VA-ÉRA
> VA-ÉRA  >
22 Verses | Page 1 / 1
(Version Jean de Pauly)


Afficher / Cacher
(Ⅰ)


[22a]  
[...] “ Élohim (Ex., VI, 2 et 3) parla à Moïse, et lui dit : Je suis le Seigneur, qui suis apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, comme le Dieu tout-puissant (El Schadaï), mais je ne me suis pas fait connaître à eux sous mon nom de Jéhovah (1). ” Rabbi Abba ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XXVI, 4) : “ Mettez votre confiance dans Jéhovah pour jamais (àdè àd) ; car la force suprême réside dans le Dieu Jéhovah (be-Jah Jéhovah). ” Tous les hommes doivent se fortifier dans le Saint, béni soit-il, et y mettre leur confiance. Mais que signifient les mots “ àdè àd ” ? “ Ad ” est la désignation de ce degré céleste où l’on se fortifie, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLIX, 27) : “ Il dévorera la proie (àd) le matin. ” C’est le degré (2) qui forme le trait d’union entre tous les autres degrés et est l’objet de désir de tout le monde ; c’est d’ “ Ad ” qu’on ne doit jamais se séparer, ainsi que cela a été déjà dit (3).
Il est écrit (Gen., XLIX, 26) : “ ... Jusque (àd) au désir des collines éternelles. ” Qui sont les collines éternelles ? Ce sont les deux Mères (4) constituant le Principe femelle, et symbolisées par l’année jubilaire et l’année sabbatique ; ce sont elles que l’Écriture appelle les “ collines éternelles ” (Olam). Le mot “ Olam ” désigne chacune des deux Mères, ainsi qu’il est écrit (Ps., CVI, 48) : “ Que le Seigneur, le Dieu d’Israël soit béni d’un monde (Olam) à l’autre monde (Olam). Les deux Mères soupirent après “ Ad ” ; la Mère symbolisée (w) par l’année jubilaire soupire après “ Ad ” dans le désir de lui tresser des couronnes, d’attirer sur lui les bénédictions et de verser sur lui les eaux douces de la Source céleste, ainsi qu’il est écrit (Cant., III, 11) : “ Sortez, filles de Sion, et venez voir le roi Salomon avec le diadème dont sa mère l’a couronné ! ” La Mère symbolisée (h2) par l’année sabbatique soupire après “ Ad ” dans le but d’être bénie par lui et d’être éclairée par sa lumière. En vérité, tel est le sens des mots (Gen., XLIX, 26) : “ Ad est le désir des collines éternelles. ” C’est pourquoi l’Écriture (Is., XXVI, 4) dit : “ Mettez votre confiance dans le Seigneur jusqu’à “ Ad ”(h1) ; car au-dessus d’ “ Ad ” tout est caché et mystérieux, et nul être ne peut s’attacher à ce degré (y) ; c’est de ce degré qu’émanent les mondes ; c’est dans cette région que les mondes ont pris leur forme ; c’est à ce degré que s’appliquent les paroles de l’Écriture (ibid.) (5) : “ ... Car la force suprême réside dans le Dieu Jéhovah qui a formé le monde (6). ” L’Écriture dit donc : Mettez votre confiance dans le Seigneur jusqu’à “ Ad ” ; car ce n’est que jusqu’au degré “ Ad ” que l’homme est autorisé à pénétrer le Mystère ; mais au-dessus d’ “ Ad ” tout est caché et voilé ; c’est le degré le plus mystérieux de tous, c’est “ Jah Jéhovah ” par qui tous les mondes ont pris des formes, et nul être ne peut s’élever jusqu’à cette région.
Rabbi Yehouda dit : Ceci résulte également du verset (Deut., IV, 32) suivant : “ Interroge les siècles les plus reculés qui ont été avant, et considère d’une extrémité du ciel jusqu’à l’autre, depuis le jour auquel le Seigneur créa l’homme sur la terre, s’il s’est jamais rien fait de semblable, et si jamais on a ouï dire qu’un peuple ait entendu la voix d’Élohim, etc. ” Nul ne peut pénétrer les mystères au-delà. D’après une autre interprétation, les paroles (Is., XXVI, 4) : “ Mettez votre confiance dans Jéhovah pour jamais (àdè àd) ” ont la signification suivante : L’homme doit tous les jours se fortifier dans le Saint, béni soit-il ; car, c’est ainsi que David dit (Ps., XXV, 2) : “ Mon Dieu, c’est en toi que je mets ma confiance ; je n’aurai pas honte, et mes ennemis ne se riront pas de moi. ” Nul être au monde n’a le pouvoir de faire du mal à l’homme qui met sa confiance en Dieu et qui se fortifie en lui. Pourquoi ? —Parce que le monde ne subsiste que par le Nom sacré, ainsi qu’il est écrit (Is., XXVI, 4) : “ ... Car c’est par hy qu’il a créé le monde. ” [...]
- (שמות ו׳:ב׳-ג׳) וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים אֶל מֹשֶׁה וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי יְיָ' ואֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי וְגוֹ'. רִבִּי אַבָּא פָּתַח, (ישעיהו כ״ו:ד׳) בִּטְחוּ בַיְיָ' עֲדֵי עַד כִּי בְּיָהּ יְיָ' צוּר עוֹלָמִים. בִּטְחוּ בַיְיָ', כָּל בְּנֵי עָלְמָא בַּעְיָין לְאִתַּתְקְפָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּלְמֶהֱוֵי רָחְצַנוּ דִּלְהוֹן בֵּיהּ.

