TOLDOTH ISAAC
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27 Verses | Page 1 / 1
(Version Jean de Pauly)


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(Ⅰ)


[134a]  
[...] Il est écrit (Gen., XXV, 19) : « Voici quelle fut la postérité d'Isaac, fils d'Abraham. Abraham engendra Isaac... »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CVI, 2) : « Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur? Qui fera entendre toutes ses louanges ? » Remarquez que, lorsqu'il a plu au Saint, béni soit-il, de créer le monde, il regarda la Loi et forma toutes les œuvres de la création sur le plan de la Loi.
C’est pourquoi l’Écriture (Prov., VIII, 30) dit : « J'étais avec lui et je réglais toutes choses (amon) ; et j'étais [...]
- וְיִשְׂרָאֵל לְבוֹזְזִים הֲלא יְיָ וְגו'. תָּא חֲזֵי, מִזִּמְנָא דְּאִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא בִּרְכָאן לָא שַׁרְיָין בְּעַלְמָא וְאִתְמְנָעוּ, כִּבְיָכוֹל אִתְמְנָעוּ מֵעֵילָא וְתַתָּא, וְכָל אִינוּן שְׁאָר דַּרְגִּין תַּתָּאִין מִתְתַּקְפֵי וְאָזְלֵי וְשָׁלְטֵי עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל בְּגִין דְּאִינוּן גָּרְמוּ בְּחוֹבַיְיהוּ.

הַאי קְרָא לָא אִתְיַישְׁבָן מִלֵּיהּ דִּכְתִיב מִי נָתַן לִמְשִׁיסָה יַעֲקֹב, כֵּיוָן דְּאָמַר מִי נָתַן לִמְשִׁיסָה יַעֲקֹב וְיִשְׂרָאֵל, מַהוּ חָטָאנוּ לוֹ, חָטְאוּ לוֹ מִבָּעֵי לֵיהּ, וְאִי אָמַר חָטָאנוּ לוֹ, מַאי וְלא אָבוּ, וְלא אָבִינוּ מִבָּעֵי לֵיהּ.

אֶלָּא בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְחָרַב מַקְדְּשָׁא וְאִתּוֹקַד הֵיכָלָא וְעַמָּא אִתְגְּלִי, בָּעְיָא שְׁכִינְתָּא לְאִתְעַקְּרָא מִדּוּכְתָּהּ וּלְמֵיהַךְ עִמְּהוֹן בְּגָלוּתָא, אָמְרָה אֵיהַךְ בְּקַדְמִיתָא לְמֶחמֵי בֵּיתָאי וְהֵיכָלָאי וְאֶפְקוֹד עַל דּוּכְתֵּי דְּכַהֲנֵי וְלֵיוָאֵי דְּהֲווּ פָלְחִין בְּבֵיתָאי.

אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר בְּהַהִיא שַׁעְתָּא אִסְתַּכָּלַת כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל לְעֵילָא וְחָמַאת דְּבַעֲלָהּ אִסְתַּלַּק מִנָּהּ לְעֵילָא לְעֵילָא, נָחֲתַת לְתַתָּא עָאלַת בְּבֵיתָא וְאִסְתַּכָּלַת בְּכָל אִינוּן דּוּכְתֵּי, וְאִשְׁתְּמַע קָלָא לְעֵילָא לְעֵילָא וְאִשְׁתְּמַע קָלָא לְתַתָּא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב (ירמיהו ל״א:ט״ו) קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע נְהִי בְּכִי תַמְרוּרִים רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנְיהָ וְגו' וְאוּקְמוּהָ.

כֵּיוָן דְּעָאלַת בְּגָלוּתָא אִסְתַּכָּלַת בְּעַמָא וְחָמַאת דְּדָחֲקֵי לוֹן וְרָמְסֵי לוֹן בְּגָלוּתָא בֵּין רַגְלַיְיהוּ דִּשְׁאָר עַמִּין, כְּדֵין אָמְרַת (ישעיהו מ״ב:כ״ד) מִי נָתַן לִמְשִׁיסָּה יַעֲקֹב וְגו'. וְאִינוּן אָמְרִין הֲלֹא יְיָ זוּ חָטָאנוּ לוֹ. וְהִיא אֲמָרַת וְלֹא אָבוּ בִדְרָכָיו הָלוֹךְ וְלא שָׁמְעוּ בְּתוֹרָתוֹ.

וּבְשַׁעְתָּא דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמִפְקַד עַל עַמֵּיהּ, כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל תֵּיתוּב מִן גָּלוּתָא בְּקַדְמִיתָא (אמר ליה קודשא בריך הוא) תֵּיהַךְ לְבֵיתָא, בְגִין דְּבֵית הַמִּקְדָּשׁ יִתְבְּנֵי בְּקַדְמִיתָא, וְיֵימָא לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קוּמִי מֵעַפְרָא. הִיא תָבַת וְאָמְרָה לְאָן אֲתַר אֵיהַךְ, בֵּיתָאי חָרַב הֵיכָלִי אִתּוֹקַד בְּנוּרָא.

עַד דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִבְנִי בֵּי מַקְדְּשָׁא בְּקַדְמִיתָא וְיַתְקִין הֵיכָלָא וְיִבְנֵי קַרְתָּא דִּיְרוּשָׁלַ ם, וּלְבָתַר יוֹקִים לָהּ מֵעַפְרָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב (תהילים קמ״ז:ב׳) בּוֹנִה יְרוּשָׁלַיִם יְיָ וְגו'. בּוֹנֵה יְרוּשָׁלַיִם בְּקַדְמִיתָא וּלְבָתַר נִדְחֵי יִשְׂרָאֵל יְכַנֵּס, וְיֵימָא לָהּ (ישעיהו נ״ב:ב׳) הִתְנַעֲרִי מֵעָפָר קוּמִי שְׁבִי יְרוּשָׁלַיִם וְגו'. וְיִתְכַּנֵּישׁ גָּלוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב בּוֹנֵה יְרוּשָׁלַיִם יְיָ, בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר נִדְחֵי יִשְׂרָאֵל יְכַנֵּס. וּכְדֵין הָרוֹפֵא לִשְׁבוּרֵי לֵב וּמְחַבֵּשׁ לְעַצְבוֹתָם דָּא תְּחִיַּית הַמֵּתִים. וּכְתִיב, (יחזקאל ל״ו:כ״ז) וְאֶת רוּחִי אֶתֵּן בְּקִרְבְּכֶם וְעָשִׂיתִי אֶת אֲשֶׁר בְּחֻקַּי תֵּלֵכוּ וְגו'. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן ואָמֵן: (ע’’כ
(Ⅰ)
[134b]  
[...] chaque jour dans les délices. » Il ne faut pas lire « amon », mais « ouman ». Lorsque Dieu voulut créer l'homme, la Loi lui dit: Si tu crées l'homme et qu'il finisse par pécher, comment aura-t-il la force de supporter la peine que tu lui infligeras ? Le Saint, béni soit-il, lui répondit : J'ai créé la pénitence avant de créer le monde. Au moment de créer l'homme, le Saint, béni soit-il, dit au monde : Monde, monde ! Sache que toi, ainsi que les lois qui te régissent, vous ne subsistez que par la Loi ; c'est pourquoi j'ai créé l'homme et l'ai établi chez toi, afin qu'il s'y consacre à l'étude de la Loi. Si l'homme ne le fait pas, je te replongerai dans l'état de thohou et bohou. Ainsi, ton existence dépend de l'homme.
C’est pourquoi l’Écriture (Is., XLV, 12) dit : « C'est moi qui ai fait la terre et c'est moi qui ai créé l'homme pour l'habiter. » La Loi crie aux hommes et les exhorte à se consacrer à elle ; mais personne ne prête l'oreille a ses exhortations.
Remarquez que quiconque se consacre à la Loi est un soutien du monde, et toutes les œuvres de la création remplissent leur fonction de manière convenable grâce à lui. De tous les membres de l'homme, il n'y en a pas un seul qui n'ait son équivalent dans la création du monde. L'homme est composé de membres ; chacun de ses membres a son rang ; l’un est indispensable à la vie, l'astuce est seulement utile ; et tous les membres réunis ne forment qu'un seul corps. Il en est de même de l'univers : il est composé de membres de rangs différents ; et tous ces membres constituent un seul corps. Il en est également de même de la Loi qui, elle aussi, est composée de membres dont certains sont supérieurs aux autres ; et, quand ils sont réunis ensemble, ils ne forment qu'un seul corps. Lorsque David a contemplé ces merveilles, il s'est écrié (Ps., CIV, 24) : « Que tes œuvres sont grandes, ô Seigneur ! Tu as fait toutes choses avec sagesse ; la terre est remplie de tes biens. » La Loi renferme des paroles comprises dans chaque monde selon son rang (1). Les uns ne voient dans la Loi que le sens littéral ; mais ils sont inaccessibles an sens spirituel. Les autres pénètrent bien les mystères suprêmes renfermés dans la Loi, mais de manière imparfaite seulement. Et pourtant les paroles de l'Écriture renferment tout ce qui est en haut et en bas. Tout ce qui concerne ce monde et le monde futur est révélé dans la Loi. Mais il n'y a [...]
- וְאֵלֶּה (בראשית כח) תּוֹלְדוֹת יִצְחָק וגו'. פָּתַח רַבִּי חִיָּיא וְאָמַר (תהילים ק״ו:ב׳) מִי יְמַלֵּל גְּבוּרוֹת יְיָ יַשְׁמִיעַ כָּל תְּהִלָּתוֹ. תָּא חֲזִי, כַּד בָּעָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְסָלִיק בִּרְעוּתָא קַמֵּיהּ לְמִבְרֵי עַלְמָא, הֲוָה מִסְתַּכֵּל בְּאוֹרַיְיתָא, וּבְרָא לֵיהּ, וּבְכָל עוֹבָדָא וְעוֹבָדָא דְּבָרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְעַלְמָא הֲוה מִסְתַּכֵּל בְּאוֹרַיְיתָא, וּבָרָא לֵיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (משלי ח׳:ל׳) וָאֶהְיֶה אֶצְלוֹ אָמוֹן וָאֶהְיֶה (Ⅰ)
[135a]  
[...] personne qui puisse pénétrer jusqu'au fond de ces mystères. C'est pourquoi le Psalmiste (Ps., CVI, 2) a dit : « Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur ? Qui fera entendre toutes ses louanges ? » Remarquez que Salomon avait désiré pénétrer jusqu'au fond des paroles de la Loi ; et, n'ayant pu y parvenir, il s'écria (Ecc., VII, 23) : «J'ai dit à moi-même : Je vais acquérir la sagesse ; mais la sagesse est loin de moi.» Et David a dit également (Ps., CXIX, 18) : « Ote le voile qui est sur mes yeux, afin que je considère les merveilles qui sont enfermées dans ta Loi. » Remarquez que l'Écriture (III Rois, V, 12) dit de Salomon: « Et il parla en trois mille paraboles et fit cinq mille cantiques. » Ce verset a été expliqué de cette façon, que chaque parabole prononcée par Salomon était susceptible de cinq cent mille interprétations. Or, si les paroles de Salomon (qui n'était qu'un homme de chair et de sang) cachaient tant de vérités, à plus forte raison les paroles du Saint, béni soit-il, renferment-elles un nombre infini de paraboles, de chants, de louanges, de mystères suprêmes et de sciences.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., l. c.) dit : «Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur ?... » Remarquez que l'Écriture (Gen., XXV, 12) dit d'abord : «Voici le dénombrement des enfants d'Ismaël. » Et, après avoir énuméré les douze chefs de peuples issus d'Ismaël, l'Écriture (Gen., XXV, 19) ajoute : « Voici quelle fut la postérité d'Isaac.» La raison de ce rapprochement est la suivante : On aurait pu supposer qu'Ismaël, qui a donné naissance à douze chefs de peuples, était supérieur à Isaac qui n'a engendré que deux fils.
C’est pourquoi l’Écriture a rapproché le dénombrement des enfants d'Isaac de ceux d’Ismaël, afin de nous indiquer que, malgré l'infériorité du nombre de ses enfants, Isaac était supérieur à Ismaël. C'est également à cela que font allusion les paroles du Psalmiste : «Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur?» Ces paroles désignent Isaac qui engendra Jacob, lequel valait à lui seul plus que les douze chefs issus d'Ismaël, attendu qu'il a donné naissance aux douze tribus qui constituent le soutien du monde d'en haut et de celui d'en bas. Isaac était l'image de la sainteté d'en haut, alors qu'Ismaël (2) était celle du monde d'en bas.
C’est pourquoi l’Écriture dit: «Qui racontera les œuvres de la puissance du Seigneur? Qui fera entendre toutes ses louanges?» Ces paroles désignent Jacob. Lorsque le soleil s'uni à la lune, il prête sa lumière à d'innombrables étoiles. L'Écriture dit : «Voici quelle fut la postérité d'Isaac, fils d'Abraham.»
Rabbi Yossé demanda : Pourquoi l'Écriture dit-elle, en cet endroit, pour la première fois, « fils d'Abraham », alors que, précédemment, elle ne s'est pas servie une seule fois de ce qualificatif ? Mais l'Écriture veut nous indiquer que, bien que le Seigneur ait béni Isaac ainsi qu'il est écrit (Gen., XXV, 11): « Et le Seigneur bénit son fils Isaac », Isaac n'en conserva pas moins, même après la mort d'Abraham, la physionomie de celui-ci, de sorte que quiconque a vu Isaac a reconnu en lui le fils d'Abraham et a dû convenir que c'était Abraham qui engendra Isaac. Rabbi Isaac se leva une fois pendant la nuit [...]
- שַׁעֲשׁוּעִים יוֹם יוֹם אַל תִּקְרֵי אָמוֹן, אֶלָּא אוּמָן.

כַּד בָּעָא לְמִבְרֵי אָדָם אָמְרָה תּוֹרָה קַמֵּיהּ, אִי בַּר נָשׁ יִתְבְּרֵי, וּלְבָתַר יֶחטֵי וְאַנְתְּ תִּידוּן לֵיהּ, אַמַּאי יְהוֹן עוֹבָדֵי יְדָךְ לְמַגָּנָא, דְּהָא לָא יֵיכוּל לְמִסְבַּל דִּינָךְ. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, הָא אַתְקִינַת תְּשׁוּבָה עַד לָא בָרָאתִי עַלְמָא, אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעַלְמָא בְּשַׁעֲתָא דְּעֲבַד לֵיהּ וּבָרָא לְאָדָם, אָמַר לֵיהּ, עַלְמָא עַלְמָא, אַנְתְּ וְנִימוּסָךְ לָא קָיְימִין אֶלָּא עַל אוֹרַיְיתָא. וּבְגִין כָּךְ בָּרָאתִי לֵיהּ לָאָדָם בָּךְ, בְּגִין דְּיִתְעַסַּק בָּהּ. וְאִי לָאו, הָא אֲנָא אַהֲדַר לָךְ לְתֹהוּ וָבֹהוּ וְכֹלָּא בְּגִינֵיהּ דְּאָדָם קָיְימָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו מ״ה:י״ב) אָנֹכִי עָשִׂיתִי אֶרֶץ וְאָדָם עָלֶיהָ בָּרָאתִי. וְאוֹרַיְיתָא קָיְימָא וּמַכְרְזָא קַמַּיְיהוּ דִּבְנֵי נָשָׁא, בְּגִין דְּיִתְעַסְּקוּ וְיִשְׁתַּדְּלוּ בָּהּ וְלֵית מַאן דְּיַרְכִין אוּדְנֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, כָּל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא אִיהוּ קִיֵּים עַלְמָא, וְקִיֵּים כָּל עוֹבָדָא וְעוֹבָדָא עַל תִּקּוּנֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת, וְלֵית לָךְ כָּל שַׁיְיפָא וְשַׁיְיפָא דְּקָיְימָא בֵּיהּ בְּבַר נָשׁ, דְּלָא הֲוֵי לְקֳבְלֵיהּ בְּרִיָה בְּעָלְמָא. דְּהָא כְּמָה דְבַר נָשׁ אִיהוּ מִתְפַּלִּיג שַׁיְיפִין, וְכֻלְּהוּ קָיְימִין דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין מִתְתַּקְנִין אִלֵּין עַל אִלֵּין וְכֻלְּהוּ חַד גּוּפָא, הָכִי נָמֵי עַלְמָא, כָּל אִינוּן בְּרִיָּין כֻּלְּהוּ שַׁיְיפִין שַׁיְיפִין, וְקָיְימִין אִלֵּין עַל אִלֵּין, וְכַד מִתְתַּקְנָן כֻּלְּהוּ, הָא גוּפָא מַמָּשׁ. וְכֹלָּא כְּגַוְונָא דְאוֹרַיְיתָא, דְּהָא אוֹרַיְיתָא כֹּלָּא שַׁיְיפִין וּפִרְקִין, וְקָיְימִין אִלֵּין עַל אִלֵּין, וְכַד מִתְתַּקְּנָן כֻּלְּהוּ, אִתְעֲבִידוּ חַד גּוּפָא. כֵּיוָן דְּאִסְתַּכַּל דָּוִד בְּעוֹבָדָא דָּא, פָּתַח וְאָמַר, (תהלים קד) מָה רַבּוּ מַעֲשֶׂיךָ יְיָ כֻּלָּם בְּחָכְמָה עָשִׂיתָ מָלְאָה הָאָרֶץ קִנְיָנְךָ.

בְּאוֹרַיְיתָא אִינוּן כָּל רָזִין עִלָּאִין חֲתִימִין דְּלָא יָכְלִין לְאִתְדַּבָּקָא, בְּאוֹרַיְיתָא כָּל אִינוּן מִלִּין עִלָּאִין, דְּאִתְגַּלְּיָין וְלָא אִתְגַּלְּיָין, בְּאוֹרַיְיתָא אִינוּן כָּל מִלִּין דִּלְעֵילָא וּלְתַתָּא, כָּל מִלִּין דְּעַלְמָא דֵין, וְכָל מִלִּין דְּעַלְמָא דְאָתֵי בְּאוֹרַיְיתָא אִינוּן, וְלֵית
(Ⅰ)
[135b]  
[...] pour se consacrer à l'étude de la Loi. Rabbi Yehouda, qui se trouvait à ce moment à Césarée, se leva à la même heure. Rabbi Yehouda se dit à lui-même : Je vais chez Rabbi Isaac pour que nous nous consacrions ensemble à l'étude de la Loi. Il s'y rendit en effet accompagné de son fils, Hizquiya, qui était encore jeune à cette époque. Arrivé près de la porte, Rabbi Yehouda entendit Rabbi Isaac parler ainsi : L'Écriture (Gen., XXV, 11) dit : « Et après la mort d'Abraham, le Seigneur bénit Isaac son fils. Et Isaac demeurait près du puits qui vit ( lahaï) et qui voit (roï).» Le commencement de ce verset n'a, en apparence, aucun rapport avec la fin, ni la fin avec le commencement. Mais en voici l'explication : Pourquoi le Saint, béni soit-il, a-t-il eu besoin de bénir Isaac ? - Parce que celui-ci avait été privé de la bénédiction de son père. Et pourquoi Abraham n’avait-il pas béni Isaac ? - Afin que les bénédictions ne s'étendissent pas sur Esaü. C'est pour cette raison qu'Abraham avait adressé sa bénédiction paternelle pour Isaac au Seigneur, qui l'a ensuite transmise à Isaac ; de cette façon Abraham a pu éviter qu'elle ne s'étendit sur Esaü.
L’Écriture ajoute : « Et Isaac demeurait près du puits (3) qui vit et qui voit.» Ces paroles signifient qu'Isaac s'était attaché à la Schekhina. Le «puits» dont parle l'Écriture désigne l'Ange de l'Alliance qui s'est révélé à lui, ainsi que cela résulte de la paraphrase chaldaïque de ce verset ; et c'est pourquoi la Schekhina l'a béni. A peine Rabbi Isaac prononça-t-il ces paroles, que Rabbi Yehouda frappa à sa porte et entra chez lui. Rabbi Isaac lui dit: Maintenant, nous allons nous unir à la Schekhina.
Rabbi Yehouda lui répondit : L'explication que tu viens de donner des mots « qui vit et qui voit » est exacte, mais tu as omis de dire qu’elle se trouve réellement exprimée dans ces mots.
Rabbi Yehouda commença à parler alors de cette façon : L'Écriture (Cant., IV, 15) dit: « C'est la fontaine des jardins et le puits des eaux vivantes qui coulent avec impétuosité du Liban.» Ce verset a déjà été expliqué (4). Mais en voici une autre explication : « La fontaine des jardins » désigne Abraham ; « le puits des eaux vivantes » désigne Isaac (5) ; et la phrase : « ... Qui coulent avec impétuosité du Liban » désigne Jacob. Il s'ensuit donc qu'Isaac est l'image du « puits des eaux vivantes ».
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Isaac demeurait près du puits lahaï roï. ». Le mot « puits » désigne la Schekhina. Le mot « lahaï» signifie : qui vit éternellement; car le Juste vit en toute éternité et rien ne peut le séparer du degré suprême de l'essence divine ; il vit en deux mondes; il vit dans le monde d'en haut, puisque c'est lui-même qui en constitue l'essence ; il vit dans le monde d'ici-bas ; car c'est grâce à lui que ce monde subsiste et est éclairé. Car remarquez que la lune n'a aucune lumière qui lui soit propre ; elle n'éclaire que quand elle peut voir le soleil.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Isaac demeurait près du puits lahaï roï.» C'est de Celui qui vit éternellement, qu'il a reçu les eaux vivantes et les lumières célestes.
Remarquez que l'Écriture (III Rois, XXIII, 20) dit : [...]
- מַאן דְּיַשְׁגַּח וְיָדַע לוֹן, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (תהילים ק״ו:ב׳) מִי יְמַלֵּל גְּבוּרוֹת יְיָ יַשְׁמִיעַ כָּל תְּהִלָּתוֹ.

תָּא חֲזֵי אֲתָא שְׁלמֹה וּבָעָא לְמֵיקַם עַל מִלּוֹי דְאוֹרַיְיתָא, וְעַל דִּקְדּוּקֵי אוֹרַיְיתָא, וְלָא יָכִיל, אָמַר (קהלת ז׳:כ״ג) אָמַרְתִּי אֶחְכָּמָה וְהִיא רְחוֹקָה מִמֶּנִּי. דָּוִד אָמַר, (תהילים קי״ט:י״ח) גַּל עֵינַי וְאַבִּיטָה נִפְלָאוֹת מִתּוֹרָתֶךָ.

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב בִּשְׁלמֹה (מלכים א ה׳:י״ב) וַיְדַבֵּר שְׁלשֶׁת אֲלָפִים מָשָׁל וַיְהִי שִׁירוֹ חֲמִשָּׁה וָאָלֶף. וְהָא אוּקְמוּהָ. דְּחֲמִשָּׁה וְאֶלֶף טְעָמִים הֲווּ בְּכָל מָשָׁל וּמָשָׁל דְּהֲוָה אָמַר. וּמַה שְּׁלמֹה דְּאִיהוּ בָּשָׂר וָדָם כָּךְ הֲווּ בְּמִלּוֹי, מִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא דְּקָאֲמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה, דְּבְּכָל מִלָּה וּמִלָּה אִית בָּהּ כַּמָּה מְשָׁלִים, כַּמָּה שִׁירִין, כַּמָּה תּוּשְׁבְּחָן, כַּמָּה רָזִין עִלָּאִין, כַּמָּה חָכְמָאן וְעַל דָּא כְּתִיב מִי יְמַלֵּל גְּבוּרוֹת יְיָ.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב לְעֵילָא, (בראשית כ״ה:י״ט) וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִשְׁמָעֵאל, דְּאִינוּן תְּרֵיסַר נְשִׂיאִין, לְבָתַר אָמַר וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִצְחָק, סַלְּקָא דַּעְתָּךְ דְּכֵיוָן דִּכְתִיב בֵּיהּ בְּיִשְׁמָעֵאל דְּאוֹלִיד תְּרִיסַר נְשִׂיאִין, וְיִצְחָק אוֹלִיד תְּרֵין בְּנִין, דְּדָא אִסְתַּלַּק וְדָא לָא אִסְתַּלַּק. עַל דָּא כְּתִיב מִי יְמַלֵּל גְּבוּרוֹת יְיָ, דָּא יִצְחָק, וְיִצְחָק אַפִּיק לֵיהּ לְיַעֲקֹב דְּהֲוָה אִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ, דְּאוֹלִיד תְּרֵיסַר שִׁבְטִין, קִיּוּמָא דִלְעֵילָא וְתַתָּא. אֲבָל יִצְחָק לְעֵילָא בִּקְדוּשָּׁה עִלָּאָה (ס''א וישמעאל) וְעֵשָׂו לְתַתָּא, וְעַל דָּא כְּתִיב, מִי יְמַלֵּל גְּבוּרוֹת יְיָ יַשְׁמִיעַ כָּל תְּהִלָּתוֹ, דָּא יַעֲקֹב כַּד אִתְדָּבַּק שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא כַּמָּה כֹּכְבַיָא נְהִירִין מִנַּיְיהוּ. (בראשית כ״ה:י״ט) וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִצְחָק בֶּן אַבְרָהָם. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, מַאי שְׁנָא דְּעַד הָכָא לָא כְּתִיב בֶּן אַבְרָהָם וְהַשְׁתָּא אָמַר, אֶלָּא אַף עַל גַּב דִּכְתִיב וַיְבָרֶךְ אֱלהִים אֶת יִצְחָק בְּנוֹ, הַשְׁתָּא דְמִית אַבְרָהָם דִּיוּקְנֵיהּ הֲוָה בֵּיהּ, וְאִשְׁתָּאַר בֵּיהּ בְּיִצְחָק, דְּכָל מַאן דְּחָמֵי לְיִצְחָק הֲוָה אָמַר דָּא אַבְרָהָם וַדַּאי, וְהֲוָה סָהִיד וְאָמַר (בראשית כ״ה:י״ט) אַבְרָהָם הוֹלִיד אֶת יִצְחָק.

רַבִּי יִצְחָק קָם לֵילְיָא חָד
(Ⅰ)
[136a]  
[...] « Banaïas, fils de Joïada, fils d'un homme vivant », ce qui veut dire qu'il était un juste et éclairait le monde à l'exemple de Celui qui vit en haut et qui éclaire le monde (6). Ainsi, « Isaac demeurait près du puits lahaï », c'est-à-dire qu'il contemplait Celui qui est appelé « puits lahaï»,pour pouvoir éclairer le monde, ainsi qu'on vient de le dire. Les mots précités renferment le même mystère que les mots du verset (Gen., XXV, 20) suivant : « Et Isaac avait quarante ans lorsqu'il épousa Rébecca.» Ces paroles indiquent qu'Isaac, en s'unissant à Rébecca, a uni le degré céleste dont il était l'image au degré symbolisé par les ténèbres de la nuit, ainsi qu'il est écrit (Cant., II, 6) : « Il met sa main gauche sous ma tête (7). » Remarquez en outre qu'après la mort d'Abraham, Isaac se trouvait dans la ville d'Arbée ; si donc l'Écriture dit qu'il demeurait près du « puits lahaï roï », elle veut nous indiquer seulement qu'il s'est attaché par une union étroite à ce « puits » dont on a parlé, pour susciter le degré de miséricorde.
Rabbi Isaac commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., I, 5) : « Le soleil se lève et se couche, et il retourne d'où il était parti. » Le terme « le soleil se lève » signifie que c'est le soleil qui éclaire la lune ; car cette dernière n'a de lumière que celle qu'elle reçoit de l'astre supérieur à elle.
L’Écriture ajoute : « ... Et il retourne d'où il était parti », ce qui veut dire que le soleil va s'unir avec la lune. L'Écriture (ibid., I, 6) ajoute ensuite : « Il prend son cours vers le Midi. » La raison pour laquelle le soleil prend son cours vers le Midi, c'est que ce côté est à droite (8) ; or, c'est du côté droit que réside toute la force. Aussi, après avoir éclairé le Midi, qui est à droite, il retourne au Nord qui est à gauche, ainsi que l'Écriture dit : « ... Et revient vers le Nord. » L’Écriture ajoute : « Le souffle tournoie de toute part et il revient sur lui-même par de longs circuits. » On parlait précédemment du soleil et maintenant on parle du souffle, parce que le souffle céleste suit le même cours que le soleil ; le cours de tous deux ne forme qu'un seul mystère. Après avoir animé le côté droit, le souffle céleste anime le côté gauche, dont la lumière n'est, en effet, que le reflet du côté droit, de même que pour la lumière de la lune.
Remarquez que, lorsqu'Abraham vint au monde, il embrassa la lune en s'approchant d'elle ; lorsqu'Isaac vint au monde, il s'unit à la lune et lui procura une force convenable en l'attirant du côté de la miséricorde, ainsi que nous avons expliqué le verset (Cant., II, 6) : « Il met sa main gauche sous ma tête. » Mais lorsque Jacob vint au monde, il opéra l'union du soleil avec la lune, de façon que cette dernière commençât aussi à éclairer. Aussi, Jacob a-t-il atteint la perfection de tous les côtés, c'est-à-dire aussi bien du côté droit que du côté gauche, puisqu'il a procuré de la lumière dans la lune, lumière qui s'est encore accrue dans la suite par l'action des douze tribus.
Rabbi Yehouda commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXXIV, 1) : « Cantique des degrés. Bénissez maintenant le Seigneur, vous tous qui êtes les serviteurs du Seigneur.» Ce verset a été déjà expliqué ailleurs (9). Mais en voici une autre explication: L'Écriture dit : « Bénissez maintenant le Seigneur... » Et pour indiquer ceux qui sont dignes de bénir le Saint, béni soit-il, elle ajoute : « ... Vous tous qui êtes les serviteurs du Seigneur.» Car, bien que tout homme [...]
- לְמִלְעֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְרַבִּי יְהוּדָה קָם בְּקֵסָרוֹי, בְּהַהִיא שַׁעְתָּא. אָמַר רַבִּי יְהוּדָה, אֵיקוּם וְאֵיזִיל לְגַבֵּי רַבִּי יִצְחָק, וְאִלְעֵי בְּאוֹרַיְיתָא וְנִתְחַבַּר כְּחֲדָא. אֲזַל עִמֵּיהּ חִזְקִיָּה בְּרִיהּ דְּהֲוָה רַבְיָא. כַּד קָרִיב אַבָּבָא, שָׁמַע לֵיהּ לְרִבִּי יִצְחָק דְּהֲוָה אָמַר, וַיְהִי אַחֲרֵי מוֹת אַבְרָהָם וַיְבָרֶךְ אֱלהִים אֶת יִצְחָק בְּנוֹ וַיֵּשֶׁב יִצְחָק עִם בְּאֵר לַחַי רוֹאִי, הַאי קְרָא לָאו רֵישֵׁיהּ סֵיפֵיהּ וְלָאו סֵיפֵיהּ רֵישֵׁיהּ, מַאי שְׁנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִצְטְרִיךְ לְבָרְכָא לֵיהּ לְיִצְחָק, בְּגִין דְּאַבְרָהָם לָא בְּרַכֵיהּ. מַאי טַעֲמָא, מִשּׁוּם דְּלָא יִתְבָּרֵךְ עֵשָׂו, וְעַל דָּא סְלִיקוּ אִינוּן בִּרְכָאן לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְאוּקְמוּהָ. וַיֵּשֶׁב יִצְחָק עִם בְּאֵר לַחַי רֹאִי, מַאי לַחַי רֹאִי, אֶלָּא דְּאִתְחַבַּר בָהּ בִּשְׁכִינְתָּא, בֵּירָא דְּמַלְאָךְ קַיָימָא אִתְחֲזֵי עֲלָהּ, כְּתַרְגּוּמוֹ, וּבְגִין כָּךְ בֵּרַכֵיהּ.

אַדְהָכִי, בָּטַשׁ רַבִּי יְהוּדָה אַבָּבָא וְעָאל, וְאִתְחַבָּרוּ. אָמַר רַבִּי יִצְחָק, הַשְׁתָּא זִוּוּגָא דִשְׁכִינְתָא בַּהֲדָן. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הַאי בְּאֵר לַחַי רוֹאִי דְקָאֲמַרְתְּ שַׁפִּיר, אֲבָל בְּמִלָּה אִשְׁתְּמַע. פָּתַח וְאָמַר, (שיר השירים ד׳:ט״ו) מַעְיַן גַּנִּים בְּאֵר מַיִם חַיִּים וְנוֹזְלִים מִן לְבָנוֹן, הַאי קְרָא אִתְּמָר אֲבָל הָא אוּקְמוּהָ, מַעְיַן גַּנִים דָּא אַבְרָהָם בְּאֵר מַיִם חַיִּים דָּא יִצְחָק, וְנוֹזְלִים מִן לְבָנוֹן דָא יַעֲקֹב. בְּאֵר מַיִם חַיִּים דָּא יִצְחָק, הַיְינוּ דִּכְתִיב וַיֵּשֶׁב יִצְחָק עִם בְּאֵר לַחַי רֹאִי. וּמַאי בְּאֵר דָּא שְׁכִינְתָּא. לַחַי, דָּא חַי הָעוֹלָמִים, צַדִּיק חַי הָעוֹלָמִים וְלֵית לְאַפְרָשָׁא לוֹן, חַי הוּא בִּתְרִי עָלְמִין, חַי לְעֵילָא, דְּאִיהוּ עַלְמָא עִלָּאָה, חַי לְגַבֵּי עַלְמָא תַּתָּאָה, וְעַלְמָא תַּתָּאָה בְּגִינֵיהּ קָיְימָא וְנָהֲרָא.

תָּא חֲזֵי, סִיהֲרָא לָא אִתְנְהִירַת, אֶלָּא כַּד חַזְיָא לֵיהּ לְשִׁמְשָׁא, וְכֵיוָן דְּחַזְיָא לֵיהּ, אִתְנְהִיר. וְעַל דָּא הַאי בְּאֵר לַחַי רוֹאִי וַדַּאי, וּכְדֵין אִתְנָהֲרָא, וְקָיְימָא בְּמַיִין חַיִין, לַחַי רֹאִי, בְּגִין לְאִתְמַלְּיָא וּלְאִתְנַהֲרָא מֵהַאי חַי.

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב
(Ⅰ)
[136b]  
[...] en Israël soit tenu de bénir le Saint, béni soit-il, en ce bas monde, les bénédictions n'ont d'effet pour s'étendre en haut et en bas que lorsqu'elles émanent des serviteurs du Seigneur. Et qui sont les serviteurs du Seigneur? L'Écriture répond : « Vous qui demeurez dans la maison du Seigneur durant la nuit », ce qui veut dire : Ceux qui se lèvent à minuit et se consacrent à l'étude.de la loi. Ce sont ceux-là qui se trouvent dans la maison du Seigneur durant la nuit, attendu que le Saint, béni soit-il, vient se délecter, durant cette heure, avec les justes dans le Jardin de l'Eden. Or, puisque nous nous entretenons de choses relatives à la loi, continuons à parler d'Isaac, dont il a été question au commencement de notre entretien.
Rabbi Isaac commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XXV, 20) : « Isaac, avait quarante ans lorsqu'il épousa Rébecca. » Dans quel but l'Écriture nous apprend-elle l'âge d'Isaac lorsqu'il épousa Rébecca ? Evidemment l'Écriture veut nous apprendre qu'en épousant Rébecca, Isaac était parvenu à faire l'union du « Nord » et du « Sud », du « Feu » et de l'« Eau». C'est pourquoi elle nous apprend qu'Isaac était « un enfant de quarante ans », lorsqu'il épousa Rébecca. Rébecca avait trois ans lorsqu'Isaac l'épousa ; ce nombre était le symbole des trois couleurs principales de l'arc-en-ciel : le vert, le blanc et le rouge. Isaac engendra à l'âge de soixante ans, âge de la maturité, pour que Jacob fût parfait. L'Écriture (Gen., XXV, 20) ajoute : « ...Fille de Bathuel l'Araméen, de Mésopotamie, sœur de Laban. » Puisque l'Écriture nous a déjà appris précédemment (Gen., XXII, 23) que Bathuel engendra Rébecca, pourquoi a-t-elle besoin de nous répéter tous ces détails : qu'elle était la fille de Bathuel l'Araméen, quelle était de Mésopotamie et qu'elle était la sœur de Laban ? L'Écriture veut relever le mérite de Rébecca qui, bien que fille d'un impie, sœur d'un impie et résidant dans une ville d'impies, n'a pas imité ceux qui l'entouraient, mais est demeurée vertueuse. Cependant, cette explication demande quelques éclaircissements. Si Rébecca eût été âgée de vingt ans et plus, ou du moins de treize ans, ce serait un éloge pour elle de ne pas avoir imité ceux qui l'entouraient ; mais, comme elle n'était âgée que de trois ans, quel éloge est-ce de ne pas avoir imité les impies ?
Rabbi Yehouda répondit : C'est quand même un éloge pour Rébecca, attendu que, malgré son jeune âge, elle a pu s'entretenir avec le serviteur d'Abraham d'une manière convenable. Rabbi Isaac objecta : Cependant, malgré sa conduite à l'égard du serviteur d'Abraham, nous ne savons si la conduite de Rébecca était digne ou non. [...]
- (שמואל ב כ״ג:כ׳) וּבְנָיָהוּ בֶּן יְהוֹיָדָע בֶּן אִישׁ חַי דְּהֲוָה צַדִּיק וְנָהִיר לְדָרֵיהּ, כְּמָה דְּחַי דִּלְעֵילָא נָהִיר לְעַלְמָא. וּבְכָל זִמְנָא הַאי בְּאֵר לַחַי אִסְתַּכַּל וְחָמֵי, בְּגִין לְאִתְנַהֲרָא כִּדְקָאֲמָרָן. וַיֵּשֶׁב יִצְחָק עִם בְּאֵר לַחַי רֹאִי. הַיְינוּ דִּכְתִיב, (בראשית כ״ה:י״א) בְּקַחְתּוֹ אֶת רִבְקָה, וְיָתִיב בַּהֲדָהּ, וְאִתְאֲחִיד עִמָּהּ, חשֶׁךְ בַּלַּיְלָה, דִּכְתִיב, (שיר השירים ב׳:ו׳) שְׂמֹאלוֹ תַּחַת לְרֹאשִׁי. וְתָא חֲזֵי, יִצְחָק בְּקִרְיַת אַרְבַּע הֲוָה בָּתַר דְּמִית אַבְרָהָם, מַהוּ וַיֵּשֶׁב יִצְחָק עִם בְּאֵר לַחַי רוֹאִי, דְּאִזְדַּוַּוג בֵּיהּ, וְאָחִיד בֵּיהּ בְּהַהוּא בֵּירָא, לְאַתְעָרָא רְחִימוּתָא כִּדְקָאֲמָרָן.

פָּתַח רִבִּי יִצְחָק וְאָמַר, (קהלת א׳:ה׳) וְזָרַח הַשֶּׁמֶשׁ ובָא הַשֶּׁמֶשׁ וְאֶל מְקוֹמוֹ שׁוֹאֵף זוֹרֵחַ הוּא שָׁם. וְזָרַח הַשֶּׁמֶשׁ, דָּא שִׁמְשָׁא דְּנָהִיר לְסִיהֲרָא, דְּכַד אִתְחֲזֵי בַּהֲדָהּ כְּדֵין נָהֲרָא, וְאִתְנְהִיר וְזָרַח מֵאֲתַר עִלָּאָה דְּקָיְימָא עֲלֵיהּ, מִתַּמָּן זָרַח תָּדִיר. וּבָא הַשֶּׁמֶשׁ, לְאִזְדַּוְּוגָא בַּהֲדָהּ דְּסִיהֲרָא. (קהלת א׳:ו׳) הוֹלֵךְ אֶל דָּרוֹם, דְּאִיהוּ יְמִינָא וְשַׁוֵּי תּוּקְפֵיהּ בֵּיהּ, וּבְגִין דְּתוּקְפֵיהּ בֵּיהּ, כָּל חֵילָא דְגוּפָא בִּימִינָא הוּא וּבֵיהּ תַּלְיָא. וּלְבָתַר סוֹבֵב אֶל צָפוֹן, נָהִיר לְסִטְרָא דָא וְנָהִיר לְסִטְרָא דָא. סוֹבֵב סוֹבֵב הוֹלֵךְ הָרוּחַ, בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב שֶׁמֶשׁ, וְהַשְׁתָּא רוּחַ. אֶלָּא כֹּלָּא חַד וְרָזָא חָדָא, וְכָל דָּא בְּגִין דְּסִיהֲרָא אִתְנָהֲרָא מִנֵּיהּ וְיִתְחַבְּרוּן תַּרְוַויְיהוּ.

תָּא חֲזֵי, כַּד אֲתָא אַבְרָהָם לְעַלְמָא חֲבִיק לָהּ לְסִיהֲרָא וְקָרִיב לָהּ, כֵּיוָן דְּאֲתָא יִצְחָק אָחִיד בָּהּ וְאַתְקִיף בָּהּ כְּדְקָא יְאוּת, וּמָשִׁיךְ לָהּ בִּרְחִימוּ, כְּמָה דְּאִתְּמָר דִּכְתִיב, (שיר השירים ב׳:ו׳) שְׂמֹאלוֹ תַּחַת לְרֹאשׁ. כֵּיוָן דְּאֲתָא יַעֲקֹב, כְּדֵין אִתְחַבַּר שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא וְאִתְנְהִיר, וְאִשְׁתַּכַּח יַעֲקֹב שְׁלִים בְכָל סִטְרִין, וְסִיהֲרָא אִתְנְהִירַת וְאִתְתַּקָּנַת בִּתְרֵיסַר שִׁבְטִין.

