Chapitre 12
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(Ⅰ)
(Ⅱ)


12. 33  
लोभः स्वप्नोऽधृतिः क्रौर्यं नास्तिक्यं भिन्नवृत्तिता ।
याचिष्णुता प्रमादश्च तामसं गुणलक्षणम् । । १२.३३ । ।
- La cupidité, la somnolence, l'irrésolution, la cruauté, le scepticisme, le délaissement des bonnes coutumes, l'habitude de mendier et la négligence, (voilà) les signes distinctifs de la qualité d'Obscurité. (Ⅰ)
- Bhinnavrtti est expliqué par âcâraparilopa le délaissement des bonnes coutumes. (Kull.) (Ⅱ)
12. 34  
त्रयाणां अपि चैतेषां गुणानां त्रिषु तिष्ठताम् ।
इदं सामासिकं ज्ञेयं क्रमशो गुणलक्षणम् । । १२.३४ । ।
- En outre, voici en résumé et par ordre les signes distinctifs de ces trois qualités (telles qu'elles) se trouvent dans les trois (temps, le présent, le passé et l'avenir). (Ⅰ)
- Le texte dit simplement : dans les trois (choses) trishu, mais les commentateurs sont d'accord pour l'entendre des trois moments du temps. A noter la leçon de Nand. nrshu, dans les hommes. (Ⅱ)
12. 35  
यत्कर्म कृत्वा कुर्वंश्च करिष्यंश्चैव लज्जति ।
तज्ज्ञेयं विदुषा सर्वं तामसं गुणलक्षणम् । । १२.३५ । ।
- Si un acte qu'on a fait, qu'on fait ou qu'on va faire, vous cause de la honte, 1'(homme) instruit doit le considérer comme marqué du signe distinctif de la qualité d'Obscurité. (Ⅰ)
12. 36  
येनास्मिन्कर्मना लोके ख्यातिं इच्छति पुष्कलाम् ।
न च शोचत्यसंपत्तौ तद्विज्ञेयं तु राजसम् । । १२.३६ । ।
- Sachez que tout acte par lequel on désire (acquérir) une renommée brillante en ce monde, et dont (toutefois) la non-réussite ne vous afflige pas, (est marqué du signe distinctif de la qualité) de Passion. (Ⅰ)
12. 1  
चातुर्वर्ण्यस्य कृत्स्नोऽयं उक्तो धर्मस्त्वयानघः ।
कर्मणां फलनिर्वृत्तिं शंस नस्तत्त्वतः पराम् । । १२.१ । ।
- « Tu nous as déclaré toute la loi concernant les quatre castes, ô toi qui es sans péché ! Explique-nous (maintenant) selon la vérité la rétribution finale des actions. » (Ⅰ)
- Ce sont les grands Sages qui s'adressent à Bhrgu le narrateur supposé du livre de Manou. (Ⅱ)
12. 2  
स तानुवाच धर्मात्मा महर्षीन्मानवो भृगुः ।
अस्य सर्वस्य शृणुत कर्मयोगस्य निर्णयम् । । १२.२ । ।
- Et le vertueux Bhrigou, fils de Manou, répondit aux grands Sages : « Écoutez la décision (en ce qui concerne la rétribution) de tout cet ensemble d'actes. » (Ⅰ)
12. 3  
शुभाशुभफलं कर्म मनोवाग्देहसंभवम् ।
कर्मजा गतयो नॄणां उत्तमाधममध्यमः । । १२.३ । ।
- Les actes procédant de l'esprit, de la parole ou du corps produisent des fruits bons ou mauvais; des actes résultent les (diverses) conditions des hommes, la supérieure, la moyenne et l'inférieure. (Ⅰ)
12. 4  
तस्येह त्रिविधस्यापि त्र्यधिष्ठानस्य देहिनः ।
दशलक्षणयुक्तस्य मनो विद्यात्प्रवर्तकम् । । १२.४ । ।
- Sachez que l'esprit est ici-bas l'instigateur de cet (acte) lié avec le corps, qui est de trois degrés, qui a trois sièges et se répartit en dix catégories. (Ⅰ)
- Trois degrés, « supérieur, moyen, inférieur ». (Kull.) — Trois sièges, « l'esprit, la parole, le corps ». (Kull.) — Dix catégories énumérées ci-après. (Ⅱ)
