Chapitre 7
>  
226 Slokas | Page 4 / 5
(Version Sanskrit)


Afficher / Cacher
(Ⅰ)
(Ⅱ)


7. 138  
यत्किं चिदपि वर्षस्य दापयेत्करसंज्ञितम् ।
व्यवहारेण जीवन्तं राजा राष्ट्रे पृथग्जनम् । । ७.१३७[१३८ं] । ।
- Quant aux ouvriers, aux artisans, aux Soudras vivant de leur travail manuel, le roi les fera travailler (pour lui) une fois par mois. (Ⅰ)
7. 139  
कारुकाञ् शिल्पिनश्चैव शूद्रांस्चात्मोपजीविनः ।
एकैकं कारयेत्कर्म मासि मासि महीपतिः । । ७.१३८[१३९ं] । ।
- Qu'il ne coupe point sa racine ni celle des autres par une excessive avidité, car en coupant sa racine (ou la leur) il rend malheureux lui ou les autres. (Ⅰ)
- Qu'il ne coupe point sa racine : « Quand par affection pour ses sujets il ne prélève pas les impôts, les taxes, etc., il coupe sa propre racine; quand par excès d'avidité il prélève des impôts énormes, il coupe la racine des autres. » (Kull.) (Ⅱ)
7. 140  
नोच्छिन्द्यादात्मनो मूलं परेषां चातितृष्णया ।
उच्छिन्दन्ह्यात्मनो मूलं आट्मानं तांश्च पीदयेत् । । ७.१३९[१४०ं] । ।
- Ayant examiné (chaque) affaire, que le roi se montre sévère ou doux (suivant le cas) ; un roi qui est sévère et doux (à propos) est estimé. (Ⅰ)
- Ayant examiné (chaque) affaire : kâryam vikshya signifie peut-être simplement « selon le cas », que j'ai du reste suppléé. (Ⅱ)
7. 141  
तीक्ष्णश्चैव मृदुश्च स्यात्कार्यं वीक्ष्य महीपतिः ।
तीक्ष्णश्चैव मृदुश्चैव राज भवति सम्मतः । । ७.१४०[१४१ं] । ।
- Quand il est fatigué d'examiner les affaires des gens, qu'il mette â sa place son premier ministre, (un homme) connaissant les lois, sage, maître de lui-même, issu d'une (bonne) famille. (Ⅰ)
- Qu'il mette à sa place : littéralement « qu'il mette sur ce siège. (Ⅱ)
7. 142  
अमात्यमुख्यं धर्मज्ञं प्राज्ञं दान्तं कुलोद्गतम् ।
स्थापयेदासने तस्मिन्खिन्नः कार्येक्षणे नृणाम् । । ७.१४१[१४२ं] । ।
- Réglant ainsi toutes les affaires qui lui incombent, qu'il protège avec dévouement et zèle ses sujets. (Ⅰ)
7. 143  
एवं सर्वं विधायेदं इतिकर्तव्यं आत्मनः ।
युक्तश्चैवाप्रमत्तश्च परिरक्षेदिमाः प्रजाः । । ७.१४२[१४३ं] । ।
- (Le souverain) qui (laisse) enlever de son royaume par des brigands ses sujets éplorés, sous ses yeux et sous ceux de ses ministres, est un (roi) mort et non (un roi) vivant. (Ⅰ)
7. 144  
विक्रोशन्त्यो यस्य राष्ट्राद्ह्रियन्ते दस्युभिः प्रजाः ।
संपश्यतः सभृत्यस्य मृतः स न तु जीवति । । ७.१४३[१४४ं] । ।
- Le devoir suprême d'un Kchatriya c'est de protéger ses sujets: car le roi, jouissant des avantages qu'on vient d'énumérer, est tenu à ce devoir. (Ⅰ)
7. 145  
क्षत्रियस्य परो धर्मः प्राजानां एव पालनम् ।
निर्दिष्टफलभोक्ता हि राजा धर्मेण युज्यते । । ७.१४४[१४५ं] । ।
- S'étant levé à la dernière veille (de la nuit), s'étant purifié, recueilli, ayant fait les oblations au feu, révéré les Brahmanes, il entrera dans la somptueuse salle des audiences. (Ⅰ)
- On peut réunir les deux termes « ayant fait avec recueillement les oblations au feu ». — On a vu plus haut ce qu'il fallait entendre par révérer les Brahmanes : c'est leur donner des présents. — Somptueuse çùbhâm : Kull. explique ainsi cette èpithète « pourvue des marques de bon augure qu'une maison doit avoir ». (Ⅱ)
7. 146  
उत्थाय पश्चिमे यामे कृतशौचः समाहितः ।