פָּתַח רִבִּי יְהוּדָה וְאָמַר (תהילים קל״ד:א׳) הִנִּה בָּרְכוּ אֶת יְיָ כָּל עַבְדֵּי יְיָ וְגו'. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל תָּא חֲזֵי, הִנֵּה בָּרְכוּ אֶת יְיָ, וּמַאן אִינוּן דְּיִתְחֲזוּן לְבָרְכָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כָּל עַבְדֵּי יְיָ, בְּגִין דְּכָל בַּר נָשׁ
(Ⅰ)
[137a]  
[...] Mais remarquez que l'Écriture (Cant., II, 2) dit : « Telle qu'est la rose entre les épines, telle est ma bien-aimée entre les filles. » La « rose » désigne la « Communauté d'Israël », qui ressemble, au milieu de la masse des hommes, à une « rose » parmi les épines. Le mystère renfermé dans ce verset est le suivant : Isaac, qui émane du côté d'Abraham, image de la clémence céleste, pratiquait la clémence envers toutes les créatures, bien que lui-même eût été l'image de la rigueur. Rébecca, au contraire, est issue du côté de la rigueur (c’est-à-dire des impies) ; mais elle s'en sépara et s'unit à Isaac, de sorte qu'un rayon de grâce et de clémence passa sur elle. Ainsi, Isaac était l'image de la rigueur, et Rébecca était l'image de la douceur.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Telle qu'est la rose entre les épines, telle est ma bien-aimée entre les filles. » Ces paroles font allusion à Rébecca qui, après sa séparation de la rigueur dont elle était issue, était devenue l'image de l'aménité, pour compenser la rigueur dont Isaac était l'image ; sans cette compensation, le monde n'aurait pu subsister à cause de la rigueur dont Isaac est l'image. C'est d'après ce modèle que le Saint, béni soit-il, unit les époux dans ce monde ; l'un des conjoints a de la rigueur, l'autre de la douceur, afin qu’il y ait harmonie dans le monde.
Rabbi Yehouda commença, après le discours de Rabbi Isaac, à parler ainsi : Il est écrit (Gen., XXV, 2) : « Et Isaac pria le Seigneur pour sa femme, car elle était stérile. » L'Écriture veut dire qu'il a offert un sacrifice et prié Dieu pour sa femme. Quel genre de sacrifice a-t-il offert? - Un holocauste. Nous déduisons ce qui précède de l'analogie des mots. Ici l'Écriture se sert du terme « vaïeather » ; et ailleurs il est écrit (II Rois, XXIV, 25) : « Et il dressa là au Seigneur un autel sur lequel il offrit un holocauste et des sacrifices, et le Seigneur exauça (vaïeather) Israël, et fit cesser la plaie dont il avait frappé son peuple. » Or, de même que dans ce dernier verset il s'agit d'un holocauste, de même, chez Isaac, l'Écriture désigne par ce terme l'offrande d'un holocauste. Les mots « Isaac priait » et les mots « Dieu exauça » sont identiques, afin de nous indiquer que le feu céleste est allé au-devant du feu d'en bas. D'après une autre interprétation, le mot « vaïeather » a la signification « il a creusé », ce qui veut dire qu'Isaac a creusé en haut, dans cette région où réside la destinée de la fécondité, ainsi qu'il est écrit (I Rois, I, 10) : « Et elle pria le Seigneur, etc. » Aussi, pour indiquer que le Seigneur a exaucé Isaac, l'Écriture se sert du même terme « vaïeather », ce qui veut dire que le Saint, béni soit-il, l'autorisa à creuser dans cette région. Aussitôt après, L’Écriture ajoute : « ... Et Rébecca sa femme conçut. » Remarquez qu'Isaac habita vingt ans avec sa femme sans avoir d'enfants ; et il a fallu qu'il priât avant d'en avoir. Pourquoi ? - Parce que le Saint, béni soit-il, veut que les justes prient lorsqu'ils ont besoin de son secours. Dieu a-t-il besoin qu'on le prie? Non ; mais comme la prière sanctifie l’homme, Dieu n'accorde [...]
- בְּעַלְמָא מִיִּשְׂרָאֵל אַף עַל גַּב דְּכֹלָּא יִתְחֲזוּן לְבָרְכָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בִּרְכָתָא דִבְגִינַיְיהוּ יִתְבָּרְכוּן עִלָּאִין וְתַתָּאִין מַאן הִיא, הַהִיא דְּבָרְכִין לֵיהּ עַבְדֵּי יְיָ וְלָא כֻּלְּהוּ. וּמַאן אִינוּן דְּבִרְכַּתְהוֹן בִּרְכְתָא, הָעוֹמְדִים בְּבֵית יְיָ בַּלֵּילוֹת, אִלֵּין אִינוּן דְּקָיְימוּ בְּפַלְגוּת לֵילְיָא וְאִתְעָרֵי לְמִקְרֵי בְּאוֹרַיְיתָא. אִלֵּין קָיְימֵי בְּבֵית יְיָ בַּלֵּילוֹת, דְּהָא כְּדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָתֵי לְאִשְׁתַּעְשְׁעָא עִם צַדִּיקַיָא בְּגִנְתָא דְעֵדֶן. וְאֲנַן קָיְימֵי הָכָא לְאִתְעָרָא בְּמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא, נֵימָא בְּמִלֵּי דְיִצְחָק, דְּאֲנַן בֵּיהּ.

פָּתַח רַבִּי יִצְחָק וְאָמַר. (בראשית כ״ה:י״ט-כ׳) וַיְהִי יִצְחָק בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה בְּקַחְתּוֹ אֶת רִבְקָה וְגו'. בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה, אַמַּאי אֲתָא לְמִמְנֵי הָכָא דְּהֲוָה בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה כַּד נָסִיב לָהּ לְרִבְקָה, אֶלָּא וַדַּאי הָא אִתְכְּלִיל יִצְחָק בְּצָפוֹן וְדָרוֹם, בְּאֶשָׁא וּמַיָּא, וּכְדֵין הֲוָה יִצְחָק בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה בְּקַחְתּוֹ אֶת רִבְקָה. כְּמַרְאֶה הַקֶּשֶׁת, יָרוֹק חִוַּור סוּמָק. בַּת שָׁלשׁ שָׁנִים אָחִיד בָּהּ, כַּד אָחִיד בָּהּ בְּרִבְקָה. וְכַד אוֹלִיד, אוֹלִיד בֶּן שִׁשִׁים, לְאוֹלָדָא כְּדְקָא יְאוּת בְּגִין דְּיִפוּק יַעֲקֹב שָׁלֵם, מִבֶּן שִׁשִׁים שָׁנָה כְּדְקָא יְאוּת, וְכֻלְּהוּ אָחִיד לְהוּ יַעֲקֹב לְבָתַר, וְאִתְעֲבִיד גְּבַר שְׁלִים.

בַּת בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי מִפַּדַּן אֲרָם אֲחוֹת לָבָן הָאֲרַמִּי, מַאי אִכְפַּת לָן כּוּלֵי הַאי, דְּהָא כְּבָר אִתְּמָר (בראשית כ״ד:כ״ד) וּבְתוּאֵל יָלַד אֶת רִבְקָה וְגו', וְהַשְׁתָּא אָמַר בַּת בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי וּלְבָתַר מִפַּדַן אֲרָם, וּלְבָתַר אֲחוֹת לָבָן הָאֲרַמִּי. אֶלָּא אוּקְמוּהָ, דְּהֲוַת בֵּין רְשָׁעִים וְאִיהִי לָא עָבְדַת כְּעוֹבָדַיְיהוּ, דְּהֲוַת בַּת בְּתוּאֵל וּמִפַּדַן אֲרָם, וַאֲחוֹת לָבָן, וְכֻלְּהוּ חַיָּיבִין לְאַבְאָשָׁא, וְהִיא סָלְקָא עוֹבָדִין דְּכָשְׁרָן וְלָא עֲבָדַת כְּעוֹבָדַיְיהוּ.

הַשְׁתָּא אִית לְאִסְתַּכָּלָא, אִי רִבְקָה הֲוַת בַּת עֶשְׂרִין שְׁנִין אוֹ יַתִּיר, אוֹ בַּת שְׁלשׁ עֶשְׂרֵה, כְּדֵין הוּא שְׁבָחָא דִילָהּ דְּלָא עָבְדַת כְּעוֹבָדַיְיהוּ, אֲבָל עַד כְּעָן בַּת שָׁלשׁ שָׁנִים הֲוַת, מַאי שְׁבָחָא דִילָהּ. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה בַּת שָׁלשׁ שָׁנִים הֲוַת, וְעָבִידַת לְעַבְדָא כָּל הַהוּא עוֹבָדָא.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, אַף עַל גַּב דְּכוּלַי הַאי עָבְדַת, לָא יְדַעְנָא עוֹבָדָהָא אִי אִינוּן כְּשֵׁרָאן אוֹ לָאו.
(Ⅰ)
[137b]  
[...] aux justes ce dont ils ont besoin qu'après qu'ils lui ont adressé des prières.
Remarquez qu'en dépit de la stérilité de Sara, sa femme, Abraham n'a jamais demandé au Saint, béni soit-il, de lui accorder des fils ; car les paroles (Gen., XV, 3) d'Abraham : « Tu ne m'as point donné d'enfants » ne constituaient pas une prière, mais un simple entretien avec son Maître. Au contraire, Isaac a prié pour que sa femme devînt féconde, parce qu'il savait que ce n'était pas lui qui était stérile, mais sa femme ; car Isaac a prévu, grâce à un mystère de la Sagesse, qu'il était prédestiné à donner naissance à Jacob, de qui sortiraient douze tribus ; mais il ne savait si c'était avec Rébecca ou avec une autre femme.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Isaac priait pour sa femme. » Mais elle ne dit pas «pour Rébecca ».Le jeune fils de Rabbi Yehouda, qui assistait à cet entretien, demanda : Si réellement Isaac avait prévu qu'il était prédestiné à être la tige des douze tribus, pourquoi avait-il moins d'affection pour Jacob que pour Esaü? Rabbi Isaac répondit au jeune homme : Tes paroles sont judicieuses ; mais Isaac aimait davantage Esaü, parce que les forces semblables s'attirent.
Remarquez qu'Esaü vint au monde tout rouge, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXV, 25): « Celui qui sortit le premier était roux », ce qui veut dire qu'il était du côté de la rigueur ici-bas, c'est-à-dire de la rigueur impure ; et comme Isaac était l'image de la rigueur céleste, il avait plus d'inclination pour Esaü que pour Jacob, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXV, 28) : « Et Isaac aimait Esaü parce qu'il avait « çaid » à la bouche. » Or, l'Écriture se sert du mot « çaid». Et ailleurs il est écrit (Gen., X, 9) : « Violent chasseur devant le Seigneur, comme Nemrod (10). » Rabbi Isaac s'exprima ainsi : Il est écrit (Gen., XXV, 22): « Et les deux enfants qu'elle portait dans son sein s'entrechoquaient, ce qui lui fit dire : Si cela devait m'arriver, qu'était-il besoin que je conçusse? Et elle alla consulter le Seigneur. » Où était-elle allée ? - Elle est allée à la maison d'étude de Schem et Eber (11). L'impie Esaü avait déjà déclaré la guerre à Jacob dans le sein de sa mère. Le mot « vaïtheroççou » dérive de « raçaç », ainsi que l'on dit « écraser (raçaç) la cervelle » ; donc l'Écriture veut dire que les deux enfants s'étaient déjà divisés dans le sein de leur mère.
Remarquez que l'un de ces fils était du côté de celui qui monte sur le dos du serpent (12) (c'est-à-dire Samaël, chef des démons) ; l'autre était du côté de Celui qui monte sur le trône parfait et sacré pour éclairer le monde, [...]
- אֶלָּא, תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (שיר השירים ב׳:ב׳) כְּשׁוֹשַׁנָּה בֵּין הַחוֹחִים כֵּן רַעֲיָתִי בֵּין הַבָּנוֹת. כְּשׁוֹשַׁנָּה, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּאִיהִי בֵּין אוּכְלוּסָהָא כְּוַרְדָּא בֵּין כּוּבִין. וְרָזָא דְמִלָּה, יִצְחָק אָתֵי מִסִּטְרָא דְאַבְרָהָם דְּאִיהוּ חֶסֶד עִלָּאָה וְעֲבִיד חֶסֶד עִם כָּל בִּרְיָין, וְאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ דִּינָא קַשְׁיָא. וְרִבְקָה אָתַת מִסִּטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא וְאִסְתַּלְּקַת מִבֵּינַיְיהוּ וְאִתְחַבְּרַת בְּיִצְחָק, דְּהָא רִבְקָה מִסִּטְרָא דְּדִינָא קַשְׁיָא אַתְיָא, וְאַף עַל גַּב דְּאִיהִי מִסִּטְרָא דְדִינָא רַפְיָא הֲוַת, וְחוּטָא דְחֶסֶד תָּלֵי בָּהּ וְיִצְחָק דִּינָא קַשְׁיָא וְאִיהִי רַפְיָא, כְּשׁוֹשַׁנָּה בֵּין הַחוֹחִים הֲווּ. וְאִי לָאו דְּאִיהִי רַפְיָא, לָא יָכִיל עַלְמָא לְמִסְבַּל דִּינָא קַשְׁיָא דְיִצְחָק. כְּגַוְונָא דָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְזַוֵּוג זִוּוּגִין בְּעַלְמָא, חַד תַּקִּיף וְחַד רַפְיָא בְּגִין לְאִתְתַּקָּנָא כֹּלָּא וְיִתְבַּסֵּם עָלְמָא.

פָּתַח רִבִּי יְהוּדָה אֲבַתְרֵיהּ וְאָמַר, (בראשית כה) וַיֶּעְתַּר יִצְחָק לַיְיָ לְנֹכַח אִשְׁתּוֹ. מַהוּ וַיֶּעְתַּר, דְּקָרִיב לֵיהּ קָרֵבָּנָא, וְצַלֵּי עֲלָהּ. וּמַה קָרְבָּנָא קָרִיב. עוֹלָה קָרִיב, דִּכְתִיב, (בראשית כה) וַיֵּעָתֶר לוֹ יְיָ, כְּתִיב הָכָא וַיֵּעָתֶר לוֹ יְיָ, וּכְתִיב הָתָם (שמואל ב כד) וַיֵּעָתֶר אֱלהִים לָאָרֶץ וְגו', מַה לְּהַלָּן קָרְבָּן אַף כָּאן קָרְבָּן. כְּתִיב וַיֶּעְתַּר יִצְחָק, וּכְתִיב וַיֵּעָתֶר לוֹ, דְּנָפַק אֶשָׁא מִלְּעֵילָא לְקֳבְלָא אֶשָׁא דִלְתַתָּא.

דָבָר אַחֵר, וַיֶּעְתַּר יִצְחָק. דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ, וְחָתַר חֲתִירָה לְעֵילָא לְגַבֵּי מַזָּלָא עַל בְּנִין, דְּהָא בְּהַהוּא אֲתַר תַּלְיָין בְּנִין, דִּכְתִיב, (שמואל א א) וַתִּתְפַּלֵּל עַל ה', וּכְדֵין וַיֵּעָתֶר לוֹ יְיָ, אַל תִּקְרֵי וַיֵּעָתֶר לוֹ אֶלָּא וַיֵּחָתֶר לוֹ, חֲתִירָה חָתַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְקַבִּיל לֵיהּ, וּכְדֵין וַתַּהַר רִבְקָה אִשְׁתּוֹ.

תָּא חֲזֵי, עֶשְׂרִין שְׁנִין אִשְׁתָּהֵי יִצְחָק עִם אִתְּתֵיהּ וְלָא אוֹלִידַת, עַד דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בִּצְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא, בְּשַׁעְתָּא דְּבָעָאן קַמֵּיהּ צְלוֹתְהוֹן עַל מַה דְּאִצְטְרִיכוּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּיִתְרַבֵּי וְיִתּוֹסַף רְבוּת קוּדְשָׁא לְכָל מַאן
(Ⅰ)
[138a]  
[...] tel que le soleil qui prête sa lumière à la lune.
Remarquez que c'est précisément en raison de ce qu'Esaü suivait la trace du serpent, que Jacob a adopté à son égard une conduite tortueuse ; car le serpent est rusé et a une conduite tortueuse, ainsi qu'il est écrit (Gen., III, 1) : « Et le serpent était le plus fin de tous les animaux... » Or, le mot « fin » est synonyme de « rusé ». Jacob adopta donc à l'égard d'Esaü une conduite pareille à celle du serpent. Cela était nécessaire, afin qu'Esaü continuât à suivre le serpent et se séparât ainsi de Jacob, avec lequel il ne devait avoir rien de commun, ni en ce bas monde, ni dans le monde futur ; car nous savons par une tradition que, lorsqu'un homme voit sa vie menacée, il est autorisé à prévenir son assassin. L'Écriture (Osée, XII, 1) dit : « Dans le sein de sa mère, il a supplanté (aqab) son frère. » Le mot « aqab» signifie que Jacob saisit Esaü par le talon, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXV, 26): « Et il tenait de sa main le talon de son frère. » L'Écriture entend par cette expression que Jacob dominait sur Esaü en raison de la concupiscence de celui-ci. En disant que Jacob tenait de la main le talon d'Esaü, l'Écriture nous indique que Jacob ne permettait pas l'accès d'Esaü aux régions saîntes ; et, exerçant son empire sur lui, il le privait de lumière et le rendait obscur, telle que la lune à l'époque où elle est cachée.
Il est écrit(ibid.) : « Et il l'appela du nom de Jacob.» Il est certain que c'est le Saint, béni soit-il, lui-même, qui lui donna le nom de Jacob ; car, remarquez que l'Écriture dit : « Il l'appela, etc. » ; mais elle ne dit pas : « Et il fut appelé. » Lorsqu'Esaü (Gen., XXVII, 36) dit : « Car voici la seconde fois qu'il m'a supplanté », il désignait Dieu, qui donna le nom de Jacob à son frère. Le Saint, béni soit-il, qui connaît la ruse du premier serpent, a dit, lorsque Jacob vint au monde : Celui-ci est aussi rusé que le serpent, de sorte qu'il pourra lui résister ; il ne tombera pas dans ses pièges. C'est pour cela qu'il lui a donné le nom de Jacob. Nous avons déjà dit (V. fol. 102b.) que, partout où l'Écriture se sert du terme « et il appela », sans spécifier le nom de celui qui a appelé, elle désigne le dernier degré de l’essence divine, ainsi qu'il est écrit (Lév., I, 1) : « Et il appela Moïse. » Il en est de même ici où l'Écriture dit « Et il l'appela du nom de Jacob. » Nulle part, dans l'Écriture, on ne trouve un exemple où un homme aurait appelé Jacob ; partout où le mot «appelé » (vaïqra) est employé au sujet de Jacob, c'est toujours Dieu qui l'appelle, tel que dans le verset (Gen., XXXIII, 20) suivant : « Et il l'appela Dieu (El), Dieu d'Israël. » Le Saint, béni soit-il, donna à Jacob le nom de « Dieu » .(El) ; il lui dit : Je suis le Dieu d'en haut, et tu seras le Dieu d'en bas.
Remarquez que Jacob avait prévu qu'Esaü s'attacherait au serpent tortueux ; et c'est pourquoi il adopta à l'égard d'Esaü une conduite tortueuse pareille à celle du serpent. Il agit ainsi [...]
- דְּאִצְטְרִיךְ בִּצְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא.

תָּא חֲזֵי, אַבְרָהָם לָא צַלֵּי קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּיִתֵּן לֵיהּ בְּנִין, אַף עַל גַּב דְּשָׂרָה עֲקָרָה הֲוַת. וְאִי תֵימָא, הָא כְּתִיב, (בראשית ט״ו:ג׳) הֵן לִי לא נָתַתָּ זָרַע, הַהוּא לָאו בְּגִין צְלוֹתָא הֲוָה (נ''א ההוא לא בעי בנין) אֶלָּא כְּמַאן דְּמִשְׁתָּעֵי קַמֵּי מָרֵיהּ. אֲבָל יִצְחָק צַלֵּי עַל אִתְּתֵיהּ, בְּגִין דְּהָא אִיהוּ הֲוָה יָדַע דְלָאו אִיהוּ עָקָר אֶלָּא אִתְּתֵיהּ, דְּיִצְחָק הֲוָה יָדַע בְּרָזָא דְחָכְמְתָא, דְּיַעֲקֹב זַמִּין לְמֵיפַּק מִנֵּיהּ בִּתְרֵיסַר שִׁבְטִין, אֲבָל לָא יָדַע אִי בְּהַאי אִתְּתָא אִי בְּאָחֳרָא, וְעַל דָּא לְנֹכַח אִשְׁתּוֹ וְלָא לְנֹכַח רִבְקָה.

אָמַר הַהוּא רַבְיָא בְּרֵיהּ דְּרִבִּי יְהוּדָה, אִי הָכִי אַמַּאי לָא רָחִים לֵיהּ יִצְחָק לְיַעֲקֹב כָּל כָּךְ כְּמוֹ לְעֵשָׂו, הוֹאִיל וְהֲוָה יָדַע דְּזַמִּין אִיהוּ לְקַיְימָא מִנֵּיהּ תְּרֵיסַר שִׁבְטִין. אָמַר לֵיהּ שַׁפִּיר קָאֲמַרְתְּ, אֶלָּא כָּל זִינָא רָחִים לֵיהּ לְזִינֵיהּ וְאִתְמְשִׁיךְ וְאָזִיל זִינָא בָּתַר זִינֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, עֵשָׂו נָפַק סוּמָק כְּמָה דִכְתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ה) וַיֵּצֵא הָרִאשׁוֹן אַדְמוֹנִי כֻּלּוֹ וְגו', וְאִיהוּ זִינָא דְיִצְחָק דְּאִיהוּ דִינָא קַשְׁיָא דִלְעֵילָא, וְנָפַק מִנֵּיהּ עֵשָׂו, דִּינָא קַשְׁיָא לְתַתָּא דְּדַמְיָא לְזִינֵיהּ, וְכָל זִינָא אָזִיל לְזִינֵיהּ, וְעַל דָּא רָחִים לֵיהּ לְעֵשָׂו יַתִּיר מִיַּעֲקֹב כְּמָה דִכְתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ח) וַיֶּאֱהַב יִצְחָק אֶת עֵשָׂו כִּי צַיִד בְּפִיו. כְּתִיב הָכָא כִּי צַיִד בְּפִיו, וּכְתִיב הָתָם (בראשית י׳:ט׳) עַל כֵּן יֵאָמַר כְּנִמְרֹד גִּבּוֹר צַיִד לִפְנֵי יְיָ .

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, כְּתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ב) וַיִּתְרֹצֲצוּ הַבָּנִים בְּקִרֵבָּהּ וַתֹּאמֶר אִם כֵּן לָמָּה זֶה אָנֹכִי וַתֵּלֶךְ לִדְרשׁ אֶת יְיָ, לְאָן אֲתַר אָזְלַת. לְבֵי מִדְרְשָׁא דְּשֵׁם וְעֵבֶר. וַיִּתְרֹצֲצוּ הַבָּנִים בְּקִרְבָּהּ, דְּתַמָּן הֲוָה הַהוּא רָשָׁע דְּעֵשָׂו אֲגַח קְרָבָא בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב. וַיִּתְרֹצֲצוּ, אִתְבָּרוּ כְּמָה דְאַמְרִינָן, רָצַץ אֶת מוֹחוֹ. אִתְבָּרוּ דָּא עִם דָּא וְאִתְפְּלָגוּ. תָּא חֲזֵי, דָּא סִטְרָא דְּרוֹכֵב נָחָשׁ, וְדָא סִטְרָא דְּרוֹכֵב עַל כָּרְסְיָא שְׁלֵימָתָא קַדִּישָׁא בְּסִטְרָא
(Ⅰ)
[138b]  
[...] avec sagesse ; car il était indispensable de faire ainsi. Ceci corrobore les paroles de Rabbi Siméon, suivant lesquelles les mots (Gen., I, 21) : « Et le Seigneur créa les grands poissons » désignent Jacob et Esaü, de même que les mots : « Et tous les animaux qui ont vie et mouvement » désignent les degrés intermédiaires entre Jacob et Esaü. Ainsi, il est indispensable que Jacob emploie la ruse contre le serpent. C'est pour cette raison que Jacob lui offre un sacrifice tous les premiers jours du mois, afin de l'occuper, de manière qu'il ne puisse s'attacher à lui ; c'est ainsi que Jacob l'éloigne de la lune. De même, le jour du Grand Pardon, on lui offre un bouc ; c'est un commandement sage, ayant pour but d'empêcher le serpent de dominer sur le monde et de le léser (13), ainsi qu'il est écrit (Lév., XVI, 22) : « Et le bouc portera toutes leurs iniquités dans un lieu solitaire » ; or, le terme « lieu solitaire » a été appliqué à Esaü. D'après ce qui précède, on voit que la conduite à l'égard du serpent doit être fine et tortueuse.
Pourquoi ? - Parce qu'il est écrit (Ps., XVIII, 26) : « Tu seras pur et sincère avec celui qui est pur et sincère ; mais à l'égard de l’homme tortueux, tu seras tortueux, et avec le rusé tu seras rusé. » Or, le mauvais serpent est rusé ; il intrigue en haut et intrigue en bas. C'est pourquoi Israël le prévient avec ruse, pour l'empêcher de faire le mal. Jacob, qui était le mystère de la foi, a dû agir avec ruse à l'égard d'Esaü. Abraham et Isaac n'ont pas eu besoin de connaître la ruse,. puisqu'Esaü n'était pas encore né de leur vivant ; mais Jacob a eu besoin de ruse, afin de pouvoir rester le maître de la maison et empêcher Esaü de souiller le sanctuaire. Voilà pourquoi Jacob a dû être doué de plus de ruse que tous les habitants du monde. C'est pour cette raison également que le saint peuple d'Israël a été choisi pour constituer l'héritage du Saint, béni soit-il, ainsi qu'il est écrit (Deut., XXXII, 9) : « Car il a choisi son peuple pour être particulièrement à lui, et il a pris Jacob pour son héritage. » Il est écrit (Gen., XXV, 27) : « Et les enfants grandirent. » C'était le mérite d'Abraham qui leur a valu de grandir. C'était Abraham également qui les initia aux bonnes œuvres, ainsi qu'il est écrit (Gen., XVIII, 19) : « Car je sais qu'il ordonnera à ses enfants, et à toute sa maison après lui, de garder la voie du Seigneur, etc. », ce qui veut dire qu'il élèvera Jacob et Esaü.
L’Écriture ajoute : « Esaü devint habile à la chasse et cultivait la terre ; mais Jacob était un homme simple et demeurait retiré à la maison. » Rabbi Eléazar dit : Chacun d'eux prit la direction qui lui était propre : [...]
- דְּשִׁמְשָׁא, לְשַׁמָּשָׁא בְּסִיהֲרָא.

וְתָא חֲזֵי, בְּגִין דְּאִתְמְשַׁךְ עֵשָׂו אֲבַתְרִיהּ דְּהַהוּא נָחָשׁ, אָזִיל עִמֵּיהּ יַעֲקֹב בְּעֲקִימָא, כְּנָחָשׁ דְּאִיהוּ חַכִּים, וְאִיהוּ אָזִיל בְּעֲקִימוּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ג) וְהַנָּחָשׁ הָיָה עָרוֹם וְגו', חַכִּים. וְעוֹבָדוֹי דְיַעֲקֹב לְגַבֵּיהּ הֲווּ לֵיהּ כְּנָחָשׁ, וְהָכִי אִצְטְרִיךְ לֵיהּ, בְּגִין לְאַמְשָׁכָא לֵיהּ לְעֵשָׂו בַּתְרֵיהּ דְּהַהוּא נָחָשׁ, וְיִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ, וְלָא יְהֵא לֵיהּ חוּלָקָא עִמֵּיהּ בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. וְתָנִינָן, בָּא לְהָרְגְּךָ, אַקְדִּים אַנְתְּ וְקַטְלֵיהּ. כְּתִיב, בַּבֶּטֶן עָקַב אֶת אָחִיו דְּאַשְׁרֵי לֵיהּ לְתַתָּא, בְּהַהוּא עָקֵב, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית כח) וְיָדוֹ אוֹחֶזֶת בַּעֲקֵב עֵשָׂו, דְּשַׁוֵּי יְדוֹי עַל הַהוּא עָקֵב לְאִכַּפְיָא לֵיהּ.

דָבָר אַחֵר וְיָדוֹ אוֹחֶזֶת, דְּלָא יָכִיל לְמֵיפַּק מִנֵּיהּ מִכֹּל וָכֹל, אֶלָּא וְיָדוֹ אוֹחֶזֶת בַּעֲקֵב עֵשָׂו דָּא סִיהֲרָא, דְּאִתְכַּסְּיָא נְהוֹרָא בְּגִין עֵקֶב דְּעֵשָׂו, וְעַל דָּא אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְמֵיהַךְ עִמֵּיהּ בְּחָכְמְתָא, בְּגִין לְדַחֲיָיא לֵיהּ לְתַתָּא וְיִתְדַּבַּק בְּאַתְרֵיהּ. (בראשית כה) וַיִּקְרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָרֵי לֵיהּ יַעֲקֹב וַדַּאי. תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (בראשית כז) הָכִי קָרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב, נִקְרָא שְׁמוֹ לָא כְּתִיב, אֶלָּא קָרָא שְׁמוֹ. וַיַּעַקְבֵנִי, וַדַּאי חָמָא לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּהָא הַהוּא חִוְיָא קַדְמָאָה אִיהוּ חַכִּים לְאַבְאָשָׁא, כֵּיוָן דְּאֲתָא יַעֲקֹב, אָמַר הָא וַדַּאי חַכִּים לְקֳבְלֵיהּ, וּבְגִין כָּךְ קָרָא לֵיהּ יַעֲקֹב.

הָא (ק''ב ע''א) אוֹקִימְנָא בְּכָל אֲתַר, וַיִּקְרָא סְתָם הַאי הוּא דַּרְגָּא בַּתְרָאָה, כְּמָה דִכְתִיב, (ויקרא א) וַיִּקְרָא אֶל משֶׁה וְגו'. וְהָכָא וַיִּקְרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב, בְּכָל אֲתַר שְׁמֵיהּ לָא אִקְרֵי (ד''א ל''ג אלא) עַל יְדָא דְּבַּר נָשׁ. בְּאֲתַר אָחֳרָא מַה כְּתִיב, (בראשית לג) וַיִּקְרָא לוֹ אֵל אֱלהֵי יִשְׂרָאֵל, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָרָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב אֵל. אָמַר לֵיהּ, אֲנָא אֱלָהָא בְּעִלָּאֵי וְאַנְתְּ אֱלָהָא בְּתַתָּאֵי.

וְתָא חֲזֵי, יַעֲקֹב הֲוָה יָדַע דְּעֵשָׂו הֲוָה לֵיהּ לְאִתְדַּבְּקָא בְּהַהוּא חִוְיָא עֲקִימָא, וְעַל דָּא בְּכָל עוֹבָדוֹי אִתְמַשִּׁיךְ עֲלֵיהּ כְּחִוְיָא עֲקִימָא אָחֳרָא,
(Ⅰ)
[139a]  
[...] l'un se dirigea du côté de la Foi, et l'autre du côté de l'idolâtrie. Cette opposition des frères se manifestait déjà pendant la grossesse de Rébecca. Quand celle-ci s'occupait de bonnes œuvres, ou passait par un endroit où d'autres s'occupaient d'exécuter le commandement de Dieu, Jacob, rempli de joie, faisait des efforts pour sortir du sein de sa mère. De même, quand elle passait près d'un temple d'idolâtrie, l'impie se débattait et faisait des efforts pour sortir du sein de sa mère. C'est ainsi qu'une tradition l'apprend. Venus au monde, chacun prit sa direction. Tel est le sens du verset précité.
Il est écrit (Gen., XXV, 28) : «Et Isaac aimait Esaü, parce qu'il avait «çaïd» à la bouche.» Nous avons déjà expliqué ce verset en lui donnant la signification du verset (Gen., X, 9) suivant : « ... Violent chasseur (çaïd) devant le Seigneur. » Que signifient les mots « cultivait la terre » ? - Il savait captiver les hommes en faisant miroiter à leurs yeux les jouissances de la terre ; et c'est ainsi qu'il parvint à les tuer; il faisait croire aux hommes qu’il les incitait à faire de bonnes œuvres, alors qu'en réalité il ne voulait que les séduire. « Homme de la campagne » signifie également que le séjour des démons, dont Esaü était l'image, n'était pas dans les endroits habités par les hommes, mais dans les campagnes. Cependant une question s'impose : Comment Isaac, qui jouissait du voisinage de la Schekhina, pouvait-il ignorer les mauvaises actions d'Esaü et l'aimer? Car il est certain qu'Isaac était inspiré par la Schekhina, sans quoi il n'aurait jamais pu bénir Jacob, ainsi qu'il l'avait fait. Or, du moment que la Schekhina demeurait constamment dans le voisinage d'Isaac, comment pouvait-il rester dans l'ignorance de la conduite d'Esaü ? Le Saint, béni soit-il, la lui avait cachée à dessein, afin qu'en bénissant Jacob, il le fit sans le savoir. C'est la Schekhina seule qui savait à qui la bénédiction s'adressait. Car, au moment où Jacob se présenta au-devant de son père, la Schekhina l'avait accompagné. C'est pourquoi Isaac prononça sa bénédictionen laissant le soin à la Schekhina de transmettre cette bénédiction à celui de ses fils qu'elle en croirait digne.
Il est écrit (Gen., XXV, 29) : «Et Jacob avait fait cuire un mets ; et Esaü retourna des champs étant fort las. » Rabbi Eléazar dit : Une tradition nous apprend que Jacob avait préparé un plat de lentilles, mets de deuil, à l'occasion de la mort d'Abraham. Cependant, on peut se demander s'il en était réellement ainsi : c'est Isaac qui aurait dû préparer ce mets, au lieu de Jacob ? Mais Jacob savait que c'est grâce à ce mets [...]
- בְּחָכְמְתָא בְּעֲקִימוּ, וְהָכִי אִצְטְרִיךְ. וְאַתְיָיא דָא, כִּי הָא דְּאָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, מַאי דִכְתִיב, (בראשית א׳:כ״א) וַיִּבְרָא אֱלהִים אֶת הַתַּנִּינִים הַגְּדוֹלִים, דָּא יַעֲקֹב וְעֵשָׂו. (בראשית א׳:כ״א) וְאֶת כָּל נֶפֶשׁ הַחַיָּה הָרוֹמֶשֶׂת, אִלֵּין שְׁאָר דַּרְגִּין דְּבֵינַיְיהוּ, וַדַּאי אִתְעֲבִיד יַעֲקֹב חַכִּים לְקֳבְלֵיהּ דְּהַהוּא חִוְיָא אָחֳרָא וְהָכִי אִצְטְרִיךְ.

וּבְגִין כָּךְ בְּכָל יַרְחָא וְיַרְחָא חַד שָׂעִיר, בְּגִין לְאַמְשָׁכָא לֵיהּ לְאַתְרֵיהּ וְיִתְפְּרַשׁ מִן סִיהֲרָא. וְכֵן בְּיוֹמֵי דְכִפּוִּרִי לְאַקְרָבָא הַהוּא שָׂעִיר, וְדָא בְּחָכְמָה לְשַׁלְטָאָה עֲלֵיהּ וְלָא יָכִיל לְאַבְאָשָׁא, דִּכְתִיב, (ויקרא ט״ז:כ״ב) וְנָשָׂא הַשָּׂעִיר עָלָיו אֶת כָּל עֲוֹנוֹתָם אֶל אֶרֶץ גְּזֵרָה, וְאוּקְמוּהָ דְּדָא עֵשָׂו דְּאִיהוּ שָׂעִיר, וְכֹלָּא בְּחָכְמָה וּבְרַמָּאוּת לְגַבֵּיהּ. מַאי טַעְמָא, מִשּׁוּם דִּכְתִיב, (תהילים י״ח:כ״ז) וְעִם עִקֵּשׁ תִּתְפַּתָּל, בְּגִין דְּאִיהוּ חִוְיָא בִּישָׁא, עָקִים רוּחָא, חַכִּים לְאַבְאָשָׁא, אַסְטֵי לְעֵילָא וְאַסְטֵי לְתַתָּא.

וּבְגִין כָּךְ, יִשְׂרָאֵל מְקַדְּמִין וְחַכְּמִין לֵיהּ בְּחָכְמָה, בְּעֲקִימוּ, בְּגִין דְּלָא יָכִיל לְאַבְאָשָׁא וּלְשַׁלְטָאָה. וְעַל דָּא יַעֲקֹב דְּאִיהוּ בְּרָזָא דִמְהֵימְנוּתָא, כָּל עוֹבָדוֹי לְגַבֵּי דְעֵשָׂו בְּגִין דְּלָא יָהַב דּוּכְתָּא לֵיהּ לְהַהוּא חִוְיָא, לְסָאֲבָא מַקְדְּשָׁא. וְלָא יַקְרִיב לְגַבֵּיהּ, וְלָא יִשְׁלוֹט בְּעַלְמָא. וְעַל דָּא לָא אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְאַבְרָהָם לְאִתְנַהֲגָא בְּעוּקְמָא, וְלָא לְיִצְחָק, בְּגִין דְּעֵשָׂו דְּאִיהוּ סִטְרָא דְּהַהוּא חִוְיָא, עַד לָא אֲתָא לְעַלְמָא. אֲבָל יַעֲקֹב, דְּאִיהוּ מָארֵיהּ (כ''א ע''ב) דְּבֵיתָא, אִיבָּעֵי לֵיהּ לְקָיְימָא לְקֳבְלֵיהּ דְּהַהוּא חִוְיָא, דְּלָא יָהִיב לֵיהּ שָׁלְטָנוּתָא כְּלָל לְסָאֲבָא בֵּי מַקְדְּשָׁא דְיַעֲקֹב. וְעַל דָּא אִצְטְרִיךְ לְיַעֲקֹב יַתִּיר מִכָּל בְּנֵי עַלְמָא. וּבְגִין כָּךְ יִשְׂרָאֵל קַדִּישִׁין אִתְבְּרִירוּ חוּלַק עַדְבֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דִּכְתִיב, (דברים ל״ב:ט׳) כִּי חֵלֶק יְיָ עַמּוֹ יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ. (בראשית כ״ה:כ״ז) וַיִּגְדְּלוּ הַנְּעָרִים. סִטְרָא דְאַבְרָהָם גָּרִים לוֹן לְאִתְגַּדָּלָא וּזְכוּתֵיהּ סִיַּיע לוֹן, הוּא הֲוָה מְחַנֵּךְ לוֹן בְּמִצְוֹת, דִּכְתִיב, (בראשית י״ח:י״ט) כִּי יְדַעְתִּיו לְמַעַן אֲשֶׁר יְצַוֶּה אֶת בָּנָיו וְגו', לְאַסְגָּאָה יַעֲקֹב וְעֵשָׂו. (בראשית כ״ה:כ״ז) וַיִּגְדְּלוּ הַנְּעָרִים וַיְהִי עֵשָׂו אִישׁ יוֹדֵעַ צַיִד וְגו'. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, כָּל חַד וְחַד אִתְפְּרַשׁ לְאָרְחֵיהּ,
(Ⅰ)
[139b]  
[...] qu'il pourrait briser la force d'Esaü ; et c'est pourquoi il prépara un mets d'un légume de couleur rouge, propre à briser la puissance de l'homme sanguinaire qui aime le sang rouge. Aussi Esaü a-t-il vendu son droit d'aînesse pour ce plat. Jacob comprit alors qu'Israël pourrait se contenter plus tard de l'offrande d'un bouc au jour du Grand Pardon pour occuper le démon dont Esaü était l'image, et mettre ainsi un terme à ses requêtes contre Israël (14).
Rabbi Yehouda dit : A l'égard de Laban, Jacob a également agi tortueusement, car Laban aussi était un magicien, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXX, 27) : « Laban lui répondit : J'ai reconnu par ma magie (nihaschti) que le Seigneur m'a béni à cause de toi. » Voilà pourquoi Jacob, bien que d'un caractère loyal, avait agi à l'égard de certains hommes de façon déloyale ; car Jacob était doué de deux qualités : il était loyal et rusé, suivant la personne à laquelle il avait affaire ; c'est de lui que l'Écriture (Ps., XVIII, 26) dit : « Tu seras pur et sincère avec celui qui est pur et sincère, etc., et tu seras rusé avec celui qui est rusé. » Par les mots « avec celui qui est pur », l'Écriture désigne ceux qui émanent du côté pur ; et par les mots« avec celui qui est rusé », elle désigne ceux qui émanent du côté de la ruse.
Il est écrit (Gen., XXVI, 1) : « Et il arriva une famine en ce pays-là, outre la première famine qui était arrivée au temps d'Abraham, etc. »
Rabbi Yehouda commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XI, 5) : « Le Seigneur sonde le juste et l'impie ; et son âme hait celui qui aime l'iniquité. » Voyez combien les œuvres du Saint, béni soit-il, sont équitables, ainsi qu'il est écrit (Deut., XXXII, 4) : « Les œuvres de Dieu sont parfaites, et toutes ses voies sont pleines d'équité ; Dieu est fidèle; il est éloigné de toute iniquité, et il est rempli de justice et de droiture. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, n'avait châtié Adam qu'après l'avoir exhorté à ne pas se laisser séduire par le serpent. Ce n'était qu'après qu'Adam, dédaignant cette exhortation, s'était laissé séduire et souiller, que Dieu l'a châtié ; [...]
- דָּא לְסִטְרָא דִמְהֵימְנוּתָא וְדָא לְסִטְרָא דְּעֲבוֹדָה זָרָה.

וְכֵן הֲוָה בְּמֵעוֹי דְרִבְקָה, דְּתַמָּן כָּל חַד אָזִיל לְסִטְרֵיהּ. דְּכַד אִיהִי אִשְׁתַּדְּלַת בְּעוֹבָדִין דְּכָשְׁרָן אוֹ עֲבָרַת סְמִיךְ לְאֲתַר טַב לְמֶעְבַּד פִּקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא, הֲוָה יַעֲקֹב חָדֵי וְדָחִיק לְנָפְקָא, וְכַד הֲוַות אָזְלָא סְמִיךְ לְאֲתַר עֲבוֹדָה זָרָה, הַהוּא רָשָׁע בָּטַשׁ לְנָפְקָא, וְאוּקְמוּהָ. וּבְגִין כָּךְ, כַּד אִתְבְּרִיאוּ וּנְפָקוּ לְעַלְמָא, כָּל חַד אִתְפְּרַשׁ וְאָזִיל וְאִתְמְשַׁךְ בְּדוּכְתֵּיהּ דְּאִתְחֲזֵי לֵיהּ, וְעַל דָּא, (בראשית כ״ה:כ״ז) וַיִּגְדְּלוּ הַנְּעָרִים וַיְהִי עֵשָׂו אִישׁ יוֹדֵעַ צַיִד וְגו'. (בראשית כ״ה:כ״ז) וַיֶּאֱהַב יִצְחָק אֶת עֵשָׂו כִּי צַיִד בְּפִיו, הָא אוּקְמוּהָ, (כמה) דִּכְתִיב, אִישׁ יוֹדֵעַ צַיִד אִישׁ שָׂדֶה. וּכְתִיב הָתָם, (בראשית י׳:ט׳) הוּא הָיָה גִבּוֹר צַיִד (ד''א ל''ג מאי) אִישׁ שָׂדֶה, לְקַפְּחָא לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא וּלְקָטְלָא לוֹן, וְאִיהוּ אָמַר דְּעֲבִיד צְלוֹתָא וְצַיִּיד לֵיהּ בְּפוּמֵיהּ. אִישׁ שָׂדֶה, בְּגִין דְּחוּלַק עַדְבֵיהּ לַאו אִיהִי בְּיִשּׁוּבָא, אֶלָּא בְּאֲתַר חָרוּב. בְּמַדְבְּרָא, בְּחַקְלָא, וְעַל דָּא אִישׁ שָׂדֶה.

וְאִי תֵימָא, הֵיךְ לָא יָדַע יִצְחָק כָּל עוֹבָדוֹי בִּישִׁין דְּעֵשָׂו, וְהָא שְׁכִינְתָּא הֲוַת עִמֵּיהּ, דְּאִי לָא שַׁרְיָא עִמֵּיהּ שְׁכִינְתָּא, הֵיךְ יָכִיל לְבָרְכָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב בְּשַׁעְתָּא דְּבָרְכֵיהּ. אֶלָּא וַדַּאי שְׁכִינְתָּא הֲוַת דָּיְירָא עִמֵּיהּ בְּבֵיתָא וְדָיְירָא עִמֵּיהּ תָּדִיר, אֲבָל לָא אוֹדְעָא לֵיהּ, בְּגִין דְּיִתְבָּרֵךְ יַעֲקֹב בְּלָא דַעְתֵּיהּ אֶלָּא בְּדַעְתֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְהָכִי אִצְטְרִיךְ, דִּבְהַהִיא שַׁעְתָּא דְּעָאל יַעֲקֹב קַמֵּי אֲבוּהִי עָאלַת עִמֵּיהּ שְׁכִינְתָּא. וּכְדֵין חָמָא בְּדַעְתּוֹי יִצְחָק דְּאִתְחֲזֵי לִבְרָכָא, וְיִתְבְּרִיךְ מִדַּעְתָּא דִשְׁכִינְתָּא.