12. 5  
परद्रव्येष्वभिध्यानं मनसानिष्टचिन्तनम् ।
वितथाभिनिवेशश्च त्रिविधं कर्म मानसम् । । १२.५ । ।
- Convoiter le bien d'autrui, méditer en son esprit des choses défendues, embrasser l'erreur, (telles sont) les trois (mauvaises) actions mentales. (Ⅰ)
- Méditer des choses défendues, « le meurtre d'un Brahmane, etc. » (Kull.) — L'erreur, « la négation d'un autre monde, le matérialisme ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 6  
पारुष्यं अनृतं चैव पैशुन्यं चापि सर्वशः ।
असंबद्धप्रलापश्च वाङ्मयं स्याच्चतुर्विधम् । । १२.६ । ।
- L'outrage, le mensonge, la calomnie et le bavardage inconsidéré doivent être (regardés comme) les quatre (mauvaises actions) verbales. (Ⅰ)
12. 7  
अदत्तानां उपादानं हिंसा चैवाविधानतः ।
परदारोपसेवा च शारीरं त्रिविधं स्मृतम् । । १२.७ । ।
- S'approprier ce qui n'a pas été donné, faire du mal (aux créatures) en dehors des cas prescrits par la loi, entretenir des relations adultères, (voilà ce) qu'on appelle les trois (mauvaises) actions corporelles. (Ⅰ)
- Faire du mal, c'est-à-dire tuer des animaux autrement que pour les sacrifices autorisés. (Ⅱ)
12. 8  
मानसं मनसैवायं उपभुङ्क्ते शुभाशुभम् ।
वाचा वाचा कृतं कर्म कायेनैव च कायिकम् । । १२.८ । ।
- Pour un (acte) mental bon ou mauvais, (l'homme) reçoit sa récompense dans son esprit, (il la reçoit) dans sa voix pour un (acte) verbal, dans son corps pour un (acte) corporel. (Ⅰ)
12. 9  
शरीरजैः कर्मदोषैर्याति स्थावरतां नरः ।
वाचिकैः पक्षिमृगतां मानसैरन्त्यजातिताम् । । १२.९ । ।
- Pour des actes coupables procédant du corps, un homme (après sa mort) entre dans la condition des êtres inanimés, pour (ceux qui procèdent) de la voix dans la condition des oiseaux ou des bêtes sauvages, pour (ceux qui procèdent) de l'esprit, (il renaît dans) une basse caste. (Ⅰ)
12. 10  
वाग्दण्डोऽथ मनोदण्डः कायदण्डस्तथैव च ।
यस्यैते निहिता बुद्धौ त्रिदण्डीति स उच्यते । । १२.१० । ।
- Celui dans l'intelligence duquel réside une triple autorité (exercée) sur la parole, la pensée et le corps, est appelé (à juste titre un homme) à trois bâtons. (Ⅰ)
- Jeu de mots : tridandin signifie qui a trois bâtons ; les trois bâtons sont l'insigne de la vie ascétique. D'autre part danda signifie aussi autorité. L'auteur veut dire que le véritable ascète n'est pas celui qui porte comme insigne les trois bâtons, mais celui qui exerce un triple empire sur sa parole, sa pensée et son corps. (Ⅱ)
12. 11  
त्रिदण्डं एतन्निक्षिप्य सर्वभूतेषु मानवः ।
कामक्रोधौ तु संयम्य ततः सिद्धिं नियच्छति । । १२.११ । ।
- L'homme qui exerce cette triple autorité (sur sa parole, sa pensée et son corps dans ses rapports) avec toutes les créatures, et qui dompte ses désirs et sa colère parvient ainsi à la félicité suprême. (Ⅰ)
12. 12  
योऽस्यात्मनः कारयिता तं क्षेत्रज्ञं प्रचक्षते ।
यः करोति तु कर्माणि स भूतात्मोच्यते बुधैः । । १२.१२ । ।