हुताग्निर्ब्राह्मणांश्चार्च्य प्रविशेत्स शुभां सभाम् । । ७.१४५[१४६ं] । ।
- Étant là, il contentera tous ses sujets et les congédiera ensuite ; ses sujets congédiés, il délibérera avec ses ministres. (Ⅰ)
- Ses sujets « qui sont venus pour le voir, et il les réjouira en causant avec eux, et en les regardant (avec affabilité) ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 147  
तत्र स्थितः प्रजाः सर्वाः प्रतिनन्द्य विसर्जयेत् ।
विसृज्य च प्रजाः सर्वा मन्त्रयेत्सह मन्त्रिभिः । । ७.१४६[१४७ं] । ।
- Montant au faite d'une colline, ou bien se retirant à l'écart sur la terrasse (du palais), ou dans une forêt déserte, qu'il délibère avec eux, sans être observé. (Ⅰ)
- Au faîte: littéralement « sur le dos ». (Ⅱ)
7. 148  
गिरिपृष्ठं समारुह्य प्रसादं वा रहोगतः ।
अरण्ये निःशलाके वा मन्त्रयेदविभावितः । । ७.१४७[१४८ं] । ।
- Le souverain dont les délibérations ne sont pas connues du commun des mortels assemblés, jouira de la terre entière, quoiqu'il soit dépourvu de trésors. (Ⅰ)
- Assemblés, terme un peu vague. B. supplée « dans le but de découvrir ses desseins ». — Jouira de la terre entière veut dire qu'il sera invincible. (Ⅱ)
7. 149  
यस्य मन्त्रं न जानन्ति समागम्य पृथग्जनाः ।
स कृत्स्नां पृथिवीं भुङ्क्ते कोशहीनोऽपि पार्थिवः । । ७.१४८[१४९ं] । ।
- Au moment de la délibération, qu'il éloigne les idiots, les muets, les aveugles, les sourds, les animaux, les personnes âgées, les femmes, les barbares, les malades, les estropiés. (Ⅰ)
- Les animaux qu'on peut s'étonner de voir en pareille compagnie sont « les perroquets, corneilles et autres oiseaux bavards ». (Kull.) —Sur le rôle des oiseaux divulgateurs des secrets, suivant les croyances des Hindous, on peut consulter le curieux roman de Subandhu, intitulé Vâsavadattà. Il est probable cependant que ce n'est pas seulement la crainte des indiscrétions qui fait exclure toutes les catégories d'êtres figurant sur cette liste, car on ne conçoit guère quelle indiscrétion on pourrait avoir à redouter d'un sourd. Sans doute que leur présence était considérée comme portant malheur. (Ⅱ)
7. 150  
जडमूकान्धबधिरांस्तैर्यग्योनान्वयोऽतिगान् ।
स्त्रीम्लेच्छव्याधितव्यङ्गान्मन्त्रकालेऽपसारयेत् । । ७.१४९[१५०ं] । ।
- Car (ces êtres) méprisables trahissent les délibérations, et de même les animaux et particulièrement les femmes ; aussi doit-on se précautionner contre eux. (Ⅰ)
- Méprisables : « c'est en punition de fautes commises dans une vie antérieure, qu'ils ont été affligés d'idiotie, etc ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 151  
भिन्दन्त्यवमता मन्त्रं तैर्यग्योनास्तथैव च ।
स्त्रियश्चैव विशेषेण तस्मात्तत्रादृतो भवेत् । । ७.१५०[१५१ं] । ।
- A midi ou à minuit, le corps et l'esprit reposés, qu'il délibère soit avec ses ministres, soit tout seul, sur la vertu, le plaisir et la richesse, (Ⅰ)
7. 152  
मध्यंदिनेऽर्धरात्रे वा विश्रान्तो विगतक्लमः ।
चिन्तयेद्धर्मकामार्थान्सार्धं तैरेक एव वा । । ७.१५१[१५२ं] । ।
- Sur (les moyens) d'acquérir (en même temps) ces choses opposées l'une à l'autre, sur le mariage de ses filles et sur la protection de (ses) fils, (Ⅰ)
- La protection c'est-à-dire « l'éducation ». (Ⅱ)
7. 153  
परस्परविरुद्धानां तेषां च समुपार्जनम् ।
कन्यानां संप्रदानं च कुमाराणां च रक्षणम् । । ७.१५२[१५३ं] । ।