תָּא חֲזֵי, (ס''א זמנא חדא, הוה יתיב רבי שמעון ושאר חברייא, עאל קמיה רבי אלעזר בריה. אמהו ליה לרבי שמעון, מלתא רבתא בעינן למבעי קמך בעניינא דיעקב ועשו. איך לא בעא יעקב למיהב לעשו תבשיל דטלופחין עד דזבין ליה בכירותא דיליה, ועוד דאמר עשו ליצחק אבוהי, ויעקבני זה פעמים. אמר לון, בהדין שעתא, אתון חייבים לקבלא מלקות. דהאמנתון לפתגמי דעשו ושקרתון לפתגמי דיעקב, דהא קרא אסהיד עליה, (בראשית כ״ה:כ״ז) ויעקב איש תם. ותו כתיב, (מיכה ז׳:כ׳) תתן אמת ליעקב. אלא, כך הוא ענייניה דיעקב עם עשו, בגין דעשו הוה סני לבכירותא בקדמיתא, והוה בעי מניה דיעקב דלסבה ליה אפילו בלא כסף. הדא הוא דכתיב, (בראשית כ״ה:ל״ד) ויאכל וישת ויקם וילך ויבז עשו את הבכורה). (בראשית כ״ה:כ״ט) וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד וַיָּבֹא עֵשָׂו מִן הַשָּׂדֶה וְהוּא עָיֵף. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, וַיָּזֶד יַעֲקֹב, הָא אוּקְמוּהָ דְּהָא בְּגִין אֲבֵלוּתָא דְאַבְרָהָם הֲוָה, אֲבָל וַיָּזֶד יִצְחָק נָזִיד מִבָּעֵי לֵיהּ, אֶלָא וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד, דְּאִיהוּ הֲוָה יָדַע עִקָּרָא
(Ⅰ)
[140a]  
[...] et encore le châtiment n'était-il pas proportionné au péché, attendu que Dieu a exercé de la longanimité à son égard en lui accordant encore un jour à vivre (ce qui veut dire mille ans), moins les soixante-dix ans, que lui-même avait cédés au roi David, pour qui aucune durée de vie n'avait été fixée primitivement (15). De même qu'à l'égard d'Adam, Dieu agit envers tous les hommes miséricordieusement ; car s'il proportionnait la punition aux crimes, le monde ne saurait subsister. La longanimité que Dieu exerce à l'égard des impies est encore plus grande que celle qu'il exerce à l'égard des justes. Dieu exerce sa longanimité envers les impies, d'abord pour leur permettre de faire pénitence, afin d'être conservés dans ce monde et dans le monde futur, ainsi qu'il est écrit (Ez., XXXIII, 11) : « Dis leur ces paroles : Je jure par moi-même, dit le Seigneur Dieu, que je ne veux point la mort de l'impie, mais que je veux que l'impie se convertisse, qu'il quitte sa mauvaise voie et qu'il vive » c'est-à-dire qu'il vive dans ce monde et dans le monde futur.
Et ensuite, le Seigneur veut que les impies vivent pour leur permettre d'engendrer de bons enfants, tel qu'Abraham engendré par Tharé, qui était une bonne souche pour le monde. Mais Dieu se montre moins indulgent à l'égard des justes, auxquels il fait subir toutes sortes d'épreuves. Ce n'est pas que Dieu veuille constater le degré de leur fermeté, attendu qu'il connaît bien la force de l'esprit tentateur, ainsi que la solidité de la Foi dans le cœur de chaque homme mais il veut relever la gloire des justes eux-mêmes. C'est ainsi qu'il a agi à l'égard d'Abraham, ainsi qu'il est écrit (Gen., XXII, 1): « Et le Seigneur éprouva (nisah) Abraham. » Or le mot « nisah » signifie que Dieu en a relevé le drapeau, la gloire ; car le mot « nes » signifie également le drapeau, ainsi qu'il est écrit (Is., XLII, 10) : «Élevez l'étendard aux yeux des peuples. » Ainsi, c'est pour glorifier les justes que le Saint, béni soit-il, les met à l'épreuve, afin que leur fermeté dans la Foi devienne visible à tous les habitants du monde. L'Écriture (Ps., XI, 5) dit :« Le Seigneur sonde le juste. »Pourquoi?
Rabbi Siméon dit : Le Seigneur sonde le juste en l'accablant de tous les maux, afin d'en briser le corps, ainsi qu'il est écrit (Is., LIII, 10) : «Et le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité, etc. » Ce verset a été expliqué ailleurs. Le Saint, béni soit-il, n'éprouve que l'âme, mais non le corps ; car l'âme ressemble à l'âme d'en haut, alors que le corps est impuissant à s'attacher à la sainteté d'en haut , bien que la forme du corps ait un rapport intime avec le mystère suprême. [...]
- דִילֵיהּ, בְּהַהוּא סִטְרָא דְּאִתְדָּבַּק בֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ עֲבַד תַּבְשִׁילִין סוּמְקִין. עֲדָשִׁים, תַּבְשִׁיל סוּמְקָא, דְּתַבְשִׁילָא דָא מִתְבַּר חֵילָא וְתוּקְפָא דְּדָמָא סוּמְקָא בָּגִין לְתַבָּרָא תּוּקְפֵיהּ וְחֵילֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ, עֲבַד לֵיהּ בְּחָכְמְתָא, כְּהַהוּא גַּוְונָא סוּמְקָא.

וְעַל הַהוּא תַּבְשִׁילָא אִזְדַּבַּן לֵיהּ לְעַבְדָא וְזַבִּין בְּכֵירוּתֵיהּ לְיַעֲקֹב. וּבְהַהִיא שַׁעְתָּא יָדַע יַעֲקֹב דִּבְגִין שָׂעִיר חַד דְּיִקְרְבוּן יִשְׂרָאֵל לְגַבֵּי דַרְגָּא דִּילֵיהּ, יִתְהַפַּךְ לְעַבְדָא לִבְנוֹי וְלָא יְקַטְרֵג לוֹן. וּבְכֹלָּא אֲזַל יַעֲקֹב לְגַבֵּיה דְעֵשָׂו בְּחָכְמָה, בְּגִין הַהוּא דַרְגָא חַכִּים דְּעֵשָׂו, וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה וְאִתְכַּפְיָא וְלָא אִסְתָּאַב (ביה) בֵּיתֵיהּ וְאִיהוּ יָגִין עֲלֵיהּ. (חסר, ומצאנו בספרא אחרינא וז''ל ויאמר עשו אל יעקב (בראשית כ״ח:ט״ז) הלעיטני נא מן האדם האדם הזה. אמאי כתיב תרי זמני האדום, אלא, בגין דכל מה דאית ביה אדום, כמה דאת אמר (בראשית כ״ה:כ״ה) ויצא הראשון אדמוני. ותבשילו אדום דכתיב מן האדום האדום הזה, וארעא דיליה אדומה דכתיב (בראשית ל״ב:ד׳) ארצה שעיר שדה אדום, וגוברין דיליה אדומין דכתיב, (בראשית ל״ו:ט׳) הוא עשו אבי אדום. ומאן דזמין לאתפרעא מניה אדום דכתיב (שיר השירים ה׳:י׳) דודי צח ואדום, ולבושיה אדום דכתיב, (ישעיהו ס״ג:ב׳) מדוע אדום ללבושך, וכתיב (ישעיהו ס״ג:א׳) מי זה בא מאדום).

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, וְכֵן בְּלָבָן אִתְחֲזֵי הָכִי, בְּגִין דְּהָא אִיהוּ חֳרָשָׁא הֲוָה, כְּמָה דִכְתִיב (בראשית ל׳:כ״ז) נִחַשְׁתִּי וַיְבָרַכֵנִי יְיָ בִּגְלָלֶךָ, וְאַף עַל גַּב דְּיַעֲקֹב אִקְרֵי גְּבַר שְׁלִים, בְּגִין כָּךְ הֲוָה שְׁלִים עִם מַאן דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְמֵיהַךְ עִמֵּיהּ בְּרַחֲמֵי הֲוָה אָזִיל, וְעִם מַאן דְּאִצְטְרִיךְ לְמֵיהַךְ עִמֵיהּ בְּדִינָא קַשְׁיָא וּבַעֲקִימוּ הֲוָה אָזִיל, בְּגִין דִּתְרֵי (קמ''ו ע''א) חוּלָקֵי הֲווּ בֵּיהּ, וְעֲלֵיהּ כְּתִיב, (תהילים י״ח:כ״ו) עִם חָסִיד תִּתְחַסָּד וְעִם עִקֵּשׁ תִּתְפַּתָּל. עִם חָסִיד בְּסִטְרָא דְּחֶסֶ''ד, וְעִם עִקֵּשׁ בְּסִטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא, כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת. (בראשית כ״ו:א׳) וַיְהִי רָעָב בָּאָרֶץ מִלְּבַד הָרָעָב הָרִאשׁוֹן וְגו'. רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (תהילים י״א:ה׳) יְיָ צַדִּיק יִבְחָן וְרָשָׁע וְאוֹהֵב (ר''ת נחש) חָמָס שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ. כַּמָּה עוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִתְתַּקְנָן, וְכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד כֹּלָּא עַל דִּינָא וּקְשׁוֹט, כְּמָה דִכְתִיב, (דברים לכ) הַצּוּר תָּמִים פָּעֳלוֹ כִּי כָל דְּרָכָיו מִשְׁפָּט אֵל אֱמוּנָה וְאֵין עָוֶל צַדִּיק וְיָשָׁר הוּא.

תָּא חֲזֵי, לָא דָן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאָדָם קַדְמָאָה עַד דְּפָּקִּיד לֵיה לְתוֹעַלְתֵּיהּ, דְּלָא יִסְטֵי לִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ לְאֹרַח אָחֳרָא בְּגִין דְּלָא יִסְתָּאַב. וְאִיהוּ לָא אִסְתַּמַּר, וְעֲבַר עַל פִּקּוּדֵי דְמָארֵיהּ וּלְבָתַר כֵּן דָּן לֵיהּ דִּינָא.
(Ⅰ)
[140b]  
[...] Or, remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, veut sonder l'âme, il commence par en briser le corps, afin de donner la prédominance à l'âme, car, aussi longtemps que le corps a la même solidité que l'âme, aussi longtemps cette dernière demeure subjuguée au premier et ne peut se manifester entièrement ; mais, aussitôt que le corps est brisé, les tendances de l'âme éclatent de manière parfaite. Les mots : « ...Sonde le juste » ont la même signification que les mots (Is., XXVII, 16) : « Je vais mettre pour fondement de Sion une pierre d'épreuve, angulaire et précieuse, qui sera un ferme fondement. » Dieu veut que le juste devienne aussi fort que cette pierre.
L’Écriture ajoute : « ... Et son âme hait celui qui aime l'iniquité. » Le Saint, béni soit-il, hait-il donc l'impie? - Mais ces mots s'appliquent à ce degré de l'essence divine auquel sont suspendues toutes les âmes ; ce degré repousse l'impie et dans ce monde et dans le monde futur. D'après une autre interprétation, les mots : « ... Et son âme hait celui qui aime l'iniquité » ont la même signification que ceux du verset(Amos, VI, 8) suivant : « Le Seigneur (Adonaï) a juré par son âme, et c'est pourquoi le juste sera éprouvé. » Remarquez que, lorsque le Saint béni soit-il, créa Adam, il l'exhorta à marcher dans la voie du bien et lui révéla le mystère de la Sagesse à l'aide duquel il pouvait parvenir jusqu'au degré suprême. Mais à peine l'âme d'Adam était-elle descendue ici-bas, qu'elle se laissa séduire par les plaisirs que l'esprit tentateur fit miroiter à ses yeux, oubliant toute la gloire de son maître qu'elle avait contemplée auparavant. Ensuite, lorsque Noé vint au monde, l'Écriture (Gen., VI, 9) dit de lui : « Noé fut un homme juste et parfait. » Mais à peine étaitil en bas qu'il s'éprit du vin dont il but et s'enivra, ainsi qu'il est écrit (Gen., IX, 21) : « Et il but du vin, s'enivra et parut nu dans sa tente. » Mais Abraham s'éleva par la Sagesse et contempla la gloire de son Maître.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XII, 10) dit : «Et la famine étant survenue en ce pays-là, Abraham descendit en Égypte pour y passer quelque temps. Et, après, L’Écriture ajoute : « Abraham monta de l'Égypte, lui, sa femme et tout ce qu'il possédait, et Lot avec », c'est-à-dire : il remonta vers le premier degré qu'il occupait auparavant ; il est entré parfait et il est sorti parfait. De même, chez Isaac, l'Écriture (Gen., XVI, 1) dit : « Et il arriva une famine en ce pays-là, outre la première famine qui était arrivée au temps d'Abraham » Isaac également partit de là parfait. Le Saint, béni soit-il, éprouve ainsi tous les justes, afin d'en relever la gloire, et dans ce monde et dans le monde futur.
Il est écrit (Gen., XXVI, 7) : « Et les habitants de ce pays-là lui demandant qui était Rébecca, il leur répondit : C'est ma sœur.» De même que nous l'avons expliqué pour Abraham, le mot « sœur », ici, désigne la Schekhina, ainsi qu'il est écrit (Prov., VII, 4) : « Dis à la Sagesse : tu es ma sœur. » Comme Abraham et Isaac étaient étroitement liés à la Schekhina en vertu des paroles de l'Écriture (Cant., V, 2) : « Ouvre-moi, ma sœur bien aimée, ma colombe, etc.», il leur a été permis de désigner la Schekhina sous le nom de « Sœur » ; car les justes sont étroitement liés au Saint, béni soit-il.
Il est écrit : « Après quelque temps, Abimelech, roi des Philistins, regardant par sa fenêtre, vit Isaac qui jouait avec Rébecca (eth Rébecca) sa femme. » L'Écriture se sert du mot «eth», afin de nous indiquer qu'Isaac s'entretenait avec la Schekhina qui demeurait constamment avec Rébecca. Comment admettre qu'Isaac ait eu des relations avec sa femme pendant le jour, de façon qu'Abimelech ait pu le voir, alors que nous savons par une tradition que les Israélites sont chastes et n'ont pas de relations avec leur femme pendant le jour? Mais la vérité est que, par le mot « fenêtre », l'Écriture désigne l'art magique ; c'est par la magie qu'Abimelech vit qu'Isaac cohabitait avec sa femme. Ici l’Écriture se sert du mot « fenêtre » ; et ailleurs (Juges, V, 28) l'Écriture dit : « La mère de Sisara regardait par la fenêtre. » Or., de même que, dans ce dernier verset, le mot « fenêtre » désigne la magie (16), de même pour Abimelech ce mot désigne la magie.
C’est pourquoi l’Écriture dit ensuite : « Et Abimelech fit appeler Isaac et lui dit : C'est ta femme ! pourquoi m'as-tu dit qu'elle était ta sœur? »
Rabbi Yossé dit : Abimelech aurait certainement essayé d'abuser de la femme d'Isaac, comme il voulait le faire de la femme d'Abraham ; mais le Saint, béni soit-il, l'en empêcha.
Remarquez que l'Écriture (Gen., XX, 11) dit : « Abraham lui répondit : J'ai dit à moi-même : Il n'y a point de crainte de Dieu en ce pays-ci. »
Rabbi Abba dit : C'est précisément à cause de cela qu'Abraham était obligé de faire passer sa femme pour sa sœur ; car s'il y avait eu de la foi en ce pays, il n'aurait pas eu besoin de ce stratagème ; mais, comme il n'y avait point de foi, il était obligé de dire : « C'est ma sœur. » Et il pensait à la Schekhina appelée « Sœur ». Voici pourquoi Abraham a dit : «Il n'y a point de crainte de Dieu [...]
- וְעִם כָּל דָּא, לָא דָן לֵיהּ כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ, וְאוֹרִיךְ עִמֵּיהּ רוּגְזֵיהּ וְאִתְקְיַּים יוֹמָא חַד דְּאִיהוּ אֶלֶף שְׁנִין, בַּר אִינוּן שִׁבְעִים שָׁנִים דְּמָסַר לֵיהּ לְדָוִד מַלְכָּא דְּלָא הֲוָה לֵיהּ מִגַּרְמֵיהּ כְּלוּם.

כְּגַוְונָא דָא, לָא דָן לֵיהּ לְבַּר נָשׁ כְּעוֹבָדוֹי בִּישִׁין דְּאִיהוּ עָבִיד תָּדִיר, דְּאִי הָכִי לָא יָכִיל עַלְמָא לְאִתְקַיְימָא, אֶלָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָרִיךְ רוּגְזֵיהּ עִם צַדִּיקַיָא, וְעִם רַשִּׁיעַיָא יַתִּיר מִצַּדִּיקַיָא. עִם רַשִּׁיעַיָא בְּגִין דִּיתוּבוּן בִּתְיוּבְתָּא שְׁלֵימָתָא, דְּיִתְקַיְימוּן בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. כְּמָה דִכְתִיב, (יחזקאל ל״ג:י״א) חַי אָנִי נְאֻם יְיָ וְגו' אִם אֶחְפֹּץ וְגו' כִּי אִם בְּשׁוּב רָשָׁע מִדַּרְכּוֹ וְחָיָה. וְחָיָה בְּעַלְמָא דֵין, וְחָיָה בְּעַלְמָא דְאָתֵי, וְעַל דָּא אוֹרִיךְ רוּגְזֵיהּ לוֹן תָּדִיר. אוֹ בְּגִין דְּיִפּוּק מִנְּהוֹן גִּזְעָא טָבָא בְּעַלְמָא כְּמָה דְאַפִּיק אַבְרָהָם מִתֶּרַח דְּאִיהוּ גִּזְעָא טָבָא, וְשָׁרָשָׁא וְחוּלָקָא טָבָא לְעַלְמָא.

אֲבָל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְדַקְדֵּק עִם צַדִּיקַיָא תָּדִיר, בְּכָל עוֹבָדִין דְּאִינוּן עָבְדִין. בְּגִין דְּיָדַע דְּלָא יִסְטוּן לְיָמִינָא וּשְׂמָאלָא, וּבְגִין כָּךְ אַבְחִין לוֹן. לָאו בְּגִינֵיהּ, דְּהָא אִיהוּ יָדַע יִצְרָא וְתוּקְפָא דִמְהֵימְנוּתָא דִלְהוֹן, אֶלָּא בְּגִין לַאֲרָמָא רִישֵׁיהוֹן בְּגִינַיְיהוּ.

כְּגַוְונָא דָא, עֲבַד לֵיהּ לְאַבְרָהָם, דִּכְתִיב, (בראשית כ״ב:א׳) וְהָאֱלהִים נִסָּה אֶת אַבְרָהָם. מַאי נִסָּה, הֲרָמַת נֵס. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ישעיהו ס״ב:י׳) הָרִימוּ נֵס, (ירמיהו ד׳:ו׳) שְׂאוּ נֵס, אָרִים דִּגְלָא דִּילֵיהּ בְּכָל עַלְמָא, וְאַף עַל גַּב דְּהָא אִתְּמָר, בְּגִין דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָרִים דִּגְלָא דְאַבְרָהָם בְּעֵינֵיהוֹן דְּכֹלָּא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב נִסָּה אֶת אַבְרָהָם, אוּף הָכִי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין לַאֲרָמָא דִגְלָא דְצַדִּיקַיָא אִיהוּ בָּחִין לוֹן, לַאֲרָמָא רֵישַׁיְיהוּ בְּכָל עַלְמָא. (תהילים י״א:ה׳) צַדִּיק יִבְחָן, מַאי טַעְמָא, אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּד אִתְרָעֵי בְּהוּ בְּצַדִּיקַיָא, מַה כְּתִיב, (ישעיהו נ״ג:י׳) וַיְיָ חָפֵץ דַּכְּאוֹ הֶחלִי. וְאוּקְמוּהָ. אֲבָל בְּגִין דִּרְעוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָא אִתְרָעֵי אֶלָּא בְּנִשְׁמָתָא, אֲבָל בְּגוּפָא לָא, דְּהָא נִשְׁמָתָא אִיהִי דַמְיָא לְנִשְׁמָתָא דִלְעֵילָא, וְגוּפָא לָאו אִיהוּ חָזֵי לְאִתְאַחֲדָא לְעֵילָא, וְאַף עַל גַּב דְּדִיוּקְנָא דְגוּפָא בְּרָזָא עִלָּאָה
(Ⅰ)
[141a]  
[...] en ce pays-ci. » Les mots « crainte de Dieu » désignent la Foi.
Rabbi Éléazar dit : Comme la Schekhina ne réside pas hors de la terre sainte, c'est pourquoi Isaac a dit : « Il n'y a point de crainte de Dieu en ce pays-ci. » Isaac, était étroitement attaché à la Schekhina ; et, ayant constaté que sa femme l'était aussi, il a dit : « C'est ma sœur », c'est-à-dire : en ce pays nous sommes les seuls attachés à la Schekhina.
Il est écrit (Gen;, XXVI, 11): « Et Abimelech fit cette défense à tout son peuple : Quiconque touchera cet homme et sa femme sera puni de mort. » Remarquez combien grande est la longanimité que le Saint, béni soit-il, exerce à l'égard des impies, en leur tenant compte du bien qu'ils ont fait à nos ancêtres. Si Israël n'a exercé sa domination sur les Philistins qu'après un grand nombre de générations, c'est en récompense du bien qu'Abimelech a fait à Isaac, en disant : « Quiconque touchera cet homme et sa femme sera puni de mort (17). »
Rabbi Yehouda dit : Honte aux impies dont les bienfaits ne sont jamais parfaits.
Remarquez qu’Ephron a dit d’abord (Gen., XXIII, 11) : « Ecoute-moi, Seigneur ; je te donne le champ et la caverne qui y est », alors qu’ensuite (Gen., XXIII, 15) il dit : « La terre que tu me demandes vaut quatre cents sicles d’argent. » Et en effet Abraham paya, ainsi qu’il est écrit : « Abraham pesa à Ephron quatre cents sicles d’argent en bonne monnaie. » Abimelech a agi de même à l’égard d’Isaac. D’abord, il lui fit le bien en ordonnant à son peuple : « Quiconque touchera cet homme et sa femme sera puni de mort », alors qu’ensuite (Gen;, XXVI, 16) il dit à Isaac : « Retire-toi de chez nous ; car tu es devenu beaucoup plus puissant que nous. » Rabbi Éléazar dit à Rabbi Yehouda : Le bien qu’Abimelech a fait à Isaac consistait précisément en ceci, qu’il le renvoya sans lui enlever préalablement sa fortune ; Abimelech l’a même suivi pour faire une alliance avec lui.
Rabbi Éléazar dit en outre : Isaac a bien fait de creuser des puits ; car il connaissait le mystère de la Sagesse et il creusa des puits d’eau pour se fortifier dans la Foi. Abraham en fit autant. Et Jacob l’a trouvé et s’est assis auprès du puits ; et tous le suivent et s’efforcent de se consolider dans la Foi parfaite de manière convenable. A l’heure qu’il est, Israël se fortifie en observant les commandements de la Loi ; chaque jour il s’enveloppe de l’habit légal pourvu de franges (18) et met sur sa tête et son bras (19) des phylactères, qui sont le mystère suprême, parce que Dieu se trouve dans l’homme qui porte des phylactères et s’enveloppe de l’habit à franges. Et ceci est le mystère de la Foi suprême. Quant à l’homme qui pendant la prière ne se revêt pas de ces signes, la Foi ne demeure pas en lui ; la crainte de Dieu le quitte et sa prière n’est pas acceptée. De même, les Patriarches se sont fortifiés dans la Foi suprême en creusant des puits, symbole du « puits céleste », renfermant le mystère de la Foi parfaite.
Il est écrit (Gen., XXVI, 22) : « Et il partit de là et creusa un autre puits, etc. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., LVIII, 11) : « Le Seigneur te tiendra toujours dans le repos ; il remplira ton âme de ses splendeurs, et il engraissera tes os, etc. » Ce verset a déjà été expliqué (20). Mais les hommes de foi trouvent en outre dans ce verset une corroboration de leur foi à un monde futur ; car l’Écriture dit : « Le Seigneur te tiendra toujours dans le repos. » Par le mot « toujours », l’Écriture indique que les justes auront du repos en ce monde et dans le monde futur.
Puisque l’Écriture dit déjà : « Le Seigneur te tiendra dans le repos », pourquoi a-t-elle besoin d’ajouter « toujours » ? Mais ce mot désigne le sacrifice quotidien qu’on devait offrir l’après-midi ; car c’est ce sacrifice sur lequel Isaac appuyait ses bras (21) ; et c’est ce sacrifice qui vaut aux hommes leur part dans le monde futur. D’où le savons-nous ? De David, ainsi qu’il est écrit (Ps., XXIII, 3) : « Il m’a conduit par les sentiers du Juste, pour son nom. » L’Écriture (Is., XLVIII, 11) ajoute : « Il remplira ton âme de ses splendeurs. » Ces paroles désignent la lumière resplendissante à laquelle toutes les âmes se délecteront. Enfin L’Écriture ajoute : «... Et il engraissera tes os. » La fin de ce verset n’a aucun rapport avec le commencement ; car, puisqu’on parle des âmes, celles-ci n’ont aucun rapport avec les os ! Mais ces paroles font allusion à la résurrection des morts, dont le Saint, béni soit-il, reconstituera les os, de manière que les corps des hommes auront exactement la même forme qu’ils ont eue avant la mort. Mais, comme l’âme recevra plus de lumière, le corps après la résurrection sera ennobli, afin d’être en rapport avec l’âme.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : «Tu deviendras comme un jardin toujours arrosé. » L’Écriture veut dire que les eaux célestes ne cesseront de se répandre sur le corps, afin que celui-ci en soit arrosé constamment. [...]
- אִיהוּ.

וְתָּא חֲזֵי, בְּזִמְנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּנִשְׁמָתֵיהּ דְּבַּר נָשׁ, לְאִתְהַנָּאָה (נ''א לאתנהרא) בָהּ, מָחֵי לְגוּפָא בְּגִין דְּתִשְׁלוֹט נִשְׁמָתָא. דְּהָא בְּעוֹד דְּנִשְׁמָתָא עִם גּוּפָא, נִשְׁמָתָא לָא יָכְלָא לְשַׁלְטָאָה. דְּכַד אִתְרַע (נ''א אתבר) גּוּפָא, נִשְׁמָתָא שָׁלְטָא. צַדִּיק יִבְחָן, מַאי צַדִּיק יִבְחָן, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו כ״ח:ט״ז) אֶבֶן בֹּחַן, הָכִי נָמֵי צַדִּיק יִבְחָן, אַתְקִיף לֵיהּ. כְּהַאי אֶבֶן בֹּחַן, דְּהִיא (ישעיהו כ״ח:ט״ז) פִּנַּת יִקְרַת, הָכִי נָמֵי צַדִּיק יִבְחָן.

וְרָשָׁע וְאוֹהֵב חָמָס שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ. מַאי שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ, סַלְּקָא דַּעְתָּךְ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוֵי דְּנַפְשׁוֹ שָׂנְאָה לְהַהוּא רָשָׁע. אֶלָּא הַהוּא דַרְגָא דְּכָל נִשְׁמָתִין תַּלְיָין בֵּיהּ, שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ דְּהַהוּא רָשָׁע, דְּלָא בָּעְיָא לָהּ כְּלַל. לָא בָּעְיָא לָהּ לָא בְּעַלְמָא דֵין וְלָא בְּעָלְמָא דְאָתֵי. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (תהילים י״א:ה׳) וְרָשָׁע וְאוֹהֵב חָמָס שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ, וַדַּאי. דָבָר אַחֵר שָׂנְאָה נַפְשׁוֹ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (עמוס ו׳:ח׳) נִשְׁבַּע אֲדֹנָי יהִֹוִה בְּנַפְשׁוֹ, וּבְגִין כָּךְ צַדִּיק יִבְחָן.

תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאָדָם, פַּקִּיד לֵיהּ לְאוֹטָבָא לֵיהּ, יָהַב לֵיהּ חָכְמְתָא, אִסְתַּלַּק בְּדַרְגּוֹי לְעֵילָא. כַּד נָחַת לְתַתָּא, חָמָא תִּיאוּבְתָּא דְיֵצֶר הָרָע וְאִתְדָּבַּק בֵּיהּ, וְאִנְשֵׁי כָּל מַה דְּאִסְתַּלַּק (ס''א דאסתכל), בִּיקָרָא עִלָּאָה דְמָרֵיהּ.

אֲתָא נֹחַ, בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב, (בראשית ו׳:ט׳) נֹחַ אִישׁ צַדִּיק תָּמִים הָיָה, וּלְבָתַר נָחַת לְתַתָּא, וְחָמָא חַמְרָא תַּקִּיף, דְּלָא צָלֵיל, מֵחַד יוֹמָא, וְאִשְׁתֵּי מִנֵּיהּ, וְאִשְׁתַּכַּר וְאִתְגְּלִי, כְּמָה דִכְתִיב, (בראשית ט׳:כ״א) וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגָּל בְּתוֹךְ אָהֳלה.

אֲתָא אַבְרָהָם, אִסְתַּלַּק בְּחָכְמְתָא, וְאִסְתַּכַּל בִּיקָרָא דְמָארֵיהּ, לְבָתַר (בראשית י״ב:י׳) וַיְהִי רָעָב בָּאָרֶץ וַיֵּרֶד אַבְרָם ימִצְרָיְמָה לָגוּר שָׁם כִּי כָבֵד הָרָעָב בָּאָרֶץ וְגו'. לְבָתַר מַה כְּתִיב, (בראשית י״ג:א׳) וַיַּעַל אַבְרָם מִמִצְרַיִם הוּא וְאִשְׁתּוֹ וְכָל אֲשֶׁר לוֹ וְלוֹט עִמּוֹ הַנֶּגְבָּה, וְאִסְתַּלַּק לְדַרְגֵּיהּ קַדְמָאָה דְּהֲוָה בֵּיהּ בְּקַדְמִיתָא, וְעָאל בִּשְׁלָם וְנָפַק בִּשְׁלָם.

אֲתָא יִצְחָק, מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ו:א׳) וַיְהִי רָעָב בָּאָרֶץ מִלְּבַד הָרָעָב הָרִאשׁוֹן וְגו'. וְאֲזַל יִצְחָק וְאִסְתַּלַּק מִתַּמָּן לְבָתַר בִּשְׁלָם. וְכֻלְּהוּ צַדִּיקַיָיא, כֻּלְּהוּ בָּחִין לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין לַאֲרָמָא רֵישַׁיְיהוּ בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.

מִדְרָשׁ הַנֶּעֱלָם

(בראשית כ״ה:י״ט-כ׳) ואֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִצְּחָק בֶּן אַבְרָהָם אַבְרָהָם הוֹלִיד אֶת יִצְּחָק. רִבִּי יִצְּחָק פָּתַח, (שיר השירים ז׳:י״ד) הַדּוּדָאִים נָתְנוּ רֵיחַ וגו'. תָּנוּ רַבָּנָן, לֶעָתִיד לָבֹא הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא מְחַיֶּה אֶת הַמֵּתִים וִינַעֵר אוֹתָם מֵעַפְרָם, שֶׁלֹּא יִהְיוּ בִּנְיַן עָפָר כְּמוֹת שֶׁהָיוּ בַּתְּחִלָּה שֶׁנִּבְרְאוּ מֵעָפָר מַמָּשׁ, דָּבָר שֶׁאֵינוֹ מִתְקַיֵּים, הֲדָא הוּא דִכְתִיב (בראשית ב׳:ז׳) וַיִּיצֶּר ה' אֱלהִים אֶת הָאָדָם עָפָר מִן הָאֲדָמָה.

וּבְאוֹתָהּ שָׁעָה יִתְנַעֲרוּ מֵעָפָר מֵאוֹתוֹ הַבִּנְיָן, וְיַעַמְדוּ בְּבִנְיַן מְקוּיָים לִהְיוֹת לָהֶם קִיּוּמָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו נ״ב:ב׳) הִתְנַעֲרִי מֵעָפָר קוּמִי שְׁבִי יְרוּשָׁלַםִ, יִתְקַיְימוּ בְּקִיּוּמָא. וְיַעֲלוּ מִתַּחַת לָאָרֶץ וִיקַבְּלוּ נִשְׁמָתָם בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. בְּאוֹתָהּ שָׁעָה יַצִּיף (נ''א ישיב) קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כָּל מִינֵי רֵיחִין שֶׁבַּגַן עֵדֶן עֲלֵיהֶם, הֲדָא הוּא דִכְתִיב (שיר השירים ז׳:י״ד) הַדּוּדָאִים נָתְנוּ רֵיחַ.

אָמַר רִבִּי יִצְּחָק, אַל תִּקְרֵי הַדּוּדָאִים אֶלָּא הַדּוֹדִים, זְהוּ הַגּוּף וְהַנְּשָׁמָה שֶׁהֵם דּוֹדִים וְרֵעִים זֶה עִם זֶה. רַב נַחְמָן אָמַר, דּוּדָאִים מַמָּשׁ. מַה הַדּוּדָאִים מוֹלִידִים אַהֲבָה בָּעוֹלָם, אַף הֵם מוֹלִידִים אַהֲבָה בָּעוֹלָם. וּמַאי נָתְנוּ רֵיחַ, כִּשְׁרוֹן מַעֲשֵׂיהֶם לָדַעַת וּלְהַכִּיר לְבוֹרְאָם.

(שיר השירים ז׳:י״ד) וְעַל פְּתָחֵינוּ, אֵלּוּ פִּתְחֵי שָׁמַיִם שֶׁהֵם פְּתוּחִים לְהוֹרִיד נְשָׁמוֹת לִפְגָרִים. כָּל מְגָדִים, אֵלּוּ הַנְּשָׁמוֹת. (שיר השירים ז) חֲדָשִׁים גַּם יְשָׁנִים, אוֹתָם שֶׁיָּצְּאוּ נִשְׁמָתָם מֵהַיּוֹם כַּמָּה שָׁנִים, וְאוֹתָם שֶׁיָּצְּאוּ נִשְׁמָתָם מִיָּמִים מוּעָטִים, וְזָכוּ בְּכִשְׁרוֹן מַעֲשֵׂיהֶם לְהִכָּנֵס בָּעוֹלָם הַבָּא, כֻּלָּם עֲתִידִים לֵירֵד בְּבַת אַחַת לְהִכָּנֵס בַּגּוּפוֹת הַמּוּכָנִים לָהֶם.

אָמַר רַבִּי אַחָא בַּר יַעֲקֹב, בַּת קוֹל יוֹצֵּאת וְאוֹמֶרֶת, חֲדָשִׁים גַּם יְשָׁנִים דּוֹדִי צָּפַנְתִּי לָךְ. צָּפַנְתִּי אוֹתָם בְּאוֹתָם הָעוֹלָמוֹת. לָךְ, בִּשְׁבִילְךָ, בִּשְׁבִיל שֶׁאַתָּה גּוּף קָדוֹשׁ ונָקִי. דָבָר אַחֵר הַדּוּדָאִים (נתנו ריח) אֵלּוּ מַלְאֲכֵי שָׁלוֹם. נָתְנוּ רֵיחַ, אֵלּוּ הַנְּשָׁמוֹת שֶׁהֵם רֵיחַ הָעוֹלָם. נָתְנוּ, שָׁבְקוּ כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר כ״א:כ״ג) וְלֹא נָתַן סִיחוֹן אֶת יִשְׂרָאֵל.

דְּתָאנָא אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, שָׁלשׁ כִּתּוֹת שֶׁל מַלְאֲכֵי הַשָּׁרֵת הוֹלְכִים בְּכָל חֹדֶשׁ וּבְכָל שַׁבָּת לְלַוּוֹת לַנְּשָׁמָה עַד מְקוֹם מַעֲלָתָהּ. וּבְמַאן נוֹקִים עַל פְּתָחֵינוּ כָּל מְגָדִים. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, אֵלּוּ הֵן הַגּוּפוֹת שֶׁהֵם עוֹמְדִים בְּפִתְחֵי קְבָרוֹת לְקַבֵּל נִשְׁמָתָן. וְדוּמָ''ה נוֹתֵן פִּתְקָא דְּחֻשְׁבְּנָא וְהוּא מַכְרִיז וְאוֹמֵר, רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם, חֲדָשִׁים גַּם יְשָׁנִים, אוֹתָם שֶׁנִּקְבְּרוּ מִכַּמָּה יָמִים וְאוֹתָם שֶׁנִּקְבְּרוּ מִזְּמַן מוּעָט, כֻּלָּם צָּפַנְתִּי לָךְ לְמֵיפַּק לְהוּ בְּחוּשְׁבְּנָא.

אָמַר רַב יְהוּדָה אָמַר רַב, עָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לִשְׂמוֹחַ בְּאוֹתוֹ זְמַן עִם הַצַּדִּיקִים, לְהַשְׁרוֹת שְׁכִינָתוֹ עִמָּהֶם וְהַכֹּל יִשְׂמְחוּ בְּאוֹתָהּ שִׂמְחָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים ק״ד:ל״א) יִשְׂמַח ה' בְּמַעֲשָׂיו. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, עֲתִידִים הַצַּדִּיקִים בְּאוֹתוֹ זְמַן, לִבְרֹא עוֹלָמוֹת וּלְהַחֲיוֹת מֵתִים.

אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, וְהָתְנַן (קהלת א׳:ט׳) אֵין כָּל חָדָשׁ תַּחַת הַשָּׁמֶשׁ. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יְהוּדָה, תָּא שְׁמַע, בְּעוֹד שֶׁהָרְשָׁעִים בָּעוֹלָם וְיִרְבּוּ, כָּל הָעוֹלָם אֵינוֹ בְּקִיּוּם, וּכְשֶׁהַצַּדִּיקִים בָּעוֹלָם אֲזַי הָעוֹלָם מִתְקַיֵּים. וְעֲתִידִים לְהַחֲיוֹת מֵתִים כִּדְקָאֲמָרָן, (זכריה ח׳:ד׳) עוֹד יֵשְׁבוּ זְקֵנִים וּזְקֵנוֹת בִּרְחוֹבוֹת יְרוּשָׁלַם וְאִישׁ מִשְׁעַנְתּוֹ בְּיָדוֹ מֵרוֹב ימִים, כְּדִכְתִיב לְעֵיל. (קי''ד ע''ב)

בְּאוֹתוֹ זְמַן, יַשִּׂיגוּ הַצַּדִּיקִים דַּעַת שְׁלֵמָה, דְּאָמַר רִבִּי יוֹסֵי, בְּיוֹמָא דְּיְחֱדֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעוֹבָדוֹי, זְמִינִין אִינוּן צַּדִּיקַיָא לְמִנְדַע לֵיהּ בְּלִבְּהוֹן, וּכְדֵין יִסְגֵּי סֻכְלְתָנוּ בְּלִבְּהוֹן כְּאִילּוּ חָזוּ לֵיהּ בְּעֵינָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו כ״ה:ט׳) ואָמַר בַּיּוֹם הַהוּא הִנֵּה אֱלהֵינוּ זְה וְגו'.

ושִׂמְחַת הַנְּשָׁמָה בַּגּוּף יְתֶר מִכּוּלָּם, עַל שֶׁיִּהְיוּ שְׁנִיהֶם קַיָּימִים וְיִדְעוּ וְיַשִּׂיגוּ אֶת בּוֹרְאָם ויְהֱנוּ מִזִּיו הַשְּׁכִינָה, וְזְהוּ הַטוֹב הַגָּנוּז לַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית כ״ה:י״ט) ואֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִצְּחָק בֶּן אַבְרָהָם, אֵלּוּ הֵם תּוֹלְדוֹת הַשִּׂמְחָה וְהַשְּׂחוֹק שֶׁיְהֵא בָּעוֹלָם בְּאוֹתוֹ זְמַן. בֶּן אַבְרָהָם, הִיא הַנְּשָׁמָה הַזּוֹכָה לְכָךְ וְלִהְיוֹת שְׁלֵימָה בְּמַעֲלָתָהּ. (בראשית כ״ה:י״ט) אַבְרָהָם הוֹלִיד אֶת יִצְּחָק, הַנְּשָׁמָה מוֹלִידָה הַשִּׂמְחָה וְהַשְּׂחוֹק הַזְּה בָּעוֹלָם.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה לְרִבִּי חִיָּיא, הָא דְתָנִינָן דְּעָתִיד הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לַעֲשׂוֹת סְעוּדָה לַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא, מַאי הִיא. אָמַר לֵיהּ, עַד לָא אֲזְלִית קַמֵּי אִינוּן מַלְאָכִין קַדִּישִׁין מָארֵי מַתְנִיתִין הָכִי שְׁמִיעַ לִי, כֵּיוָן דְּשָׁמְעִית הָא דְּאָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, אִתְישְּׁבָא בְּלִבָּאי, דְּאָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, סְעוּדַת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא, כְּהַאי דִכְתִיב (שמות כ״ד:י״א) וַיֶּחֱזוּ אֶת הָאֱלֹהִים וַיּאכְלוּ וַיִּשְׁתּוּ, וְדָא הוּא דִתְנַן נִיזוֹנִין.

וְאָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר בְּאֲתַר חָד תָּנִינָן נֶהֱנִין, וּבְאֲתַר אָחֳרָא תָּנִינָן נִיזוֹנִין, מַאי בֵּין הַאי לְהַאי. אֶלָּא הָכִי אָמַר אֲבוֹי, הַצַּדִּיקִים שֶׁלֹּא זָכוּ כָּל כָּךְ נֶהֱנִין מֵאוֹתוֹ זִיו שֶׁלֹּא יַשִּׂיגוּ כָּל כָּךְ, אֲבָל הַצַּדִּיקִים שֶׁזָּכוּ נִזּוֹנִין עַד שֶׁיַּשִּׂיגוּ הַשָּׂגָה שְׁלֵמָה. וְאֵין אֲכִילָה וּשְׁתִיָּה אֶלָּא זוֹ וְזוֹ הִיא הַסְּעוּדָה וְהָאֲכִילָה. וּמְנָא לָן הָא, מִמּשֶׁה, דִּכְתִיב, (שמות כד) וַיְהִי שָׁם עִם ה' אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לַיְלָה לֶחֶם לא אָכַל וּמַיִם לֹא שָׁתָה. מַאי טַעֲמָא לֶחֶם לֹא אָכַל וּמַיִם לא שָׁתָה. מִפְּנֵי שֶׁהָיָה נִזּוֹן מִסְּעוּדָה אַחֶרֶת מֵאוֹתוֹ זִיו שֶׁל מַעְלָה, וּכְהַאי גַוְונָא סְעוּדָתָן שֶׁל צַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה סְעוּדַת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא לִשְׂמוֹחַ בְּשִׂמְחָתוֹ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב (תהלים לה) יִשְׁמְעוּ עֲנָוִים וְיִשְׂמָחוּ. רַב הוּנָא אָמַר מֵהָכָא, (תהלים ח) וְיִשְׂמְחוּ כָל חוֹסֵי בָךְ לְעוֹלָם יְרַנֵּנוּ. אָמַר רִבִּי יִצְּחָק, הַאי והַאי אִיתָא לֶעָתִיד לָבֹא. וְתָאנָא אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, יַיִן הַמְשׁוּמָר בַּעֲנָבָיו מִשֵּׁשֶׁת יְמֵי בְרֵאשִׁית, אֵלּוּ דְּבָרִים עַתִּיקִים שֶׁלֹּא נִגְלוּ לְאָדָם מִיּוֹם שֶׁנִּבְרָא הָעוֹלָם, וַעֲתִידִים לְהִתְּגָּלוֹת לַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא, וְזוֹ הִיא הַשְּׁתִיָה ואֲכִילָה, וַדַּאי דָא הִיא.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה בְּרִבִּי שָׁלוֹם, אִם כֵּן מַהוּ לִוְיָתָן וּמַהוּ הַשּׁוֹר, דִּכְתִיב, כִּי בוּל הָרִים יִשְׂאוּ לוֹ. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, והָא כְּתִיב, (ישעיה כז) בָּעֵת הַהִיא יִפְקוֹד ה' בְּחַרְבּוֹ הַקָּשָׁה והַגְּדוֹלָה וְהַחֲזָקָה עַל לִויָתָן נָחָשׁ בָּרִיחַ וְעַל לִוְיָתָן נָחָשׁ עֲקָלָתוֹן והָרַג אֶת הַתַּנִּין אֲשֶׁר בַּיָּם, הָא הָכָא תְּלָתָא. אֶלָּא רֶמֶז הוּא דְּקָא רָמַז עַל מַלְכְּוָותָא. אָמַר רִבִּי תַּנְחוּם לֵית לְמֵימַר עַל מַה דְּאָמְרוּ רַבָּנָן, וַדַּאי כָּךְ הִיא.

