VAYESCHEB
> VAYESCHEB  >
30 Verses | Page 1 / 1
(Version Jean de Pauly)


Afficher / Cacher
(Ⅰ)


[179a]  
[...] Il est écrit (Gen., XXXVII, 1): « Jacob demeura dans le pays de Chanaan où avait demeuré son père. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXXIV, 20) : « Les afflictions du juste sont nombreuses ; mais le Seigneur le délivre de toutes les peines. » Remarquez combien sont nombreux les adversaires de l’homme depuis le jour que le Saint, béni soit-il, lui donne l’âme ! Car, aussitôt que l’enfant vient au monde, l’ « esprit tentateur » s’attache à lui, ainsi qu’il est écrit (Gen., IV, 7) : « Le péché se tient à la porte. » Ce qui prouve que « l’esprit tentateur » s’attache à l’enfant dès sa naissance, c’est que l’enfant même, dès qu’il est capable de penser, fuit le feu, ainsi que tous les autres dangers, alors qu’il se précipite dans le feu où l’esprit tentateur l’attire (38). Aussitôt que l’homme s’est laissé leurrer par l’ « esprit tentateur », il se trouve sur le mauvais chemin. C’est ainsi qu’on a expliqué le verset (Eccl., IV, 13) suivant : « Un enfant pauvre, mais qui est sage, vaut mieux qu’un roi vieux et insensé qui ne saurait rien prévoir pour l’avenir. » « L’enfant pauvre et sage » désigne l’ « esprit du bien » ; celui-ci est plus jeune que l’autre, attendu qu’il ne vient à l’homme qu’à l’âge de treize ans, ainsi que cela a été déjà dit (39) : « Le roi vieux et insensé » désigne l’ »esprit du mal », appelé « roi », qui asservit les hommes. Il est appelé « vieux », parce que, dès la naissance de l’homme, [...]
- דְאִיהוּ צַר לְעֵילָא וְצַר לְתַתָּא. וְאִלְמָלֵא יֵצֶר הָרָע, לָא אִשְׁתַּכַּח מָארֵי דְּבָבוּ לְבַר נָשׁ בְּעַלְמָא. בְּגִין כָּךְ מִצַּר תִּצְרֵנִי.

רָנֵי פַלֵּט תְּסוֹבְבֵנִי סֶלָה, יְסוֹבְבֵנִי סֶלָה מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי תְּסוֹבְבֵנִי. אִלֵּין אִינוּן שִׁירִין דְּאִית בְּהוּ דַּרְגִּין לְהַצָּלָה, תְּסוֹבְבֵנִי בְּהוּ לְשֵׁזָבָא לִי בְּאָרְחָא. וְהַאי קְרָא אִיהוּ כְּסִדְרָא וְאִיהוּ לְמַפְרֵעַ, מֵהַאי גִיסָא וּמֵהַאי גִיסָא.

תָּא חֲזֵי, בְּאִלֵּין שִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן דְּקָאֲמַר דָּוִד אִית בְּהוֹן רָזִין וּמִלִּין עִלָּאִין בְּרָזֵי דְחָכְמְתָא, בְּגִין דְּכֻלְּהוּ בְּרוּחַ קוּדְשָׁא אִתְאֲמָרוּ. דְּהֲוָה שָׁרַא רוּחַ קוּדְשָׁא עֲלֵיהּ דְּדָוִד, וְהֲוָה אָמַר שִׁירָתָא. וּבְגִין כָּךְ כֻּלְּהוּ בְּרָזֵי דְחָכְמְתָא אִתְאֲמָרוּ.

פָּתַח רַבִּי אֶלְעָזָר וְאָמַר, (תהילים קי״ח:י״ג) דָּחֹה דְחִיתַנִי לִנְפֹּל וַיְיָ עֲזָרָנִי, דָּחֹה דְחִיתַנִי, דָּחֹה דָחוּנִי מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי דָּחֹה דְחִיתַנִי. אֶלָּא דָּא סִטְרָא אָחֳרָא דְּדַחְיָיא לֵיהּ לְבַר נָשׁ תָּדִיר, וּבָעֵי לְדַחְיָיא לֵיהּ וּלְאַסְטָאָה לֵיהּ מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְדָא הוּא יֵצֶר הָרָע דְּאִשְׁתַּכַּח לְגַבֵּיהּ דְבַּר נָשׁ תָּדִיר. וּלְקֳבְלֵיהּ אַהֲדַר דָּוִד וְאָמַר דָּחֹה דְחִיתַנִי לִנְפּוֹל. בְּגִין דְּאִיהוּ הֲוָה אִשְׁתַּדַּל לְגַבֵּיהּ בְּכָל אִינוּן עַקְתִין לְאַסְטָאָה לֵיהּ מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְעֲלֵיהּ אָמַר דָּוִד דָּחֹה דְחִיתַנִי לִנְפּוֹל בַּגֵּיהִנָּם. וַיְיָ עֲזָרָנִי דְּלָא אִתְמַסַּרְנָא בִּידָךְ.

וְעַל דָּא אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִזְדַּהֲרָא מִנֵּיהּ, בְּגִין דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלֵיהּ. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדֵין נָטִיר לֵיהּ בְּכָל אָרְחוֹי. דִּכְתִיב, (משלי ג׳:כ״ג) אָז תֵּלֵךְ לָבֶטַח דַרְכֶּךָ וְרַגְלֶךָ לא תִגּוֹף (משלי ד׳:י״ב) בְּלֶכְתְּךָ לֹא יֵצַר צַעֲדֶךָ וְאִם תָּרוּץ לא תִכָּשֵׁל. וּכְתִיב, (משלי ד׳:י״ח) וְאֹרַח צַדִּיקִים כְּאוֹר נֹגַהּ הוֹלֵךְ וְאוֹר עַד נְכוֹן הַיּוֹם.

אָמַר רַבִּי יְהוּדָה זַכָּאִין אִינוּן יִשְׂרָאֵל דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיר לוֹן בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. דִּכְתִיב, (ישעיהו ס׳:כ״א) וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַדִּיקִים לְעוֹלָם יִרְשׁוּ אָרֶץ. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן וְאָמֵן. (ע''כ
(Ⅰ)
[179b]  
[...] il s’attache à lui.
L’Écriture ajoute : « ... Qui ne saurait rien prévoir pour l’avenir. » L’Écriture se sert du mot « lehizaher », parce qu’elle fait allusion aux paroles de Salomon (Ecc., II, 14), d’heureuse mémoire : « L’insensé marche dans les ténèbres. » Car l’ « esprit tentateur » émane du côté des ténèbres et n’a aucune lumière qui lui soit propre.
Rabbi Siméon dit : Remarquez que le verset : « Un enfant pauvre et sage, etc. » est appliqué à l’ « esprit du bien », appelé « enfant », ainsi qu’il est écrit (Ps., XXXVII, 25) : « J’étais jeune et j’ai vieilli, etc. » L’ « esprit du bien » est appelé « jeune », parce qu’il se réjouit à chaque renouvellement de la lune (40). L’« esprit du mal » est appelé « roi vieux et insensé », parce qu’il reste toujours dans l’impureté et parce que tous les arguments qu’il fait miroiter aux yeux des hommes pour les gagner à sa cause sont insensés. Il s’introduit dans l’homme avant l’ « esprit du bien », pour le gagner ; la connaissance que l’homme a faite avec l’ « esprit du mal » étant plus ancienne que celle qu’il vient de faire avec l’ « esprit du bien », il croit toujours aux conseils du premier et n’ajoute aucune foi aux conseils du second, en raison du principe posé dans l’Écriture (Prov., XVIII, 17) : « Les arguments exposés les premiers par l’une des parties en litige obtiennent gain de cause. »
C’est pourquoi l’ « esprit du mal » est appelé « rusé », ainsi qu’il est écrit (Gen., III, 1) : « Et le serpent était la plus rusée de toutes les bêtes de la terre. » C’est pour avoir gain de cause que l’ « esprit du mal » s’installe chez l’homme dès sa naissance ; et quand, plus tard, l’ « esprit du bien » arrive, il se heurte contre les préjugés que l’homme a reçus de l’ « esprit du mal » ; et ces préjugés pèsent sur l’ « esprit du bien » comme un lourd fardeau.
C’est pourquoi Salomon a dit (Eccl., IX, 16) : « La sagesse du pauvre est méprisée et ses paroles ne sont point écoutées. » Les paroles de l’ « esprit du bien » sont, en effet, méprisées, à cause de l’ « esprit du mal ». Aussi chaque juge qui aime la justice n’écoute-t-il les arguments d’aucune des parties en litige séparément ; mais il leur ordonne de s’expliquer contradictoirement. L’homme de bien également n’ajoute aucune foi à l’ « esprit du mal », ce rusé impie, et ne l’écoute pas sans que l’ « esprit du bien » soit présent et fasse valoir ses arguments contraires. La plupart des hommes trébuchent dans le monde futur à cause de l’ « esprit du mal ». Heureux le sort de l’homme qui, craignant son Maître, endure d’innombrables souffrances en ce bas monde, parce qu’il se refuse à croire l’ « esprit du mal » et à s’associer à lui. Car l’ «esprit du bien » souffre beaucoup de l’ « esprit du mal » ; mais le Saint, béni soit-il, le délivre de tous les maux.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., XXXIV, 20) dit : « Les afflictions du juste sont nombreuses ; mais le Seigneur nous délivre de toutes nos peines. » « Le juste » désigne l’ « esprit du bien » dont les afflictions dans ce bas monde sont nombreuses.
Remarquez combien Jacob a dû souffrir pour s’être séparé de l’ « esprit du mal ». Rabbi Siméon a en outre commencé à parler de la manière sui.vante : Il est écrit (Job, III, 26) : « Je n’ai pas conservé de repos, de tranquillité et de sérénité, et la colère est tombée sur moi. » Remarquez combien nombreuses sont les peines des justes en ce bas monde ; ils sont accablés de maux sur maux, de souffrances sur souffrances, pour devenir dignes du monde suprême. Combien Jacob n’a-t-il pas souffert ! Le verset cité s’applique à lui : « Je n’ai pas conservé de repos », dans la maison de Laban, dont je ne pus me séparer de bon gré. Le terme « de tranquillité » désigne la douleur que Jacob éprouva lorsqu’il se vit persécuté par Esaü et son ange tutélaire. Le terme « et de sérénité» désigne la peine que Jacob éprouva lors de la séduction de Dina.. La phrase : « Et la colère est tombée sur moi » désigne la douleur que Jacob éprouva à la suite de la vente de Joseph par ses frères, douleur d’autant plus grande que Jacob aimait ce fils plus que tous les autres, parce qu’il était l’image du mystère de l’Alliance. Mais, après tant de souffrances endurées, Dieu récompensa Jacob par l’objet même qui causait sa douleur ; car c’est grâce à la descente de Joseph en Égypte que Dieu se souvint de son Alliance, ainsi qu’il est écrit (Ex., VI, 5) : «Et je me souviens de mon Alliance. » Dieu y fit descendre la Schekhina. L’Écriture (Gen., XXXVII, 1) dit : « Jacob demeura dans le pays de Chanaan, où son père avait demeuré. » [...]
- וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו בְּאֶרֶץ כְּנָעַן. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (תהלים לד כ) רַבּוֹת רָעוֹת צַדִּיק וּמִכֻּלָּם יַצִּילֶנוּ יְיָ. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה מְקַטְרְגִין אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ מִיּוֹמָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב בֵּיהּ נִשְׁמָתָא (ד''א ל''ג לבר נש) (לאתקיימא) בְּהַאי עַלְמָא. דְּכֵיוָן דְּנָפִיק בַר נָשׁ לַאֲוִירָא דְעַלְמָא, מִיָּד אִזְדַּמַּן לְאִשְׁתַּתְּפָא בַּהֲדֵיהּ יֵצֶר הָרָע כְּמָה דְאִתְּמָר. דִּכְתִיב, (בראשית ד׳:ז׳) לַפֶּתַח חַטָּאת רוֹבֵץ וְגו'. וּכְדֵין אִשְׁתַּתַּף בַּהֲדֵיהּ יֵצֶר הָרָע.

וְתָּא חֲזֵי, דְּהָכִי הוּא, דְּהָא בְּעִירֵי מִיּוֹמָא דְּאִתְיַלִּידוּ, כֻּלְּהוּ נָטְרֵי גַרְמַיְיהוּ, וְעָרְקִין מִן גּוֹ נוּרָא, וּמִן כָּל אַתְרִין בִּישִׁין. וּבַר נָשׁ, מִיָּד אָתֵי לַאֲרָמָא גַּרְמֵיהּ גּוֹ נוּרָא, בְּגִין דְּיֵצֶר הָרָע שָׁארֵי בְּגַוִּיהּ, וּמִיָּד אַסְטֵי לֵיהּ לְאָרְחָא בִישָׁא.

וְאוֹקִימְנָא דִּכְתִיב, (קהלת ד׳:י״ג) טוֹב יֶלֶד מִסְכֵּן וְחָכָם מִמֶּלֶךְ זָקֵן וּכְסִיל אֲשֶׁר לא יָדַע לְהִזָּהֵר עוֹד. טוֹב יֶלֶד, דָּא הוּא יֵצֶר טוֹב דְּהוּא יֶלֶד מִיּוֹמִין זְעִירִין עִמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ, דְּהָא מִתְּלֵיסַר שְׁנִין וָאֵילָךְ (עמיה) כְּמָה דְאִתְּמָר.

מִמֶּלֶךָ זָקֵן וּכְסִיל. מִמֶּלֶךְ, דָּא הוּא יֵצֶר הָרָע דְּאִיהוּ אִקְרֵי מֶלֶךְ וְשַׁלִּיט בְּעַלְמָא עַל בְּנֵי נָשָׁא. זָקֵן וּכְסִיל, דְּאִיהוּ זָקֵן וַדַּאי, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ, דְּכַד אִתְיְלִיד בַר נָשׁ וְנָפִיק לַאֲוִירָא דְעַלְמָא אִיהוּ
(Ⅰ)
[180a]  
[...] Rabbi Yossé ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., LVII, 1) : « Le juste périt et personne n’y fait réflexion en soimême ; les hommes de piété sont enlevés, sans que personne en comprenne la cause : car le juste est enlevé avant le mal. » Lorsque le Saint, béni soit-il, voit que le monde n’est pas comme il doit être, et lorsqu’il se prépare à y faire sévir la Rigueur, il commence par enlever du monde le juste qui y vit, pour que la Rigueur puisse sévir dans le monde ; car, tant que le juste vit, il empêche la Rigueur de sévir. D’où le savons-nous ? - De Moïse, ainsi qu’il est écrit (Ps., CVI, 23) : «Et il avait résolu de les perdre, si Moïse, qu’il avait choisi, ne s’y fût opposé. » L’Écriture ajoute : « ... Car le juste est enlevé avant le mal. » Le juste est enlevé de ce monde avant que le mal n’y arrive.
D’après une autre interprétation, « avant le mal » désigne l’ «esprit tentateur ».
Remarquez que Jacob était le plus parfait des patriarches ; grâce à lui, aucune Rigueur n’a sévi durant sa vie, et la famine a cessé de son temps. De même, pendant la vie de Joseph, qui était l*image de son père, Israël n’était pas encore asservi par les Égyptiens ; car ce n’est qu’après que l’Écriture (Ex. I, 6) nous a annoncé : « Et Joseph est mort, etc. », qu’elle nous dit (ibid. 10) « Opprimons-les avec sagesse » ; et un peu plus loin : « Et il leur rendait la vie amère. » De même, chaque fois qu’un juste vit dans ce monde, le Saint, béni soit-il, ménage le monde à cause de lui et n’y fait pas sévir la Rigueur.
Remarquez que l’Écriture dit : « Et Jacob demeura dans le pays de Chanaan où avait demeuré (megourei) son père. » Que signifie le mot « megourei » ? Ce mot signifie « crainte », ainsi qu’il est écrit (Jér., VI, 25) : « La crainte (magor) de toutes parts... » Car Jacob a toujours vécu dans la crainte.
Rabbi Éléazar dit : Les mots : « ... Où avait demeuré son père » signifient que Jacob s’était attaché au degré de Rigueur dont son père était l’image.
L’Écriture ajoute : « Voici les enfants de Jacob : Joseph avait dix-sept ans, etc. » Après que Joseph s’unit à Jacob, sa race commença à porter des fruits ; le soleil était uni à la lune.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Voici les enfants de Jacob : Joseph, etc. », parce que tous les fruits qu’avait portés cet arbre étaient dus à l’union de Jacob avec Joseph. Le fleuve céleste, dont les eaux ne tarissent jamais, charrie les âmes en ce bas monde. Mais le soleil seul ne suffit pas pour faire porter des fruits à la terre ; il faut encore l’intervention du degré appelé le « Juste ». Le soleil, même approché de la lune, ne saurait porter des fruits. Aussi fallait-il que Joseph, qui est du degré appelé « Juste », s’unit à Jacob pour que sa race portât des fruits. L’Écriture dit : « Voici les enfants de Jacob... » Car quiconque vit le visage de Joseph s’écria : C’est le visage de Jacob. Pour aucun des fils de Jacob l’Écriture n’emploie le terme : « Voici les enfants de Jacob... », excepté pour Joseph, parce que son visage ressemblait à celui de son père. L’Écriture dit que Joseph avait dix-sept ans.
Rabbi Abba dit : Le Saint, béni soit-il, indiqua à Jacob qu’il lui accorderait dix-sept ans de joie, en compensation de l’enfant de dix-sept ans que Jacob avait si longtemps pleuré. Au moment où il s’était perdu, Joseph avait dix-sept ans, Jacob pleura longtemps cet enfant de dix-sept ans ; mais il a eu la joie de vivre dix-sept ans (41) en paix en Égypte, près de son fils arrivé à la royauté, et entouré de ses autres fils.
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Job, XXXIV, 10 et 11) : « C’est pourquoi, vous qui êtes hommes de cœur, écoutez-moi. L’impiété est infiniment éloignée de Dieu, et l’injustice du Tout-Puissant ; car il [...]
- אִזְדַּמַּן עִמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ. וְעַל דָּא אִיהוּ מֶלֶךְ זָקֵן וּכְסִיל.

אֲשֶׁר לא יָדַע לְהִזָּהֵר עוֹד, לְהַזְהִיר לָא כְּתִיב, אֶלָּא לְהִזָּהֵר, בְּגִין דְּאִיהוּ כְסִיל. וְעֲלֵיהּ אָמַר שְׁלֹמֹה עָלָיו הַשָׁלוֹם (קהלת ב׳:י״ד) וְהַכְּסִיל בַּחשֶׁךְ הוֹלֵךְ. דְּהָא מֵסּוּסִיתָא דְּחשֶׁךְ קָא אַתְיָא וְלֵית לֵיהּ נְהוֹרָא לְעָלְמִין.

רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, תָּא חֲזֵי, כְּתִיב טוֹב יֶלֶד מִסְכֵּן וְחָכָם. מַאן יֶלֶד מִסְכֵּן, הָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר דְּאִיהוּ יֵצֶר טוֹב. אֲבָל טוֹב יֶלֶד, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים ל״ז:כ״ה) נַעַר הָיִיתִי גַּם זָקַנְתִּי. וְדָא הוּא נַעַר דְּאִיהוּ יֶלֶד מִסְכֵּן דְּלֵית לֵיהּ מִגַּרְמֵיהּ כְּלוּם. וְאַמַּאי אִקְרֵי נַעַר, בְּגִין דְּאִית לֵיהּ חַדְתּוּ דְסִיהֲרָא דְּמִתְחַדְּשָׁא תָּדִיר, וְתָדִיר אִיהוּ יֶלֶד מִסְכֵּן כְּמָה דְּאֲמְרָן. וְחָכָם, בְּגִין דְּחָכְמָה שַׁרְיָא בֵּיהּ.

מִמֶּלֶךָ זָקֵן, דָּא הוּא יֵצֶר הָרָע כְּמָה דְאִתְּמָר. דְּהָא מִן יוֹמָא דְּהֲוָה לָא נָפַק מִמְּסָאֲבוּתֵיהּ לְעָלְמִין, וְאִיהוּ כְסִיל. דְּכָל אָרְחוֹי אִינוּן לְאֹרַח בִּישָׁא, וְאָזִיל וְסָטֵי לִבְנִי נָשָׁא וְלָא יָדַע לְאִזְדַּהֲרָא. וְאִיהוּ אָתֵי עִם בַר נָשׁ בְּתִסְקוּפִין בְּגִין לְאַסְטָאָה לוֹן מֵאֹרַח טָבָא לְאֹרַח בִּישָׁא.

תָּא חֲזֵי, עַל דָּא אַקְדִים עִם בַּר נָשׁ בְּיוֹמָא דְאִתְיְלִיד בְּגִין דִּיְהֵימִין לֵיהּ. דְּהָא כַּד אָתֵי יֵצֶר טוֹב לָא יָכִיל בַר נָשׁ לִמְהֵימְנָא לֵיהּ וְדָמֵי עֲלֵיהּ כְּמָטוּלָא. כְּגַוְונָא דָא תָּנִינָן, מַאן הוּא רָשָׁע עָרוּם, דָּא הוּא מַאן דְּאַקְדִּים לְאַטְעָנָא מִלּוֹי לְקַמֵּי דַיְינָא עַד לָא יֵיתֵי חַבְרֵיהּ מָארֵי דְדִינָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (משלי י״ח:י״ז) צַדִּיק הָרִאשׁוֹן בְּרִיבוֹ וְגו'.

כְּגַוְונָא דָא (הוא נ''א האי) רָשָׁע עָרוּם, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ג׳:א׳) וְהַנָּחָשׁ הָיָה עָרוּם. וְהוּא אַקְדִּים וְשָׁרֵי עִמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ עַד לָא יֵיתֵי חַבְרֵיהּ לְאַשְׁרָאָה עֲלֵיהּ. וּבְגִין דְּאִיהוּ אַקְדִּים וְהָא אַטְעִין טַעֲנָתֵיהּ עִמֵּיהּ, כַּד אָתֵי חַבְרֵיהּ דְּאִיהוּ יֵצֶר הַטּוֹב, אַבְאִישׁ לֵיהּ לְבַר נָשׁ בַּהֲדֵיהּ וְלָא יָכִיל לְזָקְפָא רֵישֵׁיהּ, כְּאִילּוּ אַטְעִין עַל כִּתְפֵיהּ כָּל מָטוֹלִין דְּעַלְמָא. בְּגִין הַהוּא רָשָׁע עָרוּם דְאַקְדִּים עִמֵּיהּ. וְעַל דָּא אָמַר שְׁלמֹה (קהלת ט׳:ט״ז) וְחָכְמַת הַמִּסְכֵּן בְּזוּיָה וּדְבָרָיו אֵינָם נִשְׁמָעִים, בְּגִין דְּהָא אַקְדִים אָחֳרָא.

וְעַל דָּא כָּל דַיְינֵי דְּקַבִּיל מִבַּר נָשׁ מִלָּה עַד לָא יֵיתֵי חַבְרֵיהּ, כְּאִילּוּ מְקַבֵּל עֲלֵיהּ טַעֲוָוא אָחֳרָא לִמְהֵימְנוּתָא. אֶלָּא (משלי י״ח:י״ז) וּבָא רֵעֵהוּ וַחֲקָרוֹ, וְדָא הוּא אֹרַח דְּבַר נָשׁ זַכָּאָה, דְּהָא בַר נָשׁ זַכָּאָה דָּא הוּא, דְּלָא הֵימִין לְהַהוּא רָשָׁע עָרוּם דְּיֵצֶר הָרָע, עַד דְּיֵיתֵי חַבְרֵיהּ דְּאִיהוּ יֵצֶר טוֹב. וּבְגִין דָא בְּנֵי נָשָׁא אִינוּן כָּשְׁלִין לְעַלְמָא דְאָתֵי.

אֲבָל הַהוּא זַכָּאָה דְּאִיהוּ דָּחִיל לְמָארֵיהּ, כַּמָּה בִּישִׁין סָבִיל בְּהַאי עַלְמָא בְּגִין דְּלָא יְהֵימִין וְלָא יִשְׁתַּתַּף בְּהַהוּא יֵצֶר הָרָע. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שֵׁזִיב לֵיהּ מִכֻּלְּהוּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהלים לה) רַבּוֹת רָעוֹת צַדִּיק וּמִכֻּלָּם יַצִּילֶנוּ יְיָ. רַבּוֹת רָעוֹת לַצַּדִּיק לָא כְּתִיב, אֶלָּא צַדִּיק. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהַהוּא בַר נָשׁ וְשֵׁזִיב לֵיהּ מִכֹּלָּא בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי, זַכָּאָה חוּלָקֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה בִּישִׁין עָבְרוּ עֲלֵיהּ דְּיַעֲקֹב, בְּגִין דְּלָא יִתְדַּבַּק בְּהַהוּא יֵצֶר הָרָע וְיִתְרְחַק מֵחוּלָקֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ סָבִיל כַּמָּה עוֹנְשִׁין כַּמָּה בִּישִׁין וְלָא שָׁקִיט. פָּתַח וְאָמַר, (איוב ג׳:כ״ו) לא שָׁלַוְתִּי וְלֹא שָׁקַטְתִּי וְלֹא נַחְתִּי וַיָּבֹא רֹגֶז. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה בִּישִׁין סָבְלִין צַדִּיקַיָא בְּהַאי עַלְמָא. בִּישִׁין עַל בִּישִׁין, כְּאֵבִין עַל כְּאֵבִין. בְּגִין לְמִזְכֵּי לוֹן לְעַלְמָא דְאָתֵי.

יַעֲקֹב כַּמָּה סָבִיל בִּישִׁין עַל בִּישִׁין תָּדִיר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר לֹא שָׁלַוְתִּי, בְּבֵיתָא דְלָבָן, וְלָא יָכִילְנָא לְאִשְׁתְּזָבָא מִנֵּיהּ. וְלא שָׁקַטְתִּי, מֵעֵשָׂו. מֵהַהוּא צַעֲרָא דְּצִעֵר לִי הַהוּא מְמַנָּא דִילֵיהּ, וּלְבָתַר דְּחִילוּ דְעֵשָׂו. וְלֹא נַחְתִּי, מִן דִּינָה וּמִן שְׁכֶם.

וַיָּבֹא רֹגֶז, דָּא רוּגְזָא וְעִרְבּוּבְיָא דְיוֹסֵף דְּאִיהוּ קַשְׁיָא מִכֻּלְּהוּ, מִגּוֹ רְחִימוּתָא דְיַעֲקֹב לְגַבֵּי דְיוֹסֵף דְּאִיהוּ רָזָא דִבְרִית, עָאל בְּמִצְרַיִם. בְּגִין דִּלְבָתַר כְּתִיב, (שמות ו) וָאֶזְכֹּר אֶת בְּרִיתִי, לְאִשְׁתַּכָּחָא שְׁכִינְתָּא (נ''א שמש) תַּמָּן בַּהֲדֵיהּ.

וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו בְּאֶרֶץ כְּנָעַן,
(Ⅰ)
[180b]  
[...] récompensera l’homme selon ses œuvres, et il traitera chacun selon sa voie. » Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il le basa sur la Rigueur ; toutes les œuvres du monde ne subsistent que par la Rigueur. Mais comme le Saint, béni soit-il, savait que le monde ne saurait subsister par la Rigueur seule, il étendit la Clémence sur la Rigueur ; c’est la Clémence qui régit le monde et le soutient. Mais que l’on n’imagine pas que le monde étant basé sur la Rigueur, le Saint, béni soit-il, fasse subir la Rigueur aux hommes qui ne l’ont pas méritée. Il n’en est rien. Lorsque la Rigueur sévit contre un homme juste, cela prouve que Dieu aime cet homme. Pour s’attacher l’homme, le Saint, béni soit-il, en brise le corps, afin de donner la prédominance à l’âme ; c’est quand l’âme domine et que le corps est faible que l’homme s’attache avec amour au Saint, béni soit-il. C’est ainsi que les collègues ont affirmé que le Saint, béni soit-il, accable le juste en ce monde de souffrances physiques pour le rendre digne du monde futur. C’est l’homme que Dieu aime. Mais quand on voit un homme chez qui l’âme est faible et le corps fort, on peut être certain que le Saint, béni soit-il, le hait ; si cet homme jouit ici-bas, c’est qu’il a donné des aumônes ou accompli quelque bonne œuvre dont il est récompensé en ce monde, pour ne pas participer au monde futur.
C’est ainsi que la paraphrase chaldaïque d’Onkelos interpréte les mots du verset (Deut., VII, 10) suivant : « ... Et qui paye promptement à ses enne-mis..., qui récompense ceux qu’il hait en ce monde. » Aussi, heureux l’homme dont le corps est brisé, car il est aimé du Saint, béni soit-il ! Mais cette sentence mérite quelques réflexions, pour plusieurs raisons. D’abord, nous savons que laSchekhina n’est pas présente là où règne la tristesse ; elle aime l’endroit où règne la joie, ainsi qu’il est écrit (IV Rois, III, 15) : « Et maintenant, faites-moi venir un joueur de harpe ; et lorsque cet homme chantait sur sa harpe, la main du Seigneur fut sur Élisée, etc. » Or, « la main du Seigneur » désigne l’Esprit de Dieu. Nous savons, en outre, que la Schekhina ne réside pas là où règne la tristesse ; c’est ce qui est arrivé à Jacob : tant qu’il pleurait la perte de Joseph, la Schekhina s’était éloignée de lui ; mais lorsqu’il eut appris des nouvelles de Joseph, son cœur fut rempli de joie ; et l’Esprit de Dieu vint sur lui (Gen., XLV, 27) : « Et l’esprit de Jacob leur père revit. » Or, comment un homme dont le corps est constamment brisé peut-il vivre dans la joie ? La seconde réflexion qui s’impose est celle-ci : Nous avons vu beaucoup de justes qui étaient aimés du Saint, béni soit-il, et qui n’ont jamais été atteints d’infirmités, et dont le corps n’a jamais été brisé. Pourquoi Dieu ne traite-t-il pas de façon égale les uns et les autres ? On ne peut pas expliquer cette différence de traitement, en faisant une distinction entre les justes issus de parents indignes, et les justes fils de justes, puisque nous voyons des justes fils de justes et arrière-fils de justes accablés de douleurs physiques, de manière que toute leur vie est remplie de souffrances.
Mais ce fait cache certainement un mystère ; car les œuvres du Saint, béni soit-il, sont basées sur la vérité et l’équité, ainsi qu’il est écrit (Job, XXXIV, 11) : « Car il récompensera l’homme selon ses œuvres ; et il traitera chacun selon sa voie. » J’ai trouvé, dans un livre d’une haute antiquité, les deux mystères suivants : Il y a des époques où la lune est échancrée, parce que le soleil lui est caché. Comme les âmes descendent à chaque heure du monde d’en haut dans celui d’ici-bas, il en résulte que certaines âmes descendent ici au moment où la lune est pleine, et d’autres au moment où elle est échancrée. Les hommes dont les âmes descendent ici-bas, au moment où la lune est échancrée, et où la Rigueur règne dans le monde, seront toujours accablés de souffrances et de pauvreté, qu’ils soient justes ou impies. Cependant, la prière peut parfois modifier l’état malheureux de ces hommes et l’améliorer. Mais les hommes dont les âmes descendent ici-bas au moment où la lune est pleine et où le fleuve d’en haut coule sans obstacle, jouiront ici-bas de tous les biens terrestres ; ils seront riches en biens et en enfants, et jouiront d’une bonne santé ; et tout cela uniquement [...]
- רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח, (ישעיהו נ״ז:א׳) הַצַּדִּיק אָבַד וְאֵין אִישׁ שָׂם עַל לֵב וְאַנְשֵׁי חֶסֶד נְאֱסָפִים בְּאֵין מֵבִין כִּי מִפְּנֵי הָרָעָה נְאֱסַף הַצַּדִּיק. הַצַּדִּיק אָבַד, בְּזִמְנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַשְׁגַּח בְּעַלְמָא וְלָא הֲוֵי עַלְמָא כְּדְקָא יְאוּת, וְאִזְדַּמַּן דִּינָא לְשַׁרְיָיא עַל עַלְמָא. כְּדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיל זַכָּאָה דְּאִשְׁתַּכַּח בֵּינַיְיהוּ, בְּגִין דְּיִשְׁרֵי דִּינָא עַל כֻּלְּהוּ אָחֳרָנִין, וְלָא יִשְׁתַּכַּח מַאן דְּיָגִין עֲלַיְיהוּ.

דְּהָא כָּל זִמְנָא דְּזַכָּאָה שָׁארֵי בְּעַלְמָא, דִּינָא לָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עַל עַלְמָא. מְנָלָן מִמּשֶׁה, דִּכְתִיב, (תהילים ק״ו:כ״ג) וַיֹּאמֶר לְהַשְׁמִידָם לוּלֵי משֶׁה בְחִירוֹ עָמַד בַּפֶּרֶץ לְפָנָיו וְגו'. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיל לְזַכָּאָה מִבֵּינַיְיהוּ וְסַלִּיק לֵיהּ מֵעַלְמָא, וּכְדֵין אִתְפְּרַע וְגָבֵי דִילֵיהּ. סוֹפֵיהּ דִּקְרָא, כִּי מִפְּנֵי הָרָעָה נְאֱסַף הַצַּדִּיק. עַד דְּלָא יֵיתֵי רָעָה לְשַׁלְטָאָה עַל עַלְמָא נֶאֱסַף הַצַּדִּיק. (ד''א כי מפני הרעה נאסף עד לא ישלוט הרעה בעלמא) דָּבָר אַחֵר כִּי מִפְּנִי הָרָעָה, דָּא יֵצֶר הָרָע.

תָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב שְׁלִימוּ דַאֲבָהָן הֲוָה וְאִיהוּ קָאִים לְקָיְימָא בְּגָלוּתָא. אֲבָל מִגּוֹ דְּאִיהוּ צַדִּיק אִתְעַכַּב דִּינָא דְּלָא שָׁלְטָא בְּעַלְמָא. דְּהָא כָּל יוֹמֵי דְיַעֲקֹב לָא שָׁרָא דִּינָא עַל עַלְמָא, וְכַפְנָא אִתְבַּטְלַת.

וְאוּף הָכִי בְּיוֹמוֹי דְיוֹסֵף דְּאִיהוּ דִּיוּקְנָא דְּאֲבוֹי (כיון דאיהו מת מיד). לָא שְׁרָא גָלוּתָא (דינא על עלמא). בְּגִין דְּאִיהוּ אָגִין עֲלַיְיהוּ כָּל יוֹמוֹי, כֵּיוָן דְּאִיהוּ מֵת, מִיָּד שָׁרָא עֲלַיְיהוּ גָלוּתָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (שמות א׳:י״ד) וַיָּמָת יוֹסֵף וְגו', וְסָמִיךְ לֵיהּ הָבָה נִתְחַכְּמָה לוֹ. וּכְתִיב וַיְמָרֲרוּ אֶת חַיֵּיהֶם בַּעֲבוֹדָה קָשָׁה בְּחֹמֶר וּבִלְבֵנִים וְגו'. כְּגַוְונָא דָא בְּכָל אֲתַר דְּשַׁרְיָא זַכָּאָה (על) בְּעַלְמָא בְּגִינֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָגִין עַל עַלְמָא, וְכָל זִמְנָא דְּאִיהוּ קַיָּים, דִּינָא לָא שָׁרְיָא עַל עַלְמָא וְהָא אִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו, מַאי מְגוּרֵי אָבִיו, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ירמיהו ו׳:כ״ה) מָגוֹר מִסָבִיב, דְּכָל יוֹמוֹי הֲוָה דָחִיל וְהֲוָה בִּדְחִילוּ: וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו. רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, דְאִתְקַשַּׁר וְיָתִיב בְּהַהוּא אֲתַר דְּאִתְאֲחִיד בַּחשֶׁךְ. אֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו דַּיְיקָא, בְּאֶרֶץ כְּנָעַן, אִתְקַשַּׁר אַתְרָא בְּאַתְרֵיהּ. מְגוּרֵי אָבִיו, דָּא דִינָא קַשְׁיָא. בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו, כְּמָה דְאִתְּמָר הַהוּא דִינָא רַפְיָא דְּאִיהִי אֶרֶץ, דְּאִתְאַחִיד מִן דִּינָא קַשְׁיָא וּבֵיהּ אִתְיַשֵּׁב יַעֲקֹב וְאִתְאַחִיד בֵּיהּ, (וההיא ארץ איהי אספקלריא דלא נהרא):

אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף וְגו', בָּתַר דְּאִתְיַשַּׁב יוֹסֵף בְּיַעֲקֹב וְאִזְדַּוַּוג שִׁמְשָׁא בְּסִיהֲרָא, כְּדֵין שָׁרָא לְמֶעְבַּד תּוֹלְדוֹת, וּמַאן אִיהוּ דְּעֲבִיד תּוֹלְדוֹת, אַהֲדַר וְאָמַר יוֹסֵף, דְּהָא הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק אִיהוּ עָבִיד תּוֹלְדוֹת בְּגִין דְּלָא פָּסְקִין מֵימוֹי לְעָלְמִין, וְאִיהוּ עָבִיד תּוֹלְדוֹת בְּהַאי אֶרֶץ וּמִנֵּיהּ נָפְקִין תּוֹלְדוֹת לְעַלְמָא.

דְּהָא שִׁמְשָׁא אַף עַל גַּב דְּאִתְקַרַב בְּסִיהֲרָא לָא עָבִיד אִיבִּין בַּר הַהוּא דַרְגָּא דְּאִקְרֵי צַדִּי''ק, וְיוֹסֵף אִיהוּ דַרְגָּא דְיַעֲקֹב לְמֶעְבַּד אִיבִּין וְלְאֲפָקָא תּוֹלָדִין לְעַלְמָא, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף.

אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף, כָּל מַאן דְּהֲוָה מִסְתַּכֵּל בְּדִיוּקְנָא דְיוֹסֵף הֲוָה אָמַר דְּדָא הוּא דִיוּקְנָא דְיַעֲקֹב. תָּא חֲזֵי, דִּבְכֻלְּהוּ בְּנֵי יַעֲקֹב לָא כְּתִיב אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב רְאוּבֵן, בַּר יוֹסֵף, דְּדִיוּקְנִיהּ דָמֵי לְדִיוּקְנָא דְּאֲבוֹי.

בֶּן שְׁבַע עֶשְׂרֵה שָׁנָה. אָמַר רִבִּי אַבָּא, רָמַז לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּהָא כַּד אִתְאֲבִיד מִנֵּיהּ יוֹסֵף בֶּן שְׁבַע עֶשְׂרֵה שְׁנִין הֲוָה. וְכָל אִינוּן יוֹמִין דְּאִשְׁתָּאֲרוּ דְּלָא חָמָא לֵיהּ לְיוֹסֵף הֲוָה בָּכֵי עַל אִינוּן שְׁבַע עֶשְׂרֵה שְׁנִין. וּכְמָּה דְּהֲוָה בָּכֵי עֲלֵיהּ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לֵיהּ שְׁבַע עֶשְׂרֵה שְׁנִין אָחֳרָנִין דְּאִתְקַיֵּים בְּאַרְעָא דְמִצְרַיִם בְּחֵדוּ בִּיקָרָא וּבִשְׁלִימוּ דְּכֹלָּא. בְּרֵיהּ יוֹסֵף הֲוָה מַלְכָּא, וְכָל בְּנוֹי קַמֵּיהּ הֲווּ, אִינוּן שְׁבַע עֶשְׂרֵה שְׁנִין הֲווּ חַיִּין לְגַבֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ בֶּן שְׁבַע עֶשְׂרֵה שָׁנָה הֲוָה אִיהוּ, כַּד אִתְאֲבִיד מִנֵּיהּ.

רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (איוב לד, י) לָכֵן אַנְשֵׁי לֵבָב שִׁמְעוּ לִי חָלִלָה לָאֵל מֵרְשַׁע וְשַׁדַּי מֵעָוֶל. כִּי פֹעַל

(Ⅰ)
[181a]  
[...] à cause du « sort », ce qui veut dire : à cause de l’état du fleuve qui descend sur le degré inférieur et y apporte les bénédictions. Tel est le sens des paroles de la tradition : « La faveur d’avoir des enfants, de vivre longtemps et de posséder des moyens d’existence ne dépend pas de la piété de l’homme, mais du sort. » Ainsi, tous les hommes dont les âmes sont descendues ici-bas, au moment où la Rigueur régnait dans le monde, sont accablés de souffrances. Mais, comme leurs souffrances ne sont pas dues à leurs fautes, le Saint, béni soit-il, a compassion d’eux dans le monde futur.
Rabbi Éléazar dit : Tous les actes du Saint, béni soit-il, sont justes. Les âmes qui descendent ici-bas au moment de l’échancrure de la lune sont celles que le Saint, béni soit-il, aime le plus. Aussi les envoie-t-il en bas, à ce moment, afin qu’elles y soient accablées de souffrances et de pauvreté, ce qui les épurera de la souillure qui s’attache à chaque homme en ce bas monde. Car il est plus facile à l’homme de garder son âme dans toute sa pureté, lorsque son corps est brisé. Et comme Dieu aime ces âmes, il les envoie en bas, au moment de l’échancrure de la lune, pour faciliter ainsi l’accomplissement du devoir des hommes qu’elles animeront, puisqu’ils auront le corps brisé. C’est ainsi que ces hommes deviendront plus facilement dignes du monde futur. Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Ps., XI, 5) : « Le Seigneur choisira le juste », ainsi qu’on vient de le dire.
Rabbi Siméon commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Lévit., XXI, 23) : « Mais il n’entrera point au dedans du voile et il ne s’approchera point de l’autel parce qu’il a une tache et qu’il ne doit point souiller mon sanctuaire ; car je suis le Seigneur, qui les sanctifie. » Remarquez qu’à sa source, le fleuve céleste qui charrie les âmes ne contient que des âmes pures. Ce fleuve qui constitue la semence du principe mâle d’en haut, rentre dans le principe femelle d’en haut qui en devient enceinte. Jusqu’au moment de leur naissance, les âmes restent dans toute leur pureté. Mais au moment de leur descente ici-bas, bien qu’elles soient toutes pures et toutes saintes, elles sont ébréchées lorsque la lune est échancrée par la faute du mauvais serpent ; car ces brèches leur causent beaucoup de souffrances et beaucoup de douleurs. Ce sont ces âmes que le Saint, béni soit-il, aime le plus.
Comme le corps est toujours modelé sur la façon de l’âme qui l’anime, il s’ensuit que la brèche que l’âme a reçue au moment de sa descente, se répercute sur le corps qu’elle anime ensuite ; de là vient que les hommes animés de telles âmes sont accablés, durant toute leur vie, de souffrances et de douleurs. Telle est la raison pour laquelle on doit se réjouir au renouvellement de la lune, ainsi qu’il est écrit (Is., LXVI, 23) : « Et les fêtes des premiers jours des mois, et les sabbats, toute chair viendra se prosterner devant moi et m’adorer, dit le Seigneur. » L’Écriture dit « toute chair », pour nous indiquer que les corps brisés doivent se consoler, en voyant le renouvellement de la lune qui leur démontre que, de même que la décroissance de la lune est due à une cause étrangère, de même leurs souffrances ne sont pas le fait de leur démérite. C’est pour cette raison que la Schekhina réside toujours près des corps brisés, ainsi qu’il est écrit (Is., XLVII, 15) : « J’habite avec l’humble et le brisé. » Et ailleurs (Ps., XLVII, 15) : « Le Seigneur est près de ceux qui ont le cœur brisé. » C’est ce que la tradition entend par l’expression « souffrances de l’amour ». Ce sont ces sortes de souffrances qui n’ont pour cause que l’amour de Dieu pour certaines âmes, qu’il envoie ici-bas dans un moment de Rigueur pour qu’elles soient ébréchées et pour qu’elles exercent une répercussion sur le corps qu’elles animent ensuite. Heureux le sort de tels hommes et dans ce monde et dans le monde futur, car la Schekhina les nomme « mes frères », ainsi qu’il est écrit (Ps., CXX, 8) : « A cause de mes frères et de mes proches, je te parlerai le langage de la paix. »
Rabbi Siméon commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Is., LII, 13) : « Mon serviteur sera rempli d’intelligence ; il sera grand et élevé ; il montera au plus haut comble de gloire. » Heureux le sort des justes à qui le Saint, béni soit-il, révèle les voies de la vérité pour qu’ils y marchent.
Remarquez que ce verset renferme un mystère suprême. Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il fit la lune plus petite que le soleil, parce qu’elle n’a aucune lumière qui lui soit propre. Comme la lune s’était résignée à la volonté de son maître, celui-ci lui accorda la faveur de refléter la lumière du soleil. Tant que le sanctuaire existait à Jérusalem, Israël reflétait la lumière d’en haut, offrait des sacrifices, des holocaustes, et pratiquait les rites du culte par les prêtres, les lévites et les laïques unis ensemble pour faire jaillir la lumière. Mais quand le temple fut détruit, la lumière se changea en ténèbres, et le soleil n’éclaira plus la lune ; le soleil [...]
- אָדָם יְשַׁלֶּם לוֹ וּכְאֹרַח אִישׁ יַמְצִאֶנּוּ. תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, עֲבַד לֵיהּ עַל דִּינָא, וְעַל דִּינָא אִתְקַיַּים. וְכָל עוֹבָדִין דְּעַלְמָא אִינוּן קָיְימִין בְּדִינָא. בַּר דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין לְקַיְימָא עַלְמָא וְלָא יִתְאֲבִיד, פָּרִישׂ עֲלֵיהּ רַחֲמֵי, וְאִינוּן רַחֲמֵי מְעַכְּבֵי לְדִינָא דְּלָא יִשְׁתְּצֵי עַלְמָא, וְעַל רַחֲמֵי אִתְנַהִיג עַלְמָא וְאִתְקְיַּים בְּגִינִיהּ.

וְאִי תֵימָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד דִּינָא בְּבַר נָשׁ בְּלָא דִינָא. הָא אִתְּמָר, דְּכַד דִּינָא שַׁרְיָא עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ כַּד אִיהוּ זַכָּאָה. בְּגִין רְחִימוּתָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בֵּיהּ אִיהִי, כְּמָה דְאִתְּמָר. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָחִים עֲלֵיהּ בִּרְחִימוּ לְקָרְבָא לֵיהּ לְגַבֵּיהּ, מְתַבַּר גּוּפָא בְּגִין לְשַׁלְטָאָה נִשְׁמָתָא, וּכְדֵין אִתְקְרִיב בַּר נָשׁ לְגַבֵּיהּ בִּרְחִימוּ כְּדְקָא יְאוּת. וְנִשְׁמָתָא שָׁלְטָא וְגוּפָא אִתְחַלָּשׁ. וּבַעְיָא גּוּפָא חוּלְשָׁא וְנַפְשָׁא תַּקִּיפָא דְּאִתְתַּקַּף בִּתְקִיפוּ, וּכְדֵין אִיהוּ רְחִימָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כְּמָה דַאֲמְרוּ חַבְרַיָיא, יָהַב קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַצַּדִּיק צַעֲרָא בְּעַלְמָא דֵין, בְּגִין לְמִזְכֵּי לֵיהּ לְעַלְמָא דְאָתֵי.