- Sur l'envoi des ambassadeurs, sur l'achèvement des entreprises (commencées), sur la conduite (des femmes) de son harem, sur les faits et gestes de ses émissaires, (Ⅰ)
- Sur l'envoi des ambassadeurs : ou bien en faisant de ce composé un copulatif « sur les ambassadeurs et les envoyés ». — De son harem : Kull. rappelle judicieusement que le roi Vidûratha fut tué par sa femme avec un poignard caché dans les tresses de ses cheveux, et le roi de Kâçi avec un nûpura (anneau pour les chevilles) empoisonné. (Ⅱ)
7. 154  
दूतसंप्रेषणं चैव कार्यशेषं तथैव च ।
अन्तःपुरप्रचारं च प्रणिधीनां च चेष्टितम् । । ७.१५३[१५४ं] । ।
- Et sur toutes les huit affaires (d'un roi), et sur les cinq classes (d'espions), sur la bienveillance ou la malveillance (de ses voisins), et sur la conduite des États environnants. (Ⅰ)
- J'ai omis un adverbe de remplissage « soigneusement ». — Les commentateurs diffèrent sur l'explication des huit affaires d'un roi, et en proposent plusieurs. Voici celle de Kull : « les revenus, les dépenses, les ordres aux ministres, la prévention des délits, la décision des cas douteux, l'examen des affaires judiciaires, le châtiment, les expiations. » Medh. en propose deux autres : « entreprendre ce qui n'est pas fait, compléter ce qui a été fait, améliorer ce qui a été complété, recueillir les fruits des actes, plus la conciliation, la corruption, la division et la force (cf. v. 107) » ; ou bien, « commerce, agriculture, construction de digues, élever des forteresses, prendre des éléphants, creuser des mines, faire camper les troupes, défricher les forêts vierges ». L'explication de Kull. qui paraît la plus acceptable est tirée du Nîtiçâstra de Uçanas. — Les cinq classes d'espions sont: « les espions ordinaires, les anachorètes dégradés, les agriculteurs sans ressources, les marchands ruinés, les faux pénitents. » (Ⅱ)
7. 155  
कृत्स्नं चाष्टविधं कर्म पञ्चवर्गं च तत्त्वतः ।
अनुरागापरागौ च प्रचारं मण्डलस्य च । । ७.१५४[१५५ं] । ।
- (Qu'il médite) avec soin sur la conduite du (prince dont le territoire est) intermédiaire, sur les faits et gestes du (prince) qui rêve de faire des conquêtes, sur la conduite du (prince) neutre et (sur celle) de (son) ennemi. (Ⅰ)
- Littéralement « du prince intermédiaire »; madhyamane signifie pas, comme le traduit L., « celui qui a des forces médiocres », mais « celui qui, situé entre le territoire de l'ennemi et celui du prince ambitieux, et incapable de leur résister s'ils sont unis, peut leur tenir tête quand ils sont aux prises ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 161  
संधिं च विग्रहं चैव यानं आसनं एव च ।
द्वैधीभावं संश्रयं च षड्गुणांश्चिन्तयेत्सदा । । ७.१६०[१६१ं] । ।
- Ayant examiné le parti à prendre, il doit (suivant le cas) se décider à camper, marcher, (faire) alliance, attaquer, diviser (ses forces), ou chercher une protection. (Ⅰ)
- Le parti à prendre : littéralement « ce qui doit être fait » kâryam signifie peut-être tout simplement « l'affaire ». (Ⅱ)
7. 162  
आसनं चैव यानं च संधिं विग्रहं एव च ।
कार्यं वीक्ष्य प्रयुञ्जीत द्वैधं संश्रयं एव च । । ७.१६१[१६२ं] । ।