אָמַר רִבִּי יִצְּחָק, אֲנָא הֲוִינָא קַמֵּיהּ דְּרִבִּי יְהוֹשֻׁעַ, וְשָׁאִילְנָא הַאי מִלָּה, אָמַרְנָא, הַאי סְעוּדָתָא דְּצַּדִּיקַיָא לֶעָתִיד לָבֹא אִי כָּךְ הוּא, לָא אִתְיַישְׁבָא בְּלִבָּאי, דְּהָא אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, סְעוּדַת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא כְּהַאי גַוְונָא דִּכְתִיב, (שמות כ״ד:י״א) וַיְּחֱזוּ אֶת הָאֱלֹהִים וַיֹּאכְלוּ וַיִּשְׁתּוּ. אָמַר רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ שַׁפִּיר קָאָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, וכָךְ הוּא.

עוֹד אָמַר רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ, הַאי מְהֵימְנוּתָא דְּאָמְרוּ רַבָּנָן לְרוּבָּא דְעַלְמָא, דְּזַמִּינִין אִינוּן בְּהַאי סְעוּדָתָא דְלִויָתָן וְהַהוּא תוֹרָא וּלְמִשְׁתֵּי חַמְרָא טַב דְּאִתְנְטַר מִכַּד אִתְבְּרֵי עַלְמָא, קְרָא אַשְׁכָּחוּ ודָרְשׁוּ, דִּכְתִיב, (ויקרא כ״ו:ה׳) וַאֲכַלְתֶּם לַחְמְכֶם לָשׂוֹבַע.

דְּאָמַר רִבִּי זֵירָא, כָּל מִינֵי פִּיתּוּי פִּתָּה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא לְיִשְׂרָאֵל לְהַחֲזִירָם לְמוּטָב, וְדָא הוּא יַתִּיר מִכֻּלְּהוֹן, דְּאָמַר לְהוּ וַאֲכַלְתֶּם לַחְמְכֶם לָשׂוֹבַע. וּבַקְּלָלוֹת, (ויקרא כ״ו:ה׳) וַאֲכַלְתֶּם וְלֹא תִשְׂבָּעוּ, וְדָא קַשְׁיָא לְהוּ מִכֻּלְּהוּ. מַאי טַעֲמָא, דִּכְתִיב, (שמותטז) מִי יִתֵּן מוּתֵנוּ בְּיַד ה' בְּאֶרֶץ מִצְּרַיִם וְגו'.

אָמַר רִבִּי זֵירָא, מְלַמֵּד דְּמִשּׁוּם הָאֲכִילָה מָסְרוּ נַפְשָׁם לָמוּת בְּיָדָם. כֵּיוָן שֶׁרָאָה הַקָּדוֹשׁ בָּרוּךְ הוּא תַּאֲוָתָם, אָמַר לָהֶם, (ויקרא כ״ו:ה׳) אִם תִּשְׁמְעוּ לְקוֹל הַמִּצְּוֹת, וַאֲכַלְתֶּם לָשׂוֹבַע כְּדֵי לְהָנִיחַ דַּעְתָּם. כְּהַאי גַוְונָא חָמוּ רַבָּנָן דְּגָלוּתָא אִתְמַשַּׁךְ, אִסְתַּכְּמוּ עַל קְרָאֵי דְאוֹרַיְיתָא וְאָמְרוּ דִּזְמִינִין לְמֵיכַל וּלְמֶחֱדֵי בִּסְעוּדָתָא רַבָּה דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֶעְבַּד לְהוּ, וְעַל דָּא רוּבָּא דְעַלְמָא סָבְלוּ גָלוּתָא בְּגִין הַהִיא סְעוּדָתָא.

אָמַר רִבִּי יוֹחָנָן, לֵית לָן לִסְתּוֹר מְהֵימְנוּתָא דְּכֹלָּא אֶלָּא לְקַיְימָא לֵיהּ, דְּהָא אוֹרַיְיתָא אַסְהִידַת עֲלוֹי, דְּהָא אֲנַן יָדְעִין מְהֵימְנוּתָא דְצַּדִּיקַיָא וְכִסּוּפָא דִלְהוֹן מַאי הִיא, דִּכְתִיב, (שיר השירים א׳:ד׳) נָגִילָה וְנִשְׂמְחָה בָךְ, וְלֹא בַאֲכִילָה. (שיר השירים א׳:ד׳) נַזְכִּירָה דּוֹדֶיךָ מִיָּיִן. וְהַהִיא סְעוּדָתָא דִּזְמִינִין בָּהּ, יְהֵא לָן חוּלַק לְמֶהֱנֵי מִנָּהּ וזוֹ הִיא הַשִּׂמְחָה וְהַשְּׂחוֹק. וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יִצְּחָק, שֶׁיִּצְּחֲקוּ הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבוֹא. אַבְרָהָם הוֹלִיד אֶת יִצְּחָק, זַכּוּת הַנְּשָׁמָה מוֹלִיד הַשְּׂחוֹק הַזֶּה וְהַשִּׂמְחָה בָּעוֹלָם.

וַיְהִי יִצְּחָק בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה. רִבִּי בּוֹ בְּשֵׁם רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח ואָמַר, (שיר השירים א׳:ב׳) יִשָּׁקֵנִי מִנְּשִׁיקוֹת פִּיהוּ וגו', בְּכַמָּה מַעֲלוֹת נִבְרָא הָעוֹלָם, דְּתָנִינָן אָמַר רִבִּי אַחָא בַּר יַעֲקֹב, כָּל מַה שֶּׁבָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעוֹלָמוֹת שֶׁלּוֹ חוּץ מִמֶּנּוּ הָיוּ בְּשִׁתּוּף. וּמִי אָמַר רִבִּי אַחָא הָכִי, חַס וְשָׁלוֹם, דְּהָא בְּמִלָּה דָא יִסְגֵּי פְּלוּגְתָּא בְּעַלְמָא, דְּאִי תֵימָא הָכִי, הַמַּלְאָכִים שֶׁהֵם נִבְרָאִים רוּחַ הַקֹּדֶשׁ מַמָּשׁ, יֹאמַר שֶׁיִּשׁ שִׁתּוּף בָּהֶם, הָא כָּל אַפַּיָּיא דִּדְהוֹן ודִידָן שַׁוְיָין.

אָמַר רִבִּי אַבָּא, בְּמִלָּה דָא יִסְגֵּי פְּלוּגְתָּא בְּעַלְמָא, דְּהָא תְּנַן בְּמַתְנִיתִין דִּידָן, דְּכָל דְּעֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, עֲבַד כְּגוֹן גּוּפָא ונִשְׁמָתָא, וְאִי תֵימָא דְּהָא לֵית גּוּפָא לַמַּלְאָכִים, כָּךְ הוּא. אֲבָל לֵית אִינוּן יָכְלִין לְמֶעְבַּד עֲבִידְתָּא, עַד שֶׁיִּשְׁתַּתֵּף בְּהוּ הַהִיא נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא, דְּהִיא סִיּוּעָא דִלְעֵילָא, וּבְהַאי גַוְונֵי כָּל מַאי דְּעֲבִיד אִצְּטְרִיךְ לְהַהִיא סִיּוּעָא דִּלְעֵילָא מִנִּיהּ.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַאֲחָיָא מֵתַיָא, וְהָא סוֹפָא כָּל (ס''א עקתין), עַמִיקִין (ס''א עתיקין) בְּאַרְבָּעִים לֶהֱוִי. וּגְזַר קְיָים, (דברים כ״ה:ג׳) אַרְבָּעִים יַכֶּנּוּ לֹא יוֹסִיף. סוֹף הֲלִיכָתָם שֶׁל יִשְׂרָאֵל בַּמִּדְבָּר בִּשְׁנַת הָאַרְבָּעִים. אַרְבָּעִים שָׁנָה קוֹדֶם תְּחִיַּית הַגּוּף, מַמְתֶּנֶת לוֹ הַנְּשָׁמָה בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. בִּשְׁנַת הָאַרְבָּעִים יְקוּמוּן הַגּוּפוֹת מֵעַפְרָא. בְּאַרְבָּעִים נִכְלָא הַגֶּשֶׁם, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ז׳:י״ב) וַיְהִי הַגֶּשֶׁם עַל הָאָרֶץ אַרְבָּעִים יוֹם, וּכְתִיב (בראשית ח ו) וַיְהִי מִקֵּץ אַרְבָּעִים יוֹם וַיִּפְתַּח נֹחַ.

זְמַן גְּאוּלָתָם שֶׁל יִשְׂרָאֵל, בִּשְׁנַת הָאַרְבָּעִים הוּא. וּבַחֲמִשִּׁים אֲתָא יִשּׁוּב עַלְמָא, דְּהִיא הַיּוֹבֵל. הַחְזָרַת הַנְּשָׁמָה לַגּוּף, בִּשְׁנַת הָאַרְבָּעִים, שֶׁהִמְתִּינָה לוֹ בְּאֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְהִי יִצְּחָק בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה, שֶׁהִמְתִּין לַגּוּף.

בְּקַחְתּוֹ אֶת רִבְקָה, בְּהַכְנָסָתָהּ בַּגּוּף הַמְּזוּמָן לוֹ. בְּאוֹתָהּ שָׁעָה בְּהַכְנָסָתָהּ בּוֹ, אֵין תַּאֲוָתָם וְכִסּוּפָם אֶלָּא לֵיהָנוֹת מִזִּיו הַשְּׁכִינָה וְלִיזוֹן מִזִּיוָהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (שיר השירים א׳:ב׳) יִשָּׁקֵנִי מִנְּשִׁיקוֹת פִּיהוּ. אָמַר רִבִּי אַבָּא, יִשָּׁקֵנִי יְפַרְנְסֵנִי, שֶׁאֵין פַּרְנָסָתָן אֶלָּא לֵיהָנוֹת וְלִיזוֹן מִזִּיוָהּ שֶׁל מַעְלָה. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי סוֹפֵיהּ דִּקְרָא מוֹכַח דִּכְתִיב, (שיר השירים א׳:ב׳) כִּי טוֹבִים דּוֹדֶיךָ מִיָּיִן.

בַּת בְּתוּאֵל בַּת בִּתּוֹ שֶׁל אֵל. רַב הוּנָא אָמַר, לֹא כָךְ הוּא, וְאֲנָא הֲוִית בִּכְרַכֵּי הַיָּם וְשָׁמַעְנָא דְּהֲווּ קָרָאן לְהַהוּא גַּרְמָא דְשִׁדְּרָה, הַהוּא דְּאִשְׁתָּאַר בְּקִבְרָא מִכָּל גּוּפָא, בְּתוּאֵל רַמָּאָה. שְׁאֵלִית עֲלֵיהּ, אָמְרוּ דְּהוּא כְּרֵישָׁא (דמיא) דְחִויָא, דְּאִיהוּ רַמָּאָה, והַהוּא גַּרְמָא הוּא רַמָּאָה מִכָּל שְׁאָר גַּרְמֵי.

דְּתָאנָא אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, הַהוּא גַּרְמָא לָמָּה אִשְׁתָּאַר בְּקִיּוּמָא יתִּיר מִכָּל שְׁאָר גַּרְמֵי. מִשּׁוּם דְּאִיהוּ רַמָּאָה. וְלֵית סָבִיל טַעֲמָא דִמְזוֹנָא דִּבְנֵי נָשָׁא כִּשְׁאָר גַּרְמֵי, וּבְגִינֵי כָּךְ הוּא תַּקִּיף מִכָּל גַּרְמֵי והוּא לֵיהֱוִי עִקְּרָא דְּגוּפָא אִתְבְּנֵי מִנֵּיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב בַּת בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי.

וְתָאנָא אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, הוּא רַמַּאי וּמֵעוֹלָם רַמַּאי, וְשָׁכֵן יִצֶּר הָרָע דְּאִיהוּ רַמַּאי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב בַּת בְּתוּאֵל הָאֲרַמִּי גַּרְמָא רַמָּאָה. מִפַּדַּן אֲרָם, מִצֶּמֶד רַמָּאִין, כְּדִתְנַן פַּדְּנָא דְתוֹרָא שֶׁהוּא צֶּמֶד. אֲחוֹת לָבָן, אֲחוֹת יֵצֶּר הָרָע הָאֲרַמִּי, כְּדִתְנַן, בַּתְּחִלָּה שֶׁהָיָה מְנוּוָל בְּחַטָאוֹת בָּזְה הָעוֹלָם נִקְרָא לוֹט. לֶעָתִיד לָבֹא שֶׁלֹּא יְהֵא מְנוּוָל כִּדְבְקַדְמִיתָא, כְּמַאן דְּסָחֵי וּמַטְבִּיל מְסָאֲבוּתֵיהּ, קָרָאן לֵיהּ לָבָן. עַל כָּל פָּנִים אֵין יִצֶּר הָרָע בָּטֵל מִן הָעוֹלָם.

תָּא שְׁמַע, דְּהָכִי אֲנַן אוֹקִימְנָא בְּמַתְנִיתָּא. שְׁתֵּי בְּנוֹת לוֹט שֶׁהֵן שְׁתֵּי כֹּחוֹת הַגּוּף הַמְעוֹרְרוֹת לַיִּצֶּר הָרָע, עַכְשָׁיו שֶׁאֵינוֹ מְנוּוָל כָּל כָּךְ וְנִטְבַּל מִלִּכְלוּכוֹ נִקְרָא לָבָן, ואוֹתָן שְׁתֵּי בָּנוֹת אֵינָן בְּטֵלוֹת מַמָּשׁ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית כ״ט:ט״ז) וּלְלָבָן שְׁתֵּי בָנוֹת.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי כָּךְ הוּא, תַּמָּן כְּתִיב בְּכִירָה וּצְּעִירָה וְהָכָא כְּתִיב גְּדוֹלָה וּקְטַנָּה. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, אֲבָל אֵינָן בְּכֹחַ לַעֲשׂוֹת רָע וּלְהִתְעוֹרֵר לַיִצֶּר הָרָע כְּמִתְּחִלָּה. מַשְׁמַע דִּכְתִיב שֵׁם הַגְּדוֹלָה לֵאָה, שֶׁלֵּאָה מִכֹּחָהּ וּמֵרִשְׁעָתָהּ. וְשֵׁם הַקְּטַנָּה רָחֵל, שֶׁאֵין בָּהּ כֹּחַ הַמִּתְעוֹרֵר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה נג) וּכְרָחֵל לִפְנֵי גוֹזְזֶיהָ נֶאֱלָמָה.

אָמַר רַב הוּנָא, זֶה יִצֶּר הָרָע וּשְׁתֵּי בְּנוֹתָיו, מִתְחַלְּפוֹת מִכְּמוֹת שֶׁהָיוּ בָּרִאשׁוֹנָה. בַּתְּחִלָּה לוֹט, מְקוּלָּל מְנוּוָל. עַכְשָׁיו לָבָן, מְלוּבָּן, שֶׁאֵינוֹ מְקוּלָּל וּמְנוּוָל בְּנִיווּלוֹ כְּבָרִאשׁוֹנָה. בַּתְּחִלָּה שְׁתֵּי בְּנוֹתָיו חֲזָקוֹת כָּל אַחַת ואַחַת בְּכֹחָהּ, וְעַכְשָׁיו שֵׁם הַגְּדוֹלָה לֵאָה, לֵאָה בְּלֹא כֹּחַ, לֵאָה בְּלֹא חִזּוּק, לֵאָה מִמַּעֲשֶׂיהָ הָרִאשׁוֹנִים. וְשֵׁם הַקְּטַנָּה רָחֵל, כִּדְקָאֲמָרָן, וְלֹא כְּמוֹת שֶׁהָיוּ בָּרִאשׁוֹנָה.

אָמַר רִבִּי אַחַא בַּר יַעֲקֹב, תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, וַיְּעְתַּר יִצְּחָק לַה' לְנֹכַח אִשְׁתּוֹ כִּי עֲקָרָה הִיא. אָמַר רִבִּי אַחָא מִפְּנֵי מָה הִיא עֲקָרָה, מִפְּנֵי שֶׁיֵּצֶּר הָרָע אֵינוֹ נִמְצָּא בְּכֹחוֹ בָּעוֹלָם, וְעַל כָּךְ אֵין נִמְצָּא פְּרִיָּה וּרְבִיָּה זוּלָתִי בַּתְּפִלָּה, מַה כְּתִיב, וַיֵּעָתֶר לוֹ ה' וַתַּהַר רִבְקָה אִשְׁתּוֹ. כֵּיוָן שֶׁמִּתְעוֹרֵר יִצֶּר הָרָע, נִמְצָּא פְּרִיָּה וּרְבִיָּה.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, אִם כֵּן מַה הֶפְרֵשׁ בֵּין הָעוֹלָם הַזְה לְאוֹתוֹ הַזְּמַן, וְעוֹד דְּהָא קְרָא קָאֲמַר דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד. אָמַר רִבִּי אַחָא, כָּךְ הוּא, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְעַר לֵיהּ לְהַהוּא עִנְיָינָא דְּצָּרִיךְ לְזַוְּוגָא, וְלָא לְכָל שַׁעְתָּא דִּיהֵא תָּדִיר עִם בַּר נָשׁ כְּמוֹ כְּעָן, דְּאִיהוּ אִשְׁתַּכַּח תָּדִיר וְחָטָאן בֵּיהּ בְּנֵי נָשָׁא, אֶלָּא לְהַהוּא זִוּוּגָא בִּלְחוֹדוֹי, הַהִיא, וְאִתְעֲרוּתָא אִתְעֲרוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לֶיהֱוִי, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל ל״ו:כ״ו) וַהֲסִירוֹתִי אֶת לֵב הָאֶבֶן מִבְּשַׂרְכֶם וְנָתַתִּי לָכֶם לֵב בָּשָׂר. מַהוּ לֵב בָּשָׂר. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, לֵב לְהוֹצִּיא בָּשָׂר וְלֹא לְדָבָר אַחֵר.

רִבִּי יִצְּחָק בְּרִבִּי יוֹסֵי הֲוָה אָתֵי מִקַּפּוֹטְקִיָּא לְלוֹד, פָּגַע בֵּיהּ רִבִּי יְהוּדָה. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יִצְּחָק, תֹּאמַר דַּחֲבֵירָנָא חַכִּימֵי מַתְנִיתָּא אִתְעָרוּ לְהַאי עִנְיָינָא, דְּיִצֶּר הָרָע יִתְנְשֵׁי מִן עַלְמָא בַּר הַהִיא שַׁעְתָּא לְזִיווּגָא. אָמַר לֵיהּ, חַיְּיךָ הָכִי אִצְּטְרִיךְ יִצֶּר הָרָע לָעוֹלָם כְּמִטְרָא לָעוֹלָם, דְּאִלְמָלֵא יִצֶּר הָרָע, חֶדְוָותָא דִשְׁמַעְתָּא לָא לֶיהֱוִי, אֲבָל לָא מְנַוְולָה כְּקַדְמִיתָא לְמֶחֱטֵי בֵּיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו י״א:ט׳) לֹא יָרֵעוּ וְלֹא יַשְׁחִיתוּ בְּכָל הַר קָדְשִׁי וְגו'.

אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, הוּא לִבָּא דִּמְדוֹרֵיהּ דְּיִצֶּר הָרָע בֵּיהּ. רִבִּי אֱלִיעֶזֶר אוֹמֵר, לִבָּא טָבָא, בִּנְיָינָא דְגוּפָא וְנִשְׁמְתָא, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב (דברים ז׳:ו׳) וְאָהַבְתָּ אֵת ה' אֱלהֶיךָ בְּכָל לְבָבְךָ דְּהוּא עִקָּרָא דְּכֹלָּא.

כַּד אֲתָא רַב כַּהֲנָא אָמַר, הָכִי אָמְרִין מִשְּׁמֵיהוֹן דְּמָארֵי מַתְנִיתָּא, תְּרֵי בִּנְיָינִין דְּגוּפָא אִינוּן, כַּבְדָא וְלִבָּא. דְּאָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, כַּבְדָא וְלִבָּא אִינוּן מְנַהֲגֵי גוּפָא בְּכָל סִטְרֵי אֵבָרוֹי, מְנַהֲגָא דְרֵישָׁא מוֹחָא. אֲבָל דְּגוּפָא אִינוּן תְּרֵין וְקַדְמָאָה הוּא כַּבְדָא, תִּנְיָינָא לִבָּא. וְהַיְינוּ דִּכְתִיב בְּפָרְשָׁתָא, (בראשית כח) וַיִּתְרוֹצֲּצּוּ הַבָּנִים בְּקִרְבָּהּ, אִלֵּין תְּרֵין בִּנְיָינֵי דְגוּפָא.

מַאי טַעְמָא וַיִּתְרוֹצֲּצּוּ. מִשּׁוּם דְּלִבָּא (אתערו) אִתְנְשֵׁי מִנֵּיהּ יִצֶּר הָרָע. וַיִּתְרוֹצֲּצּוּ, (שאלו) וַיִּשְׁלָיוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא אָמַר רַב הוּנָא, וַיִּתְרוֹצֲּצּוּ וַיִּשְּׁבְרוּ, כְּלוֹמַר נִשְׁבַּר כֹּחָם וְחֵילָם. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הַגּוּף מַהוּ אוֹמֵר, אִם כֵּן לָמָּה זֶה אָנֹכִי וְלָמָּה נִבְרֵאתִּי. מִיָּד (בראשית כח) וַתֵּלֶךְ לִדְרשׁ אֶת ה'.

(בראשית כח) וַיֹּאמֶר ה' לָהּ שְׁנִי גוֹיִם בְּבִטְנֵךְ וּשְׁנֵי לְאֻמִּים וְגו'. אֵלּוּ הַשְּׁנֵי גֵאִים הַכָּבֵד וְהַלֵּב. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, הַמּוֹחַ וְהַלֵּב. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, הַמּוֹחַ אֵין בִּכְלַל זֶה, מַשְׁמַע דִּכְתִיב בְּבִטְנֵךְ, וְהַמּוֹחַ אֵין בַּבֶּטֶן אֶלָּא בָּרֹאשׁ. וּשְׁנֵי לְאוּמִּים מִמֵּעַיִךְ וְגו', וְרַב יַעֲבוֹד צָּעִיר זֶהוּ הַכָּבֵד שֶׁהוּא רַב וְגָדוֹל, וְהוּא מְשַׁמֵּשׁ לִפְנֵי הַלֵּב. דְּאָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הַכָּבֵד קוֹלֵט הַדָּם וּמְשַׁמֵּשׁ בּוֹ לִפְנֵי הַלֵּב.

(בראשית כ״ה:כ״ה) וַיֵּצֵּא הָרִאשׁוֹן אַדְמוֹנִי. אָמַר רַב כַּהֲנָא, הַכָּבֵד הוּא הָרִאשׁוֹן וְהוּא אַדְמוֹנִי. לָמָּה הוּא אַדְמוֹנִי, עַל שֶׁבּוֹלֵעַ אֶת הַדָּם תְּחִלָּה. רִבִּי אֱלִיעֶזְר אוֹמֵר, לָמָּה נִקְרָא שְׁמוֹ רִאשׁוֹן, עַל שֶׁהוּא רִאשׁוֹן לִבְלוֹעַ הַדָּם מִכָּל הַמַּאֲכָל, והוּא רִאשׁוֹן לַדָּם אֲבָל לֹא לַיְצִּירָה. וּבְמַאן נוֹקִים וְרַב יַעֲבוֹד צָּעִיר, עַל שֶׁהוּא רַב וְגָדוֹל בְּשִׁעוּרוֹ מִן הַלֵּב והוּא עוֹבֵד לַלֵּב.

אָמַר רִבִּי אַבָּא, לָמָּה אֲתָא פָּרְשָׁתָא דָא, אֶלָּא לְאַחֲזָאָה לִבְנֵי עַלְמָא דְּאַף עַל גַּב דְּהַהִיא שְׁלֵימוּתָא לֶיהֱוִי בְּאַרְעָא, אָרְחֵיהּ וְטִבְעֵיהּ דְּעַלְמָא לָא אִשְׁתַּנֵּי. רִבִּי יִיסָא אָמַר בֹּא וּרְאֵה הַכָּבֵד הוּא הַצָּד צַּיִד וְהוּא צַּיִד בְּפִיו, והַלֵּב הוּא הַחוֹשֵׁב והוּא (בראשית כ״ה:כ״ח) יוֹשֵׁב אֹהָלִים הֲדָא הוּא דִכְתִיב (בראשית כח) וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד. חוֹשֵׁב מַחֲשָׁבוֹת, נוֹשֵׂא וְנוֹתֵן בַּתּוֹרָה.

וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד. רִבִּי בָּא בְּשֵׁם רִבִּי אַחָא אָמַר, לְעוֹלָם טִבְעוֹ שֶׁל עוֹלָם אֵינוֹ מִשְׁתַּנֶּה, בֹּא וּרְאֵה, מַה כְּתִיב, וַיָּזֶד יַעֲקֹב נָזִיד, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר אֲשֶׁר זָדוּ עֲלֵיהֶם וְתַרְגוּמוֹ דְּחֲשִׁיבוּ. כְּלוֹמַר הַלֵּב חוֹשֶׁב וּמְהַרְהֵר בַּתּוֹרָה בִּיְדִיעַת בּוֹרְאוּ. מָה כְּתִיב, וַיָּבֹא עֵשָׂו מִן הַשָּׂדֶה. וְהוּא עֲיֵּיף. הַכָּבֵד שְׁדֶּרֶךְ טִבְעוּ לַצֵּאת וְלָצּוּד צַּיִד בְּפִיו לִבְלוֹעַ וְאֵינוֹ מוֹצֵּא, נִקְרָא עֲיֵּיף. וְהוּא אוֹמֶר לַלֵב, עַד שְׁאַתָּה מְהַרְהֵר בִּדְּבָרִים אֵלּוּ בְּדִּבְרֵי תּוֹרָה, הַרְהֵר בַּאֲכִילָה וּבִשְׁתִיָה לְקַיֵּים גוּפְךָ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, וַיֹּאמֶר עֵשָׂו אֵל יַעֲקֹב הֲלְעִיטְנִי נָא מִן הָאָדוֹם הָאָדוֹם הַזְּה, כִּי כֵן דַּרְכִּי לִבְלוֹעַ הַדָּם וּלְשָׁגֵּר לִשְׁאָר הַאֵבָרִים. כִּי עֲיִּיף אָנֹכִי, בְּלָא אֲכִילָה וּשְׁתִיָּה.

וְהַלֵּב אוֹמֶר, תֶּן לִי הָרִאשׁוֹן וְהַמוּבְחַר מִכֹּל מָה שְׁתִבְלָע, תֶּן לִי בְּכוֹרָתְךָ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית כ״ה:ל״א) מִכְרָה כַיּוֹם אֶת בְּכוֹרָתְךָ לִי, קוֹנְמִיתָא דְּתָאִיבָא. עַד שֶׁהַלֵּב מְהַרְהֵר וְחוֹשֵׁב בַּמַּאֲכָל, בּוֹלֵעַ הַכָּבֵד. דְּאִלְמָלֵי הַהוּא כִּסּוּפָא והִרְהוּרָא דְּלִבָּא בַּמַּאֲכָל, לא יוּכְלוּ הַכָּבֵד וְהָאֵבָרִים לִבְלוֹעַ דְּאָמַר רִבִּי יוֹסֵי, כֵּן דֶּרֶךְ הָעֲבָדִים, שֶׁאֵינָם אוֹכְלִים עַד שֶׁהָאָדוֹן אוֹכֵל. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, כְּתִיב לְאַחַר כֵּן, (בראשית כ״ה:ל״ג-ל״ד) וְיַעֲקֹב נָתַן לְעֵשָׂו לֶחֶם וּנְזִיד עֲדָשִׁים. מַהוּ עֲדָשִׁים, סְגַלְגַּלִּין כְּגֻלְגַּלְתָּא, וְגַלְגַּלָּא סָבִיב בְּעַלְמָא. כְּלוֹמַר, דְּלָא אִתְנְשֵׁי מֵאָרְחֵיהּ. כָּךְ הוּא בַּר נָשׁ, בְּהַהוּא זִמְנָא אַף עַל גַּב דְּכָל הַהוּא טִיבוּ וִיקָר וּשְׁלֵימוּתָא לֶיהֱוִי, אָרְחֵיהּ דְּעַלְמָא לְמֵיכַל וּלְמִשְׁתֵי לָא יִתְנְשֵׁי.

מַתְנִיתִין, תְּנַן אַרְבַּע רוּחוֹת הָעוֹלָם מְנַשְּׁבָן, וְעָתִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְהִתְעוֹרֵר רוּחַ אֶחָד לְקַיִּים הַגּוּף, שֶׁיְהֵא כְּלוּל מִד' רוּחוֹת. הֲדָא הוּא דִכְתִיב (יחזקאל לז) מֵאַרְבַּע רוּחוֹת בֹּאִי הָרוּחַ. בְּאַרְבַּע לָא כְּתִיב אֶלָּא מֵאַרְבַּע רוּחוֹת הָעוֹלָם, שֶׁיְהֵא כָּלוּל מֵאַרְבַּעְתָּם. וְתָאנָא, אוֹתוֹ הָרוּחַ הוּא רוּחַ הַמּוֹלִיד, הוּא הָרוּחַ הָאוֹכֵל וְשׁוֹתֶה. וְאֵין בֵּין הָעוֹלָם הַזְּה לִימוֹת הַמָּשִׁיחַ, אֶלָּא שִׁעְבּוּד מַלְכֻיּוֹת בִּלְבָד. וְאֵין בֵּין עוֹלָם הַזֶּה, לִתְחִיַּית הַמֵּתִים אֶלָּא נְקִיּוּת והַשָּׂגַת יְדִיעָה. רַב נַחְמָן אָמַר וְאֲרִיכוּת יָמִים.

אָמַר רַב יוֹסֵף וכִי יְמוֹת הַמָּשִׁיחַ וּתְחִיַּית הַמֵּתִים לַאו חַד הוּא. אָמַר לֵיהּ, לא. דִּתְנַן, בֵּית הַמִּקְדָּשׁ קוֹדֶם לְקִבּוּץ גָּלֻיּוֹת, קִבּוּץ גָּלֻיּוֹת, קוֹדֶם לִתְחִיַּית הַמֵּתִים, וּתְחִיַּית הַמֵּתִים הוּא אַחֲרוֹן שֶׁבְּכֻלָּם. מְּנָא לָן, דִּכְתִיב (תהילים קמ״ז:ב׳-ג׳) בּוֹנֵה יְרוּשָׁלַםִ ה' נִדְחֵי יִשְׂרָאֵל יְכַנֵּס הָרוֹפֵא לִשְׁבוּרֵי לֵב וּמְחַבֵּשׁ לְעַצְּבוֹתָם. זוֹ הִיא תְּחִיַּית הַמֵּתִים, שֶׁהִיא הָרְפוּאָה לִשְׁבוּרֵי לֵב עַל מֵתֵיהֶם. בּוֹנֵה יְרוּשָׁלַםִ תְּחִלָּה, וְאַחֲרָיו נִדְחֵי יִשְׂרָאֵל יְכַנֵּס, וְהָרוֹפֵא לִשְׁבוּרֵי לֵב אַחֲרוֹן עַל הַכֹּל.

תְּנַן, מ' שָׁנָה קוֹדֶם הַקִּבּוּץ גָּלֻיּוֹת לִתְחִיַּית הַמֵּתִים, כִּדְאַמְרִינָן וַיְהִי יִצְּחָק בֶּן אַרְבָּעִים שָׁנָה. הַאי מ' שָׁנָה, מַאי עֲבִידְתַּיְיהוּ. אָמַר רַב כַּהֲנָא אָמַר רִבִּי בְּרוֹקָא, מִקִּבּוּץ גָּלֻיּוֹת עַד תְּחִיַּית הַמֵּתִים, כַּמָּה צָּרוֹת, כַּמָּה מִלְחָמוֹת יִתְעוֹרְרוּ עַל יִשְׂרָאֵל, וְאַשְׁרֵי הַנִּמְלַט מֵהֶם, דִּכְתִיב, (דניאל יב) בָּעֵת הַהִיא יִמָּלֵט עַמְּךָ כָּל הַנִּמְצָּא כָּתוּב בַּסֵּפֶר. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר מֵהָכָא, (דניאל יב) יִתְבָּרְרוּ וְיִתְלַבְּנוּ וְיִצָּרְפוּ רַבִּים. רִבִּי יִצְּחָק אָמַר מֵהָכָא, (זכריה יג) וּצְּרַפְתִּים כִּצְּרוֹף אֶת הַכֶּסֶף וּבְחַנְתִּים כִּבְחוֹן אֶת הַזָּהָב. וּבְאוֹתָם הַיָּמִים, יִהְיוּ יָמִים אֲשֶׁר יֹאמְרוּ (קהלת יב) אֵין לִי בָּהֶם חֵפֶץ, וּמִשָּׁעָה שֶׁיַּעַבְרוּ הַצָּרוֹת עַד תְּחִיַּית הַמֵּתִים מ' שָׁנָה.

רַב הוּנָא אָמַר, תָּא חֲזֵי (יהושע ה) כִּי אַרְבָּעִים שָׁנָה הָלְכוּ בְּנֵי יִשְׂרָאֵל בַּמִּדְבָּר וְגו' אֲשֶׁר לֹא שָׁמְעוּ בְּקוֹל ה', כְּהַאי גַוונָא (גופא) הָכָא. אָמַר רִבִּי יוֹסֵף, כָּל אִלֵּין חַד מִלָּה אָמְרוּ, וּלְסוֹף מ' שָׁנָה שֶׁהַצָּרוֹת יַעַבְרוּ וְהָרְשָׁעִים יִכְלוּ, יִחְיוּ הַמֵּתִים שׁוֹכְנִי עָפָר. מַאי טַעֲמָא, מִשּׁוּם דִּכְתִיב, (נחום א) לֹא תָקוּם פַּעֲמַיִם צָּרָה, ודַי לָהֶם בַּמֶּה שֶׁעָבְרוּ. וּמִזְּמַן תְּחִיַּית הַמֵּתִים, יִתְיישֵׁב עַלְמָא בְּיִשּׁוּבוֹ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (זכריה יד) בַּיּוֹם הַהוּא יִהְיֶה ה' אֶחָד וּשְׁמוֹ אֶחָד.

רַבִּי אֶלְעָזָר בֶּן עֲרָךְ, הֲוָה יָתִיב, והֲוה קָא מִצְּטָעֵר בְּנַפְשׁוֹי טָפֵי עֲאל לְקָמֵיה רָבִּי יְהוֹשֻׁעַ. אָמַר לֵיהּ חֵיזוּ נְהִירוּו בּוּצִּינָא דְעֲלְמָא לָמָה חֲשׁוֹכָן. אָמַר לֵיהּ, חֵיזוּ וּדְּחִילוּ סָגִי עֲאל בֵּי, דְּהָא אֲנָא חַמֵי מָה דְאִתְעַרוּ חַבְרָנָא מָארֵי מַתְנִיתָּא, דְּשָׁארַת עֲלָיְיהוּ רוּחַ קַדִּישִׁין. וְהַהוּא דְאִתְעֲרוּ, דְּבְשְׁתִיתָאֵי יְהֵא פּוּרְקָנָא, שָׁפִּיר. אֲבָל אֲנָא חַמֵי אוֹרְכָּא יְתֵירָא עַל אִינוּן דָּיְירָא עַפְרָא, דִּבְאֶלֶף שְׁתִיתָאֵי לִזְמַן (שמות י' ע''א) אַרְבַּע מֵאוֹת וּתְמַנְיָא שְׁנִין מִנֵּיהּ, יִהְיוּ קָיְימִין כָּל דָּיְירֵי עַפְרָא בְּקִיּוּמֵיהוֹן. וּבְגִינֵי כָּךְ אִתְעָרוּ חֲבֵירָנָא, עַל פְּסוּקָא דְּקָרָא לוֹן בְּנֵי חֵת, חֵ''ת, דְּיִתְעָרוּן לְח''ת שָׁנָה, וְהַיְינוּ דִכְתִיב, (ויקרא כה) בִּשְׁנַת הַיּוֹבֵל הַזֹּאת תָּשׁוּבוּ אִישׁ אֶל אֲחוּזָתוֹ. כְּשֶׁיִּשְׁתַּלֵּם הַזֹּא''ת, שֶׁהוּא חֲמֵשֶׁת אֲלָפִים ואַרְבַּע מֵאוֹת וּתְמַנְיָא, תָּשׁוּבוּ אִישׁ אֶל אֲחוּזָתוֹ, אֶל נִשְׁמָתוֹ, שֶׁהִיא אֲחוּזָתוֹ ונַחֲלָתוֹ.

(עוד) אָמַר רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ לא תִּקְשֵׁי לָךְ הַאי, דְּהָא תָּנִינָן ג' כִּתּוֹת הֵן, שֶׁל צַּדִּיקִים גְּמוּרִים ושֶׁל רְשָׁעִים גְּמוּרִים וְשֶׁל בֵּינוֹנִים. צַּדִּיקִים גְּמוּרִים יְקוּמוּן בְּקִימָה שֶׁל מֵתֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל, מֵהַיּוֹם כַּמָּה שָׁנִים, שֶׁהֵם קוֹדְמִים בַּתְּחִלָּה, בִּשְׁנַת הָאַרְבָּעִים שֶׁל קִבּוּץ גָּלֻיּוֹת. וְהָאַחֲרוֹנִים כֻּלָּם, לִזְמַן אַרְבַּע מֵאוֹת וּשְׁמֹנֶה שָׁנָה לְאֶלֶף הַשִּׁשִּׁי, כִּדְקָאֲמָרָן. מַאן יִזְכֶּה לְהַאי אָרְכָּא, מַאן יִתְקַיִּים בְּקִיּוּם דָּתֵיהּ בֵּין הַאי זִמְנָא, וְעַל דָּא אִצְּטַעֵירְנָא בְּנַפְשָׁאי.

אָמַר לֵיהּ, רִבִּי, הָא תָּנִינָן, (בראשית א) יְהִי אוֹר, יְהִי רָ''ז. חָזַר ואָמַר, בִּתְשׁוּבָה יִתְקַדַּם כֹּלָּא. אָמַר רִבִּי יְהוֹשֻׁעַ, אִי לָאו דְּאֲמַרְתְּ הָכִי, אַחְסִימְנָא פּוּמִין לְמִצְּפֵּי פּוּרְקָנָא כָּל יוֹמָא, דִּכְתִיב, (ישעיה לג) חֹסֶן יְשׁוּעוֹת. מַהוּ יְשׁוּעוֹת, אֵלּוּ הַמְצַּפִּים יְשׁוּעוֹת בְּכָל יוֹם.

מָה הוּא דַעְתּוֹי דְּרִבִּי אֶלְעָזָר. הַיְינוּ דִכְתִיב, (דניאל יב) וְרַבִּים מִישֵׁנִי אַדְמַת עָפָר יָקִיצּוּ. מַשְׁמַע דִּכְתִיב מִישֵׁנֵי אֵלּוּ הֵם הַצַּדִּיקִים הַנִּקְדָּמִים בְּחַיִּיהֶם קוֹדֶם זֶה. וְכַמָּה שָׁנִים הֵם נִקְדָּמִים, רִבִּי יְהוּדָה אוֹמֵר מָאתַיִם וְעֶשֶׂר שָׁנִים. רִבִּי יִצְּחָק אוֹמֵר, רד''י שָׁנָה, דִּכְתִיב, (במדבר כד) וְיִרְ''ד מִיַּעֲקֹב וְגו'. יר''ד שָׁנָה נִקְדָּמִים הַצַּדִּיקִים לִשְּׁאָר כָּל אָדָם. רַב נַחְמָן אָמַר, לְפִי הַשִּׁיעוּר שֶׁנִּבְלָה בֶּעָפָר. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, אִם כֵּן הַרְבֵּה תְּחִיּוֹת הֲווּ, אֶלָּא כָּל הַתְּחִיּוֹת יִהְיוּ בְּאוֹתוֹ הַזְּמַן, והַאי דְּאִתְּמָר בְּחָזוֹן (דניאל י) וְאֱמֶת הַדָּבָר וְצָּבָא גָדוֹל. (בראשית כו) וַיְהִי רָעָב בָּאָרֶץ מִלְּבַד הָרָעָב הָרִאשׁוֹן אֲשֶׁר הָיָה בִּימֵי אַבְרָהָם. רִבִּי אַבָּהוּ פָּתַח וְאָמַר, (שיר השירים א) עַד שֶׁהַמֶּלֶךְ בִּמְסִבּוֹ נִרְדִּי נָתַן רֵיחוֹ. דְּתָנִינָן, אַרְבַּע תְּקוּפוֹת וְאַרְבַּע זְמַנִּים מְשׁוּנִים זוֹ מִזּוֹ יַעַבְרוּ הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא. הָאֶחָד, אוֹתוֹ זְמַן יִשְׂגֶּא הַחָכְמָה בָּעוֹלָם וְיַשִּׂיגוּ הַשָּׂגָה מַה שֶּׁלֹּא הִשִּׂיגוּ בָּזְה הָעוֹלָם. דְּתָנִינָן, אָמַר רִבִּי פִּנְחָס, הַשָּׂגַת הַצַּדִּיקִים לֶעָתִיד לָבֹא, יוֹתֵר מִמַּלְאֲכֵי הַשָּׁרֵת דִּכְתִיב, (ישעיה יא) כַּמַּיִם לַיָּם מְכַסִּים. הַשֵּׁנִי תִּתְעַסְּקוּן (חסר) (עד כאן מדרש הנעלם)

(בראשית כו) וַיִּשְׁאֲלוּ אַנְשֵׁי הַמָּקוֹם לְאִשְׁתּוֹ וַיֹּאמֶר אֲחוֹתִי הִיא, כְּמָה דְּאָמַר אַבְרָהָם בְּגִין דִּשְׁכִינְתָּא הֲוָה עִמֵּיהּ וְעִם אִתְּתֵיהּ, וּבְגִין שְׁכִינְתָּא קָאֲמַר, דִּכְתִיב, (משלי ז) אֱמוֹר לַחָכְמָה אֲחוֹתִי אָתְּ. וְעַל דָּא אִתְתַּקַּף וְאָמַר אֲחוֹתִי הִיא. תוּ, אַבְרָהָם וְיִצְחָק, הָכִי אִתְחֲזֵי, דְּוַדַּאי בְּגִין קְרָא דִּכְתִיב (שיר השירים ה) אֲחוֹתִי רַעֲיָתִי יוֹנָתִי תַמָּתִי, וּבְגִין כָּךְ וַדַּאי אִתְחֲזֵי לוֹן לוֹמַר, אֲחוֹתִי הִיא, וְעַל דָּא אִתְתַּקָּפוּ צַדִּיקַיָיא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. (בראשית כו) וַיְהִי כִּי אָרְכוּ לוֹ שָׁם הַיָּמִים וְגו'. אֶת רִבְקָה אִשְׁתּוֹ דַּיְיקָא, (ודא שכינתא, כמה דעבודה זרה כתיב בה (שמות לב) ויקומו לצחק הכי נמי מצחק את) דָּא שְׁכִינְתָּא דְּהֲוַת עִמָּהּ דְּרִבְקָה. דָבָר אַחֵר, וְכִי סַלְּקָא דַּעְתָּךְ דְּיִצְחָק הֲוָה מְשַׁמֵּשׁ עַרְסֵיהּ בִּימָמָא, דְּהָא תָּנִינָן יִשְׂרָאֵל קַדִּישִׁין אִינוּן וְלָא מְשַׁמְשֵׁי עַרְסַיְיהוּ בִּימָמָא, וְיִצְחָק דְּהֲוָה קַדִּישׁ, הֲוָה מְשַׁמֵּשׁ עַרְסֵיהּ בִּימָמָא.

