְׂמָאלָא.

וּכְדֵין טִקְלָא אַסְחָרָא וְאִתְעֲבִידוּ עוֹבָדִין בְּעָלְמָא לְאַבְאָשָׁא לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא. וְטִקְלָא אַסְחַר לְהַהוּא סִטְרָא עַד דִּבְנֵי נָשָׁא תָּיְיבִין לְאוֹטָבָא עוֹבָדֵיהוֹן. וְטִקְלָא קָיְימָא בְּעוֹבָדִין דִּבְנֵי נָשָׁא. וְעַל דָּא בְּתַחְבּוּלָתוֹ לְפָעֳלָם, וְלָא קָיְימָא תָּדִיר.

תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּרַם סִבּוּבִין וְעוֹבָדִין בְּעָלְמָא בְּגִין לְמֶעְבַּד כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת. וְכֹלָּא נָפְקָא מֵעִקָּרָא וְשָׁרְשָׁא דִּלְעֵילָא. אַקְרִיב אַבְרָהָם לְגַבֵּיהּ, נָפַק מִנֵּיהּ יִשְׁמָעֵאל דְּלָא הֲוָה אַבְרָהָם גָּזִיר כַּד נָפַק מִנֵּיהּ, בְּגִין דְּאִיהוּ לְתַתָּא וְלָא אִשְׁתְּלִים בְּאָת קְיָימָא קַדִּישָׁא.

לְבָתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סִבֵּב סִבּוּבִין בְּתַחְבּוּלוֹתָיו וְאִתְגְּזַר אַבְרָהָם וְעָאל בַּבְּרִית וְאִשְׁתְּלִים בִּשְׁמֵיהּ וְאִקְרֵי אַבְרָהָם, וְה' (צו א) עִלָּאָה אַעֲטָרַת לֵיהּ בְּרָזָא דְּמַיִם (לא א) מֵרוּחַ. כֵּיוָן דְּרָזָא (דברי הימים א) אִשְׁתְּלִים וְאִתְגְּזַר, נָפַק מִנֵּיהּ יִצְחָק וְהֲוָה זַרְעָא קַדִּישָׁא וְאִתְקַשַּׁר לְעֵילָא בְּרָזָא דְּאֵשׁ מִמַּיִם, וְעַל דָּא כְּתִיב, (ירמיהו ב׳:כ״א) וְאָנֹכִי נְטַעְתִּיךְ שׂוֹרֵק כֻּלּה זֶרַע אֱמֶת. וְלָא אִתְקְשַׁר בְּהַהוּא סִטְרָא אָחֳרָא.

תָּא חֲזֵי, לוֹט נָפְקוּ מִנֵּיהּ וּמִבְּנָתֵיהּ תְּרִין אוּמִין מִתְפָּרְשָׁן, וְאִתְקְשָׁרוּ בְּהַהוּא סִטְרָא דְּאִתְחֲזֵי לוֹן, וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְסַבֵּב
- [...] produit les événements en tournant la roue, événements divers en apparence, mais en réalité intimement liés les uns aux autres, ayant une même cause et une même origine.
Remarquez qu'il eût été plus digne de Lot, que le Saint, béni soit-il, eût permis que ce fût l'union de Lot avec sa femme qui donnât naissance à ces deux peuples ; mais, dans les desseins de Dieu, il était indispensable que ces deux peuples prissent naissance de l'union de Lot avec ses propres filles et qu'ils dussent le jour à l'ébriété de Lot, causée par le vin. Le vin dont les filles de Lot se sont servies pour enivrer leur père a été trouvé, cette nuit, par l'effet d'un miracle, dans leur caverne. C'est dans ce fait que consiste la naissance de ces deux peuples ; le vin, qui était la cause première de leur naissance, était de même nature que celui qui enivra Noé ainsi qu’il est écrit (Gen., IX, 21) : « Et il but du vin, s'enivra et parut nu dans sa tente. » Ce mystère a été déjà expliqué (35).
Remarquez que c'étaient les filles de Lot qui avaient donné des noms à leurs enfants. Le nom de Moab avait pour raison qu'il exprime l'origine de la naissance de l'enfant : Moab veut dire « du père ».
Rabbi Yossé dit : L'aînée des filles a fait preuve d'insolence en donnant à son fils un nom propre à faire connaître à tout le monde quelle l'a engendré de son propre père ; alors que la cadette, au contraire, a agi avec plus de pudeur en donnant à son fils le nom de « fils de mon peuple » (ben ami), sans désigner de manière plus explicite qui a donné le jour à son enfant.
Remarquez que, pour la première fille, l’Écriture (Gen., XIX, 33) dit : « Et il ne s'est aperçu ni quand elle se coucha, ni quand elle se leva (oubqoumà). » Le mot « oubqoumâ » est écrit avec un Vav pourvu d'un point supérieur, afin de nous indiquer que ce fait s'est accompli avec l'aide d'en haut, attendu que cet enfant était prédestiné à constituer la souche du Roi Messie ; c'est pourquoi le mot est augmenté d'un Vav. Mais chez la cadette, l'Écriture se sert du mot « oubqoumâ » sans Vav, parce que le Saint, béni soit-il, ne devait trouver aucune part dans la génération descendue de la cadette ; telle est la raison du Vav supplémentaire qu'on trouve chez l'aînée, ainsi que du point supérieur dont il est pourvu.
Rabbi Siméon dit : Par les mots : « ... Et il ne sut ni quand elle se coucha ni quand elle se leva », l'Écriture nous indique que Lot ne savait pas que le Saint, béni soit-il, avait prédestiné l'enfant qui devait naître de cette union, à former la souche du roi David, de Salomon, d'autres rois encore, et enfin du Roi Messie. Le mot « oubqoumà » est en outre une allusion aux paroles du verset (Ruth, III, 14) suivant : « Et elle se leva (vathaqam) le matin avant que les hommes se pussent entre-connaître. » C'était en ce jour-là que la fille de Lot s'était levée réellement, c'est-à-dire qu’elle a été élevée à un haut degré ; [...]
(Ⅰ)
[111a]  
סִבּוּבִין וּמְגַלְגֵּל גִּלְגּוּלִין בְּעָלְמָא דְּיִתְעֲבִיד כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת וְיִתְקַשַּׁר כֹּלָּא בְּאַתְרֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, יָאוֹת הֲוָה לְלוֹט דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָפִיק מִנֵּיהּ (ומבנתיה) וּמֵאִתְּתֵיהּ תְּרִין אוּמִין אִלֵּין, אֶלָּא בְּגִין לְאִתְקַשָּׁרָא בְּאַתְרַיְיהוּ דְּאִתְחֲזֵי לְהוּ. וְאִתְעֲבִידוּ מִגּוֹ יֵינָא, וְהַהוּא יֵינָא אִזְדַּמַּן לְהוֹן בַּמְּעַרְתָּא הַהִיא לֵילְיָא, וְדָא הוּא רָזָא דְּאִתְעֲבִידוּ כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וְהָא אִתְּמָר וְאוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, מוֹאָב וְעַמּוֹן אִנּוּן קָרָאן לוֹן שְׁמָהָן, מוֹאָב מֵאָב. רַבִּי יוֹסֵי אָמַר בְּכִירָה בַּחֲצִיפוּ אָמְרָה מוֹאָב, מֵאַבָּא הוּא. וְהַצְּעִירָה גַּם הִיא יָלְדָה בֵּן וַתִּקְרָא שְׁמוֹ בֶּן עַמִּי. בִּצְנִיעוּ אָמְרָה בֶּן עַמִּי. בַּר עַמִּי, וְלָא אָמְרָה מִמָּאן הֲוָה. תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב וְלָא יָדַע בְּשִׁכְבָהּ וּבְקוּמָהּ בְּוא''ו וְנָקוּד עַל וא''ו, בְּגִין דְּסִיּוּעָא דְּעֵילָא הֲוָה אִשְׁתְּכַח בְּהַהוּא עוֹבָדָא דְּזַמִּין מַלְכָּא מְשִׁיחָא לְנָפְקָא מִנֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ אִשְׁתְּלִים הָכָא בְּוא''ו. וּבְאָחֳרָא כְּתִיב וּבְקֻמָּהּ חָסֵר וי''ו, בְּגִין דְּלָא נָפַק מִינָּהּ חוּלְקָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּהַאי אָחֳרָא, וְעַל דָּא כְּתִיב בְּהַאי אָחֳרָא קְשִׁישָׁא וּבְקוּמָהּ בְּוא''ו מָלֵא וְנָקוּד עֲלָהּ.

רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, לָא יְדַע דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאוֹקְמָא מִינָהּ דָּוִד מַלְכָּא וּשְׁלֹמֹה וְכָל שְׁאָר מַלְכִין וּמַלְכָּא מְשִׁיחָא. תּוּ וּבְקוּמָהּ, דִּכְתִיב בְּרוּת (רות ג) וַתָּקָם בְּטֶרְם יַכִּיר אִישׁ אֶת רֵעֵהוּ וְגו'. וּבְהַהוּא יוֹמָא הֲוָה לָהּ קִימָה וַדַּאי
- [...] son élévation date en effet du jour où Ruth s'unit à Booz (36), afin de faire revivre le nom du défunt dans son héritage ; c'est à partir de ce jour qu'elle a été jugée digne de donner naissance à tous ces rois et à tous les grands dans Israël : L'Écriture dit: « ... Et il ne savait quand elle se coucha » C’est une allusion à Ruth dont l'Écriture (Ruth, III, 14) dit : « Elle dormit à ses pieds jusqu’à ce que la nuit fût passée » De même, le terme « ni quand elle se leva » est une allusion à Ruth dont l'Écriture a dit : «Et elle se leva le matin avant que (beterom) les hommes se pussent entre-connaître. » C'est pour cette raison que le vav du mot« oubqoumâ » est pourvu d'un point supérieur.
Remarquez que la modestie d'Abraham était telle, qu'alors même que le Saint, béni soit-il, lui avait annoncé les châtiments résolus pour Sodome, il n'a pas demandé grâce pour Lot. Et ensuite l'Écriture (Gen., XIX, 28) nous apprend : « Et il vit les cendres enflammées qui s'élevaient de la terre comme la fumée d'une fournaise. » Même en voyant cela, Abraham n'a pas demandé grâce pour Lot et n'en a pas même parlé au Saint, béni soit-il. Dieu, à son tour, n'en a point parlé à Abraham, pour que celui-ci ne pût croire que le sauvetage de Lot devrait avoir pour conséquence d'amoindrir la récompense méritée par lui-même (37). Que l'on ne s'imagine pas qu'Abraham n'avait à cœur le sauvetage de Lot ; au contraire, il l'avait tellement à cœur qu'il exposa sa vie pour lui en livrant bataille à cinq rois puissants, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIV, 14) : « Abram ayant su que Lot son frère avait été fait prisonnier, etc. » ; et un peu plus bas (Gen., XIV, 15) : « Il forma deux corps de ses alliés, et il fondit sur ses ennemis durant la nuit, etc. » ; et encore plus loin (Gen., XIV, 16) : « Il ramena avec lui tout le butin qu'ils avaient pris, Lot son frère avec tout ce qui était à lui. » Mais comme Abraham aimait le Saint, béni soit-il, et comme, d'autre part, il avait constaté que la conduite de Lot n'était pas assez convenable, il ne voulait pas que le Saint, béni soit-il, accordât en sa faveur la grâce à Lot ; et c'est pourquoi il n'a pas prié pour celui-ci, ni au commencement, ni à la fin.
Il est écrit (Gen., XX, 1) : « Et Abraham est parti de là pour le pays du midi.» Tous les voyages d'Abraham étaient dirigés du côté sud ; [...]
(Ⅰ)
[111b]  
אִתְחַבַּר עִמָּהּ בֹּעַז לְהָקִים שֵׁם הַמֵּת עַל נַחֲלָתוֹ, וְאִתָּקַם מִנָּהּ כָּל הַנֵּי מַלְכִין וְכָל עִלּוּיָא דְיִשְׂרָאֵל. וְלא יָדַע בְּשִׁכְבָהּ דִּכְתִיב וַתִּשְׁכַּב מַרְגְּלוֹתָיו עַד הַבֹּקֶר. וּבְקוּמָהּ דִּכְתִיב וַתָּקָם בְּטֶרֶם יַכִּיר אִישׁ אֶת רֵעֵהוּ וְגו'. בְּגִין כָּךְ וּבְקוּמָהּ נְקוּד וא''ו.

תָּא חֲזֵי, (קה ע''א) עִנְוְתָנוּתָא דְאַבְרָהָם דְּהָא אֲפִילּוּ בְּקַדְמִיתָא כַּד בָּעָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֶעְבַּד דִּינָא בִּסְדוֹם לָא בָעָא מִנֵּיהּ רַחֲמֵי עַל לוֹט (דהא), לְבָתַר דִּכְתִיב וַיַּרְא וְהִנֵּה עָלָה קִיטֹר הָאָרֶץ כְּקִיטֹר הַכִּבְשָׁן לָא תָבַע עֲלֵיהּ דְּלוֹט וְלָא אָמַר עֲלֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּלוּם, אוּף הָכִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא אָמַר לֵיהּ מִידִי, בְּגִין דְּלָא יַחֲשֹׂב אַבְרָהָם דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּרַע מִזְכוּתֵיהּ כְּלוּם.

וְאִי תֵימָא דְּאַבְרָהָם לָא הֲוָה חָשִׁיב לֵיהּ לְלוֹט בְּלִבֵּיהּ כְּלוּם, הָא מָסַר נַפְשֵׁיהּ לְמֵיהַךְ לְאַגָּחָא קְרָבָא בַּחֲמִשָּׁה מְלָכִין תַּקִּיפִין, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית י״ד:י״ד) וַיִּשְׁמַע אַבְרָם כִּי נִשְׁבָּה אָחִיו וְגו'. וּכְתִיב וַיֵּחָלֵק עֲלֵיהֶם לַיְלָה. וּכְתִיב וַיָּשֶׁב אֵת כָּל הָרְכֻשׁ וְגַם אֶת לוֹט אָחִיו וּרְכֻשׁוֹ הֵשִׁיב וְגו'. אֲבָל בִּרְחִימוּתָא דִּרְחִים לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְחָמָא עוֹבָדוֹי דְלוֹט דְּלָא כַשְׁרָן כְּדְקָא יְאוּת, לָא בָעָא אַבְרָהָם דִּבְגִינֵיהּ יִשְׁבּוֹק קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּלוּם מִדִּילֵיהּ, וּבְגִינֵי כָךְ לָא תָבַע עֲלֵיהּ רַחֲמֵי לָא בְּקַדְמִיתָא וְלָא בְסוֹפָא:

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

וַיַּעַל לוֹט מִצּוֹעַר וְגו'. אָמַר רַבִּי אַבָּהוּ, בֹּא וּרְאֵה מַה כְּתִיב בַּיֵּצֶּר הָרָע, תֵּדַע לְךָ שֶׁאֵינוֹ מִתְבַּטֵל לְעוֹלָם מִבְּנֵי אָדָם עַד אוֹתוֹ זְמַן דִּכְתִיב, (יחזקאל ל״ו:כ״ו) וַהֲסִרֹתִי אֶת לֵב הָאֶבֶן וגו'. שֶׁאַף עַל פִּי שֶׁרוֹאֶה בְּנֵי אָדָם נִדּוֹנִין בַּגֵּיהִנָּם, הוּא בָּא וְחוֹזֵר לוֹ אֵצֶּל בְּנֵי אָדָם, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיַּעַל לוֹט מִצּוֹעַר. מִצַּעֲרָהּ שֶׁל גֵּיהִנֹּם מִשָּׁם עוֹלֶה לְפַתּוֹת בְּנֵי אָדָם.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה שָׁלשׁ הַנְהָגוֹת יִשׁ בָּאָדָם, הַנְהָגַת הַשֵּׂכֶל וְהַחָכְמָה וזוֹ הִיא

כֹּחַ הַנְּשָׁמָה הַקְּדוֹשָׁה. וְהַנְהָגַת הַתַּאֲוָה שֶׁהִיא מִתְאַוָּה בְּכָל תַּאֲוֹת רָעוֹת, וזֶהוּ כֹּחַ הַתַּאֲוָה. וְהַהַנְהָגָה הַמַנְהֶגֶת לִבְנֵי אָדָם וּמְחַזֶּקֶת הַגּוּף וְהִיא נִקְרֵאת נֶפֶשׁ הַגּוּף, אָמַר רַב דִּימִי זֶהוּ כֹּחַ הַמַּחֲזִיק.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה בֹּא וּרְאֵה לְעוֹלָם אֵין יֵצֶּר הָרָע שׁוֹלֵט אֶלָּא בְּאֵלּוּ ב' כֹּחוֹת אִלֵּין דְּאֲמָרָן, נֶפֶשׁ הַמִּתְאַוָּה הִיא הָרוֹדֶפֶת אַחַר יִצֶּר הָרָע לְעוֹלָם, מַשְׁמַע דִּכְתִיב וַתֹּאמֶר הַבְּכִירָה אֶל הַצְּעִירָה אָבִינוּ זָקֵן. נֶפֶשׁ הַמִּתְאַוָּה הִיא מְעוֹרֶרֶת אֶת הָאַחֶרֶת וּמְפַתָּה אוֹתָהּ עִם הַגּוּף לְהִדָּבֵק בַּיֵּצֶּר הָרָע, והִיא אוֹמֶרֶת לְכָה נַשְׁקֶה אֶת אָבִינוּ יַיִן וְנִשְׁכְּבָה עִמּוֹ. מַה יִּשׁ לָנוּ בָּעוֹלָם הַבָּא, נֵלֵךְ וְנִרְדֹּף אַחַר יִצֶּר הָרָע וְאַחַר תְּשׁוּקַת חֶמְדַת הָעוֹלָם הַזֶּה. וּמַה עוֹשׂוֹת, שְׁתֵּיהֶן מַסְכִּימוֹת לְהִדָּבֵק בּוֹ, מַה כְּתִיב וַתַּשְׁקֶיןָ אֶת אֲבִיהֶן יַיִן מִתְפַּטְמוֹת לְהִתְעוֹרֵר לְיִּצֶּר הָרָע בַּאֲכִילָה וּבִשְׁתִיָּה.

וַתָּקָם הַבְּכִירָה וַתִּשְׁכַּב אֶת אָבִיהָ. כְּשֶׁאָדָם שׁוֹכֵב עַל מִטָתוֹ בַּלַּיְלָה, נֶפֶשׁ הַמִתְאַוָּה הִיא הַמְעוֹרֶרֶת לַיִּצֶּר הָרָע, וּמְהַרְהֶרֶת בּוֹ, והוּא דָּבֵק בְּכָל הִרְהוּר רָע עַד שֶׁמִּתְעַבֶּרֶת מְעַט (ס''א ממנו) (ד''א ל''ג על) (נ''א עד) שֶׁמֵּבִיא בְּלֵב הָאָדָם אוֹתָהּ הַמַּחֲשָׁבָה הָרָעָה וּדְבֵקָה בּוֹ, וַעֲדַיִן יִשׁ בְּלִבּוֹ וְלֹא נִגְמַר לַעֲשׂוֹתָהּ עַד שֶׁזֹּאת הַתַּאֲוָה מְעוֹרֶרֶת לְכֹחַ הַגּוּף כְּמִתְּחִלָּה לְהִדָּבֵק בַּיֵּצֶּר הָרָע ואָז הוּא תַּשְׁלוּם הָרָעָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַתַּהֲרֶיןָ שְׁתֵּי בְּנוֹת לוֹט

מֵאֲבִיהֶן. אָמַר רַבִּי יִצְּחָק מֵעוֹלָם אֵין יִצֶּר הָרָע מִתְפַּתֶּה אֶלָּא בַּאֲכִילָה וּשְׁתִיָּה, וּמִתּוֹךְ שִׂמְחַת הַיַּיִן אָז שׁוֹלֵט בָּאָדָם. בַּצַּדִּיק מַה כְּתִיב בֵּיהּ (משלי י״ג:כ״ה) צַּדִּיק אֹכֵל לְשׂבַע נַפְשׁוֹ. ואֵינוֹ מִשְׁתַּכֵּר לְעוֹלָם, דְאָמַר רַבִּי יְהוּדָה הַאי צּוּרְבָא מֵרַבָּנָן דְמַרְוִי, קָרֵינָא עֲלֵיהּ (משלי י״א:כ״ב) נֶזְם זָהָב בְּאַף חֲזִיר. וְלֹא עוֹד אֶלָּא שֶׁמְחַלֵּל שֵׁם שָׁמַיִם. מִנְהַג הָרְשָׁעִים מַהוּ (ישעיהו כ״ב:י״ג) הִנֵּה שָׂשׂוֹן וְשִׂמְחָה. הַיַּיִן אָז שׁוֹלֵט בָּאָדָם, הָרוֹג בָּקָר וְשָׁחוֹט צֹּאן וְגו'. עֲלֵיהֶם אָמַר הַכָּתוּב (משלי ה) הוֹי מַשְׁכִּימֵי בַבֹּקֶר שֵׁכָר יִרְדֹּפוּ וְגו'. כְּדֵי לְעוֹרֵר לַיִּצֶּר הָרָע, שֶׁאֵין יִצֶּר הָרָע מִתְעוֹרֵר אֶלָּא מִתּוֹךְ הַיַּיִן, הֲדָא הוּא דִּכְתִיב וַתַּשְׁקֶיןָ אֶת אֲבִיהֶן יַיִן. אָמַר רַבִּי אַבָּהוּ מַה כְּתִיב וְלֹא יָדַע בְּשִׁכְבָהּ וּבְקוּמָהּ. כְּלוֹמַר יֵצֶּר הָרָע אֵינוֹ מַשְׁגִּיחַ בָּהּ בְּשִׁכְבָהּ בָּעוֹלָם הַזֶּה וּבְקוּמָהּ לָעוֹלָם הַבָּא, אֶלָּא מִתְעוֹרֵר עִם כֹּחַ הַגּוּף לַעֲבֹד תַּאֲוָתוֹ בָּעוֹלָם הַזֶּה. דְּאָמַר רַבִּי אַבָּהוּ בְּשָׁעָה שֶׁנִּכְנָסִין הָרְשָׁעִים בַּגֵּיהִנָּם מַכְנִיסִים לַיֵּצֶּר הָרָע לִרְאוֹת בָּהֶן, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְלוֹט בָּא צֹּעֲרָה לְצַּעֲרָהּ שֶׁל גֵּיהִנֹּם, וְנָפַק לֵיהּ מִתַּמָּן לִבְרִיָּיתָא לְנַסּוּתָא כִּדְקָאֲמָרָן. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיַּעַל לוֹט מִצּוֹעַר מִצַּעֲרָהּ שֶׁל גֵּיהִנֹּם.

וַיִּשֶׁב בָּהָר, אָמַר רַבִּי יִצְּחָק מַשְׁמַע דִּכְתִיב בָּהָר מְלַמֵּד שֶׁהוּא שָׁם מוֹשָׁבוֹ בְּמָקוֹם הָר. גּוּף שֶׁהוּא חָרֵב כָּהָר דְּלֵית בֵּיהּ טִיבוּתָא. וּשְׁתֵּי בְּנוֹתָיו עִמּוֹ. אֵלּוּ הַב' כֹּחוֹת דְּאֲמָרָן. כִּי

יָרֵא לָשֶׁבֶת בְּצּוֹעַר, יִרְאָה וַחֲרָדָה נוֹפֶלֶת עָלָיו בְּשָׁעָה שֶׁרוֹאֶה צַּעַר גֵּיהִנֹּם שֶׁמְצַּעֲרִין לָרְשָׁעִים וְחוֹשֵׁב שֶׁשָּׁם יִדּוֹן, כֵּיוָן שֶׁרוֹאֶה שֶׁאֵינוֹ נִדּוֹן שָׁם יוֹצֵּא וְהוֹלֵךְ לְפַתּוֹת בְּנֵי אָדָם אַחֲרָיו. רַב הוּנָא כַּד הֲוָה דָּרִישׁ לְאִזְדַּהֲרָא לִבְנֵי אָדָם, הֲוָה אָמַר לְהוּ בָּנַי אִסְתַּמָּרוּ מִשְׁלִיחָא שֶׁל גֵּיהִנֹּם, וּמַאן הוּא זֶהוּ יֵצֶּר הָרָע שֶׁהוּא שָׁלִיחַ שֶׁל גֵּיהִנֹּם.

רַבִּי אַבָּא אָמַר מַאי דִכְתִיב, (משלי ל׳:ט״ו) לַעֲלוּקָה שְׁתֵּי בָנוֹת הַב הַב. אֵלּוּ שְׁתֵּי בְּנוֹת לוֹט דְּאֲמָרָן, שֶׁהִיא נֶפֶשׁ הַמִּתְאַוּה, וְנֶפֶשׁ הַמִּשְׁתַּתֶּפֶת בַּגּוּף הָרוֹדֶפֶת אַחַר יִצֶּר הָרָע לְעוֹלָם. אָמַר רַבִּי יְהוֹשֻׁעַ כְּתִיב הָכָא בְּלוֹט כִּי יָרֵא לָשֶׁבֶת בְּצּוֹעַר, וּכְתִיב הָתָם לַעֲלוּקָה שְׁתֵּי בָנוֹת הַב הַב. יָרֵ''א בְּגִימַטְרִיָּא הוּא עֲלוּקָ''ה. אָמַר רַבִּי יִצְּחָק אִי יָרֵא הוּא לְמַאי אָתֵי לְמִטְעֵי בְּרִיָּיתָא, אֶלָּא כָּךְ דֶּרֶךְ כָּל עוֹשֵׂה עַוְלָה, כְּשֶׁרוֹאֶה הָרָע מִתְיָרֵא לְפִי שָׁעָה, מִיָּד חוֹזֵר לְרִשְׁעָתוֹ ואֵינוֹ חוֹשֵׁשׁ לִכְלוּם, כָּךְ יֵצֶּר הָרָע בְּשָׁעָה שֶׁרוֹאֶה דִּין בָּרְשָׁעִים יָרֵא, כֵּיוָן שֶׁיּוֹצֵּא לַחוּץ (לעשות) אֵינוֹ חוֹשֵׁשׁ כְּלוּם.

רַבִּי אַבָּא אָמַר מַּהוּ דְּאֲמָּרוּ וַתֹּאמֶר הַבְּכִירָה אֶל הַצְּעִירָה אָבִינוּ זָקֵן. מַאי אָבִינוּ זָקֵן. זֶהוּ יֵצֶּר הָרָע שֶׁנִּקְרָא זָקֵן שֶׁנֶּאֱמַר (קהלת ד׳:י״ג) מֶלֶךְ זָקֵן וּכְסִיל. שֶׁהוּא זָקֵן שֶׁנּוֹלַד עִם הָאָדָם, דְּתָנִינָן אָמַר רַבִּי יְהוּדָה אָמַר רַבִּי יוֹסֵי אוֹתָהּ נֶפֶשׁ הַמִּתְאַוָּה אוֹמֶרֶת לָאַחֶרֶת אָבִינוּ זָקֵן נִרְדֹּף אַחֲרָיו וְנִדְבַּק

בּוֹ כִּשְׁאָר כָּל הָרְשָׁעִים שֶׁבָּעוֹלָם. ואִישׁ אֵין בָּאָרֶץ לָבֹא עָלֵינוּ, אֵין אִישׁ צַּדִּיק בָּאָרְץ, וְאֵין אִישׁ שַׁלִּיט עַל יִצְּרוֹ, הַרְבֵּה רְשָׁעִים בָּאָרֶץ, לֵית אֲנַן בִּלְחוֹדָנָא חַיָּיבִין, נַעֲשֶׂה כְּדֶרֶךְ כָּל הָאָרֶץ שֶׁהֵם חַיָּיבִים, שֶׁעַד הַיּוֹם דֶּרֶךְ כָּל הָאָרֶץ הוּא. לְכָה נַשְׁקֶה אֶת אָבִינוּ יַיִן, נִשְׂמַח בָּעוֹלָם הַזְּה, נֹאכַל ונִשְׁתֶּה וְנִרְוְה חַמְרָא וְנִדְבַּק בְּאָבִינוּ בַּיִצֶּר הָרָע ונִשְׁכְּבָה עִמּוֹ. וְרוּחַ הַקֹּדֶשׁ צּווַֹחַת וְאוֹמֶרֶת (ישעיהו כ״ח:ז׳) גַּם אֵלֶּה בַּיַּיִן שָׁגוּ וּבַשֵּׁכָר תָּעוּ.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב ותַּשְׁקֶיןָ אֶת אֲבִיהֶן יַיִן. דֶּרֶךְ הָרְשָׁעִים לִטְעוֹת אַחֲרֵי הַיַּיִן לְפַנֵּק לַיֵצֶּר הָרָע וּלְעוֹרְרוֹ, ועַד שֶׁהוּא שָׂמֵחַ בְּשִׁכְרוּתוֹ שׁוֹכֵב עַל מִטָתוֹ, מִיָּד וַתָּקָם הַבְּכִירָה וַתִּשְׁכַּב אֶת אָבִיהָ. הִיא מְזְמֶּנֶת עִמּוֹ וּמִתְאַוָּה וּמְהַרְהֶרֶת בְּכָל הִרְהוּרִים רָעִים, ויֵצֶּר הָרָע מִתְחַבֵּר עִמָּהּ וְנִדְבַּק בָּהּ ואֵינוֹ מַשְׁגִּיחַ בָּהּ (ס''א מההוא זמנא) מַה הוּא מִמֶּנָּהּ. בְּשִׁכְבָהּ וּבְקוּמָהּ. בְּשִׁכְבָהּ בָּעוֹלָם הַזְּה וּבְקוּמָהּ לֶעָתִיד לָבֹא. בְּשִׁכְבָהּ בָּעוֹלָם הַבָּא כְּשֶׁתִּתֵּן דִּין וחֶשְׁבּוֹן. וּבְקוּמָהּ לְיוֹם הַדִּין דִּכְתִיב, (דניאל י״ב:ב׳) וְרַבִּים מִיְּשֵׁנֵי אַדְמַת עָפָר יָקִיצּוּ וְגו'.

בְּשׁוּם עִנְיָן מֵאֵלּוּ אֵין מַשְׁגִּיחַ בָּהּ יִצֶּר הָרָע, אֶלָּא דָּבֵק בָּהּ והִיא נִדְבֶּקֶת בּוֹ, וּלְאַחַר כֵּן מְעוֹרֶרֶת לְאָחֳרָא לְאַחַר שֶׁהַהִרְהוּר גָּדוֹל נִדְבַּק בַּיִּצֶּר הָרָע, בָּאָה הָאַחֶרֶת וְנִדְבֶּקֶת בּוֹ וַתַּשְׁקֶיןָ אֶת

אֲבִיהֶן יָיִן. כְּמוֹ כֵן לְעוֹרֵר לַיִּצֶּר הָרָע וְנִדְבֶּקֶת בּוֹ ואֲזַי תַּשְׁלוּם הָרָעוֹת לַעֲשׂוֹת וּמִתְעַבְּרוֹת שְׁתֵּיהֶן מִיִּצֶּר הָרָע, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַתַּהֲרֶין שְׁתֵּי בְנוֹת לוֹט מֵאֲבֵיהֶן.

עַד שֶׁיָּצָּא לַפֹּעַל מַעֲשֵׂיהֶן זוֹ יוֹלֶדֶת רִשְׁעָתָהּ וזוֹ יוֹלֶדֶת רִשְׁעָתָהּ, וְכֵן דַּרְכָּם שֶׁל רְשָׁעִים בְּעִנְיַן זְה עִם יִצֶּר הָרָע, עַד שֶׁהוֹרֵג לָאָדָם וּמוֹלִיכוֹ לַגֵּיהִנֹּם וּמַכְנִיסוֹ שָׁם, וְאַחַר כָּךְ עוֹלֶה מִשָּׁם לְפַתּוֹת לִבְנֵי אָדָם כְּמוֹ כֵן. וּמִי שֶׁמַּכִּיר בּוֹ נִצֹּל מִמֶּנּוּ וְאֵינוֹ מִתְחַבֵּר עִמּוֹ.

אָמַר רַבִּי יִצְּחָק מָשָׁל לְמָה הַדָּבָר דּוֹמֶה, לְכַתְּ לִסְטִים שֶׁהָיוּ אוֹרְבִים בַּדְּרָכִים לִגְזֹל וְלַהֲרֹג לִבְנֵי אָדָם, וּמַפְרִישִׁים מֵהֶם אֶחָד שֶׁיּוֹדֵעַ לְהָסִית לִבְנֵי אָדָם וּלְשׁוֹנוֹ רַךְ, מֶה עָבִיד מַקְדִּים וְהוֹלֵךְ לְקַבְּלָם וְנַעֲשָׂה כְּעֶבֶד לִפְנֵיהֶם עַד שֶׁמַּאֲמִינִים הַטִפְּשִׁים בּוֹ וּבוֹטְחִים בְּאַהֲבָתוֹ וּבְשִׂיחָתוֹ וּשְׂמֵחִים עִמּוֹ, וּמוֹלִיכָם בְּחֵלֶק דְּבָרָיו בְּאוֹתוֹ הַדֶּרֶךְ שֶׁהַלִּסְטִים שָׁם, כֵּיוָן שֶׁמַּגִּיעַ עִמָּהֶם לְשָׁם, הוּא הָרִאשׁוֹן שֶׁהוֹרֵג בָּם, לְאַחַר שֶׁנּוֹתְנָם בְּיַד הַלִּסְטִים לְהָרְגָּם וְלָקַחַת מָמוֹנָם, וְאִנּוּן צָּוְוחִין וְאָמְרִין וַוי דַּאֲצִּיתְנָא לְדֵין וְלִרְכִּיכָא דְּלִישְׁנֵיהּ. לְאַחַר שֶׁהָרְגוּ אֵלֶּה, עוֹלֶה מִשָּׁם וְיוֹצֵּא לְפַתּוֹת לִבְנֵי אָדָם כְּמִתְּחִלָּה. הַפִּקְחִים מָה הֵם עוֹשִׂים כְּשֶׁרוֹאִים לָזֶה יוֹצֵּא לִקְרָאתָם וּמְפַתֶּה לָהֶם, מַכִּירִין בּוֹ שֶׁהוּא צּוֹדֶה אֶת נַפְשָׁם וְהוֹרְגִּים אוֹתוֹ וְהוֹלְכִים בְּדֶרֶךְ אַחֶרֶת.