אִי הָכִי מַהוּ עֲדֵי עַד. אֶלָּא, בְּגִין דִּיהֵא תֻּקְפָּא דְּבַר נָשׁ, בַּאֲתַר דְּאִיהוּ קִיּוּמָא וְקִשּׁוּרָא דְּכֹלָּא, וְאִקְרֵי עַד, וְהָא אוּקְמוּהָ, כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (בראשית מ״ט:כ״ז) בַּבֹּקֶר יֹאכַל עַד. וְהַאי עַד, אֲתָר דְּאָחִיד לְכָל סִטְרִין, לְסִטְרָא דָּא, וּלְסִטְרָא דָּא, לְאִתְקַיְּימָא, וּלְאִתְקַשְּׁרָא קִשְׁרָא, דִּי לָא תַּעְדֵי.

וְהַאי עַד, תִּיאוּבְתָּא דְּכֹלָּא בֵּיהּ, כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (בראשית מ''ט, בראשית נ' ע''א רמ''ז ע''ב) עַד תַּאֲוַת גִּבְעוֹת עוֹלָם. מַאן אִינּוּן גִּבְעוֹת עוֹלָם. אִלֵּין אִינּוּן תְּרֵין אִמָּהָן נוּקְבֵי, יוֹבֵל, וּשְׁמִטָּה, דְּאִקְרוּן גִּבְעוֹת עוֹלָם. עוֹלָם: כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (תהילים ק״ו:מ״ח) מִן הָעוֹלָם וְעַד הָעוֹלָם. (יובל ושמיטה כל חד מנהון אקרי עולם ואלין אקרון גבעות עולם)

וְתִיאוּבְתָּא דִּילְהוֹן בְּהַאי עַד, דְּאִיהוּ קִיּוּמָא דְּכָל סִטְרִין. (מאי טעמא) תִּיאוּבְתָּא דְּיוֹבְלָא לְגַבֵּי דְּעַד, לְאַעְטְּרָא לֵיהּ, וּלְנַגְדָּא עָלֵיהּ בִּרְכָּאן, וּלְאַרְקָא עָלֵיהּ מַבּוּעִין מְתִיקִין, הֲדָא הוּא דִּכְתִּיב, (שיר השירים ג׳:י״א) צְאֶינָה וּרְאֶינָה בְּנוֹת צִיּוֹן בַּמֶּלֶךְ שְׁלמֹה בַּעֲטָרָה שֶׁעִטְּרָה לוֹ אִמּוֹ. תִּיאוּבְתָּא דִּשְׁמִטָּה, לְאִתְבָּרְכָא מִנֵּיהּ, וּלְאַתְנַהֲרָא מִנֵּיהּ. וַדַּאי הַאי עַד תַּאֲוַת גִּבְעוֹת עוֹלָם אִיהוּ.