וְכַד נִשְׁמָתָא חָלְשָׁא וְגוּפָא תַקִיפָא, אִיהוּ שָׂנְאֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּלָא אִתְרָעֵי בֵּיהּ, לָא יָהִיב לֵיהּ צַעֲרָא בְּהַאי עַלְמָא אֶלָּא אוֹרְחוֹי מִתְתַּקְנָן וְהוּא בִּשְׁלִימוּ יַתִּיר. בְּגִין דְּאִי עָבַד צְדָקָה אוֹ טִיבוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְשַׁלֵּם לֵיהּ אַגְרֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא וְלָא יֶהֱוֵי לֵיהּ חוּלַק בְּהַהוּא עַלְמָא. וְדָא הוּא דְּתִרְגֵּם אוּנְקְלוּס (דברים ז׳:י׳) וּמְשַׁלֵּם לְשׂוֹנְאָיו וְגו', וּמְשַׁלֵּם לְשַׂנְאוֹהִי טַבְוָון דְּאִינוּן וְגו' (איהו). וּבְגִין כָּךְ הַהוּא זַכָּאָה דְּאִתְבַּר תָּדִיר אִיהוּ רְחִימָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְהַנֵּי מִילֵי כַּד בָּדַק וְלָא אַשְׁכַּח חוֹבָא בִּידֵיהּ דְּאִתְעַנַּשׁ עֲלֵיהּ.

הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בְּכַמָּה סִטְרִין. חַד, דְּהָא חָמִינָן דִּשְׁכִינְתָּא לָא שַׁרְיָא בְּאֲתַר עֲצִיבוּ אֶלָּא בְּאֲתַר דְּאִית בֵּיהּ חֶדְוָה. אִי חֶדְוָה לֵית בֵּיהּ, לָא שַׁרְיָא שְׁכִינְתָּא בְּהַהוּא אֲתַר. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (מלכים ב ג׳:ט״ו) וְעַתָּה קְחוּ לִי מְנַגֵּן וְהָיָה כְנַגֵּן הַמְנַגֵּן וַתְּהִי עָלָיו (יד יי) רוּחַ אֱלהִים, דְּהָא שְׁכִינְתָּא וַדַּאי לָא שַׁרְיָא בְּאֲתַר עֲצִיבוּ. מְנָלָן מִיַּעֲקֹב. דִּבְגִין דְּהֲוָה עָצִיב עֲלֵיהּ דְּיוֹסֵף אִסְתַּלְקַת שְׁכִינְתָּא מִנֵּיהּ, כֵּיוָן דְּאָתָא לֵיהּ חֶדְוָה דִּבְשׂוֹרָה דְיוֹסֵף מִיָּד וַתְּחִי רוּחַ יַעֲקֹב אֲבִיהֶם. הָכָא בְּהַאי זַכָּאָה דְּאִתָּבַר כֵּיוָן דְּאִיהוּ חֲלָשָׁא וְאִתָּבַר בְּמַכְאוֹבִין, אָן הוּא חֶדְוָה דְּהָא אִיהוּ בַּעֲצִיבוּ וְלֵית עִמֵּיהּ חֶדְוָה כְּלָל.

וְחַד דְּהָא חָמִינָן כַּמָּה רְחִימִין הֲווּ צַדִּיקַיָא קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְלָא אִתָּבְרוּ בְּמַרְעִין וְלָא בְּמַכְאוֹבִין וְלָא אִתְחַלַּשׁ גּוּפָא דִלְהוֹן לְעָלְמִין. אַמַּאי לָאו אִלֵּין כְּאִלֵּין, דְּאִלֵּין אִתָּבְרוּ וְאִלֵּין קָיְימֵי בְּגוּפַיְיהוּ כְּדְקָא יְאוּת.

וְאִם תֹּאמַר דְּהָא אִלֵּין דְּקָיְימוּ בְּקִיּוּמָא כְּדְקָא יְאוּת, בְּגִין דְּאִינוּן צַדִּיקֵי בְּנֵי צַדִּיקֵי אִינְהוּ, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ. וְאִלֵּין אָחֳרָנִין צַדִּיקֵי וְלָאו בְּנִי צַדִּיקֵי, הָא קָא חָמֵינָן צַדִּיקֵי בְּנֵי צַדִּיקֵי, דְּהָא אֲבוֹי דְּדֵין זַכָּאָה בַּר זַכָּאָה, וְאִיהוּ זַכָּאָה. אַמַּאי אִתָּבַר גּוּפֵיהּ בְּמַכְאוֹבִין וְכָל יוֹמוֹי בְּצַעֲרָא.

אֶלָּא הָכָא רָזָא אִיהוּ, דְּהָא כָּל עוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּקְשׁוֹט וּזְכוּ (איוב לה) כִּי פֹעַל אָדָם יְשַׁלֶּם לוֹ וּכְאֹרַח אִישׁ יַמְצִיאֶנּוּ. אַשְׁכַּחְנָא בְּסִפְרֵי קַדְמָאֵי רָזָא חָדָא, וּלְגַבֵּיהּ רָזָא אָחֳרָא חַד דְּאִיהוּ תְּרֵין, דְּהָא אִית זִמְנִין דְּסִיהֲרָא אִיהִי בִּפְגִימוּ וְשַׁרְיָא בְּדִינָא וְשִׁמְשָׁא לָא אִשְׁתַּכַּח גַּבָּה. וּבְכָל זִמְנָא וּבְכָל שַׁעְתָּא אִית לָהּ לְאֲפָקָא נִשְׁמָתִין בִּבְנֵי נָשָׁא כְּמָה דְלָקְטָא בְּקַדְמִיתָא, וַאֲפִיקַת לוֹן הַשְׁתָּא בְּזִמְנָא דְאִיהִי קָיְימָא בְּדִינָא. הַאי מַאן דְּנָקִיט לָהּ בְּהַהוּא זִמְנָא לֶיהֱוֵי תָּדִיר בִּגְרִיעוּתָא, וּמִסְכֵּנוּתָא אָזְלָא לְגַבֵּיהּ, וְאִתָּבַר תָּדִיר בְּדִינָא כָּל יוֹמוֹי דְבַר נָשׁ בֵּין חַיָּיבָא בֵּין זַכָּאָה. בַּר דִּצְלוֹתָא בָּטִיל כָּל גִּזְרֵי דִינִין וְיָכִיל לְסַלְקָא בִּצְלוֹתָא.

וְהַהוּא זִמְנָא דְּקָיְימָא הַהוּא דַרְגָּא בִּשְׁלִימוּ, וְהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק אִשְׁתַּמַּשׁ בָּהּ, כְּדֵין הַהוּא נִשְׁמָתָא דְּנָפְקַת וְאִתְדַּבְּקַת בֵּיהּ בְּהַהוּא בַר נָשׁ, הַהוּא בַּר נָשׁ אִשְׁתַּלִּים בְּכֹלָּא בְּעוּתְרָא בִּבְנִין בִּשְׁלִימוּ דְּגוּפָא.

וְכֹלָּא בְּגִין
(Ⅰ)
[181b]  
[...] se détourna d’elle et ne l’éclaira plus. Aussi n’y a-t-il plus de jour sans malédictions, sans souffrances et sans douleurs, ainsi que cela a été déjà dit. Et c’est de l’époque où la lune reprendra sa lumière primitive que l’Écriture dit : « Mon serviteur sera rempli d’intelligence. » Ces paroles renferment le mystère de la Foi. Ce « Serviteur » fera monter l’odeur du monde d’ici-bas jusqu’au monde d’en haut.
L’Écriture ajoute : « Il sera grand et élevé... » Car il sera plus haut que toutes les lumières, ainsi qu’il est écrit (Is., XXX, 18) : « Et il élèvera, afin de vous faire miséricorde. » L’Écriture se sert de trois termes : « élèvera », « grand » et « monter au plus haut comble ». Par le premier terme, elle désigne qu’il sera plus élevé qu’Abraham ; par le second, qu’il sera plus grand qu’Isaac ; et, par le troisième, qu’il montera plus haut que Jacob. Bien que le mot « meod » ait été expliqué d’une autre façon, cela revient au même dans le mystère de la sagesse. A cette époque, le Saint, béni soit-il, rendra la lumière à la lune de manière convenable, ainsi qu’il est écrit (Is., XXX, 26) : « La lumière de la lune deviendra comme la lumière du soleil ; et la lumière du soleil sera sept fois plus grande, comme était la lumière des sept jours. » Le Saint, béni soit-il, lui joindra l’Esprit d’en haut, grâce auquel tous les morts couchés dans la terre ressusciteront.
Ce « Serviteur » tient en ses mains toutes les clefs de son Maître, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXIV, 2) : « Et Abraham dit à son serviteur qui était le plus ancien de sa maison, et qui avait l’intendance sur tout ce qu’il possédait. » Abraham est l’image du Maître, de même que le soleil, ainsi que cela a été déjà dit. Le serviteur d’Abraham est l’image du « Métatron », qui est le «Serviteur » envoyé par son Maître. Les mots : « Le plus ancien de sa maison... » ont le même sens que dans le verset (Ps., XXXVII, 25) suivant : « J’étais jeune et j’ai vieilli. »
Enfin L’Écriture ajoute : « ... Qui avait l’intendance sur tout ce qu’il possédait. » Car le Serviteur est la synthèse de toutes les trois couleurs : le vert, le blanc et le rouge. L’Écriture (Gen., XXIV, 2) ajoute : « Mets ta main sous ma cuisse » : c’est le Juste, mystère de la Parole, qui est la base du monde ; car il sera chargé par le mystère suprême de faire revivre ceux qui sont ensevelis dans la terre. Il sera envoyé par l’Esprit suprême pour replacer les esprits et les souffles à leur place dans les corps décomposés sous la terre. L’Écriture (Gen., XXIV, 3) ajoute : « Et je te ferai jurer, etc. » Ces mots signifient que le Maître revêtira son Serviteur des sept lumières célestes qui constituent le mystère de la perfection d’en haut.
L’Écriture ajoute : « ... Que tu ne prendras aucune des filles, etc. » Par les mots : « Tu ne prendras au-cune des filles des Chananéens pour la faire épouser à mon fils», le Maître signifia à son Serviteur de ne faire redescendre aucune des âmes pures du fleuve céleste pour ranimer les corps impurs des peuples païens qui souillaient la terre. Les païens sont désignés par le nom de Chananéens. Dieu ordonna à son Serviteur, chargé de la résurrection des morts, de ne pas rendre les âmes aux peuples païens après leur mort. Et comme la résurrection commencera d’abord par ceux qui ont eu le bonheur d’être enterrés en Palestine (ainsi que nous l’avons expliqué à propos des paroles suivantes (Is., XXVI, 19) : « Ceux de votre peuple qu’on avait fait mourir vivront de nouveau ; ceux qui ont péri ressusciteront »), le Maître parle d’abord des païens de Cha-naan, parce que les morts enterrés sur la terre sainte seront ressuscités avant les autres, ainsi que cela a été déjà dit.
Par les mots « Tu ne prendras de femme pour mon fils... », le Maître entend : tu ne prendras de corps pour mes âmes ; car les âmes sont appelées « fils du Saint, béni soit-il ». Il recommande à son Serviteur de ne pas prendre pour ses fils des femmes, c’est-à-dire des corps parmi les filles de Chanaan, ce qui veut dire : parmi les peuples païens que le Saint, béni soit-il, rejettera de la terre sainte, ainsi qu’il est écrit (Job, XXXVIII, 13) : « Et les impies en ont été rejetés. » Le Saint, béni soit-il, secouera la terre sainte, pour en éliminer les corps des peuples païens, tel un homme qui secoue un habit pour en éliminer la poussière. Le Maître ajoute (Gen., XXIV, 4) : « ... Mais tu iras au pays où sont mes parents. » Cela veut dire : tu iras à la terre sainte, la première de toutes les autres parties du monde, ainsi que cela a été déjà dit.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Tu iras dans mon pays où sont mes parents. » Pourquoi cette répétition ? - Le terme : « ... Où sont mes parents » désigne Israël.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XXIV, 10) ajoute : « ... Et le serviteur prit dix chameaux du troupeau de son Maître. » L’Écriture désigne les dix degrés célestes sur lesquels le Serviteur domine comme en haut. Et L’Écriture ajoute : «... Et il porta avec lui tous les biens de son Maître. » Le Serviteur possède toutes les lumières suprêmes à l’égal de son Maître et il attire la lune près du soleil, pour que celui-ci lui prête sa lumière.
L’Écriture ajoute : « ... Et il alla à Mésopotamie, en la ville de Nachor. » C’est cet endroit de la terre sainte où Rachel pleura lors de la destruction du sanctuaire (42).
L’Écriture ajoute : « ... Et il conduisit ses chameaux près d’un puits hors de la ville. » Il augmentera la force des âmes avant de les renvoyer dans les corps pour les ressusciter.
L’Écriture ajoute : « ... Vers le soir. » Que signifie : « ... Vers le soir » ? - C’est la veille du sabbat ; [...]
- הַהוּא מַזָּלָא דְּנָגִיד וְנָפִיק וְאִתְחַבַּר בְּהַהוּא דַרְגָּא לְאִשְׁתַּלְּמָא בֵּיהּ וּלְאִתְבָּרְכָא מִנֵּיהּ, וְעַל דָּא כֹּלָּא בְּמַזָּלָא תַּלְיָא מִלְּתָא. וְעַל דָּא תָּנִינָן, בָּנִי חַיֵּי וּמְזוֹנֵי לָאו בִּזְכוּתָא תַּלְיָא מִלְּתָא אֶלָּא בְּמַזָּלָא תַּלְיָא מִלְּתָא. דְּהָא בִּזְכוּתָא לָאו אִיהוּ אֶלָּא עַד דְּאִתְמַלְּיָא וְאִתְנְהִיר מִן מַזָּלָא.

וּבְגִין כָּךְ כָּל אִינוּן דְּאִתָּבְרוּ בְּהַאי עַלְמָא וְאִינוּן זַכָּאי קְשׁוֹט, כֻּלְּהוּ אִתָּבְרוּ בְּהַאי עַלְמָא וְאִתְדָּנוּ בְּדִינָא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהַהִיא נַפְשָׁא גָּרְמָא לְהוּ, וְעַל דָּא חָיִיס עֲלַיְיהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעַלְמָא דְאָתֵי.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, כָּל מַה דְּעָבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּדִינָא אִיהוּ, בְּגִין לְדַּכָּאָה לְהַהִיא נַפְשָׁא לְאַיְיתָאָה לָהּ לְעַלְמָא דְאָתֵי. (ובגין כך קודשא בריך הוא כל עובדוי) (נ''א בגין דכל עובדוי דקודשא בריך הוא) אִינוּן בְּדִינָא וּקְשׁוֹט. וּבְגִין לְאַעֲבָרָא מִנֵּיהּ הַהוּא זוּהֲמָא דְּקַבִּילַת בְּהַאי עַלְמָא וְעַל דָּא אִתָּבַר הַהוּא גּוּפָא וְאִתְדְּכִיאַת נַפְשָׁא. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד לְהַהוּא זַכָּאָה דְּיִסְבּוֹל יִסּוּרִין וּמַכְאוֹבִין בְּהַאי עַלְמָא וְיִתְנְקֵי מִכֹּלָּא וְיִזְכֶּה לְחַיֵּי עָלְמָא. וְעַל דָּא כְּתִיב (תהילים י״א:ה׳) יְיָ צַדִּיק יִבְחָן. וַדַּאי, וְהָא אִתְּמָר.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח, (ויקרא כ״א:כ״ג) אַךְ אֶל הַפָּרֹכֶת לֹא יָבֹא וְאֶל הַמִּזְבֵּחַ לא יִגָּשׁ כִּי מוּם בּוֹ וְלֹא יְחַלֵּל אֶת מִקְדָּשַׁי כִּי אֲנִי יְיָ מְקַדְּשׁוֹ. אַךְ אֶל הַפָּרֹכֶת לא יָבֹא. תָּא חֲזֵי, בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק אַפִּיק כָּל אִינוּן נִשְׁמָתִין וְאִתְעֲבָרַת נוּקְבָא, כֻּלְּהוּ קָיְימִין לְגוֹ בְּקוּרְטָא דִלְגוֹ בְּסִיטוֹ קוּרְטָא.

וְכַד סִיהֲרָא אִתְפְּגִים בְּהַהוּא סִטְרָא דְּחִוְיָא בִישָׁא, כְּדֵין כָּל אִינוּן נִשְׁמָתִין דְּנָפְקִין, אַף עַל גַּב דְּכֻלְּהוּ דַּכְיָין וְכֻלְּהוּ קַדִּישִׁין, הוֹאִיל וְנָפְלוּ בִּפְגִימוּ. בְּכָל אִינוּן אַתְרֵי דְמָטוּ אִינוּן נִשְׁמָתִין כֻּלְּהוּ אִתָּבְרוּ וְאִתְפְּגִימוּ בְּכַמָּה צַעֲרִין בְּכַמָּה כְּאֵבִין, וְאִילֵּין אִינוּן (נשמתין ואתרין) (נ''א נשמתין דאתרין דפגימו) דְּאִתְרְעֵי בְּהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְבָתַר דְּאִתָּבְרוּ, וְאַף עַל גַּב דְּנִשְׁמָתִין בַּעֲצִיבוּ וְלָא בְּחֶדְוָון.

רָזָא דְמִלָּה שַׁרְיָין כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא גּוּפָא אִתְפְּגִים, וְנִשְׁמָתָא לְגוֹ כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא, וַדַּאי כְּגַוְונָא דְּדָא, וּבְגִין כָּךְ אִלֵּין אִינוּן דְּבַעְיָין לְחַדְתוּתֵי בְּחַדְתוּתָא דְסִיהֲרָא, וְעַל אִלֵּין כְּתִיב, (ישעיהו ס״ו:כ״ג) וְהָיָה מִדֵּי חֹדֶשׁ בְּחָדְשׁוֹ וּמִדֵּי שַׁבָּת בְּשַׁבַּתּוֹ יָבֹא כָל בָּשָׂר לְהִשְׁתַּחֲוֹת לְפָנַי אָמַר יְיָ. כָּל בָּשָׂר וַדַּאי, דְּאִלֵּין יִתְחַדְתוּן בְּכֹלָּא. וּבָעְיָין לְחַדְתוּתֵי בְּחַדְתוּתָא דְסִיהֲרָא.

וְאִלֵּין אִינוּן בְּשׁוּתָּפוּתָא חָדָא בְּסִיהֲרָא פְּגִימִין בְּהַהוּא פְּגִימוּ דִילָהּ, וּבְגִין כָּךְ אִיהִי שַׁרְיָא בְּגַוַּויְיהוּ תָּדִיר דְּלָא שָׁבְקָא לוֹן כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו נ״ז:ט״ו) וְאֶת דַּכָּא וּשְׁפַל רוּחַ. וּכְתִיב, (תהלים לה) קָרוֹב יְיָ לְנִשְׁבְּרֵי לֵב, לְאִינוּן דְּסָבְלֵי עִם סִיהֲרָא הַהוּא פְּגִימוּ, אִינוּן קְרֵיבִין לָהּ תָּדִיר. וְעַל דָּא לְהַחֲיוֹת לֵב נִדְכָּאִים, בְּאִינוּן חַיִּים דְּאַתְיָין לָהּ לְאִתְחַדְתָא יְהֵא לוֹן חוּלְקֵהוֹן, אִינוּן דְּסָבְלֵי עִמָּהּ יִתְחַדְתוּן עִמָּהּ.

וְאִלֵּין אִקְרוּן יִסּוּרִין שֶׁל אַהֲבָה, שֶׁל אַהֲבָה אִינוּן וְלָא מִנֵּיהּ דְּהַהוּא בַר נָשׁ. שֶׁל אַהֲבָה, אִינוּן דְּאִתְפַּגִּים נְהוֹרָא שֶׁל אַהֲבָה זוּטָא דְּאִתְדַּחְיָיא מֵאַהֲבָה רַבָּה. בְּגִין כָּךְ אִלֵּין אִינוּן חֲבֵרִים מְשׁוּתָּפִים בַּהֲדָהּ. זַכָּאָה חוּלַקְהוֹן בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי, דְּאִינוּן זָכוּ לְהַאי לְמֶהוֵי חֲבֵרִים בַּהֲדָהּ, עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (תהילים קכ״ב:ח׳) לְמַעַן אַחַי וְרֵעָי וְגו'.

פָּתַח וְאָמַר, (ישעיהו נ״ב:י״ג) הִנֵּה יַשְׂכִּיל עַבְדִּי יָרוּם וְנִשָּׂא וְגָבַהּ מְאֹד. זַכָּאָה חוּלַקְהוֹן דְּצַדִּיקַיָיא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּלֵי לוֹן אָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא לְמֵהַךְ בְּהוּ. תָּא חֲזֵי, הַאי קְרָא רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ, הִנֵּה יַשְׂכִּיל עַבְדִּי וְאוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, עֲבַד לָהּ לְסִיהֲרָא וְאַזְעַר לָהּ נְהוֹרָהָא דְּהָא לֵית לָהּ מִגַרְמָהּ כְּלוּם. וּבְגִין דְּאַזְעִירַת גַּרְמָהּ, אִתְנַהֲרָא בְּגִין שִׁמְשָׁא, וּבְתוּקְפָא דִּנְהוֹרִין עִלָּאִין.

וּבְזִמְנָא דְּהֲוָה בֵּי מַקְדְּשָׁא קַיָּים, יִשְׂרָאֵל הֲווּ מִשְׁתַּדְּלִין בְּקוּרְבָּנִין וְעִלָּוָון וּפוּלְחָנִין, דְּהֲווּ עָבְדִין כַּהֲנִי וְלֵיוָאֵי וְיִשְׂרְאֵלֵי בְּגִין לְקָשְׁרָא קִשְׁרִין וּלְאַנְהָרָא נְהוֹרִין. וּלְבָתַר דְּאִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא אִתְחַשַּׁךְ נְהוֹרָא, וְסִיהֲרָא לָא אִתְנְהִירַת מִן שִׁמְשָׁא, וְשִׁמְשָׁא
(Ⅰ)
[182a]  
[...] c’est le sixième millénaire. Le terme « vers le soir » a la même signification que celui du verset (Ps., CIV, 23) suivant : « ... Et à son travail jusqu’au soir », ainsi que celui du verset (Jér., VI, 4) suivant : « Lorsque les ombres du soir se lèvent... » L’Écriture ajoute : « ... Au temps où les filles sortent pour puiser de l’eau. » C’est à ce moment que les morts ressusciteront. Les corps de ceux qui se sont consacrés à l’étude de la Loi ressusciteront les premiers ; car ce sont eux que l’Écriture désigne sous le nom de « filles qui puisent l’eau » ; car ils ont puisé, durant leur vie, l’eau de la Loi, ce qui les a attachés à l’Arbre de la vie.
L’Écriture (Gen., XXIV, 13) ajoute : « ... Et les filles des habitants de cette ville. » Ces paroles ont la signification du verset (Is., XXVI, 19) suivant : « Et tu ruineras la terre des géants », ce qui veut dire qu’avant la résurrection des morts la terre sera épurée de tous les mauvais esprits qui la peuplent. Les mots : « ... Pour puiser de l’eau » signifient pour prendre l’âme et la recevoir parfaite. L’Écriture (Gen., XXIV, 14) ajoute : « ... La fille à qui je dirai : Baisse ta cruche afin que je boive, et qui me répondra : Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux. » Ces paroles font allusion à l’enquête que fera le Serviteur. Il demandera à chaque âme la façon dont le corps s’est conduit pendant qu’elle l’animait sur la terre. Or, celle qui lui dira : « Bois, et je donnerai aussi à boire à tes chameaux » (ce qui veut dire : j’ai accompli beaucoup de bonnes œuvres et j’ai fourni beaucoup d’aliments aux degrés célestes), « c’est celle que le Seigneur a choisie pour le fils de mon Maître ». Cela veut dire : c’est ce corps qui sera favorisé d’être animé de nouveau par l’âme sainte.
Remarquez que nous avons déjà dit (43) que c’est le désir que le mâle éprouve pour la femelle qui attire l’âme en bas, et que le désir de la femelle pour le mâle crée le corps.
C’est pourquoi l’Écriture désigne le corps sous le nom de « femme » et l’âme sous celui de « fils ». Au moment de la résurrection qui commencera pour les morts enterrés en terre sainte, avant ceux des autres pays, la terre sera renouvelée comme elle était au temps primitif, à l’exemple de la lune qui se renouvelle après sa décroissance ; et une grande joie régnera alors dans le monde, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 30 et 31) : « Tu enverras ton esprit et ton souffle, et tu renouvelleras la face de la terre. La gloire du Seigneur sera célébrée dans tous les siècles et le Seigneur se réjouira dans ses œuvres. » Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Is., LII, 13) : « Mon serviteur sera rempli d’intelligence. » Car le Serviteur rendra les âmes à leurs corps de manière convenable.
L’Écriture ajoute : « Il sera grand et élevé : il montera au plus haut comble de gloire. » Car le Serviteur sera élevé au-dessus de tous les degrés célestes, ainsi que cela a été déjà dit. L’Écriture (Is., LII, 13) ajoute : « Comme il a été l’étonnement de plusieurs, il paraîtra aussi sans gloire devant les hommes, et dans une forme méprisable aux yeux des enfants des hommes. » Remarquez qu’Une tradition nous apprend que c’est à l’époque où le Sanctuaire a été détruit, et que la Schekhina a été exilée sur une terre étrangère, que s’appliquent les paroles du verset (Is., XXXIII, 7) suivant : « Ceux de la campagne pousseront des cris, et les anges de la paix pleureront amèrement. » Les anges célestes seront en deuil et pleureront l’exil de la Schekhina de sa résidence. La Schekhina se transformera alors et prendra une autre forme que celle qu’elle avait auparavant. Et de même qu’elle se transformera, son époux céleste modifiera la lumière qui éclaire le monde, ainsi qu’il est écrit (Is., XI, 10) : « Le soleil à son lever se couvrira de ténèbres, et la lune n’éclairera plus. » Tel est le sens des paroles : « Il paraîtra aussi sans gloire devant les hommes, et dans une forme méprisable aux yeux des enfants des hommes. »
D’après une autre interprétation, ces paroles signifient que le Serviteur se transformera et prendra une autre forme que celle qu’il avait auparavant.
D’après une autre interprétation, les paroles : «... Et dans une forme méprisable aux yeux des enfants des hommes» ont la même signification que celles du verset (Is., IV, 3) suivant : «J’envelopperai les cieux de ténèbres et je les couvrirai d’un sac. »Depuis la destruction du temple à Jérusalem, les cieux n’ont pas encore repris leur éclat pour Israël et cela en raison du mystère qui ne fait descendre les bénédictions que sur l’endroit où le mâle et la femelle sont unis, ainsi qu’il est écrit (Gen., V, 2) : « Il les créa mâle et femelle et il les bénit. »
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et dans une forme méprisable aux yeux des enfants des hommes. » Tel est également le sens des paroles : « Le juste périt et personne n’y fait réflexion en soi-même. » L’Écriture (Is., LVII, 1) ne dit pas « a péri », au passif, mais « périt», à l’actif, parce que les bénédictions ne sont répandues que là où le mâle et la femelle sont unis, ainsi qu’on l’a dit. Or, comme à ce moment le mâle ne se trouvait pas là, les âmes qui en sortaient étaient différentes de celles de l’époque où le soleil avait été uni à la lune. [...]
- אִסְתַּלַּק מִנָּהּ וְלָא אִתְנְהָרָא, וְלֵית לָךְ יוֹמָא דְּלָא שָׁלְטָא בֵּיהּ לְוָוטִין וְצַעֲרִין וּכְאֵבִין כְּמָה דְאִתְּמָר.

וּבְהַהוּא זִמְנָא דְּמְטֵי זִמְנָא דְּסִיהֲרָא לְאִתְנַהֲרָא, מַה כְּתִיב הִנִּה יַשְׂכִּיל עַבְדִּי, עֲלֵיהּ דְּסִיהֲרָא אִתְּמָר הִנֵּה יַשְׂכִּיל עַבְדִּי דָּא הוּא רָזָא דִמְהֵימְנוּתָא. הִנֵּה יַשְׂכִּיל, דְּאִתְעַר אִתְעֲרוּתָא לְעֵילָא כְּמַאן דְאָרַח רֵיחָא וְאָתֵי לְאִתְעָרָא וּלְאִסְתַּכָּלָא. יָרוּם, מִסִּטְרָא דִנְהוֹרָא עִלָּאָה דְּכָל נְהוֹרִין.

יָרוּם, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה ל) וְלָכֵן יָרוּם לְרַחֶמְכֶם. וְנִשָּׂא, מִסִּטְרָא דְאַבְרָהָם. וְגָבַהּ, מִסִּטְרָא דְיִצְחָק. מְאֹד, מִסִּטְרָא דְיַעֲקֹב. וְאַף עַל גַּב דְּאוּקְמוּהָ, וְכֹלָּא חַד בְּרָזָא דְחָכְמְתָא.

וּבְהַהוּא זִמְנָא יִתְעַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְעֲרוּתָא עִלָּאָה לְאַנְהָרָא לָהּ לְסִיהֲרָא כְּדְקָא יְאוּת כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה ל) וְהָיָה אוֹר הַלְּבָנָה כְּאוֹר הַחַמָּה וְאוֹר הַחַמָּה יִהְיֶה שִׁבְעָתַיִם כְּאוֹר שִׁבְעַת הַיָּמִים. וּבְגִין כָּךְ יִתּוֹסַף בָּהּ רוּחַ עִלָּאָה, וּבְגִין כָּךְ יִתְעָרוּן כְּדֵין כָּל אִינוּן מֵיתַיָא דְּאִינוּן גּוֹ עַפְרָא. וְדָא הוּא עַבְדִּי, רָזָא דְמַפְתְּחָן דְּמָארֵיהּ בִּידֵיהּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (אל עבדו זקן ביתו וכמה דאת אמר), (בראשית כד) וַיֹּאמֶר אַבְרָהָם אֶל עַבְדוֹ, דָּא סִיהֲרָא כְּמָה דְאִתְּמָר, מטטרו''ן דְּאִיהוּ עֶבֶד שְׁלִיחָא דְּמָארֵיהּ.

זְקַן בֵּיתוֹ כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים לז) נַעַר הָיִיתִי גַּם זָקַנְתִּי. הַמּוֹשֵׁל בְּכָל אֲשֶׁר לוֹ, בְּגִין דְּכָל גְּוָונִין אִתְחֲזוּן בֵּיהּ יָרוֹ''ק וְחִוָּו''ר וְסוּמָ''ק.

שִׂים נָא יָדְךָ תַּחַת יְרֵכִי, דָּא הוּא צַדִּיק רָזָא דְמִלָּה, קִיּוּמָא דְעַלְמָא. דְּהָא כְּדֵין הַאי עֶבֶד מְמַנָּא בְּרָזָא עִלָּאָה לַאֲחָיָיא לוֹן לְדַיְירֵי עַפְרָא וְיִתְעֲבִיד שְׁלִיחָא בְּרוּחָא דִלְעֵילָא וְלְאֲתָבָא רוּחִין וְנִשְׁמָתִין לְאַתְרַיְיהוּ לְאִינוּן גּוּפֵי (ס''א דאתאכלו) דְּאִתְבָּלוּ וְאִתְרְקָבוּ תְּחוֹת עַפְרָא.

וְאַשְׁבִּיעֲךָ בַּיְיָ אֱלהֵי הַשָּׁמַיִם. וְאַשְׁבִּיעֲךָ, מַאי וְאַשְׁבִּיעֲךָ. לְאִתְלַבְּשָׁא בְּרָזָא דִּשְׁבַע נְהוֹרִין עִלָּאִין דְּאִינוּן רָזָא דִשְׁלִימוּ עִלָּאָה. אֲשֶׁר לֹא תִקַּח אִשָּׁה, דָּא הוּא גוּפָא דִּתְחוֹת עַפְרָא דְּאִית לֵיהּ קִיּוּמָא לַאֲקָמָא מֵעַפְרָא. דְּכָל אִינוּן דְּאִתְקְבָרוּ בָהּ וְזָכוּ לְאִתְקְבָרָא בְּאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל אִינוּן יִתְעָרוּן בְּקַדְמִיתָא, כְּמָה דְאוֹקִימְנָא. דִּכְתִיב, (ישעיה כו) יִחְיוּ מֵתֶיךָ, בְּקַדְמִיתָא אִלֵּין מֵתִין דְאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל. נְבֵלָתִי יְקוּמוּן, אִינוּן מֵתִין דִּשְׁאָר אַרְעָאן. וְעַל דָּא לְאִינוּן גּוּפֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל דְּאִתְקְבָרוּ תַּמָּן, וְלָא לְגוּפֵי דִּשְׁאָר עַמִין עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָּרָה דְּאִסְתָּאֲבָא אַרְעָא מִינַיְיהוּ.

וְעַל דָּא אֲשֶׁר לא תִקַּח אִשָּׁה לִבְנִי. מַאי לִבְנִי. דְּכָל נִשְׁמָתִין דְּעַלְמָא דְּנָפְקֵי מֵהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק, אִינוּן בְּנִין לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְעַל דָּא אֲשֶׁר לֹא תִקַּח אִשָּׁה, דָּא גוּפָא. לִבְנִי, דָּא נִשְׁמָתָא. מִבְּנוֹת הַכְּנַעֲנִי, אִלֵּין גּוּפִין דְּעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָּרָה, דְּזָמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְנַעֲרָא לוֹן מֵאַרְעָא קַדִּישָׁא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב לח) וְיִנָּעֲרוּ רְשָׁעִים מִמֶּנָּהּ. כְּמַאן דִּמְנַעֵר טַלִּיתָא מִזּוּהֲמָא דִילָהּ.

כִּי אֶל אַרְצִי וְאֶל מוֹלַדְתִּי תֵּלֵךְ. אַרְצִי, דָּא הִיא אַרְעָא קַדִּישָׁא דְּאִיהוּ קַדְמָאָה לְכָל שְׁאָר אַרְעִין כְּמָה דְאִתְּמָר. (ועל דא כי אל ארצי דא ארעא קדישא דאיהו דיליה בין כל שאר ארעין דפליג לון לממנן אחרנין) וְעַל דָּא כִּי אֶל אַרְצִי, וְאֶל מוֹלַדְתִּי. כֵּיוָן דְּאָמַר אֶל אַרְצִי מַהוּ וְאֶל מוֹלַדְתִּי. אֶלָּא אֶל אַרְצִי כְּמָה דְאִתְּמָר, (מהו) וְאֶל מוֹלַדְתִּי אִלֵּין אִינוּן יִשְׂרָאֵל.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, וַיִּקַּח הָעֶבֶד כְּמָה דְאִתְּמָר. עֲשָׂרָה גְמַלִּים, אִלֵּין אִינוּן עֲשָׂרָה דַרְגִּין דְּהַאי עֶבֶד שָׁלְטָא עֲלַיְיהוּ, כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. מִגְּמַלֵּי אֲדֹנָיו, דְּאִינוּן כְּהַהוּא גַוְונָא מַמָּשׁ כְּמָה דְאִתְּמָר, וְהַאי עֶבֶד שָׁלְטָא וְאִתְתַּקַּן בְּהוּ.

וְכָל טוּב אֲדֹנָיו בְּיָדוֹ, כָּל הַהוּא טִיבוּ רֵיחִין עִלָּאִין דְּנָפְקֵי מִגּוֹ אִינוּן נְהוֹרִין וּבוֹצִינִין עִלָּאִין. וְכָל טוּב אֲדוֹנָיו, הַהוּא שִׁמּוּשָׁא דְּשִׁמְשָׁא דְּאִתְמַשְּׁכָא בָּהּ בְּסִיהֲרָא.

וַיָּקָם וַיֵּלֶךְ אֶל אֲרַם נַהֲרַיִם, דָּא אֲתַר דְּאַרְעָא קַדִּישָׁא דְּבָכַת תַּמָּן רָחֵל כַּד חָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא. וַיַּבְרֵךְ הַגְּמַלִּים מִחוּץ לָעִיר אֶל בְּאֵר הַמָּיִם, לְאִתְתַּקְפָא חֵילָהָא בְּתוּקְפָהָא כְּדְקָא יְאוּת עַד לָא תִיעוּל לַאֲקָמָא לוֹן לְאִינוּן גּופִין.

לְעֵת עֶרֶב, מַאי לְעֵת עֶרֶב. דָּא עֶרֶב שַׁבָּת
(Ⅰ)
[182b]  
[...] C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XXXVII, 2) dit : « Voici les enfants de Jacob : Joseph, etc. » Et L’Écriture ajoute « Et Joseph était jeune. » Ces paroles signifient qu’il n’y a aucune différence entre le « juste » et la « justice » ; le principe femelle porte le nom de Dieu, de même que le principe mâle.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il était avec les enfants de Bala et avec les enfants de Zelpha. » Ces paroles nous indiquent que le principe mâle et le principe femelle ne font qu’un ; et toutes les branches et toutes les feuilles sont bénies par la joie que provoque l’union des deux principes.
C’est pourquoi l’Écriture dit également : «Voici les enfants de Jacob : Joseph... », Car, ainsi que nous l’avons déjà dit, le visage de Joseph ressemblait au visage de Jacob ; tout ce qui est arrivé à l’un est également arrivé à l’autre, de sorte qu’ils ne formaient qu’une seule personne. Or, Jacob et Joseph sont l’image des deux principes célestes unis par le Vav ; c’est le même mystère ; c’est la même figure.
L’Écriture ajoute : « Et il accusa ses frères, devant son père, d’un méfait. » Ces paroles ont été expliquées de cette façon que Joseph avait rapporté à son père le crime commis par ses frères qui mangeaient les membres des animaux vivants. Ce n’était pas la seule accusation que Joseph portait contre ses frères : il accusa également les enfants de Lia de se moquer des enfants des servantes. Comment les enfants ont-ils pu manger les membres coupés des animaux vivants et transgresser ainsi une loi que le Maître n’a pas seulement donnée à Israël, mais même aux enfants de Noé, ainsi qu’il est écrit (Gen., IX, 4) : « Mais vous ne mangerez point de la chair mêlée avec le sang » ? Mais, en réalité, ils ne l’avaient jamais fait ; c’est Joseph qui l’avait cru ; c’est pourquoi il en a été puni.
Rabbi Yehouda dit : La calomnie que Joseph portait contre ses frères consistait en ceci qu’il les accusait d’avoir jeté les yeux sur les filles du pays, et d’avoir voulu ainsi alimenter les degrés du côté impur.
Il est écrit (Gen., XXXVII, 3) : « Israël aimait Joseph plus que tous ses autres enfants, parce qu’il l’avait eu étant déjà vieux, et il lui avait fait faire une chemise de soie. »
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XXVI, 20) : « Va, mon peuple ; rentre dans ta chambre ; ferme tes portes sur toi, et tiens-toi caché pour un moment, jusqu’à ce que la colère soit passée. » Remarquez combien plus grand est l’amour que Dieu porte à Israël que celui qu’il porte à tous les peuples païens ; car Israël est le seul peuple que Dieu prévienne du danger qui le menace et à qui il donne le moyen de se mettre à l’abri. Remarquez, en outre, que la Rigueur sévit trois fois par jour ; et il convient à l’homme de se mettre à l’abri de la Rigueur à chacun des trois instants où celle-ci sévit dans le monde. Les heures pendant lesquelles la Rigueur sévit sont connues. Abraham a établi la prière du matin ; car la Rigueur sévit pendant les trois premières heures du jour. Jacob a établi la prière du soir, et Isaac celle des vêpres, heure à laquelle la Rigueur sévit avec le plus d’intensité. Ainsi que nous l’avons déjà (44) dit, il convient à l’homme de ne pas se promener par les rues à une époque où la Rigueur et la peste sévissent dans la ville, à l’exemple de Noé, qui s’était enfermé dans l’arche pour ne pas être exposé à la vue de l’ange exterminateur.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Va, mon peuple ; entre dans ta chambre ; ferme tes portes sur toi et tiens-toi caché pour un moment. » C’est afin de ne pas s’exposer à la vue de l’ange exterminateur qu’Israël doit se cacher dans la prière pendant que la Rigueur sévit.
L’Écriture ajoute : « ... Jusqu’à ce que la colère soit passée » ; car, après que la Rigueur a cessé de sévir, l’ange exterminateur n’est plus autorisé à léser personne.
Remarquez que la haine que tous les peuples païens portent à Israël a pour cause l’amour particulier que Dieu témoigne à Israël en l’approchant de lui ; les peuples païens sont éloignés de Dieu, alors qu’Israël en est près. Remarquez, en outre, que l’amour particulier que Jacob portait à Joseph a eu pour effet que des envieux méditèrent sa mort, bien qu’ils fussent ses propres frères ; à plus forte raison les peuples païens méditent-ils sur les moyens d’exterminer Israël.
Remarquez, enfin, combien de maux sont résultés de l’amour particulier que Jacob avait pour Joseph ; il eut pour effet de séparer Joseph de son père, de causer l’exil du père lui-même ainsi que de sa descendance [...]
- דְּאִיהוּ זִמְנָא דְאֶלֶף שְׁתִיתָאָה. לְעֵת עֶרֶב כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים ק״ד:כ״ג) וְלַעֲבוֹדָתוֹ עֲדֵי עָרֶב וּכְתִיב, (ירמיהו ו׳:ד׳) כִּי יִנָּטוּ צִלְּלֵי עָרֶב.

לְעֵת צֵאת הַשּׁוֹאֲבוֹת, דְּהַהוּא זִמְנָא זְמִינִין לְמֵיקַם וְלַאֲחָיָיא בְּקַדְמִיתָא מִכָּל שְׁאָר בְּנֵי עַלְמָא, אִינוּן דְּשָׁאֲבֵי מֵימוֹי דְאוֹרַיְיתָא (ושאבין), בְּגִין דְּאִתְעַסְּקוּ לְשָׁאֲבָא מִמֵּימֵי דְאוֹרַיְיתָא, וְאִתְתַּקָּפוּ בְּאִילָנָא דְחַיֵּי, וְאִינוּן יִפְקוּן בְּקַדְמִיתָא, דְּאִילָנָא דְחַיֵּי גָּרְמָא לוֹן דִּיקוּמוּן בְּקַדְמִיתָא כְּמָא דְאִתְּמָר.

וּבְנוֹת אַנְשֵׁי הָעִיר יוֹצְאוֹת. מַאי יוֹצְאוֹת, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ישעיהו כ״ו:י״ט) וְאֶרֶץ רְפָאִים תַּפִּיל, דְּזַמִּינָא אַרְעָא לְמִפְלַט מִנָּהּ כָּל רוּחִין דְּאִינוּן בְּגַוָּוהּ, וְעַל דָּא כְּתִיב יוֹצְאוֹת. לִשְׁאוֹב מַיִם, לְנַטְלָא נִשְׁמָתָא וּלְקַבְּלָא לָהּ כְּדְקָא יְאוּת מְתַקְנָא מֵאַתְרָהּ כְּדְקָא חָזֵי.

וְהָיָה הַנַּעֲרָה אֲשֶׁר אֹמַר אֵלֶיהָ הַטִּי נָא כַדֵּךְ וְאֶשְׁתֶּה, בְּגִין דְּהָא אִתְּמָר, דְּכָל אִינוּן נִשְׁמָתִין דְּעַלְמָא דְּאִתְקָיְימוּ בְּהַאי עַלְמָא וְאִשְׁתַּדְּלוּ לְמִנְדַע לְמָארֵיהוֹן בְּרָזָא דְחָכְמְתָא עִלָּאָה. אִיהִי סָלְקַת וְאִתְקָיְימַת בְּדַרְגָּא עִלָּאָה עַל כָּל אִינוּן דְּלָא אִתְדַּבְּקוּ וְלָא יָדְעוּ, וְאִינוּן אִתְקָיְימוּן בְּקַדְמִיתָא. וְדָא הוּא שְׁאֵלְתָּא דְּקָאִים הַהוּא עֶבֶד לְמִנְדַע וּלְמִשְׁאַל, בְּמָּה אִתְעַסְּקַת הַהִיא נִשְׁמָתָא בְּהַאי עָלְמָא.

וְאָמְרָה אֵלַי גַּם אַתָּה שְׁתֵה, אַנְתְּ בָּעֵי לְמִשְׁתֵּי וּלְאִתְשַׁקְיָא בְּקַדְמִיתָא, וּבַתְרָךְ וְגַם לִגְמַלֶּיךָ אַשְׁקֶה. בְּגִין דְּכָל אִינוּן שְׁאָר רְתִיכִין אַף עַל גַּב דְּאִתְשַׁקְיָין מֵהַאי דַרְגָּא, כֻּלְּהוּ אִתְשַׁקְיָין מִפּוּלְחָנָא דְצַדִּיקַיָיא דְּיָדְעֵי פּוּלְחָנָא דְמָארֵיהוֹן כְּדְקָא יְאוּת. דְּצַדִּיקַיָיא יָדְעֵי לְסַפְּקָא לְכָל דַּרְגָּא וְדַרְגָּא כְּדְקָא יְאוּת. וְעַל דָּא וְגַם לִגְמַלֶּיךָ אַשְׁקֶה. וַדַּאי הִיא הָאִשָּׁה אֲשֶׁר הֹכִיחַ יְיָ לְבֶן אֲדֹנִי. וַדַּאי הַהִיא (ס''א באתערותא דצלותא דילי) אִיהוּ גוּפָא דְּאִזְדַּמַּן לְהַהִיא נִשְׁמָתָא עִלָּאָה.

תָּא חֲזֵי, דְּהָא אִתְּמָר דְּתִיאוּבְתָּא דִדְכוּרָא לְגַבֵּי נוּקְבָא עָבִיד נִשְׁמָתָא. וְתִיאוּבְתָּא דְנוּקְבָא לְגַבֵּי דְכוּרָא סָלְקָא וְאִתְעָרַב בַּהֲדָהּ דִּלְעֵילָא וְאִתְכְּלִיל דָּא בְּדָא וְעָבִיד נִשְׁמָתָא. וּבְגִין כָּךְ הִיא הָאִשָּׁה. דָּא הוּא גוּפָא וַדַּאי דְּאִיהוּ זְמִינָא לְהַהוּא רְעוּתָא דְנִשְׁמָתָא דְּנָפְקָא מִן דְּכוּרָא.

וְאִינוּן גּוּפִין זְמִינִין לְאַתְעָרָא בְּקַדְמִיתָא כִּדְאֲמָרָן. וּלְבָתַר דְּאִלֵּין יְקוּמוּן, יְקוּמוּן כָּל אָחֳרָנִין דְּבִשְׁאָר אַרְעָאן, וְיִתְקַיְימוּן בְּקִיּוּמָא שְׁלִים, וְיִתְחַדְתּוּן בְּחַדְתוּתָא דְּסִיהֲרָא, וְיִתְחַדֵּשׁ עַלְמָא כְּמִלְקַדְּמִין. וּכְדֵין כְּתִיב בְּהַהוּא זִמְנָא (תהילים ק״ד:ל״א) יִשְׂמַח יְיָ בְּמַעֲשָׂיו.

