Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Médine : premier «État» islamique (622-632)


Muhammad : Médine : premier «État» islamique (622-632)

Les fidèles quittent peu à peu La Mecque pour rejoindre le Prophète. Yathrib devient alors Médine (de l'arabe madina, «ville»). L'alliance entre «émigrés» mecquois, les Muhadjirun, et «partisans» médinois, les Ansar, sans compter la présence de communautés juives, place Muhammad à la tête d'une ville «fédérée», qui a besoin de se doter d'institutions et d'être défendue contre les ennemis mecquois. De nombreuses révélations coraniques de cette époque prendront un tour plus organisationnel, tant au niveau du contenu religieux que social et politique: l'office religieux est mis en place à la mosquée; Abou Bakr, devenu beau-père de Muhammad (Aïcha est sa troisième épouse), sera l'imam conduisant la prière, et Bilal, un Noir affranchi, sera le premier muezzin. L'impôt religieux obligatoire (zakat) et le partage réglementé du butin de guerre formeront les bases des finances publiques de la cité-État. Le statut des femmes, la réglementation du mariage et de l'héritage conditionneront une partie du fonctionnement de la communauté de Médine puis, plus largement, de la société islamique.

Sous la bannière de l'islam, le Prophète attaque les caravanes mecquoises. La victoire de Badr (624), contre des marchands quraychites de La Mecque, est considérée comme une guerre sainte (djihad) envers les infidèles (on ne parlera plus de razzia). Le revers d'Uhud (625) ainsi que les dissensions avec les tribus juives donnent lieu à des polémiques, dont témoigne le Coran. La nouvelle religion, reprenant et synthétisant l'ensemble de la tradition monothéiste héritée d'Abraham, se voulait unitaire. Dans les débuts de l'islam, la prière était faite en direction de Jérusalem; dès que l'entente avec les communautés tribales juives de Médine et des environs se détériora, la direction de la prière (qibla) fut réorientée vers La Mecque (624), et le jeûne fut fixé au mois de ramadan (celui de la victoire de Badr), consacrant la rupture idéologique avec les «gens du Livre», c'est-à-dire les juifs et les chrétiens.

En 627, la bataille dite du «Fossé» a lieu aux portes mêmes de Médine; elle révèle l'impossibilité pour les Mecquois de conquérir la cité. Le Prophète, par un subtil jeu de négociations et d'intimidations, tente de s'emparer de sa ville natale: La Mecque est conquise sans effusion de sang en 630 («Nous t'avons assuré une victoire éclatante», dit le Coran, XLVIII, 1). Après la destruction des idoles, le sanctuaire de la Kaaba est récupéré et voué au culte musulman. Les conversions se multiplient et les expéditions militaires dépassent le Hedjaz. Le pèlerinage païen annuel à La Mecque est réformé et, en 632, Muhammad accomplit le pèlerinage dit «de l'adieu», dont le circuit et le déroulement rituel serviront de modèle au hadj, obligation canonique de la religion musulmane. Cet exemple démontre que certains anciens rituels arabes préislamiques ont été conservés et transformés à l'intérieur de la religion nouvelle. Deux mois après ce voyage triomphal, le Prophète, qui «n'est qu'un messager rassoul» (Coran, III, 144), meurt à Médine, où il est enterré.

L'action de Muhammad fonde l'idéal du dirigeant islamique, en charge du temporel et du spirituel, et dont l'action politique tend vers la réalisation du dessein divin au sein de la société. Médine est devenue le deuxième lieu saint de l'islam; sa mosquée, qui abrite le mausolée du Prophète, est un passage presque obligé pour les musulmans, lors du pèlerinage annuel à La Mecque.

La succession et le califat



Le Prophète n'avait pas prévu sa succession à la tête de la communauté musulmane. N'ayant pas eu de fils qui soit resté en vie et qui aurait pu continuer sa mission, selon la tradition arabe, le choix se porta à l'intérieur du réseau de compagnons et de parents proches, tissé au long d'une vie sociale active par des alliances matrimoniales et politiques nombreuses. Parmi les prétendants possibles, il y avait Ali, son cousin et gendre; Abou Bakr, qui lui avait donné en mariage sa fille Aïcha, l'épouse préférée; Omar, dont il avait également épousé une fille, Hafsa, la «lettrée». Ces derniers étaient mecquois, mais il y avait aussi des prétendants médinois. Finalement, l'ordre de succession au califat (calife signifie «celui qui vient après [le Prophète]») fut le suivant: Abou Bakr (632-634), Omar (634-644), Othman (644-656) et Ali (656-661).


  
  
  


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