כָּךְ הוּא יִצֶּר הָרָע יוֹצֵּא מִכַּתְ הַלִּסְטִים עוֹלֶה מִגֵּיהִנֹּם לְקָבְלָא דִּבְנֵי נָשָׁא וּלְפַתּוֹת לָהֶם בְּחֵלֶק מֶתֶק דְּבָרָיו, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיַּעַל לוֹט מִצּוֹעַר וַיִּשֶׁב בָּהָר וגו'. כְּמוֹ לִסְטִים לֶאֱרֹב לִבְנֵי אָדָם, מַה עוֹשֶׂה עוֹבֵר לִפְנֵיהֶם, וְהַטִפְּשִׁים מַאֲמֲינִים בּוֹ וּבְאַהֲבָתוֹ שֶׁהוּא הוֹלֵךְ לְפַתּוֹתָם וְעוֹבֵד לָהֶם כְּעֶבֶד, שֶׁנּוֹתֵן לָהֶם נָשִׁים יָפוֹת אֲסוּרוֹת, נוֹתֵן לָהֶם בְּנֵי אָדָם לְהָרַע, מְפָרֵק מֵהֶם עֹל תּוֹרָה וְעֹל מַלְכוּת שָׁמַיִם. הַטִפְּשִׁים רוֹאִים כָּךְ, בּוֹטְחִים בְּאַהֲבָתוֹ, עַד שֶׁהוֹלֵךְ עִמָּהֶם וּמוֹלִיכָם בְּאוֹתוֹ דֶּרֶךְ שֶׁהַלִּסְטִים שָׁם, בְּדֶרֶךְ גֵּיהִנֹּם אֲשֶׁר אֵין דֶּרֶךְ לִנְטוֹת יָמִין וּשְׂמֹאל, כֵּיוָן שֶׁמַּגִּיעַ עִמָּהֶם לְשָׁם, הוּא הָרִאשׁוֹן שֶׁהוֹרֵג לָהֶם, וְנַעֲשָׂה לָהֶם מַלְאַךְ הַמָּוְת וּמַכְנִיסָן לַגֵּיהִנֹּם, וּמוֹרִידִין לְהוֹן מַלְאֲכֵי חַבָּלָה, וְאִנּוּן צָּוְוחִין וְאָמְרִין וַוי דַּאֲצִּיתְנָא לְדֵין, וְלָא מְהַנְיָא לוֹן.

לְאַחַר כֵּן עוֹלֶה מִשָּׁם וְיוֹצֵּא לְפַתּוֹת לִבְנֵי אָדָם. הַפִּקְחִין כְּשֶׁרוֹאִין אוֹתוֹ מַכִּירִים אוֹתוֹ וּמִתְגַּבְּרִים עָלָיו עַד שֶׁשּׁוֹלְטִין עָלָיו, וסָאטִין מִזֶּה הַדֶּרֶךְ וְלוֹקְחִין דֶּרֶךְ אַחֶרֶת לְהִנָּצֵּל מִמֶּנּוּ.

רַב יוֹסֵף כַּד הֲוָה נָחִית לְבָבֶל חָמָא אִנּוּן רַוָּוקַיָא דְּהֲווּ עַיְילֵי וְנָפְקֵי בֵּינִי נַשֵּׁי שַׁפִּירִין ולָא חָטָאן, אָמַר לוֹן לָא מִסְתָּפוּ אִלֵּין מִיִצֶּר הָרָע, אָמְרוּ לֵיהּ לָא מִקּוֹנְדִיטוֹן בִּישָׁא קָאֲתֵינָא, מִקְדוּשָׁתָא דְּקַדִּישָׁא אִתְגַּזַּרְנָא, דְּאָמַר רַב יְהוּדָה אָמַר רַב צָּרִיךְ אָדָם לְקַדֵּשׁ עַצְּמוֹ בִּשְׁעַת תַּשְׁמִישׁ, וְנָפְקֵי מִנִּיהּ בְּנִי קַדִּישֵׁי בְּנִי מַעֲלֵי דְּלָא מִסְתָּפוּ מִיֵצֶּר הָרָע שֶׁנְּאֱמַר (ויקרא כ׳:ז׳) וְהִתְקַדִּשְׁתֶּם וִהְיִיתֶם קְדוֹשִׁים.

רַבִּי אַבָּא אָמַר מַאי דִכְתִיב, (יחזקאל כ׳:כ׳) וְאֶת שַׁבְּתוֹתַי קַדֵּשׁוּ, אֶלָּא אֵין עוֹנָתָן שֶׁל תַּלְמִּידֵּי חֲכָמִים אֶלָּא מִשַּׁבָּת לְשַׁבָּת, וּמַזְהַר לְהוּ דְּהוֹאִיל דְּתַשְׁמִישׁ הַמִּטָה דְּמִצְּוָה הוּא, קַדֵּשׁוּ. כְּלוֹמַר קַדְשׁוּ עַצְּמְכֶם בְּשַׁבְּתוֹתַי בְּהַהוּא תַּשְׁמִישׁ דְּמִצְּוה. אָמַר רַב יְהוּדָה אָמַר רַב הַאי מַאן דְּעָיִיל לְקַרְתָּא וְחָמֵי נַשֵּׁי שַׁפִּירָן, יַרְכִּין עֵינוֹי וְיֵימָא הָכִי, בָּךְ (נ''א סך) סָפָאן אִיגְזַר אִיגְזַרְנָא (קרדינא) קַרְדִיטָא תְּקִיל פּוּק פּוּק דְּאֲבוֹי קַדִּישָׁא דְּשַׁבַּתָּא הוּא. מַאי טַעְמָא דְּחֲמִימוּת דְּאָרְחָא שָׁלַט בֵּיהּ וְיָכִיל יִצֶּר הָרָע לְשָׁלְטָא עֲלוֹי, (עד כאן מדרש הנעלם)

וַיִּסַּע מִשָּׁם אַבְרָהָם אַרְצָה הַנֶּגֶב. כָּל מַטְלָנוֹי הֲווּ לְסִטְרָא דְּדָרוֹמָא
- [...] il avait préféré ce côté à tous les autres, parce que, en s'attachant au sud, il s'attachait à la sagesse. L'Écriture ajoute (Gen., XX, 2) : « Et Abraham dit, parlant de Sara sa femme, qu'elle était sa sœur. » Nous savons par une tradition que l'homme ne doit jamais compter sur un miracle ; et si le Saint, béni soit-il, fait une fois un miracle en faveur de quelqu'un, il ne faut pas que celui-ci compte toujours sur des miracles ; car les miracles ne sont pas renouvelés à chaque heure ; et si un homme s'expose à un danger dans l'espoir que Dieu l'on préservera miraculeusement, il est cause qu'on déduira cette faveur, si elle lui est accordée, de la récompense qu'il a méritée par ses œuvres précédentes, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXXII, 11) : « Je suis indigne de toutes tes miséricordes et de la vérité que tu as gardée envers ton serviteur. » Or, comment cela se fait-il qu'Abraham, qui avait été déjà, lors de son séjour en Égypte, préservé miraculeusement de toute atteinte en faisant passer Sara pour sa sœur, ait osé s'exposer de nouveau à un danger en faisant, pour la seconde fois, passer Sara pour sa sœur ? Mais, en vérité, Abraham n'avait nullement compté sur son propre mérite ; il avait vu la Schekhina demeurer constamment dans la tente de Sara, dont elle ne se sépara jamais, et il se confia à la Schekhina ; et c'est pourquoi il a dit: « C'est ma sœur », mots par lesquels il désignait la Schekhina appelée « sœur », ainsi qu'il est écrit (Prov., VII, 4) : « Dis à la Sagesse (Hocmâ) : « Tu es ma sœur.»
C'est pour cette raison qu'Abraham a dit : « C'est ma sœur. » Il est écrit (Gen., XX, 3) : « Et le Seigneur apparut à Abimelech, en songe, pendant une nuit, et lui dit : Tu seras puni de mort à cause de la femme que tu as enlevée, parce qu'elle a un mari. » Est-ce que le Saint, béni soit-il, apparaît également aux impies, ainsi que cela résulte du verset cité, de même que du verset suivant (Nomb., XXII, 9) : « Et le Seigneur vint à Balaam » , et encore du verset suivant (Gen., XXXI, 24) : « Et le Seigneur apparut à Laban en songe » ? Mais la vérité est que partout où il est question d'une apparition céleste aux impies, c'est un ange messager qui leur est envoyé du côté de la rigueur et qui prend, à cet effet, le nom du Seigneur ; c'est pourquoi l'Écriture dit : « Et le Seigneur apparut à Abimelech, en songe, pendant une nuit, etc. » .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XII, 19) : « La bouche véritable sera toujours ferme ; mais la langue mensongère ne sera pas de longue durée. » Les paroles : « La bouche véritable sera toujours ferme » désignent Abraham, dont toutes les paroles, les premières aussi bien que les dernières, ont été véritables ; et les paroles : « ...Mais la langue mensongère ne sera pas de longue durée » désignent Abimelech. D'abord, l'Écriture nous apprend qu'Abraham a dit, en parlant de Sara sa femme, qu'elle était sa sœur ; il désignait par ces paroles la Schekhina, qui était constamment avec Sara. Les paroles d'Abraham désignaient la Sagesse (Hocmâ). Pourquoi ? [...]
(Ⅰ)
[112a]  
יַתִּיר מִסִּטְרָא אָחֳרָא, בְּגִין דְּהָא בְּחָכְמָתָא עֲבַד לְאִתְדַּבְּקָא בְּדָרוֹמָא:

וַיֹּאמֶר אַבְרָהָם אֶל שָׂרָה אִשְׁתּוֹ אֲחוֹתִי הִיא. תָּנִינָן (כיון) לָא לִיבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְסָמְכָא עַל נִיסָא, וְאִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַרְחִישׁ נִיסָא לְבַּר נָשׁ, לָא אִית לֵיהּ לְסָמְכָא (תדיר) עַל נִיסָא זִמְנָא אָחֳרָא. בְּגִין דְּלָאו בְּכָל שַׁעֲתָא וְשַׁעֲתָא אִתְרְחִישׁ נִיסָא.

וְאִי יֵיעוּל בַּר נָשׁ גַּרְמֵיהּ בְּאֲתַר דְּנִזְקָא אִשְׁתְּכַח לְעֵינָא, הָא פָּקַע כָּל זְכוּתֵיהּ דְּעֲבַד בְּקַדְמִיתָא וְאוּקְמוּהָ. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ל״ב:י״א) קָטוֹנְתִּי מִכָּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל הָאֱמֶת וְגו'. וְאַבְרָהָם כֵּיוָן דְּסָלִיק מִמִּצְרַיִם וְאִשְׁתְּזִיב זִמְנָא חָדָא, הַשְׁתָּא אַמַּאי אָעִיל גַרְמֵיהּ בְּצַעֲרָא כְּקַדְמִיתָא וְאָמַר אֲחוֹתִי הִיא.

אֶלָּא אַבְרָהָם לָא סָמִיךְ עַל גַּרְמֵיהּ כְּלוּם, וְחָמָא שְׁכִינְתָּא תָּדִיר בְּדִיּוּרָהּ דְּשָׂרָה וְלָא אַעֲדֵי מִתַּמָּן, וּבְגִין דְּהֲוַת תַּמָּן, אַסְמִיךְ אַבְרָהָם וְאָמַר אֲחוֹתִי הִיא כְּמָה דִכְתִיב (משלי ז׳:ד׳) אֱמֹר לַחָכְמָה אֲחוֹתִי אָתּ. וּבְגִין כָּךְ אָמַר אֲחוֹתִי הִיא (ס''א את):

וַיָּבֹא אֱלהִים אֶל אֲבִימֶלֶךְ וְגו'. וְכִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אֲתָא לְגַבַּיְיהוּ דְּרַשִּׁיעַיָּא כְּמָה דִכְתִיב, (במדבר כ״ב:ח׳-ט׳) וַיָּבֹא אֱלהִים אֶל בִּלְעָם. (בראשית ל״א:כ״ד) וַיָּבֹא אֱלהִים אֶל לָבָן. אֶלָּא הַהוּא מְמַנָּא שְׁלִיחָא דְּאִתְפַּקְּדָא עֲלַיְיהוּ הֲוָה, בְּגִין דְּכֻלְהוּ כַּד עָבְדֵי שְׁלִיחוּתָא נַטְלֵי שְׁמָא דָא, וּמִסִּטְרָא דְדִינָא קָא אַתְיָין. וְעַל דָּא וַיָּבֹא אֱלהִים אֶל אֲבִימֶלֶךְ בַּחֲלוֹם הַלַּיְלָה וַיֹּאמֶר לוֹ הִנְךָ מֵת עַל הָאִשָּׁה אֲשֶׁר לָקַחְתָּ וְגו'.

רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (משלי י״ב:י״ט) שְׂפַת אֱמֶת וְגו'. שְּׂפַת אֱמֶת תִּכּוֹן לָעַד. דָּא אַבְרָהָם, דְּכָל מִלּוֹי בְּקַדְמִיתָא וּבְסוֹפָא הֲווּ בֶּאֱמֶת. וְעַד אַרְגִּיעָה לְשׁוֹן שָׁקֶר. דָּא אֲבִימֶלֶךְ. בְּאַבְרָהָם נֶאֱמַר וַיֹּאמֶר אַבְרָהָם אֶל שָׂרָה אִשְׁתּוֹ אֲחוֹתִי הִיא. דָּא בְּקַדְמִיתָא, דְּאָמַר בְּגִין שְׁכִינְתָּא דְּהֲוַת עִמָּהּ דְּשָׂרָה אֲחוֹתִי הִיא, וְאַבְרָהָם בְּחָכְמְתָא עֲבַד. מַאי טַעְמָא
- [...] Parce qu’Abraham était du côté droit ; et comme la Séphirâ Hocmâ est également à droite de Kéther, il a pu appeler la Sagesse « sa sœur ». Ce mystère est exprimé dans les paroles de l'Écriture (Cant., V, 2) : « Ouvre-moi, ma sœur, ma bien-aimée, ma colombe sans tache. » C'est pourquoi Abraham appela la Schekhina souvent «sa sœur », parce qu'il s'est toujours attaché à elle et ne s'en est jamais détaché (38). Ensuite l'Écriture (Gen;, XX, 12) dit : « D'ailleurs, elle est véritablement ma sœur ; car elle est la fille de mon père, mais non pas la fille de ma mère : et je l'ai épousée. » Etait-ce exact que Sara était sa sœur consanguine ? Certes non ; mais Abraham a toujours fait allusion à la Schekhina dont il a parlé précédemment, en la désignant sous le nom de « sœur », en raison des paroles de l’Écriture (Prov., VII, 4) : « Dis à la Sagesse : Tu es ma sœur. » Abraham dit: « ... D'ailleurs » (vegam), parce qu'il vient d'ajouter quelques explications à ce qu'il a déjà dit précédemment. Par les mots : « ...Sœur, fille de mon père », Abraham désigne la fille de la Sagesse suprême, qui est appelée tantôt « sœur » et tantôt « Sagesse ». Et Abraham ajoute : « ...Mais non la fille de ma mère », ce qui veut dire qu’elle n'est pas la fille du « monde de l'émanation », qui constitue le mystère le plus caché du monde suprême. C'est pourquoi Abraham a ajouté : « ... Et je l'ai épousée », ce qui veut dire : je me suis attaché à elle avec amour, ainsi qu'il est écrit (Gen., XX, 12) : « Et il m'embrasse de sa main droite. » Toutes ces paroles renferment le mystère de la Sagesse.
Remarquez que, la première fois, lorsqu'il se rendait en Égypte, Abraham dut s’atttacher à la Foi, et l'appeler sa sœur, afin qu’il ne fût séduit par les degrés extérieurs (39). De même, en arrivant chez Abimelech, Abraham l'appela sa sœur, afin qu'il ne fût jamais détaché de la Foi. Car Abimelech, ainsi que tous les habitants de ce pays, adorait des dieux étrangers ; c'est ce qui obligea Abraham à s'attacher d'autant plus étroitement à la Foi. C'est pourquoi, en entrant dans ce pays, il dit : « C'est ma sœur. » De même que les liens entre frères et sœurs sont indissolubles, de même l'attachement d'Abraham à la Foi était indissoluble ; car, d'une femme, on peut se séparer par le divorce, alors qu'il ne peut jamais y avoir de séparation entre frères et sœurs. Voilà pourquoi Abraham a dit: « C'est ma sœur. » Car tous les habitants de ce pays ont offert des sacrifices à la lumière des étoiles et autres corps célestes, alors qu'Abraham s'était attaché à la Foi qu'il appela « sa sœur », parce que son attachement était indissoluble. Le verset suivant (Lévit., XXI, 3) peut servir à ce mystère de terme mnémonique : « Et à sa sœur qui était vierge, et qui n'avait point encore été mariée... » Ce commandement donné au prêtre désigne un endroit tel que celui où se trouvait Abraham.
Il est écrit (Deut., X, 20) : « Tu craindras le Seigneur ton Dieu, et tu le serviras ; tu seras attaché à lui, et tu jureras par son nom. » Ce verset a été déjà expliqué. Mais remarquez que l’Écriture ne dit pas « le Jéhovah », mais « eth [...]
(Ⅰ)
[112b]  
בְּגִין דְּאַבְרָהָם מִסִּטְרָא דְּיָמִינָא אִיהוּ, אָמַר אֲחוֹתִי הִיא, וְרָזָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (שיר השירים ה׳:ב׳) אֲחוֹתִי רַעֲיָתִי יוֹנָתִי תַמָּתִי. וְעַל דָּא אַבְרָהָם קָרָא לָהּ תָּדִיר אֲחוֹתִי, בְּגִין דְּאִתְדָּבַּק בַּהֲדָהּ, וְלָא יִתְעַדּוּן (ויקרא קב דא מן דא לעלמין).

לְסוֹף מַה כְּתִיב וְגַם אָמְנָה אֲחוֹתִי בַת אָבִי הִיא אַךְ לא בַת אִמִּי. וְכִי הָכִי הֲוָה. אֶלָּא כֹּלָּא בְּגִין שְׁכִינְתָּא קָאֲמַר, אֲחוֹתִי הִיא בְּקַדְמִיתָא, דִּכְתִיב אֱמֹר לַחָכְמָה אֲחוֹתִי אָתְּ. וּלְבָתַר וְגַם אָמְנָה. מַאי וְגַם. לְאִתּוֹסְפָא עַל מַה דְּקָאֲמַר בְּקַדְמִיתָא. אֲחוֹתִי בַת אָבִי הִיא. בְּרַתֵּיהּ דְּחָכְמָה עִלָּאָה, וּבְגִין כָּךְ אִתְקְרֵי אֲחוֹתִי וְאִתְקְרֵי חָכְמָה. אַךְ לֹא בַת אִמִּי. מֵאֲתַר דְּשֵׁירוּתָא דְּכֹלָּא סְתִימָא עִלָּאָה. וְעַל דָּא וַתְּהִי לִי לְאִשָּׁה בְּאַחְוָה בַּחֲבִיבוּתָא דִּכְתִיב, (שיר השירים ב׳:ו׳) וִימִינוֹ תְחַבְּקֵנִי וְכֹלָּא רָזָא דְּחָכְמְתָא אִיהוּ.

תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא כַּד נַחְתוּ לְמִצְרַיִם הָכִי קָאֲמַר בְּגִין לְאִתְדַּבְּקָא בְּגוֹ מְהֵימְנוּתָא, וְקָרָא לָהּ אֲחוֹתִי, בְּגִין דְּלָא יִטְעוּן גּוֹ אִנּוּן דַּרְגִּין דִּלְבַר. אוּף הָכָא אֲחוֹתִי, בְּגִין דְּלָא אִתְעֲדֵי מִגּוֹ מְהֵימְנוּתָא כְּדְקָא יְאוּת. דְּהָא אֲבִימֶלֶךְ וְכָל אִנּוּן יָתְבֵי אַרְעָא הֲווּ אָזְלֵי בָּתַר פּוּלְחָנָא נוּכְרָאָה, וְאִיהוּ אִתְדָּבַּק גּוֹ מְהֵימְנוּתָא, וּבְגִין כָּךְ עָאל לְתַמָּן וְאָמַר אֲחוֹתִי, מָה אָחוֹת לָא אִתְפְּרַשׁ מֵאָחָא לְעָלְמִין אוּף הָכָא. דְּהָא אִתְּתָא יְכִילַת לְאִתְפְּרָשָׁא אֲבָל אָחוֹת לָא אִתְפְּרַשׁ, דְּהָא תְּרֵין אַחִין לָא יָכְלִין לְאִתְפָּרְשָׁא לְעָלְמִין וּלְעָלְמֵי עָלְמִין.

וּבְגִין כָּךְ אָמַר אַבְרָהָם אֲחוֹתִי הִיא, דְּהָא כֻּלְהוֹן הֲווּ לְהוּטִין גּוֹ טָהֳרֵי כֹּכְבַיָא וּמַזָּלֵי וּפַלְחֵי לוֹן, וְאַבְרָהָם הֲוָה מִתְדְּבַּק גּוֹ מְהֵימְנוּתָא וְאָמַר אֲחוֹתִי דְּלָא נִתְפְּרַשׁ לְעָלְמִין. וְסִימָנִיךְ (ויקרא כ״א:ג׳) וְלַאֲחוֹתוֹ הַבְּתוּלָה דְּאִתְּמָר לְכֹהֵן, אַתְרָא דְּאַבְרָהָם שַׁרְיָא בֵּיהּ.

כְּתִיב, (דברים י) אֶת יְיָ אֱלהֶיךָ תִּירָא אוֹתוֹ תַעֲבֹד וּבוֹ תִדְבָּק וּבִשְׁמוֹ תִשָּׁבֵעַ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, לַיְיָ אֱלהֶיךָ תִּירָא לָא כְּתִיב, אֶלָּא אֶת
- [...] Jéhovah. » Que signifie le mot « eth » ? Ce mot désigne le premier degré qui constitue la région de la crainte devant le Saint, béni soit-il ; c'est pourquoi l'Écriture dit : « Tu craindras », parce que c'est la région de la rigueur, où l'homme est saisi de crainte devant son Maître. Les paroles : « Et tu le serviras » désignent le degré qui est au-dessus du premier, - degrés qui ne sont jamais séparés l'un de l'autre ; car « eth» et « otho (40) » restent à jamais inséparables. Que signifie « otho » ? C'est la région de l'Alliance sainte qui constitue le signe éternel. Car « eth » n'est pas le degré où l'on sert Dieu ; à ce degré, on n'a que la crainte de Dieu. Ce n'est qu'en arrivant au degré supérieur « otho» qu'on sait servir Dieu.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et tu le ( otho) serviras. » L’Écriture ajoute : « Tu seras attaché à lui », ce qui veut dire : tu t'attacheras à cet endroit qui sert d'union, c'est-à-dire au corps qui constitue le milieu (41). Enfin, L’Écriture ajoute : « ... Et tu jureras par son nom. » Ces paroles désignent le septième degré ; le verset suivant (Jér., XXX, 9) peut servir de mnémonique à ce mystère : « Et je leur susciterai David leur roi. » Telles sont les raisons qui ont déterminé Abraham à s'attacher à la Foi lorsqu'il se rendit en Égypte, aussi bien qu’au pays des Philistins. Le cas d’Abraham peut être comparé à celui d'un homme qui, désireux de descendre dans un gouffre profond, et craignant de ne pas pouvoir remonter ensuite à la surface du gouffre, attache une corde hors du gouffre et se glisse à l'aide de cette corde dans le gouffre ; de cette façon, il est sûr de pouvoir plus tard remonter à l'aide de cette même corde. Il en était de même d'Abraham avant sa descente en Égypte ; il s'attacha étroitement à la Foi qui lui servit de corde ; et c'est à l'aide de cette corde qu'il a osé descendre parmi les hommes impurs ; car il était sûr de pouvoir remonter à l'aide de la même corde. Il en a fait autant lorsqu'il se rendait au pays des Philistins.
C’est pourquoi l’Écriture (Prov., XII, 19) dit : « La bouche véritable sera toujours ferme. » Les paroles suivantes : « Mais la langue mensongère ne sera pas de longue durée... » désignent Abimelech, qui a dit (Gen., XX, 5) : « J'ai fait cela dans la simplicité de mon cœur et la pureté de mes mains. » Or, dans la réponse qui lui a été faite, il est dit seulement (ibid., 6) : « Je sais aussi que tu l'as fait avec un cœur simple » ; mais on n'ajoute pas: « ... Et avec la pureté de tes mains. » Il est écrit (Gen., XX, 7) : « Et maintenant, rends cette femme à son mari, parce que c'est un prophète. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (I Rois, II, 9) : « Il gardera les pieds de ses saints (hasidav). » Bien que prononcé au pluriel, le mot est écrit au singulier, car il désigne Abraham que le Saint, béni soit-il, garde toujours et ne prive jamais de sa protection. Le terme « pieds » employé dans ce verset désigne sa femme, c'est-à-dire la femme d’Abraham ; car le Saint, béni soit-il, a envoyé sa Schekhina auprès de Sara pour la garder constamment. D'après une autre interprétation : « Il gardera les pieds de ses saints » désigne Abraham que le Saint, béni soit-il, a toujours accompagné, afin que nul ne pût le léser; et les paroles suivantes : « Et les impies seront réduits au silence dans les ténèbres » désignent ces rois que le Saint, béni soit-il, a tués durant la nuit où Abraham les avait poursuivis.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Seront réduits au silence dans les ténèbres », parce que c'était pendant la nuit qu'Abraham les avait poursuivis. En sorte que c'était bien Abraham qui les avait poursuivis, mais c'étaient les ténèbres de la nuit qui les avaient tués, ainsi qu'il est écrit (Gen., XIV, 15) : «Et il sépara, pour eux, la nuit, lui et ses serviteurs, et il les frappa. » Les paroles : « Et il sépara, pour eux, la nuit » désignent le Saint, béni soit-il, qui sépara la clémence de la rigueur pour venger Abraham , et c'est pourquoi l'Écriture dit : « Et les impies seront réduits au silence dans les ténèbres. » Pourquoi l'Écriture dit-elle : « Et il les frappa », au lieu de : « Et ils les frappèrent », attendu qu’Abraham était accompagné de ses serviteurs ? Mais ces paroles désignent le Saint, béni soit-il. L’Écriture (I Rois, II, 9) ajoute : « Car l'homme ne peut pas vaincre par sa propre force. » Ces paroles font allusion à l'impuissance dans laquelle se trouvait Abraham, accompagné seulement d'Eliézer, de vaincre ses ennemis. Rabbi Isaac demanda : Nous savons par une tradition (42) que l'homme ne doit jamais s'exposer à un danger et s'abandonner à l'espoir d'un miracle en sa faveur. Or, peut-on imaginer un plus grand danger que celui auquel Abraham s'exposa en poursuivant cinq rois et en leur livrant bataille?
Rabbi Yehouda répondit : Lorsqu'Abraham se mit en route, il n'avait nullement l'intention de livrer bataille à ces rois et, par conséquent, il n'a nullement compté sur un miracle. La détresse de Lot le détermina à quitter sa maison et à accourir à son secours ; il emporta avec lui une somme d'argent, avec l'intention de payer la rançon pour le rachat de Lot, ou, en cas de non-réussite, de mourir avec lui dans la captivité. En quittant sa maison, il aperçut la Schekhina éclairant la route devant lui et entourée.de nombreuses légions célestes. Ce n'est qu'à ce moment qu'Abraham se décida à poursuivre ces rois que le Saint, béni soit-il, tua, ainsi qu'il est écrit : « Et les impies seront réduits au silence dans les ténèbres. »
Rabbi Siméon dit : Le sens anagogique des mots : « Il gardera les pieds de ses saints » est, en effet, celui qu'on vient d'indiquer ; ces paroles désignant Abraham. Lorsqu'Abraham quitta sa demeure, il s'adjoignit Isaac (43) ; car, sans l'aide de celui-ci, Abraham n'aurait pu vaincre ses ennemis ; c'est pourquoi l'Écriture dit : « Et les impies seront réduits au silence dans les ténèbres, car l'homme ne peut pas vaincre par sa propre force. »
L'Écriture veut dire que, bien que la force se trouve toujours du côté droit, le côté droit, seul, n'aurait pu vaincre, s'il ne s’était adjoint le côté gauche. D'après une autre interprétation, les paroles : « Il gardera les pieds de ses saints » signifient que, quand l'homme aime le Saint, béni soit-il, celui- ci, à son tour, lui rend l'amour en veillant sur lui dans toutes ses entreprises et dans tous ses voyages, ainsi qu'il est écrit (Ps., CXXI, 8) : « Le Seigneur sera ta garde, tant à ton entrée qu'à ta sortie, dès maintenant et en toute éternité. » Remarquez combien grand était l'amour qu'éprouvait Abraham pour le Saint, béni soit-il ! Partout où il allait, il n'avait aucun souci de sa propre personne et de ses propres avantages ; [...]
(Ⅰ)
[113a]  
יְיָ, מַאי אֶת, דָּא דַרְגָּא קַדְמָאָה אֲתַר דַּחֲלָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב תִּירָא, דְּתַמָּן בָּעֵי בַּר נָשׁ לְדַחֲלָא קַמֵּי מָארֵיהּ (קודשא בריך הוא) בְּגִין דְּאִיהוּ (בי) דִּינָא.

וְאוֹתוֹ תַּעֲבֹד. דָּא דַּרְגָּא עִלָּאָה דְּקָיְימָא עַל הַאי דַרְגָּא תַּתָּאָה, וְלָא מִתְפָּרְשָׁאן לְעָלְמִין, אֶת וְאוֹתוֹ, דָּא בְּדָא דְּבֵקִין וְלָא אִתְפָּרְשָׁן. מַאי וְאוֹתוֹ. דָּא אֲתַר בְּרִית קַדִּישָׁא אוֹת לְעָלְמִין. דְּהָא פּוּלְחָנָא לָא שַׁרְיָא בְּאֶת וְלָאו אִיהוּ לְמִפְלַח אֶלָּא לְמִדְחַל, אֲבָל פּוּלְחָנָא אִיהוּ (קטו א) לְעֵילָא, וּבְגִין כָּךְ וְאוֹתוֹ תַעֲבֹד.

וּבוֹ תִדְבָּק. בְּאֲתַר דְּאִיהוּ דְּבֵקוּתָא לְאִתְדַּבְּקָא דְּאִיהוּ גוּפָא דְּשָׁרֵי בְּאֶמְצָעִיתָא. וּבִשְׁמוֹ תִּשָּׁבֵעַ אֲתַר שְׁבִיעָאָה דְּדַרְגִּין. וְסִימָנִיךְ (ירמיהו ל׳:ט׳) וְאֵת דָּוִד מַלְכָּם אֲשֶׁר אָקִים לָהֶם. בְּגִין כָךְ אִתְדָּבַּק אַבְרָהָם בִּמְהֵימְנוּתָא כַּד נָחַת לְמִצְרַיִם וְכַד אֲזַל לְאַרְעָא דִּפְלִשְׁתִּים. לְבַּר נָשׁ דְּבָעָא לְנָחֲתָא גּוֹ גּוּבָא עֲמִיקָא. דָּחִיל דְּלָא יָכִיל לְסַלְקָא מִגּוֹ גּוֹבָא, מָה עֲבַד קָשַׁר חַד קִשְׁרָא דְּחֶבֶל לְעֵילָא מִן גּוֹבָא, אָמַר הוֹאִיל דְּקָשִׁירְנָא קִשְׁרָא דָא מִכָּאן וּלְהָלְאָה אִיעוּל תַּמָּן. כָּךְ אַבְרָהָם בְּשַׁעֲתָא דְּבָעָא לְנַחֲתָא לְמִצְרַיִם. עַד לָא יֵיחוּת תַּמָּן קְשַׁר קִשְׁרָא דִּמְהֵימְנוּתָא בְּקַדְמִיתָא לְאִתְתַּקְּפָא בֵּיהּ, וּלְבָתַר נָחַת.

אוּף הָכִי נָמֵי כַּד עָאל לְאַרְעָא דִּפְלִשְׁתִּים. בְגִין כָּךְ (משלי יב) שְׂפַת אֱמֶת תִּכּוֹן לָעַד. וְעַד אַרְגִּיעָה לְשׁוֹן שָׁקֶר, דָּא אֲבִימֶלֶךְ דְּאָמַר בְּתוֹם לְבָבִי וּבְנִקְיוֹן כַּפָּי. וְכַד אֲהַדְּרוּ לֵיהּ מַה כְּתִיב גַּם אָנֹכִי יָדַעְתִּי כִּי בְּתָם לְבָבְךָ עָשִׂיתָ זֹאת, וְלָא כְּתִיב נִקְיוֹן כַּפַּיִם:

וְעַתָּה הָשֵׁב אֵשֶׁת הָאִישׁ כִּי נָבִיא הוּא. רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר (שמואל א ב) רַגְלֵי חֲסִידָיו יִשְׁמֹר וְגו'. חֲסִידוֹ כְּתִיב חַד, וְדָא אַבְרָהָם דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיר לֵיהּ תָּדיר וְלָא אַעֲדֵי נְטִירוּ מִנֵּיהּ לְעָלְמִין. וּמַה דְּאָמַר רַגְלֵי, דָּא אִתְּתֵיהּ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שַׁדַּר שְׁכִינְתֵּיהּ עִמָּהּ וְנָטַר לָהּ תָּדִיר.

דָּבָר אַחֵר רַגְלֵי חֲסִידָיו יִשְׁמֹר. חַד, דָּא אַבְרָהָם דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָזִיל עִמֵּיהּ תָּדִיר בְּגִין דְּלָא יֵיכְלוּן לְנָזְקָא לֵיהּ. וּרְשָׁעִים בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ. אִלֵּין אִנּוּן מַלְכִין דַּקַטַּל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּהַהוּא לֵילְיָא דְּרָדַף בַּתְרַיְיהוּ.

הֲדָא הוּא דִכְתִיב בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ, דָּא לֵילְיָא דְּאִתְקַשַּׁר בַּחֲשׁוֹכָא וְקָטַל לוֹן, וְאַבְרָהָם רָדִיף וְלֵילְיָא קָטִיל לוֹן, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֵּחָלֵק עֲלֵיהֶם לַיְלָה הוּא וַעֲבָדָיו וַיַּכֵּם. וַיֵּחָלֵק עֲלֵיהֶם לַיְלָה, דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּפָלִיג רַחֲמֵי מִן דִּינָא בְּגִין לְמֶעְבַּד נוּקְמִין לְאַבְרָהָם, וּבְגִין כָּךְ וּרְשָׁעִים בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ. וַיַּכֵּם, וַיַּכּוּם מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כִּי לֹא בְכֹחַ יִגְבַּר אִישׁ. דְּאִיהוּ וְאֱלִיעֶזֶר הֲווּ בִּלְחוֹדַיְיהוּ.

רַבִּי יִצְחָק אָמַר וְהָא תָּנִינָן בְּאֲתַר דְּנִזְקָא שְׁכִיחַ לָא יִסְמֹךְ בַּר נָשׁ עַל נִיסָא, וְלָא הֲוָה אֲתַר דְּנִזְקָּא אִשְׁתְּכַח כְּהַאי דְּאַבְרָהָם אָזִיל בָּתַר חֲמִשָּׁה מַלְכִין לְמִרְדַּף בַּתְרַיְיהוּ וְלַאֲגָחָא קְרָבָא.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה כַּד אָזִיל אַבְרָהָם לְהַאי לָא אֲזַל לַאֲגָחָא קְרָבָא, וְלָא סָמַךְ עַל נִיסָא, אֶלָּא צַעֲרָא דְלוֹט אַפְקֵיהּ מִבֵּיתֵיהּ, וְנָטִיל מָמוֹנָא לְמִפְרַק לֵיהּ, וְאִי לָאו דִּימוּת בַּהֲדֵיהּ גּוֹ שִׁבְיָהּ. כֵּיוָן דְּנָפַק חָמָא שְׁכִינְתָּא דְּנָהֲרָא קַמֵּיהּ וְכַמָּה חֵילִין סָחֳרָנֵיהּ, בְּהַהִיא שַׁעֲתָא רָדַף בַּתְרַיְיהוּ, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָטִיל לוֹן, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וּרְשָׁעִים בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ.

רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר רָזָא אִיהוּ, רַגְלֵי חֲסִידָו יִשְׁמֹר, דָּא אַבְרָהָם. וְכַד נָפַק אִשְׁתַּתַּף יִצְחָק בַּהֲדֵיהּ וְנָפְלוּ קַמֵּיהּ, וְאִי לָאו דְּאִשְׁתַּתַּף יִצְחָק בַּהֲדֵיהּ דְּאַבְרָהָם לָא אִשְׁתֵּצִיאוּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב וּרְשָׁעִים בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ. כִּי לא בְכֹחַ יִגְבַּר אִישׁ. אַף עַל גַּב דְּחֵילָא אִשְׁתְּכַח תָּדִיר בְּיָמִינָא, אִי לָא הֲוָה בְּסִטְרָא דִּשְׂמָאלָא לָא אִתְדַּחְיָין קַמֵּיהּ.

דָּבָר אַחֵר רַגְלֵי חֲסִידָו יִשְׁמֹר, בְּשַׁעֲתָא דְּבַּר נָשׁ רָחִים לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָחִים לֵיהּ בְּכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד וְנָטִיר אָרְחוֹי כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (תהילים קכ״א:ח׳) יְיָ יִשְׁמָר צֵאתְךָ וּבוֹאֶךָ מֵעַתָּה וְעַד עוֹלָם.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה חֲבִיבוּתֵיהּ דְּאַבְרָהָם לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּבְּכָל אֲתַר דְּהֲוָה אָזִיל לָא הֲוָה חָיִיס עַל דִּילֵיהּ כְּלוּם,
- [...] mais tous ses efforts tendaient à s'attacher au Saint, béni soit-il ; c'est pourquoi l'Écriture (I Rois, II, 9) dit : « Il gardera les pieds de ses saints. » Par les mots : « ... Les pieds de ses saints », l'Écriture désigne la femme d'Abraham, ainsi qu'il est écrit (Gen., XX, 4) : « Et Abimelech ne l'avait point touchée. » Et plus loin, (ibid., 6) il est écrit : « Et c'est pourquoi je ne t'ai pas permis de la toucher. » De même lorsqu'elle se trouvait chez Pharaon, l'Écriture dit (Gen;, XII, 17) : « Et le Seigneur frappa de très grandes plaies Pharaon et sa maison à cause de Saraï, femme d'Abram. » Sara demanda à Dieu de frapper, et celui-ci frappa.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il gardera les pieds de ses saints. » Les paroles : « Et les impies seront réduits au silence dans les ténèbres » désignent Pharaon et Abimelech contre lesquels le Saint, béni soit-il, a fait sévir les rigueurs pendant la nuit ; enfin, les paroles : « ... Car l'homme ne peut pas vaincre par sa propre force » désignent Abraham appelé « homme », ainsi qu'il est écrit (Gen., XX, 7) : « Et maintenant rendez la femme de l'homme, etc. » Il est écrit (Gen., XXI, 1) :«Et Jéhovah visita Sara, ainsi qu'il l'avait promis, etc. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Zac., III, 1) : « Et il me fit voir Jésus (44) le grand-prêtre, qui était devant l’ange de Jéhovah ; et Satan était à sa droite pour s'opposer à lui. » Ce verset demande qu'on l'examine attentivement. « Jésus grand-prêtre » désigne Jésus fils de Josedec (I Chro., VI, 41).
L’Écriture ajoute : « ... Qui était devant l'ange de Jéhovah. » Qui est cet ange de Jéhovah ? C’est le lieu où réside l'âme du juste ; toutes les âmes des justes y sont également enfermées. C'est cela que l'Écriture désigne sous le nom de : «Ange de Jéhovah (45) .» L’Écriture ajoute : « Et Satan était à sa droite pour s'opposer à lui. » Ces paroles désignent l'Esprit tentateur qui parcourt le monde au vol, en s'efforçant de s'emparer des âmes, de les séparer des corps et de les perdre dans le monde d'en haut aussi bien que dans le monde d'en bas. La vision du prophète Zacharie avait lieu au moment où Nabuchodonosor jeta Jésus le grand-prêtre dans les flammes en même temps que les faux prophètes (46). C'est alors que l'Esprit tentateur requit en haut pour que Jésus fût brûlé avec les faux prophètes ; car telle est l'habitude de cet esprit de requérir contre l'homme au moment où celui-ci se trouve en danger, ou à une époque où le monde est accablé de maux ; car, en pareil cas, il est autorisé à exercer sa rigueur même contre les innocents, ainsi qu'il est écrit (Prov., III, 23) : « Et il y a des hommes qui disparaissent sans jugement. »
Que signifient les mots : « ... Pour s'opposer à lui » ? - Il a dit : Ou que tous soient sauvés (c'est-à dire les faux prophètes également), ou que tous périssent dans les flammes. Car, lorsqu'on donne à l'ange exterminateur l'ordre de sévir, le juste n'est pas distingué du coupable. C'est pourquoi, au moment où la rigueur sévit dans une ville, il convient à l'homme juste de fuir cette ville, pour que l'ange exterminateur qui traite les justes comme les coupables n'ait pas de prise sur lui (47). L'Esprit tentateur insistait d'autant plus vivement que tous les trois étaient ensemble ; il demandait donc que tous fussent sauvés on que tous fussent brûlés ; car, quand Dieu produit [...]
(Ⅰ)
[113b]  
אֶלָא בְּגִין לְאִתְדַּבְּקָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבְגִין כָּךְ רַגְלֵי חֲסִידָיו יִשְׁמֹר. וְדָא הִיא אִתְּתֵיהּ, דִּכְתִיב וַאֲבִימֶלֶךְ לא קָרַב אֵלֶיהָ. וּכְתִיב כִּי עַל כֵּן לא נְתַתִּיךָ לִנְגֹעַ אֵלֶיהָ.

בְּפַרְעֹה מַה כְּתִיב, (בראשית י״ב:י״ז) וַיְנַגַּע יְיָ אֶת פַּרְעֹה וְגו' עַל דְּבַר. אִיהִי אָמְרָה וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה מָחֵי, וּבְגִין כָּךְ רַגְלֵי חֲסִידָיו יִשְׁמֹר. וּרְשָׁעִים בַּחשֶׁךְ יִדַּמּוּ, אִלֵּין פַּרְעֹה וְאֲבִימֶלֶךְ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד בְּהוּ דִּינִין בְּלֵילְיָא. כִּי לא בְּכֹחַ יִגְבַּר אִישׁ. מַאן אִישׁ, דָּא אַבְרָהָם, דִּכְתִיב וְעַתָּה הָשֵׁב אֵשֶׁת הָאִישׁ וְגו':

וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר וְגו'. רַבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר (זכריה ג׳:א׳) וַיַּרְאֵנִי אֶת יְהוֹשֻׁעַ הַכֹּהֵן הַגָּדוֹל עוֹמֵד לִפְנֵי מַלְאַךְ יְיָ וְהַשָּׂטָן עוֹמֵד עַל יְמִינוֹ לְשִׂטְנוֹ. הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ. וַיַּרְאֵנִי אֶת יְהוֹשֻׁעַ הַכֹּהֵן הַגָּדוֹל דָּא יְהוֹשֻׁעַ בֶּן יְהוֹצָדָק. עוֹמֵד לִפְנֵי מַלְאַךְ יְיָ, מַאן מַלְאַךְ יְיָ. דָּא אֲתַר צְרוֹרָא (ס''א דנשמתין דצדיקיא צרירן) דְּנִשְׁמָתֵיהּ דְּצַדִּיק צְרִירָא בֵּיהּ, וְכָל אִנּוּן נִשְׁמָתִין דְּצַדִּיקַיָא קָיְימִין תַּמָּן, וְדָא הוּא מַלְאַךְ יְיָ.

וְהַשָּׂטָן עוֹמֵד עַל יְמִינוֹ לְשִׂטְנוֹ. דָּא יֵצֶר הָרָע דְּאִיהוּ מְשׁוֹטֵט וְאָזִיל בְּעָלְמָא לְנַטְלָא נִשְׁמָתִין וּלְאַפָּקָא רוּחִין וּלְמִסְטֵי לוֹן לִבְרִיָּיתָא לְעֵילָא וְתַתָּא. וְדָא הוּא בְּשַׁעֲתָא דְּאֲטִיל לֵיהּ נְבוּכַדְנֶצַּר לְאֶשָׁא עִם אִנּוּן נְבִיאֵי הַשֶּׁקֶר, וְהַאי הֲוָה מַסְטִין לְעֵילָא בְּגִין דְּיִתּוֹקַד עִמְּהוֹן.

דְּהָכִי הוּא אָרְחוֹי דְּלָאו אִיהוּ מְקַטְרֵג אֶלָּא בְּזִמְנָא דְּסַכָּנָה וּבְזִמְנָא דְּצַעֲרָא שָׁרְיָא בְּעָלְמָא, וְאִית לֵיהּ רְשׁוּ לְמִסְטֵי וּלְמֶעְבַּד דִּינָא אֲפִלּוּ בְּלָא דִינָא כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (משלי י״ג:כ״ג-כ״ד) וְיֵשׁ נִסְפָּה בְּלא מִשְׁפָּט. מַהוּ לְשִׂטְנוֹ, דְּהֲוָה אָמַר אוֹ כֻּלְהוּ יִשְׁתֵּזְבוּן אוֹ כֻּלְהוּ יִתּוֹקְדוּן.

דְּהָא בְּשַׁעֲתָא דְּאִתְיְיהִיב רְשׁוּתָא לִמְחַבְּלָא לְחַבָּלָא לָא אִשְׁתְּזִיב זַכָּאָה מִן חַיָּיבַיָא, וּבְגִין כָּךְ בְּשַׁעֲתָא דְּדִינָא שָׁרְיָיא בְּמָתָא בָּעֵי בַּר נָשׁ לְעָרְקָא עַד לָא אִתְפַּס תַּמָּן, דְּהָא מְחַבְּלָא כֵּיוָן דְּשָׁרֵי הָכִי נָמֵי עָבִיד לְזַכָּאָה כְּחַיָּיבָא. וְכָל שֶׁכֵּן דְּהֲווּ תְּלָתֵיהוֹן כְּחַד. וְהֲוָה תָּבַע דְּיִתּוֹקְדוּן כֻּלְהוּ אוֹ יִשְׁתֵּזְבוּן כֻּלְהוּ. בְּגִין דְּכַד אִתְעֲבִיד
- [...] un acte surnaturel, il doit être favorable à tout le monde, ou défavorable à tout le monde ; mais un miracle ne peut se produire en faveur des uns et en défaveur des autres.
Rabbi Yossé objecta à Rabbi Hiyâ : Pourtant, lorsque le Saint, béni soit-il, a séparé les eaux de la mer Rouge pour livrer passage à Israël, le miracle était en faveur des uns qui marchèrent à sec au milieu de la mer,et en défaveur des autres qui y trouvèrent la mort.
Rabbi Hiyâ lui répondit : C'est précisément pour cela que le miracle du passage de la mer Rouge était une œuvre ardue pour le Saint, béni soit-il ; car, quand le Saint, béni soit-il, fait sévir la rigueur contre les hommes et fait des miracles en faveur des autres, ces deux faits ne se produisent jamais dans le même lieu, ni dans la même maison ; et lorsqu'il faut exercer la rigueur et faire un miracle dans une même maison, ceci constitue une œuvre ardue pour le Saint, béni soit-il ; car au ciel, tout se fait de manière complète, les rigueurs aussi bien que les grâces ; une maison est accablée entièrement, ou Dieu fait tous les miracles pour elle, mais il ne la frappe pas en même temps qu'il fait des miracles en sa faveur. C'est pour cette raison que le Saint, béni soit-il, n'exerce pas de rigueurs contre les coupables avant que la culpabilité de ceux-ci ne soit arrivée à son comble, ainsi qu'il est écrit (Gen., XV, 16) : « Parce que la mesure des iniquités des Amorrhéens n'est pas encore remplie présentement... » Et ailleurs (Is., XXVII, 8) il est écrit : « Israël sera jugé avec mesure. » C'est pourquoi l'Esprit tentateur requérait contre Jésus, insistant pour que celui-ci fut brûlé. C'est alors qu'il lui fut répondu (Zac., III, 2) : « Que le Seigneur te réprime, ô Satan, que le Seigneur te réprime. » Qui a dit ces paroles ? C'était l'ange de Jéhovah, c'est-à-dire la Schekhina.
Mais, objectera-t-on peut-être, pourquoi l'Écriture dit-elle : « Que le Seigneur te réprime », au lieu de : « Je te réprime », puisque c’était la Schekhina elle-même qui parlait ? Remarquez que nous trouvons un exemple semblable lors de l'apparition de Dieu à Moïse dans le buisson, à propos de quoi il est écrit (Ex., III, 2) : « Et l'ange de Jéhovah lui apparut dans une flamme de feu qui sortait du milieu d'un buisson.» Et un peu plus bas (ibid., 4) il est écrit : « Et Jéhovah le vit s'approcher, etc. » Ainsi, la Schekhina est tantôt appelée « Ange de Jéhovah », tantôt « Ange » seulement, et tantôt « Jéhovah ». Voilà pourquoi l’Écriture dit : Que le Seigneur te réprime, ô Satan », au lieu de : « Je te réprime. » Remarquez qu'il en est de même lorsque les rigueurs sévissent dans le monde, et que le Saint, béni soit-il est assis sur le trône des jugements. Satan se multiplie alors ; il est tantôt en haut où il requiert et tantôt en bas où il cherche à exterminer le monde et à s'emparer des âmes. Occupé une fois à expliquer les paroles de la doctrine, Rabbi Siméon en arriva à parler du verset suivant (Deut., XXI, 3) : « Et les anciens de cette ville-là prendront une génisse qui n'aura point encore porté le joug, ni labouré la terre ; ils la mèneront dans une vallée raboteuse, pleine de cailloux. qui n'ait jamais été ni labourée ni semée, et ils couperont là le cou à la génisse. » D'après la loi, la génisse doit avoir la tête entièrement séparée du tronc. Rabbi Éléazar demanda à Rabbi Siméon : Pourquoi l'Écriture commande-t-elle de retrancher la tête d'une génisse, lorsqu'un meurtre vient d'être commis par un inconnu ? Rabbi Siméon répondit en pleurant : Malheur au monde subjugué par « celui », c'est-à-dire par le démon ; car, depuis le jour où le mauvais serpent [...]
(Ⅰ)
[114a]  
נִיסָא לָא אִתְעֲבִיד פַּלְגוּ נִיסָא וּפַלְגוּ דִּינָא, אֶלָּא כֹּלָּא כְּחֲדָא, אוֹ נִיסָא אוֹ דִּינָא.

אָמַר לוֹ רַבִּי יוֹסֵי, וְלָא, וְהָא בְּזִמְנָא דְּבָקַע קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַמָּא לְיִשְׂרָאֵל הֲוָה קָרַע יַמָּא לְאִלֵּין וְאָזְלִין בְּיַבֶּשְׁתָּא, וּמַיָּיא הֲווּ תָּבִין מִסִּטְרָא אָחֳרָא וְטָבְעִין לְאִלֵּין וּמֵתִין, וְאִשְׁתְּכַח נִיסָא הָכָא וְדִינָא הָכָא כֹּלָּא כְּחֲדָא.

אָמַר לֵיהּ וְדָא הוּא דְּקַשְׁיָא קַמֵּיהּ, דְּכַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד דִּינָא וְנִיסָא כְּחֲדָא, לָאו בְּאֲתַר חָד וְלָא בְּבֵיתָא חָדָא (דאשתכח כלא כחדא), וְאִי אִתְעֲבִיד קַשְׁיָא קַמֵּיהּ, דְּהָא לְעֵילָא לָא אִתְעֲבִיד כֹּלָּא אֶלָּא בִּשְׁלִימוּ כְּחֲדָא אוֹ נִיסָא אוֹ דִּינָא בְּאֲתַר חָד וְלָא בְּפַלְגוּ.

בְגִין כָּךְ לָא עֲבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּינָא בְּחַיָּיבַיָא עַד דְּאִשְׁתַּלִּימוּ בְּחוֹבַיְיהוּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ט״ו:ט״ז) כִּי לא שָׁלֵם עֲוֹן הָאֱמֹרִי עַד הֵנָּה. וּכְתִיב (ישעיהו כ״ז:ח׳) בְּסַאסְאָה בְּשַׁלְחָהּ תְּרִיבֶנָּה. וְעַל דָּא הֲוָה אַסְטִין לֵיהּ לִיהוֹשֻׁעַ דְּיִתּוֹקַד בְּהוּ, עַד דְּאָמַר לֵיהּ (זכריה ג׳:ב׳) יִגְעַר יְיָ בְּךָ הַשָּׂטָן. מַאן אָמַר לֵיהּ, דָּא מַלְאַךְ יְיָ (ואתמר ויאמר יי אל השטן).

וְאִי תֵימָא וַיֹּאמֶר יְיָ אֶל הַשָּׂטָן יִגְעַר יְיָ בְּךָ וְגו'. תָּא חֲזֵי, הָכִי נָמֵי לְמשֶׁה בַּסְּנֶה דִּכְתִיב, (שמות ג׳:ב׳) וַיֵּרָא מַלְאַךְ יְיָ אֵלָיו בְּלַבַּת אֵשׁ. וּכְתִיב וַיַּרְא יְיָ כִּי סָר לִרְאוֹת. לְזִמְנִין מַלְאַךְ יְיָ וּלְזִמְנִין מַלְאָךְ וּלְזִמְנִין יְיָ. וּבְגִין כָּךְ אָמַר לֵיהּ יִגְעַר יְיָ בְּךָ הַשָּׂטָן וְלא אָמַר הִנְּנִי גּוֹעֵר בְּךָ.

תָּא חֲזֵי, כְּגווָֹנָא דָא בְּיוֹמָא דְּאִשְׁתְּכַח דִּינָא בְּעָלְמָא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב עַל כֻּרְסְיָיא דְּדִינָא, כְּדֵין אִשְׁתְּכַח הַאי שָׂטָן דְּאַסְטֵי לְעֵילָא וְתַתָּא, וְאִשְׁתְּכַח אִיהוּ לְחַבָּלָא עָלְמָא וְלִיטֹּל נִשְׁמָתִין.

רַבִּי שִׁמְעוֹן הֲוָה יָתִיב וְלָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְהֲוָה מִשְׁתַּדֵּל בְּהַאי קְרָא (דברים כ״א:ד׳) וְלָקְחוּ זִ קְנֵי הָעִיר הַהִיא עֶגְלַת בָּקָר וְגו' וְעָרְפוּ שָׁם אֶת הָעֶגְלָה בַּנָּחַל. וְדִינָא אִיהוּ בְּקוּפִיץ לְעָרְפָּא לָהּ. אָמַר לֵיהּ רַבִּי אֶלְעָזָר הַאי לְמַאי אִצְטְרִיךְ.

בָּכָה רַבִּי שִׁמְעוֹן, וְאָמַר, וַוי לְעָלְמָא דְּאִתְמְשַׁךְ בָּתַר דָּא. דְּהָא מִן הַהוּא יוֹמָא דְּהַהוּא חִוְיָא
- [...] a séduit Adam, le démon exerce un empire sur les hommes et sur le monde ; il requiert constamment contre les hommes ; et le monde n'en sera affranchi que lors de l'avènement du Roi Messie, où le Saint, béni soit-il, réveillera ceux qui sont couchés dans la poussière, ainsi qu'il est écrit (Is., XXV, 8) : « Il précipitera la mort pour jamais, etc. » ; et ailleurs (Zac., XIII, 2) : « Et je ferai disparaître de dessus la terre l'esprit impur. » Le démon a pour mission dans ce monde d'ôter les âmes aux hommes. Remarquez, en outre, que l'Écriture (Deut., XXI, 1) dit . « Lorsqu'on trouvera un homme tué (halal), etc. » Car tous les hommes ont l'âme ôtée par l’ange exterminateur ; c'est le meurtrier qui a ôté l'âme à cet homme avant que l’ange exterminateur n'ait été autorisé à le faire.
C’est pourquoi l’Écriture dit (Nomb., XXXV, 33) : « Car la terre n'obtiendra son pardon que par l'effusion du sang de celui qui aura versé le sang. » Ainsi notre terre a besoin d'une expiation lorsque le sang est versé ; car le Satan requiert déjà sans cela contre le sort des hommes ; à plus forte raison est-il irrité lorsqu’un homme s'avise de lui voler son bien en ôtant l'âme à un autre homme, alors que ceci constitue son privilège. Mais le Saint, béni soit-il, est touché de compassion pour ses enfants ; et il leur commande d'offrir cette génisse, pour accorder ainsi une compensation à l'ange exterminateur pour l'âme qui lui a été ôtée ; c'est par ce moyen qu'on évite une nouvelle requête de Satan contre le monde. Ce que nous venons de dire constitue un mystère suprême. Il y a divers sacrifices : tantôt l'offrande consiste en un bœuf, tantôt en une vache, tantôt en un veau et tantôt en une génisse. Chacune de ces offrandes trouve sa raison dans un mystère suprême ; et c'est pour cette raison que les sacrifices sont propres à réparer le mal causé par les mauvaises actions.
C’est pourquoi l’Écriture (Deut., XXI, 7) dit : « Et ils diront : Nos mains n'ont point répandu ce sang et nous n'avons point occasionné la mort de cet homme.» C'est par cette déclaration que les hommes arrivent à apaiser Satan, et l'empêchent de requérir contre eux. Ainsi, tout ce commandement est un conseil que le Saint, béni soit-Il, donne au monde pour le soustraire à la requête de Satan.
Remarquez qu'il en est de même le jour de l'an, ainsi que le jour du grand pardon. Durant ces jours, la rigueur sévit dans le monde, et Satan requiert contre les hommes. C’est pourquoi Israël a besoin de sonner du cor et de reproduire des sons qui imitent les bruits du feu, de l'eau et de l'air, afin que le son du cor remonte jusqu'au trône céleste et apaise la rigueur du tribunal qui y tient ses assises. Aussitôt que la voix du cor monte d'ici-bas en haut, la voix de Jacob se fait entendre en haut, pour prendre la défense des hommes ; et alors le Saint, béni soit-il [...]
(Ⅰ)
[114b]  
בִּישָׁא דְּאִתְפַּתָּה בֵּיהּ אָדָם שַׁלִיט עַל אָדָם וְשַׁלִּיט עַל בְּנֵי עָלְמָא, אִיהוּ קָאִים לְמִסְטֵי עָלְמָא וְעָלְמָא לָא יָכִיל לְנָפְקָא מֵעָנְשֵׁיהּ עַד דְּיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא וְיוֹקִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לִדְמִיכֵי עַפְרָא דִּכְתִיב, (ישעיה כה) בִּלַּע הַמָּוְת לָנֶצַח וְגו' וּכְתִיב, (זכריה יג) וְאֶת רוּחַ הַטֻּמְאָה אַעֲבִיר מִן הָאָרֶץ. וְאִיהוּ קָאִים עַל עָלְמָא דָא לְמִיטַל נִשְׁמָתִין דְּכָל בְּנֵי נָשָׁא.

וְתָא חֲזֵי הָא כְּתִיב (דברים כ״א:א׳) כִּי יִמָּצֵא חָלָל וְגו' תָּא חֲזֵי, כָּל בְּנֵי עָלְמָא עַל יְדֵי מַלְאַךְ הַמָּוְת נָפְקָא נִשְׁמָתַיְיהוּ. אִי תֵימָא דְּבַּר נָשׁ דָּא עַל יְדָא דְּהַהוּא מַלְאַךְ הַמָּוֶת נָפַק נִשְׁמָתֵיהּ, לָאו הָכִי. אֶלָּא מַאן דְּקָטִיל לֵיהּ, אַפִּיק נִשְׁמָתֵיהּ עַד לָא מָטָא זִמְנֵיהּ לְשַׁלְטָאָה בֵּיהּ הַהוּא מַלְאַךְ הַמָּוֶת.

וּבְגִין כָּךְ וְלָאָרֶץ לא יְכֻפָּר וְגו' וְלָאָרֶץ דִּילָן. וְלָא דַּי לוֹן דְּקָאִים אִיהוּ לְמִסְטֵי עָלְמָא לְמַגָּנָא וּלְקַטְרְגָא תָּדִיר כָל שֶׁכֵּן דְּגָזְלִין מִינֵיהּ מַה דְּאִית לֵיהּ לְנַטְלָא. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָיִיס עַל בְּנוֹי, וּבְגִין כָּךְ קָרֵבִין עַל הַאי עֶגְלָא, בְּגִין לְתָקָּנָא עִמֵּיהּ מַה דְּאִתְנְטִיל הַהִיא נִשְׁמָתָא דְּבַּר נָשׁ מִנֵּיהּ, וְלָא יִשְׁתְּכַח מְקַטְרְגָא עַל (ד''א ל''ג קריבין בהאי) עָלְמָא.

וְרָזָא עִלָּאָה תָּנִינָן הָכָא: שׁוֹר פָּרָה, עֵגֶל עֶגְלָה, כֻּלְהוּ בְּרָזָא עִלָּאָה אִשְׁתְּכָחוּ, וּבְגִין כָּךְ בְּדָא מְתַקְּנִין לֵיהּ, וְדָא הוּא דִכְתִיב, (דברים כא) יָדֵינוּ לא שָׁפְכֻה אֶת הַדָּם הַזֶּה וְגו' לא שָׁפְכֻה וְלָא גָרִימְנָא מִיתָתֵיהּ, וּבְדָא לָא אִשְׁתְּכַח מְקַטְרְגָא עֲלַיְיהוּ, וּבְכוֹלָּא יָהִיב קוּדְשָׁא בְּרִיךְ עֵיטָא לְעָלְמָא.

תָּא חֲזֵי, כְּגווָֹנָא דָא בְּיוֹם רֹאשׁ הַשָּׁנָה וְיוֹם הַכִּפּוּרִים דְּדִינָא אִשְׁתְּכַח בְּעָלְמָא, אִיהוּ קָאִים לְקַטְרְגָא וְיִשְׂרָאֵל בָּעְיָין לְאִתְעָרָא בְּשׁוֹפָר, וּלְאַתְעָרָא קוֹל דְּכָלִיל בְּאֶשָׁ''א וּמַיָ''א וְרוּחָ''א וְאִתְעֲבִידוּ חָד, וּלְאַשְׁמָעָא הַהוּא קוֹל מִגּוֹ שׁוֹפָר.

וְהַהוּא קוֹל סָלְקָא עַד אֲתַר דְּכָרְסְיָא דְדִינָא יָתְבָא וּבָטַשׁ בָּהּ וְסָלְקָא. כֵּיוָן דְּמָטָא הַאי קוֹל מִתַּתָּא, קוֹל דְּיַעֲקֹב אִתְתַּקַּן לְעֵילָא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא
- [...] est touché de compassion. Car le mouvement du son imitant le bruit du feu, de l'air et de l'eau, provoque également un mouvement de compassion chez Celui qui est appelé « le Feu, l'Eau et le Vent ». Lorsque l'accusateur du monde, c'est-à-dire Satan, constate le mouvement de miséricorde d'en haut, il se trouble ; sa force diminue et il devient impuissant à faire quoi que ce soit. Alors le Saint, béni soit-il, juge le monde avec miséricorde ; car il ne faut pas supposer que le jugement de Dieu est fait de rigueur; la clémence s'associe à la rigueur, pour que le monde soit jugé miséricordieusement.
Remarquez que l'Écriture (Ps., LXXXI, 4) dit : « Sonnez de la trompette en ce premier jour du mois, ou jour caché (bakeseh) de notre fête.» Le mot « bakeseh » désigne le jour où la lune se cache (48). Car lorsque le mauvais serpent domine, le monde est exposé au danger d'être lésé par lui. Mais, quand le degré de la clémence divine se manifeste, la lune disparaît, ce qui a pour effet de troubler Satan et de lui ôter le pouvoir de dominer. Aussi Satan quitte-t-il le tribunal céleste et ne s'en approche plus. C'est pour cette raison que, le premier jour de l'an, on sonne de la trompette pour troubler Satan et le rendre immobile de surprise, tel un homme réveillé en sursaut. Pendant le jour du grand pardon, il convient d'apaiser Satan par l'offrande du bouc (49) ; grâce à cette offrande, Satan lui-même se transforme en défenseur d'Israël.
Par contre, au premier jour de l'an, il convient de le troubler au point de le rendre incapable de rien faire. Lorsqu'il constate que le mouvement de clémence qui monte d'ici-bas en haut se rencontre avec le mouvement de clémence qui descend de haut en bas, et lorsqu'il voit la lune (qui est signe de la rigueur) disparaître, il se trouble et devient incapable de dominer sur le monde. Le Saint, béni soit-il, juge alors Israël avec miséricorde et avec commisération ; il lui accorde le délai de dix jours, entre le premier jour de l'an et le jour du grand pardon, afin de permettre aux pécheurs de se convertir et d'obtenir leur pardon au dernier jour. Ainsi, par ce commandement, le Saint, béni soit-il, fait voir sa sollicitude pour Israël, en lui donnant les moyens de troubler Satan et de l'empêcher de dominer ; de cette façon, la rigueur ne pourra sévir ici-bas et tous les hommes seront acquittés dans le jugement céleste [...]
(Ⅰ)
[115a]  
אִתְעַר רַחֲמֵי, דְּהָא כְּגַוְונָא דְּיִשְׂרָאֵל מִתְעָרֵי לְתַתָּא קוֹל חַד כָּלִיל בְּאֶשָׁ''א וְרוּחָ''א וּמַיָ''א דְּנָפְקֵי כְּחֲדָא מִגּוֹ שׁוֹפָר, הָכִי נָמֵי אִתְעַר לְעֵילָא שׁוֹפָר. וְהַהוּא קוֹל דְּכָלִיל בְּאֶשָׁ''א וּמַיָ''א וְרוּחָ''א אִתְתַּקַּן, וְנָפַק דָּא מִתַּתָּא וְדָא מֵעֵילָא, וְאִתְתַּקַּן עָלְמָא וְרַחֲמֵי אִשְׁתְּכָחוּ.

וְהַהוּא מְקַטְרְגָא אִעַרְבֵּב דְּחֲשִׁיב לְשַׁלְטָאָה בְּדִינָא וּלְקַטְרְגָא בְּעָלְמָא, וְחָמֵי דְּמִתְעָרֵי רַחֲמֵי, כְּדֵין אִעַרְבָּב וְאִתְּשַׁשׁ חֵילֵיהּ וְלָא יָכִיל לְמֶעְבַּד מִידִי, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דָּאִין עָלְמָא בְּרַחֲמֵי, דְּאִי תֵימָא דְדִינָא אִתְעֲבִיד, לָאו הָכִי, אֶלָּא אִתְחַבָּרוּ רַחֲמֵי בְּדִינָא, וְעָלְמָא אִתְדָּן בְּרַחֲמֵי.

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (תהילים פ״א:ד׳) תִּקְעוּ בַחֹדֶשׁ שׁוֹפָר בַּכֶּסֶה לְיוֹם חַגֵּנוּ דְּאִתְכַּסְיָא סִיהֲרָא. דְּהָא כְּדֵין שָׁלְטָא הַאי חִיוְיָא בִּישָׁא וְיָכִיל לְנַזְקָא עָלְמָא, וְכַד מִתְעָרֵי רַחֲמֵי, סָלְקָא סִיהֲרָא וְאִתְעֲבָרַת מִתַּמָּן, וְאִיהוּ אִתְעַרְבֵּב וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה, וְאִתְעֲבַר דְּלָא יִתְקְרַב תַּמָּן, וְעַל דָּא בְּיוֹם רֹאשׁ הַשָּׁנָה בָּעֵי לְעַרְבְּבָא לֵיהּ כְּמַאן דְּאִתְעַר מִשְּׁנָתֵיהּ וְלָא יְדַע כְּלוּם.

בְּיוֹם הַכִּפּוּרִים בָּעֵי לְנַיְיחָא וּלְמֶעְבַּד לֵיהּ נַיְיחָא דְּרוּחָא בְּשָׂעִיר דְּקָרֵבִין לֵיהּ, וּכְדֵין אִתְהַפַּךְ סַנֵּיגוֹרְיָא עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, אֲבָל בְּיוֹמָא דְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה אִתְעַרְבָּב דְּלָא יְדַע וְלָא יָכִיל לְמֶעְבַּד כְּלוּם. חָמֵי אִתְעֲרוּתָא דְּרַחֲמֵי סָלְקִין מִתַּתָּא, וְרַחֲמֵי מִלְּעֵילָא וְסִיהֲרָא סָלְקָא בֵּינַיְיהוּ. כְּדֵין אִתְעַרְבָּב וְלָא יְדַע כְּלוּם וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה.

וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דָּן לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל בְּרַחֲמֵי, וְחָיִיס עֲלַיְיהוּ וְאִשְׁתְּכַח לְהוּ זִמְנָא כָּל אִנּוּן י' יוֹמִין דְּבֵין רֹאשׁ הַשָּׁנָה לְיוֹם הַכִּפּוּרִים לְקַבְּלָא כָּל אִנּוּן דְּתָיְיבִין קַמֵּיהּ וּלְכַפָּרָא לוֹן מֵחוֹבַיְיהוּ וְסָלִיק לוֹן לְיוֹמָא דְכִפּוּרֵי.