- (Le principe) qui fait agir ce corps est appelé le connaisseur du champ; et ce (corps) qui accomplit les actes est appelé par les sages le composé d'éléments. (Ⅰ)
- Ce corps : Kull. explique le mot âtman par « corps, le moi corporel ». — Kshetrajna, le connaisseur du champ ; on a déjà vu à propos de la paternité l'emploi métaphorique du mot kshetra, champ; ici le kshetrajfia est donc l'âme qui connaît le corps. — Le bhûtâtman, composé d'éléments, est le corps « qui tire son origine des éléments tels que la terre et autres ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 13  
जीवसंज्ञोऽन्तरात्मान्यः सहजः सर्वदेहिनाम् ।
येन वेदयते सर्वं सुखं दुःखं च जन्मसु । । १२.१३ । ।
- Il est un autre esprit interne dont le nom est le principe vital, qui naît en même temps que tous les (êtres) corporels, par le moyen duquel sont perçus tous les plaisirs et toutes les peines dans les existences (successives). (Ⅰ)
- L'esprit interne antarâtman. — Le principe vital, jiva « au moyen duquel, transformé en conscience et en sens, le kshetrajna dans les existences successives perçoit le plaisir et la peine ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 14  
तावुभौ भूतसंपृक्तौ महान्क्षेत्रज्ञ एव च ।
उच्चावचेषु भूतेषु स्थितं तं व्याप्य तिष्ठतः । । १२.१४ । ।
- Ces deux (principes), le grand et le connaisseur du champ, unis avec les éléments, pénètrent Celui qui réside dans (tous) les êtres les plus élevés comme les plus bas. (Ⅰ)
- Le grand, mahàn (ici du masculin) c'est l'intelligence, c'est le jîva du vers précédent opposé au kshetrajna. — Les éléments « les cinq éléments tels que la terre, etc. » (Kull.) — Celui désigne suivant Kull. le paramàtman, l'Âme suprême. (Ⅱ)
12. 15  
असंख्या मूर्तयस्तस्य निष्पतन्ति शरीरतः ।
उच्चावचानि भूतानि सततं चेष्टयन्ति याः । । १२.१५ । ।
- Du corps de ce dernier jaillissent d'innombrables manifestations qui perpétuellement mettent en mouvement les êtres de toute sorte. (Ⅰ)
- De ce dernier, c'est-à-dire du paramàtman. — Manifestations, littér. des formes mûrtayah que Kull. explique par « des principes vitaux (jîvâh) ». (Ⅱ)
12. 16  
पञ्चभ्य एव मात्राभ्यः प्रेत्य दुष्कृतिनां नृणाम् ।
शरीरं यातनार्थीयं अन्यदुत्पद्यते ध्रुवम् । । १२.१६ । ।
- Avec des particules des cinq (éléments) est formé après la mort, pour les hommes pervers, un autre corps durable, destiné aux souffrances (de l'enfer). (Ⅰ)
- Particules: mâtrà est peut-être ici synonyme de bhûta; on pourrait donc traduire simplement « avec les cinq éléments ». — Durable « pour résister aux tourments ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 17  
तेनानुभूय ता यामीः शरीरेणेह यातनाः ।
तास्वेव भूतमात्रासु प्रलीयन्ते विभागशः । । १२.१७ । ।
- Après que (les âmes des méchants) ont enduré au moyen de ce corps les souffrances (infligées par) Yama dans l'autre monde, (les particules qui les composent) se résorbent suivant leur catégorie, dans les mêmes principes élémentaires (dont elles étaient sorties). (Ⅰ)