- Un roi doit savoir qu'il y a deux sortes d’alliances et de guerres, (deux manières) de marcher, de camper, de diviser (ses forces) et de chercher protection. (Ⅰ)
- On peut aussi entendre dvaidham « division (des forces) » comme un adjectif s'accordant avec samçrayam « une double manière de chercher protection », comme le traduit B. Cette interprétation réduit à cinq le nombre des procédés ici indiqués. Mais au vers 167 il est dit que « la division des forces est de deux sortes », ce qui justifie notre traduction. (Ⅱ)
7. 163  
संधिं तु द्विविधं विद्याद्राजा विग्रहं एव च ।
उभे यानासने चैव द्विविधः संश्रयः स्मृतः । । ७.१६२[१६३ं] । ।
- On doit reconnaître deux espèces d'alliances procurant (des avantages) dans le présent et dans l'avenir : celle où l'on agit de concert, et au contraire (celle où l'on agit séparément). (Ⅰ)
7. 164  
समानयानकर्मा च विपरीतस्तथैव च ।
तदा त्वायतिसंयुक्तः संधिर्ज्ञेयो द्विलक्षणः । । ७.१६३[१६४ं] । ।
- La guerre est dite de deux sortes, (soit) qu'on l'entreprenne de son propre mouvement, dans un but personnel, en temps opportun ou inopportun, (soit qu'on la fasse pour venger) l'injure (faite) à un allié. (Ⅰ)
7. 165  
स्वयंकृतश्च कार्यार्थं अकाले काल एव वा ।
मित्रस्य चैवापकृते द्विविधो विग्रहः स्मृतः । । ७.१६४[१६५ं] । ।
- La marche est dite de deux sortes : quand on (se met en route) seul, en cas d'affaire urgente surgissant tout à coup, ou quand on est accompagné d'un allié. (Ⅰ)
7. 166  
एकाकिनश्चात्ययिके कार्ये प्राप्ते यदृच्छया ।
संहतस्य च मित्रेण द्विविधं यानं उच्यते । । ७.१६५[१६६ं] । ।
- Le campement est dit de deux sortes : (on reste dans l'inaction, soit quand) on a été affaibli peu à peu par le destin ou (en punition) de fautes antérieures, soit en considération d'un allié. (Ⅰ)
7. 167  
क्षीणस्य चैव क्रमशो दैवात्पूर्वकृतेन वा ।
मित्रस्य चानुरोधेन द्विविधं स्मृतं आसनम् । । ७.१६६[१६७ं] । ।
- Ceux qui connaissent les avantages des six procédés disent que la division des forces est de deux sortes : lorsque l'armée s'arrête (en un lieu) et le chef (en un autre) pour assurer la réussite d'une entreprise. (Ⅰ)
- « Une partie des troupes, éléphants, chevaux, etc., sous la conduite d'un général, est envoyée d'un côté pour faire face à l'attaque du roi ennemi, d'autre part le roi avec quelques troupes reste dans sa forteresse. » (Kull.) Au reste le sens du vers demeure obscur, car le roi d'un côté, l'armée de l'autre, cela ne constitue pas un double système de division des forces : on attendrait encore un second exemple. (Ⅱ)
7. 168  
बलस्य स्वामिनश्चैव स्थितिः कार्यार्थसिद्धये ।
द्विविधं कीर्त्यते द्वैधं षाड्गुण्यगुणवेदिभिः । । ७.१६७[१६८ं] । ।
- La recherche d'une protection est aussi dite de deux sortes : lorsqu'on roi) pressé par ses ennemis cherche à. se mettre à l'abri de leurs attaques, ou bien (lorsqu'on cherche à) passer parmi les gens vertueux (pour le protégé d'un prince puissant). (Ⅰ)
- Cherche à se mettre à l'abri de leurs attaques : littér. « dans le but d'atteindre un avantage » ; — « même lorsque dans le moment il n'est pas pressé par l'ennemi, par crainte d'une agression de ses ennemis futurs, il se met sous la protection d'un prince puissant ». (Kull.) —Je ne sais ce que l'auteur entend ici par « les gens vertueux ». (Ⅱ)