וְעַל דָּא בְּכוֹלָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא פַּקִּיד לוֹן לְיִשְׂרָאֵל לְמֶעְבַּד עוֹבָדָא בְּגִין דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלַיְיהוּ מַאן דְּלָא אִצְטְרִיךְ, וְלָא יִשְׁלוֹט עֲלַיְיהוּ דִינָא, וִיהוֹן כֻּלְהוֹן זַכָּאִין בְּאַרְעָא
- [...] Tel qu'est l'amour d'un père pour ses enfants, tel est l’amour de Dieu pour les hommes. Pour éloigner Satan, tout dépend des actes et des paroles de l'homme ; pour ce qui est des paroles, nous venons de les expliquer, c'est-à-dire que, grâce au son du « Schophar », on met Satan en fuite.
L'Écriture (Gen., XXI, 1) dit : « Et Jéhovah visita Sara, ainsi qu'il l'avait dit. » Car, en effet, Dieu lui avait promis un fils, ainsi qu'il est écrit (Gen., XVIII, 10) : « Et il dit à Abraham : Je viendrai chez toi dans un an, et Sara ta femme aura un fils. » Or, nous savons, par une tradition, que la souvenance de Dieu est exprimée, dans l'Écriture, par le verbe « paqad », lorsqu'il s'agit d'une femme, et par le verbe « zacar » lorsqu'il s'agit d'un homme. Ainsi, les paroles de l'Écriture : « Va Jéhovah paqad eth Sara » signifient que Jéhovah se souvint de Sara et de la promesse qu'il lui avait faite ; car c'était Jéhovah lui-même, et aucun autre messager céleste, qui avait annoncé à Abraham : « Je reviendrai chez toi dans un an, et Sara ta femme aura un fils », puisque l'Écriture se sert du mot « vayomer » (et il dit), sans indiquer celui qui a dit (50).
Il est écrit (Gen., l. c.) : « Et Jéhovah visita Sara, ainsi qu'il l'avait dit. .Jéhovah fit à Sara ce qu'il avait promis. » Puisque l'Écriture dit : « Et Jéhovah visita Sara », pourquoi a-t-elle besoin de répéter : « Jéhovah fit à Sara, etc. »? Mais nous savons par une tradition que les fruits des œuvres du Saint, béni soit-il, proviennent du fleuve qui sort du Jardin de l'Eden ; ce fleuve renferme les âmes des justes. C'est ce fleuve qui constitue le « sort » d'où émanent toutes les bénédictions et la rosée céleste, ainsi qu'il est écrit (Gen., II, 10) : « Et un fleuve sort de l'Eden pour arroser le Jardin. » Ce fleuve sort, en effet, du monde d'en haut pour arroser le monde d'en bas. Car la fécondité ou la stérilité de la femme dépendent uniquement de ce « sort », mais ne sont nullement l'effet d'une cause quelconque.
C’est pourquoi l’Écriture dit d'abord : « Et Jéhovah visita Sara », ce qui indique simplement que Dieu se souvint de Sara, mais n'indique nullement qu’il ait changé le « sort » en faveur de Sara. Et ensuite L’Écriture ajoute : « Jéhovah fit à Sara... » Par le terme « faire » l'Écriture désigne le degré supérieur de l'essence divine qui a changé le « sort » en faveur de Sara, attendu que la fécondité dépend uniquement du « sort ». Voici pourquoi l'Écriture se sert d'abord du terme « visiter » et ensuite de celui de « faire », - d'abord du terme : « Et Jéhovah » (va Jéhovah), et ensuite de celui de « Jéhovah ».
Rabbi Eléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXVII, 3) : « L'héritage du Seigneur sont les fils, les fruits des entrailles sont la récompense. » L'Écriture veut dire que, pour jouir de l’héritage de Dieu et pour s'unir à Dieu sans en être jamais séparé, il faut avoir des fils ; car l'homme qui a été jugé digne d'engendrer des fils dans ce bas monde pénétrera dans le parvis du monde céleste. Les bonnes œuvres que le fils fait en ce bas monde profitent au père dans le monde d'en haut et le rendent digne de jouir de l'héritage du Seigneur. Que signifie« l’héritage du Seigneur » ? C'est la terre de la vie, appelée tantôt « terre d'Israël » et tantôt « terre de la vie ». Le roi David l'a appelée « héritage du Seigneur », ainsi qu'il est écrit (I Rois, XXVI, 19) : « Car ils m'ont chassé aujourd'hui, afin que je n'habite point dans l'héritage du Seigneur, en me disant : Va, sers les dieux étrangers. » C'est pourquoi l'Écriture dit : « L'héritage du Seigneur [...]
(Ⅰ)
[115b]  
כִּרְחִימוּ דְּאַבָּא עַל בְּנִין, וְכוֹלָּא בְּעוֹבָדָא וּבְמִלִּין תַּלְיָא, וְהָא אוֹקִימְנָא מִלִּין. וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר, דִּכְתִיב לַמּוֹעֵד אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה וּלְשָׂרָה בֵן. וְתָנִינָן פָּקַד אֶת שָׂרָה, פְּקִידָה לְנוּקְבָא, זְכִירָה לִדְכוּרָא, וּבְגִין כָּךְ וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה, כַּאֲשֶׁר אָמַר, דִּכְתִיב שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה וְגו', מֵהָכָא מַשְׁמַע דְּאָמַר (קב ב) וַיֹּאמֶר שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ, וַיֹּאמֶר סְתָם, דְּאִיהוּ הֲוָה וְלָא שְׁלִיחָא אָחֳרָא:

וַיַּעַשׂ יְיָ לְשָׂרָה וְגו'. כֵּיוָן דְּאָמַר וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה, מַהוּ וַיַּעַשׂ יְיָ לְשָׂרָה. אֶלָּא הָכִי תָּנִינָן דְּאִיבָּא דְּעוֹבָדוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מֵהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק מֵעֵדֶן אִיהוּ, וְאִיהוּ נִשְׁמַתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא, וְאִיהוּ מַזָּלָא דְּכָל בִּרְכָאן טָבָאן וְגִשְׁמֵי בִּרְכָאן נָזְלֵי מִנֵּיהּ וּמִתַּמָּן נָפְקֵי, דִּכְתִיב לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן, דְּאִיהוּ מַזִּיל וּמַשְׁקֶה מֵעֵילָא לְתַתָּא, בְּגִין דְּבָנֵי (נשא) בְּהַאי (קפא א) מַזָּלָא תַּלְיָין וְלָא בְּאֲתַר אָחֳרָא. וְעַל דָּא כְּתִיב וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה פְּקִידָה בִּלְחוֹדוֹי.

וַיַּעַשׂ יְיָ לְשָׂרָה. עֲשִׂיָּיה אִיהוּ לְעֵילָא מֵהַאי דַרְגָא (קיב ב) כְּמָה דְאִתְּמָר דְּהָא בְּמַזְּלָא תַּלְיָיא, וְעַל דָּא כָּאן פְּקִידָה וְכָאן עֲשִׂיָּיה. וּבְגִין כָּךְ אָמַר יְיָ וַיְיָ וְכֹלָּא חַד. רַבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאָמַר (תהילים קכ״ז:ג׳) הִנֵּה נַחֲלַת יְיָ בָּנִים שָׂכָר פְּרִי הַבָּטֶן. הִנֵּה נַחֲלַת יְיָ, אַחְסַנְתָּא לְאִתְאַחֲדָא בַּיְיָ דְּלָא יִתְעֲבַר מִינָהּ לְעָלְמִין, דְּבַר נָשׁ דְּזָכֵי לִבְנִין בְּהַאי עַלְמָא זָכֵי בְּהוּ לְמֵיעַל לְפַרְגּוֹדָא בְּעַלְמָא דְאָתֵי. בְּגִין דְּהַהוּא בְּרָא דְּשָׁבִיק בַּר נָשׁ וְזָכֵי בֵּיהּ בְּעַלְמָא דָא, אִיהוּ יִזְכֵּי לֵיהּ לְעַלְמָא דְאָתֵי, וְזָכֵי לְאַעָלָא בֵּיהּ לְנַחֲלַת יְיָ. מַאן נַחֲלַת יְיָ, דָּא אֶרֶץ הַחַיִּים. וְהָכִי קָרָא לָהּ לְאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל דְּאִיהִי אֶרֶץ הַחַיִּים.

דָּוִד מַלְכָּא (קרא ליה) נַחֲלַת יְיָ דִּכְתִיב, (שמואל א כ״ו:י״ט) כִּי גֵּרְשׁוּנִי הַיּוֹם מֵהִסְתַּפֵּחַ בְּנַחֲלַת יְיָ לֵאמֹר לֵךְ עֲבֹד אֱלהִים אֲחֵרִים, וּבְגִין כָּךְ הִנֵּה נַחֲלַת יְיָ
- [...] sont les fils... » Car ce sont les fils qui valent au père l'héritage du Seigneur. Et L’Écriture ajoute : « ... Les fruits des entrailles sont la récompense. » Car la récompense du père, au ciel, est proportionnée à la conduite que mènent en ce bas monde les fruits des entrailles.
Remarquez que les paroles : « L'héritage du Seigneur sont les fils... » signifient également que les fils sont un héritage du Seigneur ; car les fruits des œuvres du Saint, béni soit-il, émanent de l'arbre de vie d'en haut car c'est de là qu'émanent les âmes des enfants, lorsque le père est digne, ainsi qu'il est écrit (Osée, XIV, 9) : « C'est moi qui te ferai porter ton fruit.» L'Écriture ajoute (Ps., CXXVII, 5) : « Heureux l'homme qui a accompli son désir en eux. » Il est heureux en ce bas monde et dans le monde futur.
L'Écriture ajoute enfin : « Il ne sera point confondu, lorsqu'il parlera à ses ennemis à la porte. » Ce sont les chefs de la rigueur ; car, lorsque l'âme quitte ce bas monde, elle est arrêtée par un grand nombre d'anges chargés d'exercer la rigueur ; elle est empêchée de passer la porte par où elle peut arriver à la place qui lui est destinée en haut si elle n'a pas laissé en ce bas-monde un gage, c'est-à-dire un fils : c'est grâce à ce gage qu'elle est jugée digne du monde futur.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il ne sera point confondu. lorsqu'il parlera à ses ennemis à la porte. » Rabbi Yehouda et Rabbi Yossé ont fait une fois un voyage ensemble. Rabbi Yehouda dit à Rabbi Yossé : Fais-moi entendre quelques paroles relatives à la doctrine, puisque la Schekhina est avec toi. Car la Schekhina s'attache à tous ceux qui se consacrent à l'étude de la doctrine ; à plus forte raison précède-t-elle le pas des voyageurs qui ont mérité par leur Foi en le Saint, béni soit-il (51).
Rabbi Yossé commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXVIII, 3) : « Ton épouse sera comme une vigne fertile appuyée sur le mur de ta maison. » L'Écriture veut dire que, lorsque la femme reste toujours dans la maison et ne court pas les rues, elle est et digne d'avoir des enfants d'une bonne conduite. L'Écriture compare une femme bonne à une vigne, parce que, de même que la vigne ne se greffe que sur la vigne à l'exception de tout autre arbre, de même la femme qui est digne n'a d'enfants que de son mari. Et voyez quelle est la récompense de cette femme : [...]
(Ⅰ)
[116a]  
בָּנִים. מַאן אַזְכֵּי לֵיהּ לְבַר נָשׁ. בְּנִין. אִי זָכֵי בְּהוּ בְּהַאי עַלְמָא, שָׂכָר פְּרִי הַבָּטֶן, אַגְרָא וְחוּלָקָא טָבָא בְּהַהִיא עַלְמָא, בְּהַהוּא אִיבָּא דְּמֵעוֹי אִיהוּ דְּזָכֵי בַּר נָשׁ בְּהַהוּא עַלְמָא בְּהוּ.

תָּא חֲזֵי, הִנֵּה נַחֲלַת יְיָ בָּנִים. יְרוּתָא וְאַחְסַנְתָּא דְּאִיבִּין דְּעוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִלְּעֵילָא אִיהוּ מֵאִילָנָא דְחַיֵּי, דְּהָא מִתַּמָּן זָכֵי בַּר נָשׁ לִבְנִין כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (הושע יד) מִמֶּנִּי פֶּרְיְךָ נִמְצָא. מַה כְּתִיב, (תהלים קכז) אַשְׁרֵי הַגֶּבֶר אֲשֶׁר מִלֵּא אֶת אַשְׁפָּתוֹ מֵהֶם לא יֵבוֹשׁוּ וְגו'. אַשְׁרֵי בְּעַלְמָא דֵין וְאַשְׁרֵי בְּעַלְמָא דְאָתֵי.

לֹא יֵבוֹשׁוּ כִּי יְדַבְּרוּ אֶת אוֹיְבִים בַּשָּׁעַר. מַאן אוֹיְבִים בַּשָּׁעַר. אִלֵּין מָארִיהוֹן דְּדִינִין, דְּכַד נִשְׁמָתָא נָפְקַת מֵהַאי עַלְמָא, כַּמָּה אִנּוּן מָרֵיהוֹן דְּדִינִין דְּזַמִּינִין קַמֵּיהּ, עַד לָא יֵיעוּל לְדוּכְתֵּיהּ בַּשָּׁעַר בְּהַהוּא תַּרְעָא דְּיֵיעוּל תַּמָּן, בְּגִין דְּמַשְׁכּוֹנִין שָׁבִיק בְּהַאי עַלְמָא וּבְגִינֵיהוֹן יִזְכֵּי בְּהַהוּא עַלְמָא וְעַל דָּא לא יֵבוֹשׁוּ כִּי יְדַבְּרוּ אֶת אוֹיְבִים בַּשָּׁעַר.

רַבִּי יְהוּדָה וְרַבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי יְהוּדָה לְרַבִּי יוֹסֵי פְּתַח פּוּמָךְ וְלָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא דְּהָא שְׁכִינְתָּא אִשְׁתַּכְּחַת גַּבָּךְ, דְּכָל זְמַן דִּבְמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא לָעָאן שְׁכִינְתָּא אַתְיָא וּמִתְחַבְּרָא, וְכָל שֶׁכֵּן בְּאוֹרְחָא (עט ב דשכינתא קדמא ואתיא ואזלא קמייהו דבני נשא דזכאן במהימנותא דקודשא בריך הוא.)

פָּתַח רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר. (תהלים קכז) אֶשְׁתְּךָ כְּגֶפֶן פֹּרִיָּה בְּיַרְכְּתֵי בֵיתֶךָ בָּנֶיךָ כִּשְׁתִילֵי זֵיתִים סָבִיב לְשֻׁלְחָנְךָ. אֶשְׁתְּךָ כְּגֶפֶן פֹּרִיָּה, כָּל זִמְנָא דְּאִתְּתָא בְּיַרְכְּתֵי בֵיתָא וְלָא נָפְקָא לְבַר, הִיא צְנוּעָה וְאִתְחֲזֵי לְאוֹלָדָא בְּנִין דְּכָשְׁרָן. כְּגֶפֶן, מַה גֶּפֶן לָא אִתְנַטְעָא אלָּא בְּזִינָהּ וְלָא בְּזִינָא אָחֳרָא. כָּךְ אִתְּתָא דְכָשְׁרָא לָא תֶעֱבַד נְטִיעָן בְּבַר נָשׁ אָחֳרָא. מַה גֶּפֶן לָא אִית בֵּיהּ רְכִיבָה מֵאִילָנָא אָחֳרָא, אוּף הָכִי אִתְּתָא דְּכָשְׁרָא הָכִי נָמֵי.

חֲמֵי מָה אַגְרָהּ,
- [...] « Tes enfants seront autour de ta table comme de jeunes oliviers (Ps., CXXVIII, 3). » De même que les feuilles de l'olivier ne tombent ni ne se fanent durant toute l'année, de même « tes enfants seront autour de ta table comme de jeunes oliviers ».
L’Écriture ajoute : « C’est ainsi que sera béni l'homme qui craint le Seigneur. » Que signifient les mots : « C'est ainsi (52)... » ? L'Écriture nous indique que nous devons en déduire autre chose encore ; car nous en déduisons, en effet, qu'aussi longtemps que la Schekhina était restée enfermée dans sa maison à Jérusalem, - s'il est permis de s'exprimer ainsi, - telle une digne femme, ses enfants étaient autour de sa table, ce qui veut dire : Israël demeurait en Palestine. L'Écriture compare la résidence d'Israël en Palestine à des enfants réunis autour d'une table, parce qu'Israël y avait offert des holocaustes et se réjouissait devant le Saint, béni soit-il, ce qui faisait répandre les bénédictions en haut et en bas. Mais, dès que la Schekhina a quitté la maison, Israël, chassé de la table de son père, erre parmi les peuples et crie tous les jours sans être écouté, si ce n'est par le Saint, béni soit-il, ainsi qu'il est écrit (Lévit., XXVI, 44) : « Alors même qu'ils étaient dans une terre ennemie, je ne les ai pas néanmoins tout à fait rejetés, etc. » Nous pouvons voir également combien de grands saints sont morts par suite de la rigueur qui sévissait en raison de ce qu'Israël, durant son séjour en terre sainte, n'avait pas observé les préceptes de la doctrine.
Voyez que l'Écriture (Deut., XXVIII, 47) dit : « ... Parce que tu n'as point servi le Seigneur ton Dieu avec la reconnaissance et la joie du cœur que demandait cette abondance de toutes choses. » Ce verset a la signification suivante : Le terme « avec la reconnaissance » désigne l'époque où les prêtres ont offert des sacrifices et des holocaustes. Le terme «et la joie au cœur » désigne les lévites. Le terme « abondance de toute sorte » désigne les Israélites, c'est-à-dire les laïcs qui formaient le milieu entre prêtres et lévites et recevaient les bénédictions de tous les côtés, ainsi qu'il est écrit (Is., IX, 2) : « Tu as multiplié le peuple et tu en as multiplié la joie. » L’Écriture ajoute : « Ils se sont réjouis devant toi, comme on se réjouit pendant la moisson. » Ces paroles font allusion à Israël : le Saint, béni soit-il, en a béni la campagne et lui a offert la dime de tous les produits de la terre.
Enfin, les paroles : « Et comme tous les victorieux se réjouissent lorsqu'ils partagent le butin » désignent les lévites qui prélèvent la dime sur les céréales dans l'aire. D'après une autre interprétation, les paroles : « Tu as multiplié le peuple... » désignent Israël à qui le Saint, béni soit-il, a conservé sa fidélité. La phrase : « ... Et tu en as augmenté la joie » désigne le degré supérieur auquel Abraham s'était attaché et dans lequel on trouve la joie. Les mots : « ... Ils se sont réjouis devant toi » désignent [...]
(Ⅰ)
[116b]  
בָּנֶיךָ כִּשְׁתִילֵי זֵיתִים. מַה זֵיתִים לָא נָפְלֵי טַרְפַּיְיהוּ כָּל יוֹמֵי שַׁתָּא וְכֻלְּהוּ קְשׁוּרִין (נ''א בסירי) תָּדִיר, אוּף הָכִי בָּנֶיךָ כִּשְׁתִילֵי זֵיתִים סָבִיב לְשֻׁלְחָנֶךָ. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ הִנֵּה כִי כֵן יְבֹרַךְ גָּבֶר יְרֵא יְיָ. מַאי הִנֵּה כִי כֵן יְבֹרַךְ גָּבֶר. הִנֵּה כֵן מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא לְאַסְגָּאָה מִלָּה אָחֳרָא דְּאוֹלִיפְנָא דָּא מִינָּהּ, דְּכָל זִמְנָא דִּשְׁכִינְתָּא הֲוָה צְנִיעָא בְּאַתְרָהּ כְּדְקָא חָזֵי לָהּ כִּבְיָכוֹל בָּנֶיךָ כִּשְׁתִילֵי זֵיתִים אִלֵּין יִשְׂרָאֵל כַּד שָׁרָאן בְּאַרְעָא. סָבִיב לְשֻׁלְחָנְךָ. דְּאָכְלֵי וְשָׁתָאן וּקְרֵבִין קָרְבָּנִין וְחָדָאן קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּמִתְבָּרְכָן עִלָּאִין וְתַתָּאִין בְּגִינַיְיהוּ.

לְבָתַר דִּשְׁכִינְתָּא נָפְקַת, אִתְגָּלוּ יִשְׂרָאֵל מֵעַל פְּתוֹרָא דְּאֲבוּהוֹן וְהֲווּ בֵּינֵי עַמָּמַיָא וְצָוְוחִין כָּל יוֹמָא וְלֵית דְּאַשְׁגַּח בְּהוּ בַּר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּכְתִיב (ויקרא כ״ו:מ״ד) וְאַף גַּם זֹאת בִּהְיוֹתָם בְּאֶרֶץ אוֹיְבֵיהֶם וְגו'. וְחָמִינָן כַּמָּה קַדִּישִׁין עִלָּאִין מִיתוּ בִּגְזֵרִין תַּקִּיפִין, וְכָל דָּא בְּגִין עוֹנָשָׁא דְאוֹרַיְיתָא דְּלָא קִיְימוּ יִשְׂרָאֵל כַּד הֲווּ שָׁרָאן בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא.

חֲמֵי מַה כְּתִיב, (דברים כ״ח:מ״ז) תַּחַת אֲשֶׁר לא עָבַדְתָּ אֶת יְיָ אֱלהֶיךָ בְּשִׂמְחָה וּבְטוּב לֵבָב מֵרֹב כֹּל. הַאי קְרָא אִיהוּ רָזָא, תַּחַת אֲשֶׁר לא עָבַדְתָּ בְּשִׂמְחָה, בִּזְמַן דְּכֹהֲנֵי הֲווּ קְרֵבִין קָרְבָּנִין וַעֲלָוָון וְדָא הִיא בְּשִׂמְחָה. וּבְטוּב לֵבָב, אִלֵּין לֵיוָאֵי. מֵרוֹב כֹּל, אֵלּוּ יִשְׂרָאֵל דְּהֲווּ אֶמְצָעִיִּים בֵּינַיְיהוּ וְנָטְלֵי בִּרְכָאן מִכָּל סִטְרִין. דִּכְתִיב, (ישעיהו ט׳:ב׳) הִרְבִּיתָ הַגּוֹי לוֹ הִגְדַּלְתָּ הַשִּׂמְחָה. אִלֵּין כַּהֲנֵי. שָׂמְחוּ לְפָנֶיךָ כְּשִׂמְחַת בַּקָּצִיר, אֵלּוּ יִשְׂרָאֵל דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּרִיךְ לוֹן עִבּוּרָא דְחַקְלָא וְיַהֲבֵי מַעַשְׂרָא מִכֹּלָּא. כַּאֲשֶׁר יָגִילוּ בְּחַלְּקָם שָׁלָל. אִלֵּין לֵיוָאֵי דְּנָטְלָא מַעַשְׂרָא מִגּוֹ אִדְרָא.

דָּבָר אַחֵר הִרְבִּיתָ הַגּוֹי. אִלֵּין יִשְׂרָאֵל דִּמְהֵימְנוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲלַיְיהוּ כְּדְקָא חָזֵי. לוֹ הִגְדַלְתָּ הַשִּׂמְחָה, דָּא אִיהוּ דַרְגָּא רֵישָׁא עִלָּאָה דְּאַבְרָהָם דְּאִתְדָּבַּק בָּהּ, דְּאִיהוּ גָּדוֹל וְחֶדְוָה בֵּיהּ אִשְׁתַּכַּח.

שָׂמְחוּ לְפָנֶיךָ,
- [...] l'heure à laquelle l’homme s'attache à Dieu. Les mots : « ... Comme on se réjouit pendant la moisson » désignent la« Communauté d'Israël » dont la vraie joie aura lieu pendant la moisson. » Enfin, les paroles : « ... Et comme tous les victorieux se réjouissent lorsqu'ils partagent le butin » désignent les autres puissances célestes qui se procurent leur nourriture spirituelle en pillant celle que le ciel envoie ici-bas.
Rabbi Yehouda commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXIX, 126): « ... Il est temps de faire, pour Jéhovah, car ils ont violé la loi.» Que signifient les mots: « ... Il est temps de faire, pour Jéhovah »? Ces paroles ont été expliquées de la manière suivante : « Le temps» (eth) désigne la « Communauté d'Israël » qui est appelée « eth », ainsi qu'il est écrit (Lévit., XVI, 2) : « Dis à Aaron, ton frère, qu'il n'entre pas en tout temps dans le sanctuaire, etc. »
Or, les paroles : « Qu'il n'entre pas en tout temps dans le sanctuaire » ont la même signification que celles du verset suivant (Prov., VII, 5) : « ... Afin qu'elle nous défende de la femme étrangère. » Tel est également le sens des paroles de l’Écriture : « Et ils offrirent devant le Seigneur un feu étranger, etc. » Pourquoi la « Communauté d'Israël » est-elle appelée « temps » (eth) ? - Parce qu'il lui a été fixé un temps pour s'approcher de Dieu et pour en être éclairée, ainsi qu'il est écrit (Ps., LXIX, 14) : « Mais pour moi, Seigneur, je t'offre ma prière ; c'est le temps propice, ô Dieu, où tu fais éclater ta bonté. » Les mots : « ... De faire, pour Jéhovah (laasoth)» ont la même signification que ceux du verset suivant (II Rois, VIII, 13) : « Et David s'acquit (vaïaas) un grand nom dans la vallée des Salines. » Car, quiconque se consacre à l'étude de la doctrine a autant de mérite que s'il avait préparé l'«eth» pour l'attacher au Saint, béni soit-il. Et pourquoi faut-il que la «.Communauté d'Israël » soit attachée à Dieu? Ne l'est-elle donc pas déjà ?
L'Écriture répond : « Ils ont violé ta loi. » Si Israël n'avait violé la loi de Dieu, il n'y aurait jamais eu séparation entre le Saint, béni soit-il, et Israël. Rabbi Yossé reprit alors et dit : Ainsi s'explique également le verset suivant (Is., LX, 22) : « Je suis le Seigneur; et c'est moi qui hâterai ces merveilles quand le temps en sera venu (beithah.). » Que signifie le mot « beithah » ? Ce mot doit être lu « be-eth hé », ce qui veut dire : au temps du Hé ; car c'est au moment où le Hé ressuscitera de la terre que Dieu fera ces merveilles. Rabbi Yossé dit en outre : Et pourtant nous savons par une tradition que la « Communauté d'Israël » ne demeurera ensevelie sous la terre (c'est à- dire dans l'exil) que durant un seul jour, mais pas plus longtemps. Comment cela se fait-il donc qu'Israël soit si longtemps dans l'exil ?
Rabbi Yehouda lui répondit : En effet, la tradition est ainsi que tu la rapportes; mais en voici le sens spirituel, tel que nous l'avons appris. Dès le jour où la « Communauté d'Israël » a été chassée de sa demeure, les lettres du nom sacré ont été, - s'il est permis de s'exprimer ainsi, - séparées l'une de l'autre ; le Hé se sépara du Vav ; et c’est en raison de cette séparation que le Psalmiste (Ps., XXXIX, 3) a dit : « Je me suis tu et j’ai gardé le .silence. » Car, du moment que le Vav est séparé du Hé, la voix ne fonctionnant plus, le Verbe s'est tu. C'est pourquoi la « Communauté d'Israël » reste ensevelie durant le « jour Hé ». Que signifie le « jour Hé »? Le « jour Hé» veut dire le cinquième millénaire (53). Bien que l'exil d'Israël ait commencé avant le cinquième millénaire, la tradition ne parle que du « jour Hé », parce que c'est le seul millénaire qui verra, dès son commencement jusqu'à sa fin, Israël en exil, alors qu’une partie seulement du quatrième millénaire a vu Israël en exil. Mais quand arrivera le sixième millénaire, qui est l'image [...]
(Ⅰ)
[117a]  
בְּשַׁעֲתָא דְּסָלְקִין לְאִתְדַבְּקָא בָּךְ. כְּשִׂמְחַת בַּקָּצִיר, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּשִׂמְחַת בַּקָּצִיר דִּילֵיהּ הֲוָה. כַּאֲשֶׁר יָגִילוּ בְּחַלְּקָם שָׁלָל. כַּאֲשֶׁר יָגִילוּ, אִלֵּין שְׁאָר חֵילִין וּרְתִיכִין לְתַתָּא בְּזִמְנָא דִּמְחַלְּקֵי שָׁלָל וְטַרְפֵי טַרְפָא בְּרֵאשִׁיתָא דְכֹלָּא.

רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קי״ט:קכ״ו) עֵת לַעֲשׂוֹת לַיְיָ הֵפֵרוּ תוֹרָתֶךָ. עֵת לַעֲשׂוֹת לַיְיָ מַהוּ. אֶלָּא הָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל עֵת, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּאִקְרֵי עֵת. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ויקרא ט״ז:ב׳) וְאַל יָבֹא בְכָל עֵת אֶל הַקֹּדֶשׁ. מַאי וְאַל יָבֹא בְכָל עֵת. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ז׳:ה׳) לִשְׁמָרְךָ מֵאִשָּׁה זָרָה. וְדָא הוּא (ויקרא י׳:א׳) וַיַּק1ְריבוּ לִפְנֵי יְיָ אֵשׁ זָרָה וְגו'. מַאי טַעְמָא עֵת. בְּגִין דְּאִית לָהּ עֵת וּזְמַן לְכֹלָּא לְקָרְבָא לְאִתְנַהֲרָא לְאִתְחַבְּרָא כְּדְקָא יְאוּת. כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ס״ט:י״ד) וַאֲנִי תְפִלָּתִי לְךָ יְיָ עֵת רָצוֹן.

לַעֲשׂוֹת לַיְיָ כְּמָה דִכְתִיב, (שמואל ב ח׳:י״ג) וַיַּעַשׂ דָּוִד שֵׁם. דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא כְּאִילוּ עָבִיד וְתַקֵּן הַאי עֵת לְחַבְּרָא לָהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְכָל כָּךְ לָמָּה בְּגִין דְּהֵפֵרוּ תוֹרָתֶךָ, דְּאִילוּ לא הֵפֵרוּ תוֹרָתֶךָ לָא אִשְׁתַּכַּח פִּירוּדָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִיִּשְׂרָאֵל לְעָלְמִין.

אָמַר רַבִּי יוֹסֵי כְּגַוְּונָא דָא כְּתִיב, (ישעיהו ס׳:כ״ב) אֲנִי יְיָ בְּעִתָּהּ אֲחִישֶׁנָּה. מַהוּ בְּעִתָּהּ. בְּעֵת ה'. דְּתָקוּם מֵעַפְרָא כְּדֵין אֲחִישֶׁנָּה. אָמַר רַבִּי יוֹסֵי וְעִם כָּל דָּא יוֹמָא חַד נֶאֱלַמְתִּי דוּמִיָּ''ה, בְּגִין דְּאִסְתַּלַּק וא''ו מִן ה''א, וְקוֹל לָא אִשְׁתַּכַּח, כְּדֵין דִּבּוּר אִתְאַלָּם. וּבְגִין כָּךְ הִיא שְׁכִיבַת בְּעַפְרָא כָּל הַהוּא יוֹמָא (דנא) דְּה''א. וּמַאן אִיהוּ אֶלֶף חֲמִשָּׁאָה, וְאַף עַל גַּב דְּאַקְדִימַת בְּגָלוּתָא עַד לָא יֵיעוּל הַהוּא אֶלֶף חֲמִשָּׁאָה רָזָא דְּה''א, וְכַד יֵיתֵי אֶלֶף שְׁתִיתָאָה דְּאִיהוּ רָזָא
- [...] du Vav (54), alors le Vav ressuscitera le Hé. Six fois dix font soixante (allusion aux soixante âmes (55) ), et le Vav arrivera à son terme, car dix Vav font six fois dix (56). Le Vav montera vers le Yod et redescendra vers le Hé. Et le Vav s'accomplira dix fois pour former soixante (57) et relever Israël de la poussière. Et tous les soixante ans de ce sixième millénaire, le Hé devient plus fort et monte sur l'échelle afin d'augmenter sa puissance. Ainsi, après six cents ans du sixième millénaire (58), les portes de la Sagesse suprême s'ouvriront et les sources de la Sagesse commenceront à jaillir en ce bas monde. C'est à partir de ce moment que le monde commencera à se préparer à entrer dignement dans le septième millénaire, qui constituera le sabbat de la création, tel un homme qui vers le soir de la veille du sabbat se prépare pour entrer dans le sabbat. On trouve une allusion à cette époque. dans les paroles de l'Écriture (Gen., VII, 11) : « L'année six cent de la vie de Noé, le dix-septième jour du second mois, toutes les sources du grand abîme ont fait jaillir leurs eaux, et toutes les cataractes du ciel furent ouvertes. » Rabbi Yossé dit à Rabbi Yehouda: D'après cette tradition que tu m'apprends, l'exil d'Israël durera plus d'un jour, c'est-à-dire plus de mille ans, alors que les collègues ont prétendu que la « Communauté d'Israël » ne serait dans cet état que durant un jour, c'est-à-dire un millénaire, ainsi qu'il est écrit (Lam., I, 13) : « Il m'a, rendue toute désolée et épuisée de tristesse pendant tout un jour. »
Rabbi Yehouda lui répondit : Voici ce que j'ai appris de mon père au sujet des mystères des lettres du nom sacré et au sujet des jours, c'est-à-dire des millénaires de la durée du monde et au sujet des jours de la création , et tout ceci ne forme qu'un seul et même mystère. A cette époque, l'arc-en-ciel paraîtra dans les nuées, coloré de diverses couleurs lumineuses (59), telle une femme qui se pare pour plaire à son mari, ainsi qu'il est écrit (Gen., IX? 16) : « Mon arc sera dans les nuées ; et, en le voyant, je me souviendrai de l'alliance éternelle qui a été faite entre Dieu et toutes les âmes vivantes qui animent toute chair sur la terre. » Ce verset a été déjà expliqué de manière convenable. Le mot « ourithiha » (et je le verrai) signifie que Dieu verra l'arc-en-ciel coloré de couleurs lumineuses, et qu'il se souviendra alors de l'Alliance éternelle. Que signifie « l'Alliance éternelle » ? C'est la « Communauté d'Israël ».
A cette époque, le Vav s'unira au Hé ( la Communauté d’Israël ); il la relèvera de la poussière, ainsi qu'il est écrit (Gen;, IX, 13) : « Je mettrai mon arc dans les nuées, afin qu'il soit le signe de l'Alliance que j'ai faite avec la terre. » Lorsque l'union du Vav avec le Hé (60) aura été accomplie, des signes célestes apparaîtront dans le monde ; les descendants de la tribu de Ruben seront en guerre avec tout le monde ; et la « Communauté d'Israël » se relèvera de la poussière ; car le Saint, béni soit-il, se souviendra d'elle. Le Saint, béni soit-il, demeurera avec elle dans l'exil un nombre d'années équivalent au Vav. ce qui veut dire six fois dix ans, ou dix foix six ans. Après ce délai, le monde sera parvenu à la perfection et la vengeance de Dieu commencera ; quiconque (61) s'abaisse sera élevé à cette époque. Rabbi Yossé dit à Rabbi Yehouda : Tes paroles sont exactes, car [...]
(Ⅰ)
[117b]  
דְּוא''ו, כְּדֵין וא''ו יוֹקִים לְה''א.

בְּזִמְנָא (שמות ט ב) שִׁית זִמְנִין עֶשֶׂר שִׁתִּין נֶפֶשׁ, כְּדֵין שְׁלִימוּ וא''ו עֶשֶׂר זִמְנִין, וא''ו שִׁית זִמְנִין עֶשֶׂר, (דוא''ו) וא''ו סָלְקָא (בעשר) בְּי', וא''ו נָחֲתָא בְּה''א.