- Dans l'autre monde, iha n'a pas ordinairement ce sens-là; il s'oppose au contraire à paraloke. Kull. explique ainsi : « Après avoir subi au moyen de ce corps les tourments infligés par Yama, ces âmes perverses étant subtiles, à la dissolution de ce corps grossier, se résorbent dans ces parties constitutives des éléments. » (Ⅱ)
12. 18  
सोऽनुभूयासुखोदर्कान्दोषान्विषयसङ्गजान् ।
व्यपेतकल्मषोऽभ्येति तावेवोभौ महौजसौ । । १२.१८ । ।
- Quand elle a expié les péchés, sources d'infortunes, nés de l'attachement aux objets des sens, cette (âme) purifiée de ses souillures retourne vers ces deux (principes) puissants. (Ⅰ)
- Cette âme : c'est-à-dire l'âme individuelle, le jîva ; les deux puissants sont le mahân et le kshetrajna du v. 14. Pourtant Kull. entend par là le mahàn et le paramàtman. (Ⅱ)
12. 19  
तौ धर्मं पश्यतस्तस्य पापं चातन्द्रितौ सह ।
याभ्यां प्राप्नोति संपृक्तः प्रेत्येह च सुखासुखम् । । १२.१९ । ।
- Ces deux (principes) examinent ensemble sans relâche le mérite ou la culpabilité de cette (âme, et celle-ci) unie à ses (mérites ou à ses démérites) obtient la félicité ou le malheur dans ce monde et dans l'autre. (Ⅰ)
12. 20  
यद्याचरति धर्मं स प्रायशोऽधर्मं अल्पशः ।
तैरेव चावृतो भूतैः स्वर्गे सुखं उपाश्नुते । । १२.२० । ।
- Si (l'âme) a pratiqué surtout le bien et très peu le mal, revêtue (d'un corps composé) de ces mêmes éléments, elle goûte la félicité au ciel. (Ⅰ)
- Ces mêmes éléments « la terre et les autres transformés en un corps grossier ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 21  
यदि तु प्रायशोऽधर्मं सेवते धर्मं अल्पशः ।
तैर्भूतैः स परित्यक्तो यामीः प्राप्नोति यातनाः । । १२.२१ । ।
- Mais si elle s'est principalement adonnée au mal et très peu au bien, dépouillée de ces éléments, elle subit les tortures infligées par Yama. (Ⅰ)
- Dépouillée « après la mort, de ces éléments qui constituaient le corps humain, et revêtue d'un corps durable propre à sentir les tourments, formé des particules subtiles des éléments ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 22  
यामीस्ता यातनाः प्राप्य स जीवो वीतकल्मषः ।
तान्येव पञ्च भूतानि पुनरप्येति भागशः । । १२.२२ । ।
- Cet esprit vital, après avoir enduré les tourments (infligés) par Yama, purifié de ses souillures, revêt de nouveau ces cinq mêmes éléments partie par partie. (Ⅰ)
- Cet esprit vital le jîva. — Revêt, c'est- à-dire reprend un corps humain ou autre ». (Kull.) — Partie par partie, c'est-à-dire chacun dans la proportion voulue. (Ⅱ)
12. 23  
एता दृष्ट्वास्य जीवस्य गतीः स्वेनैव चेतसा ।
धर्मतोऽधर्मतश्चैव धर्मे दध्यात्सदा मनः । । १२.२३ । ।
- (Que l'homme), considérant par le moyen de sa pensée ces (diverses) conditions de l'esprit vital (résultant de la pratique) du bien ou du mal, dirige toujours son esprit vers le bien. (Ⅰ)
12. 24  
सत्त्वं रजस्तमश्चैव त्रीन्विद्यादात्मनो गुणान् ।
यैर्व्याप्येमान्स्थितो भावान्महान्सर्वानशेषतः । । १२.२४ । ।