אֶלָּא, וַדַּאי אֲבִימֶלֶךְ חַכִּים הֲוָה, וְאִיהוּ אִסְתַּכַּל בְּאִצְטַגְנִינוּתָא דִילֵיהּ, דְּאִיהוּ חַלּוֹן. כְּתִיב הָכָא (בראשית כו) בְּעַד הַחַלּוֹן, וּכְתִיב הָתָם (שופטים ה) בְּעַד הַחַלּוֹן נִשְׁקָפָה וַתְּיַבֵּב אֵם סִיסְרָא, מַה לְּהַלָּן בְּאִצְטַגְנִינוּתָא, אוּף הָכִי נָמֵי בְּאִצְטַגְנִינוּתָא, וְחָמָא דְּלָא הֲוָה כְּמָה דְהֲוָה אָמַר יִצְחָק. אֶלָּא וַדַּאי אִיהוּ מְצַחֵק עִמָּהּ, וְאִיהִי אִתְּתֵיהּ. וּכְדֵין (בראשית כו) וַיִּקְרָא אֲבִימֶלֶךְ לְיִצְחָק וַיֹּאמֶר וְגו'. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, יָאוֹת הֲוָה אֲבִימֶלֶךְ לְמֶעְבַּד לְיִצְחָק כְּמָה דְעֲבַד לְאַבְרָהָם, בַּר דְּהָא אוֹכַח לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּקַדְמִיתָא.

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב כִּי אָמַרְתִּי רַק אֵין יִרְאַת אֱלהִים בַּמָּקוֹם הַזֶּה, אָמַר רִבִּי אַבָּא, בְּגִין כָּךְ אָמַר אֲחוֹתִי הִיא, בְּגִין לְאִתְדַּבָּקָא בִּשְׁכִינְתָּא, דִּכְתִיב, (משלי ז׳:ד׳) אֱמוֹר לַחָכְמָה אֲחוֹתִי אָתְּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּבְּהוּ לָא הֲוָה מְהֵימְנוּתָא, דְּאִי מְהֵימְנוּתָא אִשְׁתַּכַּח בֵּינַיְיהוּ, לָא הֲוָה אִצְטְרִיךְ. אֲבָל מִגּוֹ דְּלָא הֲוָה בֵּינַיְיהוּ מְהֵימְנוּתָא, אָמַר הָכִי. וּבְגִין כָּךְ אָמַר (בראשית כ׳:י״א) כִּי אָמַרְתִּי רַק אֵין יִרְאַת אֱלהִים
(Ⅰ)
[141b]  
[...] L’Écriture ajoute encore : « ... Et comme une fontaine dont les eaux ne sèchent jamais. » C’est une allusion au fleuve qui sort du Jardin de l’Éden dont les eaux ne cessent jamais de couler.
Remarquez qu’une fontaine dont les eaux coulent toujours est l’image du mystère suprême de la Foi. Un puits qui possède une source et qui se remplit de cette source est l’image des deux degrés mâle et femelle unis ensemble.
Remarquez en outre que cette source et ce puits ne forment qu’un tout appelé « puits » (beer), parce qu’il est à la fois la source qui ne tarit jamais et le puits qui se remplit. Quiconque contemple le puits, contemple le mystère suprême de la Foi. En creusant des puits, les patriarches ont voulu donner au monde l’emblème de la Foi. Et on ne doit pas séparer la source du puits, qui ne forment qu’un tout. L’Écriture (Gen., XXVI, 22) ajoute : «Il lui donna le nom de Largeur (rehoboth). » Par ce nom de « rehoboth », il présagea à ses enfants qu’ils finiraient un jour par servir ce puits de manière convenable par le mystère des sacrifices et des holocaustes. De même, les paroles (Gen., II, 15) : « Et il le laissa dans le Jardin de l’Éden afin qu’il le cultivât et le gardât » signifient que Dieu commanda à Adain d’offrir des sacrifices et des holocaustes. Et grâce à cela les sources se répandront de tous les côtés, ainsi qu’il est écrit (Prov., V, 16) : « Que tes sources coulent au dehors et répandent des eaux dans les rues (barhoboth). » C’est pourquoi il l’appela « rehoboth ». .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., I, 1) : «La Sagesse enseigne au dehors ; elle fait entendre sa voix dans les rues (barhoboth). » Ce verset renferme un mystère suprême. L’Écriture se sert du pluriel « hocmoth » (les Sagesses). L’Écriture désigne la Sagesse suprême et la sagesse inférieure contenue dans la première.
L’Écriture ajoute : « Elle chante dehors. » Remarquez que la Sagesse suprême est la plus cachée et la plus mystérieuse ; l’homme ne la connaît pas et elle n’est pas révélée, ainsi qu’il est écrit (Job, XXVIII, 13) : « Nul homme n’en connaît le prix, etc. » Lorsque cette Sagesse se répand, pour éclairer, c’est par le mystère du monde futur qui a été créé, ainsi que la tradition nous l’enseigne, par la lettre Yod ; et c’est là, que la Sagesse suprême a été cachée ; et toutes les deux (22) s’uniront et se confondront au moment où tout sera fait par le mystère du monde futur, ainsi que nous l’avons dit. A ce moment, il y aura une grande joie dans le monde futur, mais une joie discrète pour qu’on ne l’entende pas au dehors. Voulant se répandre au-delà de ces limites, du feu, de l’eau et de l’air jaillissent de là ; une voix sort au dehors et est entendue. L’endroit où la voix est entendue c’est le « dehors » (houtz) ; car, à «l’intérieur», tout se passe dans le silence. Et l’endroit où le mystère se fait entendre est appelé « dehors ». A partir de là, l’homme doit s’efforcer de se perfectionner et de rechercher la Sagesse. L’Écriture dit : « ... Dans les rues. » Qu’appelle-t-on « rues » ? -- C’est le firmament éclairé par les étoiles, lequel firmament est la source des eaux qui ne tarissent jamais, ainsi qu’il est écrit : « Et un fleuve sort de l’Éden pour arroser le jardin. » Et c’est là que la Sagesse fait entendre sa voix en haut et en bas ; et tout ne forme qu’un. C’est pourquoi Salomon dit (Prov., XXIV, 27) : « Prépare ton travail dehors. » «Dehors» a le même sens que dans le verset : « Elle chante dehors. » Car, à partir de là, l’homme doit s’efforcer de se perfectionner et de rechercher la Sagesse, ainsi qu’il est écrit (Deut., IV, 32) : « ... Demande au premier jour..... d’une extrémité du ciel à l’autre. » Salomon ajoute : « ... Et prépare dans le champ. » Le « champ » a le même sens que dans le verset : « Le champ que Dieu a béni. » Après que l’homme aura connu le mystère de la Sagesse et se sera perfectionné, Salomon ajoute : « ... Et tu bâtiras ta maison », c’est-à-dire : tu obtiendras l’âme de celui qui s’est perfectionné et est devenu un homme parfait. C’est pourquoi, lorsqu’il creusa enfin le puits « sans contestations (23) », Isaac l’appela « rehoboth ». Heureux le sort des justes qui, par leurs actions, font subsister le monde, comme il est écrit (Ps., XXVII, 3) : « ... Car les justes reposent la terre. » Ce sont eux sur qui la terre repose, comme cela a été expliqué.
Il est écrit (Gen., XXVII, 1) : « Lorsqu’Isaac était devenu vieux, ses yeux s’obscurcirent, etc. »
Rabbi Siméon dit : Il est écrit (Gen., I, 5) : « Et Dieu donna à la lumière le nom de jour et aux ténèbres le nom de nuit. » Ce verset a été déjà expliqué. Mais remarquez que, de même que toutes les œuvres du Saint, béni soit-il, sont basées sur la vérité et sur l’équité, de même toutes les paroles contenues dans l’Écriture Sainte cachent le mystère suprême de la Foi. Il résulte du verset précité qu’Isaac n’a pas eu tant de mérite qu’Abraham, attendu que les yeux de ce dernier ne s’étaient pas obscurcis à la fin de ses jours. Mais comment ademettre qu’Isaac avait moins de mérite qu’Abraham ? En vérité, ce fait cache un mystère de la Foi. Les paroles : «Et Dieu donna à la lumière le nom de jour » désignent Abraham dont la lumière se répandait partout, à l’exemple de la lumière [...]
- בַּמָּקוֹם הַזֶה. אֵין יִרְאַת אֱלהִים, דָּא מְהֵימְנוּתָא.

אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, בְּגִין דְּלָא שַׁרְיָא שְׁכִינְתָּא לְבַר מֵאַרְעָא קַדִּישָׁא וְעַל דָּא אֵין יִרְאַת אֱלהִים בַּמָּקוֹם הַזֶּה, דְּלַאו אַתְרֵיהּ הוּא, וְלָא שַׁרְיָא הָכָא. וְיִצְחָק אִתְתַּקַּף בֵּיהּ בִּמְהֵימְנוּתָא, דְּחָמָא דְהָא שְׁכִינְתָּא גוֹ אִתְּתֵיהּ שַׁרְיָא. (בראשית כ׳:ט״ו״ו:י״א) וַיְצַו אֲבִימֶלֶךְ אֶת כָּל הָעָם לֵאמֹר הַנּוֹגֵעַ בָּאִישׁ הַזֶּה וּבְאִשְׁתּוֹ מוֹת יוּמָת. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אוֹרִיךְ לְהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְרַשִּׁיעַיָּיא, בְּגִין הַהוּא טִיבוּ דְּעֲבַד עִם אֲבָהָן קַמָּאי. דְּהָא בְּגִין דָּא לָא שַׁלִּיטוּ בְּהוּ יִשְׂרָאֵל עַד לְבָתַר דָּרִין בַּתְרָאִין. יָאוֹת עֲבַד אֲבִימֶלֶךְ, דְּעֲבַד טִיבוּ עִם יִצְחָק, דְּאָמַר לֵיהּ (בראשית כ) הִנֵּה אַרְצִי לְפָנֶיךָ בַּטּוֹב בְּעֵינֶיךָ שֵׁב.

רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, חֲבַל עֲלַיְיהוּ דְּרַשִּׁיעַיָּיא, דְּטִיבוּתָא דִּלְהוֹן לָאו אִיהוּ שְׁלִים, תָּא חֲזֵי, עֶפְרוֹן בְּקַדְמִיתָא אָמַר, (בראשית כ״ג:י״א) אֲדוֹנִי שְׁמָעֵנִי הַשָּׂדֶה נָתַתִּי לָךְ וְהַמְעָרָה אֲשֶׁר בּוֹ לְךָ נְתַתִּיהָ וְגו'. וּלְבָתַר אָמַר, (בראשית כ״ג:י״א) אֶרֶץ אַרְבַּע מֵאוֹת שֶׁקֶל כֶּסֶף וְגו', וּכְתִיב (בראשית כ״ג:ט״ז) וַיִּשְׁקוֹל אַבְרָהָם לְעֶפְרוֹן וְגו', עוֹבֵר לַסּוֹחֵר. אוּף הָכָא, כְּתִיב בְּקַדְמִיתָא, הִנֵּה אַרְצִי לְפָנֶיךָ וְגו'. וּלְבָתַר אָמַר לוֹ, (בראשית כ״ו:ט״ז) לֵךְ מֵעִמָּנוּ כִּי עָצַמְתָּ מִמֶּנּוּ מְאֹד. אָמַר לֵיהּ רִבִּי אֶלְעָזָר, דָּא הוּא טִיבוּ דְּעֲבַד עִמֵּיהּ, דְּלָא נְסִיב מִדִּילֵיהּ אֲבִימֶלֶךְ כְּלוּם, וְשַׁדְּרֵיהּ בְּכָל מָמוֹנֵיהּ, וּלְבָתַר אֲזַל בַּתְרֵיהּ, לְמִגְזַר עִמֵּיהּ קְיָים.

וְאֲמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, יָאוֹת עֲבַד יִצְחָק, דְּהָא בְּגִין דְּיָדַע רָזָא דְחָכְמְתָא, אִשְׁתַּדַּל וְחָפַר בֵּירָא דְמַיִין, בְּגִין לְאִתְתַּקְפָא בִּמְהֵימְנוּתָא כְּדְקָא יְאוּת. וְכֵן אַבְרָהָם אִשְׁתַּדַּל וְחָפַר בֵּירָא דְמַיָא (וכן יצחק), יַעֲקֹב אַשְׁכַּח לֵיהּ מִתְתַּקַּן, וְיָתִיב עֲלֵיהּ וְכֻלְּהוּ אֲזְלוּ בַּתְרֵיהּ, וְאִשְׁתַּדָּלוּ בְּגִין לְאִתְתַּקְפָא בִּמְהֵימְנוּתָא שְׁלֵימָתָא כְּדְקָא יְאוּת.

וְהַשְׁתָּא יִשְׂרָאֵל אִתְתַּקָּפוּ בֵּיהּ בְּרָזֵי דְּפִקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא, כְּגוֹן דְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא אִתְתַּקַּף בַּר נָשׁ בְּצִיצִית דְּאִיהוּ מִצְוָה, וּבַר נָשׁ אִתְעַטַּף בֵּיהּ. הָכִי נָמֵי בִּתְפִלֵּי דְּמַנַּח אֲרֵישֵׁיהּ וּבִדְרוֹעֵיהּ, דְּאִינוּן רָזָא עִלָּאָה כְּדְקָא חָזֵי. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִשְׁתַּכַּח בֵּיהּ בְּבַר נָשׁ דְּאִתְעַטַּר בֵּיהּ בִּתְפִלּוֹי וְאִתְעַטַּף בַּצִּיצִית, וְכֹלָּא רָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה.

וְעַל דָּא, מַאן דְּלָא אִתְעַטַּף בְּהַאי, וְלָא אִתְעַטַּר לְאִתְתַּקָּפָא בִּתְפִלֵּי בְּכָל יוֹמָא. דָּמֵי לֵיהּ דְּלָא שַׁרְיָא עִמֵּיהּ מְהֵימְנוּתָא, וְאִתְעֲדֵי מִנֵּיהּ דְּחִילוּ דְּמָארֵיהּ, וּצְלוֹתֵיהּ לָאו צְלוֹתָא כְּדְקָא יְאוּת. וּבְגִין כָּךְ אֲבָהָן הֲווּ מִתְתַּקְפֵי גּוֹ מְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה, בְּגִין דְּבֵירָא עִלָּאָה דְרָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא שְׁלֵימָתָא שַׁרְיָא בֵּיהּ. (בראשית כ״ו:כ״ב) וַיַּעְתֵּק מִשָּׁם וַיַּחְפֹּר בְּאֵר אַחֶרֶת וְגו', רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (ישעיהו נ״ח:י״א) וְנָחֲךָ יְיָ תָּמִיד וְהִשְׂבִּיעַ בְּצַחְצָחוֹת נַפְשֶׁךָ וְעַצְמֹתֶיךָ יַחֲלִיץ וְגו'. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר. אֲבָל בְּהַאי קְרָא, בֵּיהּ אִתְתַּקָּפוּ מָארֵי מְהֵימְנוּתָא דְּאַבְטַח לוֹן לְעַלְמָא דְאָתֵי. וְנָחֲךָ יְיָ תָּמִיד בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. וְנָחֲךָ יְיָ, כֵּיוָן דְּאָמַר וְנָחֲךָ יְיָ, אַמַּאי תָּמִיד. אֶלָּא דָּא תָּמִיד דְּבֵין הָעַרְבָּיִם, דְּאִיהוּ אִתְתַּקַּף תְּחוֹת דְּרוֹעֵיהּ דְּיִצְחָק, וְדָא הוּא חוּלָקָא לְעַלְמָא דְאָתֵי, מְנָלָן מִדָּוִד דִּכְתִיב, (תהילים כ״ג:ג׳) יַנְחֵנִי בְּמַעְגְּלֵי צֶדֶק לְמַעַן שְׁמוֹ. (ישעיהו נ״ח:י״א) וְהִשְׂבִּיעַ בְּצַחְצָחוֹת נַפְשֶׁךָ, דָּא אַסְפַּקְלַרְיָא דְּנָהֲרָא, דְּכָל נִשְׁמָתִין אִתְהַנָּן לְאִסְתַּכָּלָא וּלְאִתְעֲנָגָא בְּגַוָוהּ. וְעַצְמֹתֶיךָ יַחֲלִיץ, הַאי קְרָא לָאו רִישֵׁיהּ סוֹפֵיהּ. אִי נִשְׁמָתֵיהּ דְּצַדִּיקָא, (סלקא לעילא, נ''א אתהני בעדונא דא דלעילא) מַאי וְעַצְמֹתֶיךָ יַחֲלִיץ. אֶלָּא הָא אוּקְמוּהָ. דָּא תְּחִיַּית הַמֵּתִים, דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאָחֲיָיא מֵתַיָא וּלְאַתְקָנָא לוֹן לְגַרְמוֹי דְּבַר נָשׁ לְמֶהֱוֵי כְּקַדְמִיתָא בְּגוּפָא שְׁלִים. וְנִשְׁמָתָא אִתּוֹסְפַת נְהוֹרָא גּוֹ אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּנָהֲרָא, לְאִתְנַהֲרָא עִם גּוּפָא לְקָיְימָא שְׁלִים כְּדְקָא חָזֵי.

וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, וְהָיִיתָ כְּגַן רָוֶה. מַאי כְּגַן רָוֶה, דְּלָא פָּסְקוּ מֵימוֹי עִלָּאִין, לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמִין, וְהַאי גִינְתָא אִתְשַׁקֵּי מִנֵּיהּ, וְאִתְרַוֵּי מִנֵּיהּ תָּדִיר.
(Ⅰ)
[142a]  
[...] du jour.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XXIV, 1), dit d’Abraham : « Et Abraham était vieux et chargé de jours », ce qui veut dire qu’il a gardé la lumière jusqu’à la fin de ses jours, ainsi qu’il est écrit (Prov., IV, 18) : « Le sentier des justes est comme une lumière brillante qui s’avance et croît jusqu’au jour parfait. » C’est pourquoi l’Ecriture dit d’Abraham : « Et Dieu donna à la lumière le nom de jour. » Les paroles : « Et il appela les ténèbres du nom de nuit » désignent Isaac qui a eu pour mission de réparer les ténèbres en les attirant vers les lumières. C’est pour cette raison que les yeux d’Isaac s’obscurcirent à la fin de ses jours, afin que les ténèbres, elles aussi fussent réparées en constituant une partie de la vie d’Isaac. Rabbi Éléazar s’approcha de son père et lui baisa les mains : Tes paroles, dit-il à son père, sont parfaites ; Abraham jouissait toujours de la vue, parce que c’était son degré, alors que les yeux d’Isaac s’obscurcirent, parce que c’était son degré. Mais d’après cette explication on se demande pourquoi l’Écriture (Gen., XLVIII, 10) dit de Jacob : « Et les yeux d’Israël étaient devenus faibles à cause de la vieillesse. »
Rabbi Siméon lui répondit : En effet, pour Jacob, l’Écriture ne dit pas que « ses yeux se sont obscurcis », mais, qu’ils « sont devenus faibles ». Les paroles : « ... A cause de la vieillesse » désignent Isaac (24). C’est pourquoi, chez Jacob, L’Écriture ajoute : « Et il ne put voir », ce qui veut dire qu’il ne put distinguer les objets d’une manière parfaite ; mais il n’était pas devenu complètement aveugle, alors qu’Isaac l’était bien ; et c’est pourquoi l’Écriture lui applique les mots : « ... Et il appela les ténèbres du nom de nuit. » Il est écrit (Gen., XXVII, 1) : « Et il appela Esaü, son fils aîné. » L’Écriture fait allusion à la rigueur dont Isaac aussi bien qu’Esaü étaient l’image.
L’Écriture ajoute : « ... Et il lui dit : Vous voyez que je suis fort âgé et que j’ignore le jour de ma mort. »
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., LXXXIV, 6) : « Heureux l’homme qui attend de toi son secours et qui, dans cette vallée de larmes, a résolu en son cœur de monter et de s’élever jusqu’au lieu que le Seigneur a établi. » Heureux le sort de l’homme qui met toute sa confiance dans le Saint, béni soit-il ; un homme pénétré de foi peut faire les mêmes miracles qu’ont fait Ananias, Misaël et Azarias, lesquels ont pu dire (Dan., III, 17) : « ... Car notre Dieu, le Dieu que nous adorons, peut certainement nous retirer des flammes du milieu de la fournaise, et nous délivrer, ô roi, d’entre tes mains. » Remarquez que le langage d’Ananias et de ses collègues ; n’était pas correct, attendu qu’il laissait supposer que si Dieu ne les sauvait pas de la fournaise, le roi aurait pu en déduire que le Dieu qu’ils adoraient n’était pas aussi puissant qu’ils le prétendaient. Ils se sont aperçus de l’incorrection de leur langage et ils ont ajouté : « S’il ne veut pas le faire, nous te déclarons néanmoins, ô roi, que nous n’honorons point tes dieux et que nous n’adorons pas la statue d’or que tu as fait élever. » Ainsi, ils ont affirmé leur foi en Dieu en tous cas, qu’il leur vint en aide ou non. Nous savons par une tradition que c’était Ézéchiel qui leur avait appris que le Saint, béni soit-il, n’exaucerait leur prière tant que celle-ci serait surbordonnée à l’espoir de la voir couronnée de succès. Nous en inférons qu’il ne convient pas à l’homme de dire : Ou bien le Saint, béni soit-il, m’accordera telle et telle choses, ou bien il m’abandonnera et ne m’accordera pas ce que je lui demande. L’homme doit, au contraire, être pénétré de foi et avoir la certitude que Dieu écoute sa prière ; et, soit que sa prière soit exaucée, soit qu’elle ne le soit pas, il doit être convaincu que Dieu l’assiste. Car le secours de Dieu n’est pas toujours celui dont l’homme croit avoir besoin ; aussi l’homme n’a-t-il qu’à s’appliquer au commandement de la loi et à s’efforcer de marcher dans la vérité, en laissant au Saint, béni soit-il, le soin de lui accorder tel secours qu’il jugera le plus nécessaire à son âme.
C’est pourquoi l’Ecriture dit : « Heureux l’homme qui attend de toi son secours. »C’est pourquoi également L’Écriture ajoute : «Mesiloth», qui signifie également «sentier» ; car la vraie foi exclut tout doute et toute appréhension ; l’homme animé d’une foi véritable continue son chemin avec la même certitude d’être secouru par le Saint, béni soit-il, que le voyageur qui suit les traces du sentier est certain que ce sentier le conduira à destination.
D’après une autre interprétation, les paroles : « Heureux l’homme qui attend de toi son secours » ont la signification suivante : le mot «oz» a la même signification que dans le verset (Ps., XXIX, 11) suivant : «Le Seigneur donnera la force (oz) à son peuple. ». Car il convient à l’homme de se consacrer à l’étude de la Loi avec l’intention que cette étude contribue à la gloire du Saint, béni soit-il ; mais celui qui se consacre à l’étude de la Loi dans un tout autre but que celui de la gloire de Dieu, commet un sacrilège ; et il aurait mieux valu pour lui ne pas naître. L’Écriture se sert du mot « mesiloth » en raison des paroles suivantes (Ps., LXVIII, 5) : « Préparez le chemin à Celui qui est monté sur le couchant ; le Seigneur est son nom. »(25) Remarquez que toutes les œuvres de Jacob n’avaient d’autre but que la gloire du Saint, béni soit-il. C’est pourquoi la Schekhina ne l’a jamais quitté. Car remarquez qu’au moment où Isaac appela Esaü, Jacob n’était pas là. Mais la Schekhina fit part à Rébecca de l’intention d’Isaac de bénir Esaü ; et Rébecca s’empressa de le dire à Jacob.
Rabbi Yossé dit : Remarquez que si Isaac avait béni Esaü en ce moment, Jacob n’aurait jamais pu arriver à la domination. Mais le Saint, béni soit-il, fit en sorte que la bénédiction d’Isaac allât à Jacob et non à Esaü.
Remarquez que Rébecca aimait Jacob ; c’est pourquoi elle lui dit (Gen., XXVII, 6) : « J’ai entendu ton père qui parlait à ton frère Esaü, et lui disait, etc... Suis donc maintenant, mon fils, le conseil que je vais te donner. » Ce jour était la veille de la Pâque ; l’esprit tentateur s’était proposé de faire dominer la lune, image [...]
- וּכְמוֹצָא מַיִם, דָּא הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק מֵעֵדֶן וְלָא פָּסְקִין מֵימוֹי לְעָלְמִין.

תָּא חֲזֵי, בֵּירָא דְמַיִּין נָבְעִין, הַאי אִיהוּ רָזָא עִלָּאָה בְּגוֹ רָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא. בֵּירָא דְּאִית בֵּיהּ מוֹצָא מַיִם, וְאִיהוּ בֵּירָא דְּאִתְמַלְּיָא מֵהַהוּא מוֹצָא מַיִם, וְאִינוּן תְּרֵין דַּרְגִּין דְּאִינוּן חַד, דְּכַר וְנוּקְבָא כְּחֲדָא כְּדְקָא יְאוּת.

וְתָּא חֲזֵי, הַהוּא מוֹצָא מַיִם וְהַהוּא בֵּירָא אִינוּן חַד, וְאִקְרֵי כֹּלָּא בְּאֵר. דְּהָא הַהוּא מְקוֹרָא דְּעֲיִּיל, וְלָא פָּסִיק לְעָלְמִין, וּבֵירָא אִתְמְלֵי. וּמַאן דְּאִסְתַּכַּל בְּבֵירָא דָא, אִסְתַּכַּל בְּרָזָא עִלָּאָה דִמְהֵימְנוּתָא, וְדָא הוּא סִימָנָא דְּאֲבָהָן, דְּמִשְׁתַּדְּלֵי לַחְפּוֹר בֵּירָא דְמַיָא גּוֹ רָזָא עִלָּאָה, וְלֵית לְאַפְרָשָׁא בֵּין מְקוֹרָא וּבֵירָא וְכֹלָּא חַד. (בראשית כ״ו:כ״ב) וַיִּקְרָא שְׁמָהּ רְחוֹבוֹת. רָמִיז דְּזַמִּינִין בְּנוֹי לְמִפְלַח וּלְאַתְקָנָא הַאי בֵּירָא כְּדְקָא חָזֵי, בְּרָזָא דְּקָרְבָּנִין וְעִלַּוָּון. כְּגַוְונָא דָא, (בראשית ב׳:ט״ו) וַיַּנִּיחֵהוּ בְּגַן עֵדֶן לְעָבְדָהּ וּלְשָׁמְרָהּ, אִלֵּין קָרְבָּנִין וְעִלַּוָּון וּבְגִין דָּא, יִתְפַּשְּׁטוּן מַבּוּעוֹי לְכָל סִטְרִין כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ה׳:ט״ז) וְיָפוּצוּ מַעְיְנֹתֶיךָ חוּצָה בָּרְחֹבֹת פַּלְגֵי מַיִם, וּבְגִין כָּךְ וַיִּקְרָא שְׁמָהּ רְחוֹבוֹת.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (משלי א׳:כ׳) חָכְמוֹת בַּחוּץ תָּרוֹנָה בָּרְחוֹבוֹת תִּתֵּן קוֹלָהּ. הַאי קְרָא אִיהוּ רָזָא עִלָּאָה. מַאי חָכְמוֹת, אִלֵּין חָכְמָה עִלָּאָה וְחָכְמְתָא זְעֵירָא דְּאִתְכְּלִילַת בָּהּ בְּעִלָּאָה וְשַׁרְיָא בָהּ.

בַּחוּץ תָּרוֹנָה. תָּא חֲזֵי, חָכְמָה עִלָּאָה אִיהִי סְתִימָא דְּכָל סְתִימִין, וְלָא אִתְיְידָע וְלָאו אִיהִי בְּאִתְגַּלְּיָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב כ״ח:י״ג) לֹא יָדַע אֱנוֹשׁ עֶרְכָּהּ וְגו', כַּד אִתְפַּשְׁטַת לְאִתְנַהֲרָא, אִתְנַהֲרָא בְּרָזָא דְעַלְמָא דְאָתֵי, וְעַלְמָא דְאָתֵי אִתְבְּרֵי מִנֵּיהּ. כְּדִתְנַן עַלְמָא דְּאָתֵי אִתְבְּרֵי בְּיו''ד, וְאִתְכַּסְיָא הַאי חָכְמָה תַּמָּן וְאִינוּן חַד. בְּזִמְנָא דְּאִתְעַתַּד (נ''א דאתעטר נ''א דאתעבד) כֹּלָּא בְּרָזָא דְעַלְמָא דְאָתֵי כִּדְקָאֲמָרָן, כְּדֵין הוּא חֶדְוָה לְאִתְנַהֲרָא, וְכֹלָּא בַּחֲשַׁאי דְּלָא אִשְׁתְּמַע לְבַר לְעָלְמִין.

תוּ בָּעְיָא לְאִתְפַּשְּׁטָא, וְנָפִיק מֵהַאי אֲתַר אֶשָׁא וּמַיָא וְרוּחָא, כְּמָה דְּאִתְּמָר (ע''ד ע''א). וְאִתְעֲבִיד חַד קָלָא דְּנַפְקָא לְבַר וְאִשְׁתְּמַע, כְּמָה דְאִתְּמָר. כְּדֵין מִתַּמָּן וּלְהַלָּן אִיהוּ חוּץ, דְּהָא לְגוֹ בַּחֲשַׁאי אִיהוּ דְּלָא אִשְׁתְּמַע לְעָלְמִין, הַשְׁתָּא דְאִשְׁתְּמַע רָזָא, אִקְרֵי חוּץ, מִכָּאן בָּעֵי בַּר נָשׁ לְאַתְקָנָא בַּעֲבִידְתֵּיהּ (פקודי רכ''ו ע''א) וּלְשָׁאֳלָא.

בָּרְחוֹבוֹת, מַאן רְחוֹבוֹת, דָּא הַהוּא רְקִיעָא דְּבֵיהּ כָּל כֹּכָבַיָא דְּנָהֲרִין, וְאִיהוּ מַבּוּעָא דְּמֵימוֹי לָא פָסְקִין. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ב׳:י׳) וְנָהָר יוֹצֵא מֵעֵדֶן לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן, וְאִיהוּ רְחוֹבוֹת. וְתַמָּן תִּתֵּן קוֹלָהּ, עִלָּאָה וְתַתָּאָה וְכֹלָּא חַד.

וּבְגִין דָּא אָמַר שְׁלמֹה, (משלי כ״ד:כ״ז) הָכֵן בַּחוּץ מְלַאכְתֶּךָ וְעַתְּדָהּ בַּשָּׂדֶה לָךְ וְגו'. הָכֵן בַּחוּץ, כְּמָה דְאִתְּמָר. דִּכְתִיב בַּחוּץ תָּרוֹנָה, דְּהָא מִכָּאן קָיְימָא עֲבִידָא לְאִתְתַּקָּנָא וּמִלָּה לְשָׁאֲלָה, דִּכְתִיב, (דברים ד׳:ל״ב) כִּי שְׁאַל נָא לְיָמִים רִאשׁוֹנִים וְגו', וּלְמִקְצֵה הַשָּׁמַיִם וְעַד קְצֵה הַשָּׁמָיִם.

וְעַתְּדָהּ בַּשָּׂדֶה לָךְ, דָּא (בראשית כ״ז:כ״ז) שָׂדֶה אֲשֶׁר בֵּרַכוֹ יְיָ. וּבָתַר דְּיִנְדַע בַּר נָשׁ רָזָא דְחָכְמְתָא וְיַתְקִין גַּרְמֵיהּ בָהּ, מַה כְּתִיב אַחַר, וּבָנִיתָ בֵיתֶךָ. דָּא נִשְׁמָתָא דְּבַר נָשׁ בְּגוּפֵיהּ, דְּיִתְתַּקַּן וְיִתְעֲבִיד גְּבַר שְׁלִים. וְעַל דָּא כַּד חָפַר יִצְחָק וְעֲבַד בֵּירָא בִּשְׁלָם, לְהַהוּא שְׁלָם (נ''א למהוי שלים) קָרֵי לֵיהּ רְחוֹבוֹת, וְכֹלָּא כְּדְקָא יְאוּת. זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָא דְּעוֹבָדֵיהוֹן לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְקַיְימָא עַלְמָא. דִּכְתִיב, (משלי ב׳:כ״א) כִּי יְשָׁרִים יִשְׁכְּנוּ אָרֶץ, יַשְׁכִּינוּ אָרֶץ. וְהָא אוּקְמוּהָ. (בראשית כ״ז:א׳) וַיְהִי כִּי זָקֵן יִצְחָק. אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן כְּתִיב, (בראשית א׳:ה׳) וַיִּקְרָא אֱלהִים לָאוֹר יוֹם וְלַחשֶׁךְ קָרָא לָיְלָה, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר. אֲבָל תָּא חֲזֵי, כָּל עוֹבָדוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כֻּלְּהוּ אִינוּן מִלִּין דִּקְשׁוֹט וְכֹלָּא בְּרָזָא עִלָּאָה. וְכָל מִלּוֹי דְאוֹרַיְיתָא, כֻּלְּהוּ מִלֵּי מְהֵימְנוּתָא וְרָזִין עִלָּאִין כְּדְקָא יְאוּת.

וְתָּא חֲזֵי, לָא זָכָה יִצְחָק כְּאַבְרָהָם, דְּלָא סָמוּ עֵינוֹי וְלָא כָּהוּ. אֲבָל רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ הָכָא, רָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא. כְּמָה דְאִתְּמָר, דִּכְתִיב וַיִּקְרָא אֱלֹהִים לָאוֹר יוֹם, דָּא אַבְרָהָם, דְּאִיהוּ נְהוֹרָא דִימָמָא. וּנְהוֹרָא דִילֵיהּ אָזִיל וְנָהִיר וְאִתְתַּקַּף בְּתִקּוּנָא
(Ⅰ)
[142b]  
[...] de la Foi. C’est pour cette raison que Rébecca avait préparé deux mets.
Rabbi Yehouda dit : Les deux mets préparés par Rébecca étaient l’image des deux boucs que les enfants de Jacob offraient plus tard le jour du Grand Pardon, l’un au Seigneur et l’autre à Azazel. Voilà la raison pour laquelle Rébecca prépara deux chevreaux ; l’un était destiné au degré d’en haut, et l’autre au degré d’Esaü (26), afin de le préoccuper et de l’empêcher ainsi de s’attacher à Jacob. C’est pourquoi Jacob apporta deux chevreaux et Isaac goûta des deux. L’Écriture (Gen., XXVII, 25) dit : « Et il lui apporta du vin qu’il but. » Il lui apporta du vin d’un endroit éloigné. De quel endroit ? - De l’endroit d’Esaü (27).
Rabbi Éléazar dit : Jacob fit allusion à ce vin qui est la synthèse de toutes les joies ; et comme Isaac avait besoin d’une joie, il lui présenta le vin qui est la joie de son côté (28).
Il est écrit (Gen., XXVII, 25) : « Et Rébecca prit les habits précieux d’Esaü, et en revêtit Jacob, etc. » Ce sont les habits qu’Esaü ôta à Nemrod. Ces habits étaient précieux parce qu’ils provenaient d’Adam. Ils étaient tombés entre les mains de Nemrod ; et c’est grâce à ces habits que Nemrod a été un grand chasseur, ainsi qu’il est écrit (Gen., X, 9) : « Il était un grand chasseur devant le Seigneur (29). » Esaü ayant rencontré Nemrod dans les champs, le tua et s’empara de ses habits, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXV, 29) : « Et Esaü revint des champs étant fort las (aïeph). » Or, le mot « aïeph» désigne le meurtre, ainsi qu’il est écrit (Jér., IV, 31): « Car mon âme m’abandonne (aïephâ), à cause du meurtre. » Esaü porta ces habits dans le logis de Rébecca, et il les mettait chaque fois qu’il allait à la chasse. Ce jour, il ne les avait pas mis, et il était resté dans les champs plus longtemps que d’habitude. Tant qu’Esaü les avait portés, ces habits n’avaient répandu aucune odeur ; mais à peine Jacob les eut-il mis, qu’ils répandirent une odeur agréable.
Une tradition nous apprend que la beauté de Jacob égalait celle d’Adam ; c’est pour cette raison que les habits d’Adam commençaient à répandre une bonne odeur dès que Jacob les avait mis, ainsi qu’ils le faisaient à l’époque où Adam les avait portés.
Rabbi Yossé demanda : Comment peut-on prétendre que la beauté de Jacob égalait celle d’Adam, alors que nous savons par une tradition que le talon d’Adam faisait pâlir la lumière du soleil ; or, Jacob n’était certainement pas si beau !
Rabbi Éléazar lui répondit : Certes, avant son péché, Adam était si beau qu’aucune créature ne pouvait lever les yeux sur lui ; mais après son péché, son visage fut altéré et sa taille réduite à cent coudées (30).
Remarquez que, par cette expression de « beauté d’Adam », la tradition entend la Foi suprême, car c’est elle qui constitue la véritable beauté ; c’est d’elle que l’Ecriture (Ps., XC, 17) dit : « Que la beauté du Seigneur notre Dieu se répande sur nous » ; et ailleurs (Ps., XXVII, 4) : « ... Afin que je contemple la beauté du Seigneur, etc. »Voilà ce qu’il faut entendre sous le nom de « beauté de Jacob » ; car certainement cette expression renferme un mystère suprême. L’Écriture (Gen., XXVII, 27) ajoute : « Et il sentit la bonne odeur qui sortait de ses habits. » L’Écriture ne dit pas : « Et il sentit l’odeur des habits... », mais « l’odeur de ses habits ». Ces paroles renferment le mystère exprimé dans le verset suivant (Ps., CIV, 2) : « ... Toi qui es revêtu de la lumière comme d’un vêtement, et qui étends le ciel comme une tente. » C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et il sentit la bonne odeur qui sortait de ses habits, et il le bénit. » Car Isaac ne voulait le bénir avant de savoir s’il en était digne ; aussi ne le bénit-il qu’après avoir senti l’odeur de ses habits.
L’Écriture ajoute : « Et il dit : l’odeur qui sort de mon fils est semblable à celle d’un champ que le Seigneur a béni. » L’Écriture ne nous apprend pas qui l’a dit ; selon les uns, c’est la Schekhina ; selon d’autres, c’est Isaac qui parlait (31). Les mots : « ... Semblable à celle d’un champ que le Seigneur a béni » désignent le verger de pommiers qui est le symbole des trois patriarches (32). L’Écriture (Gen., XXVII, 28) ajoute : « Que le Seigneur te donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. »
Rabbi Abba dit : Ce verset a été déjà interprété ; mais il a encore une autre signification. Le Psalmiste a dit (Ps., CXX, 1) : « Cantique des degrés. J’ai crié vers le Seigneur lorsque j’étais dans l’accablement et l’affliction ; et il m’a exaucé. » Le roi David a chanté plusieurs cantiques devant le Saint, béni soit-il, afin d’obtenir la réparation de son degré et la réputation de son nom, ainsi qu’il est écrit (II Rois, V, 25) : « David fit là (33) ce cantique. » David l’a dit lorsqu’il vit l’œuvre de Jacob.
Rabbi Éléazar dit : Ce cantique avait été chanté par Jacob au moment où son père lui dit (Gen., XXVII, 21) : « Approche-toi d’ici, mon fils, afin que je te touche, et que je reconnaisse si tu es mon fils Esaü, ou non. » Car [...]
- דְיוֹמָא.

וּבְגִין כָּךְ, מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ד:א׳) וְאַבְרָהָם זָקֵן בָּא בַּיָּמִים, בְּאִינוּן נְהוֹרִין דְּנָהֲרִין. וְאִיהוּ סִיב, (ד''א ל''ג ונהיר כדין אזיל ונהיר) כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ד׳:י״ח) הוֹלֵךְ וְאוֹר עַד נְכוֹן הַיּוֹם, וּבְגִין כָּךְ, (בראשית א׳:ה׳) וַיִּקְרָא אֱלהִים לָאוֹר יוֹם. וְלַחשֶׁךְ קָרָא לָיְלָה, דָּא יִצְחָק דְּאִיהוּ חשֶׁךְ, וְאִיהוּ אָזִיל לְקַבְּלָא לֵילְיָא בְּגַוִּיהּ, וּבְגִין כָּךְ, אִיהוּ כַּד סִיב, מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ז:א׳) וַיְהִי כִּי זָקֵן יִצְחָק וַתִּכְהֶיןָ עֵינָיו מֵרְאוֹת. הָכִי הוּא וַדַּאי, דְּבָעָא לְאִתְחַשְּׁכָא וּלְאִתְדַּבְּקָא (בחשך) בְּדַרְגֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת.

אֲתָא רִבִּי אֶלְעָזָר בְּרֵיהּ, וְנָשִׁיק יְדוֹי. אָמַר לֵיהּ, שַׁפִּיר, אַבְרָהָם נָהִיר מִסִּטְרָא דְּדַרְגָּא דִילֵיהּ, יִצְחָק אִתְחֲשָׁךְ מִסִּטְרָא דְּדַרְגָּא דִּילֵיהּ, יַעֲקֹב אַמַּאי, דִּכְתִיב, (בראשית מ״ח:י׳) וְעֵינֵי יִשְׂרָאֵל כָּבְדוּ מִזֹּקֶן. אָמַר לֵיהּ, הָכִי הוּא וַדַּאי, כָּבְדוּ כְּתִיב, וְלֹא כָּהוּ. מִזֹּקֶן כְּתִיב, וְלָא מִזִּקְנוֹ. אֶלָּא מִזֹּקֶן, מִזֹּקֶן דְּיִצְחָק, מֵהַהוּא סִטְרָא כָּבְדוּ. לֹא יוּכַל לִרְאוֹת, לְאִסְתַּכָּלָא כְּדְקָא חָזֵי, אֲבָל לֹא כָּהוּ. אֲבָל יִצְחָק כָּהוּ וַדַּאי מִכֹּל וָכֹל, וְאִתְעֲבִיד חשֶׁךְ, דְּהָא כְּדֵין אִתְאֲחִיד בֵּיהּ לַיְלָה, וְאִתְקַיָּים וְלַחשֶׁךְ קָרָא לָיְלָה. (בראשית כ״ז:א׳) וַיִּקְרָא אֶת עֵשָׂו בְּנוֹ הַגָּדוֹל, דְּאִתְכְּלַּל מִסִּטְרֵיהּ דְּדִינָא קַשְׁיָא (שם) וַיֹּאמֶר הִנֵּה נָא זָקַנְתִּי לא יָדַעְתִּי יוֹם מוֹתִי. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאָמַר, (תהלים פד) אַשְׁרֵי אָדָם עוֹז לוֹ בָךְ וְגו', זַכָּאָה בַּר נָשׁ דְּאִתְתַּקַּף בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְיַשְׁוֵי תוֹקְפֵיהּ בֵּיהּ.

יָכוֹל כַּחֲנַנְיָה מִישָׁאֵל וַעֲזַרְיָה דְּאִתְתַּקָּפוּ וְאָמְרוּ, (דניאל ג׳:י״ז) הֵן אִיתַי אֱלָהָנָא דִי אֲנַחְנָא פָלְחִין יָכוֹל לְשֵׁיזָבוּתַנָא מִגּוֹ אַתּוּן נוּרָא יָקִידְתָּא וּמִן יְדָךָ מַלְכָּא יְשֵׁזִיב. תָּא חֲזֵי, דְּאִי לָא יְשֵׁזִיב וְלָא אִתְקְיַּים עֲלַיְיהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִשְׁתַּכַּח שְׁמֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּלָא יִתְקַדַּשׁ בְּעֵינַיְיהוּ דְּכֹלָּא כְּמָה דְּאָמְרוּ. אֶלָּא, כֵּיוָן דְּיָדְעוּ דְּלָא אָמְרוּ כְּדְקָא יְאוּת, אַהֲדָרוּ וְאָמְרוּ, (דניאל ג׳:י״ח) וְהֵן לָא יְדִיעַ לֶהֱוֵי לָךְ מַלְכָּא וְגו'. בֵּין יְשֵׁזִיב, בֵּין לָא יְשֵׁזִיב, יְדִיעַ לֶהוֵי לָךְ מַלְכָּא וְגו'. וְתָנִינָן דְּמִלָּה אוֹדַע לְהוּ יְחֶזְקֵאל, וְשָׁמְעוּ וְקַבִּילוּ מִנֵּיהּ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא אִתְקְיַּים עֲלַיְיהוּ, בְּגִין דִּיקַבְּלוּן אַגְרָא. וּכְדֵין אַהֲדָרוּ וְאָמְרוּ, וְהֵן לָא יְדִיעַ לֶהֱוֵי לָךְ מַלְכָּא וְגו'.