אִשְׁתְּלִים וא''ו גּוֹ עֶשֶׂר שִׁית זִמְנִין, כְּדֵין הֲווּ שִׁתִּין לְאָקְמָא מֵעַפְרָא, וּבְכָל שִׁתִּין וְשִׁתִּין מֵהַהוּא אֶלֶף שְׁתִיתָאָה אִתְתַּקַּף ה''א וְסַלְקָא בְּדַרְגּוֹי לְאִתְתַּקְּפָא. וּבְשִׁית מְאָה שְׁנִין לִשְׁתִיתָאָה יִתְפַּתְּחוּן תַּרְעֵי דְחָכְמְתָא לְעֵילָא וּמַבּוּעֵי דְחָכְמְתָא לְתַתָּא, וְיִתְתַּקַּן עַלְמָא לְאָעֳלָא בִּשְׁבִיעָאָה. כְּבַר נָשׁ דְּמִתְתַּקַּן בְּיוֹמָא שְׁתִיתָאָה מֵכִי עָרַב שִׁמְשָׁא לְאֲעָלָא בְּשַׁבַּתָּא. אוּף הָכִי נָמֵי. וְסִימָנִיךְ (בראשית ז׳:י״א) בִּשְׁנַת שֵׁשׁ מֵאוֹת שָׁנָה לְחַיֵּי נֹחַ וְגו' נִבְקְעוּ כָּל מַעְיְינוֹת תְּהוֹם רַבָּה.

אָמַר לֵיהּ רַבִּי יוֹסֵי כָּל דָּא אֲרִיכוּ זִמְנָא יַתִּיר מִכְּמָה דְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא דְּאִיהוּ יוֹמָא חַד גָּלוּתָא דִּכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל וְלָא יַתִּיר דִּכְתִיב, (איכה א׳:י״ג) נְתָנַנִי שׁוֹמֵמָה כָּל הַיּוֹם דָּוָה. אָמַר לֵיהּ הָכִי אוֹלִיפְנָא מֵאַבָּא בְּרָזִין דְּאַתְוָון דִּשְׁמָא קַדִּישָׁא וּבְיוֹמֵי דִּשְׁנֵי עַלְמָא וּבְיוֹמֵי דִבְרֵאשִׁית וְכֹלָּא רָזָא חָדָא אִיהוּ.

וּכְדֵין יִתְחֲזֵי קַשְׁתָּא בַּעֲנָנָא בִּגְוָונֵי (עב ב) נְהִירִין כְּאִתְּתָא דְמִתְקַשְּׁטָא לְבַעֲלָהּ דִּכְתִיב, (בראשית ט׳:ט״ז) וּרְאִיתִיהָ לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם וְהָא אוּקְמוּהָ וְשַׁפִּיר הוּא. וּרְאִיתִיהָ, בִּגְוָונִין נְהִירִין כְּדְקָא יְאוּת. וּכְדֵין לִזְכֹּר בְּרִית עוֹלָם. מַאן בְּרִית עוֹלָם. דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, וְיִתְחַבַּר וא''ו בְּה''א, וְיֵיקִים לָהּ מֵעַפְרָא, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת בְּרִיתוֹ. דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּאִיהִי בְּרִית, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר וְהָיְתָה לְאוֹת בְּרִית וְגו'.

כַּד יִתְעַר וא''ו לְגַבֵּי ה''א, כְּדֵין אָתִין עִלָּאִין יִתְעָרוּן בְּעָלְמָא (רלו א) וּבְנוֹי דִרְאוּבֵן זְמִינִין דְּיִתְעָרוּן, קְרָבִין בְּכָל עַלְמָא, וּכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל יוֹקִים לָהּ מֵעַפְרָא וְיִדְכַּר לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְיִשְׁתַּכַּח קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְגַבָּהּ גּוֹ גָּלוּתָא כְּחוּשְׁבַּן וא''ו שִׁית זִמְנִין י' (עשר). עֶשֶׂר זִמְנִין שִׁית שְׁנִין, וּכְדֵין תֵּיקוּם וְיִתְפַּקַד עַלְמָא לְמֶעְבַּד נוּקְמִין, וּמַאן דְּאִיהוּ מָאִיךְ יִתְרְמֵי.

אָמַר לֵיהּ רַבִּי יוֹסֵי שַׁפִּיר קָאֲמַרְתְּ בְּגִין
- [...] c’est dans le mystère des lettres du nom sacré que se trouve enfermée l'époque de la délivrance d'Israël ; mais nous ne devons pas chercher d'autres calculs et d'autres supputations ; car, dans le livre de Rab Yebba, le Vieillard, on trouve fixée pour la fin du monde la même date que tu viens d'indiquer ; elle y est basée sur les paroles de l'Écriture (Lévit., XXVI, 34) : « Alors la terre se plaira dans les jours de son repos, pendant le temps qu'elle demeurera déserte, etc. » Ces paroles font allusion au Vav, ainsi qu'il est écrit (Lévit., XXVI, 42) : « Et je me souviendrai (ve-zacarthi) de l'alliance que j'ai faite avec Jacob, Isaac et Abraham, et je me souviendrai aussi de la terre. » Par les mots: « Je me souviendrai aussi de la terre », l'Écriture désigne la « Communauté d'Israël (62) ». Les mots : « ... La terre se plaira » signifient qu'elle deviendra agréable au Saint, béni soit-il. Mais pour ce qui est de la durée d'un jour que les collègues ont fixée pour l'exil d'Israël, c’est-à-dire le cinquième millénaire, tout cela est caché et n'est connu que de Dieu ; et tout se trouve dans le mystère des lettres du nom sacré ; car l'exil est enfermé dans ces lettres ; mais voici que ce mystère vient d'être révélé à Rabbi Yessa, et celui-ci l'a révélé à son tour.
Rabbi Yehouda dit à Rabbi Yossé: Remarquez que, même pour la visite que Dieu fit à Sara, c'était le degré de l'essence divine symbolisé par le Vav qui apparut à Sara, ainsi qu'il est écrit : « Et Jéhovah (va-Jéhovah) visita Sara, etc.» Car tout est contenu dans le mystère du Vav et tout est enfermé en lui, et c'est par lui que tout est révélé ; il révèle tous les mystères et personne ne peut révéler ce que lui a caché.
Rabbi Yossé dit : La durée de l'exil prendra fin à l'époque fixée, à moins qu'Israël ne fasse pénitence avant. Mais Dieu hâtera la délivrance d'Israël, si celui-ci fait pénitence ainsi qu'il est écrit (Is., LX, 22) : «Je suis le Seigneur ; et c'est moi qui hâterai toutes ces merveilles, quand le temps en sera venu.» L'Écriture veut dire que Dieu hâtera la délivrance d'Israël, si celui-ci est digne, mais que la délivrance n'aura lieu qu'à l'époque fixée, si Israël n'est pas digne.
Pendant que Rabbi Yehouda et Rabbi Yossé continuaient leur chemin, ce dernier dit au premier : Il me souvient d'avoir été une fois assis, à cette même place, avec mon père, qui me dit : Lorsque tu arriveras à l'âge de soixante ans, tu trouveras à cette même place le trésor de la Sagesse suprême. Or, la Providence m'a accordé la faveur d'arriver à cet âge ; mais je n'ai encore rien trouvé. Je ne sais si ce ne sont peut-être les paroles que tu viens de m'apprendre à l'instant même, que mon père avait désignées sous le nom de « trésor de la Sagesse suprême ». Mon père m'avait prédit, en outre. ce qui suit : A peine tombée entre tes mains, cette flamme céleste t'échappera. J'avais demandé à mon père : A quoi reconnais-tu qu'il m’arrivera ce que tu dis ? Mon père m'a répondu : Je reconnais cela aux deux oiseaux qui viennent de passer au-dessus de ta tête. Pendant que Rabbi Yossé racontait ainsi à son collègue ce souvenir de jeunesse, il dit s'éloigner un instant. Il entra dans une grotte [...]
(Ⅰ)
[118a]  
דְּאִיהוּ גּוֹ רָזָא דְּאַתְוָון. וְלֵית לָן לְאַתְעָרָא חוּשְׁבַּן וְקִצִּין אָחֳרָנִין, דְּהָא בְּסִפְרָא דְּרַב יֵיבָא סָבָא אַשְׁכְּחָן חוּשְׁבַּן דָּא דִּכְתִיב, (ויקרא כו) אָז תִּרְצֶה הָאָרֶץ. וְהוּא רָזָא דְּוא''ו דִּכְתִיב, (ויקרא כו) וְזָכַרְתִּי אֶת בְּרִיתִי יַעֲקוֹב וְדָא הוּא וא''ו כֹּלָּא כְּחֲדָא, וְעַל דָּא אֶזְכּוֹר, וּלְבָתַר וְהָאָרֶץ אֶזְכּוֹר, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. תִּרְצֶה. תִּתְרְעֵי אַרְעָא לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

אֲבָל יוֹמָא חַד דְּאָמְרוּ חַבְרַיָיא וַדַּאי כֹּלָּא הוּא גָּנִיז קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְכֹלָּא אִשְׁתְּכַח בְּרָזָא דְאַתְוָון דִּשְׁמָא קַדִּישָׁא, דְּהָא גָלוּתָא בְּאִנּוּן אַתְוָון גָּלֵי לוֹן רַבִּי יֵיסָא הָכָא, וְהַשְׁתָּא בְּאִנּוּן אַתְוָון אִתְגַּלְּיָין וְגָלֵי לוֹן.

אָמַר לֵיהּ תָּא חֲזֵי, דְּאָפִילּוּ כַּד אִתְפַּקְּדָא שָׂרָה, מֵהַאי דַרְגָא לָא פַּקִּיד לָהּ, אֶלָּא בְּרָזָא דְוא''ו, דִּכְתִיב וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה וְגו'. בְּגִין דְּכֹלָּא בְּרָזָא דְוא''ו אִיהוּ, וּבְהָא כָּלִיל כֹּלָּא, וּבֵיהּ אִתְגַּלְּיָא כֹּלָּא, בְּגִין דְּכָל מִלָּה דְּאִיהִי סְתִימָא אִיהִי גַּלֵּי כָּל סָתִים. וְלָא אָתֵי מַאן דְּאִיהוּ בְּאִתְגַלְּיָא וִיגַלֵּי מַה דְּאִיהוּ סָתִים.

אָמַר רַבִּי יוֹסֵי כַּמָּה אִית לָן לְאִתְמַשְּׁכָא גּוֹ גָּלוּתָא עַד הַהוּא זִמְנָא, וְכֹלָּא תָּלֵי לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּד יְתוּבוּן בִּתְיוּבְתָּא. אִי יִזְכּוּ וְאִי לָא יִזְכּוּ, כְּמָה דְאִתְמָּר בְּהַאי קְרָא דִּכְתִיב אֲנִי יְיָ בְּעִתָּהּ אֲחִישֶׁנָּה. זָכוּ אֲחִישֶׁנָּה לא זָכוּ בְּעִתָּהּ.

אֲזְלוּ, עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, אָמַר רַבִּי יוֹסֵי אַדְכַּרְנָא הַשְׁתָּא דְּהָא בְּאֲתַר דָּא יָתִיבְנָא יוֹמָא חַד עִם אַבָּא, וְאָמַר לִי בְּרִי זַמִּין אַנְתְּ כַּד מָטוּן יוֹמָךְ לְשִׁיתִּין שְׁנִין לְאַשְׁכָּחָא בְּהַאי אֲתַר סִימָא דְּחָכְמְתָא עִלָּאָה, וְהָא זָכִינָא לְאִנּוּן יוֹמִין וְלָא אַשְׁכַּחְנָא, וְלָא יְדַעְנָא אִי הַנֵּי מִלִּין דְּקָאֲמָרָן אוֹ הַהִיא חָכְמְתָא דְּאִיהוּ אָמַר.

וְאָמַר לִי כַּד יִמְטוּן קוּלְפִין דְּנוּרָא גּוֹ טְהִירֵי יְדָךְ אִתְאֲבִיד מִינָךְ. אֲמִינָא לֵיהּ אַבָּא בַּמֶּה יְדַעְתְּ. אָמַר לִי בְּהַנֵּי תְּרֵין צִפּוֹרִין דְּאַעֲבָרוּ עַל רֵישָׁךְ יְדַעְנָא. אַדְּהָכִי אִתְפְּרַשׁ רַבִּי יוֹסֵי וְעָאל גּוֹ מְעַרְתָּא
- [...] où il trouva un livre caché dans un trou de rocher aménagé tout au fond de la grotte. Sorti de là, il ouvrit ce livre et il lut les soixante-douze lettres gravées du nom sacré, qui avaient été confiées à Adam, et grâce auxquelles il a connu toute la sagesse du monde sacré d'en haut. Il a trouvé également dans ce livre la nature de ceux qui sont cachés sous le moulin (63), situé derrière le rideau qui sépare la lumière du monde d'en haut d'avec les ténèbres de la puissance du démon. Il a lu enfin, dans ce livre, tous les événements qui arriveront dans le monde jusqu’au jour où une nuée s'élèvera à l'occident, qui plongera le monde dans les ténèbres.
Rabbi Yossé appela Rabbi Yehouda ; et tous les deux commencèrent la lecture de ce livre. Mais à peine avaient-ils parcouru deux ou trois pages renfermant les lettres mystérieuses, et à peine avaient-ils commencé à méditer sur le mystère de la Sagesse suprême exposé dans ce livre, qu'une langue de feu traversa l'espace, accompagnée d'un vent violent et impétueux, qui arracha le livre de leurs mains et l'emporta. Rabbi Yossé se mit à pleurer et dit : Peut-être - ce qu'à Dieu ne plaise ! - avons-nous commis un péché en ôtant ce livre de la place où il était, on peut-être sommes-nous indignes de connaître les mystères que ce livre renferme. Arrivés auprès de Rabbi Siméon, ils lui racontèrent ce qui leur était arrivé. Rabbi Siméon leur répondit : Les lettres contenues dans ce livre et que vous vous êtes appliqués à déchiffrer renfermaient peut-être le secret de l'époque messianique. Ils lui répondirent : Nous ne le savons plus ; car nous avons oublié tout ce que nous y avons lu.
Rabbi Siméon leur répliqua : Le Saint béni soit-il, ne veut pas que les mystères soient divulgués dans ce monde ; mais quand approchera l'époque messianique, même les petits enfants connaîtront les mystères de la Sagesse ; ils sauront tout ce qui doit arriver à la fin des jours, grâce à des calculs. A cette époque, nos mystères seront divulgués à tout le monde, ainsi qu'il est écrit (Sophonie, III, 9) : « Car ,alors je rendrai pures les lèvres des peuples, afin que tous invoquent le nom du Seigneur, et que tous se soumettent à son joug dans un même esprit. » Que signifie le mot «alors» (àz ) ? Lorsque la « Communauté d’Israël » aura été relevée de la poussière, et lorsque le Saint, béni soit-il, l'aura remise debout, c'est alors, dit l'Écriture, « que je rendrai pures les lèvres des peuples, afin que tous invoquent le nom du Seigneur, et que tous se soumettent à son joug dans un même esprit ».
Remarquez qu'en dépit de ce que l'Écriture (Gen., XII, 9) dit d'Abraham : « Abraham alla encore plus loin, marchant toujours et s'avançant vers le Midi » ; et, bien que tous les voyages d'Abraham aient été dirigés vers le Midi, il n'est arrivé au degré qu'il devait atteindre que lors de la naissance d'Isaac ; dès qu'Isaac fut né, Abraham atteignit le plus haut degré ; car c'est alors seulement qu'il a pu [...]
(Ⅰ)
[118b]  
חָדָא וְאַשְׁכַּח סִפְרָא חַד דְּהֲוָה נָעִיץ גּוֹ נוּקְבָא דְּטִנָּרָא בִּסְיָיפֵי מְעַרְתָּא, נָפַק בֵּיהּ.

כֵּיוָן דְּפָתַח לֵיהּ חָמָא שִׁבְעִין וּתְרֵין גְּלִיפִין דְּאַתְוָון דְּאִתְמְסָרוּ לְאָדָם הָרִאשׁוֹן וּבְהוּ הֲוָה יָדַע כָּל חָכְמְתָא דְּעִלָּאִין קַדִּישִׁין וְכָל אִנּוּן דְּבָתַר רֵיחַיָא דְּמִתְגַּלְגְּלָן בָּתַר פָּרוּכְתָּא גּוֹ טְהִירִין עִלָּאִין וְכָל אִנּוּן מִלִּין דְּזַמִּינִין לְמֵיתֵי לְעָלְמָא, עַד יוֹמָא דְּיֵקוּם עֲנָנָא דְּבִסְטַר מַעֲרָב וְיַחְשִׁיךְ עָלְמָא.

קָרָא לְרַבִּי יְהוּדָה וְשָׁרוּ לְמִלְעֵי בְּהַהוּא סִפְרָא, לָא סְפִיקוּ לְמִלְעֵי תְּרֵי אוֹ תְּלָתָא סִטְרִין דְּאִנּוּן אַתְוָון עַד דְּהֲווּ מִסְתַּכְּלִין בְּהַהִיא חָכְמָה עִלָּאָה, כֵּיוָן דְּמָטוּ לְמִלְעֵי בִּסְתִירוּ דְּסִפְרָא וּמִשְׁתָּעוּ דָּא עִם דָּא, נָפַק שְׁבִיבָא דְּאֶשָׁא וְעִלְעוּלָא דְּרוּחָא וּבָטַשׁ בִּידֵיהוֹן וְאִתְאֲבִיד מִנַּיְיהוּ. בָּכָה רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר דִּילְמָא חַס וְשָׁלוֹם חוֹבָה אִיהוּ גַּבָּן אוֹ דְּלָאו אֲנַן זַכִּין לְמִנְדַע לֵיהּ.

כַּד אָתוּן לְגַבֵּי דְרַבִּי שִׁמְעוֹן אִשְׁתָּעוּ לֵיהּ עוֹבָדָא דָא, אָמַר לוֹן דִּילְמָא בְּקֵץ מְשִׁיחָא דְּאִנּוּן אַתְוָון הֲוֵיתוּן מִשְׁתַּדְּלֵי, אָמְרוּ לֵיהּ דָּא לָא יַדְעִינָן דְּהָא כֹּלָּא אִתְנְשֵׁי מִינָן. אָמַר לוֹן רַבִּי שִׁמְעוֹן לֵית רְעוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּדָא דְּיִתְגְּלֵי כָּל כָּךְ לְעַלְמָא, וְכַד יְהֵא קָרִיב לְיוֹמֵי מְשִׁיחָא אֲפִילּוּ רַבְיֵי דְעַלְמָא זְמִינִין לְאַשְׁכָּחָא טְמִירִין דְּחָכְמְתָא וּלְמִנְדַע בֵּיהּ קִצִּין וְחוּשְׁבְּנִין, וּבְהַהוּא זִמְנָא אִתְגַּלְּיָא לְכֹלָּא הֲדָא הוּא דִכְתִיב (צפניה ג׳:ט׳) כִּי אָז אֶהְפֹּךְ אֶל עַמִּים וְגו'. מַהוּ אָז. בְּזִמְנָא דְּתֵיקוּם כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל מֵעַפְרָא וְיוֹקִים לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדֵין אֶהְפֹּךְ אֶל עַמִּים שָׂפָה בְרוּרָה לִקְרֹא כֻלָּם בְּשֵׁם יְיָ וּלְעָבְדוֹ שְׁכֶם אֶחָד.

תָּא חֲזֵי, אַף עַל גַּב דְּאַבְרָהָם כְּתִיב בֵּיהּ וַיִּסַּע אַבְרָם הָלוֹךְ וְנָסוֹעַ הַנֶּגְבָּה. וְכָל מַטְלָנוֹי הֲווּ לְדָרוֹמָא וְאִתְקַשַּׁר בֵּיהּ, לָא סָלִיק לְדוּכְתֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת עַד דְּאִתְיְלִיד יִצְחָק, כֵּיוָן דְּאִתְיְלִיד יִצְחָק אִסְתַּלַּק לְאַתְרֵיהּ וְאִיהוּ אִשְׁתַּתַּף בַּהֲדֵיהּ וְאִתְקַשְּׁרוּ
- [...] unir l'un à l'autre, c'est-à-dire faire l’union des deux degrés de l'essence divine dont Abraham et Isaac sont l'image (64). C'est pour cette raison qu'Abraham lui-même donna à son fils le nom d'Isaac, mais ne chargea pas une autre personne de ce soin ; c'était précisément pour associer « l'eau » au « feu», ainsi qu'il est écrit (Gen., XXI, 3) : « Et Abraham donna au fils qui lui était né de Sara le nom d'Isaac. » Que signifient les mots : « ... Qui lui était né »? L'Écriture veut dire que le « feu » était né de « l'eau ».
Il est écrit (Gen., XXI,9): «Et Sara vit le fils qu'Agar l'Egyptienne avait donné à Abraham, ce fils raillait. » Rabbi Hiyâ dit: A partir du jour où Isaac fut né, Ismaël ne fut plus appelé par son nom, tant qu'il resta dans la maison d'Abraham, parce qu'en présence de l'or la gangue ne compte pour rien.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Sara vit le fils d'Agar l'Égyptienne. » L'Écriture a recours à cette circonlocution pour éviter de l'appeler par son nom en présence d'Isaac.
Rabbi Isaac dit : Les paroles: « Et Sara vit le fils d'Agar » signifient qu'elle le regardait avec dédain. Sara ne vit pas en lui le fils d'Abraham, mais le fils d'Agar l'Égyptienne ; et c'est pourquoi l'Écriture dit : «Et Sara vit le fils d'Agar l'Égyptienne. » Mais il n'en était pas de même d'Abraham, qui vit en Ismaël son propre fils, et non celui d'Agar ; car, remarquez que l'Écriture dit ensuite : « Ces paroles peinèrent beaucoup Abraham, à cause de son fils. » Mais l'Écriture ne dit pas : « ... A cause du fils d'Agar l'Égyptienne. » Voici pourquoi l'Écriture dit : « Et Sara vit le fils d'Agar l'Égyptienne. » Car elle n'a pas vu en lui le fils d'Abraham. Rabbi Siméon dit: Ce verset est tout à l'éloge de Sara. Sara a vu Ismaël adorer les corps célestes ; alors elle s'écria : Evidemment celui-ci n'est pas le fils d'Abraham dont il n'imite pas les œuvres, mais le fils d'Agar l'Égyptienne dont il a hérité le culte.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et elle dit à Abraham : Chasse cette servante avec son fils ; car le fils de cette servante ne sera point héritier avec mon fils Isaac. » Si Sara eût été animée d'un sentiment de jalousie vis-à-vis d’Agar ou de son fils, le Saint, béni soit-il, n'aurait pas approuvé ses paroles, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXI, 12) : « Fais tout ce qu’elle te dira. »
Mais, comme Sara vit qu'Ismaël adorait les corps célestes et que sa mère lui apprenait les rites de ce culte étranger, elle s'écria: « ... Car le fils de cette servante ne sera point héritier avec mon fils Isaac », ce qui veut dire : il n'héritera jamais la part de la Foi et, partant, il ne partagera jamais le sort de mon fils, ni dans ce monde, ni dans le monde futur. C'est pourquoi le Saint, béni soit-il, approuva ses paroles. Le Saint, béni soit-il, voulait séparer la semence sacrée de manière convenable ; c'est à ces fins qu'il a créé le monde. Car Israël était déjà dans la pensée du Saint, béni soit-il, avant la création du monde. C'est pourquoi, lorsqu'Abraham vint au monde, le monde s'affermit à cause de lui. Mais, malgré la naissance d'Abraham et d'Isaac, le monde ne fut point entièrement affermi avant la naissance de Jacob ; ce n'est qu'alors que l'état d'Abraham et d'Isaac s'affermit complètement, ainsi que l'état du monde ; c'est Jacob qui servit de tige au peuple saint, parmi lequel s'accomplit toute la sainte volonté de Dieu ; c'est pourquoi le Saint, béni soit-il, dit à Abraham : « Fais tout ce qu'elle te dira, parce que c'est d'Isaac que sortira la race qui doit porter ton nom. » Ces paroles font sous-entendre : mais non pas d'Ismaël.
Que dit l'Écriture à la suite? - « Elle est partie ; et elle errait (vathetha) dans la solitude de Bersabée.» Ici, l'Écriture se sert du mot «vathetha». Et ailleurs (Jér., X, 15) il est écrit : «Leur ouvrage n'est que vanité et qu'illusion (thaethuim (65)).» Car le Saint, béni soit-il, n'a pas abandonné Agar et son fils., grâce au mérite d'Abraham.
Remarquez que, précédemment, lorsque Agar dut s'enfuir de devant Sara, l'Écriture (Gen., XVI, 11) dit : «Tu as conçu, et tu enfanteras un fils,et tu l'appelleras Ismaël (Dieu a écouté), parce que le Seigneur a entendu le cri de ton affliction. » Par contre, plus tard, lorsqu'elle s'est souillée par le culte de dieux étrangers, l'Écriture dit seulement (Gen., XXI, 17) : « Et Dieu écouta la voix de l'enfant. » Mais elle ne dit pas : « Et Dieu écouta sa voix », bien qu’elle l'ait fait entendre, ainsi qu'il est écrit (ibid., 16) : « Et elle éleva sa voix et se mit à pleurer.»
L’Écriture ajoute : « ..... Car Dieu a écouté la voix de l'enfant là où il est. » Ces derniers mots : «... Là où il est» ont la signification suivante : Nous savons qu'ici-bas l'homme n'est considéré comme majeur et n'est passible de punition qu'à l'âge de treize ans révolus ; pour la punition dans l'autre monde, l'homme n'est considéré comme majeur qu'à l'âge de vingt ans révolus. Or, comme Ismaël n'était pas encore majeur à cette époque, il n'était pas encore passible de punition ; c'est pourquoi Dieu l'a secouru dans son affliction. Tel est le sens des paroles : « ... Là où il est », ce qui veut dire : à l’âge où il est, il n'est pas encore passible de punition ; et c'est pourquoi Dieu a écouté sa voix .
Rabbi Eléazar dit à Rabbi Siméon : D'après ce qui vient d'être dit, je me demande d'où vient que nombre d'hommes meurent avant l'âge de vingt ans? Que les enfants au-dessous de treize ans meurent, cela se conçoit ; car les enfants d'un âge inférieur meurent par suite des péchés de leurs parents. Mais comment expliquer la mort des hommes entre l'âge de treize et de vingt ans, alors qu’après treize ans l'enfant ne meurt plus par suite des péchés de ses parents et qu'il n’est pas encore passible d’une punition du ciel avant l'âge de vingt ans?
Rabbi Siméon lui répondit : La mort avant l'âge de vingt ans est une grâce que le Saint, béni soit-il, accorde à certains hommes prédestinés à mener une mauvaise vie ; il les enlève de ce monde à l'état de grâce et avant qu'ils ne se soient rendus coupables, afin de pouvoir les récompenser dans le monde futur. Mais, objecta Rabbi Éléazar, encore faut-il qu'un homme soit coupable pour qu'il meure avant l'âge [...]
(Ⅰ)
[119a]  
דָּא בְּדָא.

בְגִין כָּךְ אִיהוּ קָרֵי לֵיהּ יִצְחָק וְלָא אָחֳרָא, בְּגִין לְשַׁתְּפָא מַיָא בְּאֶשָׁא, דִּכְתִיב וַיִּקְרָא אַבְרָהָם אֶת שֵׁם בְּנוֹ הַנּוֹלַד לוֹ אֲשֶׁר יָלְדָה לוֹ שָׂרָה יִצְחָק. מַאן הַנּוֹלַד לוֹ, אֵשׁ מִמַּיִם:

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר. רַבִּי יוֹחָנָן פָּתַח בְּהַאי קְרָא (שיר השירים ז׳:ו׳) רֹאשֵׁךְ עָלַיִךְ כַּכַּרְמֶל וְדַלַּת רֹאשֵׁךְ כָּאַרְגָּמָן מֶלֶךְ אָסוּר בָּרְהָטִים. עָשָׂה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שִׁלְטוֹנִים לְמַעְלָה וְשִׁלְטוֹנִים לְמַטָה. כְּשֶׁנּוֹתֵן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מַעֲלָה לַשָּׂרִים שֶׁל מַעְלָה נוֹטְלִים מַעֲלָה הַמְּלָכִים שֶׁל מַטָה. נָתַן מַעֲלָה לְשָׂרוֹ שֶׁל בָּבֶל, נָטַל מַעֲלָה נְבוּכַדְנֶצַּר הָרָשָׁע דִּכְתִיב בֵּיהּ (דניאל ב׳:ל״ח) אַנְתְּ הוּא רֵאשָׁה דִּי דַּהֲבָא, והָיוּ כָּל הָעוֹלָם מְשׁוּעְבָּדִים תַּחַת יָדוֹ וּבְנוֹ וּבֶן בְּנוֹ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב רֹאשֵׁךְ עָלַיִךְ כַּכַּרְמֶל, זֶהוּ נְבוּכַדְנֶצַּר, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (דניאל ד׳:ט׳) תְּחֹתוֹהִי תַּטְלֵל חֵיוַת בָּרָא. וְדַלַּת רֹאשֵׁךְ כָּאַרְגָּמָן, זְהוּ בֵּלְשַׁצַּר דְּאָמַר (דניאל ה׳:ז׳) אַרְגְּוָונָא יִלְבָּשׁ. מֶלֶךְ אָסוּר בָּרְהָטִים, זֶהוּ אֱוִיל מְרוֹדָךְ שֶׁהָיָה אָסוּר עַד שֶׁמֵּת אָבִיו נְבוּכַדְנֶצַּר וּמָלַךְ תַּחְתָּיו.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה לְמַאי אֲתָא הַאי טַעַם בְּשִׁיר הַשִּׁירִים. אֶלָּא אָמַר רַבִּי יְהוּדָּה שִׁבְעָה דְבָרִים נִבְרְאוּ קוֹדֶם שֶׁנִּבְרָא הָעוֹלָם, וְאֵלּוּ הֵן וְכוּ', כִּסֵּא הַכָּבוֹד שֶׁנֶּאֱמַר (תהלים צג) נָכוֹן כִּסְאֲךָ מֵאָז מֵעוֹלָם אָתָּה וּכְתִיב, (ירמיה יז) כִּסֵּא כָבוֹד מָרוֹם מֵרִאשׁוֹן. שֶׁהוּא הָיָה רֹאשׁ הַנִּקְדַּם לַכֹּל, וְנָטַל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אֶת הַנְּשָׁמָה הַטְהוֹרָה מִכִּסֵּא הַכָּבוֹד לִהְיוֹת מְאִירָה לַגּוּף, הֲדָא הוּא דִכְתִיב רֹאשֵׁךְ עָלַיִךְ כַּכַּרְמֶל, זְהוּ כִּסֵּא הַכָּבוֹד שֶׁהוּא רֹאשׁ עַל הַכֹּל. וְדַלַּת רֹאשֵׁךְ כָּאַרְגָּמָן, זוֹ הִיא הַנְּשָׁמָה הַנִּטֶלֶת מִמֶּנּוּ. מֶלֶךְ אָסוּר בָּרְהָטִים, זְהוּ הַגּוּף שֶׁהוּא אָסוּר בַּקֶּבֶר וְכָלָה בֶּעָפָר וְלֹא נִשְׁאָר מִמֶּנּוּ אֶלָּא כִּמְלֹא תַּרְוָד רֶקֶב. וּמִמֶּנּוּ יִבָּנֶה כָּל הַגּוּף. וּכְשֶׁפּוֹקֵד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אֶת הַגּוּף הוּא אוֹמֵר לָאָרֶץ שֶׁתַּפְלִיט אוֹתוֹ לַחוּץ דִּכְתִיב (ישעיה כו) ואֶרְץ רְפָאִים תַּפִּיל. אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן הַמֵּתִים שֶׁבָּאֶרֶץ הֵם חַיִּים תְּחִלָּה הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיה כו) יִחְיוּ מֵתֶיךָ, נְבֵלָתִי יְקוּמוּן אֵלּוּ שֶׁבְּחוּצָּה לָאָרֶץ. הָקִיצּוּ ורַנְּנוּ שׁוֹכְנֵי עָפָר, אֵלּוּ הַמֵּתִים שֶׁבַּמִּדְבָּר. דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן לָמָּה מֵת משֶׁה בְּחוּצָּה לָאָרֶץ. לְהַרְאוֹת לְכָל בָּאֵי עוֹלָם, כְּשֵׁם שֶׁעָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְהַחֲיוֹת לְמשֶׁה כָּךְ עָתִיד לְהַחֲיוֹת לְדוֹרוֹ (למה) שֶׁהֵם קִבְּלוּ הַתּוֹרָה. (דאמר רבי יוחנן) וְעֲלֵיהֶם נֶאֱמַר (ירמיה ב) זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ אַהֲבַת כְּלוּלוֹתָיִךְ לֶכְתֵּךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר בְּאֶרֶץ לא זְרוּעָה. דָּבָר אַחֵר הָקִיצּוּ ורַנְּנוּ שׁוֹכְנִי עָפָר, אֵלּוּ הֵם הָאָבוֹת. וְהַמֵּתִים בְּחוּצָּה לָאָרֶץ יִבָּנֶה גוּפָם וּמִתְגַּלְגְּלִים תַּחַת הָאָרֶץ עַד אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל ושָׁם יְקַבְּלוּ נִשְׁמָתָם וְלֹא בְּחוּצָּה לָאָרֶץ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל לז) לָכֵן הִנָּבֵא וְאָמַרְתָּ אֲלֵיהֶם הִנֵּה אָנֹכִי פּוֹתֵחַ אֶת קִבְרוֹתֵיכֶם וְהַעֲלֵיתִי אֶתְכֶם מִקִּבְרוֹתֵיכֶם עַמִּי וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם אֶל אַדְמַת יִשְׂרָאֵל. מַה כְּתִיב אַחֲרָיו ונָתַתִּי רוּחִי בָכֶם וִחְיִיתֶם.

רַבִּי פִּנְחָס אָמַר הַנְּשָׁמָה נִטְלָה מִכִּסֵּא הַכָּבוֹד שֶׁהוּא הָרֹאשׁ כִּדְקָאָמַר (שיר השירים ז) רֹאשֵׁךְ עָלַיִךְ כַּכַּרְמֶל. וְדַלַּת רֹאשֵׁךְ כָּאַרְגָּמָן זוֹ הִיא הַנְּשָׁמָה שֶׁהִיא דַּלַת הָרֹאשׁ. מֶלֶךְ אָסוּר בָּרְהָטִים, הוּא הַגּוּף שֶׁהוּא אָסוּר בַּקְבָרִים. זֶהוּ הַגּוּף וְזֶהוּ שָׂרָה וְזֶהוּ מֶלֶךְ. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא פּוֹקְדָהּ לַמּוֹעֵד אֲשֶׁר דִּבֶּר אֵלָיו הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר. פּוֹקֵד אֶת הַגּוּף לַזְּמַן הַיָּדוּעַ שֶׁבּוֹ יפְקוֹד הַצַּדִּיקִים.