7. 169  
अर्थसंपादनार्थं च पीड्यमानस्य शत्रुभिः ।
साधुषु व्यपदेशश्च द्विविधः संश्रयः स्मृतः । । ७.१६८[१६९ं] । ।
- Quand (un roi) entrevoit que sa supériorité est assurée dans l'avenir, et (que) pour le moment présent (il n'a qu'un) léger dommage (à souffrir), il doit alors recourir aux négociations amicales. (Ⅰ)
- Négociations amicales : littér. « alliance ». (Ⅱ)
7. 170  
यदावगच्छेदायत्यां आधिक्यं ध्रुवं आत्मनः ।
तदात्वे चाल्पिकां पीडां तदा संधिं समाश्रयेत् । । ७.१६९[१७०ं] । ।
- Quand il estime que tous ses sujets sont parfaitement satisfaits et que lui-même est au faîte de la puissance, il doit alors faire la guerre. (Ⅰ)
- Prakrti désigne les sujets ou bien, comme l'entend B. H., « les éléments de l'État sont florissants ». Ces éléments ont été indiqués au v. 157, « ministres, trésor, royaume, forteresses, armée ». (Ⅱ)
7. 171  
यदा प्रहृष्टा मन्येत सर्वास्तु प्रकृतीर्भृशम् ।
अत्युच्छ्रितं तथात्मानं तदा कुर्वीत विग्रहम् । । ७.१७०[१७१ं] । ।
- Quand il estime que ses propres troupes sont dans des dispositions allègres et en bon état, et qu'il en est tout autrement (de celles) de l'adversaire, qu'il marche alors à l'ennemi. (Ⅰ)
- Il est à remarquer que Manou semble subordonner la déclaration de guerre uniquement à l'avantage qu'on espère en retirer, et nullement au principe du droit et de la justice. (Ⅱ)
7. 172  
यदा मन्येत भावेन हृष्टं पुष्टं बलं स्वकम् ।
परस्य विपरीतं च तदा यायाद्रिपुं प्रति । । ७.१७१[१७२ं] । ।
- Mais quand il est faible en équipages et en troupes, il doit alors soigneusement se tenir en place, en se réconciliant peu à peu avec ses ennemis. (Ⅰ)
- Équipages : » éléphants, chevaux, etc. » (Kull.). (Ⅱ)
7. 173  
यदा तु स्यात्परिक्षीणो वाहनेन बलेन च ।
तदासीत प्रयत्नेन शनकैः सान्त्वयन्नरीन् । । ७.१७२[१७३ं] । ।
- Quand le roi estime que ses ennemis sont tout à fait supérieurs en puissance, alors, divisant en deux ses forces, qu'il tâche d'arriver à ses fins. (Ⅰ)
- Divisant ses forces, cf. note du v. 167. — A ses fins qui sont « d'arrêter l'ennemi ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 174  
मन्येतारिं यदा राजा सर्वथा बलवत्तरम् ।
तदा द्विधा बलं कृत्वा साधयेत्कार्यं आत्मनः । । ७.१७३[१७४ं] । ।
- Mais quand il peut facilement être attaqué par les forces de ses ennemis, qu'il se mette alors bien vite sous la protection d'un prince juste et puissant. (Ⅰ)
7. 175  
यदा परबलानां तु गमनीयतमो भवेत् ।
तदा तु संश्रयेत्क्षिप्रं धार्मिकं बलिनं नृपम् । । ७.१७४[१७५ं] । ।
- Qu'il honore toujours de tout son pouvoir, à l'égal d'un précepteur spirituel, celui qui contient à la fois et ses sujets (désobéissants) et les forces de ses ennemis. (Ⅰ)
7. 176  
निग्रहं प्रकृतीनां च कुर्याद्योऽरिबलस्य च ।
उपसेवेत तं नित्यं सर्वयत्नैर्गुरुं यथा । । ७.१७५[१७६ं] । ।
- Même alors s'il remarque que cette protection lui fait du tort, qu'il n'hésite pas â recourir à la guerre. (Ⅰ)
- Au lieu de sa yuddham, Kull. et d'autres lisent suyuddham, « bravement ». (Ⅱ)
7. 177  
यदि तत्रापि संपश्येद्दोषं संश्रयकारितम् ।
सुयुद्धं एव तत्रापि निर्विशङ्कः समाचरेत् । । ७.१७६[१७७ं] । ।
- Un prince versé dans la politique devra faire en sorte par tous les moyens que ni alliés, ni neutres, ni ennemis ne lui soient supérieurs. (Ⅰ)