בְּגִין כַּךְ, בִּטְחוּ בַיְיָ' עֲדֵי עַד, דְּהָא מִתַּמָּן וּלְעֵילָּא, אֲתָר טָמִיר (הוא) וְגָנִיז אִיהוּ, דְּלָא יָכִיל לְאִתְדַּבְּקָא. אֲתָר הוּא, דְּמִנֵּיהּ נָפְקוּ וְאִצְטָיְּירוּ עָלְמִין, הֲדָא הוּא דִּכְתִּיב, כִּי בְּיָהּ יְיָ' צוּר עוֹלָמִים וְהוּא אֲתָר גָּנִיז וְסָתִים, וְעַל דָּא בִּטְחוּ בַיְיָ' עֲדֵי עַד, עַד הָכָא אִית רְשׁוּ לְכָל בַּר נָשׁ לְאִסְתַּכְּלָא בֵּיהּ, מִכָּאן וּלְהָלְאָה, לֵית לֵיהּ רְשׁוּ לְבַּר נָשׁ לְאִסְתַּכְּלָא בֵּיהּ, דְּהָא אִיהוּ גָּנִיז מִכֹּלָּא, וּמַאן אִיהוּ יָהּ יְדוָֹד. דִּמִתַּמָּן אִצְטְיָּירוּ עָלְמִין כֻּלְּהוּ, וְלֵית מַאן דְּקָאִים עַל הַהוּא אֲתָר.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, קְרָא אוֹכַח עָלֵיהּ, דִּכְתִּיב, (דברים ד׳:ל״ב) כִּי שְׁאַל נָא לְיָמִים רִאשׁוֹנִים וְגוֹ'. עַד הָכָא אִית רְשׁוּ לְבַּר נָשׁ לְאִסְתַּכְּלָא, מִכָּאן וּלְהָלְאָה לֵית מַאן דְּיָכִיל לְמֵיקָם עָלֵיהּ.

דָּבָר אַחֵר בִּטְחוּ בַיְיָ' עֲדֵי עַד, כָּל יוֹמוֹי דְּבַר נָשׁ, בָּעֵי לְאִתַּתְקְפָא בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, (דהכי אמר דוד (תהילים כ״ה:ב׳) אלהי בך בטחתי אל אבושה אל יעלצו אויבי לי) וּמַאן דְּשַׁוֵּי בֵּיהּ, בִּטְחוֹנֵיהּ וְתוּקְפֵּיהּ כְּדְקָא יֵאוֹת, לָא יַכְלִין לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ, כָּל בְּנֵי עָלְמָא. (דהכי אמר דוד (תהילים כ״ה:ב׳) אלהי בך בטחתי אל אבושה אל יעלצו אויבי לי) דְּכָל מַאן דְּשַׁוֵּי תּוּקְפֵּיהּ בִּשְׁמָא קַדִּישָׁא, אִתְקַיַּים בְּעָלְמָא.