אָמַר רַבִּי פִּנְחָס עָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְיַפּוֹת לְגוּף הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא כְּיוֹפִי שֶׁל אָדָם הָרִאשׁוֹן כְּשֶׁנִּכְנַס לַגַּן עֵדֶן, שֶׁנְּאֱמַר (ישעיה נח) וְנָחֲךָ יְיָ תָּמִיד וְגו' וְהָיִיתָ כְּגַן רָוְה. אָמַר רַבִי לֵוִי הַנְּשָׁמָה בְּעוֹדָהּ בְּמַעֲלָתָהּ נִיזוֹנֶת בְּאוֹר שֶׁל מַעְלָה וּמִתְלַבֶּשֶׁת בּוֹ, וּכְשֶׁתִּכָּנֵס (ונשתרש) לַגוּף לֶעָתִיד לָבֹא בְּאוֹתוֹ הָאוֹר מַמָּשׁ תִּכָּנֵס, וְאֲזַי הַגּוּף יָאִיר כְּזוֹהַר הָרָקִיעַ הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (דניאל יב) וְהַמַּשְׂכִּילִים יַזְהִירוּ כְּזוֹהַר הָרָקִיעַ, וְיַשִּׂיגוּ בְּנִי אָדָם דֵּעָה שְׁלֵימָה שֶׁנְּאֱמַר (ישעיה יא) כִּי מָלְאָה הָאָרֶץ דֵּעָה אֶת יְיָ. מְנָא לָן הָא, מִמַּה דִּכְתִיב וְנָחֲךָ יְיָ תָּמִיד וְהִשְׂבִּיעַ בְּצַּחֲצָּחוֹת נַפְשֶׁךָ. זְה אוֹר שֶׁל מַעְלָה.

וְעַצְּמוֹתֶיךָ יַחְלִיץ זְה פְּקִידַת הַגּוּף. וְהָיִיתָ כְּגַן רָוְה וּכְמוֹצָּא מַיִם אֲשֶׁר לא יְכַזְבוּ מֵימָיו. זֶהוּ דַעַת הַבּוֹרֵא יִתְבָּרַךְ, וְאֲזַי יֵדְעוּ הַבְּרִיּוֹת שֶׁהַנְּשָׁמָה הַנִּכְנֶסֶת בָּהֶם שֶׁהִיא נִשְׁמַת הַחַיִּים נִשְׁמַת הַתַּעֲנוּגִים שֶׁהִיא קִבְּלָה תַּעֲנוּגִים מִלְּמַעְלָה וּמְעָדֵנֶּת לַגּוּף וְהַכֹּל תְּמֵהִים בָּהּ ואוֹמְרִים (שיר השירים ז) מַה יָּפִית וּמַה נָּעַמְתְּ אַהֲבָה בַּתַּעֲנוּגִים. זוֹ הִיא הַנְּשָׁמָה לֶעָתִיד לָבֹא.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה תָּא חֲזֵי, שֶׁכָּךְ הוּא דִּכְתִיב, (שיר השירים ז׳:ז׳) מֶלֶךְ אָסוּר בָּרְהָטִים. וּכְתִיב בַּתְרֵיהּ מַה יָּפִית וּמַה נָּעַמְתְּ. וְאָמַר רַבִּי יְהוּדָה בְּאוֹתוֹ זְמַן עָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְשַׂמֵּחַ עוֹלָמוֹ וְלִשְׂמוֹחַ בִּבְרִיּוֹתָיו שֶׁנְּאֱמַר (תהילים ק״ד:ל״א) יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו. וְאֲזַי יִהְיֶה שְׂחוֹק בָּעוֹלָם מַה שֶּׁאֵין עַכְשָׁיו, דִּכְתִיב, (תהילים קכ״ו:ב׳) אָז יִמָּלֵא שְׂחוֹק פִּינוּ וגו'. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַתֹּאמֶר שָׂרָה צְּחוֹק עָשָׂה לִי אֱלהִים. שֶׁאֲזַי עֲתִידִים בְּנֵי אָדָם לוֹמַר שִׁירָה שֶׁהוּא עֵת שְׂחוֹק. רַבִּי אַבָּא אָמַר הַיּוֹם שֶׁיִּשְׂמַח הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עִם בְּרִיּוֹתָיו לֹא הָיְתָה שִׂמְחָה כְּמוֹתָהּ מִיּוֹם שֶׁנִּבְרָא הָעוֹלָם, וְהַצַּדִּיקִים הַנִּשְׁאָרִים בִּירוּשָׁלַיִם לא יָשׁוּבוּ עוֹד לְעַפְרָם דִּכְתִיב, (ישעיהו ד׳:ג׳) והָיָה הַנִּשְׁאָר בְּצִּיּוֹן וְהַנּוֹתָר בִּיְרוּשָׁלַםִ קָדוֹשׁ יֵאָמַר לוֹ. הַנּוֹתָר בְּצִּיּוֹן וּבִיְרוּשָׁלַםִ דַּיְיקָא.

אָמַר רַבִּי אַחָא אִם כֵּן זְעִירִין אִנּוּן, אֶלָּא כָּל אִנּוּן דְּאִשְׁתְּאָרוּ בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא דְיִשְׂרָאֵל דִּינָא דִלְהוֹן כִּיְרוּשָׁלַםִ וּכְצִּיּוֹן לְכָל דָּבָר. מְלַמֵּד דְּכָל אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל בִּכְלַל יְרוּשָׁלַםִ הִיא, מִמַּשְׁמַע דִּכְתִיב, (ויקרא י״ט:כ״ג) וכִי תָבֹאוּ אֶל הָאָרֶץ הַכֹּל בִּכְלָל. רַבִּי יְהוּדָה בְּרַבִּי אֶלְעָזָר שָׁאַל לְרַבִּי חִזְקִיָּה, אָמַר לוֹ מֵתִים שֶׁעָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְהַחֲיוֹתָם, לָמָּה לָא יָהִיב נִשְׁמַתְהוֹן בְּאֲתַר דְּאִתְקְבָרוּ תַּמָּן וְיֵיתוּן לְאַחֲיָיא בְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל. אָמַר לוֹ נִשְׁבַּע הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לִבְנוֹת יְרוּשָׁלַםִ וְשֶׁלֹּא תֵּהָרֵס לְעוֹלָמִים, דְּאָמַר רַבִּי יִרְמְיָה עָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְחַדֵשׁ עוֹלָמוֹ וְלִבְנוֹת יְרוּשָׁלַםִ וּלְהוֹרִידָהּ בְּנוּיָה מִלְּמַעְלָה (ס''א בנין) בְּגִין שֶׁלֹּא יִהָרֵס, וְנִשְׁבַּע שֶׁלא תִּגְלֶה עוֹד כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, וְנִשְׁבַּע שֶׁלֹּא יֵהָרֵס בִּנְיַן יְרוּשָׁלַ ם, שֶׁנֶּאֱמַר (ישעיהו ס״ב:ד׳) לא יִאָמֵר לָךְ עוֹד עֲזוּבָה וּלְאַרְצֵּךְ לֹא יֵאָמֵר עוֹד שְׁמָמָה.

וּבְכָל מָקוֹם שֶׁאַתָּה מוֹצֵּא לא לֹא, הִיא שְׁבוּעָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ט׳:י״א) וְלֹא יִכָּרֵת כָּל בָּשָׂר עוֹד מִמֵּי הַמַּבּוּל ולֹא יִהְיֶה עוֹד מַבּוּל וְגו' וּכְתִיב, (ישעיהו נ״ד:ט׳) אֲשֶׁר נִשְׁבַּעְתִּי מֵעֲבֹר מֵי נֹחַ. מִכָּאן שֶׁלֹּא לֹא, שְׁבוּעָה. וּמִן לָאו אַתָּה שׁוֹמֵעַ הֵן. וְעָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְקַיֵּים עוֹלָמוֹ קִיּוּם שֶׁלֹּא תִּגְלֶה כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל וְלֹא תֵּהָרֵס בִּנְיַן בֵּית הַמִּקְדָּשׁ, לְפִיכָךְ אֵין מְקַבְּלִין נִשְׁמָתָן אֶלָּא בְּמָקוֹם קַיָּים לְעוֹלָמִים, כְּדֵי שֶׁתִּהְיְה הַנְּשָׁמָה קַיֶּימֶת בַּגּוּף לְעוֹלָמִים, ודָא הוּא דִכְתִיב הַנִּשְׁאָר בְּצִּיּוֹן והַנּוֹתָר בִּיְרוּשָׁלַם קָדוֹשׁ יֵאָמֵר לוֹ וגו'.

אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה מֵהָכָא (מקרא הוא) הוּא קָדוֹשׁ יְרוּשָׁלַם קָדוֹשׁ הַנּוֹתָר בָּהּ קָדוֹשׁ. הוּא קָדוֹשׁ, דִּכְתִיב, (ישעיהו ו׳:ג׳) קָדוֹשׁ יְיָ צְּבָאוֹת. וּכְתִיב, (הושע י״א:ט׳) בְּקִרְבֵּךְ קָדוֹשׁ. יְרוּשָׁלַםִ קָדוֹשׁ, דִּכְתִיב, (קהלת ח׳:י׳) וּמִמָּקוֹם קָדוֹשׁ יְהַלֵּכוּ. הַנּוֹתָר בָּהּ קָדוֹשׁ, דִּכְתִיב, (ישעיהו ד׳:ג׳) והָיָה הַנִּשְׁאָר בְּצִּיּוֹן וְהַנּוֹתָר בִּיְרוּשָׁלַםִ קָדוֹשׁ יֵאָמֵר לוֹ. מַה קָּדוֹשׁ הָרִאשׁוֹן קַיָּים אַף הַשְּׁאָר קָדוֹשׁ קָדוֹשׁ קַיָּים.

אָמַר רַבִּי יצְּחָק מַאי דִכְתִיב, (זכריה ח׳:ד׳) עוֹד יֵשְׁבוּ זְקֵנִים וּזְקֵנוֹת בִּרְחוֹבוֹת יְרוּשָׁלַם וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ מֵרוֹב ימִים. מַאי טִיבוּתָא דָא (כדי) לְמֵיזַל כְּדֵין דִּכְתִיב וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ. אֶלָּא אָמַר רַבִּי יִצְּחָק (קלה א) עֲתִידִים הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא לְהַחֲיוֹת מֵתִים כֶּאֱלִישָׁע הַנָּבִיא, דִּכְתִיב, (מלכים ב ד׳:כ״ט) וְקַח מִשְׁעַנְתִּי בְּיָדְךָ וָלֵךְ. וּכְתִיב וְשַׂמְתָּ מִשְׁעַנְתִּי עַל פְּנֵי הַנַּעַר. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דָּבָר שֶׁעֲתִידִים לַעֲשׂוֹת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא אַתָּה רוֹצֶּה עַכְשָׁיו לַעֲשׂוֹת, מַה כְּתִיב וַיָּשֶׂם אֶת הַמִּשְׁעֶנֶת עַל פְּנֵי הַנַּעַר ואֵין קוֹל וְאֵין עוֹנֶה וְאֵין קָשֶׁב. אֲבָל הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא עָלָה בְּיָדָם הַבְטָחָה זוֹ, דִּכְתִיב, (זכריה י) וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ כְּדֵי לְהַחֲיוֹת בּוֹ אֶת הַמֵּתִים (מה מתים אותם) מֵהַגֵּרִים שֶׁנִּתְגַיְּירוּ מֵאוּמּוֹת הָעוֹלָם דִּכְתִיב בְּהוּ (ישעיהו ס״ה:כ׳) כִּי הַנַּעַר בֶּן מֵאָה שָׁנָה יָמוּת וְהַחוֹטֵא בֶּן מֵאָה שָׁנָה יְקוּלָל. אָמַר רַבִּי יִצְּחָק סוֹפֵיהּ דִּקְרָא מוֹכִיחַ דִּכְתִיב מֵרוֹב יָמִים.

דָּבָר אַחֵר וַתֹּאמֶר שָׂרָה צְּחוֹק עָשָׂה לִי אֱלהִים. כְּתִיב, (ישעיהו ס״ו:י׳) שִׂמְחוּ אֶת יְרוּשָׁלַםִ וְגִילוּ בָהּ כָּל אֹהֲבֶיהָ שִׂישׂוּ אִתָּהּ מָשׂוֹשׂ כָּל הַמִּתְאַבְּלִים עָלֶיהָ. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה לא הָיְתָה שִׂמְחָה לִפְנֵי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מִיּוֹם שֶׁנִּבְרָא הָעוֹלָם, כְּאוֹתָהּ שִׂמְחָה שֶׁעָתִיד לִשְׂמוֹחַ עִם הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבוֹא. וְכָל אֶחָד וְאֶחָד מַרְאֶה בָּאֶצְּבַּע ואוֹמֵר (ישעיהו כ״ה:ט׳) הִנֵּה אֱלהֵינוּ זֶה קִוִּינוּ לוֹ וְיוֹשִׁיעֵנוּ זְה יְיָ קִוִּינוּ לוֹ נָגִילָה ונִשְׂמְחָה בִּישׁוּעָתוֹ. וּכְתִיב, (ישעיהו י״ב:ה׳) זַמְּרוּ יְיָ כִּי גֵאוּת עָשָׂה מוּדַעַת זאת בְּכָל הָאָרֶץ.

רַבִּי יוֹחָנָן אָמַר לֹא חָזִינָן מַאן דְּפָּרִישׁ הַאי מִלָּה כְּדָוִד מַלְכָּא דְּאָמַר (תהילים ק״ד:כ״ט) תַּסְתִּיר פָּנְיךָ יִבָּהֵלוּן וגו'. מִכָּאן שֶׁאֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא עוֹשֶׂה רָעָה לְשׁוּם אָדָם, אֶלָּא כְּשֶׁאֵינוֹ מַשְׁגִּיחַ בּוֹ הוּא כָּלֶה מֵאֵלָיו, דִּכְתִיב תַּסְתִּיר פָּנֶיךָ יִבָּהֵלוּן תּוֹסֶף רוּחָם יִגְוָעוּן וְגו'. וְאַחַר כָּךְ (תהילים ק״ד:כ״ט) תְּשַׁלַּח רוּחֲךָ יִבְּרֵאוּן וגו'. וְאַחַר כָּךְ (תהילים ק״ד:ל״א) יְהִי כְבוֹד יְיָ לְעוֹלָם יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו. וְאֲזַי הַשְּׂחוֹק בָּעוֹלָם דִּכְתִיב, (תהילים קכ״ו:ב׳) אָז יִמָּלֵא שְׂחוֹק פִּינוּ וּלְשׁוֹנֵנוּ רִנָּה. הֲדָא הוּא דִכְתִיב ותֹּאמֶר שָׂרָה צְּחֹק עָשָׂה לִי אֱלהִים לִשְׂמוֹחַ בִּישׁוּעָתוֹ.

רַבִּי חִיָּיא אָמַר תָּא חֲזֵי, עַד שֶׁהַגּוּף עוֹמֵד בָּעוֹלָם הַזְּה הוּא חָסֵר מִן הַתַּשְׁלוּם, לְאַחַר שֶׁהוּא צַּדִּיק וְהוֹלֵךְ בְּדַרְכֵי יוֹשֶׁר וּמֵת בְּיוֹשְׁרוֹ, נִקְרָא שָׂרָה בְּתַשְׁלוּמוֹ, הִגִּיעַ לִתְחִיַּית הַמֵּתִים הוּא שָׂרָה, כְּדֵי שֶׁלֹּא יֹאמְרוּ שֶׁאַחֵר הוּא שֶׁהֶחֱיָה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. לְאַחַר שֶׁהוּא חַי, וְשָׂמֵחַ עִם הַשְּׁכִינָה וּמַעֲבִיר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא הַיָּגוֹן מִן הָעוֹלָם דִּכְתִיב, (ישעיהו כ״ה:ח׳) בִּלַּע הַמָּוֶת לָנֶצַּח וּמָחָה יְיָ אֱלהִים דִּמְעָה מֵעַל כָּל פָּנִים וגו'. אֲזַי נִקְרָא יִצְּחָק, בִּשְׁבִיל הַצְּחוֹק וְהַשִּׂמְחָה שֶׁיִּהְיֶה לַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא.

רַבִּי יְהוּדָה אֲתָא לְהַהוּא אֲתַר דִּכְפַר חָנָן, שָׁדְרוּ לֵיהּ תִּקְרוֹבְתָּא כָּל בְּנֵי מָאתָא, עָאל לְגַבֵּיהּ רַבִּי אַבָּא, אָמַר לֵיהּ אֵימָתַי לֵיזִיל מַר, אָמַר לֵיהּ אֶפְרַע מַה דְּיָהֲבוּ לִי בְּנִי מָאתָא וְאֵיזִיל, אָמַר לֵיהּ לָא לֵיחוּשׁ מַר לְהַאי תִּקְרוֹבְתָּא לְאוֹרַיְיתָא הוּא דְּעֲבְדוּ, וְלָא יְקַבְּלוּ מִנָּךְ כְּלוּם, אָמַר לֵיהּ וְלָא מְקַבְּלֵי מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא, אָמַר אִין. אָתוּ כָּל בְּנִי מָאתָא. אָמַר לֵיהּ רַבִּי יְהוּדָה כֻּלְּהוֹן מָארֵי מְתִיבְתָּא, אָמַר לֵיהּ, ואִי אִית מַאן דְּלָא יָאוֹת לְמֵיתַב הָכָא לֵיקוּם וְלֵיזִיל. קָם רַבִּי אַבָּא וְאַבְדִּיל מִנַּיְיהוּ עֲשָׂרָה דִי יְקַבְּלוּן מִנִּיהּ, אָמַר לְהוּ יְתִּיבוּ בַּהֲדֵי גַבְרָא רַבָּא דְּנָא, ואֲנָא ואִנּוּן נְקַבֵּל לְמָחָר וְנְתִיב עִמֵּיהּ. אָזְלוּ. ואִנּוּן עֲשָׂרָה דְּאִשְׁתָּאֲרוּ עִמֵּיהּ יְתִיבוּ (אנון עשרה) וְלָא אָמַר כְּלוּם, אָמְרוּ לֵיהּ אִי רְעוּתֵיהּ דְּמַר נְקַבֵּל אַפֵּי שְׁכִינְתָּא. אָמַר לְהוּ והָא רַבִּי אַבָּא לֵית הָכָא, שָׁדְרוּ בַּהֲדֵיהּ וְאָתָא.

פָּתַח וְאָמַר וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר. מַאי שִׁנּוּיָא הֲוָה הָכָא, הֲוָה לֵיהּ לְמֵימַר וַיְיָ זָכָר אֶת שָׂרָה כְּמָה דְּאָמַר (בראשית ל׳:כ״ב) וַיִּזְכֹּר אֱלהִים אֶת רָחֵל. דְּאֵין פְּקִידָה אֶלָּא עַל מַה דְּהֲוָה בְּקַדְמִיתָא. אֶלָּא בְּקַדְמִיתָא הֲוָה, דִּכְתִיב שׁוֹב אָשׁוּב אֵלֶיךָ כָּעֵת חַיָּה, וְעַל אוֹתוֹ עִנְיָן נֶאֱמַר שֶׁפָּקַד עַכְשָׁיו, מַשְׁמַע דִּכְתִיב כַּאֲשֶׁר אָמָר, דְּאִלְמָלֵא לֹא נְאֱמַר כַּאֲשֶׁר אָמָר לֵימָא זְכִירָה, אֲבָל פָּקַד הַהִיא מִלָּה דְּאָמַר לַמּוֹעֵד אָשׁוּב אֵלֶיךָ.

לְבָתַר אָמַר הָכִי, הַאי צַּדִּיק דְּזָכֵי לְמֵיסַק לְהַהוּא יְקָר עִלָּאָה, דִּיוּקְנֵיהּ מִתְפַּתַּח בְּכָרְסֵי יְק רִיהּ, וכֵן לְכָל צַּדִּיק וְצַּדִּיק דִּיוּקְנֵיהּ לְעֵילָא כַּד הֲוָה לְתַתָּא לְאַבְטָחָא לְהַהִיא נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא. וְהַיְינוּ דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן, מַאי דִכְתִיב, (חבקוק ג׳:י״א) שֶׁמֶשׁ יָרֵחַ עָמַד זְבֻלָה, דְּזָהֲרָן גּוּפָא וְנִשְׁמָתָא דְּקָיְימִין בְּאִדְרָא קַדִּישָׁא עִלָּאָה דִלְעֵילָא כִּדִיוּקְנָא דְּהֲוָה קָאִים בְּאַרְעָא, והַהִיא דִיוּקְנָא (ס''א מזונה) מִמְּזוֹנָהּ הֲנָאַת נִשְׁמָתָא, והַהִיא עֲתִידָה לְאִתְלַבַּשׁ בְּהַאי גַרְמָא דְּאִשְׁתָּאַר בְּאַרְעָא, וְאַרְעָא מִתְעֲבַר מִנִּיהּ וטָפַל טִינֵיהּ לְבָרָא, וְדָא הוּא דְּאִתְקְרֵי קְדוּשָׁה. וְכַד קָיְימָא דִּיוּקְנָא הַהִיא דִלְעֵילָא, אֲתָא בְּכָל יַרְחָא לְסָגְדָא קַמֵּי מַלְכָּא קַדִּישָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּכְתִיב, (ישעיהו ס״ו:כ״ג) והָיָה מִדֵּי חֹדֶשׁ בְּחָדְשׁוֹ. והוּא מְבַשֵּׂר לֵיהּ וְאָמַר לַמּוֹעֵד אָשׁוּב אֵלֶיךָ, לְהַהוּא זְמַן דְּעָתִיד לְאַחֲיָא מֵיתַיָא עַד דְּאִתְפַּקְדַת לְהַהוּא זִמְנָא כְּמָה דְאִתְבַּשַּׂר הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה כַּאֲשֶׁר אָמָר. וְהַהוּא יוֹמָא דְּחָדֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעוֹבָדוֹי הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים ק״ד:ל״א) יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו. אָמַר לֵיהּ רַבִּי אַבָּא נֵימָא לָן מַר עַל פָּרָשָׁתָא לְבָתַר, אָמַר יָאוֹת לְכוֹן לְמִפְתַּח פָּרְשָׁתָא דָא. פָּתַח וְאָמַר וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם וְגו' וַיֹּאמֶר קַח נָא אֶת בִּנְךָ אֶת יְחִידְךָ אֲשֶׁר אָהַבְתָּ וְגו'. הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא הַאי אוּמָנָא דְּאַפִּיק כַּסְפָּא מִמְקוֹרָא דְאַרְעָא, מַאי עֲבַד. בְּקַדְמִיתָא מְעֲיִּיל לֵיהּ בְּנוּר דָּלִיק עַד דְּנָפִיק מִנִּיהּ כָּל זוּהֲמָא דְאַרְעָא, וְהָא אִשְׁתָּאֲרַת כַּסְפָּא אֲבָל לָא כַסְפָּא שְׁלֵימָתָא, לְבָתַר מַאי עָבִיד, מְעֲיִּיל לֵיהּ בְּנוּרָא כִּדְבְקַדְמִיתָא וּמַפִּיק מִנֵּיהּ סְטָיְיפֵי כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (משלי כ״ה:ד׳) הָגוֹ סִיגִים מִכָּסֶף וְגו' וּכְדֵין הוּא כַּסְפָּא שְׁלֵימָתָא בְּלָא עִרְבּוּבְיָא.

כָּךְ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְעֲיִּיל הַאי גוּפָא תְּחוֹת אַרְעָא עַד דְּמִתְרְקַב כּוּלֵיהּ וְנָפִיק מִנֵּיהּ כָּל זוּהֲמָא בִּישָׁא, ואִשְׁתָּאַר הַהוּא תַּרְוָוד רֶקֶב וְאִתְבְּנֵי גוּפָא מִנִּיהּ, וְעַד כְּעָן הוּא גוּפָא לָא שְׁלִים.

לְבָתַר הַהוּא יוֹמָא רַבָּא דִּכְתִיב, (זכריה יד) והָיָה יוֹם אֶחָד הוּא יִוָּדַע לַיְיָ לא יוֹם וְלֹא לַיְלָה, מִתְטַמְּרָן כֻּלְּהוּ בְּעַפְרָא כִּדְבְקַדְמִיתָא מִן קֳדָם דְּחִילוּ ותַקִּיפוּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיה ב) וּבָאוּ בִּמְעָרוֹת צֻּרִים וּבִמְחִלּוֹת עָפָר מִפְּנֵי פַּחַד יְיָ וּמֵהֲדַר גְּאוֹנוֹ וְגו'. וְנָפִיק נִשְׁמָתַיְיהוּ וּמִתְעַכֵּל הַהוּא תַּרְוָוד רֶקֶב ואִשְׁתָּאַר גּוּפָּא דְּאִתְבְּנֵי תַּמָּן (נ''א נהורא) דִּילֵיהּ כִּנְהוֹרָא דְשִׁמְשָׁא וּכְזָהֲרָא דִּרְקִיעָא דִּכְתִיב, (דניאל יב) והַמַּשְׂכִּילִים יַזְהִירוּ כְּזֹהַר הָרָקִיעַ וגו'. וּכְדֵין כַּסְפָּא שְׁלִים, גּוּפָא שְׁלֵימָא בְּלָא עִרְבּוּבְיָא אַחְרָנַיְתָא. (מכאן עד סוף מדרש הנעלם בדף קיח אינו נמצא בז''ג רק בז''ק)

דְּאָמַר רַבִּי יַעֲקֹב גּוּפָא דְנָהִיר יִרְמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִלְּעֵילָא דִּכְתִיב, (ישעיהו כ״ו:י״ט) כִּי טַל אוֹרוֹת טַלֶּךָ. וּכְתִיב (ישעיהו כ״ב:י״ז) הִנֵּה יְיָ מְטַלְטֶלְךָ וגו'. וּכְדֵין יִתְקְרוּן קַדִּישִׁין עִלָּאִין דִּכְתִיב, (ישעיהו ד׳:ג׳) קָדוֹשׁ יֵאָמֶר לוֹ. וְדָא הוּא דְּאִתְקְרֵי תְּחִיַּית הַמֵּתִים דְּבַתְרַיְיתָא, וְדָא הוּא (כספא שלים גופא שלימא) (נ''א נסיונא) בַּתְרַיְיתָא וְלָא יִטְעֲמוּן עוֹד טַעֲמָא דְמוֹתָא דִּכְתִיב בִּי נִשְׁבַּעְתִּי נְאֻם יְיָ כִּי יעַן אֲשֶׁר עָשִׂיתָ וְגו' כִּי בָּרֵךְ אֲבָרֶכְךָ וְגו'. וּבְהַהוּא זִמְנָא מַצְּלוּ צַּדִּיקַיָּיא דְּלָא יִתְנַסּוּן בְּדָא יתִּיר.

מַה כְּתִיב וַיִּשָּׂא אַבְרָהָם אֶת עֵינָיו וַיַּרְא וְהִנֵּה אַיִל וגו'. אִלֵּין שְׁאָר חַיָּיבֵי עַלְמָא דְּאִתְקְרוּן אֵילִים כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו ס׳:ז׳) אֵילֵי נְבָיוֹת יְשָׁרְתוּנֶךְ וּמְתַרְגְּמִינָן רַבְרְבֵי נְבָיוֹת. אַחַר נֶאֱחַז בַּסְּבַךְ וְגו' כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ע״ה:י״א) וְכָל קַרְנֵי רְשָׁעִים אֲגַדֵּעַ. (וישלח אברהם וגו) וַיִּלֶךְ אַבְרָהָם וַיִּקַּח אֶת הָאַיִל וְגו'. דְּאִנּוּן מְזוּמָנִין לְאִתְנַסָּאָה בְּכָל נִסְיוֹנָא בִּישָׁא, וְיִשְׁתָּאֲרוּן הַצַּדִּיקִים לְעַלְמָא דְאָתֵי כְּמַלְאָכִין עִלָּאִין קַדִּישִׁין לְיַחֲדָא שְׁמֵיהּ, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (זכריה י״ד:ט׳) בַּיּוֹם הַהוּא יִהְיְה יְיָ אֶחָד וּשְׁמוֹ אֶחָד וגו'. אָמַר לֵיהּ (נ''א אמר לון) רַבִּי יְהוּדָה מִכָּאן וּלְהָלְאָה אַצְּלָחוּ פִּתְחָא. עָאל יוֹמָא אָחֳרָא עָאלוּ קַמֵּיהּ כָּל בְּנִי מָתָא, אָמְרוּ לֵיהּ לֵימָא לָן מַר מִלַּיָיא דְאוֹרַיְיתָא בְּפָרְשָׁתָא דְּקָרֵינָן בָּהּ יוֹמָא דְשַׁבַּתָּא וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה. קָם בֵּינֵי עַמּוּדֵי, פָּתַח וְאָמַר וַיְיָ פָּקַד אֶת שָׂרָה וְגו'. שָׁלשׁ מַפְתֵּחוֹת בְּיָדוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא ולא מְסָרָם לא בְּיַד מַלְאָךְ וְלֹא בְּיַד שָׂרָף. מַפְתֵּחַ שֶׁל חַיָּה וְשֶׁל גְּשָׁמִים וְשֶׁל תְּחִיַּית הַמֵּתִים. בָּא אֵלִיָּהוּ וְנָטַל הַשְּׁנַיִם שֶׁל גְּשָׁמִים וְשֶׁל תְּחִיַּית הַמֵּתִים. וְאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן לֹא נִמְסַר בְּיַד אֵלִיָּהוּ אֶלָּא אַחַת. דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן כְּשֶׁבִּקֵּשׁ אֵלִיָּהוּ לְהַחֲיוֹת בֶּן הַצָּרְפִית אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָא יָאוֹת לָךְ לְמֵיסַב בִּידָךְ שְׁתֵּי מַפְתֵּחוֹת, אֶלָּא תֵּן לִי מַפְתֵּחַ הַגְּשָׁמִים וּתְחַיֶּה הַמֵּת. והַיְינוּ דִכְתִיב, (מלכים א י״ח:א׳) לֵךְ הֵרָאֵה אֶל אַחְאָב וְגו' וְאֶתְּנָה מָטָר. לא אָמַר ותֵן מָטָר אֶלָּא וְאֶתְּנָה.

וְהָא אֱלִישָׁע הֲווּ לֵיהּ. אִין. לְקַיֵּים פִּי שְׁנַיִם בְּרוּחוֹ שֶׁל אֵלִיּהוּ, אֶלָּא שְׁלָשְׁתָּם לא מְסָרָם הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא בְּיַד שָׁלִיחַ, דְּאָמַר רַבִּי סִימּוֹן בֹּא וּרְאֵה כֹּחוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, בְּפַעַם אַחַת מְחַיִּה מֵתִים וּמוֹרִיד שְׁאוֹל וַיָּעַל, מַזְרִיחַ מְאוֹרוֹת וּמוֹרִיד גְּשָׁמִים, מַצְּמִיחַ חָצִּיר, מְדַשֵּׁן יְבוּלִים, פּוֹקֵד עֲקָרוֹת, נוֹתֵן פַּרְנָסוֹת, עוֹזֵר דַּלִּים, סוֹמֵךְ נוֹפְלִים, זוֹקֵף כְּפוּפִים, מְהַעֲדֵא מַלְכִין וּמְהָקֵם מַלְכִין, וְהַכֹּל בִּזְמַן אֶחָד וּבְרֶגַע אֶחָד וּבְבַת אַחַת מַה שֶּׁאֵין שָׁלִיחַ לְעוֹלָם יָכוֹל לַעֲשׂוֹתוֹ.

תַּנְיָא אָמַר רַבִּי יוֹסֵי כָּל מַה שֶּׁעוֹשֶׂה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, אֵינוֹ צָּרִיךְ לַעֲשׂוֹת אֶלָּא בְּדִבּוּר, דְּכֵיוָן דְאָמַר מִמְּקוֹם קְדוּשָׁתוֹ יְהֵא כָךְ מִיָּד נַעֲשָׂה. בֹּא וּרְאֵה כֹּחַ גְּבוּרָתוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא דִּכְתִיב, (תהילים ל״ג:ו׳) בִּדְבַר יְיָ שָׁמַיִם נַעֲשׂוּ. דְּאָמַר רַבִּי יוֹחָנָן (יהודה) מַאי דִכְתִיב, (שמות י״ב:י״ב) וְעָבַרְתִּי בְּאֶרֶץ מִצְּרַיִם אֲנִי וְלֹא מַלְאָךְ וגו'.

אִי הָכִי יְקָרָא סַגִּיאָה הוּא לְמִצְּרָאֵי, דְּלָא דָמֵי מַאן דְּתָפַשׂ מַלְכָּא לְמַאן דְּתָפַשׂ הֶדְיוֹטָא. וְעוֹד אֵין לְךָ אוּמָה מְזוּהֱמֶת בְּכָל טוּמְאָה כְּמוֹ הַמִּצְּרִים דִּכְתִיב בְּהוּ (יחזקאל כ״ג:כ׳) אֲשֶׁר בְּשַׂר חֲמוֹרִים בְּשָׂרָם וְגו' שֶׁהֵם חֲשׁוּדִים עַל מִשְׁכַּב זָכוּר, וְהֵם בָּאִים מֵחָם שֶׁעָשָׂה מַה שֶּׁעָשָׂה לְאָבִיו וְקִלֵּל אוֹתוֹ וְלִכְנַעַן בְּנוֹ. וְכִי לֹא הָיָה לְהַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מַלְאָךְ אוֹ שָׁלִיחַ לְשַׁגֵּר לַעֲשׂוֹת נְקָמָה בְּמִצְּרַיִם כְּמוֹ שֶׁעָשָׂה בְּאַשּׁוּר שֶׁהָיָה בְּנוֹ שֶׁל שֵׁם דִּכְתִיב, (בראשית י׳:כ״ב) וּבְנֵי שֵׁם עֵילָם וְאַשּׁוּר. ושֵׁם הָיָה כֹּהֵן גָּדוֹל וְנִתְבָּרֵךְ שֶׁנְּאֱמַר (בראשית ט׳:כ״ו) בָּרוּךְ יְיָ אֱלהֵי שֵׁם. וְהָיָה לְשֵׁם הַגְּדוּלָּה וְהַבְּרָכָה עַל אֶחָיו. וּכְתִיב בָּם (ישעיהו ל״ז:ל״ו) וַיִּצֵּא מַלְאַךְ יְיָ וַיַּכֶּה בְּמַחֲנֶה אַשּׁוּר. וְעַל יְדֵי שָׁלִיחַ נַעֲשָׂה, כָל שֶׁכֵּן הַמִּצְּרִים שֶׁהֵם מְזוּהָמִים יוֹתֵר מִכָּל אוּמָה, ואָמַר אֲנִי וְלֹא מַלְאָךְ. אֶלָּא אָמַר רַבִּי יְהוּדָה מִכָּאן לָמַדְנוּ כֹּחַ גְּבוּרָתוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא וּמַעֲלָתוֹ שֶׁהוּא גָּבוֹהַּ עַל הַכֹּל. אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא אוּמָה זוֹ שֶׁל מִצְּרַיִם מְזוּהֱמֶת וּמְטוּנֶפֶת, ואֵין רָאוּי לְשַׁגֵּר מַלְאָךְ ולא שָׂרָף, דָּבָר קָדוֹשׁ בֵּין רְשָׁעִים אֲרוּרִים מְטוּנָפִים, אֶלָּא אֲנִי עוֹשֶׂה מַה שֶּׁאֵין יָכוֹל לַעֲשׂוֹת מַלְאָךְ וְלֹא שָׂרָף ולא שָׁלִיחַ. שֶׁאֲנִי אוֹמֵר מִמְּקוֹם קְדוּשָּׁתִי יְהֵא כָךְ וּמִיָּד נַעֲשָׂה, מַה שֶּׁאֵין הַמַּלְאָךְ יָכוֹל לַעֲשׂוֹתוֹ. אֲבָל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, מִמְּקוֹם קְדוּשָּׁתוֹ אוֹמֵר יְהֵא כָךְ וּמִיָּד נַעֲשָׂה מַה שֶּׁהוּא רוֹצֶּה לַעֲשׂוֹת. וּלְפִיכָךְ לא נַעֲשֵׂית נְקָמָה זוֹ עַל יְדֵי מַלְאָךְ וְשָׁלִיחַ, בִּשְׁבִיל קְלוֹן הַמִּצְּרִים, וּלְהַרְאוֹת גְּדוּלָּתוֹ שֶׁל מָקוֹם שֶׁלֹּא רָצָּה שֶׁיִּכָּנְסוּ בֵּינֵיהֶם דָּבָר קָדוֹשׁ, וְעַל הַדֶּרֶךְ הַזֶּה נֶאֱמַר אֲנִי וְלֹא מַלְאָךְ. אֲנִי יָכוֹל לַעֲשׂוֹתוֹ וְלֹא מַלְאָךְ.