7. 178  
सर्वोपायैस्तथा कुर्यान्नीतिज्ञः पृथिवीपतिः ।
यथास्याभ्यधिका न स्युर्मित्रोदासीनशत्रवः । । ७.१७७[१७८ं] । ।
- Qu'il considère exactement l'avenir et le présent de toutes les entreprises, les avantages et les désavantages de toutes (les actions) passées. (Ⅰ)
7. 179  
आयतिं सर्वकार्याणां तदात्वं च विचारयेत् ।
अतीतानां च सर्वेषां गुणदोषौ च तत्त्वतः । । ७.१७८[१७९ं] । ।
- Celui qui sait les avantages et les désavantages à venir, qui est prompt au conseil dans le présent et qui conçoit les conséquences des actions passées, n'est jamais dominé par ses ennemis. (Ⅰ)
7. 180  
आयत्यां गुणदोषज्ञस्तदात्वे क्षिप्रनिश्चयः ।
अतीते कार्यशेषज्ञः शत्रुभिर्नाभिभूयते । । ७.१७९[१८०ं] । ।
- Qu'il dispose tout de manière que ni alliés, ni neutres, ni ennemis, ne le tiennent en leur dépendance ; telle est en somme la (vraie) politique. (Ⅰ)
7. 181  
यथैनं नाभिसंदध्युर्मित्रोदासीनशत्रवः ।
तथा सर्वं संविदध्यादेष सामासिको नयः । । ७.१८०[१८१ं] । ।
- Mais si le prince entreprend une expédition contre un royaume ennemi, il doit marcher progressivement sur la capitale de l'adversaire de la manière qui suit. (Ⅰ)
7. 182  
तदा तु यानं आतिष्ठेदरिराष्ट्रं प्रति प्रभुः ।
तदानेन विधानेन यायादरिपुरं शनैः । । ७.१८१[१८२ं] । ।
- Le prince doit se mettre en marche dans le joli mois de Mârgasîrcha ou vers les mois de Phâlgouna et de Tchaitra, suivant (l'état) de ses troupes. (Ⅰ)
- Mârgaçïrsha, novembre-décembre : pour l'épithète de joli, il faut tenir compte de la différence des climats. —Phâlguna, février-mars; Caitra, mars-avril. — L'état de ses troupes : « le roi qui désire conquérir un royaume étranger, et dont la marche est retardée par des éléphants et des chars, doit entrer en campagne en hiver, au joli mois de mârgaçirsha; celui qui a des troupes de cavalerie, et dont la marche est rapide, doit se mettre en campagne au printemps, aux mois de phâlguna et de caitra ». (Kull.). (Ⅱ)
7. 183  
मार्गशीर्षे शुभे मासि यायाद्यात्रां महीपतिः ।
फाल्गुनं वाथ चैत्रं वा मासौ प्रति यथाबलम् । । ७.१८२[१८३ं] । ।
- Même à d'autres époques, s'il entrevoit une victoire certaine, ou si une calamité a frappé son ennemi, il peut marcher en prenant l'offensive. (Ⅰ)
7. 184  
अन्येष्वपि तु कालेषु यदा पश्येद्ध्रुवं जयम् ।
तदा यायाद्विगृह्यैव व्यसने चोत्थिते रिपोः । । ७.१८३[१८४ं] । ।
- Ayant pris ses dispositions dans (sa propre) capitale et dûment (préparé) ce qui est nécessaire à l'expédition, ayant assuré ses positions et placé à propos des espions, (Ⅰ)
- Mûla, capitale ; B. « son (royaume) originel ». —Assuré ses positions, âspada est un terme un peu vague : B. « sa base d'opérations » ; L. « ayant ramassé des provisions » ; Kull. explique autrement, « ayant gagné les mécontents du parti adverse ». (Ⅱ)
7. 185  
कृत्वा विधानं मूले तु यात्रिकं च यथाविधि ।
उपगृह्यास्पदं चैव चारान्सम्यग्विधाय च । । ७.१८४[१८५ं] । ।
- Ayant préparé les trois sortes de routes et les six corps de troupes, qu'il marche progressivement sur la ville ennemie, suivant les principes de la stratégie. (Ⅰ)
- Les trois sortes de routes « plaines, marais, forêts ». — Les six corps de troupes « éléphants, chevaux, chars, infanterie, le général et les ouvriers ». (Kull.) — Les principes de la stratégie, cf. v. 192. (Ⅱ)