וּבְגִין כָּךְ (ישעיהו נ״ב:י״ג) הִנֵּה יַשְׂכִּיל עַבְדִּי, לְאַהֲדָרָא נִשְׁמָתִין כָּל חַד וְחַד לְאַתְרֵיהּ. יָרוּם וְנִשָּׂא וְגָבַהּ מְאֹד, מִסִּטְרָא דְּכָל אִינוּן דַּרְגִּין עִלָּאִין כִּדְקָאֲמָרָן. (ישעיהו נ״ב:י״ד) כַּאֲשֶׁר שָׁמְמוּ עָלֶיךָ רַבִּים כֵּן מִשְׁחַת מֵאִישׁ מַרְאֵהוּ וְתֹאֲרוֹ מִבְּנֵי אָדָם. תָּא חֲזֵי, דְּהָא אִתְּמָר דְּכַד אִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא, וּשְׁכִינְתָּא (אתגלי) בְּגוֹ אַרְעָן נוּכְרָאִין בֵּינַיְיהוּ. מַה כְּתִיב, (ישעיהו ל״ג:ז׳) הֵן אֶרְאֱלָם צָעֲקוּ חֻצָה מַלְאֲכֵי שָׁלוֹם מַר יִבְכָּיוּן. כֻּלְּהוּ בָּכוּ עַל דָּא, וּקְשִׁירוּ בְּכִיָה וְאֶבְלָא. וְכָל דָּא עֲלָה דִּשְׁכִינְתָּא דְּאִתְגַּלְּיָיא מֵאַתְרָהּ, וְכַמָּה דְאִיהִי מִשְׁתַּנֵּית מִכְּמָה דְּהֲוַת. אוּף הָכִי בַּעֲלָהּ לָא נָהִיר נְהוֹרֵיהּ וְאִשְׁתַּנֵּי מִכְּמָה דְּהֲוָה, דִּכְתִיב, (ישעיהו י״ג:י׳) חָשַׁךְ הַשֶּׁמֶשׁ בְּצֵאתוֹ. וְעַל דָּא כְּתִיב כֵּן מִשְׁחַת מֵאִישׁ מַרְאֵהוּ.

דָּבָר אַחֵר כֵּן מִשְׁחַת מֵאִישׁ מַרְאֵהוּ, מֵהַאי עֶבֶד דְּאִשְׁתַּנִּי דִיוּקְנֵיהּ וּגְוָונֵיהּ מִכְּמָה דְּהֲוָה. דָּבָר אַחֵר כֵּן מִשְׁחַת מֵאִישׁ מַרְאֵהוּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו נ׳:ג׳) אַלְבִּישׁ שָׁמַיִם קַדְרוּת וְשַׂק אָשִׂים כְּסוּתָם. דְּהָא מִיּוֹמָא דְּאִתְחָרַב בֵּי מַקְדְּשָׁא לָא קָיְימוּ שָׁמַיִם בִּנְהוֹרָא דִלְהוֹן, וְרָזָא דְמִלָּה בִּרְכָאן לָא שָׁרְיָין אֶלָּא בְּאֲתַר דְּאִשְׁתַּכָּחוּ דְּכַר וְנוּקְבָא, וְאוּקְמוּהָ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ב) זָכָר וּנְקֵבָה בְּרָאָם וַיְבָרֶךְ אֹתָם. וּבְגִין כָּךְ מִשְׁחַת מֵאִישׁ מַרְאֵהוּ.

וְדָא הוּא כְּמָה דִכְתִיב, (ישעיהו נ״ז:א׳) הַצַּדִּיק אָבַד, אָבוּד אוֹ נֶאֱבַד לֹא נֶאֱמַר, אֶלָּא אָבַד, דְּלָא שַׁרְיָין בִּרְכָאן אֶלָּא בְּאֲתַר דְּאִשְׁתַּכָּחוּ דְּכַר וְנוּקְבָא כְּחֲדָא כְּמָה דְּאִתְּמָר. בְּגִין דָּא בְּהַהוּא זִמְנָא דְּלָא אִשְׁתַּכַּח
(Ⅰ)
[183a]  
[...] et de la Schekhina, qui alla en exil avec Israël. Bien que tous ces événements aient été ordonnés par la destinée, l’Écriture les attribue à l’amour particulier que Jacob avait pour Joseph, ainsi qu’il est écrit : « Et il lui avait fait faire une chemise de soie. » Et L’Écriture ajoute immédiatement après : « Et ses frères, voyant que leur père l’aimait plus que tous ses autres enfants, le haïssaient et ne pouvaient lui parler en paix. » Il est écrit (Gen., XXXVII, 5) : « Et Joseph avait eu un songe qu’il rapporta à ses frères, et la haine de ceux-ci en augmenta. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Nomb., XII, 5) : « Et il leur dit : Ecoutez mes paroles : S’il se trouve parmi vous un prophète du Seigneur, je lui apparais en vision ou je lui parle en songe. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, a tout ordonné par degrés. La prophétie a ses degrés également. L’une émane du côté droit, l’autre du côté gauche. Tous ces degrés sont superposés. Tous les prophètes du monde reçoivent leur prophétie du même côté. Les deux degrés les plus connus de la prophétie sont ceux où la prophétie se manifeste soit sous forme de songe, soit sous forme de vision. Ainsi que nous l’avons déjà dit (45), la vision est appelée « lumière terne ». Le songe est le soixantième degré de la prophétie véritable et le sixième degré de la vision ; c’est le degré de l’ange Gabriel chargé des songes, ainsi que cela a été déjà (46) dit.
Remarquez que tous les songes réels émanent de ce degré. C’est pourquoi il n’y a point de songe qui ne contienne quelque mensonge. Le songe émane du degré de Gabriel, qui tient et du côté droit et du côté gauche : de là ce mélange de vérité et de mensonge dans chaque songe. Un songe se réalise suivant l’interprétation qu’on en donne ; si un songe est interprété favorablement, l’homme sera comblé de faveurs ; s’il est interprété défavorablement, l’homme sera accablé d’adversités, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLI, 13) : « Et les événements arrivèrent tels qu’il nous avait interprété les songes. » Pourquoi ? - Parce que, dans le songe, il y a du faux et du vrai ; et c’est la parole qui domine ; c’est pourquoi il faut en donner une bonne interprétation.
Rabbi Yehouda, dit : Comme le songe émane d’un degré inférieur, la parole l’emporte sur la vision du songe. Voilà pourquoi le songe se réalise suivant l’interprétation qu’on en a donnée.
Rabbi Yehouda commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Job, XXXIII, 14 à 16) « Dieu ne parle qu’une fois et ne répète pas ce qu’il a dit ; pendant les songes, dans les visions de la nuit, lorsque les hommes sont accablés de sommeil et qu’ils dorment sur leur lit, c’est alors que Dieu leur ouvre l’oreille, les avertit et les instruit de ce qu’ils doivent savoir. »
Remarquez que, lorsque l’homme se met au lit, il est tenu de reconnaître la royauté du ciel et de réciter ensuite un verset de l’Écriture renfermant des paroles de clémence ; la raison en a été donnée par les collègues. Car, lorsque l’homme se met au lit, son âme quitte le corps et s’envole dans la région qui correspond à la conduite que l’homme a menée durant le jour, ainsi qu’il est écrit : « Pendant les songes, etc., c’est alors que Dieu leur ouvre l’oreille, etc. » Le Saint, béni soit-il, fait connaître à l’âme les événements qui doivent arriver dans le monde, pour la déterminer au recueillement et à la contrition. Tant que l’âme reste attachée au corps, les anges font à l’âme des communications que celle-ci transmet ensuite au corps.
Remarquez qu’il y a trois degrés : songe, vision et prophétie ; ces degrés sont superposés. L’Écriture (Gen., XXXVII, 5) dit : « Et Joseph avait eu un songe qu’il communiqua à ses frères, et leur haine en augmenta. » Nous en inférons que l’on ne doit jamais communiquer son songe à une personne dont on n’est pas aimé ; car c’est pour avoir communiqué son songe à ses frères que Joseph fut séparé des siens pendant vingt-deux ans ; l’inimitié de ses frères fut cause que la réalisation de son songe subit un retard de vingt-deux ans.
Rabbi Yossé dit : Nous inférons ce qui précède du mot « ôtho », qui indique que la réalisation du songe de Joseph a subi un retard à cause de la haine de ses frères. L’Écriture dit : « Écoutez le songe [...]
- דְּכוּרָא בַּהֲדָהּ, וּכְדֵין כָּל אִינוּן נִשְׁמָתִין דְּנָפְקֵי כֻּלְּהוּ הֲוֵי לְהוּ שִׁנּוּיָא מִכְּמָה דְּהֲווּ בְּזִמְנָא דְּשִׁמְשָׁא אִתְחַבַּר בְּסִיהֲרָא כְּמָה דְּאִתְּמָר. וְעַל דָּא אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף וְגו' וְאִתְּמָר.

וְהוּא נַעַר, בְּגִין דְּלָא מִתְפָּרְשִׁין לְעָלְמִין, צַדִּי''ק וְצֶדֶ''ק כְּחֲדָא אִינוּן, כְּמָה דְּאִיהִי אִתְקְרִיאַת בִּשְׁמָא דִדְכוּרָא, הָכִי נָמֵי אִתְקְרֵי אִיהוּ בִּשְׁמָא דִילָהּ דִּכְתִיב וְהוּא נַעַר.

אֶת בְּנֵי בִּלְהָה וְאֶת בְּנִי זִלְפָּה, בְּכֻלְּהוּ קָיְימָא לְחַדְתָּא לוֹן כְּדְקָא יְאוּת וּלְאִשְׁתַּעְשְׁעָא לוֹן בְּחֶדְוָה דִילֵיהּ. דְּכֻלְּהוּ עַנְפִין וְכֻלְּהוּ עָלִין, כֻּלְּהוּ אִתְבָּרְכִין בְּחֶדְוָה דִילֵיהּ.

אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף, כְּמָה דְאִתְּמָר דְּכָל דִּיוּקְנָא דְיַעֲקֹב הֲוָה בֵּיהּ בְּיוֹסֵף, וְכָל מַה דְּאֵירַע לְהַאי אֵירַע לְהַאי, וְתַרְוַויְיהוּ כְּחֲדָא אָזְלֵי. וְדָא הוּא רָזָא דְּאָת ו''ו דְּאָזְלֵי תַּרְוַויְיהוּ כְּחֲדָא, בְּגִין דְּאִינוּן רָזָא חָדָא וְדִיוּקְנָא חָדָא:

וַיָּבֵא יוֹסֵף אֶת דִּבָּתָם רָעָה, הָא אוּקְמוּהָ דְּהֲוָה אָמַר לְאֲבוֹי עֲלַיְיהוּ דְּהֲווּ אָכְלֵי שַׁיְיפָא מִבַּעֲלֵי חַיִּין כַּד אִינוּן חַיִּין. וַיָּבֵא יוֹסֵף אֶת דִּבָּתָם רָעָה, וְכִי הָא בְּמִנְיָינָא הֲווּ אִינוּן בְּנֵי שְׁפָחוֹת, הֵיךְ הֲווּ מְזַלְזְלִין בְּהוֹן בְּנֵי לֵאָה, וְהֵיךְ הֲווּ אָכְלִין אֵבָר מִן הַחַי וְהֲווּ עָבְרִין עַל פִּקּוּדָא דְמָארֵיהוֹן. דְּהָא פַּקִּיד עַל בְּנֵי נֹחַ פִּקּוּדָא דָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ט׳:ד׳) אַךְ בָּשָׂר בְּנַפְשׁוֹ דָּמוֹ לא תֹאכֵלוּ, וְאִינוּן הֲווּ אָכְלֵי לֵיהּ וְעָבְרִין עַל פִּקּוּדָא דְמָארֵיהוֹן. אֶלָּא יוֹסֵף הֲוָה קָאֲמַר, וְעַל דָּא אִתְעַנַּשׁ.

רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, אֶת דִּבָּתָם רָעָה, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ דְּיַהֲבֵי עֵינַיְיהוּ בִּבְנוֹת אַרְעָא, וְדָא הוּא דִּבָּתָם רָעָה. לְיַנְקָא לְכָל אִינוּן דַּרְגִּין דְּלָא קַדִּישִׁין (ד''א ל''ג אף על גב) דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא מְסָאֲבָא:

וְיִשְׂרָאֵל אָהַב אֶת יוֹסֵף מִכָּל בָּנָיו כִּי בֶן זְקֻנִים הוּא לוֹ וְעָשָׂה לוֹ כְּתֹנֶת פַּסִּים. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאֲמַר, (ישעיה כו) לֵךְ עַמִּי בֹּא בַחֲדָרֶיךָ וּסְגֹר דְּלָתְךָ בַּעֲדֶךָ חֲבִי כִמְעַט רֶגַע עַד יַעֲבָר זַעַם. לֵךְ עַמִּי בֹּא בַחֲדָרֶיךָ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא רָחִים לוֹן לְיִשְׂרָאֵל. וּבְגִין רְחִימוּתָא דִלְהוֹן דְּרָחִים לוֹן עַל כָּל עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, אַזְהַר לוֹן, וּבָעֵי לְנַטְרָא לוֹן בְּכָל מַה דְּאִינוּן עָבְדִין.

תָּא חֲזֵי, תְּלַת זִמְנִין אִית בְּיוֹמָא דְּדִינָא שַׁרְיָא בְּעַלְמָא, וְכַד אָתֵי הַהוּא זִמְנָא, מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִזְדַּהֲרָא וּלְאִסְתַּמְרָא דְּלָא יִפְגַע בֵּיהּ הַהוּא דִינָא, וְאִינוּן זִמְנִין יְדִיעָן וְהָא אוּקְמוּהָ.

בְּגִין דְּהָא כַּד סָלִיק צַפְרָא, אַבְרָהָם אִתְעַר בְּעַלְמָא, וְאָחִיד לֵיהּ לְדִינָא לְקָשְׁרָא לֵיהּ בַּהֲדֵיהּ. וּבְשֵׁירוּתָא דִּתְלַת שָׁעֵי קַמַּיְיתָא נָטִיל דִּינָא מֵאַתְרִיהּ לְאַתְעָרָא בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב, עַד דְּאִתְעַר צְלוֹתָא דְמִנְחָה דְּאַהֲדַר דִּינָא לְאַתְרֵיהּ, וְאִתְעַר דִּינָא דִלְתַתָּא לְאִתְקַשְּׁרָא בְּדִינָא דִלְעֵילָא. דְּהָא כְּדֵין אִתְקַשַּׁר דִּינָא בְּדִינָא וּבָעֵי לְאִזְדַּהֲרָא. (לעיל סח ב) תוּ כַּד דִּינָא אִתְעַר בְּעַלְמָא וּמוֹתָא אִשְׁתַּכַּח בְּמָתָא, לָא לִיבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֵיהַךְ יְחִידָאי בְּשׁוּקָא וְהָא אוֹקִימְנָא מִלֵּי. אֶלָּא בָּעֵי לְאַסְגָּרָא גַּרְמֵיהּ דְּלָא יִפּוּק לְבַר, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ בְּנֹחַ דְּאַסְגַּר גַּרְמֵיהּ בְּתֵיבוּתָא דְּלָא יִשְׁתַּכַּח קַמֵי מְחַבְּלָא.

וְעַל דָּא לֵךְ עַמִּי בֹּא בַחֲדָרֶיךָ, אַסְגַּר גַּרְמָךְ. וּסְגוֹר דְּלָתְךָ בַּעֲדֶךָ, דְּלָא יִתְחֲזֵי קַמֵּיהּ דִּמְחַבְּלָא. חֲבִי כִּמְעַט רֶגַע עַד יַעֲבוֹר זַעַם, דְּבָתַר דְּאַעֲבַר דִּינָא לֵית לֵיהּ רְשׁוּ לִמְחַבְּלָא לְחַבָּלָא.

תָּא חֲזֵי, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין רְחִימוּתָא דְּאִיהוּ רָחִים לוֹן לְיִשְׂרָאֵל וְקָרִיב לוֹן לְגַבֵּיהּ, כָּל שְׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת שָׂנְאִין לוֹן לְיִשְׂרָאֵל. בְּגִין דְּאִינוּן מִתְרַחֲקִין וְיִשְׂרָאֵל קְרֵיבִין.

וְתָּא חֲזֵי, בְּגִין רְחִימוּתָא דְּרָחִים יַעֲקֹב לְיוֹסֵף יַתִּיר מֵאֲחוֹי, אַף עַל גַּב דְּכֻלְּהוּ הֲווּ לֵיהּ אַחִין, מַה כְּתִיב וַיִּתְנַכְּלוּ אוֹתוֹ לַהֲמִיתוֹ, כָּל שֶׁכֵּן עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת לְיִשְׂרָאֵל.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה גָּרִים לֵיהּ הַהוּא רְחִימוּתָא דְּרָחִים לֵיהּ יַתִּיר, דְּגָרַם לֵיהּ דְּאִתְגְּלֵי מֵאֲבוֹי, וְאִתְגְּלִי אֲבוֹי בַּהֲדֵיהּ, וְגָרַם לְהוּ גָלוּתָא
(Ⅰ)
[183b]  
[...] que j’ai eu... » Il voulait que ses frères apprissent son songe. Si ses frères avaient interprété le songe dans un sens favorable, il se serait réalisé immédiatement. Mais ils lui dirent : « Est-ce que tu seras notre roi, et que nous serons soumis à ta puissance ? » Ils contestèrent ainsi la signification véritable du songe et causèrent, le retard de sa réalisation.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et leur haine en augmenta. » Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé avaient coutume de fréquenter Rabbi Siméon. Rabbi Hiyâ lui dit : Quel est le sens des paroles de la tradition : « Un songe mal interprété est comme une lettre non déchiffrée » ? Est-ce à dire que le songe se réalise sans que l’homme le sache, parce qu’il n’en a jamais connu le sens, ou bien la tradition veut-elle dire qu’un tel songe ne se réalise jamais ?
Rabbi Siméon lui répondit : Un tel songe se réalise bien, mais sans que l’homme s’en aperçoive, attendu qu’il n’en a jamais connu le sens ; car rien ne se fait au monde sans que la chose ait été au préalable proclamée dans le ciel ; c’est par cette proclamation que les choses transpirent et parviennent jusqu’ici-bas, ainsi qu’il est écrit (Amos, III, 7) : « ... Car le Seigneur Dieu ne fait rien sans avoir révélé auparavant son secret aux prophètes, ses serviteurs. » Quand il n’y avait plus de prophète, les proclamations du ciel ont été révélées par les sages, qui sont au-dessus des prophètes ; à défaut des sages, l’avenir est révélé dans les songes ; et, à défaut de ceux-ci, on peut le lire dans le pépiement des oiseaux, ainsi que cela a été déjà dit.
Il est écrit (Gen., XXXVII, 12) : « Et ses frères sont allés paître les troupeaux de leur père (eth-tzon) à Sichem. » Le mot « eth » est pourvu de points au-dessus de chaque lettre (47), afin de nous indiquer qu’ils avaient associé la Schekhina à leur entreprise contre Joseph. Comme pour chaque acte valable il faut un nombre de dix personnes, et comme Benjamin était resté à la maison en raison de sa jeunesse, et qu’ils ne pouvaient s’associer Joseph qui était l’objet de leur complot, ils s’associèrent la Schekhina-. Au moment de vendre Joseph, ils prêtèrent serment de ne jamais violer le secret ; c’est pourquoi, à partir de ce moment, la Schekhina n’apparut plus à Jacob, jusqu’au moment où Joseph fut retrouvé, afin qu’elle ne fût obligée de violer le serment prêté par ses fils et auquel ils l’avaient associée. Cependant, la Schekhina est demeurée près des fils de Jacob, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXXII, 4) : « ... Car c’est là que sont montées toutes les tribus, les tribus du Seigneur, témoignage d’Israël, pour célébrer les louanges du nom du Seigneur. » Ainsi, toutes les tribus étaient pieuses et justes. Si la Schekhina s’était associée aux chefs des tribus, malgré leur acte injuste, c’est que cet acte était nécessaire pour l’ordre d’en haut et pour l’ordre d’en bas.
Rabbi Siméon commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXII, 1) : «Je me suis réjoui lorsque l’on m’a dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. » Ce verset a été expliqué de cette façon : David avait l’intention de bâtir le sanctuaire, ainsi qu’il est écrit (III Rois, VIII, 17) : « Mon père avait l’intention de bâtir une maison au nom du Seigneur, le Dieu d’Israël. » Mais Dieu ne voulait pas que ce fût lui qui bâtît la maison, ainsi que L’Écriture ajoute : « Ce ne sera pas toi qui me bâtiras une maison, mais ton fils qui sortira de toi, etc. » Israël le savait et criait tous les jours : Quand donc David mourra-t-il, afin que Salomon son fils bâtisse la maison du Seigneur, où nous puissions aller pour offrir des holocaustes ! Bien que le monde ait souhaité sa mort, David s’en réjouissait, ainsi qu’il est écrit : « Je me suis réjoui, lorsqu’on m’a dit : Nous irons dans la maison du Seigneur. »
Quand David entendait les cris : Quand donc ce vieillard mourra-t-il ? son cœur était rempli de joie ; car il savait que les hommes aspiraient à l’avènement de son fils, à qui il avait été réservé de bâtir le sanctuaire. C’est pourquoi il a dit : « Jérusalem que l’on bâtit comme une ville, où tout est uni... » Cela veut dire que la Jérusalem d’ici-bas correspond à la Jérusalem d’en haut. Jérusalem d’ici-bas est l’image de Jérusalem d’en haut, ainsi qu’il est écrit (Ex., XV, 17) : « Tu les introduiras et tu les établiras, Seigneur, sur la montagne de ton héritage, sur cette demeure très ferme que tu t’es préparée toi-même dans le sanctuaire du Seigneur que tes mains ont affermi. » C’est pourquoi David a dit : « Jérusalem que l’on bâtit comme une ville où tout est uni... » Car le Saint, béni soit-il, fera descendre un jour, ici-bas, le sanctuaire de Jérusalem d’en haut ; et alors la mère et la fille seront constamment unies.
C’est pourquoi l’Écriture se sert du terme « schehoubrah », au lieu de « schehoubour ». Pour que l’on ne croie pas que les tribus n’étaient nécessaires que pour l’ordre du sanctuaire d’ici-bas, le Psalmiste ajoute : « ... Car c’est là que sont montées toutes les tribus. » Les tribus étaient indispensables à l’ordre d’ici-bas aussi bien qu’à l’ordre d’en haut, afin que le nom du Saint, béni soit-il, fût béni en haut et en bas, ainsi que L’Écriture ajoute : « ... Pour y célébrer les louanges du Seigneur. » Il est écrit (Gen., XXXVII, 15) : « Et un homme l’ayant trouvé errant dans la campagne lui demanda ce qu’il cherchait. » [...]
- וְלִשְׁכִינְתָּא דְאִתְגַּלְּיָא בֵּינַיְיהוּ. וְאַף עַל גַּב דְּאִתְגְּזִירַת גְּזֵרָה, וְאוּקְמוּהָ דִּבְגִין כְּתֹנֶת פַּסִּים דְּעֲבַד לֵיהּ יַתִּיר, מַה כְּתִיב וַיִּרְאוּ אֶחָיו:

וַיַּחֲלֹם יוֹסֵף חֲלוֹם וְגו', רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (במדבר י״ב:ו׳) וַיֹּאמֶר שִׁמְעוּ נָא דְּבָרָי אִם יִהְיֶה נְבִיאֲכֶם יְיָ בַּמַּרְאָה אֵלָיו אֶתְוַדָּע בַּחֲלוֹם אֲדַבֶּר בּוֹ. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה דַרְגִּין לְדַרְגִין עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְכֻלְּהוּ קָיְימֵי דָא עַל דָּא. דַּרְגָּא עַל דַּרְגָּא, דָּא לְעֵיל מִן דָּא, וְכֻלְּהוּ יָנְקִין אִלֵּין מִן אִלֵּין כְּדְקָא חָזֵי לוֹן, אִלֵּין מִימִינָא וְאִלֵּין מִשְּׂמָאלָא, וְכֻלְּהוּ אִתְמַנָּן אִלֵּין עַל אִלֵּין, כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת.

תָּא חֲזֵי, כָּל נְבִיאֵי דְעַלְמָא כֻּלְּהוּ יָנְקֵי מִסִּטְרָא חָדָא, מִגּוֹ תְּרִין דַּרְגִּין יְדִיעָן, וְאִינוּן דַּרְגִּין הֲווּ אִתְחַזְּיָין בְּגוֹ אַסְפַּקְלַרְיָאה דְּלָא נָהֲרָא, דִּכְתִיב בַּמַּרְאָה אֵלָיו אֶתְוַדָּע, מַאי הוּא מַרְאָה, כְּמָה דְאִתְּמָר (ד''א ל''ג דמראה) חֵיזוּ דְּכָל גְּוָונִן אִתְחַזְּיָין בְּגַוָּוהּ, וְדָא הִיא אַסְפַּקְלַרְיָא דְּלָא נָהֲרָא. בַּחֲלוֹם אֲדַבֶּר בּוֹ, דָּא הוּא חַד מִשִּׁתִּין בִּנְבוּאָה כְּמָה דְאוּקְמוּהָ. וְאִיהוּ דַּרְגָּא שְׁתִיתָאָה מֵהַהוּא דַרְגָּא דִּנְבוּאָה וְאִיהוּ (קצו א) דַּרְגָּא דְגַבְרִיאֵל דִמְמַנָּא עַל חֶלְמָא וְהָא אִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, כָּל חֶלְמָא דְּאִיהוּ כְּדְקָא יְאוּת מֵהַאי דַרְגָּא קָא אַתְיָא, וְעַל דָּא לֵית לָךְ חֶלְמָא דְּלָא יִתְעָרְבוּן עִמֵּיהּ מִלִּין כְּדִיבִין, כְּמָה דְאוֹקִימְנָא, וּבְגִין כָּךְ מִנַּיְיהוּ קְשׁוֹט וּמִנַּיְיהוּ כְּדִיבָן, וְלֵית לָךְ חֶלְמָא דְּלָא אִית בֵּיהּ מֵהַאי גִיסָא וּמֵהַאי גִיסָא.

וּבְגִין דְּאִית בֵּיהּ בְּחֶלְמָא כֹּלָּא כִּדְאֲמָרָן, כָּל חֶלְמִין דְּעַלְמָא אָזְלִין בָּתַר פִּשְׁרָא דְפוּמָא, וְאוּקְמוּהָ. דִּכְתִיב, (בראשית מ״א:י״ג) וַיְהִי כַּאֲשֶׁר פָּתַר לָנוּ כֵּן הָיָה. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּאִית בֵּיהּ בְּחֶלְמָא כְּדִיבוּ וּקְשׁוֹט, וּמִלָּה שָׁלְטָא עַל כֹּלָּא, וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי חֶלְמָא פִּשְׁרָא טָבָא. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, בְּגִין דְּכָל חֶלְמָא מִדַּרְגָּא דִלְתַתָּא אִיהוּ, וְדִבּוּר שָׁלְטָא עֲלֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ כָּל חֶלְמָא אָזְלָא בָּתַר פִּשְׁרָא.

פָּתַח וְאֲמַר, (איוב ל״ג:ט״ו-ט״ז) בַּחֲלוֹם חֶזְיוֹן לַיְלָה בִּנְפֹל תַּרְדֵּמָה עַל אֲנָשִׁים בִּתְנוּמוֹת עֲלֵי מִשְׁכָּב אָז יִגְלֶה אֹזֶן אֲנָשִׁים וּבְמֹסָרָם יַחְתֹּם. תָּא חֲזֵי, כַּד סָלִיק בַּר נָשׁ לְעַרְסֵיהּ, מִבָּעֵי לֵיהּ לְאַמְלָכָא עֲלֵיהּ מַלְכוּתָא דִשְׁמַיָא בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר יֵימָא חַד פְּסוּקָא דְרַחֲמֵי וְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא. בְּגִין דְּהָא כַּד בַּר נָשׁ נָאִים עַל עַרְסֵיהּ, הָא נִשְׁמָתֵיהּ נַפְקָא מִנִּיהּ וְאָזְלָא וְשָׁטְיָא לְעֵילָא, כָּל חַד וְחַד כְּפוּם אָרְחֵיהּ וְהָכִי סְלִיקַת כְּמָה דְאִתְּמָר.

מַה כְּתִיב, בַּחֲלוֹם חֶזְיוֹן לַיְלָה. כַּד בְּנֵי נָשָׁא שָׁכְבֵי בְּעַרְסַיְיהוּ נָיְימִין וְנִשְׁמָתָא נָפְקַת מִנַּיְיהוּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, בִּתְנוּמוֹת עֲלֵי מִשְׁכָּב אָז יִגְלֶה אֹזֶן אֲנָשִׁים. וּכְדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹדַע לָהּ לְנִשְׁמָתָא בְּהַהוּא דַרְגָּא דְּקָיְימָא עַל חֶלְמָא, אִינוּן מִלִּין דִּזְמִינִין לְמֵיתֵי עַל עַלְמָא אוֹ אִינוּן מִלִּין כְּפוּם אִינוּן הִרְהוּרִין דְּלִבֵּיהּ. בְּגִין דְּבַר נָשׁ נָטִיל אָרְחָא דְּתוֹכָחֵי דְעָלְמָא.

בְּגִין דְּהָא לָא מוֹדָעִין לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּעוֹד דְּאִיהוּ קָאִים בְּתוּקְפָא דְגוּפָא (נ''א דרוחא) כִּדְקָאֲמָרָן, אֶלָּא מַלְאָכָא אוֹדַע לְנִשְׁמָתָא וְנִשְׁמָתָא לְבַר נָשׁ. וְהַהוּא חֶלְמָא אִיהוּ מִלְּעֵילָא, כַּד נִשְׁמָתִין נָפְקִין מִגּוּפֵי וְסָלְקִין כָּל חַד וְחַד כְּפוּם אָרְחֵיהּ. וְכַמָּה דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין, בְּרָזָא דְחֶלְמָא כֻּלְּהוּ בְּרָזָא דְחָכְמְתָא. וְתָּא חֲזֵי, חֲלוֹם דַּרְגָּא חָדָא, מַרְאָה דַּרְגָּא חָדָא, נְבוּאָה דַּרְגָּא חָדָא, וְכֻלְּהוּ דַּרְגִּין לְדַרְגִּין אִלֵּין עַל אִלֵּין.

וַיַּחֲלֹם יוֹסֵף חֲלוֹם וַיַּגֵּד לְאֶחָיו וַיּוֹסִפוּ עוֹד שְׂנֹא אֹתוֹ עַל חֲלוֹמוֹתָיו. מֵהָכָא דְּלָא מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֵימַר חֶלְמֵיהּ בַּר לְהַהוּא בַּר נָשׁ דְּרָחִים לֵיהּ, וְאִי לָאו, אִיהוּ גָּרִים לֵיהּ. דְּאִי הַהוּא חֶלְמָא מִתְהַפֵּךְ לְגַוְונָא אָחֳרָא, אִיהוּ גָּרִים לְסַלְּקָא.

תָּא חֲזֵי, דְּיוֹסֵף אִיהוּ אָמַר חֶלְמָא לַאֲחוּהִי, וְעַל דָּא גָּרְמוּ לֵיהּ לְסַלָּקָא חֶלְמֵיהּ תְּרֵין וְעֶשְׂרִין שְׁנִין דְּאִתְעַכַּב. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, מְנָלָן, דִּכְתִיב וַיּוֹסִיפוּ עוֹד שְׂנֹא אוֹתוֹ. מַאי שְׂנֹא אוֹתוֹ, דְּגָרְמוּ לֵיהּ קִטְרוּגִין בְּדָא.

מַה כְּתִיב, וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם שִׁמְעוּ נָא הַחֲלוֹם הַזֶּה
(Ⅰ)
[184a]  
[...] Précédemment, l’Écriture, a dit : « Et Israël dit à Joseph : Tes frères font paître nos brebis dans le pays de Sichem. Viens, et je t’enverrai vers eux. » Pourquoi Jacob envoya-t-il Joseph vers ses frères, alors qu’il l’aimait tant et qu’il savait que ses autres fils le haïssaient ? Mais Jacob n’a pas cru ses fils capables d’un pareil crime ; il les tenait pour trop justes pour les soupçonner d’un pareil méfait. L’opinion de Jacob était réellement exacte. Quant à leur acte, c’était le Saint, béni soit-il, qui avait ordonné qu’il en fût ainsi, afin que s’accomplissent les prophéties révélées (Gen., XV, 10 et 13) à Abraham entre les parties des animaux coupées en deux. J’ai trouvé, dans un livre de haute antiquité, qu’il était nécessaire que les fils de Jacob asservissent leur frère Joseph avant la descente de celui-ci en Égypte ; si Joseph n’eût été asservi par ses frères avant d’aller en Égypte, l’esclavage des Israélites en Égypte aurait duré toujours ; mais l’esclavage précédent de Joseph a racheté les Israélites et en a abrégé l’exil.
Remarquez que Joseph est l’image de l’Alliance suprême ; tant que Joseph était avec les Israélites, la Schekhina était également avec eux, et les Égyptiens ne les ont pas asservis ; mais aussitôt que Joseph fut mort, la Schekhina se sépara également d’Israël, et l’Écriture (Ex., I, 8) nous apprend. « ... Et un roi-nouveau s’éleva dans l’Égypte, à qui Joseph était inconnu. » Remarquez que l’homme rencontré par Joseph était l’ange Gabriel ; car, ici, l’Écriture se sert du mot « isch ». Et ailleurs, il est écrit (Dan., IX, 21) : « ... Et l’homme (isch) Gabriel . » L’Écriture se sert du mot « errant », car Joseph errait en tout ; il errait aussi dans la confiance qu’il avait dans ses frères ; c’est pourquoi l’homme qu’il rencontra lui demanda ce qu’il cherchait.
L’Écriture ajoute : « Il lui répondit : Je cherche mes frères, etc. Cet homme lui répondit : Ils se sont retirés de ces lieux, etc. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Cant., VIII, 1) : « Qui me procurera le bonheur de t’avoir pour frère, suçant le lait de ma mère, afin que je te trouve dehors, que je te donne un baiser, et que personne ne me méprise ? » Ce verset a été déjà interprété par les collègues. Mais la vérité est que ce verset est adressé par la « Communauté d’Israël » au Roi à qui appartient la terre. La « Communauté d’Israël » dit à Dieu : Qui me procurera le bonheur de t’avoir pour frère, pour que tu agisses à mon égard comme Joseph envers ses frères (Gen., L, 21) : « Ne craignez point, je vous nourrirai vous et vos enfants. »
D’après une autre interprétation, c’est Joseph qui adressa à la Schekhina ces paroles : « Qui me procurera le bonheur de t’avoir pour frère ? » Remarquez, en outre, que l’Écriture (Gen., XXXVII, 19) ajoute : « ... Et l’un d’eux dit à son frère : Voici notre songeur qui vient. » Ces deux frères étaient Siméon et Lévi, tous deux image de la Rigueur.
Remarquez qu’il y a Rigueur et Rigueur ; il y a une Rigueur qui vient du monde d’en haut et qui est bénie ; et il y a une Rigueur qui émane du règne du démon et qui est maudite. La Rigueur bénie est indiquée dans le verset (Gen., XIV, 19) suivant : « Qu’Abram soit béni du Très Haut, qui a créé le ciel et la terre. » Les deux Rigueurs opposées sont indiquées dans le verset (Deut., XI, 29) suivant : « Tu feras publier la bénédiction sur la montagne de Garisim. et la malédiction sur la montagne d’Hebal. » Ainsi, il y a deux genres de Rigueurs, [...]
- אֲשֶׁר חָלָמְתִּי, דְּבָעָא מִנַיְיהוּ דְּיִשְׁמְעוּן לֵיהּ. וְאִיהוּ אוֹדַע לְהוּ הַהוּא חֶלְמָא, דְּאִלְמָלֵא אִינוּן דְּאַהֲפָכוּ לֵיהּ לְגַוְונָא אָחֳרָא, הָכִי אִתְקְיַּים. וְאִינוּן אֲתִיבוּ וְאָמְרוּ הֲמָלֹךְ תִּמְלךְ עָלֵינוּ אִם מָשׁוֹל תִּמְשֹׁל בָּנוּ. מִיָּד אָמְרוּ לֵיהּ פִּשְׁרָא דְחָלְמָא וְגָזְרוּ גְּזֵרָה, וּבְגִין כָּךְ וַיּוֹסִיפוּ עוֹד שְׂנֹא אוֹתוֹ.

רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ שְׁכִיחֵי קַמֵיהּ דְּרִבִּי שִׁמְעוֹן, אָמַר רִבִּי חִיָּיא, הָא תָּנִינָן חֶלְמָא דְלָא אִתְפַּשַּׁר, כְּאִגַּרְתָּא דְלָא מִתְקַרְיָא. אִי בְּגִין דְּאִתְקְיַּים וְאִיהוּ לָא יָדַע, אוֹ דְּלָא אִתְקְיַּים כְּלָל. אָמַר לֵיהּ, אִתְקְיַּים וְלָא אִתְיְידַע, דְּהָא הַהוּא חֶלְמָא חֵילָא תַּלְיָא עֲלֵיהּ, וְאִיהוּ לָא אִתְיְדַע וְלָא יְדִיעַ, אִי אִתְקְיַּים אִי לָא אִתְקְיַּים.

וְלֵית לָךְ מִלָּה בְּעַלְמָא דְּעַד לָא יֵיתֵי לְעַלְמָא, דְּלָאו אִיהִי תַּלְיָיא בְּחֶלְמָא אוֹ עַל יְדָא דְּכָרוֹזָא. דְּהָא אִתְּמָר דְּכָל מִלָּה וּמִלָּה עַד לָא יֵיתֵי לְעַלְמָא, מַכְרְזֵי עֲלֵיהּ בָּרָקִיעַ. וּמִתַּמָּן אִתְפַּשַּׁט בְּעַלְמָא וְאִתְיְהִיב עַל יְדָא דְּכָרוֹזָא. וְכֹלָּא בְּגִין דִּכְתִיב, (עמוס ג׳:ז׳) כִּי לא יַעֲשֶׂה יְיָ אֱלהִים דָּבָר כִּי אִם גָּלָה סוֹדוֹ אֶל עֲבָדָיו הַנְּבִיאִים, בְּזִמְנָא דִנְבִיאִים אִשְׁתַּכָּחוּ בְּעַלְמָא. וְאִי לָאו, אַף עַל גַּב דִּנְבוּאָה לָא שַׁרְיָא, חַכִּימֵי עֲדִיפֵי מִנְּבִיאִים. וְאִי לָא, אִתְיְהִיב בְּחֶלְמָא. וְאִי לָאו, בְּצִפֳּרֵי שְׁמַיָא מִשְׁתַּכְּחֵי מִלָּה וְהָא אוּקְמוּהָ:

וַיֵּלְכוּ אֶחָיו לִרְעוֹת אֶת צֹאן אֲבִיהֶם בִּשְׁכֶם. רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, לִרְעוֹת צֹאן אֲבִיהֶם מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי אֶ''ת נָקוּד מִלְּעֵילָא, לְאַסְגָּאָה עִמְהוֹן שְׁכִינְתָּא, דְּאִיהִי עִמְּהוֹן שַׁרְיָיא. בְּגִין דְּאִינוּן הֲווּ עֲשָׂרָה, דְּהָא יוֹסֵף לָא הֲוָה עִמְּהוֹן, וּבִנְיָמִין אִיהוּ זְעִיר בְּבֵיתָא. וּבְגִין כָּךְ אִינוּן הֲווּ עֲשָׂרָה. וְכַד אָזְלוּ הֲוַת שְׁכִינְתָּא בֵּינַיְיהוּ, וְעַל דָּא נָקוּד מִלְּעֵילָא.

וּבְגִין כָּךְ בְּזִמְנָא דְּזַבִּינוּ לֵיהּ לְיוֹסֵף אִשְׁתַּתָּפוּ כֻּלְּהוּ בַּהֲדֵי שְׁכִינְתָּא וְאַשְׁתִּיפוּ לָהּ בַּהֲדַיְיהוּ כַּד עֲבִידוּ אוֹמָאָה. וְעַד דְּאִתְגַּלְּיָיא מִלָּה דְיוֹסֵף, לָא שַׁרְיָא שְׁכִינְתָּא עֲלֵיהּ דְּיַעֲקֹב.

וְאִי תֵימָא דִּשְׁכִינְתָּא לָא אִשְׁתַּכְּחַת עִמְּהוֹן. תָּא חֲזֵי, דִּכְתִיב (תהילים קכ״ב:ד׳) שֶׁשָּׁם עָלוּ שְׁבָטִים שִׁבְטֵי יָהּ עֵדוּת לְיִשְׂרָאֵל לְהוֹדוֹת לְשֵׁם יְיָ. כֻּלְּהוּ צַדִּיקֵי וַחֲסִידֵי קִיּוּמָא דְכָל עַלְמָא, קִיּוּמָא אִינוּן לְעֵילָא וְתַתָּא.

פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קכ״ב:א׳) שָׂמַחְתִּי בְּאוֹמְרִים לִי בֵּית יְיָ נִלֵךְ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, דְּדָוִד הֲוָה עִם לִבֵּיהּ לְמִבְנֵי בֵּיתָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (מלכים א ח׳:י״ז) וַיְהִי עִם לְבַב דָּוִד אָבִי לִבְנוֹת בַּיִת לְשֵׁם יְיָ וְגו'. וּלְבָתַר מַה כְּתִיב רַק אַתָּה לא תִבְנֶה הַבַּיִת כִּי אִם בִּנְךָ הַיּוֹצֵא מֵחֲלָצֶיךָ הוּא יִבְנֶה הַבַּיִת לִשְׁמִי. וְכָל יִשְׂרָאֵל הֲווּ יָדְעֵי דָא, וְהֲווּ אָמְרוּ אֵימָתַי יָמוּת דָּוִד וְיָקוּם שְׁלֹמֹה בְּרֵיהּ וְיִבְנֶה בֵּיתָא. וּכְדֵין עוֹמְדוֹת הָיוּ רַגְלֵינוּ בִּשְׁעָרַיִךְ יְרוּשָׁלַיִם, כְּדֵין נִיסַק וְנַקְרִיב תַּמָּן קָרְבָּנִין.

וְעִם כָּל דָּא, אַף עַל גַּב דְּהֲווּ אָמְרוּ אֵימָתַי יָמוּת סָבָא דָא, כְּדֵין שָׂמַחְתִּי. וְחֶדְוָה הֲוָה לִי בְּגִין בְּרִי, דְּהֲווּ אָמְרֵי דִבְרִי יָקוּם תְּחוֹתִי לְמִגְמַר פִּקוּדָא לְמִבְנִי בֵיתָא. כְּדֵין שָׁרֵי וְשַׁבַּח לָהּ וְאָמַר, יְרוּשָׁלַיִם הַבְּנוּיָה כְּעִיר שֶׁחֻבְּרָה לָהּ יַחְדָּו.

תְּנַן עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יְרוּשָׁלַיִם לְתַתָּא כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא, וְדָא מִתְתַּקְּנָא (דא) לָקֳבֵל דָּא דִּכְתִיב, (שמות ט״ו:י״ז) מָכוֹן לְשִׁבְתְּךָ פָּעַלְתָּ יְיָ. הַבְּנוּיָה, דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְנַחֲתָא לָהּ יְרוּשָׁלַיִם דִּלְעֵילָא כְּדְקָא יָאוֹת, וּבְגִין כָּךְ הַבְּנוּיָה. שֶׁחֻבְּרָה לָהּ יַחְדָּו, וְהָא אוּקְמוּהָ שֶׁחֻבְּרָה שֶׁחִבְּרוּ מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא דְּאִתְחַבָּרַת אִמָּא בִּבְרַתָּא וְהֲווּ כְּחֲדָא וְאוּקְמוּהָ.

וְאִתְּמָר. שֶׁשָּׁם עָלוּ שְׁבָטִים אִלֵּין אִינוּן קִיּוּמָא דְעַלְמָא וְתִקּוּנָא דְעַלְמָא תַּתָּאָה, וְלָא תֵימָא דְּעַלְמָא תַּתָּאָה בִּלְחוֹדוֹי, אֶלָּא אֲפִילּוּ דְּעַלְמָא עִלָּאָה. דִּכְתִיב שִׁבְטֵי יָהּ עֵדוּת לְיִשְׂרָאֵל, לְיִשְׂרָאֵל דַּיְיקָא. בְּגִין דְּאִינוּן קִיּוּמָא לְתַתָּא, סַהֲדוּתָא אִינוּן לְעֵילָא. וְכֹלָּא לְהוֹדוֹת לְשֵׁם יְיָ, לְאוֹדָאָה שְׁמֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְכָל סִטְרִין, דִּכְתִיב לְהוֹדוֹת לְשֵׁם יְיָ:

וַיִּמְצָאֵהוּ אִישׁ וְהִנֵּה תֹעֶה בַּשָּׂדֶה וַיִּשְׁאָלֵהוּ הָאִישׁ לֵאמֹר מַה תְּבַקֵּשׁ.
(Ⅰ)
[184b]  
[...] l’un est béni et l’autre est maudit. De même, Isaac a engendré deux fils : l’un était béni et l’autre était maudit en haut et en bas.
C’est pourquoi l’Écriture désigne Jacob sous le nom d’ « homme parfait demeurant toujours dans les temples », alors qu’elle qualifie Esaü d’ « homme connaissant la chasse ». Car chacun d’eux prit la direction qui correspondait au côté dont il émanait. .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXVI, 6) :« Je laverai mes mains pour les rendre pures, et je me tiendrai, Seigneur, autour de ton autel. » Ce verset a été déjà interprété ; mais remarquez qu’il renferme encore un mystère. Il n’y a personne qui n’ait un avant-goût de la mort pendant le sommeil. Dès que l’âme sainte quitte le corps, l’esprit impur s’attache au corps et le souille. Aussitôt que l’âme revient, l’esprit impur se détache du corps, mais il demeure attaché aux mains jusqu’à ce qu’on les lave. Aussi, l’homme ne devient-il réellement pur qu’après avoir lavé ses mains le matin. - De (48) quelle façon l’ablution doit-elle être faite ? Il faut un vase pour y cueillir l’eau qu’on verse sur les mains, et un autre vase en bas, où l’eau tombe après le lavage des mains. L’eau du premier vase est pure et bénie, celle du second vase est impure et maudite. Il ne faut pas jeter l’eau du second vase dans la maison, car le démon y reste attaché, et il pourrait nuire à la personne qui marcherait dessus.
On ne doit prononcer aucune prière avant de s’être d’abord nettoyé les mains, ainsi que cela a été dit. Tant que l’homme n’a pas lavé ses mains le matin, il est appelé impur ; mais aussitôt qu’il les a lavées, il est appelé pur. Aussi ne convient-il pas que celui qui n’a pas encore lavé ses mains verse l’eau sur les mains d’autrui ; c’est au contraire un homme dont les mains sont déjà pures, qui doit verser l’eau sur les mains de celui qui veut les purifier, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XIX, 19) : « Et le pur purifiera l’impur. » Ainsi qu’on l’a dit, les eaux du vase d’en haut sont pures ; et les eaux du vase d’en bas sont impures ; aussi est-il défendu de faire aucun usage de cette dernière eau, de la jeter en un endroit où passent des hommes, ou de la garder dans la maison pendant la nuit ; mais on peut creuser une rigole en pente et y verser l’eau impure. Il ne convient pas de confier cette eau à des sorcières qui pourraient nuire aux hommes au moyen de cette eau maudite. Car le Saint, béni soit-il, veut qu’Israël soit pur et saint, ainsi qu’il est écrit (Éz., XXXVI, 25) : « Je répandrai sur vous de l’eau pure et vous serez purifiés de toutes vos souillures, et je vous purifierai de toutes vos ordures, de toutes vos idoles. » Il est écrit (Gen., XXXVII, 24) : « Et ils le prirent et le jetèrent dans cette citerne qui était vide, sans eau. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XIX, 8) : « La loi du Seigneur est droite ; elle fait naître la joie dans l’âme. » Ce verset nous démontre combien le devoir incombe à l’homme de s’appliquer à la Loi ; car, quiconque s’y consacre aura la vie dans ce monde et dans le monde futur, et ceux-là mêmes qui se consacrent à l’étude de la Loi par amour-propre, et nullement par amour de Dieu, seront récompensés en ce bas monde et n’y seront pas jugés.
Remarquez que l’Écriture (Prov., III, 16) dit : « Elle a la longévité à sa droite, et à sa gauche la richesse et la gloire. » Par « sa droite », on entend ceux qui étudient la Loi par amour de Dieu ; ceux-là seront récompensés et dans ce monde et dans le monde futur : c’est la « longévité à sa droite ». Tandis que « sa gauche » désigne ceux qui étudient la Loi par amour-propre ; pour ceux-ci, l’Écriture dit : « ... Et à sa gauche la richesse et la gloire » ; car ceux-ci seront récompensés [...]
- מַה כְּתִיב לְעֵילָא, וַיֹּאמֶר יִשְׂרָאֵל אֶל יוֹסֵף הֲלוֹא אַחֶיךָ רֹעִים בִּשְׁכֶם לְכָה וְאֶשְׁלָחֲךָ אֲלֵיהֶם. וְכִי יַעֲקֹב שְׁלֵימָא דְּהֲוָה רָחִים לֵיהּ לְיוֹסֵף מִכָּל בְּנוֹי, וְהֲוָה יָדַע דְּכָל אֲחוּי הֲווּ סָנְאִין לֵיהּ, אַמַּאי שַׁדַּר לֵיהּ לְגַבַּיְיהוּ. אֶלָּא אִיהוּ לָא חָשִׁיד עֲלַיְיהוּ, דְּהֲוָה יָדַע דְּכֻלְּהוּ הֲווּ זַכָּאִין, וְלָא חָשִׁיד לוֹן. אֶלָּא גָּרִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כָּל דָּא, בְּגִין לְקַיְימָא גְּזֵרָה דְּגָזַר בֵּין הַבְּתָרִים.