כַּיּוֹצֵּא בּוֹ אָמַר רַבִּי יְהוּדָה מַאי דִכְתִיב, (יונה ב׳:י״א) וַיֹּאמֶר יְיָ לַדָּג. וְכַמָּה צַּדִּיקִים וַחֲסִידִים מִיִּשְׂרָאֵל שֶׁלֹּא דִּבֵּר עִמָּהֶם הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, וּבָא לְדַבֵּר עִם הַדָּג דָּבָר שֶׁאֵינוֹ מַכִּיר וְיוֹדֵעַ. אֶלָּא אָמַר רַבִּי יְהוּדָה כֵּיוָן שֶׁעָלְתָה תְּפִלָּתוֹ שֶׁל יוֹנָה לִפְנֵי הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, מִמְּקוֹם קְדוּשָּׁתוֹ אָמַר בִּשְׁבִיל שֶׁיָּקִיא הַדָּג אֶת יוֹנָה אֶל הַיַּבָּשָׁה. למ''ד לַדָּג כְּמוֹ בִּשְׁבִיל, כְּלוֹמַר וַיֹּאמֶר יְיָ בִּשְׁבִיל הַדָּג שֶׁיָּקִיא אֶת יוֹנָה אֶל הַיַּבָּשָׁה. מִמְּקוֹם קְדוּשָּׁתוֹ אָמַר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, יְהֵא כָךְ וּמִיָּד נַעֲשָׂה, מַה שֶׁאֵין שָׁלִיחַ יָכוֹל לַעֲשׂוֹתוֹ.

תַּנְיָא אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן מַפְתֵּחַ שֶׁל חַיָה בְּיָדוֹ שֶׁל הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא, הִיא, וּבְעוֹד שֶׁהִיא יוֹשֶׁבֶת עַל הַמַּשְׁבֵּר הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְעַיֵּין בְּאוֹתוֹ הַוְּלַד אִם רָאוּי הוּא לָצֵּאת לָעוֹלָם (יוצא ו) פּוֹתֵחַ דַּלְתוֹת בִּטְנָהּ וְיוֹצֵּא, וְאִם לָאו סוֹגֵר דַּלְתוֹתֶיהָ וּמֵתוּ שְׁנֵיהֶם. אִי הָכִי לא יִצֵּא רָשָׁע לָעוֹלָם. אֶלָּא הָכִי תָּנִינָן עַל שָׁלשׁ עֲבֵירוֹת נָשִׁים מֵתוֹת וְכוּ' (אמר רבי שמעון והא) וְאָמַר רַבִּי יִצְּחָק לָמָּה אִשָּׁה מַפֶּלֶת פְּרִי בִטְנָהּ. אֶלָּא אָמַר רַבִּי יִצְּחָק הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא רוֹאֶה אוֹתוֹ הָעוּבָּר שֶׁאֵינוֹ רָאוּי לָצֵּאת לָעוֹלָם וּמַקְדִּים לַהֲמִיתוֹ בִּמְעֵי אִמּוֹ שֶׁנֶּאֱמַר (בראשית ו׳:ד׳) הַנְּפִילִים הָיוּ בָּאָרֶץ בַּיָּמִים הָהֵם. הַנְּפִלִים כְּתִיב בְּלֹא יוּד רִאשׁוֹנָה. וְלָמָּה, בִּשְׁבִיל שֶׁאַחֲרֵי כֵן בָּאוּ בְּנֵי הָאֱלהִים אֶל בְּנוֹת הָאָדָם וְיָלְדוּ לָהֶם בִּזְנוּת וַיִּרְבּוּ מַמְזֵרִים בָּעוֹלָם. הֵמָּה הַגִּבּוֹרִים אֲשֶׁר מֵעוֹלָם. שֶׁאֵין גִּבּוֹר וּפָרִיץ ועָרִיץ כְּמוֹ הַמַּמְזִר. אַנְשֵׁי הַשֵּׁם, שֶׁהַכֹּל יַכִּירוּ לִקְרוֹתוֹ הַשֵּׁם הַיָּדוּעַ מַמְזִר, דְּכֵיוָן שֶׁרוֹאִים מַעֲשָׂיו שֶׁהוּא פָּרִיץ וְעָרִיץ וְגִבּוֹר הַכֹּל יִקְרְאוּהוּ אוֹתוֹ שֵׁם. וּמַה דְאָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְעַיֵּין בְּאוֹתוֹ הַוְּלַד. אֵין לְךָ רָשָׁע בָּעוֹלָם מֵאוֹתָם הָרְשָׁעִים הַיּוֹצְּאִים לָעוֹלָם שֶׁאֵין הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְעַיֵּין בּוֹ ורוֹאֶה אִם אוֹתוֹ הַגּוּף יַנִּיחַ בֵּן צַּדִּיק וְכָשֵׁר, אוֹ שֶׁיַּצִּיל לְאָדָם מִיִּשְׂרָאֵל מִמִּיתָה מְשׁוּנָּה, אוֹ שֶׁיַּעֲשֶׂה טוֹבָה אַחַת, וּבִשְׁבִיל כָּךְ הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מוֹצִּיאוֹ לָעוֹלָם.

בְּיוֹמוֹי דְרַבִּי יוֹסֵי הֲווּ אִנּוּן פְּרִיצֵּי דְּהֲווּ מְשַׁדְּדֵי בְּטוּרַיָּיא עִם פְּרִיצֵּי אוּמּוֹת הָעוֹלָם, וְכַד מַשְׁכְּחֵי בַּר נָשׁ וְתָפְשֵׂי לֵיהּ לְקָטְלֵיהּ, הֲווּ אָמְרִין לֵיהּ מַה שְּׁמָךְ, אִי הֲוָה יוּדָאי הֲווּ אָזְלִין עִמֵּיהּ וּמַפְקִין לֵיהּ מִן טוּרַיָּיא, וְאִי הֲוָה בַּר נָשׁ אַחֲרִינָא קָטְלֵי לֵיהּ. (והא) והֲוָה אָמַר רַבִּי יוֹסֵי אִתְחֲזוּן אִנּוּן בְּכל הַאי לְמֵיעַל לְעַלְמָא דְאָתֵי.

תָּנוּ רַבָּנָן ג' דְּבָרִים הַלָּלוּ אֵינָן בָּאִן לָעוֹלָם אֶלָּא בְּקוֹלוֹת, קוֹל חַיָּה דִּכְתִיב, (בראשית ג׳:ט״ז) בְּעֶצֶּב תֵּלְדִי בָּנִים וּכְתִיב, (בראשית ל׳:כ״ב) וַיִּשְׁמַע אֵלֶיהָ אֱלֹהִים. קוֹל גְּשָׁמִים דִּכְתִיב, (תהילים כ״ט:ג׳) קוֹל יְיָ עַל הַמָּיִם וּכְתִיב, (מלכים א י״ח:מ״א) כִּי קוֹל הֲמוֹן הַגָּשֶׁם. קוֹל תְּחִיַּית הַמֵּתִים דִּכְתִיב, (ישעיהו מ׳:ג׳) קוֹל קוֹרֵא בַּמִּדְבָּר. מַאי בָּעֵי הָכָא קָלָא בְּמַדְבְּרָא. אֶלָּא אָמַר רַבִּי זְרִיקָא אִלֵּין אִנּוּן קָלַיָיא לְאַתְעָרָא מֵתֵי מִדְבָּר, וּמִכָּאן דְּהוּא הַדִּין לְכָל הָעוֹלָם. אָמַר רַבִּי יוֹחָנָן הָא תְּנַן כְּשֶׁנִּכְנַס אָדָם לַקֶּבֶר נִכְנַס בְּקוֹלוֹת. כְּשֶׁיָּקוּמוּ בִּתְחִיַּית הַמֵּתִים אֵינוֹ דִּין שֶׁיָּקוּמוּ בְּקוֹלֵי קוֹלוֹת. אָמַר רַבִּי יעֲקֹב עֲתִידָה בַּת קוֹל לִהְיוֹת מִתְפּוֹצֶּצֶּת בְּבָתֵּי קְבָרוֹת וְאוֹמֶרֶת (ישעיהו כ״ו:י״ט) הָקִיצּוּ ורַנְּנוּ שׁוֹכְנִי עָפָר, וַעֲתִידִים לִחְיוֹת בְּטַל שֶׁל אוֹר גָּדוֹל שֶׁל מַעְלָה דִּכְתִיב, (ישעיהו כ״ו:י״ט) כִּי טַל אוֹרוֹת טַלֶּךָ וְאֶרֶץ רְפָאִים תַּפִּיל. אכי''ר, (ע''כ מדרש הנעלם).

וַתֵּרֶא שָׂרָה אֶת בֶּן הָגָר הַמִּצְרִית אֲשֶׁר יָלְדָה לְאַבְרָהָם מְצַחֵק. אָמַר רַבִּי חִיָּיא, מִיּוֹמָא דְּאִתְיְלִיד יִצְחָק וְהֲוָה יִשְׁמָעֵאל בְּבֵיתָא דְאַבְרָהָם, לָא אִסְתַּלַּק יִשְׁמָעֵאל בִּשְׁמָא, בְּאֲתַר דְּדַהֲבָא שַׁרְיָא סוֹסְפִיתָא לָא אִדְכַּר קַמֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ אֶת בֶּן הָגָר הַמִּצְרִית, גְּבַר דְּלָא יִתְחֲזֵי לְאַדְכָּרָא קַמֵּיהּ דְּיִצְחָק.

אָמַר רַבִּי יִצְחָק וַתֵּרֶא שָׂרָה, בְּעֵינָא דִקְלָנָא חָמַאת לֵיהּ שָׂרָה, דְּלָא חָמַאת לֵיהּ בְּעֵינָא דְּאִיהוּ בְּרָא דְּאַבְרָהָם, אֶלָּא דְּאִיהוּ בְּרָא דְּהָגָר הַמִּצְרִית, וּבְגִין כָּךְ וַתֵּרֶא שָׂרָה. דְּשָׂרָה חָמַאת לֵיהּ בְּעֵינָא דָא וְלֹא אַבְרָהָם, דְּאִילוּ בְּאַבְרָהָם לֹא כְּתִיב אֶת בֶּן הָגָר אֶלָּא אֶת בְּנוֹ.

תָּא חֲזֵי, לְבָתַר מַה כְּתִיב וַיֵּרַע הַדָּבָר מְאֹד בְּעֵינִי אַבְרָהָם עַל אוֹדוֹת בְּנוֹ. וְלָא כְּתִיב עַל אוֹדוֹת בֶּן הָגָר הַמִּצְרִית. בְגִין כָּךְ וַתֵּרֶא שָׂרָה אֶת בֶּן הָגָר הַמִּצְרִית. וְלָא חָמַאת דְּאִיהוּ בְּרִיהּ דְּאַבְרָהָם.

רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר הַאי קְרָא תּוּשְׁבַּחְתָּא דְשָׂרָה אִיהוּ, בְּגִין דְּחָמַאת לֵיהּ דְּקָא מְצַחֵק לְכּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, אָמְרָה, וַדַּאי לַאו בְּרָא דָא בְּרָא דְאַבְרָהָם לְמֶעֱבַד עוֹבָדוֹי דְאַבְרָהָם, אֶלָּא בְּרָא דְּהָגָר הַמִּצְרִית אִיהוּ אֲהַדַּר לְחוּלָקָא דְּאִמֵּיהּ, בְגִין כָּךְ וַתֹּאמֶר לְאַבְרָהָם גָּרֵשׁ הָאָמָה הַזֹּאת וְאֶת בְּנָהּ, כִּי לֹא יִירַשׁ בֶּן הָאָמָה הַזֹּאת עִם בְּנִי עִם יִצְחָק.

וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּקַנֵּי לָהּ שָׂרָה אוֹ לִבְרָהּ, אִי הָכִי לא אוֹדֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עִמָּהּ, דִּכְתִיב כֹּל אֲשֶׁר תֹּאמַר אֵלֶיךָ שָׂרָה שְׁמַע בְּקוֹלָהּ. אֶלָּא בְּגִין דְּחָמַאת לֵיהּ בְּכּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת וְאִמֵּיהּ אוּלְפָא לֵיהּ נִמּוּסֵי דְּכּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, בְּגִין כָּךְ אֲמְרַת שָׂרָה כִּי לֹא יִירַשׁ בֶּן הָאָמָה הַזֹּאת, אֲנָא יָדַעְנָא דְּלָא יָרִית לְעָלְמִין חוּלָקָא דִמְהֵימְנוּתָא, וְלָא יְהֵא לֵיהּ עִם בְּרִי חוּלָקָא לָא בְּעַלְמָא דֵין וְלָא בְּעַלְמָא דְאָתֵי, וּבְגִין כָךְ אוֹדֵי עִמָּהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעָא לְאַפְרָשָׁא בִּלְחוֹדוֹי זַרְעָא קַדִּישָׁא כְּדְקָא יְאוּת, דִּבְגִין כָּךְ בָּרָא עַלְמָא דְּהָא יִשְׂרָאֵל סָלִיק בִּרְעוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַד לָא יִבְרֵי עַלְמָא, וּבְגִין כָּךְ נָפַק אַבְרָהָם לְעַלְמָא וְעַלְמָא מִתְקַיֵּים בְּגִינֵיהּ, וְאַבְרָהָם וְיִצְחָק (לא) קָיְימוּ וְלָא אִתְיַישְׁבוּ בְּדוּכְתַּיְיהוּ עַד דְּנָפַק יַעֲקֹב לְעָלְמָא.

כֵּיוָן דְּנָפַק יַעֲקֹב לְעַלְמָא אִתְקָיְימוּ אַבְרָהָם וְיִצְחָק וְאִתְקְיַּים כָּל עַלְמָא, וּמִתַּמָּן נָפַק עַמָּא קַדִּישָׁא לְעַלְמָא, וְאִתְקְיַּים כֹּלָּא כְּגַוְונָא קַדִּישָׁא כְּדְקָא יְאוּת, וּבְגִין כָּךְ אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כֹּל אֲשֶׁר תֹּאמַר אֵלֶיךָ שָׂרָה שְׁמַע בְּקוֹלָהּ כִּי בְיִצְחָק יִקָּרֵא לְךָ זָרַע, וְלֹא בְּיִשְׁמָעֵאל. מַה כְּתִיב לְבָתַר וַתֵּלֶךְ וַתֵּתַע בְּמִדְבַּר בְּאֵר שָׁבַע.

השלמה מההשמטות (סימן יט)

וַיַּשְׁכֵּם אַבְרָהָם בַבֹּקֶר וכו' רַבִּי בְּרוֹקָא אָמַר, מָהוּ שָׂם עַל שִׁכְמָהּ אֶלָּא שֶׁהִזְהִירָה עַל עוֹל הָאֱמוּנָה וְלַעֲמוֹד בְּמָה שֶׁהָיְתָה בַּתְחִילָה כְּתִיב הַכָא שָׂם עַל שִׁכְמָהּ וּכְתִיב הֲתָם (שמותט''ו) שָׁם שָׂם לוֹ חֹק וּמִשְׁפָּט. מָה לְהַלָן עַל הַשְׁכִינָה, אוּף הַכָא עַל הַשְׁכִינָה. מָה עֲשְׂתָה כֵּיוָן שְׁרָאֲתָה עַצְמָהּ יוֹצֵאת מִרְשׁוּתוֹ שֶׁל אַבְרָהָם חָזְרָה לְקִלְקוּלָה דִּכְתִיב וְתֵלֵךְ וַתֵּתָע מָהוּ וַתֵּתָע שֶׁתִעְתֵעָה אַחַר עֲבוֹדָה זָרָה וְגִּלּוּלֵי בֵּית אָבִיהָ כְּתִיב הַכָא וַתֵּתָע וּכְתִיב הֲתָם (ירמיהו י׳:ט״ו) הֶבֶל הֵמָּה מַעֲשֶׂה תִּעְתּוּעִים: (עד כאן מההשמטות)

כְּתִיב הָכָא וַתֵּתַע וּכְתִיב הָתָם (ירמיה י) הֶבֶל הֵמָּה מַעֲשֵׂה תַּעְתּוּעִים. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִינֵיהּ דְּאַבְרָהָם לָא שָׁבִיק. לָהּ וְלִבְרָהּ.

תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא כַד אָזְלַת מִקַּמָּהּ דְּשָׂרָה מַה כְּתִיב כִּי שָׁמַע יְיָ אֶל עָנְיֵיךְ. וְהַשְׁתָּא דְּטָעַאת בָּתַר כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת אַף עַל גַּב דִּכְתִיב וַתִּשָּׂא אֶת קוֹלָהּ וַתֵּבְךָ. מַה כְּתִיב כִּי שָׁמַע אֱלֹהִים אֶל קוֹל הַנַּעַר. וְלָא כְּתִיב כִּי שָׁמַע אֱלהִים אֶת קוֹלֵךְ.

בַּאֲשֶׁר הוּא שָׁם. הָא אוּקְמוּהָ דְּלָאו בַּר עוֹנָשָׁא הוּא לְגַבֵּי בֵּי דִינָא דִּלְעֵילָא, דְּהָא בֵּי דִינָא דִלְתַתָּא עָנְשִׁין מִתְּלֵיסַר שְׁנִין וּלְעֵילָא, וּבֵי דִינָא דִלְעֵילָא מֵעֶשְׂרִים שְׁנִין וּלְהָלְאָה. וְאַף עַל גַּב דְּחַיָּיבָא הֲוָה, לָאו בַּר עוֹנָשָׁא אִיהוּ. וְהָא אוּקְמוּהָ, וְדָא הוּא דִכְתִיב בַּאֲשֶׁר הוּא שָׁם.

אָמַר רַבִּי אֶלְעָזָר אִי הָכִי מַאן דְּאִסְתַּלַּק מֵעַלְמָא עָד לָא מָטוּן יוֹמוֹי לְעֶשְׂרִין שְׁנִין, מֵאָן אֲתַר אִתְעַנָּשׁ, בְּגִין דְּהָא מִתְּלֵיסַר שְׁנִין וּלְתַתָּא לָאו בַּר עוֹנָשָׁא אִיהוּ אֶלָא בְּחֶטְאוֹי דְּאֲבוֹי. אֲבָל מִתְּלֵיסַר שְׁנִין וּלְעֵילָא מַהוּ, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָס עֲלֵיהּ דְּלֵימוּת זַכַּאי (ולא לימות חייב) וְיָהִיב לֵיהּ אֲגַר טַב בְּהַהוּא עָלְמָא, וְלָא לֵימוּת חַיָּיב דְּיִתְעַנָּשׁ בְּהַהוּא עָלְמָא וְאוּקְמוּהָ.

אָמַר לֵיהּ אִי חַיָּיבָא הוּא וְלָא מָטוּן יוֹמוֹי
- [...] de vingt ans ; or, comme avant cet âge l'homme n'est pas encore passible d'une punition céleste, pourquoi meurtil? Rabbi Siméon lui répondit: Chez un tel homme s’accomplissent les paroles du verset suivant (Prov., XIII, 23) : « Et il meurent sans jugement. » Car, lorsque la rigueur sévit dans ce monde, l'ange exterminateur frappe sans discernement, à moins que la Providence ne jette l'œil sur celui qu'elle veut préserver. Or, si l'homme, avant l'âge de vingt ans n'est point encore passible de la punition céleste, il n'en est pas moins vrai que, s’il est pécheur avant cet âge, l'œil de la Providence ne repose pas sur lui ; aussi l'ange exterminateur le frappe-t-il, ainsi qu'il est écrit : « Le méchant se trouve pris dans son iniquité. » Le mot « eth » indique que ceux-mêmes qui ne sont pas encore passibles de peines célestes meurent parfois pris dans leur propre iniquité, ce qui veut dire que, sans être punis par le tribunal d'ici-bas, ni par celui d'en haut, certains hommes disparaissent de ce monde. Tel est le sens des paroles de l'Écriture : « Car Dieu a écouté la voix de l'enfant, là où il est. »
Rabbi Siméon commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Lévit., XXVI, 42) : «Et je me souviendrai de l'Alliance que j'ai faite avec. Jacob. » Le mot « Jacob » est écrit en cet endroit avec un Vav. Pourquoi ? Il y a deux raisons à cela : la première prétend que ce Vav fait allusion au mystère de la Sagesse, degré où repose Jacob ; la seconde, qui est la plus importante, soutient que ce Vav se, rapporte à l'exil d'Israël ; il indique l'heure où Israël sera affranchi de la servitude. Cette époque est indiquée dans le Vav qui désigne le sixième millénaire. Le Vav indique également les six secondes et demie (66) ; car, lorsque soixante ans se seront écoulés après le sixième siècle (67) du sixième millénaire, le ciel visitera la, fille de Jacob. Dès ce moment, jusqu'à la parfaite souvenance de Dieu du peuple d'Israël, se, passeront autres six ans et demi ; ensuite se passeront autres six ans, en tout soixante-douze ans et demi (68). En l'an soixante-six, le Roi Messie se révèlera dans la province de Galilée (69). Une étoile du côté de l'Orient absorbera sept étoiles du côté du Septentrion ; une langue de feu de couleur noire sera visible au firmament durant soixante jours. Une guerre éclatera au Septentrion ; deux souverains périront dans cette guerre. Ensuite, tous les peuples se coaliseront contre la fille de Jacob pour la faire disparaître du monde.
C'est à cette époque que s'appliquent les paroles suivantes de l'Écriture (Jér., XXX, 7) : « Ce sera un temps d'affliction pour Jacob ; et néanmoins il en sera délivré. » C’est également à cette époque que la quantité d'âmes enfermées dans la région céleste appelée « Gouph » (corps) sera épuisée, de sorte que toutes les âmes qui descendront en ce bas monde, à partir de cette époque, seront nouvellement créées. Le verset suivant peut servir de mnémonique à la sentence qu'on vient de prononcer : «Tous (Gen., XLVI, 26) ceux qui vinrent en Egypte avec Jacob, etc., étaient au nombre de soixante-six (70) (71). » En l'an soixante-treize (72), la plupart des rois du monde se réuniront dans la grande ville de Rome ; là, le Saint, béni soit-il, fera tomber sur eux une pluie de feu, de grêle et d'aérolithes qui les fera périr, de manière que n'échapperont à la mort que les souverains qui ne se seront pas rendus à Rome. Ceux-ci commenceront d'autres guerres.
A partir de ce moment, le Roi Messie attirera à lui tout le monde ; de nombreux peuples et de nombreuses légions, venus de tous les points de l'univers, s'uniront à lui, et tous les enfants d'Israël se réuniront également dans tous ces endroits. Cet état de choses durera jusqu'à la fin du centenaire. Mais alors le Vav s'unira au Hé ; et s'accomplira la prophétie enfermée dans le verset suivant (Is., XLVI, 20) : « Et tous vos frères parmi les nations du monde apporteront un présent au Seigneur, etc. » Les enfants d'Ismaël feront à cette époque une guerre avec tous les autres peuples du monde autour de Jérusalem, ainsi qu'il est écrit (Zac., XIX, 2) : « J'assemblerai tous les peuples à Jérusalem où ils se feront la guerre, etc. » Et ailleurs il est écrit (Ps., II, 2) : « Les rois de la terre se sont élevés, et les princes ont conspiré contre le Seigneur et contre son Messie.» Mais l'Écriture (ibid. 4) ajoute ensuite : «Celui qui demeure dans les cieux se rira d'eux, et le Seigneur les raillera. » Après ces événements, le petit Vav se réveillera pour unir et renouveler les vieilles âmes, c'est-à-dire les âmes en migration, afin de renouveler le monde, ainsi qu'il est écrit (Ps., CIV, 31) : « Le Seigneur se réjouira dans ses ouvrages. » Et, précédemment l'Écriture dit : « Que la gloire du Seigneur soit célébrée dans tous les siècles. » Ces dernières paroles signifient que la gloire de Dieu s'attachera définitivement au monde.
Ces paroles : « Le Seigneur se réjouira dans ses ouvrages » indiquent qu'à cette époque Dieu fera descendre ici-bas des âmes nouvellement créées et renouvellera celles qui existeront déjà, pour qu'il y ait harmonie entre tous les mondes. Heureux le sort de tous ceux qui seront en vie à la fin du sixième millénaire et qui entreront dans le Sabbat, car c'est le jour que le Saint, béni soit-il, s'est réservé à lui-même pour opérer les unions entre les âmes. Chacune des âmes déjà descendues une fois sur la terre sera unie à une âme nouvellement créée, ainsi qu’il est écrit (Is., IV, 3) : « Alors tous ceux qui seront restés dans Sion et qui seront demeurés dans Jérusalem seront appelés saints, tous ceux qui auront été écrits en Jérusalem au rang des vivants. » Il est écrit (Gen., XXII, 1) : « Après cela, Dieu tenta Abraham, et lui dit: Abraham ! Celui-ci lui répondit : Me voici. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XLIV, 5) : « C'est toi qui es mon Roi et mon Dieu ; c'est toi qui as sauvé Jacob par ton commandement » Les paroles: « Mon Roi et mon Dieu» désignent le plus haut degré de l'essence divine qui embrasse tous les autres. Les paroles : « C'est toi qui as sauvé Jacob par ton commandement... » désignent tous les anges célestes chargés d'une mission [...]
(Ⅰ)
[119b]  
לְעֶשְׂרִין שְׁנִין מַהוּ כֵּיוָן דְּאִסְתַּלַּק מֵעַלְמָא בְּמַאי הוּא עוֹנְשֵׁיהּ. אָמַר לֵיהּ בְּדָא אִתְקְיַּים (משלי י״ג:כ״ג) וְיֵשׁ נִסְפָּה בְּלא מִשְׁפָּט. דְּכַד עוֹנָשָׁא נָחִית לְעַלְמָא אִיהוּ (דינא) אַעֲרַע בְּלָא כַּוָּנָה לְעֵילָא וְתַתָּא בְּהַהוּא מְחַבְּלָא וְיִתְעַנַּשׁ כַּד לָא אַשְׁגָּחוּ עֲלֵיהּ מִלְעֵילָא.

וְעֲלֵיהּ כְּתִיב, (משלי ה׳:כ״ב) עֲווֹנוֹתָיו יִלְכְּדֻנוֹ אֶת הָרָשָׁע. א''ת לְאַסְגָּאָה מַאן דְּלָא מָטוּן יוֹמוֹי לְאִתְעֲנָשָׁא. עֲווֹנוֹתָיו יִלְכְּדֻנוֹ (את הרשע) וְלָא בֵּי דִינָא דִלְעֵילָא, וּבְחַבְלֵי חַטָּאתוֹ יִתָּמֵךְ וְלָא בֵּי דִינָא דִלְתַתָּא. בְּגִין כָּךְ כְּתִיב כִּי שָׁמַע אֱלהִים אֶל קוֹל הַנַּעַר בַּאֲשֶׁר הוּא שָׁם.

רַבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (ויקרא כ״ו:מ״ב) וְזָכַרְתִּי אֶת בְּרִיתִי יַעֲקוֹב מָלֵא בְּוא''ו אַמַּאי. אֶלָּא בִּתְרֵין סִטְרִין אִיהוּ (אנון). רָזָא דְחָכְמְתָא חָדָא. דְּאִיהוּ רָזָא דַרְגָּא דְחָכְמְתָא. אֲתַר דְּשָׁרֵי בֵּיהּ יַעֲקֹב. אֲבָל הַאי קְרָא עַל גָּלוּתָא דְיִשְׂרָאֵל אִתְּמָר, דְּכַד אִנּוּן גּוֹ גָּלוּתָא, הַהוּא זִמְנָא דְּיִתְפַּקְדוּן (ביה יעקב) יִתְפַּקְדוּן בְּרָזָא דְּוא''ו. וְאִיהוּ בְּאֶלֶף שְׁתִיתָאָה. (ואתחנן ער א) וּפְקִידָה בְּרָזָא דְוא''ו שִׁית רִגְעֵי וּפְלַג עִידָן. וּבְזִמְנָא דְּשִׁתִּין שְׁנִין לְעִבּוּרָא דְדַשָּׁא בְּאֶלֶף שְׁתִיתָאָה יָקִים אֱלָהּ שְׁמַיָא פְּקִידוּ לִבְרַתֵּיהּ דְּיַעֲקֹב. וּמֵהַהוּא זִמְנָא עַד דִּיְהֵא לָהּ זְכִירָה שִׁית שְׁנִין וּפַלְגָא. וּמֵהַהוּא זִמְנָא שִׁית שְׁנִין אָחֳרָנִין וְאִנּוּן שִׁבְעִין (ותלת) וּתְרֵין וּפַּלְגָא.

בְּשִׁיתִּין וְשִׁית יִתְגְּלֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא בְּאַרְעָא (שמות ז ב, ט ב) דְגָלִיל, וְכַד כֹּכָבָא דְּבִסְטַר מִזְרָח יִבְלַע שֶׁבַע כֹּכְבַיָא מִסְטַר צָפוֹן, וְשַׁלְהוֹבָא דְּאֶשָׁא אוּכְמָא תְּהֵא תַּלְיָא בִּרְקִיעָא שִׁיתִּין יוֹמִין, וּקְרָבִין יִתְעָרוּן בְּעַלְמָא לִסְטַר צָפוֹן, וּתְרִין מַלְכִין יִפְּלוּן בְּאִנּוּן קְרָבִין.

וְיִזְדַּוְּוגוּן כֻּלְּהוֹן עַמְּמַיָא עַל בְּרַתֵּיהּ דְּיַעֲקֹב לְאִדַחְיָיא לָהּ (לון) מֵעָלְמָא. וְעַל הַהוּא זִמְנָא כְּתִיב (והיתה) (ירמיהו ל׳:ז׳) וְעֵת צָרָה הִיא לְיַעֲקֹב וּמִמֶּנָּהּ יִוָּשֵׁעַ וּכְדֵין יִסְתַּיְּימוּן נַפְשִׁין מִגּוּפָא וּבָעְיָין לְאִתְחַדְּשָׁא, וְסִימָנִיךְ (כל הנפש לבית יעקב הבאה מצרימה שבעים וכתיב) (בראשית מ״ו:כ״ז) כָּל הַנֶּפֶשׁ הַבָּאָה לְיַעֲקֹב מִצְרַיְמָה וְגו' כָּל נֶפֶשׁ שִׁשִּׁים וָשֵׁשׁ.

בְּשִׁבְעִין וּתְלַת כָּל מַלְכֵי עַלְמָא יִתְכַּנְּשׁוּן לְגוֹ קַרְתָּא רַבְּתָא דְּרוֹמִי, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִתְעַר עֲלַיְיהוּ אֶשָׁא וּבַרְדָא וְאַבְנֵי אַלְגָבִישׁ וְיִתְאַבְּדוּן מֵעַלְמָא, בַּר אִנּוּן מְלָכִין דְּלָא יִמְטוּן לְתַמָּן וִיהַדְּרוּן לְאַגָּחָא קְרָבִין אָחֳרָנִין. וּמֵהַהוּא זִמְנָא מַלְכָּא מְשִׁיחָא יִתְעַר בְּכָל עַלְמָא, וְיִתְכַּנְּשׁוּן עִמֵּיהּ כַּמָּה עַמִּין וְכַמָּה חַיָּילִין מִכָּל סְיָיפֵי עַלְמָא, וְכָל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל יִתְכַּנְּשׁוּן בְּכָל אִנּוּן אַתְרֵי.

עַד דְּאִשְׁתַּלִּימוּ אִנּוּן שְׁנִין לְמֵאָה, כְּדֵין וא''ו יִתְחַבַּר בְּה''א, וּכְדֵין (ישעיהו ס״ו:כ׳) וְהֵבִיאוּ אֶת כָּל אֲחֵיכֶם מִכָּל הַגּוֹיִם מִנְחָה לַיְיָ וְגו'. וּבְנֵי יִשְׁמָעֵאל (ישראל) זְמִינִין בְּהַהוּא זִמְנָא לְאַתְעָרָא (עליהון) עִם כָּל עַמִּין דְּעַלְמָא לְמֵיתֵי עַל יְרוּשָׁלֵם דִּכְתִיב, (זכריה י״ד:ב׳) וְאָסַפְתִּי אֶת כָּל הַגּוֹיִם אֶל יְרוּשָׁלַ ם לַמִלְחָמָה וְגו'. וּכְתִיב, (תהילים ב׳:ב׳) יִתְיַצְּבוּ מַלְכֵי אֶרֶץ וְרוֹזְנִים נוֹסְדוּ יָחַד עַל יְיָ וְעַל מְשִׁיחוֹ. וּכְתִיב יוֹשֵׁב בַּשָּׁמַיִם יִשְׂחָק יְיָ יִלְעַג לָמוֹ.

לְבָתַר וא''ו זְעִירָא יִתְעָר לְאִתְחַבָּרָא וּלְחַדְּשָׁא נִשְׁמָתִין דְּהֲווּ עַתִּיקִין בְּגִין לְחַדְתָּא עַלְמָא כְּמָה דִכְתִיב, (שם קד) יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו וּכְתִיב יְהִי כְבוֹד יְיָ לְעוֹלָם לְאִתְחַבָּרָא כְּדְקָא יְאוּת. יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו לְנַחֲתָא לוֹן לְעָלְמָא וּלְמֶהֱוֵי כֻּלְּהוֹן בְּרִיָין חַדְתִּין לְחַבְּרָא עַלְמִין כֻּלְּהוּ כְּחַד.