אֶלָּא לָא יִתְתַּקַּף בַּר נָשׁ דְּיֵימָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יְשֵׁזְבִינַנִי, אוֹ אִיהוּ עָבִיד לִי כָּךְ וְכָךְ, אֲבָל יְשַׁוֵּי תּוּקְפֵיהּ בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דִּיסַיֵּיעַ לֵיהּ, כַּד אִיהוּ אִשְׁתַּדַּל בְּאִינוּן פִּקּוּדִין דְּאוֹרַיְיתָא, וּלְמֵיהַךְ בְּאֹרַח קְשׁוֹט. דְּכֵיוָן דְּאָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה, מְסַיְיעִין לֵיהּ וַדַּאי, וּבְדָא יִתְתַּקַּף בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּאִיהוּ יְסַיֵּיעַ לֵיהּ, וְיִתְתַּקַּף בֵּיהּ, דְּלָא יַשְׁוֵי תּוּקְפֵיהּ בְּאָחֳרָא, וּבְגִין כָּךְ עוֹז לוֹ בָךְ. מְסִלּוֹת בִּלְבָבָם, דְּיַעֲבִיד לִבֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת בְּלָא הִרְהוּרָא אָחֳרָא, אֶלָּא כְּהַאי מְסִלָּה דְּאִיהִי מִתְיַישְׁבָא לְאַעֲבָרָא בְּכָל אֲתַר דְּאִצְטְרִיךְ, הָכִי נָמֵי.

דָבָר אַחֵר אַשְׁרֵי אָדָם עוֹז לוֹ בָךְ, עֹז, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים כ״ט:י״א) יְיָ עֹז לְעַמּוֹ יִתֵּן, בְּגִין דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַּר נָשׁ דְּיִתְעַסָּק בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּכָל מַאן דְּאִתְעַסָּק בְּאוֹרַיְיתָא וְלָא אִשְׁתַּדַּל לִשְׁמָהּ, טַב לֵיהּ דְּלָא אִתְבְּרֵי. מְסִלּוֹת בִּלְבָבָם, מַאי מְסִלּוֹת בִּלְבָבָם, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ס״ח:ה׳) סוֹלוּ לָרוֹכֵב בָּעֲרָבוֹת בְּיָהּ שְׁמוֹ. דָּא הַהִיא אוֹרַיְיתָא, דְּאִיהוּ אִשְׁתַּדַּל בָּהּ לְאֲרָמָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּלְמֶעְבַּד לֵיהּ חֲטִיבָא בְּעַלְמָא.

תָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב כָּל עוֹבָדוֹי הֲווּ לִשְׁמָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה עִמֵּיהּ תָּדִיר, דְּלָא אַעֲדֵי מִנֵּיהּ שְׁכִינְתָּא. דְּהָא בְּשַׁעְתָּא דְּקָרָא לֵיהּ יִצְחָק לְעֵשָׂו בְּרֵיהּ, יַעֲקֹב לָא הֲוָה תַמָּן, וּשְׁכִינְתָּא אוֹדָעַת לָהּ לְרִבְקָה, וְרִבְקָה אוֹדָעַת לֵיהּ לְיַעֲקֹב.

רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, תָּא חֲזֵי, אִי חַס וְשָׁלוֹם בְּהַהוּא זִמְנָא יִתְבָּרַךְ עֵשָׂו, לָא שְׁלוֹט יַעֲקֹב לְעָלְמִין. אֶלָּא מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה, וְכֹלָּא בְּאַתְרֵיהּ אֲתָא כְּדְקָא חָזֵי. תָּא חֲזֵי, (בראשית כ״ה:כ״ח) וְרִבְקָה אוֹהֶבֶת אֶת יַעֲקֹב כְּתִיב, וְהָא אִתְּמָר. וּבְגִין כָּךְ שַׁדְרַת בְּגִינֵיהּ דְּיַעֲקֹב, (בראשית כ״ז:ו׳) הִנֵּה שָׁמַעְתִּי אֶת אָבִיךָ מְדַבֵּר אֶל עֵשָׂו אָחִיךָ לֵאמֹר.

וְעַתָּה בְּנִי שְׁמַע בְּקוֹלִי וְגו'. בְּהַהוּא זִמְנָא, עֶרֶב פֶּסַח הֲוָה, וּבָעֵי יֵצֶר הָרָע לְאִתְבָּעֲרָא, וּלְשַׁלְּטָאָה סִיהֲרָא, רָזָא
(Ⅰ)
[143a]  
[...] Jacob était plein d’angoisses ; il avait peur d’être reconnu par son père. Mais Dieu exauça sa prière, ainsi qu’il est écrit : « Et il ne le reconnut point, parce que ses mains étaient pareilles à celles de son frère Esaü. » C’est pourquoi Jacob s’écria : « J’ai crié vers le Seigneur lorsque j’étais dans l’accablement et l’affliction, et il m’a exaucé. » Et il ajouta : « Seigneur, délivre mon âme des lèvres mensongères, de la langue trompeuse. » C’est une allusion au degré d’Esaü, appelé « lèvres mensongères ». Car ce n’est qu’à l’aide du mensonge et de la tromperie que le serpent a amené la malédiction dans le monde.
Remarquez qu’Isaac dit à Esaü (Gen., XXVII, 23) : « Et apporte-moi quelque chose de la chasse (çaïdh). » Le mot « çaïdh » est écrit avec un Hé (ce qui est anormal) (34). Mais ceci a été expliqué de la façon suivante : Esaü a exécuté l’ordre de son père, parce que celui-ci lui avait promis de le bénir en présence du Seigneur. Si Isaac ne se fût proposé que de bénir Esaü, rien ne l’en aurait empêché ; mais du moment qu’il s’était proposé de le bénir avec le consentement de la Schekhina, la Providence devait nécessairement l’en empêcher. Aussi, au moment où Isaac prononça ces paroles, le trône glorieux du Saint, béni soit-il, fut ébranlé, et il dit à Dieu : Est-ce le serpent qui va dominer, et Jacob succombera-t-il sous le joug du serpent ? A ce moment, l’ange Michel se plaça entre Jacob et Isaac. Comme l’ange Michel accompagne toujours la Schekhina, Isaac conclut de la présence de l’ange Michel que la Schekhina y était également présente. Isaac a vu en outre le Paradis accompagner Jacob ; aussi l’a-t-il béni. Lorsqu’Esaü se présenta ensuite à Isaac, il était accompagné de l’enfer ; c’est pourquoi Isaac a été effrayé, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 3) : « Et Isaac fut saisi d’une grande crainte. » Mais Isaac lui répondit : « Je lui ai donné ma bénédiction, et il sera béni. » C’est pour cette raison que Jacob a dû avoir recours à la ruse pour s’emparer de la bénédiction de son père et pour réparer le mal que la ruse du serpent a semé dans le monde. Car nombreux étaient les mensonges dont le serpent s’est servi pour porter les malédictions dans le monde. Jacob s’était également servi de la ruse en trompant son père ; de sorte que la ruse a réparé le mal que la ruse a occasionnés.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., CI, 17) dit : « Il a aimé la malédiction et elle tombera sur lui ; il a rejeté la bénédiction et elle sera éloignée de lui. » Ces paroles font allusion au serpent auquel Dieu a dit (Gen., III, 1) : « Sois maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre. » Jacob a été prédestiné dès le temps d’Adam à éloigner du monde les malédictions que le serpent y avait répandues. Aussi, à partir de Jacob, est-ce le serpent lui-même qui reste chargé de toutes les malédictions. Inspiré par l’Esprit saint, David a dit (Ps., CXX, 3) : « Que recevras-tu, et quel fruit te reviendra-t-il de ta langue trompeuse ? » Car, en effet, la ruse du serpent ne lui a point profité, attendu que les malédictions qu’il a cru jeter dans le monde retomberont sur lui-même. Ainsi se vérifie le proverbe qui dit : Le serpent mord et tue sans aucun profit pour lui.
Enfin, le Psalmiste ajoute (Ps., CXX, 4) : «... Comme des flèches très pointues. » Ces paroles désignent Esaü qui garda rancune à Jacob à cause de la bénédiction, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 41) : « Esaü haïssait Jacob à cause de la bénédiction qu’il avait reçue de son père. » L’Écriture dit : « Que le Seigneur te donne de la rosée du ciel et de la graisse de la terre. » Isaac souhaita à Jacob les biens terrestres en même temps que les biens célestes, ainsi qu’il est écrit (Ps., XXXVII, 25) : « Et je n’ai jamais vu que le juste ait été abandonné, ni que sa race ait été chercher du pain. » Or, il a été dit (35) que ce verset avait été prononcé par l’ange chargé du gouvernement de la terre, c’est-à-dire par l’ange Métatron. C’est pourquoi Isaac souhaitait à Jacob, en même temps que la rosée du ciel, la graisse de la terre. La promesse (Gen., XXVII, 29) : « Que les peuples te soient assujettis » s’applique à l’époque où le roi Salomon régnait à Jérusalem, ainsi qu’il est écrit (I Paralip., IX, 23 et 24) : « Et tous les rois de la terre désiraient voir le visage de Salomon et entendre la sagesse que Dieu avait répandue dans son cœur ; et chacun lui faisait présent, etc. » La promesse : « Et que les tribus t’adorent » s’applique à l’époque où le Roi Messie viendra, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXXII, 11) : « Et tous les rois de la terre l’adoreront. »
Rabbi Yehouda dit : Toute la promesse d’Isaac s’applique à l’époque messianique, ainsi qu’il est écrit : « Et tous les rois de la terre l’adoreront ; toutes les nations lui seront assujetties. » Isaac dit à Jacob dans sa bénédiction (Gen., XXVII, 29) : « Sois (heveh) le seigneur de tes frères. » Il se sert du mot « heveh » au lieu du mot «haïah » ou « thihaïeh» ; mais cette expression renferme un mystère suprême. Dans le mot «heveh », le Vav est entouré de deux Hé, l’un à droite, l’autre à gauche. Isaac avait donc dit à Jacob : « Sois le Seigneur de tes frères », pour les dominer à l’avènement du roi David.
Rabbi Yossé dit : Toutes les promesses faites par Isaac à Jacob s’appliquent à l’époque de l’arrivée du Roi Messie, attendu qu’Isaac dit également à Esaü que lorsqu’Israël transgressera le commandement de la loi, lui, Esaü, en secouera le joug, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 40) : « Et tu secoueras son joug. » L’Écriture dit : « Que le Seigneur te donne de la rosée du ciel, etc. »
Rabbi Yossé dit : Toutes ces [...]
- דִּמְהֵימְנוּתָא. וְעַל דָּא עָבְדַת תְּרֵי תַּבְשִׁילִין.

רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, רָמַז הָכָא דְּזַמִּינִין בְּנוֹי דְיַעֲקֹב לְקָרְבָא שְׁנֵי שְׂעִירִים, חַד לַיְיָ, וְחַד לַעֲזָאזֵל בְּיוֹמָא דְכִפּוּרֵי. וּבְגִין כָּךְ, קָרִיבַת שְׁנֵי גְדָיֵי עִזִּים, (קמ''ה ע''ב) חַד בְּגִין דַּרְגָּא דִלְעֵילָא, וְחַד בְּגִין לְכַפְיָיא דַרְגֵּיהּ דְּעֵשָׂו דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלֵיהּ דְּיַעֲקֹב, וְעַל דָּא שְׁנִי גְדָיֵי עִזִּים, וּמִתַּרְוַיְיהוּ טָעִים יִצְחָק וְאָכִיל. (בראשית כ״ז:כ״ה) וַיָּבֵא לוֹ יַיִן וַיֵּשְׁתְּ, וַיָּבֵא לוֹ יַיִן, רֶמֶז רָמִיז, מֵאֲתַר רָחִיק קָרִיב לֵיהּ מֵהַהוּא אֲתַר (דעשו). רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, רֶמֶז מֵהַהוּא יַיִן דְּכָל חֲדוּ אִשְׁתְּכַח בֵּיהּ, בְּגִין לְחַדְתָּא לֵיהּ לְיִצְחָק, דְּבָעֵי חֶדְוָה, כְּדְקָא בָּעְיָין חֶדְוָה לְחַדְתָּא סִטְרָא (דליואי) דִילֵיהּ, וְעַל דָּא וַיָּבֵא לוֹ יַיִן וַיֵּשְׁתְּ. (בראשית כ״ז:ט״ו) וַתִּקַּח רִבְקָה אֶת בִּגְדֵי עֵשָׂו וְגו', אִלֵּין אִינוּן לְבוּשִׁין דְּרָוַוח עֵשָׂו מִנִּמְרוֹד, וְאִלֵּין לְבוּשֵׁי יְקָר דְּהֲווּ מִן אָדָם הָרִאשׁוֹן, וְאֲתוּ לְיָדָא דְּנִמְרוֹד, וּבְהוּ הֲוָה צָד צֵידָה נִמְרוֹד, דִּכְתִיב, (בראשית י׳:ט׳) הוּא הָיָה גִּבּוֹר צַיִד (קל''ז ע''ב, ויקרא ס''ד ע''א) לִפְנֵי יְיָ וְגו', וְעֵשָׂו נָפַק לְחַקְלָא, וְאַגַּח בֵּיהּ קְרָבָא בְּנִמְרוֹד וְקָטַל לֵיהּ, וְנָסַב אִלֵּין לְבוּשִׁין מִנֵּיהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ט) וַיָּבֹא עֵשָׂו מִן הַשָּׂדֶה וְהוּא עָיֵף, וְאוּקְמוּהָ. כְּתִיב הָכָא וְהוּא עָיֵף, וּכְתִיב הָתָם (ירמיהו ד׳:ל״א) כִּי עָיְפָה נַפְשִׁי לְהֹרְגִים.

וְעֵשָׂו הֲוָה סָלִיק לוֹן לְאִינוּן לְבוּשִׁין לְגַבָּהּ דְּרִבְקָה, וּבְהוּ הֲוָה נָפִיק וְצָד צֵידָה, וְהַהוּא יוֹמָא לָא נָטַל לוֹן, וְנָפַק לְחַקְלָא וְאִתְעַכַּב תַּמָּן. וְכַד הֲוָה לָבִישׁ לוֹן עֵשָׂו, לָא הֲווּ סָלְקִין רֵיחִין כְּלָל. כֵּיוָן דְּלָבִישׁ לוֹן יַעֲקֹב, כְּדֵין תָבַת אֲבֵדָה לְאַתְרָהּ, וּסְלִיקוּ רֵיחִין. בְּגִין דְּשׁוּפְרֵיהּ דְּיַעֲקֹב, שׁוּפְרֵיהּ דְּאָדָם הֲוָה. וּבְגִין כָּךְ אַהֲדָרוּ בְּהַהִיא שַׁעְתָּא לְאַתְרַיְיהוּ, וּסְלִיקוּ רֵיחִין.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, שׁוּפְרֵיהּ דְּיַעֲקֹב (הוה) דְּאִיהוּ שׁוּפְרֵיהּ דְּאָדָם אֵיךְ אֶפְשָׁר, וְהָא תָּנִינָן, תַּפּוּחַ עֲקֵבוֹ דְּאָדָם הָרִאשׁוֹן, מַכְּהֶה גַּלְגַּל חַמָּה. וְאִי תֵימָא דְּכָךְ הֲוָה יַעֲקֹב. אָמַר לֵיהּ רִבִּי אֶלְעָזָר, וַדַּאי הָכִי הֲוָה, בְּקַדְמִיתָא עַד לָא חָב אָדָם הָרִאשׁוֹן, לָא הֲווּ יָכְלִין כָּל בְּרִיָין לְאִסְתַּכָּלָא בְּשׁוּפְרֵיהּ. כֵּיוָן דְּחָטָא, אִשְׁתַּנִּי שׁוּפְרֵיהּ וְנִתְמָאָךְ רוּמֵיהּ וְאִתְעֲבִיד בַּר מְאָה אַמִּין. וְתָּא חֲזֵי, שׁוּפְרֵיהּ דְּאָדָם הָרִאשׁוֹן, רָזָא אִיהוּ, דִּמְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה תַּלְיָא בְּהַהוּא שׁוּפְרָא, וּבְגִין כָּךְ, (תהילים צ׳:י״ז) וִיהִי נֹעַם יְיָ אֱלֹהֵינוּ עָלֵינוּ. וּכְתִיב, (תהילים כ״ז:ד׳) לַחֲזוֹת בְּנֹעַם יְיָ, וְדָא הוּא שׁוּפְרֵיהּ דְּיַעֲקֹב וַדַּאי, וְכֹלָּא רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ.

וַיָּרַח אֶת רֵיחַ בְּגָדָיו וַיְבָרַכֵהוּ. תָּא חֲזֵי, וַיָּרַח אֶת רֵיחַ הַבְּגָדִים לֹא כְּתִיב, אֶלָּא רֵיחַ בְּגָדָיו. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ק״ד:ב׳) עוֹטֶה אוֹר כַּשַּׂלְמָה נוֹטֶה שָׁמַיִם כַּיְרִיעָה. דָבָר אַחֵר (נ''א דא הוא) וַיָּרַח אֶת רֵיחַ בְּגָדָיו וַיְבָרַכֵהוּ. דְּכֵיוָן דְּאַלְבִּישׁ לוֹן יַעֲקֹב, סְלִיקוּ רֵיחִין בְּהַהִיא שַׁעְתָּא, וְעַד דְּלָא אָרַח (דארח) רֵיחִין דִּלְבוּשֵׁיהּ, לָא בָּרְכֵיהּ, דְּהָא כְּדֵין (לא) יָדַע דְּאִתְחֲזֵי הוּא לְאִתְבָּרְכָא, דְּאִי לָא אִתְחֲזֵי לְאִתְבָּרְכָא, לָא סְלִיקוּ כָּל הַנִּי רֵיחִין קַדִּישִׁין בַּהֲדֵיהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיָּרַח אֶת רֵיחַ בְּגָדָיו וַיְבָרַכֵהוּ. (בראשית כ״ז:כ״ז) וַיֹּאמֶר רְאֵה רֵיחַ בְּנִי כְּרֵיחַ שָׂדֶה אֲשֶׁר בֵּרַכוֹ יְיָ. (ק''ב ע''ב) וַיֹּאמֶר, מִלָּה סָתִים הוּא. אִית דְּאַמְרֵי שְׁכִינְתָּא הֲוַת, וְאִית דְּאַמְרֵי יִצְחָק הֲוָה. כְּרִיחַ שָׂדֶה אֲשֶׁר בֵּרַכוֹ יְיָ, מַאן שָׂדֶה, דָּא שָׂדֶה (רמ''ט ע''ב) דְּתַפּוּחִים. שָׂדֶה דְּאֲבָהָן עִלָּאִין (חמידי) סְמִיכוּ לֵיהּ וּמְתַקְנִין לֵיהּ.

וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלהִים מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ וְרֹב דָּגָן וְתִירוֹשׁ. אָמַר רִבִּי אַבָּא, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל (פתח רבי אבא ואמר) תָּא חֲזֵי, (תהילים ק״כ:א׳) שִׁיר הַמַּעֲלוֹת אֶל יְיָ בַּצָּרָתָה לִי קָרָאתִי וַיַּעֲנֵנִי. כַּמָּה שִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן אָמַר דָּוִד מַלְכָּא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכֹלָּא בְּגִין לְאַתְקָנָא דַרְגֵּיהּ וּלְמֶעְבַּד לֵיהּ שְׁמָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמואל ב ח׳:י״ג) וַיַּעַשׂ דָּוִד שֵׁם, וְשִׁירָתָא דָּא אָמַר (ס''א ל''ג ליה) כַּד חָמָא עוֹבָדָא דָּא לְיַעֲקֹב (ס''א דיעקב).

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, יַעֲקֹב אָמַר שִׁירָתָא דָא (דהא), בְּשַׁעְתָּא דְּאָמַר לֵיהּ אֲבוֹי, (בראשית כ״ז:כ״א) גְּשָׁה נָא וַאֲמֻשְׁךָ בְּנִי הַאַתָּה זֶה בְּנִי עֵשָׂו אִם לֹא, כְּדֵין (ד''א בגין) דְּהֲוָה (הוה)
(Ⅰ)
[143b]  
[...] bénédictions font partie de l’héritage de Jacob. Aussi, lorsqu’Isaac voulut les donner à Esaü, le Saint, béni soit-il, fit en sorte que Jacob rentrât en possession de ce qui lui appartenait.
Remarquez qu’au moment où le serpent apporta la malédiction sur la terre, l’Écriture (Gen., III, 17) dit : « Et il dit à Adam : Parce que tu as écouté la voix de ta femme, et que tu as mangé du fruit de l’arbre dont je t’avais défendu de manger, la terre sera maudite à cause de toi, etc. » Cela veut dire que la terre ne produira plus de fruits de manière convenable. Et c’est pour réparer cette malédiction qu’Isaac dit à Jacob : « Que le Seigneur te donne une abondance de blé et de vin. » Dans la malédiction de la terre, il a été également dit : « Tu n’en tireras de quoi te nourrir pendant toute ta vie qu’avec beaucoup de travail » ; c’est pourquoi Isaac dit à Jacob : « Que le Seigneur te donne de la rosée du ciel. » Dans la malédiction, il était dit : « Elle te produira des épines et des ronces » ; et, dans la bénédiction d’Isaac, il est dit : « ... Une abondance de blé et de vin. » Enfin, dans la malédiction, il est dit : « Tu mangeras ton pain à la sueur de ton visage, » ; et, dans la bénédiction d’Isaac, il est dit : « Que les peuples te soient assujettis et que les tribus t’adorent. » Cela veut dire : que les autres peuples labourent la terre pour toi, ainsi qu’il est écrit (Is., LXI, 5) : « Et les enfants des étrangers seront vos laboureurs et vos vignerons. » Ainsi, toutes ces bénédictions répondaient aux malédictions que le serpent avait attirées sur la terre. Le Saint, béni soit-il, a permis que Jacob entrât en possession de ce qui était à lui, et Esaü en possession de ce qui lui appartenait.
Rabbi Hizqiya demanda : La rosée du ciel et la graisse de la terre n’étaient cependant pas exclusivement conférées à Jacob, attendu qu’Isaac dit également à Esaü : « Ta bénédiction sera dans la graisse de la terre et dans la rosée du ciel. » Rabbi Siméon répondit : Il n’y a aucune comparaison entre ce qu’Isaac avait accordé à Jacob et ce qu’il avait accordé à Esaü. Pour le premier, Isaac avait dit : « Que le Seigneur te donne... », alors qu’il ne s’était pas servi de ces termes pour le second. En effet, il avait accordé au premier des biens célestes, alors qu’il n’avait conféré au second que des biens terrestres. Par les mots adressés à Jacob : « Que le Seigneur te donne de la rosée du ciel », Isaac entendait cette rosée qui tombe du degré supérieur du ciel sur le verger de pommiers. Par les mots « et la graisse de la terre », Isaac entendait la terre de la vie qui est en haut. Ainsi, tous les biens accordés à Jacob étaient des biens célestes, alors que ceux accordés à Esaü étaient des biens terrestres.
Bien qu’Isaac ait dit à Esaü : « Tu secoueras le joug de Jacob, si celui-ci transgresse le commandement de Dieu », il n’en sera ainsi que des biens terrestres ; quant aux biens célestes, ce sera toujours Jacob qui en jouira, et non Esaü, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXII, 9) : « Car il a choisi son peuple pour être particulièrement à lui ; il a pris Jacob pour son héritage. » Remarquez qu’au moment de se faire donner la bénédiction paternelle, Jacob aspirait aux biens du ciel, alors qu’Esaü aspirait aux biens de la terre. Rabbi Yossé, fils de Rabbi Siméon, petit-fils de Laqounya, demanda à Rabbi Éléazar : N’as-tu jamais entendu de ton père la raison pour laquelle la bénédiction qu’Isaac donna à Esaü se réalisa, alors que celle qu’il donna à Jacob ne se réalisa pas ?
Rabbi Eléazar lui répondit : Toutes les bénédictions accordées à Jacob, par Isaac aussi bien que par le Saint, béni soit-il, n’ont pas été abolies ; mais elles sont suspendues sur la tête de Jacob. Jacob a reçu pour sa part les biens du ciel, et Esaü ceux de la terre. Lorsqu’arrivera le Roi Messie, Jacob jouira et des biens d’en haut et des biens d’ici-bas, alors qu’Esaü périra ; il n’aura aucune part dans la bénédiction, et son nom même sera effacé du monde, ainsi qu’il est écrit (Abdias, I, 18) : « La maison de Jacob sera un feu, la maison de Joseph une flamme, et la maison d’Esaü une paille sèche ; elle sera embrasée, et ils la dévoreront, et il ne demeurera aucun reste de la maison d’Esaü ; car c’est le Seigneur qui a parlé. » Ainsi, la maison d’Esaü sera consumée par le feu, alors que Jacob héritera et de ce bas monde et du monde futur. C’est de cette époque que l’Écriture (Abdias, I, 21) dit : « Ceux qui doivent sauver le peuple monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Esaü, et le règne demeurera au Seigneur. » Ainsi, le règne de la terre dont Esaü s’était emparé pendant quelque temps reviendra au Saint, béni soit-il. Est-ce que le règne de la terre n’est pas toujours au Seigneur pour que l’Écriture dise : « Et le règne demeurera au Seigneur » ? Bien que le Saint, béni soit-il, règne et en haut et en bas, il a conféré à chaque peuple le gouvernement du pays qu’il habite ; ce n’est qu’au moment où tous les peuples seront sauvés, que le Saint, béni soit-il, reprendra le règne qu’il a confié aux hommes ; et c’est de cette époque que l’Écriture dit : « Et le règne demeurera au Seigneur» ; car à cette époque il n’y aura qu’un seul roi, ainsi qu’il est écrit (Zac., XIV, 9) : « Et le Seigneur sera le roi de toute la terre ; en ce jour-là, le Seigneur sera un, et son nom sera un. » Il est écrit (Gen., XXVII, 30) : «Et lorsque Jacob était sorti (iaço iaçaa), Esaü entra. »
Rabbi Siméon dit : L’Écriture répète deux fois le mot «iaço», parce que [...]
- יַעֲקֹב בְּעָאקוּ סַגִּי, דְּדָחִיל דְּאֲבוֹי יְדַע לֵיהּ וְאִשְׁתְּמוֹדַע קַמֵּיהּ. מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ז:כ״ג) וְלא הִכִּירוֹ כִּי הָיוּ יָדָיו כִּידֵי עֵשָׂו אָחִיו שְׂעִירוֹת וַיְבָרֲכֵהוּ. כְּדֵין אָמַר, (תהילים ק״כ:א׳-ב׳) אֶל יְיָ בַּצָּרָתָה לִי קָרָאתִי וַיַּעֲנֵנִי. (שם) יְיָ הַצִּילָה נַפְשִׁי מִשְּׂפַת שֶׁקֶר מִלָּשׁוֹן רְמִיָה, דָּא הוּא דַּרְגָּא דְעֵשָׂו שַׁרְיָא בֵּיהּ, דְּאִיהוּ שְׂפַת שֶׁקֶר (ס''א מה הוא). שְׂפַת שֶׁקֶר, בְּשַׁעְתָּא דְאַיְיתֵי הַהוּא חִוְיָא לְוָוטִין עַל עַלְמָא, וּבְחַכִּימוּ וּבַעֲקִימוּ אַיְיתֵי לְוָוטִין, דְּאִתְלַטְיָא עָלְמָא.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּאָמַר יִצְחָק לְעֵשָׂו, (בראשית כ״ז:ג׳) וְצֵא הַשָּׂדֶה וְצוּדָה לִי צָיִדה, בְּה''א, וְאוּקְמוּהָ. וְנָפַק עֵשָׂו בְּגִין דְּיִתְבָּרֵךְ מִיִּצְחָק, דְּקָאֲמַר לֵיהּ, (בראשית כ״ז:ז׳) וַאֲבָרֶכְכָה לִפְנֵי יְיָ, דְּאִלּוּ אָמַר וַאֲבָרֶכְכָה וְלָא יַתִּיר, יָאוֹת. כֵּיוָן דְּאָמַר לִפְנֵי יְיָ, בְּהַהִיא שַׁעְתָּא אִזְדַּעְזַע כָּרְסֵי יְקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אָמְרָה, וּמַה דְּיִפּוּק חִוְיָא מֵאִינוּן לְוָוטִין, וְיִשְׁתָּאַר יַעֲקֹב בְּהוּ.

בְּהַהִיא שַׁעְתָּא, אִזְדַּמַּן מִיכָאֵל וְאָתָא קַמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, וּשְׁכִינְתָּא בַּהֲדֵיהּ, וְיָדַע יִצְחָק, וְחָמָא לְגַן עֵדֶן בַּהֲדֵיהּ דְּיַעֲקֹב, וּבָרְכֵיהּ קַמֵּיהּ. וְכַד עָאל עֵשָׂו, עָאל בַּהֲדֵיהּ גֵּיהִנֹּם. וְעַל דָּא (בראשית כ״ז:ל״ג) וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה עַד מְאֹד, דְּחָשַׁב דְּלָא הֲוָה עֵשָׂו בְּהַהוּא סִטְרָא, פָּתַח וְאָמַר, (בראשית כ״ז:ל״ג) וָאֲבֳרַכֵהוּ גַּם בָּרוּךְ יִהְיֶה.

בְּגִין כָּךְ, אִזְדַּמַּן יַעֲקֹב בְּחָכְמְתָא וּבַעֲקִימוּ דְּאַיְיתֵי בִּרְכָאן עֲלֵיהּ דְּיַעֲקֹב דְּאִיהוּ כְּגַוְונָא דְאָדָם הָרִאשׁוֹן, וְאִתְנְטָלוּ מֵהַהוּא חִוְיָא דְאִיהוּ שְׂפַת שָׁקֶר. דְּכַמָּה שִׁקְרָא אָמַר, וְכַמָּה מִלֵּי דְשִׁקְרָא עֲבַד, בְּגִין לְאַטְעָאָה וּלְאַיְיתָאָה לְוָוטִין עַל עַלְמָא. בְּגִין כָּךְ, אֲתָא יַעֲקֹב בְּחָכְמָה וְאַטְעֵי לְאֲבוּי, בְּגִין לְאַיְיתָאָה בִּרְכָאן עַל עַלְמָא, וּלְנָטְלָא מִנֵּיהּ מַה דְּמָנַע מֵעַלְמָא, וּמִדָּה לָקֳבֵל מִדָּה הֲוָה. וְעַל דָּא כְּתִיב, (תהילים ק״ט:י״ז) וַיֶּאֱהַב קְלָלָה וַתְּבוֹאֵהוּ וְלֹא חָפֵץ בִּבְרָכָה וַתִּרְחַק מִמֶּנּוּ. עֲלֵיהּ כְּתִיב, (בראשית ג׳:י״ד) אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה וּמִכָּל חַיַּת הַשָּׂדֶה. וְאִשְׁתָּאַר בֵּיהּ לְדָרֵי דָרִין, וְאָתָא יַעֲקֹב וְנָטִיל מִנֵּיהּ בִּרְכָאן.

וּמִן יוֹמוֹי דְּאָדָם, אִזְדַּמַּן יַעֲקֹב לְנַטְלָא מֵהַהוּא חִיוְיָא, כָּל הַנֵּי בִּרְכָאן, וְאִשְׁתָּאַר אִיהוּ בִּלְוָוטִין וְלָא נָפַק מִנַּיְיהוּ. וְדָוִד אָמַר בְּרוּחַ קוּדְשָׁא, (תהלים קכ) מַה יִּתֵּן לְךָ וּמַה יּוֹסִיף לָךְ לָשׁוֹן רְמִיָּה חִצֵּי גִבּוֹר שְׁנוּנִים. מַה אִיכְפַּת לֵיהּ לְהַהוּא חִוְיָא בִישָׁא, דְּאַיְיתֵי לְוָוטִין עַל עַלְמָא. כְּמָה דְּאָמְרוּ, נָחָשׁ נוֹשֵׁךְ וּמֵמִית, וְלֵית לֵיהּ הֲנָאָה מִנֵּיהּ.

לָשׁוֹן רְמִיָּה, דְרָמֵי לֵיהּ לְאָדָם וּלְאִתְּתֵיהּ, וְאַיְיתֵי בִּישָׁא עֲלֵיהּ וְעַל עַלְמָא. לְבָתַר אֲתָא יַעֲקֹב, וְנָטִיל מִדִּילֵיהּ כָּל אִינוּן בִּרְכָאן. חִצֵּי גִבּוֹר שְׁנוּנִים, דָּא עֵשָׂו דְּנָטַר דְּבָבוּ (נ''א דאגזים) לְיַעֲקֹב עַל אִינוּן בִּרְכָאן, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית כז) וַיִּשְׂטֹם עֵשָׂו אֶת יַעֲקֹב עַל הַבְּרָכָה וְגו'. (ד''א ל''ג תא חזי)

וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלֹהִים מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ, הָא מִלְּעֵילָא וּמִתַּתָּא בְּחִבּוּרָא חָדָא. וְרוֹב דָּגָן וְתִירוֹשׁ, הָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל כְּדִכְתִיב, (תהילים ל״ז:כ״ה) וְלא רָאִיתִי צַדִּיק נֶעֱזָב וְזַרְעוֹ מְבַקֵּשׁ לָחֶם. תָּא חֲזֵי, (שם) נַעַר הָיִיתִי וְגו' וְאוּקְמוּהָ, הַאי קְרָא שָׂרוֹ שֶׁל עוֹלָם אֲמָרוֹ וְכוּ'. וּבְגִין כָּךְ אָמַר וְרוֹב דָּגָן וְתִרוֹשׁ.

יַעַבְדוּךָ עַמִּים וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ לְאוּמִּים, בְּזִמְנָא דְשַׁלִּיט שְׁלמֹה מַלְכָּא בִּיְרוּשָׁלַם, דִּכְתִיב, (דברי הימים ב ט׳:כ״ד) וְכָל מַלְכֵי הָאָרֶץ וְגו' מְבִיאִים אִישׁ מִנְחָתוֹ וְגו'. (בראשית כ״ז:כ״ט) וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ לְאוּמִּים, בְּזִמְנָא דְיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא, דִּכְתִיב, (תהילים ע״ב:י״א) וְיִשְׁתַּחֲווּ לוֹ כָל מְלָכִים. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, כֹּלָּא בְּזִמְנָא דְּיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא, כְּדִכְתִיב וְיִשְׁתַּחֲווּ לוֹ כָל מְלָכִים כָּל גּוֹיִם יַעַבְדוּהוּ.

הוֵה גְבִיר לְאַחֶיךָ, הוֵה, וְלָא אָמַר היֵה, אוֹ תִהְיֶה. אֶלָּא דָּא רָזָא עִלָּאָה דִּמְהֵימְנוּתָא, דְּאִלֵּין אַתְוָון אִנּוּן רָזֵי דִמְהֵימְנוּתָא. ה' לְעֵילָא, וא''ו בְּאֶמְצָעִיתָא, ה' לְבָתַר. וּבְגִין כָּךְ אָמַר, הֱוֵה גְבִיר לְאַחֶיךָ, לְשַׁלְּטָאָה עֲלַיְיהוּ וּלְרַדָּאָה לוֹן, בְּזִמְנָא דְּאֲתָא דָוִד מַלְכָּא. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, כֹּלָּא אִיהוּ בְּזִמְנָא דְיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא, דְּהָא בְּגִין דְּעֲבְרוּ יִשְׂרָאֵל עַל פִּתְגָּמֵי אוֹרַיְיתָא, כְּדֵין (בראשית כ״ז:מ׳) וּפָרַקְתָּ עֻלּוֹ מֵעַל צַוָּארֶךָ.

וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלהִים רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, כָּל הַנֵּי
(Ⅰ)
[144a]  
[...] l’un désigne la Schekhina, et l’autre désigne Jacob. Car, lorsque Jacob entra, la Schekhina le précédait, et c’est à cause d’elle qu’il a été béni ; car Isaac a prononcé la bénédiction et la Schekhina acquiesça. De même, en sortant de chez Isaac, la Schekhina sortit également avec Jacob.
C’est pourquoi l’Écriture emploie deux fois le mot « iaço », l’un pour la Schekhina, l’autre pour Jacob.
L’Écriture ajoute : « Et Esaü son frère arriva de sa chasse. » L’Écriture ne dit pas «de la chasse», mais « de sa chasse », pour indiquer que la bénédiction n’était pas sur les œuvres d’Esaü ; c’est pourquoi l’Écriture dit « sa chasse », parce que c’était une chasse à sa façon. C’est alors que l’Esprit Saint cria à Isaac (Prov., XXIII, 6) : « Ne mange point le pain d’un homme envieux, et ne désire point de ses mets. » L’Écriture (Gen., XXVII, 31) ajoute : «Et il apprêta lui aussi des mets qu’il porta à son père, en disant : Que mon père se lève et qu’il mange de la chasse de son fils. » Esaü a parlé avec insolence en disant : « Que mon père se lève... » Remarquez la différence entre Jacob et Esaü ; le premier parla avec humilité et respect, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 18) : « Et il vint auprès de son père, et lui dit : Mon père... » Et plus loin (Gen., XXVII, 29) : « Lève-toi, je te prie, assieds-toi, et mange de ma chasse. » C’était le langage de la prière. Par contre, Esaü dit : «Que mon père se lève... » Il parlait à la troisième personne, comme si son père n’était pas présent.
Remarquez qu’au moment d’entrer chez Isaac, Esaü a été accompagné de l’enfer ; et c’est pourquoi Isaac a été saisi de frayeur, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 33) : « Et Isaac fut saisi d’une grande frayeur qui atteignit son comble (ad meod). » Du moment que l’Écriture dit déjà « grande frayeur », pourquoi a-telle besoin de répéter : « ... Qui atteignit son comble (ad meod) »? C’est pour nous indiquer qu’Isaac n’avait pas encore éprouvé une pareille frayeur depuis le jour qu’il était venu au monde. Même lorsque, lié sur l’autel, il avait vu le couteau se lever au-dessus de sa tête, il n’avait pas été aussi effrayé qu’au moment où il vit l’enfer entrer avec Esaü. C’est pourquoi il a dit : « Je lui ai donné ma bénédiction, qu’il reste béni. » Car Isaac vit que la Schekhina acquiesçait à la bénédiction donnée à Jacob.
D’après une autre interprétation, les premiers mots « Je lui ai donné ma bénédiction» ont été prononcés par Isaac quant aux mots : « Qu’il reste béni », c’était une voix surnaturelle qui les fit entendre.
Isaac voulait maudire Jacob en raison de sa supercherie, mais le Saint, béni soit-il, lui dit : Si tu maudis Jacob, tu te maudiras toi-même, ô Isaac, attendu que tu lui avais dit (Gen., XXVII, 29) : « Que celui qui te maudira soit maudit lui-même, et que celui qui te bénira soit béni. » Remarquez que tous ont acquiescé à la bénédiction qu’Isaac donna à Jacob, même le chef céleste d’Esaü, c’est-à-dire Samaël. D’où le savons-nous ? - Du verset suivant (Gen., XXXII, 27) : « Et il lui dit : Laisse-moi partir ; car l’aurore commence déjà à paraître. Jacob lui répondit : Je ne te laisserai point partir que tu ne m’aies béni. » Il résulte de ce verset que Jacob a forcé l’ange d’Esaü à reconnaître la bénédiction qui lui avait été accordée. Comment un homme enveloppé dans un corps de chair peut-il forcer un ange qui n’est qu’esprit, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 4) : « Toi qui fais tes anges d’esprit (36) » ? Nous inférons de là que, lorsque les messagers du Saint, béni soit-il, descendent en ce bas monde, ils sont revêtus d’un corps, pour ressembler aux êtres d’ici-bas (37) ; car il faut toujours se conformer à l’usage de l’endroit où l’on se rend. Ainsi, lorsque Moïse monta en haut, l’Écriture (Ex., XXXIV, 28) dit de lui : « Et il est demeuré là, avec le Seigneur, quarante jours et quarante nuits ; il n’a pas mangé de pain, ni n’a bu de l’eau. » C’était pour ne point déroger à l’usage du lieu. De même, lorsque les anges sont descendus ici-bas, l’Écriture (Gen., X, 18) dit : « Et il se tenait debout auprès d’eux sous l’arbre ; et ils ont mangé. » De même l’ange n’aurait pu lutter avec Jacob, s’il n’avait été pourvu d’un corps à l’exemple des hommes. Voilà comment Jacob a pu lutter avec un ange durant toute une nuit.
Remarquez que le pouvoir de l’ange d’Esaü, c’està-dire de Samaël, est limité aux heures de la nuit ; c’est pourquoi la domination d’Esaü ne s’exerce que durant l’exil, qui est l’image de la nuit ; et c’est pourquoi également l’ange d’Esaü a lutté avec Jacob durant la nuit. Aussitôt que l’aurore parut, la force de l’ange d’Esaü diminua, alors que celle de Jacob augmenta, attendu que son pouvoir s’exerce durant le jour.
C’est pourquoi l’Écriture (Is., XXI, 11) dit : « Prophétie contre Douma. On crie à moi de Seïr : Sentinelle, qu’as-tu vu cette nuit ? Sentinelle, qu’as-tu vu cette nuit? » Seïr désigne Esaü, appelé Seïr, dont le pouvoir s’exerce durant la nuit. C’est pourquoi l’ange dit à Jacob, aussitôt que le jour fut levé : « Laisse-moi partir ; car l’aurore commence déjà à paraître. » Mais Jacob lui répondit : « Je ne te laisserai partir que si tu m’as béni (berakhethani). » Pourquoi Jacob s’était-il servi du mot « berakhethani », au lieu de [...]
- בִּרְכָאן מִסִּטְרָא דְּחוּלָקֵיהּ דְּיַעֲקֹב הֲווּ וּמִדִּילֵיהּ נָטַל, וְאִלֵּין בִּרְכָאן הֲוָה קָא בָּעֵי יִצְחָק לְבָרְכָא לֵיהּ לְעֵשָׂו, וּבְגִין כָּךְ עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְגָרַם לֵיהּ לְיַעֲקֹב לְנַטְלָא מִדִּילֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְהַהוּא נָחָשׁ אַיְיתֵי לְוָוטִין עַל עַלְמָא וְאִתְלַטְיָא אַרְעָא, מַה כְּתִיב, (בראשית ג׳:י״ז) וּלְאָדָם אָמַר כִּי שָׁמַעְתָּ לְקוֹל אִשְׁתְּךָ וְגו', אֲרוּרָה הָאֲדָמָה בַּעֲבוּרֶךָ וְגו', דְּלָא תְּהֵא עָבְדָא פֵּירִין וְאִיבִּין כְּדְקָא יְאוּת. לָקֳבֵל דָּא, וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ. (שם) בְּעִצָּבוֹן תֹּאכֲלֶנָּה, לָקֳבֵל דָּא מִטַּל הַשָּׁמַיִם. (שם) וְקוֹץ וְדַרְדַּר תַּצְמִיחַ לָךְ, לָקֳבֵל דָּא, וְרוֹב דָּגָן וְתִירוֹשׁ. (שם) בְּזֵעַת אַפֶּךָ תֹּאכַל לֶחֶם, לָקֳבֵל דָּא, (בראשית כ״ז:כ״ט) יַעַבְדוּךָ עַמִּים וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ לְאוּמִּים, דְּאִינוּן יַעַבְדוּן אַרְעָא וְיִפְלְחוּן בְּחַקְלָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו ס״א:ה׳) וּבְנִי נֵכָר אִכָּרֵיכֶם וְכוֹרְמֵיכֶם. וְכֹלָּא נָטַל יַעֲקֹב, דָּא לָקֳבֵל דָּא, וּמִדִּילֵיהּ נָטַל. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּרִים לֵיהּ לְיַעֲקֹב דְּיִטּוֹל הַנֵּי בִּרְכָאן, לְאִתְדַּבְּקָא בְּאַתְרֵיהּ וְחוּלָקֵיהּ, וְעֵשָׂו לְאִתְדַּבְּקָא בְּאַתְרֵיהּ וְחוּלָקֵיהּ.