אַשְׁכַּחְנָא בְּסִפְרֵי קַדְמָאי, דְּבָעְיָין אִלֵּין בְּנֵי יַעֲקֹב לְשַׁלְּטָאָה עֲלוֹי עַד לָא יֵחוֹת לְמִצְרַיִם. דְּאִילּוּ הוּא יֵחוֹת לְמִצְרַיִם, וְאִינוּן לָא שָׁלְטוּ בֵּיהּ בְּקַדְמִיתָא. יָכְלֵי מִצְרָאִי לְשַׁלְּטָאָה לְעָלְמִין עֲלַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל, וְאִתְקַיְימָא בֵּיהּ בְּיוֹסֵף דְּאִזְדַּבַּן לְעַבְדָא וְאִינוּן שָׁלְטוּ עֲלוֹי. וְאַף עַל גַּב דְּיוֹסֵף הֲוָה מַלְכָּא לְבָתַר, וּמִצְרָאֵי הֲווּ עָבְדִין לֵיהּ, אִשְׁתַּכָּחוּ יִשְׂרָאֵל דְּשָׁלְטוּ עַל כֻּלְּהוּ.

תָּא חֲזֵי, דְּיוֹסֵף דְּאִיהוּ בְּרִית עִלָאָה, כָּל זִמְנָא דְּאִתְקְיַּים בְּרִית, שְׁכִינְתָּא אִתְקְיַּים בַּהֲדַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל בִּשְׁלָם כְּדְקָא יְאוּת, כֵּיוָן דְּאִסְתַּלַּק יוֹסֵף בְּרִית עִלָּאָה מֵעַלְמָא, כְּדֵין בְּרִית שְׁכִינְתָּא וְיִשְׂרָאֵל כֻּלְּהוּ בְּגָלוּתָא נָפְקוּ, וְהָא אוֹקִימְנָא דִּכְתִיב (שמות א׳:ח׳) וַיָּקָם מֶלֶךְ חָדָשׁ עַל מִצְרַיִם אֲשֶׁר לא יָדַע אֶת יוֹסֵף. וְכֹלָּא הֲוָה מֵעִם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדְקָא יְאוּת.

תָּא חֲזֵי, וַיִּמְצָאֵהוּ אִישׁ דָּא גַּבְרִיאֵ''ל, וְאוּקְמוּהָ. כְּתִיב הָכָא וַיִּמְצָאֵהוּ אִישׁ, וּכְתִיב הָתָם (דניאל ט׳:כ״א) וְהָאִישׁ גַּבְרִיאֵל אֲשֶׁר רָאִיתִי בֶחָזוֹן בַּתְּחִלָּה. וְהִנֵּה תוֹעֶה, בְּכֹלָּא תּוֹעֶה, דְּאַבְטַח עַל אֲחוּי דְּהֲוָה מִתְבַּע אַחְוָה דִלְהוֹן וְלָא אַשְׁכַּח, וְתָבַע לְהוּ וְלָא אַשְׁכַּח. וְעַל דָּא תוֹעֶה בְּכֹלָּא, וְעַל דָּא וַיִּשְׁאָלֵהוּ הָאִישׁ לֵאמֹר מַה תְּבַקֵּשׁ:

וַיֹּאמֶר אֶת אַחַי אָנֹכִי מְבַקֵּשׁ וְגו'. וַיֹּאמֶר הָאִישׁ נָסְעוּ מִזֶּה וְגו', רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח, (שיר השירים ח׳:א׳) מִי יִתֶּנְךָ כְּאָח לִי יוֹנֵק שְׁדֵי אִמִּי אֶמְצָאֲךָ בַחוּץ אֶשָׁקְךָ גַּם לֹא יָבוֹזוּ לִי. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא, אֲבָל הַאי קְרָא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל אֲמָרוֹ לְמַלְכָּא דִּשְׁלָמָא דִילֵיהּ. מִי יִתֶּנְךָ כְּאָח לִי, כְּיוֹסֵף עַל אֲחוּי, דְּאָמַר, (בראשית נ׳:כ״א) וְעַתָּה אַל תִּירָאוּ אָנֹכִי אֲכַלְכֵּל אֶתְכֶם וְאֶת טַפְּכֶם. יָהַב לוֹן מְזוֹנָא וְזָן לְהוּ בְּכַפְנָא. בְּגִין כָּךְ מִי יִתֶּנְךָ כְּאָח לִי.

דָּבָר אַחֵר מִי יִתֶּנְךָ כְּאָח לִי, דָּא יוֹסֵף, לְגַבָּהּ דִּשְׁכִינְתָּא דְּאִתְאַחַד עִמָּהּ וְאִתְדָּבַּק בַּהֲדָהּ. יוֹנֵק שְׁדֵי אִמִּי, דְּהָא כְּדֵין אַחְוָה וּשְׁלִימוּ בַּהֲדַיְיהוּ. אֶמְצָאֲךָ בַּחוּץ, גּוֹ גָּלוּתָא, דְּאִיהוּ בְּאַרְעָא אָחֳרָא. אֶשָׁקְךָ, בְּגִין לְאִתְדַּבְּקָא רוּחָא בְּרוּחָא. גַּם לא יָבוֹזוּ לִי, אַף עַל גַּב דְּאֲנָא בְּאַרְעָא אָחֳרָא.

תָּא חֲזֵי, דְּיוֹסֵף אַף עַל גַּב דְּאֲחוֹי לָא הֲווּ לֵיהּ כְּאַחִין כַּד נָפַל בִּידַיְיהוּ. אִיהוּ הֲוָה לוֹן כְּאַחָא כַּד נָפְלוּ בִּידֵיהּ, וְהָא אוּקְמוּהָ. דִּכְתִיב, (בראשית נ׳:כ״א) וַיְנַחֵם אוֹתָם וַיְדַבֵּר עַל לִבָּם, בְּכֹלָּא דִּבֶּר עַל לִבַּיְיהוּ.

וְתָא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וַיֹּאמְרוּ אִישׁ אֶל אָחִיו, דָּא שִׁמְעוֹן וְלֵוִי דְּאִינוּן הֲווּ אַחִין וַדַּאי בְּכֹלָּא, בְּגִין דְּקָא אָתוּ מִסִּטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא. וּבְגִין כָּךְ רוּגְזָא דִלְהוֹן, אִיהוּ רוּגְזָא דִּקְטָלָא בְּעַלְמָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (בראשית מ״ט:ז׳) אָרוּר אַפָּם כִּי עָז וְעֶבְרָתָם כִּי קָשָׁתָה.

תָּא חֲזֵי, רָזָא דְמִלָּה, אִית רוּגְזָא וְאִית רוּגְזָא. אִית רוּגְזָא דְּאִיהוּ מְבָרְכָא מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא, וְאִקְרֵי בָּרוּךְ, כְּמָה דְאִתְּמָר דִּכְתִיב (בראשית י״ד:י״ט) בָּרוּךְ אַבְרָם לְאֵל עֶלְיוֹן קוֹנִה שָׁמַיִם וָאָרֶץ וְהָא אוּקְמוּהָ. וְאִית רוּגְזָא דְּאִיהִי אִתְלַטְיָא לְעֵילָא וְתַתָּא, כְּמָה דְאִתְּמָר דְּאִקְרֵי אָרוּר. דִּכְתִיב, (בראשית ג׳:י״ד) אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה וּמִכָּל חַיַּת הַשָּׂדֶה. אָרוּר אַפָּם כִּי עָז.

וְעַל רָזָא דָא אִית תְּרֵין טוּרִין דִּכְתִיב, (דברים י״א:כ״ט) וְנָתַתָּ אֶת הַבְּרָכָה עַל הַר גְּרִיזִים וְאֶת הַקְּלָלָה עַל הַר עֵיבָל, לָקֳבֵיל אִלֵּין תְּרֵין דַּרְגִּין. וְעַל דָּא, דָּא אִקְרֵי אָרוּר, וְדָא אִקְרֵי בָּרוּךְ. וְשִׁמְעוֹן וְלֵוִי אִינוּן מִסִּטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא, וּמִן סִטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא תַּקִּיפָא, נָפְקַת רוּגְזָא דְאִתְלַטְיָא.

וְתָּא חֲזֵי, מִסִּטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא נָפְקֵי רוּגְזָא לִתְרֵי סִטְרִין, חַד דְּאִתְבָּרַךְ, וְחַד דְּאִתְלַטְיָא.
(Ⅰ)
[185a]  
[...] par la richesse et la gloire en ce bas monde. Quand l’homme quitte ce monde, la Loi le devance pour que les chefs de la Rigueur ne puissent l’approcher. La Loi marche également devant l’âme lorsque celle-ci s’élève dans les régions célestes et lui ouvre toutes les portes. La Loi reste près de l’âme jusqu’au jour de la résurrection. En ce jour, la Loi prendra la défense de l’âme, ainsi qu’il est écrit (Prov., VI, 22) : « Lorsque tu marcheras, elle t’accompagnera ; lorsque tu dormiras, elle te gardera ; et lorsque tu te réveilleras, elle t’entretiendra. » Les mots : « Lorsque tu marcheras... » ont été déjà expliqués. Les mots : « ... Lorsque tu dormiras, elle te gardera » signifient que, lorsque le corps de l’homme dormira dans la terre, la Loi le défendra devant le tribunal où il sera jugé. Enfin, les termes : « Lorsque tu te réveilleras, elle t’entretiendra » signifient qu’au moment de la résurrection des morts, la Loi prendra la défense de celui qui s’était consacré à elle.
Rabbi Éléazar dit : Ces dernières paroles signifient qu’à l’époque de la résurrection des morts, ceux qui se sont consacrés durant leur vie à l’étude de la Loi, conserveront intact tout le savoir qu’ils avaient durant leur vie précédente ; mais ils n’auront pas seulement conservé le savoir qu’ils avaient avant ; le savoir s’agrandira encore, de sorte que les ressuscités sauront pénétrer les mystères qui leur étaient cachés pendant leur vie précédente. Tel est le sens des paroles : « ... Et lorsque tu te réveilleras, elle t’entretiendra. »
Rabbi Yehouda dit : De ce qui précède, il résulte que ceux qui se consacrent ici-bas à l’étude de la Loi, s’y consacreront également dans le monde futur.
Remarquez que l’homme qui ne s’applique pas durant sa vie à l’étude de la Loi marche dans les ténèbres. Aussi son âme, lorsqu’elle aura quitté ce monde, sera saisie et jetée dans l’enfer, où nul n’aura de compassion d’elle ; elle sera jetée dans ce gouffre des régions inférieures, qui est appelé « citerne de misère et de boue profonde », ainsi qu’il est écrit (Ps., XL, 3) : « Et il m’a tiré de la citerne de misère et de boue profonde ; et il a placé mes pieds sur une pierre et affermi mes pas. » C’est à l’homme qui ne s’applique point à l’étude de la Loi dans ce monde, et qui est plongé dans la boue dont ce monde est souillé, que font allusion les paroles du verset (Gen., XXXVII, 24) suivant : « Et ils le saisirent et le jetèrent dans la citerne. » Cela veut dire que l’âme d’un tel homme est jetée dans l’enfer.
L’Écriture ajoute : « Et la citerne était vide, sans eau. » L’enfer est, en effet, vide de toute commisération et de toute miséricorde ; et l’Écriture donne le motif de ce vide : « ... Sans eau », ce qui veut dire que les âmes qui y sont précipitées n’ont jamais goûté la loi appelée « eau ».
Remarquez combien grande est la punition de ceux qui négligent l’étude de la Loi, car Israël n’a été exilé de la terre sainte que pour avoir négligé la Loi, ainsi qu’il est écrit (Jér., IX, 11) : « Qui est l’homme sage qui comprenne ceci..., qui comprenne pourquoi cette terre a été désolée ?... C’est parce qu’ils ont abandonné la loi que je leur avais donnée, dit le Seigneur, etc. »
Rabbi Yossé dit : Nous l’inférons du verset (Isaïe, V, 13) suivant : « C’est pour cela que mon peuple sera emmené captif, parce qu’il n’a point eu d’intelligence », ce qui veut dire : parce qu’il ne s’était point appliqué à l’étude de la Loi, sur laquelle sont basés le monde d’en haut et celui d’en bas, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXIII, 25) : « S’il n’y avait point eu l’Alliance que j’ai faite avec le jour et la nuit, je n’aurais pas établi les lois qui régissent le ciel et laterre. » L’Écriture (Gen., XXXVII, 24) dit : « Et ils le prirent et le jetèrent dans une citerne. » L’Écriture fait allusion à l’Égypte, où Joseph fut jeté et où le mystère de la Foi était inconnu. Rabbi Isaac demanda : Puisque la citerne renfermait des serpents et des scorpions comment Ruben ne craignait-il point ces reptiles ; et pourquoi l’Écriture (Gen., XXXVII, 22) dit-elle de lui : « Il avait dessein de le tirer de leurs mains et de le rendre à son père » ? Mais, comme Ruben a vu que le sort de son frère était inéluctable, étant donnée la haine à laquelle il était en butte, il a préféré que ses frères le jetassent dans une citerne remplie de serpents et de scorpions plutôt que de le remettre entre les mains de gens sans pitié. C’est pourquoi on a dit qu’il vaut mieux pour l’homme se jeter dans le feu ou dans une fosse remplie de serpents et de scorpions que de se remettre entre les mains de ses ennemis ; [...]
- חַד בָּרוּךְ וְחַד אָרוּר. כְּגַוְונָא דָא מִסִּטְרָא דְיִצְחָק נָפְקוּ תְּרֵין בְּנִין, חַד מְבוֹרָךְ, וְחַד דְּאִתְלַטְיָא לְעֵילָא וְתַתָּא. דָּא אִתְפָּרַשׁ לְסִטְרֵיהּ, וְדָא אִתְפָּרַשׁ לְסִטְרֵיהּ. דָּא דִּיּוּרֵיהּ בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא, וְדָא דִּיּוּרֵיהּ בְּטוּרָא דְשֵׂעִיר. דִּכְתִיב, (בראשית כ״ה:כ״ז) אִישׁ יוֹדֵעַ צַיִד אִישׁ שָׂדֶה. דָּא אַתְרֵיהּ בְּאֲתַר דְּמִדְבָּרָא וְחָרְבָא וּשְׁמָמָה, וְדָא יוֹשֵׁב אֹהָלִים. וְכֹלָּא כְּגַוְונָא דְאִצְטְרִיךְ.

וּבְגִין כָּךְ תְּרֵין דַּרְגִּין אִינוּן, בָּרוּךְ וְאָרוּר, דָּא לְסִטְרֵיהּ וְדָא לְסִטְרֵיהּ. מֵהַאי נָפְקִין כָּל בִּרְכָאן דְּעָלְמִין לְעֵילָא וְתַתָּא וְכָל טִיבוּ וְכָל נְהִירוּ וְכָל פּוּרְקָן וְכָל שֵׁזָבוּתָא. וּמֵהַאי נָפְקִין כָּל לְוָוטִין וְכָל חַרְבָּא וְכָל דָּמָא וְכָל שְׁמָמָא וְכָל בִּישִׁין וְכָל מְסָאֲבוּ דְעָלְמָא.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים כ״ו:ו׳) אֶרְחַץ בְּנִקָּיוֹן כַּפָּי וַאֲסוֹבְבָה אֶת מִזְבַּחֲךָ יְיָ, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, רָזָא דְמִלָּה הָכָא, דְּהָא לֵית לָךְ בַּר נָשׁ בְּעַלְמָא דְּלָא טָעִים טַעְמָא דְמוֹתָא בְּלֵילְיָא, וְרוּחַ מְסָאֲבָא שַׁרְיָא עַל הַהוּא גוּפָא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּנִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא אִסְתַּלְּקַת מִנֵּיהּ דְּבַר נָשׁ, וְנָפְקַת מִנֵּיהּ. וְעַל דְּנִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא נָפְקַת וְאִסְתַּלְּקַת מִנִּיהּ, שַׁרְיָא רוּחָא מְסָאֲבָא עַל הַהוּא גוּפָא וְאִסְתָּאַב.

וְכַד נִשְׁמָתָא אִתְהַדְּרַת לְגוּפָא, אִתְעֲבַר הַהוּא זוּהֲמָא. וְהָא אִתְּמָר דִּידוֹי דְּבַר נָשׁ זוּהֲמָא דִמְסָאֲבוּ אִשְׁתָּאַר בְּהוּ. וְעַל דָּא לָא יַעֲבָר יְדוֹי עַל עֵינוֹי, בְּגִין דְּהַהוּא רוּחַ מְסָאֲבָא שַׁרְיא עֲלוֹי, עַד דְּנָטִיל לוֹן. וְכַד נָטִיל יְדוֹי כְּדְקָא חָזֵי, כְּדֵין אִתְק3ַדּשׁ וְאִקְרֵי קָדוֹשׁ.

וְהֵיךָ בָּעֵי לְאִתְקַדְּשָׁא. בָּעֵי חַד כְּלִי לְתַתָּא וְחַד כְּלִי מִלְּעֵילָא, בְּגִין דְּיִתְקַדַּשׁ מֵהַהוּא דִלְעֵילָא. וְהַהוּא דִלְתַתָּא דְּיָתִיב בְּזוּהֲמָא דִּמְסָאֲבוּ בֵּיהּ. וְדָא כְּלִי לְקַבְּלָא מְסָאֲבוּ, וְדָא לְאִתְקַדְּשָׁא מִנֵּיהּ, דָּא בָּרוּךְ וְדָא אָרוּר. וְלָא בָּעְיָין אִינוּן מַיִין דְּזוּהֲמָא לְאוֹשְׁדָא לוֹן בְּבֵיתָא, דְּלָא יִקְרַב בְּהוּ בַּר נָשׁ. דְּהָא בְּהוּ מִתְכַּנְּשֵׁי סִטְרָא דִלְהוֹן, יָכִיל לְקַבְּלָא נִזְקָא מֵאִינוּן מַיִין מְסָאֲבִין.

וְעַד דְּיִתְעֲבַר זוּהֲמָא מִן יְדוֹי לָא יְבָרֵךְ, וְאוֹקִימְנָא. וּבְגִין כָּךְ, בַּר נָשׁ עַד לָא יְקַדֵּשׁ יְדוֹי בְּצַפְרָא, אִקְרֵי טָמֵא. כֵּיוָן דְּאִתְקַדַּשׁ אִקְרֵי טָהוֹר. וּבְגִין כָּךְ לָא יִטּוֹל אֶלָּא מִן יְדָא דְּאִדְכֵּי בְּקַדְמִיתָא. דִּכְתִיב, (במדבר י״ט:י״ט) וְהִזָּה הַטָּהוֹר עַל הַטָּמֵא. דָּא אִקְרֵי טָהוֹר, וְדָא אִקְרֵי טָמֵא.

בְּגִין כָּךְ חַד כְּלִי לְעֵילָא וְחַד כְּלִי לְתַתָּא, דָּא קַדִּישָׁא וְדָא מְסָאֲבָא. וּמֵאִינוּן מַיִין אָסִיר לְמֶעְבַּד בְּהוּ מִידִי, אֶלָּא בָּעֵי לְאוֹשְׁדָא לוֹן בְּאֲתַר דִּבְנֵי נָשָׁא לָא עָבְרִין עֲלַיְיהוּ, וְלָא יָבִית לוֹן בְּבֵיתָא. דְּהָא כֵּיוָן דְּאִתּוֹשְׁדָן בְּאַרְעָא, רוּחָא מְסָאֲבָא אִשְׁתַּכַּח תַּמָּן וְיָכִיל לְנַזְקָא. וְאִי חָפַר לוֹן מִדְרוֹן תְּחוֹת אַרְעָא דְּלָא יִתְחֲזוּן שַׁפִּיר.

וְלָא יָהִיב לוֹן לִנְשֵׁי חֳרָשַׁיָא דְּיִכְלוּן לְאַבְאָשָׁא בְּהוּ לִבְנִי נָשָׁא. בְּגִין דְּאִינוּן מַיִין דְּאִתְלַטְיָין, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעֵי לְדַכָּאָה לוֹן לְיִשְׂרָאֵל וּלְמֶהֱוֵי קַדִּישִׁין. דִּכְתִיב, (יחזקאל ל״ו:כ״ה) וְזָרַקְתִּי עֲלֵיכֶם מַיִם טְהוֹרִים וּטְהַרְתֶּם מִכֹּל טֻמְאוֹתֵיכֶם וּמִכָּל גִּלּוּלֵיכֶם אֲטַהֵר אֶתְכֶם:

וַיִּקָּחֻהוּ וַיַּשְׁלִכוּ אֹתוֹ הַבֹּרָה וְהַבּוֹר רֵק אֵין בּוֹ מָיִם. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים י״ט:ח׳) תּוֹרַת יְיָ תְּמִימָה מְשִׁיבַת נָפֶשׁ (מאן דבטיל מילי דאורייתא כאילו חריב עלמא שלים). כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לֶהוֵי לֵיהּ חַיִּים בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי, וְזָכֵי בִּתְרֵין עָלְמִין. וְאֲפִילּוּ מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא וְלָא יִשְׁתַּדַּל בָּהּ לִשְׁמָהּ כְּדְקָא יָאוֹת, זָכֵי לְאֲגַר טַב בְּעַלְמָא דֵין, וְלָא דָיְינִין לֵיהּ בְּהַהוּא עַלְמָא.

וְתָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (משלי ג׳:ט״ז) אֹרֶךְ יָמִים בִּימִינָהּ בִּשְׂמֹאלָהּ עשֶׁר וְכָבוֹד. אֹרֶךְ יָמִים בְּהַהוּא דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמָהּ, דְּאִית לֵיהּ אֹרֶךְ יָמִים בְּהַהוּא עַלְמָא דְּבֵיהּ אוֹרְכָא דְיוֹמִין. וְאִינוּן יוֹמִין אִינוּן יוֹמִין וַדַּאי, תַּמָּן אִיהוּ רָחֲצָנוּ דִקְדוּשָׁא דִלְעֵילָא דְּאִתְרְחִיץ בַּר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, לְאִתְתַּקְּפָא בְּהַהוּא עַלְמָא
(Ⅰ)
[185b]  
[...] car, si l’homme est juste, le Saint, béni soit-il, fera un miracle en sa faveur, et les serpents et les scorpions ne le lèseront pas ; parfois aussi c’est le mérite des ancêtres qui vaut à l’homme un tel miracle ; mais peu nombreux sont ceux qui échappent à la persécution de leurs ennemis. C’est pourquoi Ruben espérait pouvoir un jour rendre Joseph à son père, tout en le jetant dans la citerne remplie de serpents et de scorpions, ce qu’il n’aurait pu espérer s’il l’avait exposé à la haine de ses frères.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Il avait le dessein de le tirer de leurs mains. » Car il ne se préoccupait que d’une chose : celle de l’arracher aux mains de ses frères, au risque même de le laisser mourir dans la citerne.
Remarquez combien grande était l’équité de Ruben. Il savait que quand Siméon et Lévi se liguaient ensemble, c’était toujours en vue de commettre un acte de rigueur. Lors de leur ligue contre Sichem, ils ne se sont pas contentés de tuer tous les mâles, mais ils emportèrent encore les femmes, les enfants, l’argent, l’or, le bétail et tous les objets précieux, et non seulement de la ville, mais aussi des champs, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXIV, 28) : « Ils prirent les brebis, les bœufs et les ânes des habitants de la ville et de ceux de la campagne. » Or, Ruben se dit : S’ils ont traité avec une telle rigueur une si grande ville, à plus forte raison seront-ils sans pitié envers ce jeune enfant dont ils ne laisseront subsister un seul morceau de chair. Aussi Ruben préféra-t-il que l’enfant fût jeté dans la citerne, ou du moins son corps resterait intact pour être rendu mort à son père, ce qui n’aurait pas été le cas si ses frères l’avaient traité à leur gré. C’est pourquoi, en revenant chez ses frères, Ruben s’écria (Gen., XXXVII, 30) : « L’enfant n’est plus, que deviendrai-je ? » Il n’a pas dit : l’enfant n’est plus vivant ; car il craignait que le corps n’existât plus ni vivant ni mort.
Remarquez avec combien de sagesse Ruben avait procédé. Il disait à ses frères : « Ne le tuons pas », mais non pas : « Ne le tuez pas. » Il leur faisait ainsi croire qu’il était en quelque sorte de connivence avec eux. Ruben n’était pas là au moment où ses frères ont vendu Joseph. Chacun des fils de Jacob avait un jour fixé pour donner des soins au père ; or, ce jour-là, c’était le tour de Ruben.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Ruben, les ayant entendus parler ainsi, tâchait de le tirer d’entre leurs mains. » Il voulait que Joseph fût épargné par ses frères le jour de son absence. Aussitôt après qu’il eut donné les soins à son père, il revint près de ses frères, ainsi qu’il est écrit : « Ruben étant retourné à la citerne, et n’y ayant pas trouvé l’enfant, déchira ses vêtements et dit à, ses frères : l’enfant n’est plus. » Ruben voulait dire : il n’est plus ni vivant ni mort. Ruben ne savait pas que Joseph avait été vendu ; car, ainsi que nous l’avons déjà dit (49), les fils de Jacob avaient associé la Schekhina au serment qu’ils prêtèrent de garder secrète la vente de Joseph.
Aussi Ruben n’apprit-il la vente de Joseph que le jour où celui-ci se fit connaître à ses frères. Voyez combien grande était la faveur qu’a valu à Ruben l’acte d’avoir voulu sauver Joseph, car l’Écriture (Deut., XXXIII, 6) dit : « Que Ruben vive et qu’il ne meure pas. » Bien que Ruben sût que le droit d’aînesse lui serait ôté pour être accordé à Joseph, il ne laissa pas de s’efforcer de lui sauver la vie ; c’est pourquoi Moïse pria pour lui : « Que Ruben vive et qu’il ne meure pas. » Cela veut dire : « Qu’il vive dans ce monde et qu’il ne meure pas dans le monde futur. » Et pourquoi ? - D’abord parce qu’il s’était efforcé de sauver Joseph, et ensuite parce qu’il avait fait pénitence (50) ; car le Saint, béni soit-il, soutient, et dans ce monde et dans le monde futur, tous ceux qui font pénitence.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XXXVII, 21) dit : « Et ils prirent la chemise de Joseph et la trempèrent dans le sang d’un chevreau qu’ils avaient tué. » On a donné pour raison de cet acte l’affinité du sang humain avec le sang du chevreau. Mais remarquez que le Saint, béni soit-il, est très méticuleux (51) dans ses jugements à l’égard des justes. Certes, Jacob avait bien fait d’offrir à son père un chevreau qui est l’image de la Rigueur, et qui correspond au côté d’Isaac. Mais, comme il avait trompé son père et lui avait causé des frayeurs, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 33) : « Et Isaac fut saisi de frayeur », Dieu le punit en lui inspirant également de la frayeur à la vue du sang d’un chevreau. [...]
- בִּשְׂמֹאלָהּ עוֹשֶׁר וְכָבוֹד, אֲגַר טַב וְשַׁלְוָה אִית לֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא.

וְכָל מַאן דְּיִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמָהּ, כַּד נָפִיק מֵהַאי עַלְמָא, אוֹרַיְיתָא אָזְלָא קַמֵּיהּ וְאַכְרָזַת קַמֵּיהּ וְאֲגִינַת עֲלֵיהּ, דְּלָא יִקְרְבוּן בַּהֲדֵיהּ מָארֵיהוֹן דְּדִינָא. כַּד שָׁכִיב גּוּפָא בְּקִבְרָא, הִיא נָטְרַת לֵיהּ. כַּד נִשְׁמָתָא אָזְלָא לְאִסְתַּלְּקָא לְמֵיתַב לְאַתְרָהּ, אִיהִי אָזְלָא קַמָּהּ דְּהַהִיא נִשְׁמָתָא. וְכַמָּה תַּרְעִין אִתָּבְרוּ מִקַּמָּהּ דְּאוֹרַיְיתָא עַד דְּעָאלַת לְדוּכְתָּהּ. וְקָיְימָא עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ עַד דְּיִתְעַר בְּזִמְנָא דִּיקוּמוּן מֵתַיָיא דְעַלְמָא, וְאִיהִי מַלְפָא סַנֵּיגוֹרָא עֲלֵיהּ.

הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (משלי ו׳:כ״ב) בְּהִתְהַלֶּכְךָ תַּנְחֶה אֹתָךְ בְּשָׁכְבְּךָ תִּשְׁמֹר עָלֶיךָ וַהֲקִיצוֹתָ הִיא תְשִׂיחֶךָ. בְּהִתְהַלֶּכְךָ תַּנְחֶה אֹתָךְ, כְּמָה דְאִתְּמָר. בְּשָׁכְבְּךָ תִּשְׁמֹר עָלֶיךָ, בְּשַׁעְתָּא דְּשָׁכִיב גּוּפָא בְּקִבְרָא, דְּהָא כְּדֵין בְּהַהוּא זִמְנָא אִתְדָּן גּוּפָא בְּקִבְרָא וּכְדֵין אוֹרַיְיתָא אֲגִינַת עֲלֵיהּ. וַהֲקִיצוֹתָ הִיא תְשִׂיחֶךָ כְּמָא דְאִתְּמָר בְּזִמְנָא דְּיִתְעָרוּן מֵתֵי עַלְמָא מִן עַפְרָא. הִיא תְשִׂיחֶךָ לְמֶהֱוֵי סַנֵּיגוֹרְיָא עֲלָךְ.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, הִיא תְשִׂיחֶךָ. מַאי הִיא תְשִׂיחֶךָ. בְּגִין דְּאַף עַל גַּב דְּהַשְׁתָּא יְקוּמוּן מֵעַפְרָא, אוֹרַיְיתָא לָא יִתְנְשֵׁי מִנְּהוֹן. דְּהָא כְּדֵין יִנְדְּעוּן כָּל הַהִיא אוֹרַיְיתָא דְּשָׁבְקוּ כַּד אִסְתַּלְקוּ מֵהַאי עַלְמָא, הַהִיא אוֹרַיְיתָא נְטִירָא מֵהַהוּא זִמְנָא וְתִיעוּל בְּמֵעַיְיהוּ כְּמִלְּקַדְּמִין וְאִיהִי תְּמַלֵּל בְּמֵעַיְיהוּ.

וְכָל מִלִּין מִתְתַּקְּנָן יַתִּיר מִכְּמָה דְּהֲווּ בְּקַדְמִיתָא, דְּהָא כָּל אִינוּן מִלִּין דְּאִיהוּ לָא יָכִיל לְאַדְבָּקָא לוֹ כְּדְקָא יָאוֹת וְאִיהוּ אִשְׁתַּדַּל בְּהוּ וְלָא אִתְדָּבַּק בְּהוּ. כֻּלְּהוּ עָאלִין בְּמֵעוֹי מִתְתַּקְנָן, וְאוֹרַיְיתָא תְּמַלֵּל בֵּיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַהֲקִיצוֹתָ הִיא תְשִׂיחֶךָ. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, כְּגַוְונָא דָא כָּל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא בְּהַאי עַלְמָא, זָכֵי לְאִשְׁתַּדְּלָא בָּהּ לְעַלְמָא דְאָתֵי וְהָא אִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, הַהוּא בַר נָשׁ דְּלָא זָכֵי לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּהַאי עַלְמָא בְּאוֹרַיְיתָא, וְאִיהוּ אָזִיל בְּחֲשׁוֹכָא, כַּד נָפִיק מֵהַאי עַלְמָא, נָטְלִין לֵיהּ וְעָאלִין לֵיהּ לַגֵּיהִנֹּם, אֲתַר תַּתָּאָה דְּלָא יְהֵא מְרַחֵם עֲלֵיהּ, דְּאִקְרֵי בּוֹר שָׁאוֹן טִיט הַיָּוֵן. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים מ׳:ג׳) וַיַּעֲלֵנִי מִבּוֹר שָׁאוֹן מִטִּיט הַיָּוֵן וַיָּקֶם עַל סֶלַע רַגְלָי כּוֹנֵן אֲשׁוּרָי.

וּבְּגִין כָּךְ הַהוּא דְּלָא אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא בְּהַאי עַלְמָא וְאִתְטַנַּף בְּטִנּוּפֵי עַלְמָא, מַה כְּתִיב וַיִּקָּחֻהוּ וַיַּשְׁלִיכוּ אֹתוֹ הַבּוֹרָה. דָּא הוּא גֵּיהִנֹּם, אֲתַר דְּדַיְינִין לְהוּ לְאִינוּן דְּלָא אִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא. וְהַבּוֹר רֵק, כְּמָה דְאִיהוּ הֲוָה רֵק. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּלָא הֲוָה בֵּיהּ מַיִם.

וְתָא חֲזֵי, כַּמָּה הוּא עוֹנְשָׁא דְּאוֹרַיְיתָא, דְּהָא לָא אִתְגָּלוּ יִשְׂרָאֵל מֵאַרְעָא קַדִּישָׁא, אֶלָּא בְּגִין דְּאִסְתַּלָּקוּ מֵאוֹרַיְיתָא, וְאִשְׁתְּבָקוּ מִינָהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ירמיהו ט׳:י״א) מִי הָאִישׁ הֶחָכָם וְיָבֵן אֶת זֹאת וְגו' עַל מַה אָבְדָה הָאָרֶץ וְגו'. וַיֹּאמֶר יְיָ עַל עָזְבָם אֶת תּוֹרָתִי וְגו'. רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, מֵהָכָא, (ישעיהו ה׳:י״ג) לָכֵן גָּלָה עַמִּי מִבְּלִי דָעַת.

בְּגִין כָּךְ כֹּלָּא קָיְימָא עַל קִיּוּמָא דְאוֹרַיְיתָא, וְעַלְמָא לָא אִתְקְיַּים בְּקִיּוּמֵיהּ אֶלָּא בְּאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהוּ קִיּוּמָא דְעָלְמִין עֵילָא וְתַתָּא דִּכְתִיב, (ירמיהו ל״ג:כ״ה) אִם לא בְרִיתִי יוֹמָם וָלַיְלָה חֻקּוֹת שָׁמַיִם וָאָרֶץ לא שָׂמְתִּי:

וַיִּקָּחֻהוּ וַיַּשְׁלִיכוּ אוֹתוֹ הַבּוֹרָה, רָמַז עַל דְּאַרְמִיאוּ לֵיהּ לְגוֹ מִצְרָאֵי אֲתַר דְּלָא אִשְׁתַּכַּח רָזָא דִמְהֵימְנוּתָא כְּלָל. רִבִּי יִצְחָק אָמַר, אִי נְחָשִׁין וְעַקְרַבִּין הֲווּ בֵּיהּ, אַמַּאי כְּתִיב בִּרְאוּבֵן לְמַעַן הַצִּיל אוֹתוֹ מִיָּדָם לַהֲשִׁיבוֹ אֶל אָבִיו. וְכִי לָא חַיִּישׁ רְאוּבֵן לְהַאי. דְּהָא אִינוּן נְחָשִׁין וְעַקְרַבִּין יְנַזְקוּן לֵיהּ, וְאֵיךְ אָמַר לַהֲשִׁיבוֹ אֶל אָבִיו, וּכְתִיב לְמַעַן הַצִּיל אוֹתוֹ.

אֶלָּא חָמָא רְאוּבֵן דְּנִזְקָא אִשְׁתַּכַּח בִּידַיְיהוּ דְּאֲחוֹי, בְּגִין דְּיָדַע כַּמָּה שָׂנְאִין לֵיהּ וּרְעוּתָא דִלְהוֹן לְקָטְלָא לֵיהּ. אָמַר רְאוּבֵן, טַב לְמִנְפַּל לֵיהּ לְגוֹ גּוֹבָא דִּנְחָשִׁין וְעַקְרַבִּין, וְלָא יִתְמְסַר בִּידָא דְּשַׂנְאוֹי דְּלָא מְרַחֲמֵי עֲלֵיהּ. מִכָּאן אָמְרוּ יַפִּיל בַר נָשׁ גַּרְמֵיהּ לְאֶשָׁא אוֹ לְגוּבָא דִּנְחָשִׁין וְעַקְרַבִּין, וְלָא יִתְמַסַּר בִּידָא דְּשַׂנְאוֹי (דזעירין אינון דיכלי
(Ⅰ)
[186a]  
[...] Rabbi Hiyâ trouve encore une analogie entre ces deux faits : là, il est écrit (Gen., XXVII, 21) : « Est-ce toi mon fils Esaü, ou non ? » ; et ici (Gen., XXXI, 32) l’Écriture dit : « Reconnais si c’est la chemise de ton fils ou non. » Ainsi le Saint, béni soit-il, est méticuleux dans ses jugements à l’égard des justes, chez lesquels il proportionne la peine à la faute commise.
Rabbi Abba dit : Lorsque les fils de Jacob virent la douleur qu’éprouvait leur père, ils se repentirent de leur acte et résolurent de racheter Joseph, si jamais ils pouvaient le retrouver ; mais voyant qu’ils ne pouvaient y parvenir, ils tournèrent leurs récriminations contre Juda et le destituèrent ; car celui-ci avait été leur roi. Aussitôt que Juda fut destitué par ses frères de sa royauté, l’Ecriture (Gen., XXXVIII, 1) ajoute : « En ce même temps, Juda quitta ses frères et vint chez un homme d’Odollam, qui s’appelait Hira. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XVIII, 14) : « Le Seigneur a tonné du ciel ; le Très Haut a fait entendre sa voix et il a fait tomber de la grêle et des charbons de feu. » Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il l’appuya sur sept colonnes qui, toutes, sont soutenues par une seule, ainsi qu’il est écrit (Prov., IX, 1 : « La Sagesse s’est bâti une maison ; elle a taillé sept colonnes. » Ces sept colonnes sont toutes soutenues par une seule d’entre elles qui est appelée (Prov., X, 25) « le Juste, le Fondement du monde ». C’est par cette colonne que le monde a été créé, et c’est par elle qu’il subsiste ; elle constitue le point du milieu entre les sept autres colonnes. Et qui est cette colonne ? - C’est Sion, ainsi qu’il est écrit (Ps., L, 1) : « Psaume d’Asaph. Le Seigneur (El), le Seigneur (Élohim), le Seigneur (Jéhovah) a parlé et il a appelé la terre depuis le lever du soleil jusqu’à son couchant. » Et L’Écriture ajoute : « C’est de Sion que vient tout l’éclat de sa beauté ; c’est de là qu’Élohini éclairera la terre. » C’est de Sion que vient la Foi parfaite ; c’est Sion qui est le point central du monde et d’où tout le monde tire sa nourriture.
Remarquez que l’Écriture dit : « Le Seigneur a tonné du ciel, le Très Haut a fait entendre sa voix... » Du moment que l’Écriture a déjà dit : « Le Seigneur a tonné du ciel... », pourquoi répéter : « ... Le Très Haut a fait entendre sa voix » ? Mais ici est enfermé le mystère de la Foi. Nous avons déjà dit que Sion constitue la base et la beauté du monde et que le monde en tire sa nourriture. Car ce sont deux degrés qui ne sont qu’un ; l’un est appelé « Sion », l’autre « Jérusalem » ; de l’un émane la Rigueur, de l’autre émane la Clémence. Mais tous les deux ne font qu’Un. D’ici émane la Rigueur, de là la Clémence. Du Très Haut sortit un Verbe qui fut entendu. Après que ce Verbe fut sorti et fut entendu, les Rigueurs furent écartées et la Clémence mêlée à la Rigueur se répandit dans le monde.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Le Seigneur a tonné du ciel. » Ces paroles désignent la Rigueur mêlée à la Clémence. Mais le Très Haut était introuvable et inconnu au monde. Aussi l’Écriture ajoute-t-elle : « Le Très Haut a fait entendre sa voix. » Et aussitôt que le Verbe a retenti, « la grêle et les charbons de feu sont tombés ». « La grêle et les charbons de feu » désignent l’eau et le feu, la Clémence mèlée à la Rigueur.
Remarquez qu’à la naissance de Juda l’Écriture (Gen., XXIX, 35) dit : « ... Et elle cessa d’avoir des enfants. » Car il était le complément des quatre pieds du trône. Mais après la vente de Joseph, l’Écriture (Gen., XXXVIII, 1) dit : « En ce même temps, Juda quitta ses frères, etc. », paroles qui indiquent (52) qu’il avait été le roi de ses frères et que ceux-ci l’avaient ensuite destitué. Et pourquoi ? - Pour avoir fait descendre Joseph en Égypte, ainsi que nous l’avons déjà dit.
Il est écrit (Gen., XXXVIII, 2) : « Et il vit en ce lieu la fille d’un homme chananéen, nommé Sué ; et il l’épousa et vécut avec elle. » Cet homme était-il chananéen ? Mais les collègues l’ont déjà expliqué.
L’Écriture ajoute : « Elle conçut et enfanta un fils, qu’il nomma Her. » Juda avait trois fils, dont un seul est resté en vie ; et son nom était Sela. Rabbi Éléazar, Rabbi Yossé et Rabbi Hiyâ firent une fois un voyage ensemble. Rabbi Yossé dit à Rabbi Éléazar : Pourquoi, chez les enfants de Juda, l’Écriture dit-elle du premier enfant « Il l’appela Her », alors que des deux autres enfants elle dit « Elle le nomma Onan... », et plus loin : « Elle le nomma Sela... » ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Dans cette section de l’Écriture, se trouve caché un mystère suprême.
Remarquez que l’Écriture se sert du terme : « Et Juda descendit... » ; car il était descendu du degré de la sainteté pour s’attacher au serpent. C’est pourquoi son premier fils avait le nom de « Her » composé des mêmes lettres que le mot « Ra (53) » (mauvais) ; car il était issu du côté de l’esprit du mal.
C’est pourquoi l’Écriture dit « eth schemo », au lieu de « schemo » seul [...]
- לאשתזבא. ובגין כך אמר למען הציל אותו מידם).

בְּגִין דְּהָכָא אֲתַר דִּנְחָשִׁים וְעַקְרַבִּים. אִי אִיהוּ צַדִּיקָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַרְחִישׁ לֵיהּ נִיסָא. וּלְזִמְנִין דִּזְכוּ דְּאֲבָהָן מְסַיְיעִין לֵיהּ לְבַר נָשׁ וְיִשְׁתְּזִיב מִנַּיְיהוּ. אֲבָל כֵּיוָן דְּיִתְמַסַּר בִּידָא דְּשַׂנְאוֹי, זְעִירִין אִינוּן דְּיָכְלִין לְאִשְׁתְּזָבָא.

וּבְגִין כָּךְ אָמַר, לְמַעַן הַצִּיל אוֹתוֹ מִיָּדָם. מִיָּדָם דַּיְיקָא, וְלָא כְּתִיב לְמַעַן הַצִּיל אוֹתוֹ וְתוּ לָא. אֶלָּא אָמַר רְאוּבֵן, יִשְׁתְּזִיב מִן יְדַיְיהוּ, וְאִי יְמוּת בְּגוּבָא יְמוּת. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וַיִּשְׁמַע רְאוּבֵן וַיַּצִּילֵהוּ מִיָּדָם.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה חֲסִידוּתֵיהּ דִּרְאוּבֵן, דִּבְגִין דְּיָדַע דְּשִׁמְעוֹן וְלֵוִי שׁוּתְּפוּתָא וַחֲכִימוּתָא וְחַבְרוּתָא דִּלְהוֹן, קַשְׁיָא אִינוּן. דְּכַד אִתְחַבָּרוּ בִּשְׁכֶם, קָטְלוּ כָּל דְּכוּרָא (ס''א ל''ג והא דקטלו כל דכורא) לָא דַי לוֹן. אֶלָּא דְּנָטְלִין נָשִׁין וָטַף וְכַסְפָּא וְדַהֲבָא וְכָל בְּעִירֵי וְכָל מָאנֵי דִיקָר וְכָל מַאן דְּאִשְׁתַּכַּח בְּקַרְתָּא. וְלָא דַי כָּל דָא, אֶלָּא דְּאָפִילּוּ כָּל מַה דִּבְחַקְלָא נָטְלוּ. דִּכְתִיב, (בראשית לה) וְאֶת אֲשֶׁר בָּעִיר וְאֶת אֲשֶׁר בַּשָּׂדֶה לָקָחוּ.

אָמַר, וּמַה קַּרְתָּא רַבָּתָא כִּי הַאי לָא אִשְׁתְּזִיב מִנְּהוֹן, אִלְמָלֵא רַבְיָא דָא יִפּוֹל בִּידַיְיהוּ, לָא יַשְׁאֲרוּן מִנֵּיהּ אוּמְצָא בְּעַלְמָא. וְעַל דָּא אָמַר, טַב לְאִשְׁתְּזָבָא מִנַּיְיהוּ דְּלָא יַשְׁאֲרוּן מִנֵּיהּ אִשְׁתָּאֲרוּתָא בְּעַלְמָא, וְלָא יֶחמֵי אַבָּא מִנֵּיהּ כְּלוּם לְעָלְמִין.

וְהָכָא אִי יְמוּת, לָא יָכְלִין לֵיהּ וְיִשְׁתָּאַר כָּל גּוּפֵיהּ שְׁלִים, וַאֲתִיב לֵיהּ לְאַבָּא שְׁלִים. וְעַל דָּא לְמַעַן הַצִּיל אוֹתוֹ מִיָּדָם לַהֲשִׁיבוֹ אֶל אָבִיו, אַף עַל גַּב דִּימוּת הָתָם. וּבְגִין כָּךְ אָמַר הַיֶּלֶד אֵינֶנּוּ. וְלָא אָמַר אֵינְנּוּ חַי, אֶלָּא אָמַר אֵינֶנּוּ, אֲפִילּוּ מֵת.