- Sachez que la Bonté, la Passion et l'Obscurité sont les trois qualités de l'âme par le moyen desquelles le grand pénètre et réside dans toutes les choses existantes sans exception. (Ⅰ)
- Les trois qualités sattva, rajas et tamas sont suivant la philosophie sânkhya le subslratum de tout ce qui existe. — L'âme, c'est-à-dire suivant Kull. le mahat. — Le grand, l'intelligence, cf. v. 14, note. (Ⅱ)
12. 25  
यो यदैषां गुणो देहे साकल्येनातिरिच्यते ।
स तदा तद्गुणप्रायं तं करोति शरीरिणम् । । १२.२५ । ।
- Lorsqu'une de ces qualités prédomine absolument dans un corps, elle rend (l'âme) qui est revêtue de ce corps éminemment distinguée par cette qualité. (Ⅰ)
12. 26  
सत्त्वं ज्ञानं तमोऽज्ञानं रागद्वेषौ रजः स्मृतम् ।
एतद्व्याप्तिमदेतेषां सर्वभूताश्रितं वपुः । । १२.२६ । ।
- (Le signe distinctif) de la Bonté est la connaissance, (celui de) l'Obscurité (est) l'ignorance, (celui de) la Passion est l'amour et l'aversion; telle est la nature de ces (trois qualités) qui pénètre et réside dans toutes les choses existantes. (Ⅰ)
12. 27  
तत्र यत्प्रीतिसंयुक्तं किं चिदात्मनि लक्षयेत् ।
प्रशान्तं इव शुद्धाभं सत्त्वं तदुपधारयेत् । । १२.२७ । ।
- Quand on découvre dans son âme un sentiment de joie, une sorte de calme, un éclat pur, on doit y reconnaître la qualité de Bonté. (Ⅰ)
12. 28  
यत्तु दुःखसमायुक्तं अप्रीतिकरं आत्मनः ।
तद्रजो प्रतीपं विद्यात्सततं हारि देहिनाम् । । १२.२८ । ।
- Dans tout ce qui est accompagné de peine et cause du déplaisir à l'âme, on doit reconnaître (la qualité) de Passion, (laquelle est) irrésistible et entraîne perpétuellement les (âmes) revêtues d'un corps (vers les objets des sens). (Ⅰ)
12. 29  
यत्तु स्यान्मोहसंयुक्तं अव्यक्तं विषयात्मकम् ।
अप्रतर्क्यं अविज्ञेयं तमस्तदुपधारयेत् । । १२.२९ । ।
- Dans tout ce qui est accompagné de confusion, tout ce qui a le caractère d'une matière indistincte, tout ce qu'on ne peut ni conjecturer, ni connaître, on doit reconnaître la (qualité d')Obscurité. (Ⅰ)
- Confusion « incapacité de discerner le bien du mal ». (Kull.) — On peut écrire en deux motsavyaktam vishayàtmakam, leçon suivie par B. H. « ce qui est indistinct, ce qui a pour essence le sensuel ». — Connaître « ni par le sens intime (ou conscience), ni par les sens extérieurs ». (Ⅱ)
12. 30  
त्रयाणां अपि चैतेषां गुणानां यः फलोदयः ।
अग्र्यो मध्यो जघन्यश्च तं प्रवक्ष्याम्यशेषतः । । १२.३० । ।
- Je vais maintenant déclarer complètement quels sont les résultats produits par ces trois qualités, (résultats) excellents, intermédiaires ou mauvais. (Ⅰ)
- Excellents, intermédiaires ou mauvais, littér. le premier, celui du milieu, le dernier. (Ⅱ)
12. 31  
वेदाभ्यासस्तपो ज्ञानं शौचं इन्द्रियनिग्रहः ।
धर्मक्रियात्मचिन्ता च सात्त्विकं गुणलक्षणम् । । १२.३१ । ।
- La lecture du Véda, l'austérité, la science, la pureté, l'empire sur les sens, l'accomplissement des devoirs et la méditation sur l'âme, (voilà) les signes distinctifs de la qualité de Bonté. (Ⅰ)
12. 32  
आरम्भरुचिताधैर्यं असत्कार्यपरिग्रहः ।
विषयोपसेवा चाजस्रं राजसं गुणलक्षणम् । । १२.३२ । ।
