Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Les citations Baruch Spinoza

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J 'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature ; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. (…) Vous le voyez bien, je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.
Pour rendre cela clair et intelligible, concevons une chose très simple: une pierre par exemple reçoit d'une cause extérieure qui la pousse, une certaine quantité de mouvement et, l'impulsion de la cause extérieure venant à cesser, elle continuera à se mouvoir nécessairement. Cette persistance de la pierre dans le mouvement est une contrainte, non parce qu'elle est nécessaire, mais parce qu'elle doit être définie par l'impulsion d'une cause extérieure. Et ce qui est vrai de la pierre il faut l'entendre de toute chose singulière, quelle que soit la complexité qu'il vous plaise de lui attribuer, si nombreuses que puissent être ses aptitudes, parce que toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et à agir d'une certaine manière déterminée.
Concevez maintenant, si vous voulez bien, que la pierre, tandis qu'elle continue de se mouvoir, pense et sache qu'elle fait effort, autant qu'elle peut, pour se mouvoir. Cette pierre assurément, puisqu'elle a conscience de son effort seulement et qu'elle n'est en aucune façon indifférente, croira qu'elle est très libre et qu'elle ne persévère dans son mouvement que parce qu'elle le veut.
Telle est cette liberté humaine que tous se vantent de posséder et qui consiste en cela seul que les hommes ont conscience de leurs appétits et ignorent les causes qui les déterminent. Un enfant croit librement appéter le lait, un jeune garçon irrité vouloir se venger et, s'il est poltron, vouloir fuir. Un ivrogne croit dire par un libre décret de son âme ce qu'ensuite, revenu à la sobriété, il aurait voulu taire. De même un délirant, un bavard, et bien d'autres de même farine, croient agir par un libre décret de l'âme e non se laisser contraindre.


Citation 2063  | 
Lettre LVIII à Schuller 




P uisque la Raison n'exige rien qui s'oppose à la Nature, elle exige donc elle-même que chacun s'aime soi-même, qu'il recherche sa propre utilité, en tant qu'elle est réellement utile, qu'il poursuive tout ce qui conduit réellement l'homme à une plus grande perfection, et que, d'une manière générale, chacun s'efforce de conserver son être autant qu'il le peut. Tout cela est aussi nécessairement vrai que le fait, pour un tout, d'être plus grand que la partie. Ensuite, du fait que la vertu n'est rien d'autre qu'agir selon les lois de sa propre nature, et que personne ne s'efforce de conserver son être si ce n'est selon les lois de sa propre nature, on tirera trois conséquences. Premièrement, le fondement de la vertu est l'effort même pour conserver son être, et le bonheur consiste en ce fait que l'homme peut conserver son être. Deuxièmement, la vertu est à poursuivre pour elle-même, et il n'existe rien qui soit plus valable qu'elle, ou plus utile pour nous, et en vue de quoi elle devrait être poursuivie. Troisièmement, enfin, ceux qui se suicident ont l'âme impuissante et sont totalement vaincus par des causes extérieures qui s'opposent à leur nature.


Citation 2062  | 
Ethique, IV, Proposition 18, Scolie 




C ertes les choses se passeraient d'une façon bien plus heureuse, s'il était au pouvoir des hommes aussi bien de se taire que de parler. Mais, l'expérience l'enseigne assez, rien n'est moins au pouvoir de l'homme que sa parole, et il ne peut rien moins faire que diriger ses appétits ; de là provient la croyance que nous n'agissons avec liberté qu'à l'égard des choses que nous poursuivons sans ardeur, parce que l'appétit de ces choses pourrait être aisément contrarié par le souvenir de quelque autre objet fréquemment rappelé ; et, croit-on, cette liberté serait infime lorsque nous poursuivons les objets par un désir intense qui ne peut être apaisé par le souvenir d'autres objets. Si, cependant, ils n'avaient eux-mêmes expérimenté qu'on accomplit beaucoup de choses dont par la suite on se repent, et que, fort souvent, tourmentés par des affects contraires, nous voyons le meilleur et nous suivons le pire, rien n'empêcherait les hommes de croire que nous accomplissons librement toutes nos actions. C'est ainsi qu'un petit enfant croit librement désirer le lait, un adolescent irrité vouloir la vengeance, ou un pusillanime, la fuite. L'homme ivre croit également, par un libre décret de l'Esprit, dire des choses que, devenu lucide, il voudrait avoir tues; de même le délirant, la bavarde, l'enfant et un grand nombre d'individus de même sorte croient parler par un libre décret de l'Esprit alors qu'ils sont incapables de contenir l'impulsion de parler. Ainsi donc, l'expérience n'enseigne pas avec moins de clarté que la Raison, ce fait que les hommes se croient libres par cela seul qu'ils sont conscients des causes qui les déterminent.