תָּא חֲזֵי, מַאי דְּעֲבַד, דְּאִיהוּ בְּחָכְמְתָא הֲוָה שַׁתִּיף גַּרְמֵיהּ בַּהֲדַיְיהוּ, דִּכְתִיב לא נַכֶּנּוּ נָפֶשׁ, וְלָא כְּתִיב לָא תַכּוּהוּ. וְאִיהוּ לָא הֲוָה תַּמָּן כַּד אִזְדַּבַּן יוֹסֵף, דְּהָא כֻּלְּהוּ מְשַׁמְּשֵׁי לַאֲבוּהוֹן כָּל חַד וְחַד יוֹמָא חַד. וְהַהוּא יוֹמָא דִרְאוּבֵן הֲוָה. וְעַל דָּא בָּעָא דִּבְהַהוּא יוֹמָא דְּהֲוָה שִׁמּוּשָׁא דִילֵיהּ לָא יִתְאֲבִיד יוֹסֵף. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וַיָּשָׁב רְאוּבֵן אֶל הַבּוֹר וְהִנֵּה אֵין יוֹסֵף בַּבּוֹר וַיִּקְרַע אֶת בְּגָדָיו. וְהִנֵה אֵין יוֹסֵף דַּיְיקָא. אֲפִילּוּ (חי או) מִית, מִיָּד וַיָּשָׁב אֶל אֶחָיו וַיֹּאמֶר הַיֶּלֶד אֵינֶנּוּ.

וְאֲפִילּוּ רְאוּבֵן לָא יָדַע מֵהַהוּא זְבִינָא דְיוֹסֵף, וְהָא אוּקְמוּהָ דְּאִשְׁתַּתִּיף בְּהוּ שְׁכִינְתָּא, וְעַל דָּא לָא יָדַע רְאוּבֵן מֵהַהוּא זְבִינָא דְיוֹסֵף וְלָא אִתְגַלְיָיא לֵיהּ עַד הַהוּא זִמְנָא דְּאִתְגְּלֵי יוֹסֵף לַאֲחוֹהִי.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה גָּרִים לֵיהּ לִרְאוּבֵן בְּגִין דְּאִיהוּ אִשְׁתַּדַּל לְאַחֲיָיא לֵיהּ לְיוֹסֵף, מַה כְּתִיב, (דברים ל״ג:ו׳) יְחִי רְאוּבֵן וְאַל יָמוֹת וְגו'. דְּהָא בְּגִין דָּא, אַף עַל גַּב דְּיָדַע דְּאִשְׁתְּקִיל בְּכֵירוּתֵיהּ מִנֵּיהּ וְאִתְיְהִיב לְיוֹסֵף, אִשְׁתַּדַּל לְאֲחַיָיא לֵיהּ, וְצַלֵּי משֶׁה וְאֲמַר יְחִי רְאוּבֵן וְאַל יָמוֹת, וְאִתְקְיַּים בְּעַלְמָא דֵין וְאִתְקְיַּים בְּעַלְמָא דְאָתֵי. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דָּא, וּבְגִין דְּעֲבַד תְּשׁוּבָה מֵהַהוּא עוֹבָדָא. דְּכָל מַאן דְּעָבִיד תְּשׁוּבָה, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קַיַּים לֵיהּ בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.

תָּא חֲזֵי מַה כְּתִיב, וַיִּקְחוּ אֶת כְּתֹנֶת יוֹסֵף וְגו', הָא אוּקְמוּהָ דִּבְגִין דְּדָמָא דְּשָׂעִיר דַּמְיָא לְדָמָא דְבַר נָשׁ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, אַף עַל גַּב דְּמִלָּה אַתְיָא כְּדְקָא חָזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְדַקְדֵּק בְּהוּ בְּצַדִּיקַיָיא אֲפִילּוּ כְּחוּט הַשַּׂעֲרָה.

יַעֲקֹב עָבַד עוֹבָדָא כְּדְקָא יָאוֹת. בְּמַאי, בְּגִין דְּאַקְרִיב לְגַבּוֹי אֲבוֹי שָׂעִיר, דְּאִיהוּ סִטְרָא דְּדִינָא קַשְׁיָא. וְעִם כָּל דָּא, בְּגִין דְּאִיהוּ אַקְרִיב שָׂעִיר וְאַכְּחִישׁ לֵיהּ לְאֲבוֹי דְּאִיהוּ סִטְרָא דִילֵיהּ, אִתְעֲנַשׁ בְּהַאי שָׂעִיר אָחֳרָא, דְּאַקְרִיבוּ לֵיהּ בְּנוֹי דָמָא דִילֵיהּ.

בְּאִיהוּ כְּתִיב, (בראשית כ״ז:ט״ז) וְאֵת עוֹרוֹת גְּדָיֵי הָעִזִּים הִלְבִּישָׁה עַל יָדָיו וְעַל חֶלְקַת צַוָּארָיו, בְּגִין כָּךְ וַיִּטְבְּלוּ אֶת הַכֻּתֹּנֶת בַּדָּם, אַקְרִיבוּ לֵיהּ כֻּתּוֹנְתָּא לְאַכְּחָשָׁא לֵיהּ, וְכֹלָּא דָּא לָקֳבֵל דָּא, אִיהוּ גָּרִים דִּכְתִיב וַיֶּחרַד יִצְחָק חֲרָדָה גְדוֹלָה עַד מְאֹד, בְּגִין כָּךְ גָּרְמוּ לֵיהּ דְּחָרַד חֲרָדָה בְּהַהוּא זִמְנָא דִּכְתִיב הַכֶּר נָא הַכְּתֹנֶת בִּנְךָ הִיא אִם לֹא.
(Ⅰ)
[186b]  
[...] , alors que pour Jacob, l’Écriture (Gen., XXV, 26) dit « schemo » seulement, parce que c’était le Saint, béni soit-il, qui lui avait donné ce nom (54). Mais ici c’est l’esprit impur qui lui donna le nom de « Her. » La race de Juda ne fut réhabilitée qu’après la naissance de Sela. Ici, l’Écriture (Gen., XXXVIII, 7) dit : « Et Her, fils aîné de Juda, était un très méchant homme, et le Seigneur le frappa de mort. » Et ailleurs il est écrit (Gen., VIII, 21) : « ... Parce que l’esprit de l’homme et toutes les pensées de son cœur sont portées au mal dès sa jeunesse. » Ceci est écrit pour nous indiquer que le péché de la génération du déluge était de même nature que celui de Her.
Il est écrit (Gen., XXXVIII, 8) : «Et Juda dit à Onan : Epouse la femme de ton frère, et vis avec elle, afin que tu suscites des enfants à ton frère. » .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il estécrit (Is., XLI, 25) : «Je l’appellerai du Septentrion ; et il viendra de l’Orient ; il connaîtra la grandeur de mon nom ; il traitera les grands du monde comme la boue, et les foulera comme le potier foule l’argile sous ses pieds. » Remarquez combien insensés sont les hommes qui ne connaissent ni ne veulent étudier les voies du Saint, béni soit-il ; ils sont pareils à des hommes endormis qui ne savent ce qui se passe autour d’eux.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, forma l’homme sur le modèle d’en haut ; tout son organisme est fait d’après le modèle de la Sagesse éternelle. L’homme n’a pas un seul membre qui ne corresponde à une voie de la Sagesse éternelle. Et quand tous les membres du corps sont formés de manière convenable, le Saint, béni soit-il, leur associe l’âme sainte, afin qu’elle apprenne à l’homme à marcher dans la voie de la Loi et à en observer les commandements, afin qu’il devienne parfait. Aussi convient-il à l’homme d’agrandir (55) ici-bas le visage du Roi céleste, tant que l’âme est encore attachée au corps. C’est le mystère du fleuve qui coule toujours, et dont les eaux ne tarissent jamais. Aussi convient-il à l’homme d’imiter ce fleuve. céleste et de ne laisser jamais tarir sa source ici-bas. Tant que l’homme n’aura pas réussi à avoir des enfants dans ce bas monde, le Saint, béni soit-il, l’y fera revenir plusieurs fois, telle une plante qu’on arrache et qu’on transplante.
Remarquez que les paroles de l’Écriture (Is., XLI, 25) : « Je l’appellerai du Septentrion » désignent l’union de l’homme et de la femme en ce monde. Le corps émane du côté du Septentrion ; et l’âme sainte, que le Saint, béni soit-il, envoie d’en haut pour animer le corps des hommes, émane du fleuve céleste qui est du côté de l’Orient (56).
L’Écriture ajoute : « Il traitera les grands du monde comme la boue et les foulera comme le potier foule l’argile sous ses pieds. » Ces paroles désignent les forces célestes qui sont pour les âmes ce que les âmes sont ici-bas pour les corps. Les âmes, à leur retour dans la région céleste, seront animées des forces célestes, aussi supérieures à elles qu’elles l’étaient aux corps. De même que le Saint, béni soit-il, opère l’union entre l’époux et l’épouse ici-bas, de même il opère l’union des âmes sœurs en haut, pour qu’elles y engendrent d’autres âmes, animées elles-mêmes de ces forces sacrées qui leur sont supérieures. Pour que toutes les forces célestes trouvent des âmes à animer, il faut que le nombre de cellesci soit grand, et pour que le nombre de celles-ci soit grand, il faut que les corps se multiplient ici-bas ; de cette façon seulement la bénédiction est en haut et en bas.
C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, créa l’homme pour que celui-ci marche dans sa voie et, imitant l’exemple d’en haut, ne laisse jamais tarir sa source. Quiconque laisse tarir sa source est cause, - s’il est permis de s’exprimer ainsi, - que les eaux d’en haut tarissent également, ainsi qu’il est écrit (Job, XIV, 11) : « Les eaux de la mer se retirent ; les fleuves abandonnent leur lit et se sèchent. » Comme l’homme est formé ici-bas sur le modèle d’en haut, il s’ensuit que l’homme qui laisse tarir sa source et qui ne produit pas de fruits ici-bas, soit qu’il ne veuille pas prendre femme, soit qu’il prenne une femme incapable d’avoir des enfants, soit enfin qu’il cohabite avec sa femme de façon contre nature, commet un crime irréparable ; et c’est à lui que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Ecc., I, 15) : « La faute ne peut jamais plus être réparé. » Quand quelqu’un a pris femme et n’a pas réussi à avoir des enfants, son frère doit le racheter en épousant sa femme pour lui susciter une descendance (57). L’homme qui meurt sans laisser d’enfants ne participera pas au monde futur ; son âme ne pénétrera pas dans le parvis (58) céleste et son image sera effacée de la région où séjournent les âmes, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XXII, 3) : « Et cette âme périra devant moi ; car je suis le Seigneur. »
C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, a suscité à une telle âme [...]
- רִבִּי חִיָּיא אָמַר, בֵּיהּ כְּתִיב, (בראשית כז) הַאַתָּה זֶה בְּנִי עֵשָׂו אִם לֹא. לֵיהּ כְּתִיב, הַכְּתֹנֶת בִּנְךָ הִיא אִם לא. וּבְּגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְדַקְדֵּק בְּהוּ בְּצַדִּיקַיָא בְּכָל מַה דְּאִינוּן עָבְדִין.

רִבִּי אַבָּא אָמַר, (נ''א אמרז רבי אבא) כֵּיוָן דְּחָמוּ כֻּלְּהוּ שִׁבְטִין הַהוּא צַעֲרָא דְּאֲבוּהוֹן, אִתְנֶחָמוּ וַודַּאי, וִיהִיבוּ גַּרְמַיְיהוּ עֲלֵיהּ דְּיוֹסֵף, דְּיִפְדוּן לֵיהּ אִלְמָלֵא יִשְׁכְּחוּן לֵיהּ. כֵּיוָן דְּחָמוּ דְּלָא יָכִילוּ, אַהֲדָרוּ לְגַבֵּיהּ דִּיהוּדָה וְאַעֲבָרוּ לֵיהּ מֵעֲלַיְיהוּ, בְּגִין דְּאִיהוּ הֲוָה מַלְכָּא עֲלַיְיהוּ. (וכדין ס''א וכיון ד) אַעֲבָרוּהוּ מֵעֲלַיְיהוּ, מַה כְּתִיב, וַיְהִי בָּעֵת הַהִיא וַיֵּרֶד יְהוּדָה וְגו'.

רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאֲמַר, (תהלים יח) וַיַּרְעֵם בַּשָּׁמַיִם יְיָ וְעֶלְיוֹן יִתֵּן קוֹלוֹ בָּרָד וְגַחֲלֵי אֵשׁ. תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, אַתְקִין לֵיהּ שִׁבְעָה סְמָכִין עַל מַה דְּקָיְימָא, וְכֻלְּהוּ סְמָכִין קָיְימֵי בְּחַד סָמְכָא יְחִידָאי, וְהָא אוּקְמוּהָ. דִּכְתִיב, (משלי ט) חַכְמוֹת נָשִׁים בָּנְתָה בֵיתָהּ חָצְבָה עַמּוּדֶיהָ שִׁבְעָה. וְאִלֵּין כֻּלְּהוּ אִינוּן קָיְימֵי בְּחַד דַּרְגָּא מִנַּיְיהוּ דְּאִקְרֵי (משלי י) צַדִּיק יְסוֹד עוֹלָם.

וְעַלְמָא כַּד אִתְבְּרֵי, מֵהַהוּא אֲתַר אִתְבְּרֵי. דְּאִיהוּ שִׁכְלוּלָא דְּעַלְמָא, וְתִקּוּנוֹי. דְּאִיהוּ חַד נְקוּדָה דְעַלְמָא, וְאֶמְצָעִיתָא דְכֹלָּא. וּמַאן אִיהוּ, צִיּוֹן. דִּכְתִיב, (תהלים נ) מִזְמוֹר לְאָסָף אֵל אֱלֹהִים יְיָ דִּבֶּר וַיִּקְרָא אֶרֶץ מִמִּזְרַח שֶׁמֶשׁ עַד מְבוֹאוֹ. וּמֵאָן אֲתַר, מִצִּיּוֹן, דִּכְתִיב מִצִּיּוֹן מִכְלַל יוֹפִי אֱלֹהִים הוֹפִיעַ. מֵהַהוּא אֲתַר דְּאִיהוּ סִטְרָא דְּשִׁכְלוּלָא דִּמְהֵימְנוּתָא שְׁלֵימָתָא כְּדְקָא יְאוּת (והשתא (עי' קמא א כי שם מקומו) ישראל אתתקפו ביה ברזי דפקודי דאורייתא בגין דכל יומא ויומא אתתקף בר נש בציצית דאתעטף ביה). וְצִיּוֹן תַּקִּיפוּ וּנְקוּדָה דְּכָל עַלְמָא, וּמֵהַהוּא אֲתַר אִשְׁתַּכְלַל כָּל עַלְמָא וְאִתְעֲבִיד, וּמִגַּוֵּיהּ כָּל עַלְמָא אִתְּזָן.

וְתָּא חֲזֵי, וַיַּרְעֵם בַּשָּׁמַיִם יְיָ וְעֶלְיוֹן יִתֵּן קוֹלוֹ וְגו', כֵּיוָן דְּאָמַר וַיַּרְעֵם בַּשָּׁמַיִם יְיָ, אַמַּאי כְּתִיב וְעֶלְיוֹן יִתֵּן קוֹלוֹ. הָא (ס''א אלא) הָכָא רָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא, (ועל מה ס''א עלמא) דְּאֲמִינָא דְּצִיּוֹן אִיהוּ שִׁכְלוּלָא וְשַׁפִּירוּ דְּעַלְמָא, וְעַלְמָא מִנֵּיהּ אִתְּזָן. בְּגִין דִּתְרֵין דַּרְגִּין אִינוּן וְאִינוּן חַד, אִינוּן צִיּוֹן וִיְרוּשָׁלַם. דָּא דִינָא וְדָא רַחֲמֵי, וְתַרְוַיְיהוּ חַד, מֵהָכָא דִּינָא וּמֵהָכָא רַחֲמֵי.

מֵעֵילָא לְעֵילָא נָפְקָא קוֹל דְּאִשְׁתְּמַע, לְבָתַר דְּהַהוּא קוֹל נָפְקָא וְאִשְׁתְּמַע נָפְקֵי דִינִין וְאָרְחֵי דְּדִינָא, וְרַחֲמֵי נָפְקִין וּמִתְפָּרְשָׁן מִתַּמָּן. וַיַּרְעֵם בַּשָּׁמַיִם יְיָ, דָּא בֵּי דִינָא בְּרַחֲמֵי. וְעֶלְיוֹן, אַף עַל גַּב דְּלָא אִשְׁתַּכַּח וְלָא אִתְיְידַע, כֵּיוָן דְּהַהוּא קוֹל נָפִיק כְּדֵין אִשְׁתַּכַּח כֹּלָּא, דִּינָא וְרַחֲמֵי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְעֶלְיוֹן יִתֵּן קוֹלוֹ, כֵּיוָן דְּיִתֵּן קוֹלוֹ, כְּדֵין בָּרָד וְגַחֲלֵי אֵשׁ, מַיָא וְאֶשָׁא.

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְיְלִיד יְהוּדָה מַה כְּתִיב, (בראשית כט) וַתַּעֲמֹד מִלֶּדֶת, בְּגִין דְּדָא הוּא יְסוֹדָא רְבִיעָאָה מֵאִינוּן אַרְבַּע דְּאִינוּן רְתִיכָא עִלָּאָה, סַמְכָא חַד מֵאִינוּן אַרְבַּע סַמְכִין. מַה כְּתִיב בֵּיהּ, וַיְהִי בָּעֵת הַהִיא וַיֵּרֶד יְהוּדָה מֵאֵת אֶחָיו, דְּהֲוָה מַלְכָּא עֲלַיְיהוּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּיוֹסֵף נָחֲתוּ לֵיהּ לְמִצְרַיִם כִּדְקָאֲמָרָן:

וַיַּרְא שָׁם יְהוּדָה בַּת אִישׁ כְּנַעֲנִי. וְכִי כְּנַעֲנִי הֲוָה, אֶלָּא הָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָּיא. וַתַּהַר וַתֵּלֶד בֵּן וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ עֵר, תְּלַת בְּנִין הֲווּ לֵיהּ לִיהוּדָה, וְלָא אִשְׁתָּאֲרוּ מִנַּיְיהוּ בַּר חַד, וְדָא הוּא שֵׁלָה.

רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי יוֹסֵי וְרִבִּי חִיָּיא הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי לְרִבִּי אֶלְעָזָר, אַמַּאי כְּתִיב בִּבְנוֹי דִּיהוּדָה, בְּקַדְמָאָה וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ עֵר, וּבִתְרֵין אָחֳרָנִין כְּתִיב וַתִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ אוֹנָן, וַתִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ שֵׁלָה.

אָמַר לֵיהּ תָּא חֲזֵי, הַאי פָּרְשָׁתָא רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ, וְכֹלָּא אִיהוּ כְּדְקָא חָזֵי. וַיֵּרֶד יְהוּדָה מֵאֵת אֶחָיו, דְּהָא אִתְכַּסְיָא סִיהֲרָא, וְנָחֲתַת מִדַּרְגָּא דְּתִקֻּנָּא לְגוֹ דַּרְגָּא אוֹחֲרָא, דְּאִתְחַבַּר בֵּיהּ חִוְּיָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר וַיֵּט עַד אִישׁ עֲדֻלָּמִי וּשְׁמוֹ חִירָה.

וַתַּהַר וַתֵּלֶד בֵּן וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ עֵר, וְאִיהוּ רַע, וְכֹלָּא חַד, דְּאַתְיָא מִסִּטְרָא דְיֵצֶר הָרָע. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ, וְלָא כְּתִיב וַיִּקְרָא שְׁמוֹ.
(Ⅰ)
[187a]  
[...] un sauveur qui la préserve des démons ; et ce sauveur c’est le frère du défunt, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXV, 5) : « Lorsque deux frères demeurent ensemble, et que l’un d’eux meurt sans enfants, etc. » C’est pourquoi Juda dit à son fils (Gen., XXVIII, 8) : « Épouse la femme de ton frère, et vis avec elle, afin que tu suscites des enfants à ton frère. » Car l’âme d’un homme qui n’a pas laissé d’enfants ici-bas ne pénétrera pas devant le Saint, béni soit-il ; mais elle restera dehors, parce qu’elle n’a pas été jugée digne d’enrichir le monde d’une lumière pendant qu’elle séjournait dans le corps. Comme un homme qui ne réussit pas dans un lieu s’en va dans un autre lieu, l’âme qui n’a pas reproduit une première fois descendra ici-bas une autre fois. Il y a certaines bûches qui, tout en étant en état de combustion, ne produisent pas de flammes. On les remue avec le tisonnier, et elles dégagent une flamme. Il en est de même de certaines âmes qui ne produisent point à leur première descente sur la terre, et qui produisent à leur retour ici-bas. L’homme est comparable à une bûche, ainsi qu’il est écrit (Deut., XX, 19) : « ... Car l’homme est comme le bois de la campagne. » Un homme qui n’a point d’enfants ressemble à une bûche en ignition qui ne dégage pas de flammes ; lui aussi, il marche, il a des passions, il mange, il boit et il cohabite avec sa femme ; mais il n’est pas jugé digne d’avoir des enfants : c’est une bûche en ignition qui ne dégage point de flammes ; son âme n’est pas jugée digne d’apporter une lumière nouvelle au monde durant son séjour dans le corps et elle reste dans les ténèbres.
Remarquez que l’Écriture (Is., XLV, 18) dit : « Il ne l’a pas créée en vain ; mais il l’a formée afin qu’elle fût habitée. » Le pouvoir d’engendrer des enfants est un bienfait que Dieu accorda à l’homme et au monde.
Remarquez que l’Écriture (Gen.? XXV, 1) dit : « Et Abraham épousa une autre femme nommée Cétura », ce qui veut dire que l’âme d’Abraham avait été réhabilitée après qu’il eut engendré Isaac.
Remarquez que c’est au corps que s’applique le verset (Is., LIII, 10) suivant : « Et le Seigneur a voulu le briser dans son infirmité. S’il livre son âme pour le péché il verra sa race durer longtemps, et la volonté de Dieu s’exécutera heureusement par sa conduite. » Dieu brise le corps de celui qui ne laisse pas d’enfants ici-bas. Mais s’il livre son âme pour le péché (ce qui veut dire : s’il livre une âme nouvelle au monde), il verra sa race durer longtemps ; et la volonté de Dieu s’exécutera heureusement par sa conduite. Car les âmes errent dans les régions célestes, où elles attendent les corps qui leur sont destinés. C’est pourquoi Dieu bénit ceux qui pratiquent le commandement : « Croissez et multipliez-vous. » Remarquez que, quand même l’homme se consacre jour et nuit à l’étude de la Loi, il ne pénétrera pas dans le parvis céleste, s’il laisse sa source tarir ici-bas.
Il est écrit (Ps., CXXVII, 2) : « C’est en vain que vous vous levez avant le jour et que vous allez tard au repos, et que vous mangez votre pain avec chagrin ; c’est ainsi qu’il donne le sommeil à ses amis ; ils jouiront de l’héritage du Seigneur, et auront pour récompense des enfants, etc. » Remarquez combien précieuses sont les paroles de l’Écriture, dont chaque mot cache des mystères suprêmes et sacrés.
Une tradition nous apprend que le Saint, béni soit-il, renferma tous les trésors suprêmes et sacrés dans les paroles de l’Écriture et les révéla à Israë1 sur le mont Sinaï.
Les paroles : « C’est en vain que vous vous levez avant le jour » désignent l’homme qui vit seul et ne s’unit pas à la femme ; c’est en vain que des hommes pareils se lèvent le matin pour vaquer à leurs affaires, ainsi qu’il est écrit (Eccl., IV, 8) : «Tel est seul et n’a personne avec lui, ni enfant, ni frère, qui néanmoins travaille sans cesse, etc. » Les mots : « ... Que vous allez tard au repos » désignent ceux qui ne se marient qu’à un âge avancé ; car c’est la femme qui constitue le repos de l’homme. Les mots : « ... Et que vous mangez votre pain avec chagrin » désignent ceux qui n’ont point d’enfants ; car ceux qui ont des enfants mangent leur pain avec joie, alors que ceux qui n’en ont point mangent le leur avec tristesse ; enfin, les mots : « C’est ainsi qu’il donne le sommeil à ses amis » désignent la source céleste que le Saint, béni soit-il, accorde à ses amis pour leur rendre le sommeil doux, ainsi qu’il est écrit (Prov., III, 24) : « Tu reposeras, et ton sommeil sera doux. » Ainsi, l’homme participera au monde futur pour s’être procuré le plaisir, durant sa vie, de vivre avec sa femme de manière convenable. Tel est le sens du verset précité. [...]
- בְּיַעֲקֹב כְּתִיב וַיִּקְרָא שְׁמוֹ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָרָא לֵיהּ יַעֲקֹב. וְהָכָא אֶת לְאַסְגָּאָה דַּרְגָּא אָחֳרָא דְּזוּהֲמָא דִּמְסָאֲבָא אִתְיְלִיד, וְדָא הוּא עֵר רַע, וְכֹלָּא חַד.

לְבָתַר לָא אִתְבַּסַּם אַתְרָא, עַד דְאֲתָא שֵׁלָה דְּהֲוָה עִקָּרָא דְּכֻלְּהוּ. מַה כְּתִיב וַיְהִי עֵר בְּכֹר יְהוּדָה רַע בְּעֵינִי יְיָ, כְּתִיב הָכָא רַע, וּכְתִיב הָתָם (בראשיתח) כִּי יֵצֶר לֵב הָאָדָם רַע מִנְעוּרָיו, רַע דְּאוֹשִׁיד דָּמִין, אוֹשִׁיד זַרְעָא עַל אַרְעָא. וּבְגִין כָּךְ וַיְמִיתֵהוּ יְיָ. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ, וַיֹּאמֶר יְהוּדָה לְאוֹנָן בֹּא אֶל אֵשֶׁת אָחִיךָ וְגו':

וַיֹּאמֶר יְהוּדָה לְאוֹנָן בֹּא אֶל אֵשֶׁת אָחִיךָ וְגו'. רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (ישעיהו מ״א:כ״ה) הַעִירוֹתִי מִצָּפוֹן וַיַּאֲת מִמִּזְרַח שֶׁמֶשׁ יִקְרָא בִשְׁמִי וְיָבֹא סְגָנִים כְּמוֹ חֹמֶר וּכְמוֹ יוֹצֵר יִרְמָס טִיט. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִינוּן בְּנִי נָשָׁא טִפְּשִׁין דְּלָא יָדְעִין וְלָא מִסְתַּכְּלִין לְמִנְדַע אָרְחוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּהָא כֻּלְּהוּ נַיְימִין, דְּלָא מִתְעָרֵי שֵׁינְתָא בְּחוֹרֵיהוֹן.

תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד לֵיהּ לְבַר נָשׁ, כְּגַוְונָא דִלְעֵילָא. כֹּלָּא אִיהוּ בְּחָכְמְתָא. דְּלֵית לָךְ שַׁיְיפָא וְשַׁיְיפָא בְּבַר נָשׁ דְּלָא קָיְימָא בְּחָכְמְתָא עִלָּאָה. דְּהָא כֵּיוָן דְּאִתְתַּקַּן כָּל גּוּפָא בְּשַׁיְיפוֹי כְּדְקָא יְאוּת, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִשְׁתַּתַּף (נ''א אתתקף) בַּהֲדֵיהּ, וְאָעִיל בֵּיהּ נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא. בְּגִין לְאוֹלָפָא לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֵהַךְ בְּאָרְחוֹי דְּאוֹרַיְיתָא וּלְמִיטַר פִּקּוּדוֹי, בְּגִין דְּיִתְתַּקַּן בַּר נָשׁ כְּדְקָא יְאוּת. (ס''א ובגין דא בעוד) (ובגין ס''א ובעוד) דְּאִית בֵּיהּ נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאַסְגָּאָה דִּיוּקְנָא דְמַלְכָּא עִלָּאָה בְּעַלְמָא. וְרָזָא דָא, דְּהָא הַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק לָא פָּסְקָן מֵימוֹי לְעָלְמִין. וְעַל דָּא מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ דְּלָא יַפְסִיק נַהֲרָא וּמְקוֹרָא דִּילֵיהּ בְּהַאי עָלְמָא (גליון נה''ר רמז לקיימא קדישא דחתים בבשריה, דאיהו דוגמא דההוא נה''ר רזא דצדיק דאתחבר בצד''ק כחדא לעילא, בגין כך בעי בר נש לתתא לאתחברא באתתיה בקדושה בגין דאתתקף ביה בההוא עלמא). וְכָל זִמְנָא דְּבַר נָשׁ לָא יַצְלַח בְּהַאי עַלְמָא (ס''א ועל דא מבעי ליה לבר נש דלא יפסיק נהרא ומקורא דיליה בהאי עלמא, ואי לא) קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָקַר לֵיהּ וְנָטַע לֵיהּ בְּכַמָּה זִמְנִין כְּמִלְּקַדְּמִין.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, הַעִירוֹתִי מִצָּפוֹן וַיַּאת. הַעִירוֹתִי, דָּא אִתְעֲרוּתָא דְּזִוּוּגָא דְּבַר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא, דְּאִיהוּ אִתְעֲרוּתָא מִסִּטְרָא דְצָפוֹן. וַיַאת, דָּא הִיא נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא דְּאַתְיָא מִלְּעֵילָא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְשַׁדֵּר לָהּ מִלְּעֵילָא. אַתְיָא בְּהַאי עַלְמָא וְעָאלַת בְּגוֹ בְּנֵי נָשָׁא כִּדְקָאֲמָרָן.

מִמִּזְרַח שֶׁמֶשׁ, דָּא אֲתַר דְּהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק דְּמִתַּמָּן נָפְקַת נִשְׁמָתָא וְאִתְנְהִירַת. וְיָבֹא סְגָנִים (כמו חמר) אִלֵּין אִינוּן חֵילִין דְּעָלְמָא דְּאַתְיָין בְּגִין (ס''א בגו) הַהוּא אִתְעֲרוּתָא דְּנִשְׁמָתִין. כְּמוֹ חוֹמֶר, כְּגַוְונָא דְּאִתְעַר בַּר נָשׁ בְּגוּפָא.

דְּהָא בְּגִין דָּא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד זִווּגִין וְאַטִּיל נִשְׁמָתִין בְּעַלְמָא, וְחַבְרוּתָא אִשְׁתַּכַּח לְעֵילָא וְתַתָּא וּמְקוֹרָא דְּכֹלָּא הוּא (ס''א יהא) בָּרוּךְ. וּבְּגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּגִין לְאִשְׁתַּדָּלָא בְּאָרְחוֹי, וְלָא יַפְסִיק מְקוֹרֵיהּ וּמַבּוּעָא דִילֵיהּ לְעָלְמִין.

וְכָל מַאן דְּפָסִיק מְקוֹרֵיהּ, (מתתא ומיבש ליה כביכול כאלו גרים ליה לאתפסקא לעילא, כדין (איוב י״ד:י״א) אזלו מים מני ים ונהר יחרב ויבש, הואיל ובר נש אתקם לתתא כדוגמא דלעילא, מאן דמקוריה ימיש מלמעבד פירין, כגון דין דלא בעא למיתב איתתא, או נסיב לה דאשתדל ולא יכיל, אלו דתרין הפכין אינון דא מדא, (או ס''א ההוא) דימיש מלמעבד פירין, לית ליה תקנה לעולם. (קהלת א׳:ט״ו) מעוות לא יכול לתקון, בגין דלא בעא למיסב איתתא ולאשתדלא בפריה ורביה, וההוא דאשתדל ונסב איתתא ולא יכיל, דא מתתקן בפריקיה דקריב ליה דהוא אחוי, וההוא דמית בלא בנין) כַּד נָפִיק מֵהַאי עַלְמָא הַהוּא בַּר נָשׁ לָא עָאל בְּפַרְגּוֹדָא וְלָא נָטִיל חוּלַק בְּהַהוּא עַלְמָא (ונשמתיה לא אתכלילת באתר דכל נשמתין אתכלילו, ואתגזר דיוקניה מתמן. הדא הוא דכתיב, (ויקרא כ״ב:ג׳) ונכרתה הנפש ההיא מלפני, הואיל וכדין הוא, ברא ליה קודשא בריך הוא פריק
(Ⅰ)
[187b]  
[...] Mais que l’on ne dise point : Puisque c’est le plaisir qu’on se procure ici-bas qui nous vaut la participation au monde futur, je vais manger et boire mieux que d’habitude et faire fête chaque jour. Ce sont là des plaisirs dont l’âme ne profite pas ; de tels plaisirs privent, au contraire, l’homme des lumières célestes, alors que le plaisir d’engendrer des enfants est partagé entre l’âme et le corps.
Remarquez combien le Saint, béni soit-il, prend de soin pour que l’homme ne soit perdu dans le monde futur.
Rabbi Hiyâ demanda : Quel est le sort d’un homme qui vit en parfait juste, qui se consacre jour et nuit à l’étude de la Loi et qui accomplit toutes ses actions avec l’intention qu’elles servent à la gloire du Saint, béni soit-il, mais qui n’a pas été favorisé par le ciel d’avoir des enfants, tout en étant marié ? Quel est le sort de celui qui a eu des enfants qui sont morts ?
Rabbi Yossé lui répondit : Les bonnes œuvres de tels hommes, et la Loi à laquelle ils se sont consacrés durant leur vie deviennent leurs protecteurs dans le monde futur.
Rabbi Isaac dit : C’est à des hommes semblables que font allusion les paroles de l’Écriture (Is., LVI, 4) : « Voici ce que le Seigneur dit aux eunuques : A ceux qui gardent mes jours de sabbat, qui embrassent ce qui me plaît et qui demeurent fermes dans mon Alliance, je donnerai, dans ma maison et dans l’enceinte de mes murailles, une place avantageuse et un nom qui leur sera meilleur que des fils et des filles : je leur donnerai un nom éternel qui ne périra jamais. » Rabbi Yossé lui dit : Tes paroles sont exactes.
Remarquez que, lorsque l’homme quitte ce monde dans l’état de grâce, sa femme n’a pas besoin du lévirat ; mais comme les hommes sont impuissants à juger du mérite ou du démérite de leur prochain, l’Écriture commanda que le frère épousât la femme de son frère défunt.
Rabbi Yossé commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Nomb., XXXV, 28 : « Car le fugitif doit demeurer à la ville jusqu’à la mort du Grand Pontife ; et, après sa mort, celui qui aura tué retournera dans son pays. » Ce verset corrobore la tradition aux termes de laquelle les justes sont parfois favorisés d’enfants après leur mort, et non pas de leur vivant. Le verset (Ecc., IV, 9) : «Deux sont meilleurs qu’un seul, car ils seront récompensés de leur union » s’applique aux époux qui accomplissent leur devoir pour engendrer des enfants ; car ils en seront récompensés dans le monde futur ; c’est grâce aux enfants que les parents participeront au monde futur.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, plante les âmes ici-bas ; si elles prennent racines, c’est bien ; sinon, il les arrache, même plusieurs fois, et les transplante, jusqu’à ce qu’elles prennent racines. Ainsi, toutes les voies du Saint, béni soit-il, sont pour le bien et pour le salut du monde. C’est pourquoi Juda dit à son fils (Gen., XXXVIII, 8) : « Épouse la femme de ton frère et vis avec elle, afin que tu suscites des enfants à ton frère. » Car Juda, ainsi que les autres tribus, ont connu ce mystère ; ils savaient que, quand l’âme n’a pas achevé sa mission durant son passage sur la terre, elle est déracinée et transplantée de nouveau sur la terre, ainsi qu’il est écrit (Job, XXXIV, 15) : « Et l’homme retourne sur la terre. » Mais les âmes qui ont accompli leur mission durant leur séjour sur la terre ont un meilleur sort, puisqu’elles restent près du Saint, béni soit-il, Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Ecc., IV, 2) : « Je préfère le sort des morts à celui des hommes qui vivent encore (adenah) », ce qui veut dire : je préfère le sort des âmes qui ont quitté définitivement cette terre à celui des âmes qui animent des hommes privés d’enfants. Le mot « adenah » signifie un homme privé d’enfants, ainsi qu’il est écrit (Gen., XVIII, 12) : « Après que je suis devenue vieille, pourrais-je encore avoir des enfants (ednah) ? » Heureuse l’âme qui n’est plus obligée de revenir en ce monde pour racheter les fautes commises par l’homme qu’elle y animait ! Car le Saint, béni soit-il, [...]
- דיפרוק ליה מידא דמחבלין, ודא אחוי דקריב ליה שנאמר (דברים כ״ה:ה׳) כי ישבו אחים יחדיו וגו'. וכתיב בא אל אשת אחיך ויבם אותה וגו'. בגין דנשמתיה לא עאלת קמיה קודשא בריך הוא, אלא היא קימא לבר. בגין דלא זכה לאנהרא בהאי עלמא בההוא גופא. מאן דלא זכה בהאי אתר, יהך לאתר אחרא ויזכי ביה. כגוונא דא אעא דדליק ונהורא לא סליק יבטשון ליה ויסלק נהורא ביה וינהיר. אעא הוא אדם דכתיב (שם כ) כי האדם עץ השדה. רצונו לומר בר נש כד איהו בהאי עלמא ואזל ותאיב ואכיל ושתי ואזדווג באיתתא ולא זכי לבנין. דא הוא אעא דדליק ונהורא לא סליק, כלומר נשמתיה לא זכאת בההוא גופא לאתנהרא אלא איהי בחשוכא).

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (ישעיהו מ״ה:י״ח) לֹא תֹהוּ בְּרָאָהּ לְשֶׁבֶת יְצָרָהּ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין דָּא עֲבַד לֵיהּ לְבַר נָשׁ כְּדְקָא יְאוּת כְּדְאֲמָרָן. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד טִיבוּ עִם עַלְמָא. תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (בראשית כ״ה:א׳) וַיּוֹסֶף אַבְרָהָם וַיִּקַּח אִשָּׁה וּשְׁמָהּ קְטוּרָה, רָזָא דְּנִשְׁמָתָא אָתַת לְאִתְתַּקָּנָא כְּמִלְקַדְּמִין.

תָּא חֲזֵי, הַהוּא גוּפָא מַה כְּתִיב, (ישעיהו נ״ג:י׳) וַיְיָ חָפֵץ דַּכְּאוֹ הֶחלִי אִם תָּשִׂים אָשָׁם נַפְשׁוֹ יִרְאֶה זֶרַע יַאֲרִיךְ יָמִים וְחֵפֶץ יְיָ בְּיָדוֹ יִצְלָח. וַיְיָ חָפַץ דַּכְּאוֹ, הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא בֵּיהּ, אַמַּאי חָפֵץ בְּגִין דְּיִתְדַּכֵּי. אִם תָּשִׂים אָשָׁם, אִם יָשִׂים אָשָׁם מִבָּעֵי לֵיהּ, מַאי אִם תָּשִׂים. אֶלָּא לְנִשְׁמָתָא אַהֲדַר מִלָּה. אִי הַהִיא נִשְׁמָתָא בַּעְיָא לְאִתְתַּקָּנָא כְּדְקָא יָאוֹת, יִרְאֶה זֶרַע. בְּגִין דְּהַהִיא נִשְׁמָתָא אָזְלַת וְשָׁאטַת וְאִיהִי זְמִינָא לְאָעֳלָא בְּהַהוּא זֶרַע דְּאִתְעַסַּק בָּהּ בַּר נָשׁ בִּפְרִיָּה וּרְבִיָּה, וּכְדֵין יַאֲרִיךְ יָמִים. וְחֵפֶץ יְיָ דָּא אוֹרַיְיתָא בִּידֵיהּ אַצְלַח.

תָּא חֲזֵי, אַף עַל גַּב דְּבַר נָשׁ אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילְיָא, וּמְקוֹרֵיהּ וּמַבּוּעֵיהּ קָיְימָא בֵּיהּ לְמַגָּנָא, לֵית לֵיהּ אֲתַר לְאֲעָלָא לְפַרְגּוֹדָא. וְהָא אִתְּמָר דְּבֵירָא דְמַיָא אִי הַהוּא מְקוֹרָא וּמַבּוּעָא לָא עָאל בֵּיהּ, לָאו אִיהוּ בְּאֵר, דְּבֵירָא וּמְקוֹרָא, כְּחֲדָא אִינוּן, וְרָזָא חָדָא אִיהוּ, וְאוֹקִימְנָא.

כְּתִיב, (תהילים קכ״ז:ב׳) שָׁוְא לָכֶם מַשְׁכִּימֵי קוּם מֵאַחֲרֵי שֶׁבֶת אוֹכְלֵי לֶחֶם הָעֲצָבִים כֵּן יִתֵּן לִידִידוֹ שֵׁנָה. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה חֲבִיבִין אִינוּן מִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא. דְּכָל מִלָּה וּמִלָּה דְאוֹרַיְיתָא אִית בֵּיהּ רָזִין עִלָּאִין קַדִּישִׁין. וְהָא אִתְּמָר דְּכַד יָהַב קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹרַיְיתָא לְיִשְׂרָאֵל, כָּל גְּנִיזִין עִלָּאִין קַדִּישִׁין כֻּלְּהוּ יָהַב לְהוּ (וכלהו) בְּאוֹרַיְיתָא, וְכֻלְּהוּ אִתְיְהִיבוּ לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל בְּשַׁעְתָּא דְּקַבִּילוּ אוֹרַיְיתָא בְּסִינַי.

תָּא חֲזֵי, שָׁוְא לָכֶם מַשְׁכִּימֵי קוּם, אִלֵין אִינוּן יְחִידִים דְּאִשְׁתַּכָּחוּ, דְּלָאו אִינוּן דְּכַר וְנוּקְבָא כְּדְקָא יְאוּת, וְאַקְדְּמָן בְּצַפְרָא לַעֲבִידְתַּיְהוּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (קהלת ד׳:ח׳) יֵשׁ אֶחָד וְאֵין שֵׁנִי וְגו' וְאֵין קֵץ לְכָל עֲמָלוֹ. מֵאַחֲרֵי שֶׁבֶת. מְאַחֲרִין נַיְיחָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, כִּי בוֹ שָׁבַת. בְּגִין דְּאִתְּתָא לְגַבֵּי בַּר נָשׁ אִיהִי נַיְיחָא לְגַבֵּיהּ וַדַּאי.

אוֹכְלֵי לֶחֶם הָעֲצָבִים, מַאי לֶחֶם הָעֲצָבִים. דְּכַד בַּר נָשׁ אִית לֵיהּ בְּנִין, הַהוּא נַהֲמָא דְּאָכִיל, אָכִיל לֵיהּ בְּחֶדְוָה וּבִרְעוּתָא דְלִבָּא. וְהַהוּא דְּלֵית לֵיהּ בְּנִין, הַהוּא נַהֲמָא דְּאָכִיל אִיהוּ נַהֲמָא דַּעֲצִיבוּ. וְאִלֵּין אִינוּן אוֹכְלֵי לֶחֶם הָעֲצָבִים וַדַּאי.

כֵּן יִתֵּן לִידִידוֹ שֵׁנָה, מַאי יִתֵּן לִידִידוֹ, דָּא הוּא דִּמְקוֹרֵיהּ מְבָרַךְ, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לֵיהּ שֵׁינָה בְּהַהוּא עַלְמָא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (משלי ג׳:כ״ד) וְשָׁכַבְתָּ וְעָרְבָה שְׁנָתֶךָ. בְּגִין דְּאִית לֵיהּ חוּלָקָא בְּעַלְמָא דְאָתֵי. בְּגִין דְּהַהוּא בַּר נָשׁ שָׁכִיב וְיִתְהַנֵּי בְּהַהוּא עַלְמָא דְאָתֵי כְּדְקָא יְאוּת.

יֵשׁ אֶחָד וְאֵין שֵׁנִי וְגו'. יֵשׁ אֶחָד, דָּא הוּא בַּר נָשׁ דְּאִיהוּ יְחִידָאי בְּעַלְמָא, לָא יְחִידָאי כְּדְקָא יְאוּת, אֶלָּא דְּאִיהוּ בְּלָא זִוּוּגָא. וְאֵין שֵׁנִי, דְּלֵית עִמֵּיהּ סֶמֶךְ. גַּם בֵּן, דְּיוֹקִים שְׁמֵיהּ בְּיִשְׂרָאֵל לָא שָׁבַק. וְאָח (אין לו) לְאַיְיתָאָה לֵיהּ לְתִקּוּנָא.

וְאֵין קֵץ לְכָל עֲמָלוֹ, דְּאִיהוּ עָמֵל תָּדִיר דְּאַקְדִּים יְמָמָא וְלֵילְיָא. גַּם עֵינוֹ לא תִשְׂבַּע עשֶׁר, וְלֵית לֵיהּ לִבָּא לְאַשְׁגָּחָא וּלְמֵימַר לְמִי אֲנִי עָמֵל וּמְחַסֵּר אֶת נַפְשִׁי
(Ⅰ)
[188a]  
[...] lui accordera une place convenable dans le monde futur. Remarquez que l’Écriture (Ecc., VIII, 10) dit : « J’ai vu des impies ensevelis qui s’en allèrent dans le lieu saint, etc. » Ainsi que nous l’avons dit, le Saint, béni soit-il, fait tout pour le bien du monde dont il ne veut pas la perte ; toutes ses voies sont pleines d’équité, et c’est par elles qu’on parvient au bonheur dans ce bas monde et dans le monde futur. Heureux le sort des justes qui marchent dans la voie de la vérité ; car c’est à eux que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Ps., XXXVII, 29) : « Les justes recevront la terre en héritage. » Il est écrit (Gen., XXXVIII, 10) : « Et ce qu’il avait fait déplut aux yeux du Seigneur, et il le frappa de mort. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ecc., XI, 6) : « Sème ton grain dès le matin, et que le soir ta main ne cesse point de semer ; car tu ne sais lequel des deux lèvera plutôt, celui-ci ou celui-là ; si l’un et l’autre lèvent, ce sera encore mieux. » Remarquez combien il convient à l’homme de se tenir sur ses gardes et de veiller sur ses actions pour ne point pécher contre le Saint, béni soit-il. Car il y a de nombreux messagers et des chefs célestes qui parcourent le monde au vol, épient les œuvres des hommes et en témoignent ensuite ; tous les actes de l’homme sont inscrits dans le livre céleste.
Remarquez en outre que, parmi tous les péchés qui souillent les hommes, en ce bas monde, il n’y en a aucun qui soit si grave que celui de l’onanisme, pratiqué à l’aide des mains ou des pieds. C’est aux hommes qui pratiquent ces crimes que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Ps., V, 5) : « L’homme malin ne demeurera point près de toi ; un tel homme ne parviendra pas dans le parvis céleste et ne verra jamais le visage de l’Ancien des temps. » C’est également à de tels hommes que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Is., I, 15) : « Vos mains sont souillées de sang. » Heureux le sort de l’homme qui craint son Maître et qui se tient éloigné de la mauvaise voie !
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Sème ton grain dès le matin », ce qui signifie que l’homme doit prendre femme et avoir des enfants dès son jeune âge, pour qu’il ait le temps de les instruire et de les faire marcher dans la voie du Saint, béni soit-il il en sera récompensé dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXXVII, 4 et 5) « Comme les flèches entre les mains d’un homme robuste et puissant, ainsi sont les enfants qu’on a eus dans sa jeunesse. Heureux l’homme qui a accompli son devoir envers eux ; il n’aura pas honte lorsqu’il parlera à ses ennemis à la porte. » Les chefs célestes préposés à la Rigueur, se tiennent à la porte du ciel et confondent les pécheurs qui aspirent à y pénétrer. Mais ceux qui auront instruit leurs enfants dans la voie du Saint, béni soit-il, n’auront pas honte lorsqu’il parleront à leurs ennemis de la porte.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XVIII, 19) dit d’Abraham : « Car je sais qu’il ordonnera à ses enfants et à toute sa maison après lui de garder la voie du Seigneur et d’agir selon l’équité et la justice. » C’est grâce à une telle instruction donnée aux enfants, que les hommes seront jugés dignes par les chefs de la Rigueur.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Sème ton grain dès le matin, et que le soir ta main ne cesse point de semer. » Lors même que l’homme est arrivé à un âge avancé, il est encore tenu d’avoir des enfants ; il ne doit pas dire : J’ai déjà assez d’enfants ; car il ne sait lequel de ses enfants sera agréable au Seigneur ; il ne sait par lequel de ses enfants il sera jugé digne du monde futur.
C’est pourquoi l’Écriture ( )Ps., CXXVII, 3)dit : « Les enfants sont l’héritage du Seigneur. » C’est grâce aux enfants dignes que l’homme participera à l’héritage du Seigneur. Heureux le sort de l’homme qui contribue à rendre ses enfants dignes en leur apprenant les voies de la Loi, ainsi qu’on vient de le dire.
Il est écrit (Gen., XXXVIII, 14) : « Et elle quitta ses habits de veuve, etc. » Remarquez que Thamar était fille d’un prêtre ! Que l’on n’imagine pas que Thamar est allée là avec l’intention de se prostituer à son beau-père, elle était pieuse et juste. Mais elle connaissait le mystère de la Sagesse suprême ; elle savait que le salut du monde devait sortir de son union avec Juda. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, lui vint en aide et la rendit immédiatement enceinte. [...]
- מִטּוֹבָה.