אָמַר רַבִּי חִזְקִיָּה, וְהָא חָמִינָן דְּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ וּמִטַל הַשָּׁמַיִם, אִינוּן בִּרְכָאן נָטַל עֵשָׂו לְבָתַר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, הִנֵּה מִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ יִהְיֶה מוֹשָׁבֶךָ וּמִטַל הַשָּׁמַיִם מֵעָל.

אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, לָאו הַאי כְּהַאי וְלָא דָּא כְּדָא, כַּמָּה אִתְפָּרְשָׁאן דַּרְגִּין. בְּיַעֲקֹב כְּתִיב, וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלהִים, וּבְדָא כְּתִיב יִהְיֶה. בְּיַעֲקֹב כְּתִיב, מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ, בְּעֵשָׂו כְּתִיב מִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ וְטַל הַשָּׁמַיִם, דְּהָא לָאו דָּא אִיהוּ כְּדָא.

וְדַרְגִּין אִתְפָּרְשָׁן כַּמָּה וְכַמָּה. בְּגִין דִּבְדָא דְּיַעֲקֹב כְּתִיב בֵּיהּ, וְיִתֶּן לְךָ הָאֱלהִים מִטַּל הַשָּׁמַיִם, דָּא טַל עִלָּאָה דְּנָגִיד מֵעַתִּיק יוֹמִין דְּאִקְרֵי טַל הַשָּׁמַיִם, הַשָּׁמַיִם דִּלְעֵילָא, טַל דְּנָגִיד בְּדַרְגָּא דְשָׁמַיִם, וּמִתַּמָּן לַחֲקַל תַּפּוּחִין קַדִּישִׁין. וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ, הָאָרֶץ, (דא ארץ דלעילא ארץ החיים) בְּעֵשָׂו כְּתִיב וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ, בְּיַעֲקֹב מִשְׁמַנִּי הָאָרֶץ דָּא אֶרֶץ הַחַיִּים דִּלְעֵילָא, וְיָרִית לָהּ בְּאַרְעָא דִלְעֵילָא וּבַשָּׁמַיִם דִּלְעֵילָא. וּלְעֵשָׂו בְּאַרְעָא דְהָכָא לְתַתָּא, וּבַשָּׁמַיִם דְּהָכָא לְתַתָּא. יַעֲקֹב לְעֵילָא לְעֵילָא. עֵשָׂו לְתַתָּא לְתַתָּא.

תוּ, יַעֲקֹב לְעֵילָא וְתַתָּא, וְעֵשָׂו לְתַתָּא. וְאַף עַל גַּב דִּכְתִיב (בראשית כ״ז:מ׳) וְהָיָה כַּאֲשֶׁר תָּרִיד וּפָרַקְתָּ עֻלּוֹ מֵעַל צַוָּארֶךָ. מֵהַאי דְהָכָא לְתַתָּא, אֲבָל לְעֵילָא לָא כְלוּם, דִּכְתִיב, (תהלים לכ) כִּי חֵלֶק יְיָ עַמּוֹ יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ. תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּשָׁרוּ לְנָטְלָא בִּרְכָאן דִּלְהוֹן, יַעֲקֹב וְעֵשָׂו. יַעֲקֹב נָטַל חוּלָקֵיהּ דִּלְעֵילָא, וְעֵשָׂו נָטִיל חוּלָקֵיהּ לְתַתָּא.

רִבִּי יוֹסֵי בְּרִבִּי שִׁמְעוֹן בֶּן לָקוּנְיָא אָמַר לְרִבִּי אֶלְעָזָר, כְּלוּם שָׁמַעְתָּ מֵאָבִיךָ, אַמַּאי לָא אִתְקָיְימוּ בִּרְכָאן דְּבָרְכֵיהּ יִצְחָק לְיַעֲקֹב, וְאִינוּן בִּרְכָאן דִּבְרִיךְ יִצְחָק לְעֵשָׂו אִתְקַיְימוּ כֻּלְּהוּ.

אָמַר לֵיהּ, כָּל אִינוּן בִּרְכָאן מִתְקַיְימֵי, וּבִרְכָאן אָחֳרָנִין דְּבָרְכֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְיַעֲקֹב. אֲבָל מִיָּד, יַעֲקֹב נָטַל לְעֵילָא, וְעֵשָׂו נָטִיל לְתַתָּא. לְבָתַר כַּד יָקוּם מַלְכָּא מְשִׁיחָא, יִטּוֹל יַעֲקֹב לְעֵילָא וְתַתָּא וְיִתְאֲבִיד עֵשָׂו מִכֹּלָּא, וְלָא יְהֵא לֵיהּ חוּלְקָא וְאַחְסָנָא וְדוּכְרָנָא בְּעַלְמָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (עובדיה א׳:י״ח) וְהָיָה בֵּית יַעֲקֹב אֵשׁ וּבֵית יוֹסֵף לֶהָבָה וּבֵית עֵשָׂו לְקַשׁ וְגו'. בְּגִין דְּיִתְאֲבִיד עֵשָׂו מִכֹּלָּא, וְיָרִית יַעֲקֹב תְּרֵין עָלְמִין, עַלְמָא דֵין וְעַלְמָא דְאָתֵי.

וּבְהַאי זִמְנָא כְּתִיב, (עובדיה א׳:כ״א) וְעָלוּ מוֹשִׁיעִים בְּהַר צִיּוֹן לִשְׁפֹּט אֶת הַר עֵשָׂו וְהָיְתָה לַיְיָ הַמְלוּכָה. הַהוּא מַלְכוּ דְעֵשָׂו, דְּנָטַל בְּהַאי עַלְמָא, יָהַב לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא (ס''א יהא ליה לקודשא בריך הוא) בִּלְחוֹדוֹי. וְכִי הַשְׁתָּא לָאו אִיהִי מַלְכוּ מִקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֶלָּא אַף עַל גַּב דְּשַׁלִּיט קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעֵילָא וְתַתָּא, הָא יָהַב לוֹן לִשְׁאָר עַמִין, לְכָל חַד וְחַד חוּלַק וְאַחְסַנְתָּא בְּהַאי עַלְמָא, לְאִשְׁתַּמָּשָׁא בֵּיהּ. וּבְהַהִיא זִמְנָא, יִטּוֹל מִכֻּלְּהוּ מַלְכוּתָא, וּתְהֵא דִילֵיהּ כֹּלָּא, דִּכְתִיב וְהָיְתָה לַיְיָ הַמְלוּכָה, לֵיהּ בִּלְחוֹדוֹי, דִּכְתִיב, (זכריה י״ד:ח׳-ט׳) וְהָיָה יְיָ לְמֶלֶךְ עַל כָּל הָאָרֶץ בַּיּוֹם הַהוּא יִהְיֶה יְיָ אֶחָד וּשְׁמוֹ אֶחָד. (בראשית כ״ז:ל׳) וַיְהִי אַךְ יָצֹא יָצָא יַעֲקֹב וְגו'. רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, אַךְ יָצֹא יָצָא, תְּרֵי יְצִיאוֹת הַלָּלוּ לָמָּה. אֶלָּא
(Ⅰ)
[144b]  
[...] « thebarkheni » (tu me béniras) ? Mais Jacob voulait qu’Esaü reconnût la validité de la bénédiction que son père lui avait donnée et qu’il ne la contestât plus. Quelle était la réponse de l’ange ? - Il lui dit (Gen., XXXII, 28) : « Ton nom ne sera plus à l’avenir Jacob, mais Israël. » Pourquoi l’appela-t-il Israël ? L’ange dit à Jacob : Je serai forcé de te servir, attendu que tu es arrivé à un haut degré, au point d’être uni avec Dieu. C’est pourquoi il dit à Jacob : Car tu as été uni avec Dieu (Élohim). Par le mot « Élohim », l’ange ne se désignait pas lui-même, mais il désignait Dieu ; c’est pourquoi l’Écriture ne dit pas « eth Élohim » mais « im Élohim » ; car Jacob est arrivé à s’unir à Dieu comme la lune s’unit au soleil. D’après une autre version, le mot « vayomer » (et il dit) ne s’applique pas à l’ange, mais à la Schekhina, de même que les paroles (Ex., XV, 26) : « Et il dit (vayomer) : Si tu écoutes la voix du Seigneur ton Dieu... » Donc, ce n’est pas l’ange qui disait à Jacob : « Ton nom ne sera plus à l’avenir Jacob, etc. », mais il sera la Schekhina. L’Écriture (Gen., XXXII, 29) ajoute : « Et il le bénit en ce même lieu. » L’Écriture nous indique que l’ange a acquiescé aux bénédictions qu’Isaac avait données à Jacob. .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XVI, 7) : « Quand Dieu agrée les voies de l’homme, il réduit à la peine ses ennemis mêmes. » Remarquez combien l’homme doit être soucieux de marcher dans la voie du Saint, béni soit-il, et d’observer les commandements de la doctrine ! Car il a été dit, que deux anges accompagnent toujours l’homme ; l’un se tient à sa droite et l’autre à sa gauche. Ce sont eux qui témoignent en haut de tous les actes de l’homme. On désigne ces deux anges sous le nom d’ « Esprit du Bien » et d’ « Esprit du Mal ». Lorsque l’homme est pur et qu’il observe les commandements de la Loi, l’Esprit du Bien qui l’accompagne prend une ascendance sur l’Esprit du Mal et finit par le réduire à l’état d’esclavage (38). Mais quand l’homme se souille, c’est l’Esprit du Mal qui prend l’ascendance sur l’Esprit du Bien. Tel est le sens des paroles de l’Écriture : « Quand Dieu agrée les voies de l’homme, il réduit à la peine ses ennemis mêmes. » Cela veut dire que, chez l’homme de Bien, l’Esprit du Bien domine sur l’Esprit du Mal. C’est également pour cette raison que Salomon a dit (Prov., XII, 9) : « L’humble qui a un esclave vaut mieux que l’homme glorieux qui manque de pain. » Que signifient les mots : « ... Qui a un esclave » ? C’est l’homme qui réduit en esclavage l’Esprit du Mal ; car l’homme qui observe les commandements dela Loi, domine sur l’Esprit du Mal et sa suite.
Remarquez que c’est parce que Jacob s’est fié au Saint, béni soit-il, et qu’il avait, dans tous ses actes, l’intention de contribuer à la gloire de Dieu, qu’il est arrivé à dominer sur ses ennemis. Et qui sont ses ennemis ? - C’est Samaël qui constitue la force d’Esaü ; il a dû faire la paix avec Jacob et reconnaître la validité de la bénédiction. Tant que Jacob n’eut pas fait la paix avec l’ange d’Esaü, il n’y avait pas de paix entre lui et Esaü, parce que toute force ici-bas est subordonnée à la force d’en haut.
Il est écrit (Gen., XXVII, 33) : « Et Isaac fut saisi d’une grande frayeur qui atteignit son comble ; et il dit : Qui est donc celui (epho) qui m’a apporté de ce qu’il avait pris à la chasse ? » Pourquoi l’Écriture se sert-elle du mot « epho » au lieu de « zè » ? Mais l’Écriture veut nous indiquer que la Schekhina était présente lorsqu’Isaac bénit Jacob ; c’est pourquoi Isaac a demandé : « Qui était celui qui acquiesça à la bénédiction que j’ai donnée à Jacob ? » Puis il ajouta : « Qu’il reste béni », parce que le Saint, béni soit-il, y avait acquiescé.
Rabbi Yehouda dit : C’est pour avoir causé une frayeur à Isaac, son père, que Jacob a été puni plus tard, en étant saisi de frayeur au sujet de Joseph, lorsque ses fils lui eurent dit (Gen., XXXVII, 32) : « Voici une robe que nous avons trouvée ; voyez si c’est celle de votre fils, ou non. » Isaac, dans sa frayeur, a prononcé le mot « epho » ; et dans le malheur qui arriva à Jacob, lors de la vente de Joseph, se trouve également le mot « epho », ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXV, 16) : « Dis-moi où (epho) ils font paître leur troupeau. » Bien que le Saint, béni soit-il, ait consenti au procédé de Jacob pour s’emparer de la bénédiction de son père, Jacob a été puni pour avoir été la cause de la frayeur de son père. L’Écriture dit qu’Isaac a été saisi d’une grande frayeur. Que signifie le mot « grande » ? L’Écriture nous indique qu’Isaac a été effrayé par l’enfer qui accompagnait Esaü ; car « grand » désigne le feu de l’enfer, ainsi qu’il est écrit (Deut., XVIII, 16) : « Et ce grand feu. etc. ».
L’Écriture ajoute : « ... Qui atteignit son comble (meod). » Le mot « meod » désigne l’ange de la mort, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 31) : « Dieu vit toutes les choses qu’il avait faites, et il vit qu’elles étaient très bonnes (meod). » Or, ce mot « meod » désigne l’ange de la mort (39). C’est pourquoi Isaac a dit : « Qui est donc celui, etc. » [...]
- חַד דִּשְׁכִינְתָּא וְחַד דְּיַעֲקֹב, דְּהָא כַּד עָאל יַעֲקֹב, שְׁכִינְתָּא עָאלַת עִמֵּיהּ, וְקַמֵּי שְׁכִינְתָּא אִתְבְּרַךְ. דְּיִצְחָק הֲוָה אָמַר בִּרְכָאן, וּשְׁכִינְתָּא אוֹדֵי לְהוּ עֲלַיְיהוּ. וְכַד נָפַק יַעֲקֹב, שְׁכִינְתָּא נָפְקַת עִמֵּיהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב אַךְ יָצֹא יָצָא יַעֲקֹב, תְּרֵי יְצִיאוֹת כְּחַד. (בראשית כ״ז:ל׳) וְעֵשָׂו אָחִיו בָּא מִצֵּידוֹ. מִן הַצַּיִד לָא כְּתִיב, אֶלָּא מִצֵּידוֹ, דְּאִיהוּ צֵידָה דִילֵיהּ, דְּלָא הֲוָה בֵּיהּ בְּרָכָה, וְרוּחַ הַקּוֹדֶשׁ צָוְוחָה וְאָמְרָה, (משלי כ״ג:ו׳) אַל תִּלְחַם אֶת לֶחֶם רַע עַיִן.

וַיַּעַשׂ גַּם הוּא מַטְעַמִּים וְגו'. (בראשית כ״ז:ל״א) יָקוּם אָבִי, דִּבּוּרֵיהּ הֲוָה בְּעַזּוּת, בִּתְקִיפוּ רוּחָא, מִלָּה דְּלֵית בָּהּ טַעֲמָא, יָקוּם אָבִי. תָּא חֲזֵי, מַה בֵּין יַעֲקֹב לְעֵשָׂו, יַעֲקֹב אָמַר בִּכְסִיפוּ דְּאֲבוֹי, בַּעֲנָוָה, מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ז:י״ח) וַיָּבֹא אֶל אָבִיו וַיֹּאמֶר אָבִי. מַה בֵּין הַאי לְהַאי, אֶלָּא, דְּלָא בָעָא לְאִזְדַּעְזְעָא לֵיהּ, מַלִּיל בְּלָשׁוֹן תַּחֲנוּנִים, (בראשית כ״ז:י״ט) קוּם נָא שְׁבָה וְאָכְלָה מִצֵּידִי. וְעֵשָׂו אָמַר, יָקוּם אָבִי, כְּמַאן דְּלָא מַלִּיל עִמֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּעָאל עֵשָׂו, עָאל עִמֵּיהּ גֵּיהִנֹּם, אִזְדַּעְזַע יִצְחָק, וְדָחִיל. דִּכְתִיב, (בראשית כ״ז:ל״ג) וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה עַד מְאֹד. כֵּיוָן דִּכְתִיב וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה, דַּי. מַהוּ (גדולה) עַד מְאֹד. אֶלָא, דְּלָא הֲוָה דְּחִילוּ וְאֵימָתָא. דְּנָפַל עֲלֵיהּ דְּיִצְחָק, רַבָּתָא, מִיּוֹמֵי דְאִתְבְּרֵי. וְאֲפִילוּ בְּהַהִיא שַׁעְתָּא, דְּאִתְעֲקַד יִצְחָק עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא וְחָמָא (שכינתא) סַכִּינָא עֲלֵיהּ, לָא אִזְדַּעְזַע. כְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּעָאל עֵשָׂו, וְחָמָא גֵּיהִנֹּם דְּעָאל עִמֵּיהּ, כְּדֵין אָמַר, בְּטֶרֶם תָּבֹא (שם) וַאֲבָרַכֵהוּ גַּם בָּרוּךְ יִהְיֶה, בְּגִין (דחמאת) דְּחָמִית שְׁכִינְתָּא דְאוֹדֵי עַל אִינוּן בִּרְכָאן.

דָּבָר אַחֵר, יִצְחָק אָמַר וַאֲבָרַכֵהוּ, נָפַק קָלָא וְאָמַר, גַּם בָּרוּךְ יִהְיֶה, בָּעָא יִצְחָק לְמֵילַט לֵיהּ לְיַעֲקֹב, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, יִצְחָק, גַּרְמָךְ אֲנָא (אנת) לַייט, דְּהָא כְּבָר אֲמַרְתְּ לֵיהּ, (שם) אוְֹרַרֶיךָ אָרוּר וּמְבָרַכֶיךָ בָּרוּךְ.

תָּא חֲזֵי כֹּלָּא אוֹדוּ עַל אִינוּן בִּרְכָאן, עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי, וְאֲפִילּוּ אִיהוּ חוּלַק עַדְבֵיהּ דְּעֵשָׂו, אוֹדִי עֲלַיְיהוּ וּבָרְכֵיהּ אִיהוּ, וְאוֹדֵי עַל אִינוּן בִּרְכָאן וְסַלְקֵיהּ עַל רֵישֵׁיהּ לְעֵילָא. מְנָלָן, דִּכְתִיב, (בראשית לכ) וַיֹּאמֶר שַׁלְחֵנִי כִּי עָלָה הַשָּׁחַר וַיֹּאמֶר לֹא אֲשַׁלֵּחֲךָ כִּי אִם בֵּרַכְתָּנִי. וַיֹּאמֶר שַׁלְחֵנִי, בְּגִין דְּאַתְקִיף בֵּיהּ יַעֲקֹב. וְכִי הֵיךְ יָכִיל בַּר נָשׁ דְּאִיהוּ גוּפָא וּבִשְׂרָא, לְאִתְתַּקְפָא בֵּיהּ בְּמַלְאָכָא דְּאִיהוּ רוּחַ מַמָּשׁ, דִּכְתִיב, (תהילים ק״ד:ד׳) עוֹשֶׂה מַלְאָכָיו רוּחוֹת מְשָׁרְתָיו אֵשׁ לוֹהֵט.

אֶלָּא, מִכָּאן דְּמַלְאָכֵי שְׁלִיחֵי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כַּד אִינוּן נָחֲתִין לְהַאי עַלְמָא גְּלִימִין, וְאִתְגְּלִימוּ וּמִתְלַבְּשִׁין (ק''א ע''א) בְּגוּפָא כְּגַוְונָא דְּהַאי עַלְמָא, בְּגִין דְּהָכִי אִתְחֲזֵי, דְּלָא לְהַשְׁנָאָה מִמִּנְהָגָא דְּהַהוּא אֲתַר דְּאָזִיל תַּמָּן.

וְהָא אִתְּמָר, דְּמשֶׁה כַּד סָלִיק לְעֵילָא, מַה כְּתִיב, (שמות לה) וַיְהִי שָׁם עִם יְיָ אַרְבָּעִים יוֹם וְאַרְבָּעִים לַיְלָה לֶחֶם לֹא אָכַל וּמַיִם לא שָׁתָה, בְּגִין מִנְהָגָא, דְּלָא לְהַשְׁנָאָה מֵהַהוּא אֲתַר דְּאָזִיל לְתַמָּן, וְאִינוּן מַלְאָכִין כַּד נָחֲתוּ לְתַתָּא כְּתִיב, (בראשית י״ח:ח׳) וְהוּא עוֹמֵד עֲלֵיהֶם תַּחַת הָעֵץ וַיֹּאכֵלוּ. וְכֵן הָכָא, הַאי מַלְאָכָא כַּד נָחַת לְתַתָּא, לָא אִתְאֲבַק עִמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, אֶלָּא מִגּוֹ דְּהֲוָה אִתְלַבַּשׁ בְּגוּפָא כְּגַוְונָא דְהַאי עַלְמָא. וְעַל דָּא אִתְאֲבַק יַעֲקֹב בַּהֲדֵיהּ כָּל הַהוּא לֵילְיָא.

תָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּשָׁלְטָנוּתָא דְּהַנֵּי, לָאו אִיהוּ אֶלָּא בְּלֵילְיָא וַדַּאי. וּבְגִין כָּךְ, שָׁלְטָנוּתָא דְּעֵשָׂו לָאו אִיהוּ אֶלָּא בְּגָלוּתָא, דְּאִיהוּ לַיְלָה. וְעַל דָּא בְּלֵילְיָא אִתְתַּקַּף עִמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, וְאִתְאֲבַק עִמֵּיהּ. וְכַד אֲתָא צַפְרָא, אִתְחֲלָשׁ חֵילֵיהּ, וְלָא יָכִיל, וּכְדֵין אִתְתַּקַּף יַעֲקֹב, בְּגִין דְּיַעֲקֹב, שָׁלְטָנוּתֵיהּ בִּימָמָא.

וּבְגִין כָּךְ, כְּתִיב, (ישעיה כא) מַשָּׂא דּוּמָה אֵלַי קֹרֵא מִשֵּׂעִיר שֹׁמֵר מַה מִּלַּיְלָה שֹׁמֵר מַה מִּלֵּיל. דְּהָא כְדֵין שׁוּלְטָנוּתֵיהּ דִּידֵיהּ דְּעֵשָׂו, דְּאִיהִי שֵׂעִיר בַּלַּיְלָה אִיהוּ, וּבְגִין כָּךְ אִתְחֲלָשׁ כַּד אֲתָא צַפְרָא, וּכְדֵין (בראשית לב) וַיֹּאמֶר שַׁלְחֵנִי כִּי עָלָה הַשָּׁחַר.

וַיֹּאמֶר לא אֲשַׁלֵּחֲךָ כִּי אִם בֵּרַכְתָּנִי. כִּי אִם
(Ⅰ)
[145a]  
[...] Il est écrit (Gen., XXVII, 34) : « Lorsqu’Esaü eut entendu les paroles de son père, il jeta un grand cri qui témoignait de toute sa consternation. »
Rabbi Hiyâ dit : Les larmes qu’Esaü a versées devant son père pour obtenir sa bénédiction ont causé beaucoup de mal à Jacob ; car Dieu tenait compte à Esaü de l’estime qu’il avait pour la bénédiction de son père. Esaü dit ensuite : « Est-ce pour cela qu’il l’a appelé Jacob, parce qu’il m’a déjà supplanté pour la seconde fois ? » Par les mots « qu’il l’a appelé », Esaü désignait Celui qui donna ce nom à, Jacob (40), c’est-à-dire Dieu. Esaü prononça ces mots avec le même dédain que l’on affecte au moment de l’expectoration. Esaü n’a pas dit : « Est-ce pour cela qu’il a été appelé ? », mais « qu’il l’a appelé », parce qu’il désignait Dieu qui lui avait donné ce nom. Pourquoi l’Écriture se sert-elle du mot « zè » ? Esaü avait dit : Jacob m’avait privé du même bien à deux reprises différentes : il a commencé par me priver de mon droit d’aînesse (bekhorâ) et maintenant il vient de me priver aussi de ma bénédiction (berakhâ) (41). Voilà pourquoi Esaü s’est servi du mot « zé », afin d’indiquer que Jacob l’avait trompé deux fois sur le même sujet. On trouve un exemple de cela dans le verset suivant (Gen., XLIII, 10) : « Si nous n’avions point tant différé, nous serions déjà revenus une seconde fois (zè). » Les fils de Jacob indiquaient, par ce mot « zè » qu’ils étaient déjà revenus une fois couverts de honte, mais que, si Joseph allait garder Benjamin, ils reviendraient une seconde fois couverts de honte ; car le mot « schabnou » se compose des mêmes lettres que le mot « bosnou » (42). De même on trouve dans Job (Job, XIII, 24) : « Et tu vois en-moi ton ennemi (oïeb). » Ainsi le mot « iyob », c’est-à-dire Job, a été transformé en le mot « oïeb », ainsi que cela a été expliqué. Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Job, IX, 17) : « Car il me brisera par une tempête, etc. » Le Saint, béni soit-il, dit à Job : Est-ce une tempête qui a passé sur toi et qui a renversé l’ordre de ton nom ?
Isaac répondit à Esaü (Gen., XXVII, 37) : « Je l’ai établi ton seigneur et j’ai assujetti sous sa domination tous ses frères ; je l’ai affermi dans la possession du blé et du vin ; et maintenant, mon fils, que me reste-t-il à faire pour toi ? » Isaac s’est servi de nouveau du mot « epho », qui désigne la Schekhina ; il disait à Esaü qu’il ne pouvait plus le bénir, la Schekhina n’étant plus présente comme elle l’avait été au moment de bénir Jacob. Aussi, dans sa bénédiction, Isaac ne lui a-t-il pas accordé des biens célestes, mais des biens de la terre ; et, prévoyant l’avenir d’Esaü, Isaac lui dit (Gen., XXVII, 40) : « Tu vivras de l’épée. » Car c’était le métier qui convenait à Esaü prédestiné à verser le sang en faisant des guerres. Rabbi Éléazar demanda : Pourquoi Isaac ajouta-t’il le mot « mon fils » ? Il lui dit : Tu es l’image de la rigueur comme moi (43). C’est pourquoi il dit à Esaü : « Tu vivras de l’épée et tu serviras ton frère. » Mais cette bénédiction ne s’est pas encore réalisée. car Esaü n’a pas encore servi Jacob. Jacob n’a pas encore voulu de la domination ; c’est pourquoi il donna encore à plusieurs reprises le nom de Seigneur à son frère Esaü ; Jacob s’est réservé la domination pour la fin des temps, ainsi que nous l’avons dit précédemment (44).
Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé faisaient une fois un voyage ensemble. Chemin faisant, ils virent Rabbi Yossé le Vieillard, se dirigeant de leur côté. Ils s’assirent pour l’attendre. Aussitôt qu’il les eut rejoints, ils lui dirent. Nous ferons maintenant un bon voyage ensemble. Rabbi Hiyâ s’écria (Ps., CXIX, 126)) : « C’est le moment de travailler pour le Seigneur. » Rabbi Yossé alors ouvrit sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XXXI, 26) : « Elle ouvrit sa bouche à la sagesse ; et la loi de la clémence est sur sa langue. » Les paroles « Elle ouvrit sa bouche à la sagesse » désignent la « Communauté d’Israël » ; et les paroles : « ... Et la loi de la clémence est sur sa langue » désignent Israël, qui est la langue de la Loi, parce qu’il s’y consacre jour et nuit. Le mot « be-Hocmâ » est une allusion à la lettre Beth du mot « Bereschith », ainsi que nous l’avons expliqué (45). Et les mots : « ... Et la loi de la clémence est sur sa langue » désignent Abraham, par le mérite de qui Dieu créa le monde et qui fait toujours les délices de Dieu. La lettre Beth (b) est ouverte d’un côté et fermée de l’autre, en raison des paroles de l’Écriture (Ex., XXXIII, 23) : « Tu me verras par derrière ; mais tu ne pourras pas voir mon visage. » Elle est ouverte d’un côté pour pouvoir tourner ce côté en haut et y faire entrer les lumières. C’est pour cette raison également qu’elle est placée en tête de l’Écriture sainte. Elle sera remplie plus tard. La phrase : « Elle ouvrit sa bouche à la sagesse » désigne la Sagesse, ainsi qu’il est écrit : « Bereschith bara Élohim. » Or, la paraphrase chaldaïque traduit le mot « Bereschith » par « la Sagesse ».
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : « ... Et la loi de la clémence est sur sa langue. » En effet, après le mot « Bereschith », qui désigne la Sagesse, il est question de lumière, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 3) : « Et Élohim dit : Que la lumière soit faite ; et la lumière fut faite. » Les mots : « Elle ouvrit sa bouche à la sagesse » désignent le Hé du nom sacré dont tout dépend ; elle est cachée et visible à la fois, et elle constitue le mystère d’en haut et d’en bas. « Elle ouvrit sa bouche à la sagesse. » Car le degré suprême de l’essence divine est caché et inintelligible, ainsi qu’il est écrit (Job, XXVIII, 21) : « Elle est cachée aux yeux de tous ceux qui vivent ; elle est inconnue aux oiseaux même du ciel. » Lorsque le Hé se révèle par la Sagesse à qui il s’est attaché et dans laquelle il réside, il fait entendre une voix qui est la Loi de la clémence. « ... Et qui ouvre sa bouche à la sagesse » : c’est le Hé final du nom sacré, qui est le Verbe qui émane de la Sagesse. Les paroles : « ... Et la loi de la clémence est sur sa langue » désignent le son de la voix qui est au-dessus du Verbe pour le diriger. « La Loi de la clémence » désigne Jacob, [...]
- בֵּרַכְתָּנִי, כִּי אִם תְּבָרְכֵנִי מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי כִּי אִם בֵּרַכְתָּנִי. אִם אוֹדֵית עַל אִינוּן בִּרְכָאן דְּבָרְכַנִי אַבָּא וְלָא תְהֵא מְקַטְרְגָא לִי בְּגִינַיְיהוּ, מַה כְּתִיב, (בראשית לכ) וַיֹּאמֶר לא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ כִּי אִם יִשְׂרָאֵל וְגו', אַמַּאי יִשְׂרָאֵל, אָמַר לֵיהּ, בַּעַל כָּרְחִין אִית לָן לְשַׁמָּשָׁא לָךְ, דְּהָא אַנְתְּ אִתְעַטְּרַת בְּחֵילָךְ לְעֵילָא בְּדַרְגָּא עִלָּאָה, יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ וַדַּאי.

כִּי שָׂרִיתָ עִם אֱלֹהִים, מַאי עִם אֱלֹהִים, סַלְּקָא דַּעְתָּךְ דְּעֲלֵיהּ הֲוָה אָמַר. אֶלָּא אָמַר לֵיהּ, שָׂרִיתָ לְאִתְחַבְּרָא וּלְאִזְדַּוְּוגָא עִם אֱלֹהִים בְּחִבּוּרָא, בְּזִוּוּגָא דְּשִׁמְשָׁא וְסִיהֲרָא, וְעַל דָּא לָא כְּתִיב עַל (ס''א את) אֱלֹהִים, אֶלָּא עִם אֱלהִים, בְּחִבּוּרָא וְזִוּוּגָא חָדָא.

דָבָר אַחֵר, וַיֹּאמֶר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ט״ו:כ״ו) וַיֹּאמֶר אִם שָׁמוֹעַ תִּשְׁמַע לְקוֹל יְיָ אֱלהֶיךָ, אוּף הָכָא, (בראשית ל״ב:כ״ט) וַיֹּאמֶר לא יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ יַעֲקֹב כִּי אִם יִשְׂרָאֵל, כְּדֵין אִתְעַטַּר יַעֲקֹב בְּדַרְגֵּיהּ, לְמֶהֱוֵי כְּלָלָא דְּאֲבָהָן. מַה כְּתִיב, (שם) וַיְבָרֶךְ אֹתוֹ שָׁם. מַאי וַיְבָרֶךְ אֹתוֹ שָׁם, דְּאוֹדֵי לֵיהּ עַל כֻּלְּהוּ בִּרְכָאן, דְּבָרְכֵיהּ אֲבוֹי.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (משלי ט״ז:ז׳) בִּרְצוֹת יְיָ דַּרְכֵי אִישׁ גַּם אוֹיְבָיו יַשְׁלִים אִתּוֹ. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאִתְתַּקְנָא שְׁבִילוֹי בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין לְמֶעְבַּד פִּקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא. דְּהָא אוֹקְּמוּהָ, דְּוַדַּאי (שמות ק''ו ע''ב, קס''ב ע''ב) תְּרֵין מַלְאָכִין שְׁלִיחָן אִית לְבַר נָשׁ מִלְּעֵילָא לְאִזְדַוְּוגָא בַּהֲדֵיהּ, חַד לִימִינָא וְחַד לִשְׂמָאלָא, וְאִינוּן סָהֲדֵין בֵּיהּ בְּבַר נָשׁ בְּכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד, אִינוּן מִשְׁתַּכְּחֵי תַּמָּן וְקָרִינָן לוֹן יֵצֶר טוֹב וְיֵצֶר רָע.

אָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה וּלְאִשְׁתַּדְּלָא בְּפִקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא, הַהוּא יֵצֶר טוֹב דְּאִזְדַּוַּוג בֵּיהּ, כְּבָר אִיהוּ אִתְתַּקַּף עַל הַהוּא יֵצֶר הָרָע וְאִשְׁתָּלִים בַּהֲדֵיהּ וְאִתְהַפִּיךְ לֵיהּ לְעַבְדָא. וְכַד בַּר נָשׁ אָזִיל לְאִסְתַּאֲבָא, הַהוּא יֵצֶר הָרָע אִתְתַּקַּף וְאִתְגַּבַּר עַל הַהוּא יֵצֶר טוֹב, וְהָא אוֹקִימְנָא. וַדַּאי כַּד הַהוּא בַּר נָשׁ אָתֵי לְאִתְדַּכָּאָה, כַּמָּה תְּקִיפוּ אִתְתַּקַּף בַּר נָשׁ, כַּד אִתְגַּבְּרָא הַהוּא יֵצֶר טוֹב כְּדֵין (משלי ט״ז:ז׳) אוֹיְבָיו יַשְׁלִים אִתּוֹ, דְּהַהוּא יֵצֶר הָרָע אִתְכַּפְיָא קַמֵּיהּ דְּיֵצֶר טוֹב. וְעַל דָּא אָמַר שְׁלֹמֹה, (משלי י״ב:ט׳) טוֹב נִקְלֶה וְעֶבֶד לוֹ, מַאי וְעֶבֶד לוֹ, דָּא יֵצֶר הָרָע. וּכְדֵין כַּד אָזִיל בַּר נָשׁ בְּפִקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא, כְּדֵין גַּם אוֹיְבָיו יַשְׁלִים אִתּוֹ, דָּא יֵצֶר הָרָע, וְדְאֲתָא מִסִּטְרוֹי.

תָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּיַעֲקֹב, אַבְטַח בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכָל אָרְחוֹי הֲווּ לִשְׁמֵיהּ, עַל דָּא אוֹיְבָיו יַשְׁלִים אִתּוֹ. וְדָא (ד''א דא) סמאל, חֵילָא וְתוּקְפָא דְעֵשָׂו דְּאַשְׁלִים עִמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, וּבְגִין דְּאַשְׁלִים עִמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, וְאוֹדֵי לֵיהּ עַל אִינוּן בִּרְכָאן, כְּדֵין אַשְׁלִים עִמֵּיהּ עֵשָׂו, (נ''א כדין אודי ליה עשו דכתיב יש לי רב אחי יהי לך אשר לך, דהא אודי ליה על אינון ברכאן דיליה בחרבא) וְעַד דְּלָא אִשְׁתְּלִים עִמֵּיהּ יַעֲקֹב לְגַבֵּי הַהוּא מְמַנָּא דְּאִתְפַּקַּד עֲלֵיהּ, לָא אַשְׁלִים עִמֵּיהּ עֵשָׂו, בְּגִין כָּךְ, בְּכָל אֲתַר תּוּקְפָא דִלְתַתָּא תַּלְיָא בְּתוּקְפָא דִלְעֵילָא.

וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה עַד מְאֹד וַיֹּאמֶר מִי אֵיפֹה. מִי אֵיפֹה, מַאי מִי אֵיפֹה, מִי הוּא זֶה מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא מִי אֵיפֹה, דְּקַיְימָא שְׁכִינְתָּא תַּמָּן, כַּד בְּרִיךְ לֵיהּ יִצְחָק לְיַעֲקֹב, וְעַל דָּא אָמַר, מִי אֵיפֹה. מַאן הוּא דְּקָאִים הָכָא, וְאוֹדֵי עַל אִינוּן בִּרְכָאן דְּבָרְכִית לֵיהּ, וַדַּאי (בראשית כ״ז:ל״ג) גַּם בָּרוּךְ יִהְיֶה. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִסְתַּכַּם בְּאִינוּן בִּרְכָאן.

רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, בְּגִין הַהִיא חֲרָדָה דְּאַחֲרִיד יַעֲקֹב לְיִצְחָק אֲבוֹי, אִתְעֲנַשׁ יַעֲקֹב בְּעוֹנָשָׁא דְּיוֹסֵף, דְּחָרַד חֲרָדָה כְּהַאי, בְּשַׁעְתָּא דְּאָמְרוּ לֵיהּ, (בראשית ל״ז:ל״ב) זֹאת מָצָאנוּ. יִצְחָק אָמַר מִי אֵיפֹה. בְּאֵיפֹה אִתְעֲנַשׁ יַעֲקֹב, דִּכְתִיב, (בראשית ל״ז:ל״ב) אֵיפֹה הֵם רוֹעִים, וְתַמָּן יוֹסֵף אִתְאֲבִיד וְאִתְעֲנִישׁ יַעֲקֹב. וְאַף עַל גַּב דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִסְתַּכַּם עַל יְדוֹי בְּאִינוּן בִּרְכָאן, אִיהוּ אִתְעֲנַשׁ בְּאֵיפֹה, דִּכְתִיב אֵיפֹה הֵם רוֹעִים. וּמִתַּמָּן אִתְאֲבִיד מִנֵּיהּ וְאִתְעֲנַשׁ כָּל הַהוּא עוֹנָשָׁא. (בראשית כ״ז:ל״ג) וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה, מַאי גְדוֹלָה, כְּתִיב הָכָא גְדוֹלָה, וּכְתִיב הָתָם (דברים י״ח:ט״ז) וְאֶת הָאֵשׁ הַגְּדוֹלָה הַזֹּאת וְגו', דְּעָאל עִמֵּיהּ גֵּיהִנֹּם. עַד מְאֹד. מַאי עַד מְאֹד. כְּתִיב הָכָא מְאֹד, וּכְתִיב הָתָם (בראשית א׳:ל״א) וְהִנֵּה טוֹב מְאֹד, דָּא מַלְאַךְ הַמָּוְת, כְּדֵין אָמַר מִי אֵיפֹה.
(Ⅰ)
[145b]  
[...] car Jacob avait la loi sur sa langue ; c’est la langue qui dirige la parole, car sans elle il n’y a ni voix ni parole : on l’a déjà expliqué.
Rabbi Hiyâ ouvrit ensuite sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Prov., VIII, 12) :« Moi qui suis la Sagesse, j’habite dans l’esprit, et je me trouve présente parmi les pensées judicieuses. » La phrase : « Moi qui suis la Sagesse » désigne la « Communauté d’Israël ». La phrase : « J’habite dans l’esprit » désigne Jacob qui avait de l’esprit. La phrase : « Et je me trouve présente parmi les pensées judicieuses » désigne Isaac, qui s’était proposé de bénir Esaü ; mais, comme la Sagesse s’était associée à Jacob, parce qu’il avait de l’esprit, c’est lui qui reçut les bénédictions de son père, qui seront réalisées dans sa postérité pour toute l’éternité. Car, après l’avènement du Messie, toutes les bénédictions d’Isaac seront réalisées en Israël, qui ne formera qu’un seul peuple sur la terre ; car tous les peuples, à cette époque, ne formeront qu’un seul peuple du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Éz., XXXVII, 22) : « Et j’en ferai un seul peuple sur la terre. » Ils exerceront un pouvoir au ciel aussi bien que sur la terre, ainsi qu’il est écrit (Dan., VII, 13) : « Je considérais ces choses comme une vision de nuit ; et je vis le Fils de l’homme qui venait avec des nuées du ciel, et qui s’avançait jusqu’à l’Ancien des jours. » Ces paroles désignent le Roi Messie, ainsi qu’il est écrit (Dan., II, 44) : « Dans le temps de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, etc. » C’est pour cette raison que Jacob a préféré réserver sa bénédiction pour ce temps futur et ne voulut pas en jouir immédiatement.
Rabbi Yessa (ou Yossé ?) ouvrit ensuite sa conférence de la manière suivante : Il est écrit (Jér., XLVI, 27) : « Et maintenant, ne crains point, Jacob mon serviteur ; et toi, Israël, ne t’épouvante point ; parce que, quelque loin que tu sois, je te sauverai et je tirerai tes enfants du pays où ils seront captifs. Jacob reviendra et se reposera en paix, et il ne craindra rien. » Ce verset a été déjà expliqué ailleurs (46). Mais il a également la signification suivante : Lorsque Jacob quitta son père, il était rempli de la crainte que sa postérité ne fût perdue avant la réalisation des bénédictions de son père, réalisation qui ne devait avoir lieu que longtemps après. Une voix céleste fit entendre ces paroles : « Et maintenant ne crains point, Jacob mon serviteur, dit le Seigneur, parce que je suis avec toi. » Dieu lui promit ainsi que sa postérité ne serait jamais perdue. La voix ajouta : « Et je retirerai tes enfants des pays où ils sont captifs. » La voix dit ainsi : Bien qu’à l’instant Esaü jouisse de la bénédiction qui lui avait été donnée, et qu’il domine sur tes enfants, je délivrerai ces derniers de son joug, et ce seront eux qui subjugueront Esaü. En plus, la voix ajouta : « Jacob reviendra. » Ces paroles désignent la Schekhina. Enfin, la voix ajouta : « ... Et se reposera en paix. » Cela veut dire qu’il sera délivré du joug des rois de Babylone, de Médie, de la Grèce et d’Edom, qui ont subjugué Israël. Et la voix terminait par la promesse, que la postérité de Jacob ne craindrait plus rien de toute éternité. Les trois voyageurs continuèrent leur route. Chemin faisant,
Rabbi Yossé dit : Il est certain que toutes les œuvres du Saint, béni soit-il, sur la terre, ont été faites par le mystère de la Sagesse éternelle que le Saint, béni soit-il, veut faire connaître aux hommes. Dieu veut que les hommes découvrent dans ses œuvres le mystère de la Sagesse. Or, les œuvres du Saint, béni soit-il, ce sont les paroles de l’Écriture sainte ; car il n’y a pas un seul verset dans l’Écriture sainte, quelque insignifiant qu’il paraisse au premier abord, qui ne renferme plusieurs sentiers conduisant au mystère de la Sagesse suprême.
Remarquez que Rabbi Iohanan, fils de Zaccaï (47), a prononcé trois cents maximes se rapportant au mystère de la Sagesse suprême, toutes déduites des paroles du verset suivant (Gen., XXXVI, 39) : « Et sa femme se nommait Méetabel, fille de Matred, fille de Me-Zaab (48). » Rabbi Iohanan n’a divulgué les trois cents maximes du verset précité qu’à Rabbi Eliézer, afin de lui faire connaître le nombre de mystères qui sont renfermés dans la moindre parole de l’Écriture sainte. Tant les paroles de l’Écriture sainte sont sacrées et merveilleuses, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXIX, 18) : « Ote le voile qui est sur mes yeux, afin que je considère les merveilles qui sont enfermées dans ta loi. »
Remarquez que, depuis le moment où le serpent avait détourné Adam de sa voie et s’était approché de sa femme, dans laquelle il jeta une souillure, le monde reste souillé, la terre reste maudite, et la mort est le sort de tout le monde. Mais un jour arrivera où le monde se vengera du serpent ; ce sera le jour de l’avènement de l’Arbre de Vie qui obtiendra la rémission des péchés de l’homme et qui enchaînera le serpent, de façon qu’il ne puisse plus dominer sur la descendance de Jacob en toute éternité. Car, à l’époque où Israël offrait des holocaustes dans le temple à Jérusalem, il avàit coutume d’offrir un bouc, dans le but d’enchaîner le serpent et de le réduire dans l’état d’esclavage, ainsi que cela a été dit (49). C’est également pour cette raison que Jacob apporta à son père deux chevreaux, l’un destiné à enchaîner Esaü appelé Séïr, et un autre destiné à enchaîner la puissance dont Esaü dépendait parce qu’il s’y était attaché (c’est-à-dire Samaël), ainsi que cela a été dit (50). Le monde restera sous la domination du serpent jusqu’au jour où arriveront une femme semblable à Ève, et un homme semblable à Adam, qui maîtriseront et vaincront [...]
- (בראשית כ״ז:ל״ד) כִּשְׁמוֹעַ עֵשָׂו אֶת דִּבְרֵי אָבִיו וְגו'.