- Le plaisir (qu'on prend) à entreprendre, le manque de fermeté, la pratique des actes criminels et la poursuite continuelle des objets des sens, (voilà) les signes distinctifs de la qualité de Passion. (Ⅰ)
- A entreprendre « en vue d'un profit ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 37  
यत्सर्वेणेच्छति ज्ञातुं यन्न लज्जति चाचरन् ।
येन तुष्यति चात्मास्य तत्सत्त्वगुणलक्षणम् । । १२.३७ । ।
- Mais ce qu'on désire connaître de tout (son cœur), ce qu'on accomplit sans honte et ce dont l'âme éprouve de la satisfaction, cet (acte) est marqué du signe distinctif de la Bonté. (Ⅰ)
- Sarvena, Kull. commente par sarvàtmanâ. B. H. traduit différemment en prenant jûâtum avec la valeur passive « un acte qu'on désire être connu de chacun ». — Ce qu'on désire connaître « le sens du Véda, etc. ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 38  
तमसो लक्षणं कामो रजसस्त्वर्थ उच्यते ।
सत्त्वस्य लक्षणं धर्मः श्रैष्ठ्यं एषां यथोत्तरम् । । १२.३८ । ।
- Le désir (sensuel) est dit le signe distinctif de l'Obscurité, la (recherche de la) richesse (celui) de la Passion, (l'amour de) la vertu (est) le signe distinctif de la Bonté ; de ces (trois choses), c'est toujours la dernière nommée qui est meilleure (que la précédente). (Ⅰ)
- L'amour de la vertu, ou bien « la recherche du mérite spirituel (dharma). (Ⅱ)
12. 39  
येन यस्तु गुणेनैषां संसरान्प्रतिपद्यते ।
तान्समासेन वक्ष्यामि सर्वस्यास्य यथाक्रमम् । । १२.३९ । ।
- Je vais brièvement exposer par ordre les transmigrations à travers tout cet (univers) auxquelles (l'âme) est soumise, suivant (qu'elle possède) chacune de ces trois qualités. (Ⅰ)
12. 40  
देवत्वं सात्त्विका यान्ति मनुष्यत्वं च राजसाः ।
तिर्यक्त्वं तामसा नित्यं इत्येषा त्रिविधा गतिः । । १२.४० । ।
- Ceux qui ont la qualité de Bonté parviennent à la condition divine, ceux qui ont la qualité de Passion à la condition humaine, ceux qui ont la qualité d'Obscurité (descendent) toujours à la condition animale; telles sont les trois (sortes) de transmigrations. (Ⅰ)
12. 41  
त्रिविधा त्रिविधैषा तु विज्ञेया गौणिकी गतिः ।
अधमा मध्यमाग्र्या च कर्मविद्याविशेषतः । । १२.४१ । ।
- Mais sachez que ces trois sortes de transmigrations dues aux (trois) qualités (se subdivisent a leur tour) en trois (degrés), inférieur, moyen et supérieur, suivant les différences des actes et du savoir (de chacun). (Ⅰ)
12. 42  
स्थावराः कृमिकीटाश्च मत्स्याः सर्पाः सकच्छपाः ।
पशवश्च मृगाश्चैव जघन्या तामसी गतिः । । १२.४२ । ।
- (Êtres) inanimés, vers et insectes, poissons, serpents, ainsi que tortues, bétail et animaux sauvages (composent) la condition inférieure que produit l'Obscurité. (Ⅰ)
- Êtres inanimés, « arbres, etc. ». (Kull.) (Ⅱ)
12. 43  
हस्तिनश्च तुरङ्गाश्च शूद्रा म्लेच्छाश्च गर्हिताः ।
सिंहा व्याघ्रा वराहाश्च मध्यमा तामसी गतिः । । १२.४३ । ।
- Éléphants, chevaux, Soudras et Barbares méprisés, lions, tigres, sangliers (composent) la condition moyenne que produit l'Obscurité. (Ⅰ)