וְאִי תֵימָא דִּבְגִין דְּיֵיכוּל וְיִשְׁתֵּי יַתִּיר וְיַעֲבֵד מִשְׁתַּיָא בְּכָל יוֹמָא תָּדִיר, לָאו הָכִי. דְּהָא נַפְשָׁא לָא אִתְהַנִּי מִנֵּיהּ, אֶלָּא וַדַּאי אִיהוּ מְחַסֵּר לְנַפְשֵׁיהּ מִטִּיבוּ דִּנְהוֹרָא דְעַלְמָא דְאָתֵי. בְּגִין דְּדָא הִיא נַפְשָׁא חַסְרָא, דְּלָא אִשְׁתַּלִּימַת כְּדְקָא יְאוּת. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה חָס קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל עוֹבָדוֹי, בְּגִין דְּקָא בָּעֵי דְּיִתְתַּקַּן, וְלָא יִתְאֲבִיד מֵהַהוּא עַלְמָא דְאָתֵי כִּדְקָאֲמָרָן.

רִבִּי חִיָּיא בָּעָא, הַאי דְאִיהוּ זַכָּאָה שְׁלֵימָא וְאִשְׁתְּדָּל בְּאוֹרַיְיתָא יוֹמֵי וְלֵילֵי וְכָל עוֹבָדוֹי לִשְׁמָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְלָא זָכָה לִבְנִין בְּהַאי עַלְמָא כְּגוֹן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּהוּ וְלָא זָכָה, אוֹ דְּהֲווּ לֵיהּ וּמִיתוּ. מַה אִינוּן לְעַלְמָא דְאָתֵי. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, עוֹבָדוֹי וְהַהִיא אוֹרַיְיתָא, קָא מָגִינָן עֲלֵיהּ לְהַהוּא עַלְמָא.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, עֲלַיְיהוּ וְעַל אִינוּן זַכָּאֵי קְשׁוֹט, (כגון רבי יוחנן דהוו ליה בנין ומיתו, וכגון רבי חזקיה דאיהו עקר) עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (ישעיהו נ״ו:ד׳) כֹּה אָמַר יְיָ לַסָּרִיסִים אֲשֶׁר יִשְׁמְרוּ אֶת שַׁבְּתוֹתַי וּבָחֲרוּ בַּאֲשֶׁר חָפָצְתִּי וּמַחֲזִיקִים בִּבְרִיתִי. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ, וְנָתַתִּי לָהֶם בְּבֵיתִי וּבְחוֹמוֹתַי יָד וָשֵׁם טוֹב מִבָּנִים וּמִבָּנוֹת שֵׁם עוֹלָם אֶתֵּן לוֹ אֲשֶׁר לֹא יִכָּרֵת. בְּגִין דְּאִלֵּין אִית לוֹן חוּלָקָא לְעַלְמָא דְאָתֵי. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, יָאוֹת הוּא וְשַׁפִּיר.

תָּא חֲזֵי, זַכָּאָה שְׁלִים דְּהֲווּ כָּל אִלֵּין בֵּיהּ, וְאִשְׁתְּלִים כְּדְקָא יְאוּת, וּמִית בְּלָא בְּנִין, וְהָא קָא יָרִית דּוּכְתֵּיהּ בְּהַהוּא עַלְמָא, אִתְּתֵיהּ בָּעְיָא לִיבוּמֵי אוֹ לָא. אִי תֵימָא דְּלִבָּעֵי לִיבוּמֵי, הָא בְּרֵיקַנְיָא אִיהוּ, דְּהָא אַתְרֵיהּ קָא יָרִית בְּהַהוּא עַלְמָא.

אֶלָּא וַדַּאי בָּעְיָא לִיבוּמֵי, בְּגִין דְּלָא יַדְעִינָן אִי הֲוָה שְׁלִים בְּעוֹבָדוֹי אִי לָאו. וְהִיא אִי אִתְיַיבְּמַת לָא הֲוָה בְּרֵיקַנְיָא. בְּגִין דְּאֲתַר אִית לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּהָא (ל) בַּר נָשׁ (ד) הֲוָה בְּעַלְמָא וּמִית בְּלָא בְּנִין וּפוּרָקָא לָא הֲוֵי לֵיהּ בְּעַלְמָא, כֵּיוָן דְּמִית הַאי זַכָּאָה שְׁלִים וְאִתְּתֵיה אִתְיַיבְּמַת, וְאִיהוּ אַתְרֵיהּ יָרִית. אֲתָא הַהוּא בַּר נָשׁ וְאִשְׁתַּלִּים הָכָא, וּבֵין כָּךְ וּבֵין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֲתַר זַמִּין לֵיהּ (לעלמא) (בעלמא) עַד דְּיֵימוּת הַאי זַכָּאָה שְׁלִים, וְיִשְׁתְּלִים אִיהוּ בְּעַלְמָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב (במדבר ל״ה:כ״ח) כִּי בְעִיר מִקְלָטוֹ יֵשֵׁב עַד מוֹת הַכֹּהֵן הַגָּדוֹל וְגו'.

וְדָא הוּא דְּתָנִינָן, בְּנִין זְמִינִין אִינוּן לְצַדִּיקַיָא בְּמִיתַתְהוֹן, בְּחַיֵּיהוֹן לָא זָכוּ וּבְמִיתַתְהוֹן זָכוּ. וּבְגִין כָּךְ כָּל עוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כֻּלְּהוּ קְשׁוֹט וּזְכוּ, (ס''א וחייס) וְחַיִּים עַל כֹּלָּא. (קהלתד) טוֹבִים הַשְּׁנַיִם מִן הָאֶחָד אֲשֶׁר יֵשׁ לָהֶם שָׂכָר טוֹב בַּעֲמָלָם, אִלֵּין אִינוּן דְּמִתְעַסְּקִין בְּהַאי עַלְמָא לְאוֹלָדָא בְּנִין. דְּאִינוּן בְּנִין דְּשָׁבְקוּ, בְּגִינֵיהוֹן אִית לוֹן אֲגַר טַב בְּהַהוּא עַלְמָא, וּבְגִינֵיהוּ יַרְתִין אֲבָהָן דִּלְהוֹן חוּלָקָא בְּהַהוּא עַלְמָא וְאוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטַע אִילָנִין בְּהַאי עַלְמָא אִי אַצְלָחוּ יָאוֹת, לָא אַצְלָחוּ אַעֲקַר לוֹן וְשָׁתַל לוֹן אֲפִילּוּ כַּמָּה זִמְנִין. וּבְּגִין כָּךְ כָּל אָרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כֻּלְּהוּ לְטַב וּלְאַתְקָנָא עָלְמָא:

בֹּא אֶל אֵשֶׁת אָחִיךָ וְיַבֵּם אוֹתָהּ, דְּהָא יְהוּדָה וְכֻלְּהוּ שִׁבְטִין הֲווּ יָדְעֵי דָּא. וְעִקְּרָא דְמִלְּתָא, וְהָקֵם זֶרַע. בְּגִין דְּהַהוּא זֶרַע אִצְטְרִיךְ לְאִתְתַּקָּנָא מִלָּה וּלְמִגְלַם גּוֹלָמָא לְתִקּוּנָא דְּלָא יִתְפְּרַשׁ גִּזְעָא מִשָּׁרְשֵׁיהּ כְּדְקָא יְאוּת, הֲדָא הוּא דִכְתִיב (איוב לה) וְאָדָם עַל עָפָר יָשׁוּב.

וְכַד מִתְתַּקַּן לְבָתַר כְּדְקָא יָאוֹת, אִלֵּין מִשְׁתַּבְּחִין בְּהַהוּא עַלְמָא בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (קהלת ד׳:ב׳) וְשַׁבֵּחַ אֲנִי אֶת הַמֵּתִים שֶׁכְּבָר מֵתוּ, דַּיְיקָא. מִן הַחַיִּים אֲשֶׁר הֵמָּה חַיִּים עֲדֶנָּה. מַאי עֲדֶנָּה, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (בראשית י״ח:י״ב) אַחֲרֵי בְלוֹתִי הָיְתָה לִי עֶדְנָה. וּכְתִיב (איוב ל״ג:כ״ה) יָשׁוּב לִימֵי עֲלוּמָיו.

וְטוֹב מִשְּׁנִיהֶם אֵת אֲשֶׁר עֲדֶן לא הָיָה (דלא שב לימי עלומיו) אֲשֶׁר לֹא רָאָה אֶת הַמַּעֲשֶׂה הָרַע אֲשֶׁר נַעֲשָׂה תַּחַת הַשֶּׁמֶשׁ. וְטוֹב מִשְּׁנִיהֶם אֶת אֲשֶׁר עֲדֶן לֹא הָיָה, דְּלָא שָׁב לִימֵי עֲלוּמָיו וְלָא אִצְטְרִיךְ לְאִתְתַּקָּנָא, וְלָא סָבִיל חוֹבִין קַדְמָאֵי, בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא
(Ⅰ)
[188b]  
[...] Mais, demandera-t-on, pourquoi le Saint, béni soit-il, ne fit-il sortir ces enfants d’une femme légitimement unie à Juda ? Mais la vérité est que, d’après le dessein de Dieu, il a fallu que ces enfants sortissent de Thamar et non pas d’une autre femme. Il y avait deux femmes dont est issue la race de Juda, et dont sont issus le roi David, le roi Salomon et le roi Messie ; ces deux femmes se trouvaient dans une même situation. Thamar et Ruth étaient deux veuves qui se sont unies à des hommes d’une façon illégitime, en apparence ; et c’est d’elles qu’est issue la race de David.
Mais, en réalité, leurs unions étaient légitimes ; car elles avaient en vue le bien des morts (59) et le salut du monde. C’est à ces deux femmes que s’applique le verset (Ecclés., IV, 2) suivant : « Je préfère l’état des morts à celui des hommes vivants. » Car, avant la mort de leurs maris, ces deux femmes ne sont pas louées dans l’Écriture ; mais après qu’elles se sont efforcées à faire le bien à leurs maris défunts en leur suscitant des enfants, le Saint, béni soit-il, les a aidées dans leur œuvre. Heureux le sort de celui qui se consacre à l’étude de la Loi jour et nuit, ainsi qu’il est écrit (Jos., I, 8) : « Et aie soin de la méditer jour et nuit, afin que tu observes et que tu fasses tout ce qui est écrit ; car ce sera alors que tu réussiras dans tes voies. »
Il est écrit (Gen., XXXIX, 1) : « Et Joseph fut descendu en Égypte ; et Putiphar, Égyptien, eunuque de Pharaon et capitaine de ses troupes, l’acheta des Ismaélites qui l’y avaient amené. » Que signifie la mot « fut descendu» ? Le Saint, béni soit-il, a permis que cet acte s’accomplît conformément à ce qu’il avait ordonné lorsqu’Abraham avait été placé au milieu des animaux coupés en deux, ainsi qu’il est écrit (Gen., XV, 13) : « Sache que ta postérité demeurera dans une terre étrangère, etc. » Putiphar avait acheté Joseph avec l’intention de s’en servir pour ses passions contre nature.
Rabbi Hizqiya ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Job, IX, 7). « C’est lui qui commande au soleil, et le soleil ne se lève point, et qui tient les étoiles sous le sceau. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, a créé sept étoiles principales sous ce firmament ; et sous chaque firmament il y a d’autres corps célestes qui, tous, sont sous les ordres des chefs célestes, créés pour chanter la gloire du Saint, béni soit-il. Certains chefs des corps célestes sont chargés de faire les messages de leur Maître et de surveiller les actes des hommes ; d’autres, n’ont pour mission que de chanter la gloire de leur Maître ; ces derniers sont également chargés d’accueillir les louanges que les hommes adressent à Dieu. Bien que certains anges soient chargés des messages de leur Maître, il n’y a aucune légion au ciel, ni aucune étoile et autre corps céleste sous le firmament qui ne chantent la gloire du Saint, béni soit-il. Aussitôt à l’arrivée de la nuit, trois armées d’anges se séparent dans les trois directions du monde ; de chaque côté il y a des milliers et des milliers de milliers de légions, et toutes sont chargées [...]
- יָהַב לֵיהּ אֲתַר מְתַקְנָא בְּהַהוּא עַלְמָא כְּדְקָא יָאוֹת.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (קהלת ח) וּבְכֵן רָאִיתִי רְשָׁעִים קְבוּרִים וְגו', כְּמָה דְּאִתְּמָר. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד טִיבוּ וְלָא בָעָא לְשֵׁצָאָה עַלְמָא אֶלָּא כְּמָה דְאִתְּמָר, וְכָל אָרְחוֹי כֻּלְּהוּ קְשׁוֹט וּזְכוּ לְאוֹטָבָא לְהוּ בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. זַכָּאָה חוּלְקֵהוֹן דְּצַדִּיקַיָיא דְּאִינוּן אָזְלֵי בְּאֹרַח קְשׁוֹט, עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (תהלים לז) צַדִּיקִים יִרְשׁוּ אָרֶץ:

וַיֵּרַע בְּעֵינֵי יְיָ אֲשֶׁר עָשָׂה וַיָּמֶת גַּם אֹתוֹ. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח, (קהלת יא) בַּבֹּקֶר זְרַע אֶת זַרְעֲךָ וְלָעֶרֶב אַל תַּנַּח יָדְךָ וְגו'. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִתְחֲזֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִזְדַּהֲרָא מֵחוֹבוֹי, וּלְאִזְדַּהֲרָא בְּעוֹבָדוֹי קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בְּגִין דְּכַמָּה שְׁלִיחָן וְכַמָּה מְמַנָּן אִינוּן בְּעַלְמָא, דְּאִינוּן אָזְלִין וְשָׁיְיטָן, וְחָמָאן עוֹבָדֵיהוֹן דִּבְנֵי נָשָׁא, וְסָהֲדִין עֲלוֹי (ז''ח עלייהו) וְכֹלָּא בְּסִפְרָא כְתִיבִין.

וְתָּא חֲזֵי, בְּכָל אִינוּן חוֹבִין דְּאִסְתָּאַב בְּהוּ בַר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא, דָּא אִיהוּ חוֹבָא דְּאִסְתָּאַב בֵּיהּ בַר נָשׁ יַתִּיר בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. מַאן דְּאוֹשִׁיד זַרְעֵיהּ בְּרֵיקַנְיָא, וְאַפִּיק זַרְעָא לְמַגָּנָא בִּידָא אוֹ בְּרַגְלָא וְאִסְתָּאַב בֵּיהּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים ה) כִּי לֹא אֵל חָפֵץ רֶשַׁע אָתָּה לא יְגוּרְךָ רָע.

בְּגִין דָא לָא עָאל לְפַרְגּוֹדָא, וְלָא חָמֵי סְבָר אַפֵּי עַתִּיק יוֹמִין, כְּמָה דְּתָנִינָן כְּתִיב הָכָא לא יְגוּרְךָ רָע, וּכְתִיב וַיְהִי עֵר בְּכוֹר יְהוּדָה רַע בְּעֵינֵי יְיָ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (ישעיה א) יְדֵיכֶם דָּמִים מָלֵאוּ. זַכָּאָה חוּלָקֵיהּ דְּבַר נָשׁ דְּדָחִיל לְמָארֵיהּ וִיהֵא נְטִיר מֵאוֹרַח בִּישָׁא, וְיַדְכֵּי גַרְמֵיהּ לְאִשְׁתַּדָּלָא בִּדְחִילוּ דְמָארֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, בַּבֹּקֶר זְרַע אֶת זַרְעֶךָ, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. בַּבֹּקֶר, דָּא הוּא בְּזִמְנָא דְּבַר נָשׁ אִתְקַיֵּים בְּחֵילֵיהּ וִיהֵא בְּעוּלֵימוֹ, כְּדֵין אִשְׁתַּדַּל לְאוֹלָדָא בְּנִין בְּאִיתְּתָא דְּחַזְיָא לֵיהּ, דִּכְתִיב בַּבֹּקֶר זְרַע אֶת זַרְעֶךָ.

דְּהָא כְּדֵין זִמְנָא אִיהוּ כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים קכז) כְּחִצִּים בְּיַד גִּבּוֹר כֵּן בְּנִי הַנְּעוּרִים. בְּגִין דְּיָכִיל לְמֵילַף לְהוּ אָרְחוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וִיהֵא לֵיהּ אַגְרָא טָבָא לְעַלְמָא דְאָתֵי. דִּכְתִיב אַשְׁרֵי הַגֶּבֶר אֲשֶׁר מִלֵּא אֶת אַשְׁפָּתוֹ מֵהֶם לא יֵבשׁוּ כִּי יְדַבְּרוּ אֶת אוֹיְבִים בַּשָּׁעַר. לא יֵבוֹשׁוּ בְּהַהוּא עַלְמָא, בְּזִמְנָא דְמָארֵיהוֹן דְּדִינָא יֵיתוּן לְקַטְרְגָא עֲלוֹי. דְּלֵית לָךְ אַגְרָא טָבָא בְּהַהוּא עַלְמָא, כְּהַהוּא דְאוֹלִיף לֵיהּ לִבְרֵיהּ דְּחִילוּ דְמָרֵיהּ בְּאָרְחוֹי דְאוֹרַיְיתָא.

תָּא חֲזֵי מַה אָמַר בְּאַבְרָהָם, דִּכְתִיב, (בראשית יח) כִּי יְדַעְתִּיו לְמַעַן אֲשֶׁר יְצַוֶּה אֶת בָּנָיו וְאֶת בֵּיתוֹ אַחֲרָיו וְשָׁמְרוּ דֶּרֶךְ יְיָ לַעֲשׂוֹת צְדָקָה וּמִשְׁפָּט. וְעַל דָּא הַהוּא זְכוּ קָיְימָא לֵיהּ בְּהַהוּא עַלְמָא לְגַבֵּי כָּל מָארֵיהוֹן דְּדִינָא.

וּבְגִין כָּךְ בַּבֹּקֶר זְרַע אֶת זַרְעֶךָ, וְלָעֶרֶב אַל תַּנַּח יָדֶךָ, אֲפִילּוּ בְּיוֹמֵי דְזִקְנָה, דְּאִיהוּ זִמְנָא דְסִיב בַר נָשׁ (לא יימא כבר אשתדלית ודי לי או כבר אשתדלית ולא יכילנא והשתא דאנא סיב לית אנא בעי ועם כל דא) מַה כְּתִיב אַל תַּנַּח יָדֶךָ לָא יִשְׁבּוֹק מִלְּאוֹלָדָא בְּהַאי עַלְמָא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּלָא תֵדַע אֵיזֶה יִכְשַׁר הַזֶּה אוֹ זֶה לִפְנֵי הָאֱלהִים. בְּגִין דִּיקוּמוּן בְּגִינֵיהּ בְּהַהוּא עַלְמָא.

וְעַל דָּא כְּתִיב (תהילים קכ״ז:ג׳) הִנֵּה נַחֲלַת יְיָ בָּנִים, דָּא צְרוֹרָא דְנִשְׁמָתָא סִטְרָא דְעַלְמָא דְאָתֵי, וּלְהַאי נַחֲלָה מַאן זָכֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאַעָלָא בְּהַהוּא נַחֲלַת יְיָ, בָּנִים. אִינוּן בְּנִין זָכָאן לֵיהּ לְנַחֲלַת יְיָ, וְעַל דָּא זַכָּאָה הַהוּא בַּר נָשׁ דְּזָכֵי לוֹן דְּיוֹלִיף לוֹן אָרְחוֹי דְאוֹרַיְיתָא כְּמָה דְּאִתְּמָר:

וַתָּסַר בִּגְדֵי אַלְמְנוּתָהּ מֵעָלֶיהָ וְגו', תָּא חֲזֵי, תָּמָר בַּת כֹּהֵן הֲוַת, וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּאִיהִי אָזְלָא בְּגִין לְאַזְנָאָה עִם חָמוּהָ, דְּהָא אִיהִי צְנִיעוּתָא אִשְׁתַּכְּחַת בָּהּ תָּדִיר. אֶלָּא אִיהִי צַדֶּקֶת הֲוַת וּבְחָכְמָה עָבְדַת הַאי, דְּהָא אִיהִי לָא אַפְקָרַת גַּרְמָהּ לְגַבֵּיהּ, אֶלָּא בְּגִין דִּידִיעָה יָדְעַת וְחָכְמְתָא אִסְתַּכָּלַת. וְעַל דָּא אִיהִי אָתַת לְגַבֵּיהּ לְמֶעְבַּד (עמיה) טִיבוּ וּקְשׁוֹט, וְעַל דָּא אָתַת (להדיה) וְאִשְׁתַּדְּלַת בְּעִסְקָא דָא.

תָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּאִיהִי יָדְעַת יְדִיעָה וְאִשְׁתַּדְּלַת בְּעִסְקָא דָא. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עֲבַד סִיּוּעָא תַּמָּן בְּהַהוּא עוֹבָדָא וְאִתְעֲבְּרַת מִיָּד. וְכֹלָּא הֲוָה
(Ⅰ)
[189a]  
[...] de chanter la gloire de Dieu. Au-dessus de ces trois armées se tient une Hayâ sacrée. Toutes chantent les louanges du Saint, béni soit-il, jusqu’à l’arrivée du jour. Le jour arrivé, toutes les armées du côté du midi, ainsi que toutes les étoiles qui brillent, entonnent les cantiques à la gloire du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Job, XXXVIII, 7) : « ... Lorsque les astres du matin le louent tous ensemble, et que tous les enfants de Dieu sont transportés de joie. » La phrase : « ... Lorsque les astres du matin le louent » désigne les armées du midi, ainsi qu’il est écrit (Gen., XIX, 27) : « Et Abraham se leva le matin de bonne heure. » La phrase : « ... Et que tous les enfants de Dieu sont transportés de joie » désigne les armées du côté gauche (c’est-à-dire du côté du nord), qui se joignent à celles du côté droit. Et quand le jour a commencé, Israël entonne des hymnes et loue le Saint, béni soit-il, trois fois par jour, pour correspondre aux trois veilles de la nuit pendant lesquelles les anges louent le Seigneur. Il en résulte que la gloire du Saint, béni soit-il, est chantée six foix : trois fois par Israël durant le jour, et trois fois par les anges pendant la nuit. La Hayâ sacrée qui se tient au-dessus des armées célestes se tient également au-dessus d’Israël ici-bas, pour que tous, les armées célestes aussi bien que les hommes ici-bas, trouvent leur salut, ainsi qu’il est écrit (Prov., XXXI, 15) : « Elle se lève lorsqu’il est encore nuit ; elle partage le butin parmi les membres de la maison, et la nourriture à ses jeunes servantes. » La phrase : « ... Elle partage le butin parmi les membres de sa maison » désigne les armées célestes. Laphrase : « ... Et la nourriture à ses jeunes servantes » désigne Israël ici-bas. La gloire du Saint, béni soit-il, se trouve ainsi chantée et en haut et en bas. L’Écriture (Job, IX, 7) dit : « C’est lui qui commande au soleil, et le soleil ne se lève point. » D’après Rabbi Siméon, ces paroles désignent Joseph. Et les paroles suivantes : « ... Et qui tient les étoiles sous le sceau » désignent les frères de Joseph, ainsi qu’il est écrit (Gen., XVII, 9) : « Et le soleil et la lune et onze étoiles m’adoraient. »
D’après une autre interprétation, les mots : « C’est lui qui commande au soleil » désignent Jacob au moment où ses fils lui tendirent la chemise de Joseph pour la reconnaître. Les mots : «... Et le soleil ne se lève point » désignent Jacob durant l’époque où la Schekhina s’était retirée de lui. Les mots : «... Et qui tient les étoiles sous le sceau » signifient que Jacob avait été privé de toutes les lumières durant le temps qu’il restait séparé de Joseph son fils.
Remarquez en outre que, depuis le jour où Joseph fut séparé deJacob, celui- ci s’abstint de relations conjugales ; et il porta le deuil jusqu’au jour où la bonne nouvelle de Joseph lui fut annoncée.
Il est écrit : « Et le Seigneur était avec Joseph, à qui tout réussissait heureusement ; et il demeurait dans la maison de son maître. »
Rabbi Yossé ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXXVII, 28) : « Car le Seigneur aime l’équité, et il n’abandonne pas ses saints ; ils seront éternellement conservés. » Ce verset a été déjà interprété.
Remarquez que, partout où les justes vont, le Saint, béni soit-il les garde et ne les abandonne jamais. David (Ps., XXIII, 4) avait dit : « Quand même je marcherais au milieu de l’ombre de la mort, je ne craindrais aucun mal parce que tu es avec moi ; ta houlette et ton bâton sont le sujet de ma consolation. » David parlait ainsi parce que partout où les Justes vont, la Schekhina les accompagne et ne les abandonne jamais. Joseph descendit dans l’ombre de la mort lorsqu’il vint en Égypte ; mais la Schekhina était avec lui, ainsi qu’il est écrit : « Et le Seigneur était avec Joseph. » C’est précisément parce que la Schekhina était constamment avec lui, que tout lui réussissait. Alors même que Joseph agissait d’une façon contraire à la volonté de son maître, les événements se changèrent subitement et devinrent tels que le maître les désirait.
Remarquez que l’Écriture ne dit pas : « Et son maître sut que le Seigneur était avec lui», mais : « Et son maître vit que le Seigneur était avec lui. » Car Putiphar voyait les miracles de ses propres yeux. Remarquez que le Saint, béni soit-il, bénit les impies quand ceux-ci s’attachent à un juste, ainsi qu’il est écrit (II Rois, VI, 11) : « Et le Seigneur bénit la maison d’Obed-Edom, de Geth, à cause de l’arche du Seigneur. » Ainsi le maître de Joseph fut béni à cause de celui-ci, alors que Joseph lui-même ne pouvait obtenir la liberté et finit même par être jeté en prison, ainsi qu’il est écrit (Ps., CV, 18) : « Il fut humilié par les chaînes qu’on lui mit aux pieds ; le fer transperça son âme. » Mais le Saint, béni soit-il, en lui rendant la liberté, le fit dominer sur toute la terre d’Égypte.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., XXXVII, 28 dit : «Et il n’abandonne point ses saints ; ils seront éternellement [...]
- מִנֵּיהּ. וְאִי תֵימָא אַמַּאי לָא אַיְיתֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִינוּן בְּנִין מֵאִתְּתָא אוֹחֲרָא, אַמַּאי מִן דָּא. אֶלָּא וַדַּאי אִיהִי אִצְטְרִיכָא לְעוֹבָדָא דָא וְלָא אִתְּתָא אָחֳרָא.

תְּרֵין נְשִׁין הֲווּ דְּמִנַּיְיהוּ אִתְבְּנֵי זַרְעָא דִיהוּדָה, וְאֲתוּ מִנַּיְיהוּ דָּוִד מַלְכָּא וּשְׁלֹמֹה מַלְכָּא וּמַלְכָּא מְשִׁיחָא. וְאִלֵּין תְּרֵין נְשִׁין דָּא כְּגַוְונָא דְּדָא, תָּמָר וְרוּת דְּמִיתוּ בַּעֲלַיְיהוּ בְּקַדְמִיתָא, וְאִינוּן אִשְׁתַּדְּלוּ לְעוֹבָדָא דָא.

תָּמָר אִשְׁתַּדְּלַת לְגַבֵּי חָמוּהָ דְּאִיהוּ קָרִיב יַתִּיר לִבְנוֹי דְמִיתוּ. מַאי טַעְמָא אִיהִי אִשְׁתַּדְּלַת לְגַבֵּיהּ, דִּכְתִיב כִּי רָאֲתָה כִּי גָדַל שֵׁלָה וְהִיא לֹא נִתְּנָה לוֹ לְאִשָּׁה. וּבְגִין דָּא אִשְׁתַּדְּלַת בְּעוֹבָדָא דָא לְגַבֵּי חָמוּהָ.

רוּת מִית בַּעֲלָהּ וּלְבָתַר אִשְׁתַּדְּלַת בְּעוֹבָדָא דָא לְגַבֵּיהּ דְּבֹעַז דִּכְתִיב, (רות ג׳:ז׳) וַתְּגַל מַרְגְּלוֹתָיו וַתִּשְׁכָּב. וְאִשְׁתַּדְּלַת בַּהֲדֵיהּ וּלְבָתַר אוֹלִידַת לֵיהּ לְעוֹבֵד. וְאִי תֵימָא אַמַּאי לָא נָפִיק עוֹבֵד מֵאִתְּתָא אָחֳרָא, אֶלָּא וַדַּאי הִיא אִצְטְרִיכַת וְלָא אִתְּתָא אָחֳרָא. וּמִתְּרֵין אִלֵּין אִתְבְּנִי וְאִשְׁתַּכְלִיל זַרְעָא דִיהוּדָה, וְתַרְוַוְיְיהוּ בְּכַשְׁרוּת עָבְדוּ לְמֶעְבַּד טִיבוּ עִם אִינוּן מֵיתַיָיא לְאִתְתַּקְּנָא עַלְמָא לְבָתַר.

וְדָא הוּא כְּמָה דְאִתְּמָר (קהלת ד׳:ב׳) וְשַׁבֵּחַ אֲנִי אֶת הַמֵּתִים שֶׁכְּבָר מֵתוּ, דְּהָא כַּד הֲווּ חַיִּין בְּקַדְמִיתָא לָא הֲוָה בְּהוּ שְׁבָחָא (ז''ח ולבתר הוה בהו שבחא), וְתַרְוַויְיהוּ אִשְׁתַּדְּלוּ לְמֶעְבַּד טִיבוּ וּקְשׁוֹט עִם אִנּוּן מֵיתַיָיא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא סִיֵּיעַ בְּהַהוּא עוֹבָדָא וְכֹלָּא הֲוָה כְּדְקָא יָאוֹת. זַכָּאָה אִיהוּ מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילְיָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (יהושע א׳:ח׳) וְהָגִיתָ בוֹ יוֹמָם וָלַיְלָה לְמַעַן תִּשְׁמֹר לַעֲשׂוֹת כְּכָל הַכָּתוּב בּוֹ כִּי אָז תַּצְלִיחַ אֶת דְּרָכֶיךָ וְגו':

וְיוֹסֵף הוּרַד מִצְרַיְמָה וַיִּקְנֵהוּ פּוֹטִיפַר וְגו'. (מה כתיב לעיל ויכר יהודה ויאמר, איהו אמר לגבי אבוי הכר נא וגו', ועל דא ויכר יהודה. וכתיב והנה תאומים בבטנה. תאומין הוו מקדמת דנא אחין הוו. רבי חזקיה אמר, לא אשתמע הכי. אלא בנין אחרנין אתילידו. אמר רבי אבא, בגין כך אשתדלת לאשכחא אובדא דאתאביד. תא חזי מה כתיב, ויהי כמשיב ידו והנה יצא אחיו ותאמר מה פרצת עליך פרץ. רמז הכא פריצותא קדמאה דפריץ ההוא דמית עליה משמע דכתיב פרצת עליך פריצותא בגין דאצטריכת לאטרחא למרך ובגין כך פריצותא תעביד בשאר עמין עובדי עבודת כוכבים ומזלות. ועל דא ויקרא את שמו פרץ. ולבתר דכל עובדא דיהודה אתמר דיהודה זבין ליה ליוסף. ואיהו גרים ליה לכל האי. דאי יהודה הוה אמר נהדר ליה לאבונא הוו עבדין ליה אחוי הס ועל דא נחתו ליה אחוי משלטנותא דעליהו. לבתר דאתגלי מאחוי ואתא עליה כל דא אהדר ואמר ויוסף הורד מצרימה) מַאי הוּרַד. דְּאִסְתַּכַּם קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּהַהוּא עוֹבָדָא לְקַיְימָא גְזֵרָה דִילֵיהּ דִּגְזַר בֵּין הַבְּתָרִים דִּכְתִיב, (בראשית ט״ו:י״ג) יָדוֹעַ תֵּדַע כִּי גֵר יִהְיֶה זַרְעֲךָ וְגו'. וַיִּקְנֵהוּ פּוֹטִיפַר לִסְטַר חֲטָאָה קָנָה לֵיהּ.

פָּתַח וְאָמַר, (איוב ט׳:ז׳) הָאֹמֵר לַחֶרֶס וְלֹא יִזְרָח וּבְעַד כּוֹכָבִים יַחְתֹּם. תָּא חֲזֵי, שִׁבְעָה כֹּכְבַיָא עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּרְקִיעָא, וְכָל רְקִיעָא וּרְקִיעָא אִית בֵּיהּ כַּמָּה שַׁמָּשִׁין מְמַנִּין לְשַׁמָּשָׁא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

בְּגִין דְּלֵית לָךְ שַׁמָּשָׁא אוֹ מְמַנָּא דְּלֵית לֵיהּ פּוּלְחָנָא וְשִׁמּוּשָׁא לְמָארֵיהּ, וְקָיְימֵי כָּל חַד וְחַד עַל הַהוּא שִׁמּוּשָׁא דְּאִתְפַּקְדָא בֵּיהּ, וְכָל חַד יָדַע עֲבִידְתֵּיהּ לְשַׁמָּשָׁא.

מִנְּהוֹן מְשַׁמְּשֵׁי בִּשְׁלִיחוּתָא דְמָרֵיהוֹן וְאִתְפַּקְּדָן בְּעַלְמָא עַל כָּל עוֹבָדֵיהוֹן דִּבְנֵי נָשָׁא, וּמִנְּהוֹן דְּקָא מְשַׁבְּחִין לֵיהּ וְאִינוּן (הא) אִתְפַּקְּדָן עַל שִׁירָתָא. וְאַף עַל גַּב דְּאִינוּן אִתְפַּקְּדָן בְּהַאי, לֵית לָךְ כָּל חֵילָא בִּשְׁמַיָיא וְכֹכָבִין וּמַזָּלֵי דְּכֻלְּהוּ לָא מְשַׁבְּחָן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

דְּהָא בְּשַׁעְתָּא דְּעָאל לֵילְיָא כְּדֵין אִתְפַּרְשָׁן תְּלַת סִטְרִין מַשִּׁרְיָין לִתְלַת סִטְרֵי עַלְמָא, וּבְכָל סִטְרָא וְסִטְרָא אֶלֶף אַלְפִין וְרִבּוֹא רִבְבָן וְכֻלְּהוּ מְמַנָּן עַל
(Ⅰ)
[189b]  
[...] conservés. » L’Écriture se sert du mot « hasidav (60) », sans Yod, ainsi que cela a été déjà dit. Le Saint, béni soit-il, protège les justes, et dans ce monde et dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit (Ps., V, 12) : « Et tous ceux qui mettent en toi leur espérance se réjouissent ; ils seront éternellement remplis de joie, et tu habiteras en eux ; et tous ceux qui aiment ton nom se glorifieront en toi. » Il est écrit (Gen., XXXIX, 7) : « Et après ces événements la femme de son maître jeta les yeux sur Joseph. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CIII, 20) : « Bénissez le Seigneur, vous, ses anges, êtres puissants et vigoureux, et fidèles à exécuter ses ordres, dès que vous avez entendu le son de sa voix. » Remarquez que l’homme doit prendre de grandes précautions pour ne pas s’exposer aux séductions de l’esprit tentateur qui requiert tous les jours contre l’homme, ainsi que cela a été déjà dit. Comme l’esprit tentateur est très fort, l’homme doit être plus fort que lui, pour lui résister ; et ceux qui lui résistent sont appelés « êtres puissants et vigoureux» ; ils sont également appelés « anges du Saint, béni soit-il » ; car ils émanent du côté de la Rigueur, et c’est pourquoi ils peuvent résister à l’esprit tentateur.
Rabbi Éléazar dit : Les mots : « Après ces événements » signifient que Joseph était cause lui-même d’être exposé à la tentation ; car Joseph avait coutume de se boucler les cheveux : et c’est ce soin qu’il prenait de sa personne qui fournit matière à l’esprit tentateur de requérir contre lui. Comment ! disait celui-ci, Jacob porte le deuil et Joseph prend soin de sa personne et se boucle les cheveux ? Et aussitôt il l’exposa à la tentation. L’Écriture dit : « Et après ces événements, etc. » Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, regarde sur le monde pour le juger, et qu’il y trouve des coupables, il s’accomplit ce que dit l’Écriture (Deut., XI, 17) : « Et il ferme le ciel ; et les pluies ne tombent plus ; et la terre ne produit plus son fruit ; et vous serez exterminés à bref délai, etc. » Car c’est à cause du péché des hommes que le ciel et la terre n’obéissent plus aux lois qui les régissent.
Remarquez en outre que ceux qui ne conservent pas dans toute sa pureté le signe sacré de l’Alliance font en quelque sorte une séparation entre Israël et son père céleste ; car l’Écriture dit précédemment : « ... Que vous n’abandonniez le Seigneur votre Dieu, pour servir les dieux étrangers. » Quiconque souille le signe sacré de l’Alliance est aussi coupable que s’il adorait les dieux étrangers. Mais celui qui le garde intact attire les bénédictions du Saint, béni soit-il, sur la terre, ainsi qu’il est écrit (Ps., LVIII, 10) : « Tu sépares, ô Seigneur, et tu destines pour ton héritage une pluie de grâces ; et s’ils sont affaiblis, tu leur donnes ta protection. » Ces paroles désignent la « Communauté d’Israël » qui est l’héritage du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXII, 9) : « Jacob est son héritage. ». Quand la « Communauté d’Israël » est affaiblie, le Saint, béni soit-il, la fortifie. Ainsi, le ciel et la terre et toutes les forces de la nature, sont tous basés sur la pureté du membre de l’Alliance, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXIII, 25) : « S’il n’y avait pas eu l’Alliance que j’ai faite avec le jour et la nuit, je n’aurais pas établi les lois qui régissent le ciel et la terre. » Aussi convient-il à l’homme de veiller sur la pureté de ce membre. Comme l’Écriture nous apprend que Joseph était beau de visage et agréable (Gen., XXXIX, 6), elle ajoute, immédiatement après, que la femme de son maître avait jeté les yeux sur Joseph. L’Écriture (ibid., 10) ajoute : « Comme cette femme continua tous les jours à solliciter Joseph, etc. »
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., VI, 24) : « ... Afin qu’elle te défende de la femme corrompue et de la langue flatteuse de l’étrangère. » Heureux les justes qui connaissent les voies du Saint, béni soit-il, en se consacrant jour et nuit à l’étude de la Loi ; car, quiconque se consacre jour et nuit à l’étude de la Loi, héritera de deux mondes : et du monde d’en haut et du monde [...]
- שִׁירָתָא.

תְּלַת מַשִּׁרְיָין אִינוּן, וְחַד חֵיוָתָא קַדִּישָׁא מְמַנָּא עֲלַיְיהוּ וְקָיְימָא עֲלַיְיהוּ, וְכֻלְּהוּ קָא מְשַׁבְּחָן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַד דְּאָתֵי צַפְרָא, כַּד אָתֵי צַפְרָא, כָּל אִינוּן דְּבִסְטַר דָּרוֹם וְכָל כֹּכְבַיָא דְּנָהֲרֵי, כֻּלְּהוּ מְשַׁבְּחָן וְאָמְרֵי שִׁירָתָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב לח) בְּרָן יַחַד כֹּכְבֵי בֹקֶר וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלֹהִים. בְּרָן יַחַד כֹּכְבֵי בֹקֶר, אִלֵּין כֹּכְבַיָא דְּבִסְטַר דָּרוֹם כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית יט) וַיַּשְׁכֵּם אַבְרָהָם בַּבֹּקֶר. וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלהִים, אִלֵּין אִינוּן דְּבִסְטַר שְׂמָאלָא דְּאִתְכְּלִילוּ בִּימִינָא.

וּכְדֵין צַפְרָא נָהִיר, וְיִשְׂרָאֵל נָטְלֵי שִׁירָתָא וּמְשַׁבְּחָן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּימָמָא, תְּלַת זִמְנִין בִּימָמָא, לָקֳבֵל תְּלַת זִמְנִין דְּלֵילְיָא. וְקָיְימִין אִלֵּין לָקֳבֵיל אִלֵּין, עַד דְּיִסְתַּלַּק יְקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּימָמָא וּבְלֵילְיָא כְּדְקָא יְאוּת, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִסְתַּלַּק בְּהוּ בְּשִׁית אִלֵּין.

הַהוּא חֵיוָתָא קַדִּישָׁא דְּקָיְימָא עֲלַיְיהוּ לְעֵילָא קָיְימָא עַל יִשְׂרָאֵל לְתַתָּא בְּגִין לְאַתְקָנָא כֹּלָּא כְּדְקָא יְאוּת. מַה כְּתִיב בָּהּ (משלי לא) וַתָּקָם בְּעוֹד לַיְלָה וַתִּתֵּן טֶרֶף לְבֵיתָהּ וְחֹק לְנַעֲרוֹתֶיהָ. וַתִּתֵּן טֶרֶף לְבֵיתָהּ אִלֵּין אִינוּן מַשִּׁירְיָין דִּלְעֵילָא, וְחֹק לְנַעֲרוֹתֶיהָ אִלֵּין מַשִּׁרְיָין דְּיִשְׂרָאֵל לְתַתָּא, וּבְגִין כָּךְ יְקָרָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִסְתַּלַּק מִכָּל סִטְרִין מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא. וְעַל דָּא כֹּלָּא הֲוָה (ס''א הוא) בִּרְשׁוּתֵיהּ קַיְימָא, וְכֹלָּא אִיהוּ בִּרְעוּתֵיהּ. (איוב ט) הָאוֹמֵר לַחֶרֶס וְלא יִזְרָח. רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, דָּא יוֹסֵף. וּבְעַד כּוֹכָבִים יַחְתּוֹם, אִלֵּין אִינוּן אֲחוֹי דִּכְתִיב בְּהוּ וַאֲחַד עָשָׂר כּוֹכָבִים מִשְׁתַּחֲוִים לִי. דָּבָר אַחֵר הָאוֹמֵר לַחֶרֶס, דָּא יַעֲקֹב, בְּשַׁעְתָּא דְּאָמְרוּ לוֹ הַכֶּר נָא. וְלא יִזְרָח, בְּשַׁעְתָּא דְּאִסְתַּלְקַת שְׁכִינְתָּא מִנֵּיהּ. וּבְעַד כֹּכָבִים יַחְתּוֹם, בְּגִין בְּנוֹי אִתְחַתַּם וְאַסְתִּים נְהוֹרָא דִּילֵיהּ, שִׁמְשָׁא אִתְחַשַׁךְ וְכֹכְבַיָא לָא נְהִירוּ בְּגִין דְּיוֹסֵף אִתְפָּרַשׁ מֵאֲבוֹי. וְתָּא חֲזֵי, מֵהַהוּא יוֹמָא דְהַהוּא עוֹבָדָא דְיוֹסֵף, אִתְפְּרַשׁ יַעֲקֹב מִשִּׁמּוּשָׁא דְּעַרְסָא וְאִשְׁתָּאַר אֲבֵלָא עַד הַהוּא יוֹמָא דְּאִתְבַּשַּׂר בְּשׂוֹרָה דְיוֹסֵף:

וַיְהִי יְיָ אֶת יוֹסֵף וַיְהִי אִישׁ מַצְלִיחַ וַיְהִי בְּבֵית אֲדוֹנָיו וְגו'. רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח, (תהלים לז) כִּי ה' אוֹהֵב מִשְׁפָּט וְלֹא יַעֲזֹב אֶת חֲסִידָיו לְעוֹלָם נִשְׁמָרוּ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ בְּאַבְרָהָם, אֶת חֲסִידָיו, חֲסִידוֹ כְּתִיב, וְהָא אִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, בְּכָל אֲתַר דְּצַדִּיקַיָא אָזְלֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיר לוֹן וְלָא שָׁבִיק לוֹן. דָּוִד אָמַר, (תהלים כג) גַּם כִּי אֵלֵךְ בְּגֵיא צַלְמָוֶת לֹא אִירָא רָע כִּי אַתָּה עִמָּדִי שִׁבְטְךָ וּמִשְׁעַנְתְּךָ וְגו'. בְּכָל אֲתַר דְּצַדִּיקַיָא אָזְלֵי, שְׁכִינְתָּא אָזְלָא עִמְּהוֹן וְלָא שָׁבִיק לוֹן.

יוֹסֵף אָזַל בְּגֵיא צַלְמָוֶת וְנָחֲתוּ לֵיהּ לְמִצְרַיִם, שְׁכִינְתָא הֲוַת עִמֵּיהּ. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב, וַיְהִי יְיָ אֶת יוֹסֵף. וּבְגִין דְּהֲוַת עִמֵּיהּ שְׁכִינְתָּא בְּכָל מַה דְּהֲוָה עָבִיד הֲוָה מַצְלַח בִּידֵיהּ. דְּאָפִילּוּ מַאי דְהֲוָה בִּידֵיהּ וְהֲוָה תָּבַע לֵיהּ מָארֵיהּ בְּגַוְונָא אָחֳרָא, הֲוָה מִתְהַפֵּךְ בִּידֵיהּ לְהַהוּא גַוְונָא דִּרְעוּתָא דְמָארֵיהּ הֲוָה רָעֵי בֵּיהּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, וַיַּרְא אֲדוֹנָיו כִּי יְיָ אִתּוֹ וְכָל אֲשֶׁר הוּא עוֹשֶׂה יְיָ מַצְלִיחַ בְּיָדוֹ, מַצְלִיחַ בְּיָדוֹ וַדַּאי, כִּי יְיָ אִתּוֹ.

תָּא חֲזֵי, וַיֵּדַע אֲדֹנָיו כִּי יְיָ אִתּוֹ לָא כְּתִיב, אֶלָּא וַיַּרְא אֲדֹנָיו, דְּהָא בְּעֵינוֹי הֲוָה חָמֵי עוֹבָדָא דְנִסִּין בְּכָל יוֹמָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד בִּידֵיהּ, וְעַל דָּא וַיְבָרֶךְ יְיָ אֶת בֵּית הַמִּצְרִי בִּגְלַל יוֹסֵף. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא נָטִיר לוֹן לְצַדִּיקַיָא וּבְגִינֵהוֹן נָטַר לוֹן לְרַשִּׁיעַיָא, דְּהָא רַשִּׁיעַיָא מִתְבָּרְכִין בְּגִינֵהוֹן דְּצַדִּיקַיָא. כְּגַוְונָא דָא כְּתִיב, (שמואל ב ו) וַיְבָרֶךְ יְיָ אֶת בֵּית עוֹבֵד אֱדוֹם הַגִּתֵּי בַּעֲבוּר אֲרוֹן הָאֱלהִי ם.