אָמַר רִבִּי חִיָּיא, כַּמָּה בִּישִׁין עָבְדוּ אִינוּן דִּמְעִין דְּבָכָה וְאַפִּיק עֵשָׂו קַמֵּי אֲבוֹי, בְּגִין דְּיִתְבָּרֵךְ מִנֵּיהּ, בְּגִין דְּהֲוָה חָשִׁיב מִלָּה דְּאֲבוֹי יַתִּיר. הֲכִי קָרָא שְׁמוֹ יַעֲקֹב. (ד''א ל''ג ואוקמוה) הֲכִי קָרָא שְׁמוֹ, קָרָא שְׁמוֹ הַהוּא דְּקָרָא לֵיהּ, אַפִּיק צִיצָא דְרוֹקָא בְּגִין קְלָנָא. הֲכִי נִקְרָא שְׁמוֹ לָא כְּתִיב, אֶלָּא קָרָא שְׁמוֹ. (בראשית כ״ז:ל״ו) וַיַּעַקְבֵנִי זֶה פַּעֲמָיִם. זֶה. מַהוּ זֶה, (אלא) וַיַּעַקְבֵנִי פַּעֲמָיִם מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא, מִלָּה חַד הֲוֵי תְּרֵי זִמְנֵי, בְּכוֹרָתִי, (ק''ס ע''א, שמות קי''א ע''א) אַהֲדַר לֵיהּ זִמְנָא אָחֳרָא בִּרְכָתִי, זֶה הוּא תְּרֵי זִמְנִין. כְּגַוְונָא דָא, (בראשיתמג) כִּי עַתָּה שַׁבְנוּ זֶה פַּעֲמָיִם, מִלָּה חַד, תְּרֵין זִמְנִין. חַד דְּהָא אַהֲדַרְנָא לֵיהּ וְלָא נֶהֱוֵי בְּכִסּוּפָא קַמֵּיהּ דְּהַהוּא בַּר נָשׁ. שַׁבְנוּ, בּשְׁנוּ. אֲנַן בְּכִסּוּפָא מִנֵּיהּ, וּכְבָר אַהֲדַרְנָא.

כְּגַוְונָא דָא, אָמַר אִיּוֹב, (איוב י״ג:כ״ד) וְתַחְשְׁבֵנִי לְאוֹיֵב לָךְ, אַהֲדַר אִיּוֹב, אוֹיֵב. וְאוּקְמוּהָ דִּכְתִיב, (איוב ט) אֲשֶׁר בִּסְעָרָה יְשׁוּפֵנִי וְגו'. אָמַר לְפָנָיו, רִבּוֹנוֹ שֶׁל עוֹלָם, שֶׁמָּא רוּחַ סְעָרָה עָבְרָה לְפָנֶיךָ. וְהָכָא בְּכוֹרָתִי לָקָח וְהִנֵּה עַתָּה אַהֲדַר מִלָּה וְנָטִיל בִּרְכָתִי. (בראשית כ״ז:ל״ז) הֵן גְּבִיר שַׂמְתִּיו לָךְ וְגו', וּלְךָ אֵיפֹה מָה אֶעֱשֶׂה בְּנִי. וּלְךָ אֵיפֹה, לֵית קְיָימָא הָכָא מַאן דְּמִסְתַּכַּם עֲלָךְ. מָה אֶעֱשֶׂה בְּנִי. כְּדֵין, בָּרְכֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא וְאִסְתַּכַּל בְּדַרְגֵּיהּ, וְאָמַר (בראשית כ״ז:ל״ט-מ׳) וְעַל חַרְבְּךָ תִחְיֶה, דְּהָא הָכִי אִתְחֲזֵי לָךְ לְאוֹשָׁדָא דָּמִין וּלְמֶעְבַּד קְרָבִין, וְעַל דָּא אָמַר מָה אֶעֱשֶׂה בְּנִי.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, וּלְךָ אֵיפֹה מָה אֶעֱשֶׂה, כֵּיוָן דְּאָמַר הַאי, אַמַּאי בְּנִי. אֶלָּא אָמַר לֵיהּ, וּלְךָ אֵיפֹה מָה אֶעֱשֶׂה, דְּאַנְתְּ בְּדִינָא וּבְחַרְבָּא וּבְדָמָא חָזִינָא לָךְ, וּלְאָחִיךָ בְּאֹרַח שְׁלִים. אֶלָּא בְּנִי, בְּנִי וַדַּאי, אֲנָא גָּרִימְנָא לָךְ, בְּגִין דְּאַנְתְּ בְּנִי. וְעַל דָּא עַל חַרְבְּךָ תִחְיֶה וְאֶת אָחִיךָ תַּעֲבֹד. וְעֲדַיִין לָא אִתְקַיָּים, דְּהָא לָא פָלַח לֵיהּ עֵשָׂו לְיַעֲקֹב. בְּגִין דְּיַעֲקֹב לָא בָעָא לֵיהּ הַשְׁתָּא, וְאִיהוּ אַהֲדַר וְקָרָא לֵיהּ אֲדֹנִי כַּמָּה זִמְנֵי, בְּגִין דְּאִסְתַּכַּל לְמֵרָחוֹק, וְסָלִיק לֵיהּ לְסוֹף יוֹמַיָא, כִּדְקָאֲמָרָן.

רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְאָרְחָא. עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, חָמוּ לֵיהּ לְרִבִּי יוֹסֵי סָבָא דְּהֲוָה אָזִיל בַּתְרַיְיהוּ. יָתְבוּ עַד דְּמָטָא לְגַבַּיְיהוּ. כֵּיוָן דְּמָטָא לְגַבַּיְיהוּ, אָמְרוּ הַשְׁתָּא אָרְחָא מִתְתַּקְנָא קַמָּן, אֲזְלוּ. אָמַר רִבִּי חִיָּיא (תהילים קי״ט:קכ״ו) עֵת לַעֲשׂוֹת לַיְיָ. פָּתַח רִבִּי יוֹסֵי וְאָמַר, (משלי ל״א:כ״ו) פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָהּ. פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָהּ אִלֵּין אִינוּן יִשְׂרָאֵל, דְּאִינוּן לִישְׁנָא דְאוֹרַיְיתָא דְּמִשְׁתָּעֵי בָהּ יוֹמֵי וְלֵילֵי. (משלי ל״א:כ״ו) פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה דָּא ב' דִּבְרֵאשִׁית, וְאוּקְמוּהָ. וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָהּ דָּא אַבְרָהָם, דְּבֵיהּ בָּרָא עַלְמָא, וּבֵיהּ מִשְׁתָּעֵי תָּדִיר. ב' סָתִים מֵהַאי גִיסָא, וּפְתִיחָא מֵהַאי גִיסָא. סְתִימָא מֵהַאי גִיסָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ל״ג:כ״ג) וְרָאִיתָ אֶת אֲחוֹרָי. פְּתִיחָא מֵהַאי גִיסָא, בְּגִין לְאַנְהָרָא (נ''א להדרא) אַנְפָּהָא לְגַבֵּי עֵילָא, וּפְתִיחָא מֵהַאי גִיסָא, בְּגִין לְקַבְּלָא מִלְּעֵילָא, וְאִיהִי אַכְּסַדְּרָה לְקַבְּלָא. וּבְגִין כָּךְ קָיְימָא בְּרֵישָׁא דְאוֹרַיְיתָא וְאִתְמַלְיָיא לְבָתַר, פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה, בְּחָכְמָה וַדַּאי, דִּכְתִיב בְּרֵאשִׁית בָּרָא אֱלֹהִים, כְּתַרְגּוּמוֹ. וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָהּ, דְּהָא לְבָתַר מִשְׁתָּעֵי וְאָמַר (בראשית א׳:ג׳) וַיֹּאמֶר אֱלֹהִים יְהִי אוֹר וַיְהִי אוֹר.

פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה, דָּא ה' (קדמאה) דִּשְׁמָא קַדִּישָׁא דְּכֹלָּא בָּהּ, וְאִיהִי סָתִים וְגַלְּיָא, כְּלִילָא דְּעֵילָא וְתַתָּא, רָזָא דְּעֵילָא וְתַתָּא. (משלי ל״א:כ״ו) פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה, בְּגִין דְּאִיהִי סְתִימָא דְּלָא אִתְיְידַע כְּלַל, דִּכְתִיב, (איוב כ״ח:כ״א) וְנֶעֶלְמָה מֵעֵינֵי כָל חָי וּמֵעוֹף הַשָּׁמַיִם נִסְתָּרָה. וְכַד שָׁארֵי לְאִתְפַּשְּׁטָא בְּחָכְמָה דְּאִתְדָּבַּק בָּהּ, וְאִיהִי בְּגַוָּוהּ, (ואיהי) אֲפִיקַת קָלָא, דְּאִיהִי תּוֹרַת חֶסֶד.

פִּיהָ פָּתְחָה בְחָכְמָה, דָּא ה''א בַּתְרָאָה דְּאִיהוּ (דאיהי) דִּבּוּר, וּמִלָּה תַלְיָא בְּחָכְמָה. וְתוֹרַת חֶסֶד עַל לְשׁוֹנָה. דָּא קוֹל דְּקָיְימָא עַל דִּבּוּר לְאַנְהָגָא לֵיהּ. וְתוֹרַת חֶסֶד, דָּא יַעֲקֹב,
(Ⅰ)
[146a]  
[...] le mauvais serpent, ainsi que celui qui chevauche dessus (51), c’est-à-dire Samaël, ainsi que cela a été dit.
Rabbi Yossé commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XXV, 27) : « Et Esaü devint habile à la chasse et s’appliquait à cultiver la terre. » Ces paroles ont été déjà expliquées.
L’Écriture ajoute : « Et Jacob était un homme parfait ; et il demeurait dans les tentes. » L’Écriture nous explique la raison pour laquelle Jacob était un homme parfait, - car le mot « tham » signifie « parfait », ainsi que le traduit la paraphrase chaldaïque ; - et c’est pourquoi elle ajoute : « Il demeurait dans les tentes », ce qui veut dire : Jacob était un homme parfait, parce qu’il tenait des deux « tentes », de celle d’Abraham et de celle d’Isaac. C’est parce que Jacob tenait également d’Isaac qu’il a pu vaincre Esaü, ainsi qu’il est écrit (II Rois, XXII, 26) : « Tu seras parfait avec les parfaits, pur avec les purs... et méchant avec les méchants. » C’est grâce aux qualités que Jacob tenait d’Abraham et d’Isaac qu’il a pu, avec l’aide d’en haut, obtenir la bénédiction de son père.
Remarquez que Jacob a vaincu Esaü, ainsi que son chef céleste Samaël, à l’aide de la Sagesse. Car, bien que Samaël et Esaü ne constituent qu’une seule force, il a dû soutenir deux luttes contre eux, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXII, 25) : « Et un homme lutta contre lui jusqu’au matin. » L’Écriture ajoute : « ... Voyant qu’il ne pouvait le surmonter. » Voyez combien grand était le mérite de Jacob. Car l’ange d’Esaü était venu avec l’intention de faire disparaître Jacob de ce monde. Cette nuit était à l’époque où la lune est cachée, et Jacob était seul, sans compagnon de route. Or, une tradition nous apprend qu’il est interdit à l’homme de sortir seul durant la nuit, et à plus forte raison est-ce défendu (52) à l’époque où l’astre de nuit est caché, parce que c’est alors que les démons parcourent le monde, ainsi que cela résulte du mot « meoroth » (Gen., I, 14) écrit sans Vav. Aussi, Samaël requit-il contre Jacob et voulut-il le faire disparaître de ce monde. Mais quand il a vu Jacob appuyé à sa droite par Abraham et à sa gauche par Isaac, il a reconnu l’impossibilité de le vaincre, et il s’est contenté de lui toucher le nerf de la cuisse ; car, du moment qu’il ne pouvait plus s’attaquer au tronc de Jacob, il dut se contenter d’en léser la cuisse, ainsi qu’il est écrit : « Et il lui toucha le nerf de la cuisse (53). » Lorsque le jour se leva, la force de Samaël diminua ; c’est pourquoi il dit à Jacob : « Laisse-moi partir. » C’était le moment où Samaël devait entonner le cantique du matin ; et c’est pour cette raison qu’il était obligé de partir. Il reconnut à Jacob la validité de la bénédiction que celui-ci avait reçue, et il en ajouta une autre encore, ainsi qu’il est écrit : « Et il le bénit en ce même lieu. »
Remarquez que Jacob a reçu plusieurs bénédictions. L’une, de son père, qu’il a obtenue par la ruse ; une autre, de la Schekhina ; car le Saint, béni soit-il, l’avait béni lorsqu’il avait quitté Laban, ainsi qu’il est écrit : « Et le Seigneur bénit Jacob. » Une autre bénédiction lui avait été accordée par le chef d’Esaü. Enfin, il a reçu une autre bénédiction de son père, lorsqu’il se rendait en Mésopotamie, en Syrie, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVIII, 3) : « Que le Dieu tout puissant te bénisse, etc. » Lorsque Jacob se voyait en danger, il se demandait : Quelle bénédiction faut-il que j’invoque pour être secouru ? Et il choisit toujours la plus faible des bénédictions qui est la dernière bénédiction de son père ; celle-ci n’est pas considérée comme la plus faible en raison de celui qui l’a donnée, mais en raison de son contenu ; car elle ne renferme que la promesse des biens terrestres.
Aussi, Jacob disait-il toujours : Je me servirai, pour l’instant, de la plus faible des bénédictions, et je réserverai les plus importantes pour l’époque où moi et ma descendance en aurons un pressant besoin. Et quelle sera cette époque ? - Lorsque tous les peuples se ligueront contre la descendance de Jacob dans le but de l’exterminer de ce monde, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXVIII, 10, 11, 12) : « Toutes les nations m’ont assiégé ; mais c’est au nom du Seigneur que je m’en suis vengé. Elles m’ont assiégé... Elles m’ont assiégé... ; mais c’est au nom du Seigneur que je m’en suis vengé. » L’Écriture se sert trois fois du mot « assiégé », pour correspondre aux trois bénédictions importantes que Jacob invoquera pour être délivré de la coalition des peuples ; la première bénédiction est celle de son père ; la seconde, celle du Saint, béni soit-il ; et la troisième, celle de l’ange. Jacob s’était donc dit : Quand j’aurai à me défendre contre des rois et des peuples, j’invoquerai les bénédictions importantes ; mais, pour être délivré d’Esaü, il me suffit d’invoquer la bénédiction la moins importante. Le cas de Jacob est comparable à un roi qui rassembla un grand nombre de légions puissantes, sous les ordres de grands capitaines, dans le but de les envoyer contre des rois puissants [...]
- דְּאִיהוּ עַל לְשׁוֹנָהּ, לְאַנְהָגָא מִלָּה וּלְאַחֲדָא לָהּ, דְּהָא לֵית דִּבּוּר בְּלָא קוֹל, וְאוּקְמוּהָ.

פָּתַח רִבִּי חִיָּיא אֲבַתְרֵיהּ וְאָמַר, (משלי ח׳:י״ב) אֲנִי חָכְמָה שָׁכַנְתִּי עָרְמָה וְדַעַת מְזִמּוֹת אֶמְצָא. אֲנִי חָכְמָה, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל. שָׁכַנְתִּי עָרְמָה, דָּא יַעֲקֹב דְּאִיהוּ חַכִּים, וְדַעַת מְזִמּוֹת אֶמְצָא דָּא יִצְחָק, דְּהֲוָה לֵיהּ דַּעַת מְזִמּוֹת לְבָרְכָא לֵיהּ לְעֵשָׂו. וּבְגִין דְּחָכְמָה אִשְׁתַּתֵּף בַּהֲדֵיהּ דְּיַעֲקֹב דְּאִיהוּ עָרְמָה, וְדַעַת מְזִמּוֹת אֶמְצָא, דְּאִתְבָּרַךְ יַעֲקֹב מֵאֲבוֹי, וְשָׁרוּ עֲלֵיהּ כָּל אִינוּן בִּרְכָאן, וְאִתְקַיְימוּ בֵּיהּ וּבִבְנוֹי לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמִין.

מֵאִינוּן אִתְקָיְימוּ בְּהַאי עָלְמָא, וְכֻלְּהוּ יִתְקַיְימוּן לְזִמְנָא דְמַלְכָּא מְשִׁיחָא, דִּכְדֵין יְהוֹן יִשְׂרָאֵל גּוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ וְעַם אֶחָד לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (יחזקאל ל״ז:כ״ב) וְעָשִׂיתִי אֹתָם לְגוֹי אֶחָד בָּאָרֶץ. וְיִשְׁלְטוּן לְעֵילָא וְתַתָּא, דִּכְתִיב, (דניאל ז׳:י״ג) וַאֲרוּ עִם עֲנָנֵי שְׁמַיָא כְּבַר אֱנָשׁ אָתֵה, דָּא מַלְכָּא מְשִׁיחָא, דִּכְתִיב, (דניאל י״ב:ח׳-ט׳) וּבְיוֹמֵיהוֹן דִּי מַלְכַיָּא אִנּוּן יְקִים אֱלָהּ שְׁמַיָא מַלְכוּ וְגו'. וְעַל דָּא בָּעָא יַעֲקֹב, דְּיִסְתַּלְּקוּן בִּרְכוֹי לְהַהוּא זִמְנָא דְּאָתֵי, וְלָא נָטַל לוֹן לְאַלְתָּר.

פָּתַח רִבִּי יֵיסָא אֲבַתְרֵיהּ וְאָמַר, וְאַתָּה אַל תִּירָא עַבְדִּי יַעֲקֹב נְאֻם יְיָ וְאַל תֵּחַת יִשְׂרָאֵל וְגו'. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּנָפַק יַעֲקֹב מִקַּמֵּי אֲבוֹי, בְּאִינוּן בִּרְכָאן, אִסְתַּכַּל בְּנַפְשֵׁיהּ. אָמַר, הָא אִלֵּין בִּרְכָאן, בָּעֵינָא לְסַלְקָא לוֹן לְבָתַר לְאֲרִיכוּ יוֹמִין, וְהֲוָה דָּחִיל וּמִסְתָּפֵי, נָפַק קָלָא וְאָמַר, (ירמיהו מ״ו:כ״ח) וְאַתָּה אַל תִּירָא עַבְדִּי יַעֲקֹב נְאֻם יְיָ כִּי אִתְּךָ אָנִי, לָא אֶשְׁבּוֹק לָךְ בְּהַאי עַלְמָא. (ירמיהו מ״ו:כ״ח) כִּי הִנְנִי מוֹשִׁעֲךָ מֵרָחוֹק, לְהַהוּא זִמְנָא דְּאַנְתְּ סָלִיק לוֹן לְאִינוּן בִּרְכָאן. (ירמיהו מ״ו:כ״ז) וְאֶת זַרְעֲךָ מֵאֶרֶץ שִׁבְיָם, דְּאַף עַל גַּב דְּהַשְׁתָּא נָטִיל בִּרְכוֹי עֵשָׂו וְיִשְׁתַּעְבְּדוּן בִּבְנָךְ, אֲנָא אַפִּיק לוֹן מִידוֹי, וּכְדֵין יְשַׁעְבְּדוּן בָּנֶיךָ בֵּיהּ. וְשָׁב יַעֲקֹב, לְאִינוּן בִּרְכָאן, וְשָׁב יַעֲקֹב, דָּא שְׁכִינְתָּא (נ''א דהיא עמיה דיעקב). וְשָׁב יַעֲקֹב וַדַּאי. וְשָׁקַט וְשַׁאֲנָן, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ. מֵאִינוּן מַלְכְּוָון, מִבָּבֶל מִמָּדַי וּמִיָּוָן, וּמֵאֱדוֹם. דְּאִינְהוּ הֲווּ דְּאִשְׁתַּעְבְּדוּ בְּהוּ בְּיִשְׂרָאֵל. (שם) וְאֵין מַחֲרִיד, לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמַיָא.

אֲזְלוּ, עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, וַדַּאי כָּל מַה דְּעֲבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּאַרְעָא, כֹּלָּא הֲוָה בְּרָזָא דְחָכְמְתָא, וְכֹלָּא בְּגִין לְאַחֲזָאָה חָכְמְתָא עִלָּאָה לְהוּ לִבְנֵי נָשָׁא, בְּגִין דְּיִלְפוּן מֵהַהוּא עוֹבָדָא רָזִין דְּחָכְמְתָא, וְכֹלָּא אִינוּן כְּדְקָא יְאוּת, וְעוֹבָדוֹי כֻּלְּהוּ אוֹרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא, בְּגִין דְּאוֹרְחֵי דְּאוֹרַיְיתָא, אִינוּן אָרְחֵי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְלֵית מִלָּה זְעֵירָא דְּלֵית בָּהּ כַּמָּה אוֹרְחִין וּשְׁבִילִין, וְרָזִין דְּחָכְמְתָא עִלָּאָה.

תָּא חֲזֵי, דְּהָא רִבִּי יוֹחָנָן בֶּן זַכַּאי הֲוָה אָמַר תְּלַת מְאָה הֲלָכוֹת פְּסוּקוֹת, בְּרָזָא דְחָכְמְתָא עִלָּאָה, בַּפָּסוּק (בראשית ל״ו:ל״ט) וְשֵׁם אִשְׁתּוֹ מְהֵיטַבְאֵל בַּת מַטְרֵד בַּת מֵי זָהָב, וְלָא גָלֵי לוֹן, אֶלָּא לְרִבִּי אלִיעֶזֶר דְּהֲוָה עִמֵּיהּ, בְּגִין לְמִנְדַע דְּכַמָּה רָזִין עִלָּאִין אִינוּן בְּכָל עוֹבָדָא וְעוֹבָדָא דְּאִיהִי בְּאוֹרַיְיתָא, וּבְכָל מִלָּה וּמִלָּה חָכְמְתָא אִיהִי, וְאוֹרַיְיתָא דִּקְשׁוֹט, בְּגִין כָּךְ אִינוּן מִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא, מִלִּין קַדִּישִׁין אִינוּן, לְאַחֲזָאָה מִינָהּ נִפְלָאוֹת, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים קי״ט:י״ח) גַּל עֵינַי וְאַבִּיטָה נִפְלָאוֹת מִתּוֹרָתֶךָ.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּעֲקִים הַהוּא חִוְיָא לְאָדָם וּלְאִתְּתֵיהּ, דְּאַקְרִיב לְאִתְּתָא וְאַטִּיל בָּהּ זוּהֲמָא, וְאִתְפַּתָּא בֵּיהּ אָדָם כְּדֵין אִסְתָּאַב עַלְמָא וְאִתְלַטְיָא אַרְעָא בְּגִינֵיהּ, וְגָרִים מוֹתָא לְכָל עַלְמָא, וְקַיְימָא עַלְמָא לְאִתְפָּרְעָא מִנֵּיהּ. עַד דְּאֲתָא אִילָנָא דְחַיֵּי, וְכָפֵי (וכפר) עַל אָדָם, וְכַפְיָיא לֵיהּ לְהַהוּא נָחָשׁ דְּלָא יִשְׁלוֹט לְעָלְמִין עַל זַרְעָא דְיַעֲקֹב.

דְּהָא בְּזִמְנָא דְאַקְרִיבוּ יִשְׂרָאֵל שָׂעִיר, הֲוָה אִתְכַּפְיָא הַהוּא נָחָשׁ וְאִתְהַפַּךְ לְעַבְדָא, (קמ''ד ע''ב) כְּמָה דְאִתְּמָר. וְעַל דָּא אַקְרִיב יַעֲקֹב לְאֲבוֹי תְּרֵין שְׂעִירִין. חַד, לְאַכְּפְיָא לְעֵשָׂו דְּאִיהוּ שָׂעִיר. וְחַד, בְּגִין דַּרְגָּא דְּהֲוָה תָּלֵי בֵּיהּ עֵשָׂו וְאִתְדָּבַּק בֵּיהּ (קמ''ב ע''ב) וְאִתְּמָר.

וּבְגִין כָּךְ קָיְימָא עַלְמָא, עַד דְּתֵיתֵי אִתְּתָא כְּגַוְונָא דְחַוָּה, וּבַר נָשׁ כְּגַוְונָא דְאָדָם, וְיַעֲקִימוּ וְיַחְכִּימוּ
(Ⅰ)
[146b]  
[...] , pour leur faire la guerre. Avant de partir à la guerre, il apprit que quelques brigands s’étaient introduits dans un bourg. Il envoya quelques gardiens de portes pour chasser ces brigands. Ceux qui entouraient le roi lui demandèrent : Comment ! tu possèdes tant de légions, et tu n’envoies que quelques gardiens de portes contre les brigands ? Le roi leur répondit : Les humbles gardiens de portes sont suffisants pour chasser les brigands ; quant à mes légions et les capitaines qui les conduisent, je m’en servirai, lorsque le moment sera venu, contre les rois puissants à qui je vais faire la guerre. Jacob a raisonné de la même façon en invoquant la plus faible bénédiction contre Esaü. Mais lorsque le moment sera venu, Jacob invoquera toutes les bénédictions qu’il a reçues ; et c’est alors que le monde sera affermi. C’est à partir de cette époque que le règne que Jacob aura établi sur la terre sera au-dessus de tous les règnes, ainsi qu’il est écrit (Dan., II, 44 et 45) : « Dans le temps de ces royaumes, le Dieu du ciel suscitera un royaume qui ne sera jamais détruit, un royaume qui ne passera pas à un autre peuple, qui renversera et qui réduira en poudre tous ces royaumes, et qui subsistera éternellement, selon que tu as vu que la pierre qui avait été détachée de la montagne,. sans la main d’aucun homme, a brisé l’argile, le fer, l’airain, l’argent et l’or. » Le mot « pierre» désigne Celui à qui font allusion les paroles de l’Écriture (Gen., XLIX, 24) : « Il est sorti de là pour être le pasteur et la pierre d’Israël. » Qui est cette pierre ? C’est la « Communauté d’Israël », ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVIII, 22) : « Et cette pierre, que j’ai dressée comme un monument, s’appellera la Maison de Dieu. »
Rabbi Hiyâ dit : Nous inférons ce qui précède du verset (Is., X, 21) suivant : « Les restes reviendront, les restes de Jacob reviendront au Dieu fort. » C’est grâce aux bénédictions que Jacob avait reçues que sa descendance reviendra au Dieu fort et que se réalisera la prophétie (Michée, V, 6) : « Les restes de Jacob seront au milieu de la multitude des peuples comme une rosée qui vient du Seigneur. » Rabbi Yessa commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Malachie, I, 6) : « Le fils honore son père. » Cette phrase désigne Esaü ; car nul homme au monde n’a tant honoré le père qu’Esaü ; et c’est en récompense de cette bonne action qu’il a obtenu la domination de ce monde. Les mots : « ... Et le serviteur honore son seigneur » désignent Eliézer, le serviteur d’Abraham, ainsi que cela a été déjà dit (54). Car, comme il était arrivé à Haran avec des chameaux chargés de richesses et de présents, il aurait été excusable s’il avait dit à Bathuel et à Laban qu’il était un parent d’Abraham ou un ami chargé de cette mission. Mais lui, au contraire, commença par déclarer : « Je suis le serviteur d’Abraham. » Et, à la suite, il l’appela plusieurs fois «mon maître ». C’était pour honorer Abraham ; et Dieu lui en a tenu compte plusieurs fois. De même, l’honneur qu’Esaü a rendu à son père lui a valu la domination sur le monde et fut cause des larmes qu’Israël versa sous sa domination. Cet état de choses durera jusqu’au jour où Israël se tournera vers le Saint, béni soit-il, en pleurant et en versant des larmes, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXI, 9) : « Ils reviendront en pleurant, et je les ramènerai dans ma miséricorde. » C’est à cette époque que s’accomplira la prophétie (Abdias, I, 21) de l’Écriture : « Ceux qui doivent sauver le peuple monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Esaü, et le règne demeurera au Seigneur. » « Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le Seigneur éternellement. Amen, amen ! » [...]
- לֵיהּ לְהַהוּא חִוְיָא בִּישָׁא וְהַהוּא דְּרָכִיב עֲלֵיהּ וְכֹלָּא אִתְּמָר.

פָּתַח וְאָמַר, (בראשית כ״ה:כ״ז) וַיְהִי עֵשָו אִישׁ יוֹדֵעַ צַיִד אִישׁ שָׂדֶה, וְהָא אִתְּמָר וְיַעֲקֹב אִישׁ תָּם ישֵׁב אֹהָלִים. אִישׁ תָּם, גְבַר שְׁלִים, כְּתַרְגּוּמוֹ. ישֵׁב אֹהָלִים, אַמַּאי אִיהוּ תָּם, בְּגִין דְּאִיהוּ ישֵׁב אֹהָלִים, דְּאָחִיד (קל''ט ע''ב) לִתְרֵין סִטְרִין, לְאַבְרָהָם וּלְיִצְחָק. וְעַל דָּא, יַעֲקֹב בְּסִטְרָא דְיִצְחָק אֲתָא לְגַבֵּיה דְעֵשָׂו, כְּמָה דְּאִתְּמָר. דִּכְתִיב, (שמואל ב כה) עִם חָסִיד תִּתְחַסָּד וְעִם עִקֵּשׁ תִּתַּפָּל. וְכַד אֲתָא עִם בִּרְכָאן, בְּסִיּוּעָא דִלְעֵילָא קָא אֲתָא, בְּסִיּוּעָא דְאַבְרָהָם וְיִצְחָק, וּבְגִין כָּךְ בְּחָכְמְתָא הֲוָה, כְּמָה דְאִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, כַּד יַעֲקֹב אִתְעָר לְגַבֵּי סמאל, דַּרְגָּא דְעֵשָׂו, וְקַבִּיל עֲלֵיהּ לְיַעֲקֹב, וְיַעֲקֹב נָצַח לֵיהּ בְּכַמָּה סִטְרִין, נָצַח לְחִוְיָא בְּחָכְמְתָא וּבַעֲקִימוּ, וְלָא אִתְנָצַח, בַּר בְּשָׂעִיר. וְאַף עַל גַּב דְּכֹלָּא חַד, נָצַח כְּמוֹ כֵן לְסמאל בְּנִצְחוֹנָא אָחֳרָא, וְנָצְחֵיהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב (בראשית לכ) וַיְאָבֶק אִישׁ עִמּוֹ עַד עֲלוֹת הַשָּׁחַר. וַיַּרְא כִּי לא יָכוֹל לוֹ.

תָּא חֲזֵי, זְכוּתֵיהּ דְּיַעֲקֹב כַּמָּה הֲוָה, דְּאִיהוּ אֲתָא וּבָעָא לְאַעֲבָרָא לֵיהּ מֵעַלְמָא. וְהַהוּא לֵילְיָא, הֲוַת לֵילְיָא דְאִתְבְּרֵי בֵּיהּ סִיהֲרָא, וְיַעֲקֹב אִשְׁתָּאַר בִּלְחוֹדוֹי. דְּלָא הֲוָה עִמֵּיהּ אָחֳרָא, דִּתְנַן לָא יִפּוּק בַּר נָשׁ יְחִידָאי בְּלֵילְיָא, וְכָּל שֶׁכֵּן (קס''ט ע''ב) בְּלֵילְיָא דְאִתְבְּרִיאוּ בֵּיהּ נְהוֹרִין, דְּהָא סִיהֲרָא אִיהִי חַסְרָא, דִּכְתִיב, (בראשית א׳:י״ד) יְהִי מְאֹרֹ''ת חָסֵר. וְהַהוּא לֵילְיָא, אִשְׁתָּאַר בִּלְחוֹדוֹי, בְּגִין דְּכַד סִיהֲרָא (קי''ד ע''ב) חַסְרָא, חִוְיָא בִישָׁא אִתְתַּקַּף וְשָׁלְטָא, וּכְדֵין אֲתָא סמאל, וְקַטְרִיג לֵיהּ, וּבָעָא לְאוֹבָדָא לֵיהּ מֵעָלְמָא.

וְיַעֲקֹב הֲוָה תַּקִּיף בְּכָל סִטְרִין, בְּסִטְרָא דְיִצְחָק וּבְסִטְרָא דְאַבְרָהָם, דְּאִינוּן הֲווּ תַּקִּיפוּ דְּיַעֲקֹב. אֲתָא לִימִינָא חָמָא לְאַבְרָהָם תַּקִּיף בִתְקִיפוּ דְיוֹמָא, בְּסִטְרָא דִּימִינָא דְחֶסֶד. אֲתָא לִשְׂמָאלָא, חָמָא לְיִצְחָק תַּקִּיף בְּדִינָא קַשְׁיָא. אֲתָא לְגוּפָּא, חָמָא לְיַעֲקֹב, תַּקִּיף מִתְּרֵין סִטְרִין אִלֵּין דְּסַחֲרָן לֵיהּ, חַד מִכָּאן, וְחַד מִכָּאן. כְּדֵין, (בראשית ל״ב:כ״ו) וַיַּרְא כִּי לֹא יָכוֹל לוֹ וַיִּגַּע בְּכַף יְרֵכוֹ, דְּאִיהוּ אֲתַר לְבַר מִגּוּפָא, וְאִיהוּ חַד עַמּוּדָא דְגוּפָא, כְּדֵין וַתֵּקַע כַּף יֶרֶךְ יַעֲקֹב בְּהֵאָבְקוֹ עִמּוֹ וְגו'.

כֵּיוָן דְּאִתְעַר צַפְרָא וְעֲבַר לֵילְיָא, אִתְתַּקַּף יַעֲקֹב, וְאִתְחַלַּשׁ חֵילֵיהּ דִּסמאל, כְּדֵין אָמַר שַׁלְחֵנִי, דְּמָטָא זִמְנָא לוֹמַר שִׁירָתָא דְצַפְרָא. וּבָעֵי לְמֵיזַל, וְאוֹדֵי לֵיהּ עַל אִינוּן בִּרְכָאן, וְאוֹסִיף לֵיהּ בִּרְכָתָא אָחֳרָא, דִּכְתִיב (בראשית ל״ב:ל׳) וַיְבָרֶךְ אֹתוֹ שָׁם.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה בִּרְכָאן אִתְבָּרֵךְ יַעֲקֹב, חַד דְּאֲבוֹי, בְּהַהוּא עֲקִימוּ, וְרָוַוח כָּל אִינוּן בִּרְכָאן. וְחַד דִּשְׁכִינְתָּא דְּבָרִיךְ לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כַּד הֲוָה אָתֵי מִלָּבָן, דִּכְתִיב, (בראשית ל״ה:ט׳) וַיְבָרֶךְ אֱלֹהִים אֶת יַעֲקֹב. וְחַד, דְּבָרְכֵיהּ לֵיהּ הַהוּא מַלְאָכָא מְמַנָּא דְעֵשָׂו. וְחַד, בְּרָכָה אָחֳרָא, דְּבָרְכֵיהּ לֵיהּ אֲבוּהָ, כַּד הֲוָה אָזִיל לְפַדַּן אֲרָם, דִּכְתִיב (בראשית כ״ח:ג׳) וְאֵל שַׁדַּי יְבָרֵךְ אֹתְךָ וְגו'.

בְּהַהוּא זִמְנָא דְּחָמָא יַעֲקֹב גַּרְמֵיהּ בְּכָל הַנֵּי בִּרְכָאן, אָמַר, בְּמַאן בִּרְכָתָא דְּמִנַּיְיהוּ אֶשְׁתַּמֵּשׁ הַשְׁתָּא. אָמַר, בַּחֲלָשָׁא מִנַּיְיהוּ אֶשְׁתַּמֵּשׁ הַשְׁתָּא, וּמַאן אִיהוּ, דָּא בַּתְרַיְיתָא, דְּבָרְכֵיהּ אֲבוּהָ, וְאַף עַל גַּב דְּאִיהִי תַּקִּיפָא, אָמַר, לָאו אִיהִי תַּקִּיפָא בְּשָׁלְטָנוּתָא דְהַאי עַלְמָא כְּקַדְמָאָה.

אָמַר יַעֲקֹב, אֶטּוֹל הַשְׁתָּא דָא וְאֶשְׁתַּמַשׁ בָּהּ, (קס''ו ע''ב, קע''ב ע''ב) וַאֲסַלֵּק כָּל אִינוּן אָחֳרָנִין לְזִמְנָא דְּאִצְטְרִיךְ לִי וְלִבְנָאי בַּתְרָאי. אֵימָתַי, בְּזִמְנָא דְּיִתְכַּנְּשׁוּן כָּל עַמְּמַיָא לְאוֹבָדָא בָּנַי מֵעַלְמָא, דִּכְתִיב, (תהילים קי״ח:י׳-י״א) כָּל גּוֹיִם סְבָבוּנִי בְּשֵׁם יְיָ כִּי אֲמִילַם. סַבּוּנִי גַּם סְבָבוּנִי וְגו'. סַבּוּנִי כִדְבוֹרִים וְגו'. הָא הָכָא תְּלָתָא, לְגַבֵּי תְּלָתָא דְּאִשְׁתָּאֲרוּ. חַד, אִינוּן בִּרְכָאן קַדְמָאי דְּאֲבוּהָ. תְּרֵין, אִינוּן בִּרְכָאן דְּבָרְכֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. תְּלַת, אִינוּן בִּרְכָאן דְּבָרְכֵיהּ הַהוּא מַלְאָכָא.

אָמַר יַעֲקֹב, לְהָתָם אִצְטְרִיכוּ, לְגַבֵּי מְלָכִין וְכָל עַמִּין דְּכָל עַלְמָא, וְאֲסְלִּיק לוֹן לְהָתָם. וְהַשְׁתָּא לְגַבֵּי דְעֵשָׂו, דַּי לִי בְהַאי. לְמַלְכָּא, דְּהֲווּ לֵיהּ כַּמָּה לִגְיוֹנִין תַּקִּיפִין, כַּמָּה מָארֵי מַגִּיחֵי קְרָבָא לַאֲגָחָא קְרָבִין, דִּזְמִינִין לְגַבֵּי מְלָכִין תַּקִּיפִין
(Ⅰ)
  
[...] Notes [...]

*1 C'est, dit le glossateur Nitzoutzé Oroth, a. I., note 2, une allusion aux quatre, mondes d'« émanation », de « formation », de « création » et d'« action » (V. la note au fol. 18b,), auxquels correspondent les quatre systèmes de l'interprétation de l'Écriture : jsp, zmr, srd, dyo, connus dans la cabale sous le nom abrégé de o’’drp (Jardin).

*2 A. porte en variante « Esaü », au lieu d’ « Ismaël ».

*3 Puits de Chaï-Roï (Crampon).

*4 V. fol. 132b.

*5 V. fol. 60b.

*6 V. fol. 6a.

*7 V. fol. 133a.

*8 Le Z. considère toujours les points cardinaux d'après la position d'un homme qui tourne la face vers l'Orient.

*9 V. Z., I, fol. 231a, et III, fol. 260a.

*10 Au fol. 139a, l’idée du Z. se trouve plus développée ; par cette comparaison le Z. veut prouver que « çaid » a la signification d’ « homme violent », « chasseur », ou « homme qui tue ».

*11 Cf. Genèse Rabba.

*12 V. fol. 35b.

*13 V. fol. 64a et 114b.

*14 V. fol. 138b.

*15 V. fol. 55a.

*16 C'est ainsi que le mot Nwlx est interprété par le Yalcouth, I, 219. V. également Z., II, fol. 113a, et 184b.

*17 L'original porte, au lieu de ce verset, le verset suivant (Gen., XX, 15) : « Vous voyez devant vous toute cette terre ; demeurez partout où il vous plaira. » C'est assurément une faute de copiste, attendu que ces paroles ont été adressées à Abraham et non à Isaac. Le glossateur Nitzoutzé Oroth, a. I., note 2, a déjà fait cette remarque.

*18 V. Nombres, XV, 38).

*19 V. Deut., XI, 18.

*20 V. Z., I, fol 224b et 234a ; II, fol. 142b et 171a ; III, fol. 67b, 104a, et ailleurs.

*21 Le mot dymt veut dire « toujours », de même qu’il désigne le « sacrifice quotidien ».

*22 Yod et Hé (Hocma)

*23 Le Zohar joue sur le mot Mls qui signifie « paix » et « parfait », selon qu’il est ponctué.

*24 Le Z. fait ponctuer le mot Nqz au lieu de Nqz ; ce n’est donc plus « à cause de la vieillesse » que dit l’Ecriture, mais « à cause du vieillard », c’est-à-dire à cause d’Isaac.

*25 (...Qui s’avance à travers les plaines)

*26 V. fol. 64b et 65a.

*27 Esaü n’est pas dans toutes les éditions.

*28 V. Z., IIIe partie, SECTION Balak, fol. 189b.

*29 V. Z., I, fol. 137b, et III, fol. 64a.

*30 V. fol. 35b et 53b.

*31 V. fol. 102b.

*32 V. fol. 249b.- La pomme représente trois couleurs : le blanc, le rouge et le jaune ; cette dernière est un mélange des deux premières couleurs. Or, Abraham était la clémence (blanc), Isaac la rigueur (rouge), et Jacob un mélange des deux ensemble (jaune). V. le commentateur Nitzoutzé Oroth, a. I., note 4.

*33 Le Z. joue sur les mots Ms et Ms qui signifient « non » et « là-bas », et qui s’écrivent de la même façon.

*34 hdyu

*35 V. Z. , I, fol. 95b, 162a et 181b, III, fol. 216b.

*36 V. fol. 40b.

*37 V. fol. 101a.

*38 V. fol. 145b.

*39 Cf. Genèse Rabba, CIX, 5

*40 V. fol. 138a.

*41 On voit qu’il s’agit d’un jeu de mots, le mot « bekhora » étant composé des mêmes lettres que le mot « berakha ».

*42 Ainsi les fils de Jacob ne voulaient pas dire : « Nous serions revenus », mais : « Nous nous serions couverts de honte pour la seconde fois. » Et le Z. donne un exemple de cette exégèse qui consiste à modifier le sens d’un mot en en transposant les lettres.

*43 V. fol. 137b.

*44 V. fol. 143b.

*45 V. fol. 5b.

*46 V. Z. II, fol. 174a ; III, fol. 57a.

*47 S. a, entre parenthèses, « Rabbi Siméon », au lieu de « Rabbi Iohanan, fils de Zaccaï ». Cette leçon paraît être la plus exacte.

*48 V. Z. III, fol. 135b, 143a et 292a.

*49 V. fol. 144b.

*50 V. fol. 142b.

*51 V. fol. 35b.

*52 V. fol. 114b et 169b.

*53 V. fol. 21b.


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