- Barbares, mleccha, l'épithète « méprisés » ne restreint pas la compréhension du terme. (Ⅱ)
12. 44  
चारणाश्च सुपर्णाश्च पुरुषाश्चैव दाम्भिकाः ।
रक्षांसि च पिशाचाश्च तामसीषूत्तमा गतिः । । १२.४४ । ।
- Baladins, oiseaux, hypocrites, démons et vampires (composent) la condition supérieure parmi celles que produit l'Obscurité. (Ⅰ)
- Sur les oiseaux ou suparnas cf. livre I, 37. — Les Démons et les Vampires, les Ràkshasas et Piçâcas. Cf. I, 43. (Ⅱ)
12. 45  
झल्ला मल्ला नटाश्चैव पुरुषाः शस्त्रवृत्तयः ।
द्यूतपानप्रसक्ताश्च जघन्या राजसी गतिः । । १२.४५ । ।
- Bâtonnistes, lutteurs, comédiens, gens qui subsistent d'un métier vil, joueurs et buveurs (composent) la condition inférieure produite par la Passion. (Ⅰ)
- Au lieu de kuvrttayah Kull. lit çastravrttayah ceux qui vivent du métier des armes, les maîtres d'armes. (Ⅱ)
12. 46  
राजानः क्षत्रियाश्चैव राज्ञां चैव पुरोहिताः ।
वादयुद्धप्रधानाश्च मध्यमा राजसी गतिः । । १२.४६ । ।
- Rois, guerriers, prêtres domestiques des rois, et les hommes qui excellent dans la controverse (composent) la condition moyenne produite par la Passion. (Ⅰ)
12. 47  
गन्धर्वा गुह्यका यक्षा विबुधानुचराश्च ये ।
तथैवाप्सरसः सर्वा राजसीषूत्तमा गतिः । । १२.४७ । ।
- Musiciens célestes, Gouhyakas, Yakchas (et) Génies au service des dieux, ainsi que les Nymphes célestes (composent) la condition supérieure produite par la Passion. (Ⅰ)
- Les Gandharvas ou musiciens célestes ; les Guhyakas et les Yakshas sont des demi-dieux gardiens des trésors, au service de Kuvera. Les Apsaras sont les Nymphes célestes. (Ⅱ)
12. 48  
तापसा यतयो विप्रा ये च वैमानिका गणाः ।
नक्षत्राणि च दैत्याश्च प्रथमा सात्त्विकी गतिः । । १२.४८ । ।
- Ermites, ascètes, Brahmanes, les troupes des divinités aux chars aériens, les astérismes lunaires et les Daityas (composent) la condition inférieure produite par la Bonté. (Ⅰ)
- Les troupes des Vaimânikas ou divinités qui se meuvent dans des chars aériens appelés vimânas. Les Daityas ou descendants de Diti sont des géants ennemis des dieux. (Ⅱ)
12. 49  
यज्वान ऋषयो देवा वेदा ज्योतींषि वत्सराः ।
पितरश्चैव साध्याश्च द्वितीया सात्त्विकी गतिः । । १२.४९ । ।
- Sacrificateurs, Sages, Dieux, Védas, constellations, années, Mânes et Sâdhyas (composent) la condition moyenne produite par la Bonté. (Ⅰ)
- Les Sâdhyas sont une classe de divinités inférieures, personnifiant les rites et prières du Véda, habitant avec les dieux ou dans la région intermédiaire entre ciel et terre. (Ⅱ)
12. 50  
ब्रह्मा विश्वसृजो धर्मो महानव्यक्तं एव च ।
उत्तमां सात्त्विकीं एतां गतिं आहुर्मनीषिणः । । १२.५० । ।
- Brahmâ, les Créateurs de l'Univers, la Loi, le Grand et l'Invisible (composent), au dire des Sages, la condition suprême produite par la Bonté. (Ⅰ)
- Les créateurs « Marïci et les autres ». (Kull.) — Le Grand et l'Invisible, le Mahàn et l'Avyakta sont les deux principes du système Sânkhya personnifiés. (Ⅱ)


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