Citation 2061  | 
Ethique, III, Proposition 2, Scolie. 




L 'homme libre ne pense à rien moins qu'à la mort, et sa sagesse est une méditation non de la mort, mais de la vie.


Citation 1045  | 
L'Éthique, 1677 [4e partie, prop. LXVII, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 547] 




T outes les fois donc qu'une chose nous paraît ridicule, absurde ou mauvaise dans la Nature, cela vient de ce que nous connaissons les choses en partie seulement et ignorons pour une grande part l'ordre et la cohésion de la Nature entière et voulons que tout soit dirigé au profit de notre Raison; alors que ce que la Raison prononce être mauvais n'est pas mauvais au regard de l'ordre et des lois de toute la Nature, mais seulement au regard des lois de notre nature seule.


Citation 1044  | 
Tractatus theologico-politicus, 1670 [chap. XVI, trad. Ch. Appuhn, coll. GF, p. 263] 




L es hommes, donc, se trompent en ce qu'ils pensent être libres; et cette opinion consiste uniquement pour eux à être conscients de leurs actions, et ignorants des causes par lesquelles ils sont déterminés. L'idée de leur liberté c'est donc qu'ils ne connaissent aucune cause à leurs actions.


Citation 1043  | 
L'Éthique, 1677 [2e partie, scolie de la prop. XXXV, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 389] 




L a Nature n'agit pas en vue d'une fin; car cet Être éternel et infini, que nous appelons Dieu ou la Nature, agit avec la même nécessité qu'il existe.


Citation 1042  | 
L'Éthique, 1677 (posth.) [4e partie, préface, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 488] 




P ar Dieu, j'entends un être absolument infini, c'est-à-dire une subtance consistant en une infinité d'attributs, dont chacun exprime une essence éternelle et infinie.


Citation 1041  | 
L'Éthique, 1677 (posth.) [1ère partie, définition VI, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 310] 




E n ce qui concerne le bon et le mauvais, ils ne manifestent non plus rien de positif dans les choses, du moins considérées en elles-mêmes, et ne sont que des modes de penser, c'est-à-dire des notions que nous formons parce que nous comparons les choses entre elles. En effet, une seule et même chose peut être, dans le même temps, bonne et mauvaise, et aussi indifférente. Par exemple, la musique est bonne pour le mélancolique, mauvaise pour qui éprouve de la peine; mais pour le sourd, elle n'est ni bonne ni mauvaise.


Citation 1040  | 
L'Éthique, 1677 (posth.) [4e partie, préface, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 489] 




Q uand l'expérience m'eut appris que tous les événements ordinaires de la vie sont vains et futiles, voyant que tout ce qui était pour moi cause ou objet de crainte ne contenait rien de bon ni de mauvais en soi, mais dans la seule mesure où l'âme en était émue, je me décidai en fin de compte à rechercher s'il n'existait pas un bien véritable et qui pût se communiquer, quelque chose enfin dont la découverte et l'acquisition me procureraient pour l'éternité la jouissance d'une joie suprême et incessante.


Citation 1039  | 
Traité de la réforme de l'entendement, 1677 (posth.) [§ 1, trad. R. Caillois, Bibliothèque de la Pléiade, p. 102] 




J 'appelle libre, quant à moi, une chose qui est et agit par la seule nécessité de sa nature; contrainte, celle qui est déterminée par une autre à exister et à agir d'une certaine façon déterminée. [...] Je ne fais pas consister la liberté dans un libre décret mais dans une libre nécessité.


Citation 1038  | 
Lettre à Schuller, 1674 [Lettre LVIII, trad. Ch. Appuhn, coll. GF, p. 303] 




O n pense [...] que l'esclave est celui qui agit par commandement et l'homme libre celui qui agit selon son bon plaisir. Cela cependant n'est pas absolument vrai, car en réalité être captif de son plaisir et incapable de rien voir ni faire qui nous soit vraiment utile, c'est le pire esclavage, et la liberté n'est qu'à celui qui de son entier consentement vit sous la seule conduite de la Raison.


Citation 1037  | 
Tractatus theologico-politicus, 1670 [chap. XVI, trad. Ch. Appuhn, coll. GF, p. 267] 



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