7. 186  
संशोध्य त्रिविधं मार्गं षड्विधं च बलं स्वकम् ।
सांपरायिककल्पेन यायादरिपुरं प्रति । । ७.१८५[१८६ं] । ।
- Il doit se défier particulièrement d'un allié qui favorise secrètement l'ennemi, et d'un (transfuge) qui après avoir passé (à l'ennemi) est revenu (à lui) ; car (ce sont là) les ennemis les plus dangereux. (Ⅰ)
7. 187  
शत्रुसेविनि मित्रे च गूढे युक्ततरो भवेत् ।
गतप्रत्यागते चैव स हि कष्टतरो रिपुः । । ७.१८६[१८७ं] । ।
- Il doit marcher sur son chemin, ayant son armée rangée en forme de bâton, ou de chariot, ou de sanglier, ou de dauphin, ou d'aiguille, ou (d'oiseau) garouda. (Ⅰ)
- — Suivant le commentaire, voici comment il faut entendre ces divers termes de comparaison : bâton « en tête le commandant des troupes, au milieu le roi, derrière un général, sur les deux flancs les éléphants, près d'eux les chevaux, puis les fantassins » ; chariot « l'avant en forme de pointe, l'arrière large » ; sanglier « l'avant et l'arrière étroits et le centre large » ; dauphin « le contraire du sanglier (c'est-à-dire le centre étroit, l'avant et l'arrière larges »; l'aiguille « une colonne allongée »; le garuda « pareil au sanglier, sauf que le centre est plus large ». Garuda, oiseau mythologique, fils de Kaçyapa et de Vinatâ, frère d'Aruna, cocher du soleil et l'ennemi des serpents. (Ⅱ)
7. 188  
दण्डव्यूहेन तन्मार्गं यायात्तु शकटेन वा ।
वराहमकराभ्यां वा सूच्या वा गरुडेन वा । । ७.१८७[१८८ं] । ।
- De quelque côté qu'il appréhende le danger, il doit toujours étendre ses troupes de ce côté, et lui-même se placer (au centre) d'un bataillon disposé comme un lotus. (Ⅰ)
7. 189  
यतश्च भयं आशङ्केत्ततो विस्तारयेद्बलम् ।
पद्मेन चैव व्यूहेन निविशेत सदा स्वयम् । । ७.१८८[१८९ं] । ।
- Qu'il place le général et le commandant des troupes dans toutes les directions, et qu'il tourne le front de bataille du côté d'où il craint le danger. (Ⅰ)
- Le commandant des troupes et le général n'étant que deux, il semble difficile de les placer dans toutes les directions. (Ⅱ)
7. 190  
सेनापतिबलाध्यक्षौ सर्वदिक्षु निवेशयेत् ।
यतश्च भयं आशङ्केत्प्राचीं तां कल्पयेद्दिशम् । । ७.१८९[१९०ं] । ।
- Qu'il place en tous sens des régiments sûrs, ayant des signaux convenus, sachant résister et attaquer, intrépides et fidèles. (Ⅰ)
- Des signaux convenus « au moyen de timbales, tambours et conques ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 191  
गुल्मांश्च स्थापयेदाप्तान्कृतसंज्ञान्समन्ततः ।
स्थाने युद्धे च कुशलानभीरूनविकारिणः । । ७.१९०[१९१ं] । ।
- Qu'il fasse combattre un petit nombre (de soldats) en rangs serrés ; qu'il étende à son gré des (forces) nombreuses ; qu'il fasse combattre (ses troupes) rangées en forme d'aiguille ou de foudre. (Ⅰ)
- En forme de foudre « les troupes réparties en trois corps ». (Kull.) (Ⅱ)
7. 192  
संहतान्योधयेदल्पान्कामं विस्तारयेद्बहून् ।
सूच्या वज्रेण चैवैतान्व्यूहेन व्यूह्य योधयेत् । । ७.१९१[१९२ं] । ।
- En (pays) plat qu'il combatte avec les chars et la cavalerie, sur un (terrain) marécageux avec des barques et des éléphants, sur un (terrain) couvert d'arbres et de buissons avec des arcs, sur un plateau avec des épées, boucliers (et autres telles) armes. (Ⅰ)


Page: << 4
7