צַדִּיקַיָא, אָחֳרָנִין מִתְבָּרְכִין בְּגִינַייהוּ, וְאִינוּן לָא יָכְלוּ לְאִתְּזְנָא (ס''א לאשתזבא) בִּזְכוּתַיְיהוּ, וְהָא אוּקְמוּהָ. יוֹסֵף אִתְבָּרֵךְ מָארֵיהּ בְּגִינֵיהּ, וְאִיהוּ לָא יָכִיל לְאִשְׁתְּזָבָא בִּזְכוּתֵיהּ מִנֵּיהּ וּלְנָפְקָא לְחֵירוּ.

וּלְבָתַר אָעִיל לֵיהּ בְּבֵית הַסֹּהַר כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים ק״ה:י״ח-י״ט) עִנּוּ בַכֶּבֶל רַגְלוֹ בַּרְזֶל בָּאָה נַפְשׁוֹ, עַד דִּלְבָתַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַפִּיק לֵיהּ לְחֵירוּ וְשַׁלְטֵיהּ עַל כָּל אַרְעָא דְמִצְרָיִם. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב וְלא יַעֲזֹב אֶת חֲסִידָיו לְעוֹלָם
(Ⅰ)
[190a]  
[...] d’ici-bas. Celui qui ne s’applique pas à l’étude de la Loi par amour de Dieu, mais uniquement par amour-propre, aura pour partage le monde d’ici-bas ; et celui qui s’y consacre pour la gloire de Dieu héritera également du monde d’en haut.
Remarquez que l’Écriture (Prov., III, 16) dit : « Elle a la longévité à sa droite, et à sa gauche les richesses et la gloire. » Les premiers mots de ce verset désignent ceux qui s’appliquent à l’étude de la Loi pour la gloire de Dieu ; ceux-ci sont du côté droit, et ils auront la « longévité», ce qui veut dire la vie éternelle, alors que ceux qui s’appliquent à l’étude de la Loi par amour-propre sont du côté gauche, et ils hériteront des « richesses et de la gloire ». Lorsque Rabbi Hiyâ vint de Babylone en Palestine, il se consacra à l’étude de la Loi avec un tel zèle que son visage resplendissait comme la lumière du soleil. Il disait à tous ceux qui étudiaient la Loi en sa présence : un tel étudie pour la gloire de Dieu, un tel autre n’étudie que par amour-propre. Il priait pour les uns et pour les autres ; pour ceux qui étudiaient pour la gloire de Dieu, il priait pour qu’ils continuassent à faire toujours ainsi et qu’ils fussent jugés dignes du monde futur ; et pour ceux qui étudiaient par amour propre, il priait afin qu’ils changeassent de conduite et qu’ils se consacrassent à l’étude de la Loi pour la gloire de Dieu. Voyant un jour un de ses élèves devenir jaune pendant qu’il se consacrait à l’étude de la Loi, Rabbi Hiyâ s’écria : Celui-ci a certainement des pensées coupables. Il le fit approcher et lui parla de choses relatives à la Loi ; et les mauvaises pensées l’abandonnèrent. A partir de ce jour, l’élève prit la ferme résolution de ne plus caresser les pensées coupables et de les chasser aussitôt qu’elles se présenteraient à son esprit, en se consacrant à l’étude de la Loi pour la gloire de Dieu.
Rabbi Yossé dit : Quand l’homme est obsédé par des pensées coupables, il doit se consacrer à l’étude de la Loi, et les pensées le quitteront.
Rabbi Éléazar dit : Quand le mauvais esprit vient séduire l’homme, celui-ci doit l’attirer vers l’étude de la Loi, et l’esprit le quittera.
Remarquez que le mauvais esprit parcourt le monde, voit les mauvaises actions des hommes et remonte au ciel pour requérir contre eux ; et si le Saint, béni soit-il, n’avait pitié des œuvres de ses mains, il ne laisserait subsister un seul homme sur la terre. L’Écriture dit : « ... Comme cette femme continua tous les jours à solliciter Joseph par ses paroles. » C’est une allusion à l’esprit tentateur [...]
- נִשְׁמָרוּ, חֲסִידוֹ כְּתִיב וְאִתְּמָר. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָגִין עֲלַיְיהוּ דְּצַדִּיקַיָא, בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי. דִּכְתִיב, (תהילים ה׳:י״ב) וְיִשְׂמְחוּ כָל חוֹסֵי בָךְ לְעוֹלָם יְרַנִּנוּ וְתָסֵךְ עָלֵימוּ וְיַעְלְצוּ בְךָ אוֹהֲבֵי שְׁמֶךָ:

וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה וַתִּשָּׂא אֵשֶׁת אֲדֹנָיו אֶת עֵינֶיהָ אֶל יוֹסֵף. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאֲמַר, (תהילים ק״ג:כ׳) בָּרְכוּ יְיָ מַלְאָכָיו גִּבּוֹרֵי כֹחַ עוֹשֵׂי דְבָרוֹ לִשְׁמוֹעַ בְּקוֹל דְּבָרוֹ. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבוֹי, וּלְמֵיהַךְ בְּאֹרַח מִתְתַּקְּנָא. בְּגִין דְּלָא יִסְטֵי לֵיהּ הַהוּא יֵצֶר הָרָע, דְּאִיהוּ מְקַטְרְגָא לֵיהּ כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא, כְּמָה דְאִתְּמָר.

וּבְגִין דְּאִיהוּ מְקַטְרְגָא לֵיהּ תָּדִיר, בָּעֵי בַּר נָשׁ לְאִתְתַּקְּפָא עֲלֵיהּ, וּלְאִסְתַּלְּקָא עֲלֵיהּ בְּאֲתַר תָּקִּיפוּ. דְּבָעֵי לְמֶהֱוֵי גָּבַר עֲלֵיהּ, וּלְאִשְׁתַּתְּפָא בְּאֲתַר דִּגְבוּרָה. בְּגִין דְּכַד בַר נָשׁ אִתְקַף עֲלֵיהּ, כְּדֵין אִיהוּ בִּסְטַר גְּבוּרָה, וְאִתְדָּבַּק בֵּיהּ לְאִתְתַּקְּפָא. וּבְגִין דְּהַהוּא יֵצֶר הָרָע תַּקִּיף, בָּעֵי בַר נָשׁ דִּיהֵא תַּקִּיף מִינֵיהּ.

וְאִלֵּין בְּנֵי נָשָׁא דְּאִתְתַּקְּפוּ עֲלֵיהּ, אִקְרוּן גִּבּוֹרֵי כֹחַ, לְאִשְׁתַּכְּחָא זִינָא עִם זִינֵיהּ. וְאִלֵּין אִינוּן מַלְאָכָיו דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְאַתְיָין מִסִּטְרָא דִגְבוּרָה קַשְׁיָא, לְאִתְתַּקְּפָא עֲלֵיהּ, גִּבּוֹרֵי כֹּחַ עוֹשֵׂי דְבָרוֹ. בָּרְכוּ יְיָ מַלְאָכָיו, כְּיוֹסֵף, דְּאִקְרֵי צַדִּיק וְגִבּוֹר וְנָטַר בְּרִית קַדִּישָׁא דְּאִתְרְשִׁים בְּגַוֵּיהּ.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה, מַאי הִיא, הָא אוּקְמוּהָ אֲתַר דָּא דְּיֵצֶר הָרָע מְקַטְרֵג, דְּאִיהוּ דַרְגָּא אַחַר הַדְּבָרִים. בְּגִין דְּיוֹסֵף יָהַב לֵיהּ דּוּכְתָּא לְקַטְרָגָא, דְּהֲוָה יוֹסֵף מְסַלְסֵל בְּשַׂעֲרֵיהּ וְאַתְקִין גַּרְמֵיהּ וְקַשִּׁיט לֵיהּ, כְּדֵין אִתְיְהִיב דּוּכְתָּא לַיֵצֶר הָרָע לְקַטְרְגָא. דְּאָמַר, וּמַה אֲבוֹי דְּאִיהוּ מִתְאַבֵּל עֲלֵיהּ, וְיוֹסֵף מְקַשִּׁיט גַּרְמֵיהּ, וּמְסַלְסֵל בְּשַׂעֲרֵיהּ, כְּדֵין אִתְגָּרֵי בֵּיהּ דּוּבָּא וְקַטְרִיג לֵיהּ:

וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה. תָּא חֲזֵי, בְּזִמְנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַשְׁגַּח בֵּיהּ בְּעַלְמָא, לְמֵידַן יָתֵיהּ, וְאַשְׁכַּח חַיָּיבִין בְּעַלְמָא, מַה כְּתִיב, (דברים י״א:י״ז) וְעָצַר אֶת הַשָּׁמַיִם וְלֹא יִהְיֶה מָטָר וְהָאֲדָמָה לֹא תִתֵּן אֶת יְבוּלָהּ, וּכְדֵין וַאֲבַדְתֶּם מְהֵרָה. דְּהָא בְּגִין חוֹבִין דִּבְנֵי נָשָׁא, שְׁמַיָא וְאַרְעָא אִתְעֲצָרוּ, וְלָא נָהֲגֵי נִמּוּסֵיהוֹן כְּדְקָא יְאוּת.

וְתָּא חֲזֵי, אִינוּן דְּלָא נָטְרוּ לְהַאי קְיָימָא דְקוּדְשָׁא, גָּרְמֵי פְּרִישׁוּ בֵּין יִשְׂרָאֵל לַאֲבוּהוֹן דְּבִשְׁמַיָא, בְּגִין דִּכְתִיב וְסַרְתֶּם וַעֲבַדְתֶּם אֱלֹהִים אֲחֵרִים וְהִשְׁתַּחֲוִיתֶם לָהֶם, וּכְתִיב וְעָצַר אֶת הַשָּׁמַיִם וְלֹא יִהְיֶה מָטָר. דְּהַאי אִיהוּ כְּמַאן דְּסָגִיד לֵאלָהָא אָחֳרָא, דִּמְשַׁקֵּר בְּהַאי אָת קְיָימָא קַדִּישָׁא.

וְכַד קְיָימָא קַדִּישָׁא אִתְנְטִיר בְּעַלְמָא כְּדְקָא יָאוֹת, כְּדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהִיב בִּרְכָאן לְעֵילָא לְאַתְרָקָא בְּעַלְמָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ס״ח:י׳) גֶּשֶׁם נְדָבוֹת תָּנִיף אֱלהִים נַחֲלָתְךָ וְנִלְאָה אַתָּה כוֹנַנְתָּה. גֶּשֶׁם נְדָבוֹת, דָּא גֶּשֶׁם דִּרְעוּתָא. כַּד אִתְרָעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּכְנְסֶת יִשְׂרָאֵל, וּבָעֵי לַאֲרָקָא לָהּ בִּרְכָאן, כְּדֵין נַחֲלָתְךָ וְנִלְאָה אַתָּה כוֹנַנְתָּה.

נַחֲלָתְךָ, אִינוּן יִשְׂרָאֵל, דְּאִינוּן אַחְסַנְתֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברים ל״ב:ט׳) יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ. וְנִלְאָה, דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, דְּאִיהִי נִלְאָה בְּאַרְעָא אָחֳרָא, דְּאִיהִי צַחְיָא לְמִשְׁתֵּי, וּכְדֵין אִיהִי נִלְאָה. וְכַד הַהוּא גֶשֶׁם דִּרְעוּתָא אִתְיְהִיב, כְּדֵין אַתָּה כּוֹנַנְתָּה.

וְעַל דָּא, שְׁמַיָא וְאַרְעָא, וְכָל חֵילֵיהוֹן, כֻּלְּהוּ קָיְימָא עַל קִיּוּמָא דָא. דִּכְתִיב (ירמיהו ל״ג:כ״ה) אִם לֹא בְרִיתִי יוֹמָם וָלַיְלָה חֻקּוֹת שָׁמַיִם וָאָרֶץ לֹא שָׂמְתִּי. וּבְּגִין כָּךְ בָּעֵי לְאִזְדַּהֲרָא בְּדָא, וְהָא אוּקְמוּהָ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, וַיְהִי יוֹסֵף יְפֵה תֹאַר וִיפֵה מַרְאֶה, וּבַתְרֵיהּ כְּתִיב וַתִּשָּׂא אֵשֶׁת אֲדֹנָיו אֶת עֵינֶיהָ אֶל יוֹסֵף. וַיְהִי כְּדַבְּרָהּ אֵלָיו יוֹם יוֹם. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאֲמַר, (משלי ו׳:כ״ד) לִשְׁמָרְךָ מֵאֵשֶׁת רָע וְגו', זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָּא, דְּיָדְעֵי אָרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְמֵיזַל בְּהוּ. בְּגִין דְּאִינוּן מִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילְיָא. דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא יוֹמֵי וְלֵילֵי, אַחְסִין תְּרֵין עָלְמִין, עַלְמָא עִלָּאָה, וְעַלְמָא
(Ⅰ)
[190b]  
[...] qui monte tous les jours en haut et requiert contre les hommes devant le Saint, béni soit-il, en énumérant toutes les mauvaises actions commises dans le monde.
L’Écriture ajoute : « Mais il ne l’écouta point et ne voulut pas dormir avec elle. » Ces paroles signifient que le Saint, béni soit-il, n’écoute point les récits de l’esprit tentateur. Les mots : « ... Et ne voulut pas dormir avec elle » signifient que Dieu ne lui donna pas l’autorisation d’exercer son pouvoir sur le monde.
Rabbi Abba dit : l’Esprit tentateur s’efforce chaque jour, et à chaque heure du jour, de séduire l’homme ; ces séductions sont bénignes en apparence ; mais elles finissent par tirer l’homme dans l’enfer. Ecouter l’esprit tentateur, c’est déjà se prostituer à lui.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Mais il ne l’écouta point et ne voulut pas dormir avec elle. » Remarquez que l’esprit tentateur est fait d’ordures, ainsi qu’il est écrit (Is., XXX, 22) : « Sors (tzea), dis-lui... » Le mot « tzea » signifie « ordures » (tzoah) ; c’est dans cette ordure que seront châtiés les coupables de ce monde qui n’ont pas de foi. L’Écriture (Gen., XXXIX, 11) ajoute : « Or, il arriva un jour que Joseph étant entré dans la maison pour y faire son travail, sans que personne fût présent, la femme de son maître le prit par son manteau et lui dit : Dors avec moi. » Le travail que Joseph avait à faire consistait dans l’étude de la Loi ; c’est le travail auquel tout homme doit se consacrer ; car il faut posséder la force du lion pour ne pas succomber à la tentation.
L’Écriture ajoute : « ... Sans que personne fût présent », ce qui veut dire que personne n’est assez puissant pour lutter contre l’esprit tentateur. Quand l’esprit tentateur voit que l’homme lui résiste, il a coutume de le saisir par le manteau ; il commence par lui dire : « ... Pare-toi, soigne tes habits, boucle tes cheveux. » Et si l’homme l’écoute, il finit par lui dire : « ... Dors avec moi. » Mais si l’homme est juste, il finit par s’arracher d’entre les mains de l’esprit tentateur, en abandonnant à celui-ci vêtements et parures, ainsi qu’il est écrit : « Joseph lui laissa le manteau entre les mains et s’enfuit. »
Rabbi Isaac dit : A la fin des temps les justes verront l’esprit tentateur ; il leur paraîtra aussi grand qu’une montagne ; ils s’étonneront, en se demandant comment ils avaient pu vaincre une si grande montagne. Par contre, il apparaîtra aux impies aussi petit qu’un grain d’orge ; et ceux-ci s’étonneront qu’ils n’aient pu vaincre un si petit grain d’orge. Les uns et les autres pleureront, ceux-ci de joie, et ceux-là de douleur. Le Saint, béni soit-il, fera ensuite disparaître du monde l’esprit tentateur, en lui arrachant les yeux, pour qu’il ne puisse plus exercer son pouvoir. En voyant ceci, les justes se réjouiront, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXL, 14) : « Mais les justes loueront ton nom, et ceux qui ont le cœur droit habiteront en ta présence. » [...]
- תַּתָּאָה. אַחְסִין הַאי עַלְמָא, אַף עַל גַּב דְּלָא אִתְעַסַּק בָּהּ בַּר נָשׁ לִשְׁמָהּ, וְאַחְסִין הַהוּא עַלְמָא עִלָּאָה, כַּד אִתְעַסַּק בָּהּ בַּר נָשׁ לִשְׁמָהּ.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (משלי ג) אֹרֶךְ יָמִים בִּימִינָהּ בִּשְׂמֹאלָהּ עשֶׁר וְכָבוֹד. אֹרֶךְ יָמִים בִּימִינָהּ, מַאן דְּאָזִיל לִימִינָא דְאוֹרַיְיתָא, אָרְכָא דְחַיִּין אִיהוּ לְעַלְמָא דְאָתֵי. דְּזָכֵי תַּמָּן לִיקָרָא דְאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהוּ יְקָרָא וְכִתְרָא, לְאִתְעַטְּרָא עַל כֹּלָּא. דְּכִתְרָא דְאוֹרַיְיתָא בְּהַהוּא עַלְמָא אִיהוּ. בִּשְׂמֹאלָהּ עשֶׁר וְכָבוֹד, בְּהַאי עַלְמָא, דְּאַף עַל גַּב דְּלָא אִתְעַסַּק בָּהּ לִשְׁמָהּ, זָכֵי בְּהַאי עַלְמָא בְּעוּתְרָא וִיקָרָא.

דְּהָא רִבִּי חִיָּיא כַּד אֲתָא מֵהָתָם לְאַרְעָא דְיִשְׂרָאֵל, קָרָא בְּאוֹרַיְיתָא, עַד דְּהֲווּ אַנְפּוֹי נְהִירִין כְּשִׁמְשָׁא. וְכַד הֲווּ קָיְימִין קַמֵּיהּ כָּל אִינוּן דְּלָעָאן בְּאוֹרַיְיתָא. הֲוָה אָמַר, דָּא אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמָהּ, וְדָא לָא אִשְׁתַּדַּל לִשְׁמָהּ, וְהֲוָה צַלֵּי עַל הַהוּא דְּאִתְעַסַּק לִשְׁמָהּ, דְּלֶיהוֵי הָכִי תָּדִיר, וְיִזְכֵּי לְעַלְמָא דְאָתֵי. וְצַלֵּי עַל הַהוּא דְּלָא אִתְעַסַּק בָּהּ לִשְׁמָהּ, דְּיֵיתֵי לְאִתְעַסְּקָא בָּהּ לִשְׁמָהּ, וְיִזְכֵּי לְחַיֵּי עָלְמָא.

יוֹמָא חַד, חָמָא חַד תַּלְמִיד דְּהֲוָה לָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְאַנְפּוֹי מוֹרִיקָן. אָמַר, וַדַּאי מְהַרְהֵר בְּחֶטְאָה אִיהוּ דְּנָא. אָחִיד לֵיהּ לְקַמֵּיהּ, וְאַמְשִׁיךְ עֲלֵיהּ בְּמִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא, עַד דְּאִתְיַישַׁב רוּחֵיהּ בְּגַוֵּיהּ. מִן הַהוּא יוֹמָא וּלְהָלְאָה, שַׁוֵּי עַל רוּחֵיהּ, דְּלָא יִרְדֹּף בָּתַר אִינוּן הִרְהוּרִין בִּישִׁין, וְיִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמָהּ.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, כַּד חָמֵי בַר נָשׁ דְּהִרְהוּרִין בִּישִׁין אַתְיָין לְגַבֵּיהּ, יִתְעַסַּק בְּאוֹרַיְיתָא, וּכְדֵין יִתְעַבְרוּן מִנֵּיהּ. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, כַּד הַהוּא סִטְרָא בִּישָׁא אָתֵי לְמִפְתֵּי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, יְהֵא מָשִׁיךְ לֵיהּ לְגַבֵּי אוֹרַיְיתָא, וְיִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, דְּהָא תָּנִינָן, דְּכַד הַאי סִטְרָא בִישָׁא קָיְימָא קַמֵּיהּ דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַסְטָאָה עַל עַלְמָא בְּגִין עוֹבָדִין בִּישִׁין. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָס עַל עַלְמָא, וְיָהִיב עֵיטָא לִבְנֵי נָשָׁא, לְאִשְׁתְּזָבָא מִנֵּיהּ. וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלֵיהוֹן וְלָא עַל עוֹבָדֵיהוֹן, וּמַאי אִיהוּ עֵיטָא, לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, וְאִשְׁתֵּזָבוּ מִנֵּיהּ. מְנָלָן, דִּכְתִיב, (משלי ו) כִּי נֵר מִצְוָה וְתוֹרָה אוֹר וְדֶרֶךְ חַיִּים תּוֹכְחוֹת מוּסָר. מַה כְּתִיב בַּתְרֵיהּ לִשְׁמָרְךָ מֵאֵשֶׁת רָע מֵחֶלְקַת לָשׁוֹן נָכְרִיָּה.

וְדָא הוּא סִטְרָא מְסָאֲבָא, סִטְרָא אָחֳרָא. דְאִיהִי קָיְימָא תָּדִיר קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְאַסְטָאָה עַל חוֹבֵיהוֹן דִּבְנֵי נָשָׁא. וְקָיְימָא תָּדִיר לְאַסְטָאָה לְתַתָּא לִבְנִי נָשָׁא. קָיְימָא תָּדִיר לְעֵילָא, בְּגִין לְאַדְכָּרָא חוֹבֵיהוֹן דִּבְנִי נָשָׁא, וּלְאַסְטָאָה לוֹן עַל עוֹבָדֵיהוֹן. וּבְגִין דְּאִתְיְהִיבוּ בִּרְשׁוּתֵיהּ, כְּמָה דְּעֲבַד לֵיהּ לְאִיּוֹב.

וְכֵן קָיְימָא עֲלַיְיהוּ לְאַסְטָאָה וּלְאַדְכָּרָא חוֹבֵיהוֹן בְּכָל מַה דְּעֲבָדוּ, בְּאִינוּן זִמְנִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָיְימָא עֲלַיְיהוּ בְּדִינָא. כְּדֵין קָאִים לְאַסְטָאָה לוֹן וּלְאַדְכָּרָא חוֹבֵיהוֹן. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָס עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, וְיָהַב לוֹן עֵיטָא לְאִשְׁתְּזָבָא מִנֵּיהּ. וּבְמָּה, בַּשּׁוֹפָר בְּיוֹמָא דְרֹאשׁ הַשָּׁנָה, וּבְיוֹמָא דְכִפּוּרֵי בְּשָׂעִיר הַמִּשְׁתַּלֵּחַ דְּיָהֲבִין לֵיהּ, בְּגִין לְאִתְפְּרָשָׁא מִנַּיְיהוּ, וּלְאִשְׁתַּדְּלָא בְּהַהוּא חוּלָקֵיהּ, וְהָא אוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, (משלי ה) רַגְלֶיהָ יוֹרְדוֹת מָוֶת שְׁאוֹל צְעָדֶיהָ יִתְמוֹכוּ. וּבְרָזָא דִּמְהֵימְנוּתָא מַה כְּתִיב, (משלי ג) דְּרָכֶיהָ דַרְכֵי נוֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם. וְאִלֵּין אִינוּן אָרְחִין וּשְׁבִילִין דְּאוֹרַיְיתָא, וְכֹלָּא חַד. הַאי שָׁלוֹם וְהַאי מָוְת, וְכֹלָּא הִפּוּכָן דָּא מִן דָּא.

זַכָּאָה חוּלְקֵהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל, דְּאִינוּן מִתְדַּבְּקִין בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדְקָא חָזֵי, וְיָהִיב לוֹן עֵיטָא לְאִשְׁתְּזָבָא מִכָּל סִטְרִין אָחֳרָנִין דְּעַלְמָא. בְּגִין דְּאִינוּן עַמָּא קַדִּישָׁא לְאַחְסַנְתֵּיהּ וְחוּלָקֵיהּ, וְעַל דָּא יָהִיב לוֹן עֵיטָא בְּכֹלָּא. זַכָּאִין אִינוּן בְּעַלְמָא דֵין, וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.

תָּא חֲזֵי, כַּד הַאי סִטְרָא בִּישָׁא נָחַת וְשָׁאט בְּעַלְמָא, וְחָמֵי עוֹבָדִין דִּבְנֵי נָשָׁא, דְּאִינוּן כֻּלְּהוּ סָטְאִין אָרְחַיְיהוּ בְּעַלְמָא. סָלִיק לְעֵילָא וְאַסְטִין לוֹן, וְאִלְמָלֵא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָיִיס עַל עוֹבָדֵי יְדוֹי, לָא יִשְׁתָּאֲרוּן בְּעַלְמָא.

מַה כְּתִיב וַיְהִי כְּדַבְּרָהּ אֶל יוֹסֵף יוֹם יוֹם. כְּדַבְּרָהּ,
(Ⅰ)
[191a]  
[...] Il est écrit (Gen., XL, 1) : Il arriva après ces événements que le grand échanson du roi d’Égypte et son grand panetier offensèrent leur seigneur. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Amos, III, 4) : « Le lion rugit-il dans une forêt, sans qu’il ait trouvé de quoi repaître sa faim ? Le lionceau fait-il retentir sa voix dans sa tanière sans qu’il ait sa proie ? » Remarquez combien il convient à l’homme de se consacrer au service du Saint, béni soit-il ; car, quiconque se consacre à l’étude de la Loi et au service du Saint, béni soit-il, inspire de la crainte à toutes les créatures. Lorsque le Saint, béni soit-il, a créé le monde, il donna à chaque créature la figure qui lui convenait ; ensuite il créa l’homme et lui donna une figure pareille à celle d’en haut, pour qu’il domine sur toutes les autres créatures ; tant que l’homme existe sur le monde, toutes les créatures lèvent leurs têtes vers l’homme et, apercevant la figure d’en haut, elles sont saisies de crainte, et elles tremblent devant l’homme, ainsi qu’il est écrit (Gen., IX, 2) : « Que tous les animaux de la terre et tous les oiseaix du ciel soient frappés de terreur devant toi. » Mais les animaux ne sont saisis de crainte qu’autant qu’ils aperçoivent la figure céleste sur le visage de l’homme.
Rabbi Éléazar dit : Les justes conserveront l’empreinte céleste sur leurs visages, même lorsque leurs âmes ne seront plus attachées à leurs corps (61). Par contre, l’empreinte sacrée s’efface du visage de celui qui ne marche pas dans la voie de la Loi ; aussi, les bêtes de la terre, ainsi que les oiseaux du ciel, sont-ils autorisés à s’attaquer à lui. Daniel a conservé l’empreinte céleste sur son visage, même quand il fut jeté dans la fosse des lions ; et c’est pour cela qu’il a été sauvé. Rabbi Hizqiya objecta : il est pourtant écrit (Dan., VI, 23) : « Mon Dieu a envoyé son ange qui a fermé la gueule des lions, et ils ne m’ont fait aucun mal. » Donc c’est à cause de l’ange que Daniel fut sauvé des lions, et non pas à cause de l’empreinte d’en haut qu’il portait sur son visage ?
Rabbi Yehouda lui répondit : C’est précisément parce que Daniel portait cette empreinte que l’ange de Dieu est venu fermer la gueule des lions ; car ce n’est pas par suite d’un raisonnement que les animaux tremblent devant l’homme qui porte l’empreinte ; mais l’ange du Seigneur leur inspire de la crainte lorsqu’ils se trouvent en présence d’un homme qui porte l’empreinte, ainsi qu’il est écrit (Ps., CX, 6) : « Il exercera son jugement au milieu des nations, etc. » Remarquez qu’Ézéchiel a préservé sa bouche d’impureté ; c’est pourquoi il est appelé « fils de l’homme » ; Daniel avait également préservé sa bouche d’impureté ; et c’est pourquoi Dieu lui conserva son empreinte sur le visage.
Rabbi Yossé dit : Il convient à l’homme de procéder chaque jour a son examen de conscience. Lorsque l’homme se lève le matin, il se trouve entouré de deux témoins qui l’accompagnent durant toute la journée. Au moment même d’ouvrir les yeux, ces témoins lui crient (Prov., IV, 25) : « Que tes yeux regardent droit devant toi et que tes paupières précèdent tes pas. » Lorsqu’il s’apprête à sortir, ces mêmes témoins lui crient (ibid, 26) : « Dresse le sentier où tu mets ton pied, etc. » C’est pourquoi il convient à l’homme de se tenir, durant toute la journée, sur ses gardes contre le péché. Et quand l’homme va se coucher le soir, il doit passer en revue toutes ses actions du jour précédent ; et s’il a commis un péché, il doit le tenir constamment présent à l’esprit, pour s’en repentir devant son Maître, ainsi qu’il est écrit (Ps., LI, 5) : « Et j’ai toujours mon péché devant les yeux. » Remarquez en outre que tant qu’Israël est resté en terre sainte, il n’avait point de péché, ainsi que nous l’avons déjà dit. Car les sacrifices qu’il offrait chaque jour [...]
- דְסָלְקָא וְסָאטֵי בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא, וְאָמַר קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כַּמָּה בִּישִׁין כַּמָּה דִּלְטוֹרִין, בְּגִין לְשֵׁיצָאָה בְּנִי עַלְמָא.

מַה כְּתִיב, וְלֹא שָׁמַע אֵלֶיהָ לִשְׁכַּב אֶצְלָהּ לִהְיוֹת עִמָּהּ. וְלא שָׁמַע אֵלֶיהָ, בְּגִין דְּאִיהוּ חָיִיס עַל עַלְמָא. לִשְׁכַּב אֶצְלָהּ, מַהוּ לִשְׁכַּב אֶצְלָהּ. בְּגִין לְנָסְבָא שָׁלְטָנוּ, לְשַׁלְּטָאָה עַל עַלְמָא, וְשָׁלְטָנוּ לָא שָׁלְטָא, עַד דְּאִתְיְהִיב לֵיהּ רְשׁוּ.

דָּבָר אַחֵר לִשְׁכַּב אֶצְלָהּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ויקרא ט״ו:ל״ג) וּלְאִישׁ אֲשֶׁר יִשְׁכַּב עִם טְמֵאָה. לִהְיוֹת עִמָּהּ לְמֵיהַב לָהּ רְבוּ וּבִרְכָאן וְסִיַּיעְתָּא. דְּאִלְּמָלֵא סִיּוּעָא הֲוָה לָהּ מִלְּעֵילָא, לָא אִשְׁתָּאַר בְּעַלְמָא אֲפִילּוּ חַד. אֲבָל בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חָיִיס עַל עַלְמָא, אִשְׁתָּאַר עַלְמָא בְּקִיּוּמֵיהּ.

רִבִּי אַבָּא אָמַר, כֹּלָּא אִיהוּ אָרְחָא חָדָא, אֲבָל יֵצֶר הָרָע הוּא דְקָא אָזִיל וּמְפַתֵּי לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא, בְּגִין לְאַסְטָאָה אָרְחַיְיהוּ וּלְאִתְדַּבְּקָא בְּהוּ, בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא, וּבְכָל עִידָן וְעִידָן. סָטֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ מֵאָרְחָא דִקְשׁוֹט, בְּגִין לְדַחְיָיא לֵיהּ מֵאָרְחָא דְחַיֵּי, לְאַמְשָׁכָא לֵיהּ לַגֵּיהִנֹּם.

זַכָּאָה אִיהוּ מַאן דְּעָבִיד וְנָטִיר (נ''א זכאה מאי עביד, נטיר) אָרְחוֹי וּשְׁבִילוֹי, בְּגִין דְּלָא יִתְדַּבַּק בֵּיהּ. הַיְינוּ דִכְתִיב וַיְהִי כְּדַבְּרָהּ אֶל יוֹסֵף יוֹם יוֹם וְלא שָׁמַע אֵלֶיהָ, כְּמָּה (נ''א במה) דְּאִיהִי אֲמְרַת לֵיהּ בְּכָל יוֹמָא. דְּהָא רוּחַ מְסָאֲבָא, יֵצֶר הָרָע, אִיהוּ מְפַתֵּי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, בְּכָל יוֹמָא, לִשְׁכַּב אֶצְלָהּ, גּוֹ גֵּיהִנֹּם, וּלְאִתְדָּנָא תַּמָּן, לִהְיוֹת עִמָּהּ.

תָּא חֲזֵי, כַּד בַר נָשׁ אִתְדָּבַּק בְּהַהוּא סִטְרָא, אִתְמְשַׁךְ אֲבַתְרָהּ, וְאִסְתָּאַב עִמָּהּ בְּהַאי עַלְמָא, וְאִסְתָּאַב עִמָּהּ בְּעַלְמָא אָחֳרָא. תָּא חֲזֵי, הַאי סִטְרָא מְסָאֲבָא, מְנוּוָלָא אִיהוּ, לִכְלוּכָא אִיהוּ. כְּדִּכְתִיב, (ישעיהו ל׳:כ״ב) צֵא תֹּאמַר לוֹ, צוֹאָה מַמָּשׁ. וּבֵיהּ אִתְדָּן מַאן דְּאַסְטֵי אָרְחוֹי מִן אוֹרַיְיתָא, וּבֵיהּ אִתְדָנוּ אִינוּן חַיָּיבִין דְּעַלְמָא, דְּלֵית לוֹן מְהֵימְנוּתָא בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

מַה כְּתִיב, וַיְהִי כְּהַיּוֹם הַזֶּה וַיָּבֹא הַבַּיְתָה לַעֲשׂוֹת מְלַאכְתּוֹ וְאֵין אִישׁ מֵאַנְשֵׁי הַבַּיִת שָׁם בַּבָּיִת. וַיְהִי כְּהַיּוֹם הַזֶּה, יוֹמָא דְיֵצֶר הָרָע שָׁלְטָא בְּעַלְמָא, וְנָחֲתָא לְאַסְטָאָה לִבְנֵי נָשָׁא. אֵימָתַי, יוֹמָא דְאָתֵי בַּר נָשׁ לְאֲתָבָא בִּתְיוּבְתָּא עַל חוֹבוֹי, אוֹ לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא, וּלְמֶעְבַּד פִּקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא. וּכְדֵין בְּהַהוּא זִמְנָא נָחֲתָא, בְּגִין לְאַסְטָאָה לִבְנֵי עָלְמָא. וַיָּבֹא הַבַּיְתָה לַעֲשׂוֹת מְלַאכְתּוֹ, בְּגִין לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא וּלְמֶעְבַּד פִּקּוּדֵי דְאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהוּ מְלַאכְתּוֹ דְּבַר נָשׁ בְּהַאי עַלְמְא. וְכֵיוָן דְּעֲבִידְתָּא דְּבַר נָשׁ בְּהַאי עַלְמָא, הוּא עֲבִידְתָּא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. בָּעֵי לֵיה לְבַר נָשׁ, לְמֶהֱוֵי תַּקִּיפָא כְּאַרְיָא בְּכָל סִטְרוֹי, בְּגִין דְּלָא יִשְׁלוֹט עֲלוֹי סִטְרָא אָחֳרָא, וְלָא יָכִיל לְמִפְתֵּי לֵיהּ. מַה כְּתִיב וְאֵין אִישׁ, לֵית גְּבַר דְּיֵקוּם לְקֳבְלֵיהּ דְּיֵצֶר הָרָע, וְיִגַּח בֵּיהּ קְרָבָא כְּדְקָא יָאוֹת.

מַאי אוֹרְחֵיהּ דְּיֵצֶר הָרָע, כֵּיוָן דְּחָמֵי דְּלֵית בַּר נָשׁ קָאִים לְקֳבְלֵיהּ וּלְאַגָּחָא בֵּיהּ קְרָבָא, מִיָּד: וַתִּתְפְּשֵׂהוּ בְּבִגְדוֹ לֵאמֹר שִׁכְבָה עִמִּי. וַתִּתְפְּשֵׂהוּ בְּבִגְדוֹ, בְּגִין דְּכַד שַׁלִּיט יֵצֶר הָרָע עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ, אַתְקִין לֵיהּ, וְקַשִּׁיט לֵיהּ לְבוּשׁוֹי, מְסַלְסֵל בְּשַׂעֲרֵיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַתִּתְפְּשֵׂהוּ בְּבִגְדוֹ לֵאמֹר שִׁכְבָה עִמִּי, אִתְדָּבַּק עִמִּי.

מַאן דְּאִיהוּ זַכָּאָה, אִתְתַּקַּף לְקֳבְלֵיהּ, וְאַגַּח בֵּיהּ קְרָבָא. מַה כְּתִיב, וַיַּעֲזֹב בִּגְדוֹ בְּיָדָהּ וַיָּנָס וַיֵּצֵא הַחוּצָה, יִשְׁבּוֹק לֵיהּ, וְיִתְתַּקַּף לְקֳבְלֵיהּ. (ס''א ואגח ביה קרבא) וְיֵעֲרוֹק מִנֵּיהּ, בְּגִין לְאִשְׁתְּזָבָא מִנֵּיהּ, וְלָא יִשְׁלוֹט עֲלוֹי.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, זְמִינִין אִינוּן צַדִּיקַיָא לְמֶחמֵי לְיֵצֶר הָרָע, כְּחַד טוּרָא רַבְרְבָא, וְיִתְמְהוּן וְיֵימְרוּן. אֵיךְ יָכִילְנָא לְאַכְּפְיָא לֵיהּ לְטוּרָא רַבְרְבָא הָדֵין עִלָּאָה. וּזְמִינִין רַשִּׁיעַיָא לְמֶחֱמֵי לֵיהּ לְיֵצֶר הָרָע, דַּקִּיק כְּחוּטָא דְּשַׂעֲרָא, וְיִתְמְהוּן וְיֵימְרוּן. הֵיךְ לָא יָכִילְנָא לְאַכְּפְיָא לְחוּטָא דְשַׂעֲרָא כְּדָא דַּקִּיק. אִלֵּין יִבְכּוּן וְאִלֵּין יִבְכּוּן. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יְבַעֵר לֵיהּ מֵעַלְמָא, וְיִכּוֹס לֵיהּ לְעֵינַיְיהוּ, וְלָא יִשְׁלוֹט עוֹד בְּעַלְמָא, וְיֶחמוּן צַדִּיקַיָא וְיֶחֱדוּן. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ק״מ:י״ד) אַךְ צַדִּיקִים יוֹדוּ לִשְׁמֶךָ יֵשְׁבוּ יְשָׁרִים אֶת פָּנֶיךָ.
(Ⅰ)
[191b]  
[...] lui obtenaient alors la rémission des péchés. Mais maintenant qu’Israël est exilé de la terre sainte et qu’il n’a plus rien qui lui obtienne le pardon, ce sont la Loi et les bonnes œuvres qu’il fait qui lui obtiennent la rémission des péchés ; car la Schekhina est avec Israël dans l’exil et elle lui obtient la rémission des péchés. Mais celui qui ne garde pas les voies du Saint, béni soit-il, est cause que la Schekhina est abaissée jusqu’à la terre, ainsi qu’il est écrit (Is., XXVI, 5) : « Il l’humiliera jusqu’en terre. »
Rabbi Isaac dit : Il en est autrement de celui qui se consacre à l’étude de la Loi et aux bonnes œuvres ; car il est cause que la « Communauté d’Israël » lève sa tête dans l’exil. Heureux le sort de ceux qui se consacrent jour et nuit à l’étude de la Loi.
Remarquez que les œuvres de Dieu sont pareilles à une roue, où l’élévation d’une jante correspond à la descente d’une autre qui est en face d’elle. Pour que Joseph lève la tête et devienne maître en Égypte, il a fallu que deux serviteurs manquassent de respect envers leur maître.
Remarquez en outre que c’est à la suite d’un songe que Joseph fut asservi par ses frères, et que c’est également à la suite d’un songe qu’il s’éleva au-dessus de ses frères et grandit dans le monde.
Il est écrit (Gen., XL, 5) : « Ils eurent tous deux un songe en une même nuit, lequel, étant expliqué, marquait ce qui devait arriver à chacun d’eux. » Remarquez qu’il a été dit précédemment que tous les songes se réalisent suivant l’interprétation qu’on en donne ; si le songe est interprété favorablement, c’est le bien qui arrivera ; en cas contraire, c’est le mal qui s’ensuivra. Or, comment se fait-il que Joseph ait expliqué, le songe de l’un favorablement, et celui de l’autre défavorablement ? Mais les deux songes présageaient l’avenir de Joseph ; et c’est pourquoi celui-ci les a interprétés conformément aux événements de sa vie future qu’ils désignaient ; le songe qui présageait les bons événements a été interprété favorablement, et l’autre qui marquait les événements fâcheux a été interprété défavorablement. L’Écriture (Gen., XL, 8) ajoute : « Joseph leur dit : C’est à Dieu qu’il appartient de donner l’interprétation des songes. Dites-moi ce que vous avez vu. » Pourquoi Joseph parlait-il ainsi ? Nous en interprétons qu’avant d’interpréter un songe il convient d’invoquer l’assistance du Saint, béni soit-il, et de prononcer la formule suivante : « C’est à, Dieu qu’il appartient de donner l’interprétation des songes. »
Remarquez que nous avons déjà dit que le songe est le sixième degré de la prophétie ; le songe n’acquiert d’importance qu’à la suite de l’interprétation qu’on en donne ; car l’interprétation est un degré supérieur au songe, attendu que le songe est mental, alors que l’interprétation est verbale ; et le Verbe est au-dessus de la pensée.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « C’est à Élohim qu’il appartient de donner l’interprétation des songes. » Remarquez que l’Écriture dit : « Le grand échanson rapporta son songe à Joseph, etc. »
Rabbi Éléazar ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (IV Rois, II, 9) : « Lorsqu’ils furent passés, Élie dit à Élisée : Demande-moi ce que tu voudras, afin que je le fasse pour toi, avant que je sois enlevé de toi. Élisée lui répondit : Je te prie de faire en sorte que j’aie une double portion de ton esprit. » Ce verset demande un examen attentif ; comment Élie pouvait- il dire à Élisée : « Demande-moi ce que tu voudras, afin que je le fasse pour toi » ? Était-ce donc au pouvoir d’Élie de faire tout ce qu’on lui demandait, et non pas au pouvoir seul du Saint, béni soit-il ? En outre, comment Élisée pouvait-il dire : « Je te prie de faire en sorte que j’aie une double portion de ton esprit » ? Mais, en vérité, comment un homme qui reconnaît l’unité au ciel, dans la terre et dans tous les mondes, n’aurait-il pas dans son pouvoir de faire tout ce qu’il veut ! En vérité, le Saint, béni soit-il, fait toujours la volonté des justes, de même qu’il a fait la volonté d’Élie et d’autres patriarches, ainsi qu’il est écrit (Ps., CXLV, 19) : « Il fait la volonté de ceux qui le craignent. » Élie avait d’autant plus le pouvoir de transmettre l’Esprit Saint à son serviteur que Dieu lui-même lui avait commandé (III Rois, XIX, 16) : « Et tu sacreras Élisée, fils de Saphat, qui est d’Abel-méula, pour être prophète à ta place. » Élisée n’a pas demandé à Élie d’avoir une portion double de son esprit, car il n’aurait pu demander à celui-ci une chose qu’il ne possédait pas lui-même ; mais il a demandé que l’Esprit Saint qui était sur Élie se posât en même temps sur lui. C’est pourquoi Élie lui répondit (II Rois, II, 10) : « Tu me demandes une chose bien difficile. Néanmoins, si tu me vois lorsque je serai enlevé de toi, tu auras ce que tu as demandé ; sinon, tu ne l’auras point. » Si Élisée avait pu voir Élie au moment où celui-ci montait au ciel, sa demande aurait été réalisée et l’Esprit Saint se serait posé sur lui en même temps qu’il était encore sur Élie [...]
- וַיְהִי אַחַר הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה חָטְאוּ מַשְׁקֵה מֶלֶךְ מִצְרַיִם וְגו'. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח, (עמוס ג׳:ד׳) הֲיִשְׁאַג אַרְיֵה בַּיַּעַר וְטֶרֶף אֵין לוֹ הֲיִתֵּן כְּפִיר קוֹלוֹ מִמְּעוֹנָתוֹ בִּלְתִּי אִם לָכָד. הֲיִשְׁאַג אַרְיֵה בַּיַּעַר.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִית לוֹן לִבְנֵי נָשָׁא לְאַשְׁגָּחָא בְּפוּלְחָנָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, וּבְפוּלְחָנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דַּחַלְתֵּיהּ וְאֵימָתֵיהּ הוּא עַל כֹּלָּא. דְּהָא כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, עֲבַד כָּל בִּרְיָין דְּעַלְמָא, כָּל חַד וְחַד בְּדִיוּקְנֵיהּ כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ. וּלְבָתַר בָּרָא לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּדִיוּקְנָא עִלָּאָה, וְשַׁלְטֵיהּ עַל כֻּלְּהוּ, בְּדִיוּקְנָא דָא.

דְּכָל זִמְנָא דְּבַר נָשׁ קָאִים בְּעַלְמָא, כָּל אִינוּן בִּרְיָין דְּעַלְמָא זָקְפִין רֵישָׁא, וּמִסְתַּכְּלָן בְּדִיוּקְנָא עִלָּאָה דְּבַר נָשׁ. כְּדֵין כֻּלְּהוּ דַּחֲלִין וְזָעִין מִקַּמֵּיהּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ט׳:ב׳) וּמוֹרַאֲכֶם וְחִתְּכֶם יִהְיֶה עַל כָּל חַיַּת הָאָרֶץ וְעַל כָּל עוֹף הַשָּׁמַיִם וְגו', וְהַנֵּי מִילֵי, כַּד מִסְתַּכְּלָן וְחָמָאן בֵּיהּ, הַאי דִיוּקְנָא, וְנִשְׁמָתָא בֵּיהּ.

אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, אַף עַל גַּב דְּנִשְׁמָתָא לָאו בֵּיהּ, צַדִּיקַיָא לָא מִשְׁתַּנְיָין מִכְּמָה דְּהֲוָה דְיוּקְנְהוֹן בְּקַדְמִיתָא. וְכַד בַּר נָשׁ לָא אָזִיל בְּאָרְחוֹי דְאוֹרַיְיתָא, הַאי דִיוּקְנָא קַדִּישָׁא אִתְחַלַּף לֵיהּ. וּכְדֵין חֵיוַת בְּרָא וְעוֹפָא דִשְׁמַיָא יָכְלִין לְשַׁלְּטָאָה עֲלֵיהּ, בְּגִין דְּאִתְחַלַּף לֵיהּ הַאי דִיוּקְנָא קַדִּישָׁא, אִתְחַלַּף לֵיהּ הַאי דִיוּקְנָא דְבַר נָשׁ.

וְתָּא חֲזֵי, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַחְלַף עוֹבָדִין דִּלְעֵילָא וְתַתָּא, בְּגִין לְאַהֲדָרָא מִלִּין לְאַתְרַיְיהוּ, וּלְאִשְׁתַּכְּחָא רְעוּתֵיהּ בְּכָל עוֹבָדֵי דְעַלְמָא. דָּנִיֵּאל לָא אִשְׁתַּנֵּי דִיוּקְנֵיהּ כַּד אַפִּילוּ לֵיהּ בְּגוּבָא דְאַרְיְוָתָא, וּבְגִין כָּךְ אִשְׁתֵּזִיב. אָמַר רִבִּי חִזְקִיָּה, אִי הָכִי, הָא כְּתִיב, (דניאל ו׳:כ״ג) אֱלָהִי שְׁלַח מַלְאֲכֵיהּ וּסֲגַר פּוּם אַרְיָוָתָא וְלָא חַבְּלוּנִי. מַשְׁמַע דִּבְגִין מַלְאָכָא דְּאַסְגַּר לְפוּמַיְיהוּ, לָא אִתְחַבַּל.

