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Citation
d' Hallaj
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Islam, Soufisme
Diwan, p54, cité et traduit par GG Anawati et Louis Gardet, " La Mystique Musulmane " Je pense, avec MM Massignon et Moreno, et au contraire de Nicholson, que le fana' soufi n'est aucunement l'équivalent du nirvana bouddhiste, soit même du Kaivalya indien (cf. L. Massignon, Essai p93 et MM. Moreno, Mystique Musulmane & Mystique Indienne p156-161). […]
Le fana', état de ce qui est périssable, s'actualise, si l'on peut dire, dans la réduction au non être, un peu le " néontement " au sens existentialiste moderne. Il est dit dans le Coran que Dieu manifestera sa suprême Toute Puissance en faisant précéder le " jour du Jugement " par le fana' de la créature. Il l'anéantira pour ensuite la rappeler à l'être et la juger. […]
Toutefois, tout dépend de la teneur même de l'expérience d'unicité, du tawhid, et ni fana', ni baqa' ne se peuvent traduire par des termes arrêtés une fois pour toutes.
Ainsi, dans la ligne de l ' "Unicité du témoignage", le fana' pourra se présenter comme une extase du sujet dans l'objet, le tawhid devenant l'acte du sujet mû par Dieu, et le baqa' la substance du sujet en Dieu, par l'acte même de Dieu.
Dans la ligne de " l'Unicité l'Etre) ", il s'agira d'une extase du sujet dans un acte d'abolition de l'objet, le tawhid étant l'acte (second) de suspens de tout acte (second) d'intelligence ou de volonté, dans une subsistance (baqa') ultime et indifférencié, ou une identification se consomme entre un " je " conçu comme divin et le " je " humain aboli en ses sources d'être, en son acte premier d'existence. De ce point de vue, l' " échec " de Bistami n'est échec que parce que sa foi monothéiste exigeante se refusait à transcrire en monisme de l'être, son expérience de suspens ultime. Le soufisme postérieur, influencé par Ibd Sina, et à travers lui, par Plotin, revêtira indûment ce monisme d'une transcription monothéiste.
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