זַכָּאִין אִנּוּן כָּל אִנּוּן דְּיִשְׁתָּאֲרוּן בְּעַלְמָא בִּסְיָיפֵי אֶלֶף שְׁתִיתָאָה לְמֵיעַל בְּשַׁבַּתָּא, דְּהָא כְּדֵין אִיהוּ יוֹמָא חַד לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּלְחוֹדוֹי לְאִזְדַּוְּוגָא כְּדְקָא יְאוּת וּלְמִלְקַט נִשְׁמָתִין חַדְתִּין לְמֶהֱוֵי בְּעַלְמָא עִם אִנּוּן דְּאִשְׁתָּאֲרוּ בְּקַדְמִיתָא דִּכְתִיב, (ישעיהו ד׳:ג׳) וְהָיָה הַנִּשְׁאָר בְּצִיּוֹן וְהַנּוֹתָר בִּיְרוּשָׁלַם קָדוֹשׁ יֵאָמֵר לוֹ כָּל הַכָּתוּב לְחַיִּים בִּיְרוּשָׁלַ ם:

וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר אֵלָיו אַבְרָהָם וַיֹּאמֶר הִנִּנִי. רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר (תהלים מה) אַתָּה הוּא מַלְכִּי וְגו'. דָּא הוּא שְׁלִימוּ דְּכָל דַּרְגִּין כְּחֲדָא דָּא בְּדָא.

צַוֵּה יְשׁוּעוֹת יַעֲקֹב, כָּל אִנּוּן שְׁלִיחָן דְּעַבְדֵּי שְׁלִיחוּתָא
- [...] en ce bas monde. Le Psalmiste veut dire que tous les messagers célestes chargés de missions pour Jacob étaient du côté de la clémence, mais n'avaient nullement en eux de rigueur. Car il y a des messagers du côté de la clémence et d'autres du côté de la rigueur ; les premiers n'exercent jamais de rigueur en ce monde. Mais, objectera-ton peut-être, une tradition nous apprend pourtant que l'ange qui était apparu à Balaam, était un messager du côté de la clémence transformé en ange de rigueur ! A ceci nous répondrons que la tradition en question ne veut nullement dire qu'un messager de clémence peut se transformer en ange de rigueur. Le messager envoyé à Balaam était réellement un messager de clémence ; il avait pour mission de protéger Israël, de s'en constituer le défenseur et de châtier ceux qui voulaient le léser. Car telles sont les voies du Saint, béni soit-il, qui fait du bien à l'un de telle façon que ce même bien devienne le châtiment de l'autre. Ainsi, l'ange qui apparut à Balaam était un messager de la clémence envoyé en faveur d'Israël ; il est devenu, ipso facto, un châtiment pour Balaam. C'est pourquoi David a dit: « C'est toi qui as sauvé Jacob par ton commandement. » David demande à Dieu de n'envoyer au monde que des messagers du côté de la clémence.
Rabbi Abba dit : Ces paroles du Psalmiste désignent ceux qui sont dans l'exil ; car Dieu les en affranchira.
Remarquez que Jacob est la gloire des patriarches. Mais comme, sans Isaac, Jacob ne serait pas venu au monde, il s'ensuit que, par les mots : « Tu as sauvé Jacob... », le Psalmiste désigne Isaac qui a été sauvé, et par suite Jacob. L’Écriture dit : «Après cela,..» Rabbi Siméon dit: Nous savons par une tradition que, partout où l'Écriture emploie le terme : « C'était à l'époque », la narration renferme quelque événement douloureux. Or, bien qu'ici l'Écriture ne dise pas : « C'était à l'époque... », mais seulement : « C'était.,. » (vaïahi), elle indique néanmoins que l'événement qui va être relaté a été douloureux. L'Écriture dit : « Après cela (ahar).... » Le mot « ahar » désigne le degré inférieur de tous les degrés célestes. Et quel est ce degré? C'est le degré appelé « debarim », ainsi qu'il est écrit (Ex., IV, 10) : « Je ne suis pas l'homme debarim (73). » Car, par les mots : «Et le Seigneur mit Abraham à l'épreuve », l'Écriture veut nous exprimer que l'esprit du mal est venu requérir devant le Saint, béni soit-il. Ce verset demande qu'on l'examine attentivement.
Pourquoi l'Écriture dit-elle : « Et le Seigneur mit Abraham à l’épreuve » et non pas : « ... Mit Isaac à l'épreuve »? En effet, Isaac avait déjà l'âge de trente-sept ans, de sorte qu'Abraham n'eût été nullement puni, si Isaac eût résisté à se prêter à servir d'holocauste ; car les pères ne sont pas punis à cause des péchés de leurs enfants, lorsque ceux-ci sont majeurs ; ainsi, c'était Isaac qui, en l'occurence, était mis à l'épreuve, plutôt qu'Abraham? Mais, la vérité est que c'était plutôt Abraham qui était mis à l'épreuve, parce que, jusqu'à cette époque, Abraham était tout clémence, sans posséder un atome de rigueur. Mais comme il a fallu que la clémence céleste dont Abraham était l'image fût mêlée avec la rigueur, afin que « l'eau » s’unît au « feu » (74), Dieu imposa à Abraham la dure épreuve d'offrir son fils en holocauste. C'est pour cette raison que l'Écriture dit que Dieu mit Abraham à l'épreuve, et non pas Isaac. Cette épreuve a été imposée à Abraham par suite de la requête de Satan qui prétendait qu'Abraham y succomberait. Aussi, Abraham n'était-il devenu parfait qu'après cette épreuve.
Remarquez que, bien que l'Écriture ne parle que d'Abraham, Isaac était également mis à l'épreuve par ce commandement. C'est pour cette raison que l'Écriture dit : « Et le Seigneur mit Abraham (eth Abraham) à l'épreuve. » Le mot « eth » indique qu'Isaac l’était également. Car au moment où Isaac a été lié par Abraham et déposé sur l'autel, l'union du degré céleste appelé « feu » et de celui appelé « eau » s’était opérée. Car dans quel autre but le Père céleste et miséricordieux aurait-il donné à Abraham un ordre aussi cruel, si ce n'était pour mettre un terme à la division entre « l’eau » et le « feu » et pour en opérer l'union qui ne fut complète que lorsque Jacob vint au monde? C'est alors seulement que les trois patriaches sont devenus parfaits ; et la perfection s'est accomplie et en haut et en bas.
Il est écrit (Gen., XXII, 2) : « Et il dit : Prends ton fils unique que tu aimes tant, Isaac enfin, et va dans le pays de Moriya, etc. » L'Écriture se sert du terme : « ... Prends (qah) ton fils ». Comment Abraham, qui était déjà vieillard, pouvait-il porter son fils ? Mais voici ce que Dieu voulait dire par le mot « prends » : Ne t'imagine pas, disait Dieu à Abraham, que parce qu'Isaac est encore sous ta tutelle, tu as le droit de disposer de lui sans avoir besoin d'en obtenir le consentement , tâche donc de le persuader à l'aide de bonnes paroles pour qu'il se prête à s'offrir en holocauste. Le mot « prends » (qah) a donc la même signification que dans le verset suivant (Nomb., XX, 25) : « Prends (qah) Aaron et son fils avec toi », ce qui veut dire : tache de les gagner à la cause du Saint, béni soit-il, pour qu'ils en accomplissent la volonté. L'Écriture dit : « ... Ton fils unique que tu aimes tant. » La raison de cette spécification [...]
(Ⅰ)
[120a]  
בְּעַלְמָא דְלֶיהוֵי כֻּלְּהוּ מִסִּטְרָא דְרַחֲמֵי וְלָא לֶהווֹ מִסִּטְרָא דְדִינָא, בְּגִין דְּאִית מָארֵי שְׁלִיחָן מִסִּטְרָא דְרַחֲמֵי וּמִסִּטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא. אִנּוּן שְׁלִיחָן דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא דְרַחֲמֵי לָא עַבְדֵי שְׁלִיחוּתָא דְדִינָא בְּעַלְמָא כְּלָל.

וְאִי תֵימָא הָא מַלְאָכָא דְּאִתְגְּלֵי לֵיהּ לְבִלְעָם הָא תָּנִינָן שְׁלִיחָא דְּרַחֲמֵי הֲוָה וְאִתְהַפַּךְ לְדִינָא. לָא. לְעוֹלָם לָא אִשְׁתַּנֵּי, אֶלָּא שְׁלִיחָא דְרַחֲמֵי הֲוָה לַאֲגָנָא עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל וּלְמֶהֱוֵי סַנֵּיגוֹרְיָא עֲלַיְיהוּ, וּלְקֳבְלֵיהּ הוּא דִינָא, וְכָךְ אוֹרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כַּד אוֹטִיב לְדָא הַהוּא טִיבוּ דִּינָא לְדָא. כָּךְ הָא שְׁלִיחָא דְרַחֲמֵי הֲוָה לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל וּלְבִלְעָם אִתְהַפַּךְ לְדִינָא. בְגִין כָּךְ צַוֵּה יְשׁוּעוֹת יַעֲקֹב, אָמַר דָוִד, פַּקִּיד עַל עַלְמָא כַּד יִשְׁתַּלְּחוּן שְׁלִיחָאָה דִּי לֶהֶוְיָן מִסִּטְרָא דְרַחֲמֵי.

רַבִּי אַבָּא אָמַר צַוֵּה יְשׁוּעוֹת יַעֲקֹב דְּאִנּוּן גּוֹ גַלְוָותָא וְיִשְׁתַּכַּח פּוּרְקָנָא לְהוֹן גּוֹ גָּלוּתְהוֹן. תָּא חֲזֵי, תּוּשְׁבְּחָן דְּאֲבָהָן יַעֲקֹב הֲוָה, וְאִלְמָלֵא יִצְחָק לָא אֲתָא יַעֲקֹב לְעַלְמָא, וּבְגִין כָּךְ צַוִּה יְשׁוּעוֹת יַעֲקֹב דָּא יִצְחָק, דְּכֵיוָן דְּאִשְׁתְּזִיב יִצְחָק יְשׁועוֹת יַעֲקֹב הֲווּ.

וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה. רַבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר הָא תָּנִינָן וַיְהִי בִּימֵי עַל צַעֲרָא אִתְּמָר, וַיְהִי אַף עַל גַּב דְּלָא כְּתִיב בִּימֵי טַפְסֵי דְצַעֲרָא אִית בֵּיהּ. וַיְהִי אַחַר, בָּתַר דַּרְגָּא תַּתָּאָה דְּכָל דַּרְגִּין עִלָּאִין, וּמַאן אִיהוּ דְּבָרִים, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (שמות ד׳:י׳) לא אִישׁ דְּבָרִים אָנֹכִי.

וּמַאן הֲוָה בָּתַר דַּרְגָּא דָא, וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם דְּאַתְיָא יֵצֶר הָרָע לְקַטְרְגָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם. אֶת יִצְחָק מִבָּעֵי לֵיהּ. דְּהָא יִצְחָק בַּר תְּלָתִין וְשֶׁבַע שְׁנִין הֲוָה וְהָא אֲבוֹי לָאו בַּר עוֹנָשָׁא דִילֵיהּ הֲוָה, דְּאִלְמָלֵא אָמַר יִצְחָק לָא בָעֵינָא לָא אִתְעֲנַשׁ אֲבוֹי עֲלֵיהּ. מַאי טַעְמָא וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם וְלָא כְּתִיב נִסָּה אֶת יִצְחָק.

אֶלָּא אֶת אַבְרָהָם וַדַּאי דְּבָעֵי לְאִתְכְּלָלָא בְּדִינָא, דְּהָא אַבְרָהָם לָא הֲוָה בֵּיהּ דִּינָא כְּלַל מִקַּדְמַת דְּנָא, וְהַשְׁתָּא אִתְכְּלִיל מַיָי''א בְּאֶשָׁ''א. וְאַבְרָהָם לָא הֲוָה שְׁלִים עַד הַשְׁתָּא דְּאִתְעַטַּר לְמֶעְבַּד דִּינָא וּלְאַתְקָנָא לֵיהּ בְּאַתְרֵיהּ.

וְכָל יוֹמוֹי לָא הֲוָה שְׁלִים עַד הַשְׁתָּא דְּאִתְכְּלִיל מַיָ''א בְּאֶשָׁ''א וְאֶשָׁ''א בְּמַיָ''א, וּבְגִין כָּךְ וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם וְלא אֶת יִצְחָק, דְּאַזְמִין אַבְרָהָם לְאִתְכְּלָלָא בְּדִינָא, וְכַד עָבִיד דָּא, עָאל (קלג ב) אֶשָׁ''א בְּמַיָ''א וְאִשְׁתְּלִים דָּא עִם דָּא. וְדָא עָבִיד דִּינָא לְאִתְכְּלָלָא דָּא בְּדָא. וּכְדֵין יֵצֶר הָרָע אֲתָא לְקַטְרְגָא עֲלֵיהּ דְּאַבְרָהָם דְּלָא אִשְׁתְּלִים כְּדְקָא יְאוּת עַד דְּיַעֲבִיד דִּינָא בְּיִצְחָק. דְּיֵצֶר הָרָע אַחַר הַדְּבָרִים אִיהוּ וְאָתָא לְקַטְרְגָא.

וְתָא חֲזֵי רָזָא דְמִלָּה, אַף עַל גַּב דְּקָאֲמָרָן דְּאַבְרָהָם כְּתִיב וְלָא יִצְחָק, יִצְחָק נָמֵי אִתְכְּלִיל בֵּיהּ בְּהַאי קְרָא, רָזָא דִכְתִיב וְהָאֱלֹהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם. נִסָּה לְאַבְרָהָם לָא כְּתִיב אֶלָּא אֶת אַבְרָהָם אֶת דַּיְיקָא וְדָא יִצְחָק. דְּהָא בְּהַהִיא שַׁעֲתָא בִּגְבוּרָ''ה תַּתָּאָה שַׁרְיָא, כֵּיוָן דְּאִתְעַקַּד וְאִזְדַּמַּן בְּדִינָא עַל יְדָא דְּאַבְרָהָם כְּדְקָא יְאוּת, כְּדֵין אִתְעַטַּר בְּאַתְרֵיהּ בַּהֲדֵיהּ דְּאַבְרָהָם וְאִתְכְּלִילוּ אֶשָׁ''א בְּמַיָ''א וּסְלִיקוּ לְעֵילָא, וּכְדֵין אִשְׁתַּכַּח מַחְלוֹקֶת כְּדְקָא יְאוּת מַיָא בְּאֶשָׁא.

מַאן (עבד) חָמָא אַבָּא רַחֲמָנָא דְּאִתְעֲבִיד אַכְזָר. אֶלָּא בְּגִין לְאִשְׁתַּכָּחָא מַחְלוֹקֶת מַיָא בְּאֶשָׁא וּלְאִתְעַטְּרָא בְּאַתְרַייהוּ (ד''א ל''ג כדקא יאות), עַד דְּאָתָא יַעֲקֹב וְאִתְתַּקַּן כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת וְאִתְעֲבִידוּ תְּלָתָא אַבָּהָן שְׁלֵמִין וְאִתְתַּקָנוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי:

וַיֹּאמֶר קַח נָא אֶת בִּנְךָ. וְכִי הֵיאַךְ יָכִיל אַבְרָהָם דְּאִיהוּ סָבָא. אִי תֵימָא בְּגִין דְּיִצְחָק לָא נָפִיק מֵרְשׁוּתֵיהּ כְּלַל, יָאוֹת, אֲבָל כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר כ) קַח אֶת אַהֲרֹן וְאֶת אֶלְעָזָר בְּנוֹ אֶלָּא בְּגִין לְאַמְשָׁכָא לוֹן בְּמִלִּין וּלְאַדְבָּרָא לוֹן לִרְעוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אוּף הָכָא קַח בְּמִלִּין. אֶת בִּנְךָ אֶת יְחִידְךָ אֲשֶׁר אָהַבְתָּ הָא
- [...] a été déjà expliquée. Enfin L’Écriture ajoute : « ... Et va dans le pays de Moriya. » Ces paroles ont le même sens que celles du verset (Cant., IV, 6) suivant : « J'irai à la montagne de la Myrrhe (hamor). » Le mot « Moriya » veut donc dire : l'endroit propice à l'accomplissement du commandement de Dieu.
Il est écrit (Gen., XXII, 4) : Le troisième jour, Abraham leva les yeux, et il vit le lieu de loin. » Il a été déjà expliqué pourquoi l'Écriture dit « le troisième jour». Cependant on peut encore se demander : comment se peut-il qu’Abraham ait vu ce lieu de loin au troisième jour de son voyage, alors qu’en réalité il devait y être arrivé en moins de trois jours? Mais Dieu avait dit à Abraham (Gen., XXI, 12) : « Car c'est d'Isaac que sortira la race qui doit porter ton nom.» Or ces paroles désignent Jacob sorti d'Isaac.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Le troisième jour, Abraham leva ses yeux et vit le lieu de loin. » « Il vit le lieu de loin », c'est-à-dire Dieu, ainsi qu'il est écrit (Jér., XXXI, 3) : « Le Seigneur m'apparut de loin. » Les mots : « ... Et il vit le lieu de loin» désignent également Jacob dont l'Écriture dit (Gen., XXVIII, 11) : « Et il prit des pierres de ce lieu. » Ainsi, le sens de ce verset est le suivant : Abraham leva ses yeux au troisième jour, c'est-à-dire au troisième degré ; et il a vu Jacob qui devait sortir de lui. L'Écriture dit « de loin », parce que le jour de la naissance de Jacob était encore loin de cette époque. Rabbi Éléazar demanda à Rabbi Siméon : Du moment qu'Abraham a pu prévoir qu'Isaac allait engendrer Jacob, quel était donc son mérite de déposer Isaac sur l'autel ? Mais la vérité est que le mérite d'Abraham consistait en ceci qu'il était prêt à offrir son fils en holocauste, sans se demander comment Dieu pourrait concilier ce commandement avec la promesse qu'il avait faite de faire sortir sa race d'Isaac. Une autre raison pour laquelle l'Écriture dit « de loin », c'est qu'Abraham n'a eu la vision de Jacob qu'à travers une lumière non transparente ; c'est pourquoi il ne l'a vu qu'obscurément ; il ne pouvait pas encore voir à travers une lumière transparente ; car c'est le degré de Jacob. Tant que Jacob ne fut pas né, ce degré n'existait pas encore. Et cela fut ainsi pour qu'il (Abraham) eût plus de mérite. « Et il vit cet endroit de loin », c'est-à-dire Jacob, ainsi que nous l'avons dit ; car lui-même (Abraham) ne pouvait le voir (Jacob) que de loin.
Il est écrit (Gen., XXII, 9) : « Et ils vinrent au lieu que Dieu avait montré à Abraham. » L'Écriture nous fait entendre par ces paroles que bien qu'il fût déjà arrivé à ce degré de la connaissance divine de voir Jacob, Abraham ne s'était pas demandé: Comment pourrais-je sacrifier Isaac, alors que celui-ci est destiné à engendrer Jacob ? Mais il s'était dit : Puisque Dieu m'a fait prévoir la naissance de Jacob, il est certain qu'elle aura lieu, alors même qu'Isaac serait sacrifié. Aussi l'Écriture ajoute-t-elle : « Et il dressa un autel, etc.»
Précédemment l'Écriture dit : « Et Isaac dit à son père : Mon père. Abraham lui répondit : Me voici, mon fils. » Ce passage a déjà été expliqué. Mais pourquoi Abraham n’a-t-il pas répondu immédiatement à la question d'Isaac ? Pourquoi dit-il d'abord : « Me voici, mon fils »? C'est pour indiquer qu'Abraham a été obligé de maîtriser ses sentiments de père pour son fils et de changer le sentiment de clémence en rigueur (75). L'Écriture (Gen., XXII, 8) ajoute : « Abraham lui répondit : Mon fils, Dieu lui montrera la brebis qui doit être offerte en holocauste.» L'Écriture ne dit pas : « ... Son père lui répondit », parce que, en ce moment, Abraham s'était dépouillé de tout sentiment paternel ; il est devenu en quelque sorte l'adversaire d'Isaac. Abraham lui dit : « Le Seigneur lui montrera l'agneau, etc. » Il aurait dû dire : « Le Seigneur nous montrera, etc. » Mais « lui » se rapporte à Dieu. Dieu montrera la brebis quand le moment sera venu ; mais, en attendant, c'est mon fils qui doit être offert, et non pas une brebis. Aussi l’Écriture ajoute-t-elle immédiatement après : « Et ils continuèrent à marcher ensemble. » .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XXXIII, 17) : « Les messagers crient dehors ; les anges de la paix pleurent amèrement. » « Les messagers » désignent les anges supérieurs. Au moment où Abraham s'apprêtait à offrir Isaac en holocauste, les anges criaient dehors, c’est-à-dire : ils rappelaient à Dieu le fait rapporté dans le verset suivant (Gen., XV,5) : « Et Dieu le fit sortir dehors et lui dit : Lève tes yeux au ciel et compte les étoiles, si tu le peux. C'est ainsi, ajoutat- il, que se multipliera ta race. » « Les anges de la paix » désignent ces anges qui devaient plus tard rencontrer Jacob, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXXII, 2) : «Jacob continuant son chemin, rencontra des anges du Seigneur. » Ce sont ces anges que le Saint, béni soit-il, a envoyés à Jacob, pour lui apporter le salut. Lorsque ces anges de la paix ont vu Abraham lier Isaac, ils se sont mis à pleurer ; et le monde d'en haut aussi bien que le monde d'en bas ont été ébranlés à cause d'Isaac. L'Écriture (Gen., XXII, 11) ajoute : « Et l'ange du Seigneur lui cria du ciel : Abraham! Abraham! » Entre les deux mots «Abraham », il y a un accent disjonctif, afin de nous indiquer que le second Abraham ne ressemble pas au premier; le dernier [...]
(Ⅰ)
[120b]  
אוּקְמוּהָ. וְלֶךְ לְךָ אֶל אֶרֶץ הַמּוֹרִיָּה כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (שיר השירים ד׳:ו׳) אֵלֵךְ לִי אֶל הַר הַמּוֹר. לְאַתְקָנָא בְּאַתְרָא דְּיִתְחֲזֵי:

בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי וַיִּשָּׂ''א אַבְרָהָ''ם אֶ''ת עֵינָיו וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחוֹק. בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי הָא אוּקְמוּהָ, אֶלָּא כֵּיוָן דְּאִתְּמָר וַיָּקָם וַיֵּלֶךְ אֶל הַמָּקוֹם אֲשֶׁר אָמַר לוֹ הָאֱלהִים מַאי טַעְמָא בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחוֹק. אֶלָּא בְּגִין דִּכְתִיב כִּי בְיִצְחָק יִקָּרֵא לְךָ זָרַע וְדָא הוּא יַעֲקֹב דְּנָפַק מִנֵּיהּ וְהַאי הוּא בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי. וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחוֹק כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר (ירמיהו ל״א:ג׳) מֵרָחוֹק יְיָ נִרְאָה לִי.

וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם. דָּא הוּא יַעֲקֹב דִּכְתִיב, (בראשית כ״ח:י״א) וַיִּקַּח מֵאַבְנֵי הַמָּקוֹם. אִסְתַּכַּל אַבְרָהָם בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי דְּאִיהוּ דַרְגָּא תְּלִיתָאָה וְחָמָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב דְּזַמִּין לְמֵיפַק מִנֵּיהּ. מֵרָחוֹק כְּמָה דְאֲמָרָן מֵרָחוֹק וְלָא לִזְמַן קָרִיב.

אָמַר לֵיהּ רִבִּי אֶלְעָזָר מַאי שְׁבָחָא אִיהוּ לְאַבְרָהָם כַּד אִסְתַּכַּל וְחָמָא דְּזַמִּין לְמֵיפַק מִנִּיהּ יַעֲקֹב. דְּהָא כַּד אָזִיל לְמֶיעֱקַד לֵיהּ לְיִצְחָק, לָאו שְׁבָחָא כָּל כָּךְ אִיהוּ דִילֵיהּ.

אָמַר לֵיהּ וַדַּאי (והא) חָמָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב דְּהָא מִקַּדְמַת דְּנָא יָדַע אַבְרָהָם חָכְמְתָא, וְאִסְתַּכַּל הַשְׁתָּא בַּיּוֹם הַשְּׁלִישִׁי דְּאִיהוּ דַרְגָּא תְּלִיתָאָה לְמֶעְבַּד שְׁלִימוּ וּכְדֵין חָמָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב דִּכְתִיב וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם. אֲבָל הַשְׁתָּא קַיְימָא לֵיהּ מִלָּה מֵרָחוֹק בְּגִין דְּאָזִיל לְמֶיעֱקַד לֵיהּ לְיִצְחָק וְלָא בָּעָא לְהַרְהֵר אֲבַתְרֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

מֵרָחוֹק חָמָא לֵיהּ גּוֹ אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּלָא נָהֲרָא בִּלְחוֹדוֹי, וּבְגִין כָּךְ חָמָא לֵיהּ וְלָא אִתְגְּלִי כֹּלָּא, דְּאִלּוּ אַסְפַּקְלַרְיָאה דְנַהֲרָא הֲוָה שְׁכִיחַ עַל הַאי אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּלָא נַהֲרָא אִתְקְיַּים עֲלֵיהּ אַבְרָהָם כְּדְקָא יָאוֹת, אֲבָל מֵרָחוֹק, בִּלְחוֹדוֹי הֲוָה, מֵרָחוֹק.

מַאי טַעְמָא אִסְתַּלַּק מֵהַאי מִלָּה אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּנַהֲרָא בְּגִין דְּהַאי דַּרְגָּא דְּיַעֲקֹב הֲוָה. וּבְגִין דְּיַעֲקֹב עַד לָא אִתְיְילִיד לָא אִשְׁתַּכַּח הַשְׁתָּא עַל הַאי דַרְגָא. וְתוּ בְּגִין דִּיהַךְ וִיקַבֵּל אַגְרָא. וַיַּרְא אֶת הַמָּקוֹם מֵרָחוֹק דָּא יַעֲקֹב כְּמָה דְאִתְּמָר מֵרָחוֹק דְּלָא זָכָה בֵּיהּ. (ראייה בעינוי בהאי עלמא אלא מרחוק מגו האי דרגא דהא כד אתא יעקב הכא דאף על גב דאתו לההוא ראייה וחמא ליעקב, אמר אברהם ודאי קודשא בריך הוא ידע בגוונא אחרא דאתחזי, מיד ויבן שם אברהם את המזבח וגו'. מה כתיב לעילא ויאמר יצחק אל אברהם אביו ויאמר אבי, הא אוקמוה. אבל מאי טעמא לא אתיב ליה (מדי)) מִיָּד. אֶלָא בְּגִין דְּהָא אִסְתַּלַּק מֵרַחֲמֵי דְאַבָּא עַל בְּרָא וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב הִנְּנִּי בְנִי, הִנְּנִּי דְאִסְתַּלָּקוּ רַחֲמֵי וְאִתְהַפַּךְ לְדִינָא:

וַיֹּאמֶר אַבְרָהָם, וְלָא כְּתִיב וַיֹּאמֶר אָבִיו, דְּהָא לָא קָאִים עֲלֵיהּ כְּאַבָּא אֶלָּא בַּעַל מַחְלוֹקֶת הֲוָה בֵּיהּ. אֱלהִים יִרְאֶה לוֹ הַשֶּׂה. יִרְאֶה לָנוּ מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי יִרְאֶה לוֹ. אֶלָּא אָמַר לֵיהּ אֱלֹהִים יִרְאֶה לוֹ לְגַרְמֵיהּ, כַּד אִיהוּ יִצְטְרִיךְ. אֲבָל הַשְׁתָּא בְּנִי וְלָא אִמְרָא. מִיָּד וַיֵּלְכוּ שְׁנֵיהֶם יַחְדָּו.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר (ישעיהו ל״ג:ז׳) הֵן אֶרְאֶלָם צָעֲקוּ חוּצָה מַלְאֲכֵי שָׁלוֹם מַר יִבְכָּיוּן. הֵן אֶרְאֶלָם אִלֵּין מַלְאֲכֵי עִלָּאֵי. צָעֲקוּ בְּהַהִיא שַׁעֲתָא וּבָעוּ לְקַיְימָא עַל הַהִיא מִלָּה דִּכְתִיב, (בראשית ט״ו:ה׳) וַיּוֹצֵא אוֹתוֹ הַחוּצָה. בְּגִין כָּךְ צָעֲקוּ חוּצָה.

מַלְאֲכֵי שָׁלוֹם. אִלֵּין אִנּוּן מַלְאָכִין אָחֳרָנִין דְּהֲווּ זְמִינִין לְמֵיהַךְ קַמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב וּבְגִינֵיהּ דְּיַעֲקֹב אַבְטַח לוֹן שְׁלִימוּ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דִּכְתִיב, (בראשית ל״ב:ב׳) וְיַעֲקֹב הָלַךְ לְדַרְכּוֹ וַיִּפְגְּעוּ בּוֹ מַלְאֲכֵי אֱלהִים. וְאִלֵּין אִקְרוּן מַלְאֲכֵי שָׁלוֹם, כֻּלְּהוּ בָּכוּ כַּד חָמוּ לֵיהּ לְאַבְרָהָם דְּעָקִיד לֵיהּ לְיִצְחָק, וְאִזְדַּעְזְעוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי וְכֻלְּהוּ עֲלֵיהּ דְּיִצְחָק:

וַיִּקְרָא אֵלָיו מַלְאַךְ יְיָ וְגו', פָּסִיק טַעְמָא בְּגַוַּויְהוּ, דְּלָאו אַבְרָהָם בַּתְרָאָה כְּקַדְמָאָה. בַּתְרָאָה
- [...] était parfait; mais le premier ne l'était pas, c'est-à-dire qu'après qu’Abraham eut donné la preuve de son obéissance envers Dieu, il était parfait, mais il ne l'était pas avant. Il en est de même lorsque l'Écriture (I Rois, III, 10) dit: « Samuel! Samuel! » ; il y a un accent disjonctif entre les deux mots, parce que le dernier était parfait, mais le premier ne l'était pas ; en d'autres termes : à la fin de ses jours il était prophète, mais avant il ne l'était pas. Mais' il n'en est pas de même du nom de Moïse que l'Écriture (Ex., III, 4) répète deux fois, sans les séparer d'un accent disjonctif, parce que, dès sa naissance, la Schekhina ne l'a jamais quitté.
Rabbi Hiyà dit : Dieu répéta deux fois « Abraham », afin de le réveiller avec un autre esprit pour une autre action avec un nouveau cœur.
Rabbi Yehouda dit : Isaac a été épuré en ce moment, et cet acte d'obéissance a été aussi agréable au Saint, béni soit-il, que les odeurs des essences parfumées déposées deux fois par jour par les prêtres sur l'autel ; et son sacrifice a été agréé ; car Abraham était peiné lorsque l'ange lui dit : « Ne mets pas la main sur l'enfant et ne lui fais aucun mal. » Car Abraham avait appréhendé que son sacrifice ne fût pas agréable au Saint, béni soit-il. Aussi l'Écriture ajoute-t-elle immédiatement après : « Et Abraham leva ses yeux et aperçut derrière lui un bélier qui s'était embarrassé avec ses cornes dans un buisson. » Nous savons par une tradition, que ce bélier, qui devait être substitué à Isaac, avait été créé au crépuscule du sixième jour de la création. Ce bélier avait un an, âge requis pour les holocaustes, ainsi qu'il est écrit (Nomb., VII, 15) : « Un agneau d'un an pour holocauste ... » Comment concilier ces deux choses contradictoires ? On dit que le bélier avait été créé au crépuscule du sixième jour de la création, et ensuite on prétend qu'il n'était âgé que d'un an! - Il a été décrété au crépuscule du sixième jour de la création, qu'au moment ou Abraham s'apprêterait à offrir son fils en holocauste, un bélier s'offrirait à lui. C'est ainsi que s’expliquent ces deux sentences contradictoires en apparence. C'est ainsi qu'il faut expliquer toutes les autres sentences relatives aux choses créées au crépuscule du sixième jour de la création ; ce ne sont pas les choses elles-mêmes qui avaient été créées en ce moment ; mais il avait été décidé qu’elles fussent faites plus tard.
Rabbi Yehouda commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Is., XLIII, 9) : « Dans toutes les afflictions qui leur sont arrivées, il n'était point affligé avec eux ; et l'ange qui assistait devant sa face les a sauvés. » Remarquez que le mot « lo » est écrit avec un Aleph, et prononcé avec un Vav (76), parce que le Saint, béni soit-il, souffre pour Israël. « Lo » avec un aleph indique que, même dans les régions très hautes où il n'y a ni colère ni souffrance, les souffrances d'Israël trouvent un écho. Il en est de même du mot « lo » dans le verset (Ps., C, 3) suivant : « C'est lui qui nous a créés, et nous sommes à lui (ve-lo). » Ici également le mot « lo » est écrit avec un Aleph et prononcé avec un Vav. Et L’Écriture ajoute : « Et l'ange qui assistait devant sa face les a sauvés.» Mais puisque lui-même a souffert avec Israël, comment a-t-il pu les sauver? L'Écriture se sert d'un passé et non d'un présent ; c'est pour nous indiquer que, dès le commencement, la Schekhina a été destinée à souffrir avec Israël.
Remarquez que, tout le temps qu'Israël est en exil, la Schekhina est également en exil ; c'est ainsi qu'on a expliqué le verset (Deut., XXX, 3) suivant : « Le Seigneur, ton Dieu, te ramènera de ta captivité ; et il aura pitié de toi, etc. » D'après une autre interprétation, les paroles : « Et l'ange qui assistait devant sa face les a sauvés » signifient que la Schekhina est avec Israël dans l'exil. Alors comment dis-tu qu'elle sauvera Israël? - Parce que la Schekhina est avec Israël dans l'exil, le Saint, béni soit-il, se souvient de lui pour l'affranchir de l'exil, ainsi qu’il est écrit (Ex., VI, 5) : « Et je me souviens de mon Alliance », c'est-à-dire de la Schekhina ; et ensuite L’Écriture ajoute : « Les gémissements des enfants d'Israël sont arrivés jusqu'à moi. » L'Écriture (Ex., III, 9) dit : « Le cri des enfants d'Israël est venu jusqu'à moi, et j'ai vu aussi l'affliction dont les ont accablés les Égyptiens. » L'Écritture veut dire que Dieu a vu d'abord la Schekhina, qui est la première de tout ce qui existe, ainsi qu'il est dit : « Et Dieu se souvint de l'Alliance avec Abraham. » Le mot « de l'Alliance » indique la Schekhina. L'Écriture dit « avec Abraham » (eth Abraham), au lieu de « à Abraham » (le-Abraham) ; c'est pour indiquer son compagnon et son associé parmi les patriarches. Abraham est le symbole du coin sud-ouest ; Isaac est le symbole du coin nord-ouest et Jacob est le troisième qui renferme les deux autres dans une union parfaite (77). Il en est de même des mots (Gen., I, 1) : « Dieu créa le ciel (eth) et la terre (ve-eth). » Le mot « ve-eth » indique que le degré symbolisé par le jour et celui symbolisé par la nuit ont été unis. De même, chez Jacob, l'Écriture (Ex., II, 24) emploie le mot « ve-eth », parce que c'est grâce à lui que le principe mâle s'était uni à jamais au principe femelle. Le Saint, béni soit-il, fera retentir dans tout le monde les paroles suivantes (Is., XLIII, 8) : « Et il dit : Ce peuple est véritablement mon peuple ; ce sont des enfants qui ne renient point leur père ; et il est devenu leur sauveur. » « Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le nom du Seigneur en toute éternité. Amen, amen. » [...]
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