אָמַר לֵיהּ, בְּגִין דָא לָא אִתְחַבַּל, דְּהָא הַהוּא דִיוּקְנֵיהּ דְּבַר נָשׁ זַכָּאָה, אִיהוּ מַלְאָכָא מַמָּשׁ, דִּסְגִיר פּוּמָא, וְקָשִׁיר לוֹן, לְנַטְרָא לֵיהּ, דְּלָא יְחַבְּלוּן לֵיהּ. וּבְּגִין כָּךְ אֱלָהִי שְׁלַח מַלְאֲכֵיהּ, הַהוּא דְּכָל דִּיוּקְנִין דְּעַלְמָא מִתְחַקְּקָן בֵּיהּ, וְאִיהוּ אַתְקִיף דִּיוּקְנִי בִּי, וְלָא יָכִילוּ לְשַׁלְטָאָה בִּי, וְסָגַר פּוּמַיְיהוּ, וְעַל דָּא שָׁלַח מַלְאֲכֵיהּ וַדַּאי.

וְהַאי מַלְאֲכָא, הַהוּא דְּכָל דִּיוּקְנִין מִתְחַקְּקָן בֵּיהּ. דִּכְתִיב, (תהילים ק״י:ו׳) יָדִין בַּגּוֹיִם מָלֵא גְוִיּוֹת, אִיהוּ דְּלָא אִשְׁתַּנֵּי קַמֵּיהּ כָּל דִּיוּקְנִין דְּעַלְמָא. וְעַל דָּא מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאִסְתַּמְּרָא אָרְחוֹי וּשְׁבִילוֹי, בְּגִין דְּלָא יֶחטָא קַמֵּיהּ דְּמָארֵיהּ, וְיִתְקַיַּים בְּדִיוּקְנָא דְאָדָם.

תָּא חֲזֵי, יְחֶזְקֵאל נָטַר פּוּמֵיהּ מִמַּאֲכָלֵי דְאִיסּוּרֵי, דִּכְתִיב, (יחזקאלד) וְלָא בָּא בְּפִי בְּשַׂר פִּגּוּל, זָכָה וְאִקְרֵי בֶּן אָדָם. דָּנִיֵּאל מַה כְּתִיב בֵּיהּ, (דניאל א׳:ח׳) וַיָּשֶׂם דָּנִיֵּאל עַל לִבּוֹ אֲשֶׁר לא יִתְגָּאַל בְּפַת בַּג הַמֶּלֶךְ וּבְיֵין מִשְׁתָּיו, זָכָה הוּא, וְאִתְקְיַּים בִּדִיוּקְנֵיהּ דְּאָדָם. בְּגִין דְּכָל מִלִּין דְּעַלְמָא, כֻּלְּהוּ דַּחֲלִין מִקַּמֵּי דִּיוּקְנָא דְאָדָם, דְּאִיהוּ שַׁלִּיטָא עַל כֻּלְּהוּ, וְאִיהוּ מַלְכָּא עַל כֹּלָּא.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, בְּגִין דָּא אִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַר נָשׁ, לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבוֹי, וְלָא יִסְטֵי לִימִינָא וְלִשְׂמָאלָא. וְעִם כָּל דָּא, בָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמִבְדַּק בְּחוֹבוֹי בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא. דְּהָא כַּד בַר נָשׁ קָאִים מֵעַרְסֵיהּ, תְּרֵין סַהֲדִין קָיְימִין קַמֵּיהּ, וְאָזְלֵי בַּהֲדֵיהּ כָּל יוֹמָא.

בָּעֵי בַּר נָשׁ לְמֵיקַם, אִינוּן סַהֲדֵי אָמְרִין לֵיהּ בְּשַׁעְתָּא דְּאַפְתַּח עֵינוֹי, (משלי ד׳:כ״ה) עֵינֶיךָ לְנֹכַח יַבִּיטוּ וְעַפְעַפֶּיךָ יַיְשִׁירוּ נְגְדֶּךָ. קָם וְאַתְקִין רַגְלוֹי לְמֵהַךְ, אִינוּן סַהֲדִין אָמְרִין לֵיהּ, (שם) פַּלֵּס מַעְגַּל רַגְלֶךָ וְגו'. וְעַל דָּא כַּד אָזִיל בַר נָשׁ, בְּכָל יוֹמָא, בָּעֵי לֵיהּ לְאִסְתַּמְּרָא מֵחוֹבוֹי.

בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא, כַּד אָתֵי לֵילְיָא, בָּעֵי לְאִסְתַּכְּלָא וּלְמִבְדַּק, בְּכָל מַה דְּעֲבַד כָּל הַהוּא יוֹמָא. בְּגִין דְּיֵיתוּב מִנַּיְיהוּ, וְיִסְתַּכֵּל בְּהוּ תָּדִיר, בְּגִין דְּיֵיתוּב קַמֵּי מָארֵיהּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים נ״א:ה׳) וְחַטָּאתִי נֶגְדִּי תָמִיד, בְּגִין דְּיֵיתוּב מִנַּיְיהוּ.

וְתָּא חֲזֵי, בְּזִמְנָא דְּהֲווּ יִשְׂרָאֵל בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא, לָא אִשְׁתַּכַּח בִּידַיְיהוּ חוֹבָא, כְּמָה דְּאוּקְמוּהָ. בְּגִין דְּאִינוּן קָרְבָּנִין, דְּהֲווּ מַקְרִבִין בְּכָל יוֹמָא,
(Ⅰ)
[192a]  
[...] Remarquez que celui qui regarde son maître en face, au moment où celui-ci lui donne des leçons, acquiert plus de sagesse. Ainsi, Joseph a vu, grâce à l’esprit de la Sagesse éternelle, le visage de son père dans toutes les actions qu’il faisait : et c’est pourquoi il réussissait mieux que tout autre. Lorsque l’impie dit à Joseph : « Je voyais devant moi un cep de vigne », celui-ci fut saisi de frayeur ; car il ne comprenait pas la signification de ce songe ; mais aussitôt que son interlocuteur ajouta : « Et le cep avait trois sarments », Joseph reprit son esprit et son visage rayonna de joie ; car il avait vu le visage de son père ; et Joseph s’était dit : ce songe annonce certainement une bonne nouvelle. Le cep était l’image de la « Communauté d’Israël » ; les trois sarments désignent les prêtres, les Lévites et les Israélites ; les boutons qu’ils poussaient désignent les bénédictions qui émanent du Roi suprême ; et les raisins mûrs désignent les justes de ce monde qui sont comparables à des raisins mûrs.
D’après une autre interprétation, les raisins mûrs désignent le vin conservé dans les raisins dès les six jours de la création, et réservé aux justes. Jusqu’ici, le songe concernait Joseph ; mais à partir d’ici, il regardait le grand échanson ; car le songe ne regarde pas toujours la personne qui l’a ; mais il concerne parfois d’autres personnes. Nous savons, par une tradition (62), que la vue en songe de raisins blancs est d’un bon présage, alors que les raisins de couleur sont d’un mauvais présage.
Remarquez que la femme d’Adam avait pressé des raisins pour son mari (63) et a causé par-là la mort de son mari et de tout le monde. Noé n’a pas pu résister au vin, ainsi qu’il est écrit (Gen., IX, 21) : « Et il but du vin, s’enivra, et parut nu dans sa tente. » Le mot « tente » est écrit avec un Hé (oholoh) (64). Les fils d’Aaron ont bu du vin, ayant offert des sacrifices en état d’ébriété, ce qui a été cause de leur mort, ainsi que cela a été expliqué (Lév., X, 1 et 2 ; XVI, 1).
C’est pourquoi l’Écriture (Deut., XXXII, 32) dit : « Leurs raisins sont des raisins de fiel, et leurs grappes ne sont qu’amertume. » Car tous les maux ont été causés par les raisins. Les raisins sont l’image de ce jardin céleste, dont les fruits sont agréables, mais qui troublent l’esprit de ceux qui en font un mauvais usage. Comme ce songe concernait également Joseph et présageait pour lui des événements favorables, il l’interpréta dans un sens favorable, même en ce qui concernait le grand échanson. L’Écriture (Gen., XL? 16) ajoute : « Le grand panetier voyant qu’il avait interprété ce songe dans un sens favorable, dit à Joseph : J’ai eu aussi un songe. Il me semblait que je portais sur ma tête trois corbeilles de farine. » Remarquez que les impies sont maudits ; tous leurs actes sont mauvais et toutes leurs paroles sont mauvaises. La première parole qu’il adressa à Joseph était « aph » (aussi) (65). Par ce commencement, Joseph a compris que le grand panetier avait à lui annoncer une mauvaise nouvelle. Les trois corbeilles qu’il portait sur la tête annonçaient la destruction des temples et l’exil d’Israël de la terre sainte. Voyez que L’Écriture ajoute : « Dans la corbeille qui était au-dessus des autres, il y avait de tout ce qui se peut apprêter avec la pâte pour servir sur une table ; et les oiseaux venaient en manger. » Ces paroles désignent les autres peuples païens qui se ligueront contre Israël, en tueront une partie, en détruiront la maison et en disperseront l’autre partie dans les quatre coins du monde. Comme ce songe présageait de mauvais événements, Joseph l’interpréta dans un sens défavorable, même dans la partie qui concernait le grand panetier.
Remarquez en outre que chacun des deux a vu d’autres événements ; l’un a vu l’époque [...]
- הֲווּ מְכַפְּרֵי עֲלַיְיהוּ. הַשְׁתָּא דְּאִתְגָּלוֹן יִשְׂרָאֵל מֵאַרְעָא, וְלֵית מַאן דִּמְכַפֵּר עֲלַיְיהוּ, אוֹרַיְיתָא הִיא מְכַפְּרָא עֲלַיְיהוּ, וְעוֹבָדִין דְּכַשְׁרָן, בְּגִין דִּשְׁכִינְתָּא עִמְּהוֹן בְּגָלוּתָא. וּמַאן דְּאִיהוּ לָא מִסְתַּכַּל בְּאָרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, גָּרִים לִשְׁכִינְתָּא לְאִתְכַּפְיָא בְּגוֹ עַפְרָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו כ״ו:ה׳) יַשְׁפִּילֶנָּה יַשְׁפִּילָהּ עַד אָרֶץ וְגו'.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, וְכֵן מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא וּבְעוֹבָדִין דְּכַשְׁרָן, גָּרִים לָהּ לְכְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, לַאֲרָמָא רֵישָׁא בְּגוֹ גָלוּתָא. זַכָּאָה חוּלָקֵיהוֹן דְּאִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילֵי.

תָּא חֲזֵי, גִּלְגֵּל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גִּלְגּוּלִין בְּעַלְמָא, בְּגִין לַאֲרָמָא רֵישָׁא דְצַדִּיקַיָיא, דְּהָא בְּגִין דְּיָרִים יוֹסֵף רֵישֵׁיהּ בְּעַלְמָא, עַל דְּאִשְׁתַּכַּח זַכָּאָה קַמֵּיהּ, אַרְגִּיז רִבּוֹנָא עַל עַבְדוֹי. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר חָטְאוּ מַשְׁקֵה מֶלֶךְ מִצְרַיִם וְהָאוֹפֶה לַאֲדוֹנֵיהֶם לְמֶלֶךְ מִצְרַיִם. וְכֹלָּא בְּגִין לַאֲרָמָא רֵישָׁא דְיוֹסֵף זַכָּאָה. וְתָּא חֲזֵי, עַל יְדָא דְחֶלְמָא, אִתְכַּפְיָיא מֵעִם אֲחוֹי, וְעַל יְדָא דְחֶלְמָא אִתְרַבֵּי עַל אֲחוֹי, וְאִתְרַבֵּי עַל כָּל עַלְמָא:

וַיַּחַלְמוּ חֲלוֹם שְׁנֵיהֶם אִישׁ חֲלוֹמוֹ בְּלַיְלָה אֶחָד אִישׁ כְּפִתְרוֹן וְגו', תָּא חֲזֵי, דְּהָא אִתְּמָר דְּכָל חֶלְמִין אָזְלִין בָּתַר פּוּמָא, יוֹסֵף כַּד פָּשַׁר לְהוּ חֶלְמָא, אַמַּאי פָּשַׁר לְהַאי פִּישְׁרָא טָבָא, וּלְהַאי פִּישְׁרָא בִּישָׁא. אֶלָּא, אִינוּן חֶלְמִין עֲלֵיהּ דְּיוֹסֵף הֲוָה, וּבְגִין דְּיָדַע מִלָּה עַל עִקָּרָא וְשָׁרְשָׁא דִילָהּ, בְּגִין כָּךְ פָּשַׁר חֶלְמָא לְהוּ כְּמָה דְאִצְטְרִיךְ. לְכָל חַד וְחַד פָּשַׁר לְהוֹן פִּישְׁרָא, לְאַהֲדָרָא מִלָּה עַל אַתְרֵיהּ.

מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר אֲלֵיהֶם יוֹסֵף הֲלֹא לֵאלהִים פִּתְרוֹנִים סַפְּרוּ נָא לִי. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהָכִי מִבָּעֵי לֵיהּ לְמִפְשַׁר חֶלְמָא, לְפָקְדָא פִּישְׁרָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין דְּתַמָּן אִיהוּ קִיּוּמָא דְּכֹלָּא, וּבֵיהּ קָיְימָא פִּישְׁרָא.

תָּא חֲזֵי, הָא אִתְּמָר דְּדַרְגָּא דְחֶלְמָא לְתַתָּא אִיהוּ, וְאִיהוּ דַרְגָּא שְׁתִיתָאָה. בְּגִין דְּהָא מֵאֲתַר דִּנְבוּאָה שַׁרְיָא עַד הַאי דַּרְגָּא דְחֶלְמָא, שִׁיתָּא דַרְגִּין אִינוּן. וְסָלְקָא פִּישְׁרָא מִדַּרְגָּא דְחֶלְמָא, לְדַרְגָּא אָחֳרָא. חֶלְמָא אִיהוּ דַרְגָּא דִלְתַתָּא, וּפִישְׁרָא קָיְימָא עֲלַיְיהוּ. וּפִישְׁרָא קָיְימָא בְּדִבּוּר, וְעַל דָּא בְּדִבּוּר קָיְימָא מִלָּה. דִּכְתִיב הֲלֹא לֵאלהִים פִּתְרוֹנִים, הֲלא לֵאלהִים וַדַּאי.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב, וַיְסַפֵּר שַׂר הַמַּשְׁקִים אֶת חֲלוֹמוֹ לְיוֹסֵף וְגו'. רִבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאֲמַר, (מלכים ב ב׳:ט׳) וַיְהִי בְּעָבְרָם וְאֵלִיָּהוּ אָמַר אֶל אֱלִישָׁע שְׁאַל מָה אֶעֱשֶׂה לָךְ בְּטֶרֶם אֶלָּקַח מֵעִמָּךְ וַיֹּאמֶר אֱלִישָׁע וִיהִי נָא פִּי שְׁנַיִם בְּרוּחֲךָ אֵלָי. הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא, וְהַאי קְרָא תְּוָוהָא אִיהוּ. וְאֵלִיָּהוּ אָמַר אֶל אֱלִישָׁע שְׁאַל מָה אֶעֱשֶׂה לָךְ, וְכִי בִּרְשׁוּתֵיהּ קָיְימָא, וְהָא בִּרְשׁוּתֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִיהוּ. וְתוּ, דֶּאֱלִישָׁע הָכִי נָמֵי אִיהוּ הֲוָה יָדַע, מַאי טַעְמָא אָמַר, וִיהִי נָא פִּי שְׁנַיִם בְּרוּחֲךָ אֵלַי.

אֶלָּא וַדַּאי, מַאן דְּאָחִיד בִּשְׁמַיָא וְאַרְעָא וְכָל עָלְמִין, הֵיךְ לָא יְהֵא בִּרְשׁוּתֵיהּ דָּא. וַדַּאי אֵלִיָּהוּ, וּשְׁאָר צַדִּיקִים, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד רְעוּתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא תָּדִיר. דִּכְתִיב, (תהילים קמ״ה:י״ט) רְצוֹן יְרֵאָיו יַעֲשֶׂה, וְכָל שֶׁכֵּן דְּהַהוּא רוּחָא קַדִּישָׁא, דִּי עֲלֵיהּ, יָרִית לֵיהּ לְצַדִּיקָא דֶּאֱלִישָׁע, דְּהֲוָה שַׁמָּשָׁא דִילֵיהּ. וְהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לֵיהּ (מלכים א י״ט:ט״ז) וְאֶת אֱלִישָׁע בֶּן שָׁפָט מֵאָבֵל מְחוֹלָה תִּמְשַׁח לְנָבִיא תַּחְתֶּיךָ, וְעַל דָּא הֲוָה לֵיהּ לֶאֱלִישָׁע לְיָרְתָא לֵיהּ.

פִּי שְׁנַיִם בְּרוּחֲךָ, מַאי פִּי שְׁנַיִם בְּרוּחֲךָ אֵלַי, וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ, דְּעַל חַד תְּרֵין שָׁאִיל, וּמַה דְּלָא הֲוָה בִּרְשׁוּתֵיהּ, הֵיךְ שָׁאַל מִינֵיהּ. אֶלָּא, אִיהוּ לָא שָׁאִיל רוּחַ עַל חַד תְּרֵין, אֶלָא (איהו) הָכִי שָׁאַל מִינֵּיהּ, בְּהַהוּא רוּחָא דְּהֲוָה לֵיהּ, דְּיַעֲבִיד (ד''א ל''ג חד) תְּרֵין נִמּוּסִין בְּעַלְמָא, בְּהַהוּא רוּחָא.

מַה כְּתִיב וַיֹּאמֶר הִקְשֵׁיתָ לִשְׁאוֹל אִם תִּרְאֶה אוֹתִי לֻקָּח מֵאִתָּךְ יְהִי לְךָ כֵן וְאִם אַיִן לא יִהְיֶה. מַאי טַעְמָא אִם תִּרְאֶה אוֹתִי. אֶלָּא אָמַר לֵיהּ, אִם תֵּיכוּל לְמֵיקַם עַל עִקָּרָא דְרוּחָא דִּשָׁבַקְנָא לָךְ, בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְנָסִיבְנָא מִינָךְ, יְהֵא לְךָ כְּדֵין. דְהָא כָּל הַהוּא עִקָּרָא דְרוּחָא בְּשַׁעְתָּא דְיִסְתַּכֵּל בֵּיהּ, כַּד חָמֵי לֵיהּ לְאֵלִיָּהוּ, יֶהֱוֵי דְבֵיקוּתָא בֵּיהּ, כְּדְקָא יְאוּת.
(Ⅰ)
[192b]  
[...] où Israël s’élèvera au degré supérieur et où le soleil éclairera le monde, alors que l’autre a vu l’époque où les ténèbres règneront et où le mauvais serpent dominera le monde. C’est pourquoi Joseph interpréta ce dernier songe dans un sens défavorable.
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., LI, 12) : « Crée en moi, ô Dieu, un cœur pur, et rétablis de nouveau un esprit droit dans mon intérieur. » Ce verset a été déjà interprété. Mais en voici une autre explication : « Cœur pur » désigne l’intelligence, ainsi qu’il est écrit (III Rois, III, 9) : « Donne à ton serviteur un cœur capable de juger ton peuple, et de distinguer entre le bien et le mal » ; et ailleurs (Prov., XV, 15) : « Et celui qui a un bon cœur ressemble à celui qui boit toujours. » Tel est le sens de « cœur pur». Quant aux mots : « ... Et rétablis de nouveau un esprit droit dans mon intérieur », ils désignent l’Esprit de Dieu, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 2) : « Et l’Esprit de Dieu était porté sur les eaux. » C’est l’Esprit du Messie, ainsi qu’il est écrit (Éz., XI, 19) : « Et je répandrai dans leur intérieur un esprit nouveau. » C’est à cet esprit que David aspirait. Car il y a aussi un cœur impur et un esprit impur qui sévit dans le monde ; cet esprit est appelé « esprit d’étourdissement », ainsi qu’il est écrit (Is., XIX, 14) : « Le Seigneur a répandu au milieu d’elles un esprit d’étourdissement. » Par les mots : « ... Et rétablis de nouveau un esprit droit dans mon intérieur », l’Écriture fait allusion au renouvellement de la lune qui est l’image de David, roi d’Israël, qui sera renouvelé et qui durera éternellement. Rabbi Éléazar et Rabbi Yossé firent une fois un voyage ensemble.
Rabbi Yossé dit à Rabbi Éléazar : Il est écrit (III Rois, XXII, 21 et 22) : « Et l’Esprit s’avança, et se présentant devant le Seigneur, il lui dit : C’est moi qui séduirai Achab. Le Seigneur lui dit : Et comment ? Il répondit : J’irai, et je serai un esprit menteur en la bouche de tous ses prophètes. Le Seigneur lui dit : Tu le séduiras, et tu auras l’avantage sur lui. Va, et fais comme tu le dis. » Une tradition nous apprend que cet Esprit était l’âme de Naboth de Jezrahel. Les âmes une fois montées au ciel ont-elles donc le pouvoir de revenir ici-bas ? En outre, n’est-il pas étonnant que cet Esprit ait dit : « J’irai, et je serai un esprit menteur dans la bouche de tous ses prophètes » ? Enfin, pourquoi Achab avait-il été puni pour s’être emparé du jardin de Naboth ? N’était-ce pas conforme à la loi que Samuël exposa à Israël (I Rois, VIII, 14) : « Il prendra aussi ce qu’il y aura de meilleur dans vos champs, dans vos vignes et dans vos plants d’oliviers et le donnera à ses serviteurs » ? Surtout, pourquoi Achab a-t-il été puni, alors qu’il avait offert à Naboth une autre vigne ou de l’argent ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Ta question est judicieuse. Mais examinons d’abord le sens de la tradition que tu viens de citer. Comment l’esprit de Naboth aurait-il pu dire au Saint, béni soit-il : « Je serai un esprit menteur, etc. » ? Si cet esprit était juste, il n’aurait pu mentir, attendu que les justes ne mentent pas, même durant leur séjour sur la terre ; et à plus forte raison leur esprit ne ment-il pas après qu’il est séparé du corps ; et si cet esprit avait été injuste, il n’aurait pu paraître en présence du Saint, béni soit-il. Mais, la vérité est que Naboth n’était pas assez juste pour que son esprit ait pu se présenter devant le Saint, béni soit-il ; l’esprit qui avait paru devant le Seigneur était cet esprit du mensonge qui domine sur le monde et le séduit par le mensonge ; plus un homme ment, plus il est assujetti à cet esprit. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, lui dit : « Sors et fais comme tu le dis. » Il lui dit : « Sors », parce que l’esprit du mensonge ne doit rester en présence du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Ps., CI, 7) : « Celui qui profère des mensonges ne doit rester devant mes yeux. » Si Achab a été puni, c’était pour avoir fait tuer Naboth sans jugement, c’est-à-dire sous un faux prétexte. En disant que c’était l’esprit de Naboth qui se présenta devant Dieu, la tradition entend que c’était l’esprit du mensonge qui avait présidé à la condamnation de Naboth, qui se présentait devant lui. C’est pourquoi l’Ecriture (III Rois, XXI, 19) dit : « Tu as tué Naboth et de plus tu t’es emparé de sa vigne. » Ainsi, la punition d’Achab était motivée par le fait d’avoir tué Naboth.
Remarquez combien est grand, dans ce monde, le nombre des hommes qui sont guidés par l’esprit du mensonge ! Il séduit l’homme par le mensonge ; et il exerce son pouvoir de diverses façons et dans tous les actes de la vie. C’est pourquoi le roi David a prié Dieu de le préserver de cet esprit de mensonge, et il dit : « Crée en moi, ô Dieu, un cœur pur, et rétablis de nouveau un esprit droit dans mon intérieur. » L’esprit droit est l’opposé de l’esprit du mensonge : le premier est saint, et le second est impur.
Rabbi Éléazar commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Joël, II, 11) : « Le Seigneur a fait entendre sa voix avant d’envoyer son armée, parce que ses troupes sont très nombreuses, qu’elles sont fortes, et qu’elles exécuteront ses ordres, etc. » Ce verset a été déjà interprété ; mais en voici une autre explication : Partout où l’Écriture emploie le terme « va-Jéhovah », elle désigne Dieu et son tribunal. La « voix » dont parle l’Écriture désigne le Verbe, ainsi qu’il est écrit (Deut., IV, 12): « Vous entendîtes la voix qui proférait ces paroles » ; et ailleurs (Ex., IV, 10) : « Je ne suis pas un homme de paroles. » Que signifie : « Homme de paroles » ? Il a le même sens que dans les mots (Deut., XXXIII, 1) : « L’homme de Dieu. » « Son armée » désigne Israël.
L’Écriture ajoute : « ... Parce que ses troupes sont très nombreuses », ce qui correspond aux paroles du verset (Job, XXV, 3) suivant : « Peut-on compter le nombre de ses légions ? » [...]
- תָּא חֲזֵי, הַאי מַאן דְּאִסְתַּכַּל בְּמָּה דְאוֹלִיף מֵרַבֵּיהּ, וְחָמֵי לֵיהּ בְּהַהוּא חָכְמְתָא, יָכִיל לְאִתּוֹסְפָא בְּהַהוּא רוּחָא יַתִּיר. תָּא חֲזֵי, דְהָא יוֹסֵף בְּכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד, הֲוֵי חָמֵי בְּרוּחָא דְחָכְמְתָא לְהַהוּא דִיוּקְנָא דְּאֲבוֹי, הֲוָה מִסְתַּכַּל. וּבְגִין כָּךְ הֲוָה מִסְתַּיְיעָא לֵיהּ מִלְּתָא, וְאִתּוֹסְפָא לֵיהּ רוּחָא אָחֳרָא, בִּנְהִירוּ עִלָּאָה יַתִּיר.

בְּשַׁעְתָּא דְּאָמַר לֵיהּ הַהוּא רָשָׁע, וְהִנֵּה גֶּפֶן לְפָנָי, אִזְדַּעְזַע יוֹסֵף. דְּלָא הֲוָה יָדַע עַל מַה תֵּיתֵי מִלָּה, כֵּיוָן דְּאָמַר וּבַגֶּפֶן שְׁלשָׁה שָׂרִיגִים, מִיָּד אִתְעַר רוּחֵיהּ, וְאִתּוֹסַף בִּנְהִירוּ, וְאִסְתַּכַּל בְּדִיוּקְנָא דְּאֲבוֹי, כְּדֵין אִתְנְהִיר רוּחֵיהּ, וְיָדַע מִלָּה.

מַה כְּתִיב, וּבַגֶּפֶן שְׁלשָׁה שָׂרִיגִים. אָמַר יוֹסֵף, הָא וַדַּאי בְּשׂוֹרָה דְחֶדְוָה בִּשְׁלִימוּ אִיהוּ, מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהַאי גֶפֶן עַל כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל אִתְחֲזֵי לֵיהּ, וְאִתְבַּשַּׂר יוֹסֵף בְּהַאי. וּבַגֶּפֶן שְׁלשָׁה שָׂרִיגִים, אִלֵּין אִינוּן תְּלָתָא דַרְגִּין עִלָאִין, דְּנָפְקֵי מֵהַאי גֶפֶן, כַּהֲנֵי לֵיוָאֵי וְיִשְׂרְאֵלֵי.

וְהִיא כְפוֹרַחַת עָלְתָה נִצָּהּ, דְּהָא בְגִינֵיהוֹן סָלְקָא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, וְאִתְבָּרְכַת מֵעִם מַלְכָּא עִלָּאָה. הִבְשִׁילוּ אַשְׁכְּלוֹתֶיהָ עֲנָבִים, אִלֵּין אִינוּן צַדִּיקַיָא דְעַלְמָא, דְּאִינוּן כַּעֲנָבִים מְבוּשָׁלִים כְּדְקָא חָזֵי. דָּבָר אַחֵר הִבְשִׁילוּ אַשְׁכְּלוֹתֶיהָ עֲנָבִים, דָּא הוּא יַיִן דְּאִתְנְטִיר בְּעִנְבַיְיהוּ מִשֵּׁשֶׁת יְמֵי בְרֵאשִׁית. עַד הָכָא אִתְבַּשַּׂר יוֹסֵף בְּחֶלְמֵיהּ, מִכָּאן וּלְהָלְאָה חֶלְמָא אִיהוּ דִילֵיהּ, בְּגִין דְּאִית חֶלְמִין לֵיהּ, וּלְאַחֲרָנִין. וָאֶקַח אֶת הָעֲנָבִים, דְּאִיהוּ לֵיהּ לְגַרְמֵיהּ.

תָּנִינָן, (שמות קמד א) הַאי מַאן דְּחָמֵי עִנְבִין חִוָּורִין בְּחֶלְמָא, סִימָן יָפֶה לוֹ, אוּכָמֵי לָא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּאִיהוּ רָזָא דִתְרֵין דַּרְגִּין יְדִיעָן, אִינוּן אוּכָמֵי וְחִוָּורֵי. הַאי אִיהוּ טַב, וְהַאי אִיהוּ דְּלָא טַב, וְכֻלְּהוּ עִנְבִין בְּרָזָא דִמְהֵימְנוּתָא תַּלְיָין. וְעַל דָּא מִתְפַּרְשָׁן בְּחָכְמְתָא, הֵן לְטַב, הֵן לְבִישׁ. אִלֵּין צְרִיכִין רַחֲמֵי, וְאִלֵּין אַשְׁגָּחוּתָא דְרַחֲמֵי.

תָּא חֲזֵי, אָדָם הָרִאשׁוֹן, אִנְתְּתֵיהּ סָחֲטָא לֵיהּ עִנְבִין, וְגָרִימַת לֵיהּ מוֹתָא, וּלְכָל יִשְׂרָאֵל, וּלְכָל עַלְמָא. נֹחַ אֲתָא לְהַנֵּי עִנְבִין, וְלָא אִתְנְטַר כְּדְקָא יְאוּת, מַה כְּתִיב, (בראשיתט) וַיֵּשְׁתְּ מִן הַיַּיִן וַיִּשְׁכָּר וַיִּתְגָּל בְּתוֹךְ אָהֳלֹה, בְּהֵ''א. בְּנֵי אַהֲרֹן, שָׁתוּ חַמְרָא מִנַּיְיהוּ, וְקָרִיבוּ קָרְבָּנָא בְּהַהוּא חַמְרָא, וּמִיתוּ, וְהָא אִתְּמָר. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (דברים ל״ב:ל״ב) עֲנָבֵימוֹ עִנְבֵי רֹאשׁ אַשְׁכְּלוֹת מְרוֹרוֹת לָמּוֹ, בְּגִין דְּאִינוּן עִנְבִין גָּרְמֵי הַאי.

חָמָא עִנְבִין דְּאִינוּן טָבִין, בְּהַהוּא כֶּרֶם, דְּקָא סָלְקִין נַיְיחָא וְרֵיחָא בְּדַרְגִּין שְׁלֵימִין, כְּדְקָא יְאוּת. וְעַל דָּא יוֹסֵף יָדַע מִלָּה, וְאִסְתַּכַּל בְּעִקָּרָא, וּפָשַׁר חֶלְמָא עַל בּוּרְיֵיהּ. בְּגִין דְּאִתְבַּשַּׂר בְּהַהוּא חֶלְמָא, כְּדְקָא יְאוּת. וּבְגִין כָּךְ פָּשַׁר פִּשְׁרָא לְטַב, וְאִתְקְיַּים הָכִי.

מַה כְּתִיב. וַיַּרְא שַׂר הָאוֹפִים כִּי טוֹב פָּתָר וַיֹּאמֶר אֶל יוֹסֵף אַף אֲנִי בַּחֲלוֹמִי וְהִנִּה שְׁלשָׁה סַלֵּי חֹרִי עַל רֹאשִׁי. תָּא חֲזֵי, אֲרוּרִין אִינוּן רַשִּׁיעַיָא, דְּכָל עוֹבָדֵיהוֹן כֻּלְּהוֹן לְבִישׁ. וְכָל אִינוּן מִלִּין דְאִינוּן אָמְרִין, כֻּלְּהוּ לְבִישׁ, וּלְאַבְאָשָׁא.

כֵּיוָן דְּפָתַח פּוּמֵיהּ בְּאַף, מִיָּד דָּחִיל יוֹסֵף, וְיָדַע דְּכָל מִלּוֹי אִינוּן לְאַבְאָשָׁא, וּבְשׂוֹרָה דְּבִישׁ בְּפוּמֵיהּ. וְהִנִּה שְׁלשָׁה סַלֵּי חֹרִי עַל רֹאשִׁי, כְּדֵין יָדַע יוֹסֵף דְּאִתְבַּשַּׂר עַל חֲרִיבוּ דְּבֵי מַקְדְּשָׁא, וְיִשְׂרָאֵל בְּגָלוּתָא, דְּיִתְגָּלוּן מֵאַרְעָא קַדִּישָׁא.

חָמֵי מַה כְּתִיב, וּבַסַּל הָעֶלְיוֹן מִכָּל מַאֲכַל פַּרְעֹה מַעֲשֵׂה אוֹפֶה וְהָעוֹף אוֹכֵל אוֹתָם מִן הַסַּל מֵעַל רֹאשִׁי. אִלֵּין אִינוּן שְׁאָר עַמִין, דְּמִתְכַּנְשֵׁי עֲלַיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, וְקָטְלֵי לוֹן, וְחָרְבֵי בֵיתַיְיהוּ, וּמְפַזְּרֵי לוֹן לְאַרְבַּע סִטְרֵי דְעַלְמָא. וְכֹלָּא אִסְתַּכַּל יוֹסֵף, וְיָדַע דְּהַהוּא חֶלְמָא עַל יִשְׂרָאֵל, כַּד יְהוֹן בְּחִיּוּבָא קַמֵּי מַלְכָּא, מִיָּד פָּשַׁר לֵיהּ פִּשְׁרָא לְבִישׁ, וְאִתְקְיַּים בֵּיהּ.

וְתָּא חֲזֵי, תְּרֵין דַּרְגִּין אִלֵּין, דְּקָא חָמָא הַאי, וְחָמָא הַאי. דָּא חָמָא (דהא)
(Ⅰ)
[193a]  
[...] Car le Saint, béni soit-il, a plusieurs chefs célestes et plusieurs messagers chargés de séduire Israël ; mais le Saint, béni soit-il, veille sur Israël, pour que celui-ci ne succombe. L’Écriture ajoute enfin : « ... Car le jour du Seigneur est grand et très redoutable ; et qui pourra en soutenir l’éclat ? » L’accusateur qui est toujours présent devant le Saint, béni soit-il, est aussi fort que le fer, aussi fort que le rocher ; il est plus fort que tous les hommes, et tous sont sous sa domination. Heureux le sort des justes que le Saint, béni soit-il, aide pour qu’ils soient jugés dignes du monde futur et de la joie des justes parmi lesquels le Saint, béni soit-il, se délectera à la fin des temps, ainsi qu’il est écrit (Ps. , 5, 12) : « Et tous ceux qui mettent en toi leur espérance, se réjouiront ; ils seront éternellement remplis de joie ; et tu habiteras dans eux ; et tous ceux qui aiment ton nom se glorifieront en toi. » « Béni soit le Seigneur éternellement. Amen, amen (Ps., LXXXIX, 53). » [...]
- כַּד סָלִיק, וְקָא שַׁלִּיט דַּרְגָּא עִלָּאָה, וְאִתְנְהִיר סִהֲרָא. וְדָא חָמָא, דְּאִתְחַשַּׁךְ וְשַׁלִּיט עֲלָהּ חִיוְיָא בִישָׁא. וּבְגִין כָּךְ אִסְתַּכַּל יוֹסֵף בְּהַהוּא חֶלְמָא, וּפָשַׁר לֵיהּ פִּשְׁרָא לְבִישׁ. וְעַל דָּא, כֹּלָּא בְּפִישְׁרָא קָיְימָא, וְדָא וְדָא חָמוּ, בְּאִלֵּין תְּרֵין דַּרְגִּין, דְּשַׁלִּיט דָּא, וְשַׁלִּיט דָּא.

רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח, (תהילים נ״א:י״ב) לֵב טָהוֹר בְּרָא לִי אֱלהִים וְרוּחַ נָכוֹן חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל לֵב טָהוֹר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (מלכים א ג׳:ט׳) וְנָתַתָּ לְעַבְדְּךָ לֵב שׁוֹמֵעַ וְגו', וּכְתִיב (משלי ט״ו:ט״ו) וְטוֹב לֵב מִשְׁתֶּה תָּמִיד, וּבְגִין כָּךְ לֵב טָהוֹר וַדַּאי.

וְרוּחַ נָכוֹן חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי, דָּא הוּא רוּחַ נָכוֹן וַדַּאי. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית א׳:ב׳) וְרוּחַ אֱלֹהִים מְרַחֶפֶת עַל פְּנִי הַמָּיִם. וְאִתְעָרוּ, זֶה רוּחוֹ שֶׁל מָשִׁיחַ. וְאִתְעָרוּ, (יחזקאל י״א:י״ט) וְרוּחַ חֲדָשָׁה אֶתֵּן בְּקִרְבְּכֶם. וְצַלֵּי דָוִד, הַהוּא רוּחַ נָכוֹן, חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי.

בְּגִין דְּאִית מִסִּטְרָא אָחֳרָא, לֵב טָמֵא וְרוּחַ עִוְעִים, דְּאַסְטֵי לִבְנֵי עַלְמָא, וְדָא הוּא רוּחַ טוּמְאָה, דְּאִקְרֵי רוּחַ עִוְעִים. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו י״ט:י״ד) יְיָ מָסַךְ בְּקִרְבָּהּ רוּחַ עִוְעִים. וְעַל דָּא וְרוּחַ נָכוֹן חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי. מַאי חָדֵּשׁ. דָּא חִדּוּשָׁא דְּסִיהֲרָא. בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְחַדַּשׁ סִיהֲרָא, דָּוִד מֶלֶךְ יִשְׂרָאֵל חַי וְקַיָּים וּבְגִין כָּךְ חָדֵּשׁ.

רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְאָרְחָא. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי לְרִבִּי אֶלְעָזָר, הַאי דִּכְתִיב, (מלכים א כ״ב:כ״א-כ״ב) וַיֵּצֵא הָרוּחַ וַיַּעֲמֹד לִפְנֵי יְיָ וַיֹּאמֶר אֲנִי אֲפַתֶּנּוּ וַיֹּאמֶר יְיָ אֵלָיו בְּמָּה וַיֹּאמֶר אֵצֵא וְהָיִיתִי רוּחַ שֶׁקֶר בְּפִי כָּל נְבִיאָיו וַיֹּאמֶר תְּפַתֶּה וְגַם תּוּכָל צֵא וַעֲשֵׂה כֵן. וְתָנִינָן דְּהֲוָה רוּחַ נָבוֹת הַיִּזְרְעֵאלִי. וְכִי נִשְׁמָתִין, כֵּיוָן דְּסָלְקִין וְקָיְימִין לְעֵילָא, אִינוּן יָכְלִין לְאֲתָבָא בְּהַאי עַלְמָא, וּמִלָּה תְּמִיהָה, דְּאָמַר אֵצֵא וְהָיִיתִי רוּחַ שֶׁקֶר בְּפִי וְגו'.

וְתוּ, מַאי טַעְמָא אִתְעֲנַשׁ עֲלֵיהּ אַחְאָב, דְּהָא דִינָא דְאוֹרַיְיתָא, דְּשַׁוֵּי שְׁמוּאֵל קַמַּיְיהוּ דְיִשְׂרָאֵל, הָכִי הוּא. דִּכְתִיב, (שמואל א ח׳:י״ד) אֶת שְׂדוֹתֵיכֶם וְכַרְמֵיכֶם וְזֵיתֵיכֶם הַטּוֹבִים יִקָּח. וְאִי אַחְאָב נָטַל הַהוּא כֶּרְם בְּנָבוֹת, דִּינָא הֲוָה. וְתוּ, דְּהֲוָה יָהִיב לֵיהּ כַּרְמָא אָחֳרָא, אוֹ דַּהֲבָא, וְלָא בָעָא.

אָמַר לֵיהּ, יָאוֹת שְׁאַלְתְּ. תָּא חֲזֵי, הַאי רוּחַ דְּקָאֲמְרוּ דְאִיהוּ רוּחַ דְּנָבוֹת, הָכָא אִית לְאִסְתַּכָּלָא. וְכִי רוּחָא דְנָבוֹת יָכִיל לְסַלְּקָא וּלְקַיְּימָא קַמֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְמִתְבַּע שִׁקְרָא. דִּכְתִיב וַיֵּצֵא הָרוּחַ. וְאִי צַדִּיקָא הוּא, אֵיךְ יִבָּעֵי שִׁקְרָא בְּהַהוּא עַלְמָא, דְּאִיהוּ עַלְמָא דִקְשׁוֹט. וּמַה בְּהַאי עַלְמָא, לָא בָעֵי זַכָּאָה שִׁקְרָא, בְּהַהוּא עַלְמָא, לָא כָל שֶׁכֵּן. וְאִי לָאו זַכָּאָה אִיהוּ, הֵיךְ יָכִיל לְקָיְימָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

אֶלָּא וַדַּאי נָבוֹת לָאו זַכָּאָה הֲוָה כָּל כָּךְ לְקָיְימָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֶלָּא רוּחָא אָחֳרָא הֲוָה, דְּשָׁלְטָא בְּעַלְמָא. דְּדָא הוּא רוּחָא דְּקָיְימָא תָּדִיר וְסָלְקָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְדָא הוּא דְאַסְטֵי לִבְנִי עַלְמָא בְּשִׁקְרָא. וּמַאן דְּאִיהוּ רָגִיל בְּשִׁקְרָא, אִשְׁתַּדַּל תָּדִיר בְּשִׁקְרָא. וְעַל דָּא אָמַר אֵצֵא וְהָיִיתִי רוּחַ שֶׁקֶר וְגו'. וְעַל דָּא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר לֵיהּ, צֵא וַעֲשֵׂה כֵן. פּוּק מֵהָכָא, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ דִּכְתִיב, (תהילים ק״א:ז׳) דּוֹבֵר שְׁקָרִים לא יִכּוֹן לְנֶגֶד עֵינָי. וּבְגִין דָּא אִיהוּ רוּחַ שֶׁקֶר וַדַּאי.

וְתוּ, עַל מַה דְּקָטַל לֵיהּ לְנָבוֹת וְנָטַל כַּרְמָא דִילֵיהּ, קָטוּלָא אַמַּאי קָטִיל לֵיהּ. אֶלָּא עַל דְּקָטִיל לֵיהּ בְּלָא דִינָא, אִתְעַנַּשׁ. קָטַל לֵיהּ בְּלָא דִינָא, וְנָסִיב כַּרְמָא דִילֵיהּ. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (מלכים א כ״א:י״ט) הֲרָצַחְתָּ וְגַם יָרַשְׁתָּ, וְעַל דָּא אִתְעַנַּשׁ. וְתָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִינוּן בְּנֵי נָשָׁא בְּעַלְמָא, דְאַסְטֵי לוֹן הַאי רוּחַ שִׁקְרָא בְּשִׁקְרָא. וְשַׁלִּיט אִיהוּ בְּעַלְמָא בְּכַמָּה סִטְרִין וּבְכַמָּה עוֹבָדִין, וְהָא אוֹקִימְנָא מִלֵּי.

וְעַל דָּא דָּוִד מַלְכָּא בָּעָא לְאִסְתַּמְרָא מִנֵּיהּ, ובָעָא לְאֲפָקָא מִגּוֹ מְסָאֲבוּ. דִּכְתִיב, (תהילים נ״א:י״ב) לֵב טָהוֹר בְּרָא לִי אֱלֹהִים וְרוּחַ נָכוֹן חַדֵּשׁ בְּקִרְבִּי. דָּא הוּא רוּחַ נָכוֹן, וְאָחֳרָא אִיהוּ רוּחַ שֶׁקֶר. וְעַל דָּא תְּרֵין דַּרְגִּין אִינוּן, חַד קַדִּישָׁא, וְחַד מְסָאֲבָא.

פָּתַח וְאֲמַר, (יואל ב׳:י״א) וַיְיָ נָתַן קוֹלוֹ לִפְנֵי חֵילוֹ כִּי רַב מְאֹד מַחֲנִהוּ וְכִי עָצוּם עוֹשֵׂה דְבָרוֹ וְגו', הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל וַיְיָ, בְּכָל אֲתַר הוּא וּבֵי דִינֵיהּ. נָתַן קוֹלוֹ, דָּא הוּא קָלָא דִּכְתִיב, (דברים ד׳:י״ב) קוֹל דְּבָרִים. וּכְתִיב הָתָם, (שמות ד׳:י׳) לֹא אִישׁ דְּבָרִים. מַאן אִישׁ דְּבָרִים. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברים ל״ג:א׳) אִישׁ הָאֱלֹהִים. לִפְנֵי חֵילוֹ, אִלֵּין אִינוּן יִשְׂרָאֵל.

כִּי רַב מְאֹד מַחֲנֵהוּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (איוב כ״ה:ג׳) הֲיֵשׁ מִסְפָּר לִגְדוּדָיו.
(Ⅰ)
  
[...] Notes [...]

*38 C’est-à-dire dans le péché.

*39 V. fol. 65b.

*40 Le renouvellement de la lune est, d’après les cabalistes, une époque de clémence (V. fol. 64a). L’ « esprit du bien» se réjouit donc à chaque renouvellement de lune où il puise des forces nouvelles.

*41 V. Gen., XLVII, 28

*42 Cf. T., tr. Sabbath, fol. 55b.

*43 V. fol. 60b.

*44 V. fol. 68b.

*45 V. fol. 149b.

*46 V. fol 196b.

*47 Ce mot est un des dix qui portent des points au-dessus des lettres. Ce ne sont pas des points-voyelles ; ils indiquent que le mot a un sens anagogique.

*48 Passage attribué à Rabbi Moïse Cordovero.

*49 V. fol. 183b.

*50 V. fol. 175b.

*51 Mot à mot : « Il leur fait expier même les péchés de l’épaisseur d’un cheveu », c’est-à-dire même les péchés véniels.

*52 Le texte porte wyha tam hdwhy dryw : « Et Juda descendit de dessus ses frères », en d’autres termes : il descendit du rang qu’il occupait parmi ses frères : de la royauté.

*53 re pour er.

*54 V. fol. 138a.

*55 Par le terme « agrandir », le Z. entend la reproduction multiple de la figure céleste. L’homme étant l’image de la figure céleste, il s’ensuit que plus on a d’enfants, plus on multiplie et plus on agrandit la figure céleste ici-bas.

*56 V. fol. 12b.

*57 V. Z., III, fol. 282b.

*58 V. fol. 13a.

*59 C’est-à-dire la délivrance des maris défunts et leur entrée sur le parvis céleste, qui ne peut avoir lieu que si leurs frères, en épousant leurs veuves, leur suscitent des enfants, ainsi que cela a été dit ci-dessus.

*60 wdyox est la forme du singulier, car ce terme désigne Joseph.

*61 C’est-à-dire pendant le sommeil, ou après la mort.

*62 V. Z., II, fol. 144 a.

*63 V. fol., 36a.

*64 V. fol. 73a.

*65 Le mot « aph » signifle également « colère ».


Page: 1
>>