מַאי טַעֲמָא, בְּגִין דְּעָלְמָא, בִּשְׁמֵיהּ קַדִּישָׁא אִתְקַיַּים. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיה כ''ו) כִּי בְּיָהּ יְיָ'
(Ⅰ)
[22b]  
[...] Les mots “ tzour olamim ” signifient : qui forme les mondes ; car le monde d’ici-bas et le monde futur ont été formés par deux lettres. Le monde d’ici-bas a été créé par la Rigueur, et est basé sur la Rigueur.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., I, 1) dit : “ Au commencement, Élohim (Rigueur) créa ” Pourquoi ? —Afin que les hommes marchent dans la voie de l’équité et ne s’en éloignent point.
Remarquez que l’Écriture (Ex., VI, 2) dit : “ Élohim parla à Moïse ”, ce qui veut dire : la Rigueur se prononça contre Moïse. Précédemment l’Écriture (Ex., V, 22) dit : “ Et Moïse retourna vers le Seigneur et lui dit : Seigneur (Adonaï), pourquoi as-tu affligé ce peuple ? pourquoi m’as-tu envoyé ? Car depuis que je me suis présenté devant le Pharaon pour lui parler en ton nom, ce peuple a subi plus d’afflictions, et tu ne l’as point délivré ” Moïse savait qu’il y a un autre degré de l’essence divine que celui désigné sous le nom sacré (id., 21) d’ “ Adonaï ”. Comme Israël n’ajoutait point foi à sa mission divine, Moïse était peiné de ce que Dieu l’avait chargé de révéler à Israël le degré de l’essence divine, désigné sous le nom d’ “ Adonaï ” au lieu de celui désigné sous le nom d’ “ Élohim ”, qui aurait inspiré à Israël plus de confiance (7). C’est pourquoi Moïse dit à Dieu : “ Adonaï, pourquoi as-tu affligé ce peuple ? ” ce qui veut dire : pourquoi t’es-tu revélé à lui sous le nom d’ “ Adonaï ”, au lieu de celui d’ “ Élohim ” ? Certes, Moïse n’aurait pu tenir un pareil langage à Dieu et lui dire qu’il avait affligé le peuple d’Israël ; s’il n’avait eu en vue l’autre degré de l’essence divine désigné sous le nom d’Élohim.
Rabbi Isaac dit : Dès que Dieu confia sa maison à Moïse, celui-ci y tint le langage d’un homme qui commande dans sa maison ; il disait tout ce qu’il voulait, sans éprouver aucune crainte.
D’après une autre interprétation les paroles : “ Élohim parla à Moïse, et lui dit : Je suis Jéhovah ”, signifient que le degré de rigueur et celui de clémence sont unis. Rabbi Siméon (8) objecta : Si l’Écriture eût dit : “ Élohim parla à Moïse : Je suis Jéhovah ” cette interprétation serait admissible ; mais comme elle dit : “ Élohim parla à Moïse, et lui dit : Je suis Jéhovah ”, il est évident qu’elle parle des deux degrés. Rabbi Yossé dit en outre : Si Moïse n’avait pas été le maître de la maison, l’homme de Dieu, il aurait été puni pour avoir parlé à Dieu irrévérencieusement ; il n’échappa au châtiment que grâce à sa qualité de maître de la maison. Le cas de Moïse est comparable à celui d’un homme qui se disputait avec sa femme. Au moment où cette dernière s’apprêtait à riposter à son mari, le roi apparut. Dès que le roi prit la parole, la femme se tut. Le roi lui dit : Ne savais-tu donc pas que je suis le roi et que toutes les paroles que tu prononces sont entendues de moi ?
Tel était également, -s’il est permis de s’exprimer ainsi, —le cas de Moïse. D’abord Moïse dit à la Schekhina (Ex., V, 22) : “ Pourquoi as-tu affligé ce peuple ? etc. ” La Schekhina allait lui riposter : “ Élohim (Ex., VI, 2) parla à Moïse... ” Mais aussitôt le Roi prit la parole (ibid.) : “ Et il lui dit : Je suis Jéhovah ”, ce qui veut dire : Ne sais-tu donc pas que je suis le Roi et que c’est en ma présence que tu parles ? “ Et (Ex., VI, 3) j’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de Dieu tout-puissant (Schadaï). ” Pourquoi Dieu emploie- t-il ici un autre nom divin que ceux mentionnés précédemment (9) ? Ce cas est comparable à celui d’un roi qui avait une fille. Tant que la fille n’était pas mariée, le roi se servait de son intermédiaire toutes les fois qu’il voulait s’entretenir avec son ami ; le roi parlait à sa fille, et celle-ci rapportait ses paroles à l’ami. Mais le jour où la fille du roi se maria, le roi dit : Faites venir ma fille, la matrone qui me servait de porte-paroles. Le roi dit ensuite à sa fille : Jusqu’aujourd’hui je me suis servi de toi pour parler à tous ceux à qui j’avais des communications à faire ; dis à ton mari qu’à partir d’aujourd’hui je me servirai de lui à ta place. Au bout de quelque temps, le jeune époux faisait des reproches à sa femme.
Au moment où elle allait lui répondre, le roi survint et dit au mari : N’est-ce pas moi le roi ? Jamais homme n’a pu me parler, si ce n’est par l’intermédiaire de ma fille, tant qu’elle n’était pas mariée. Or voici que je viens de te donner ma fille et de t’accorder en même temps la faveur de m’adresser la parole directement, faveur que je n’accorde à aucune autre personne. Tel est le sens des paroles : “ J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de Schadaï. ” Tant que la Fille céleste n’était pas devenue Épouse, personne n’a parlé face à face avec Dieu, et Moïse était le premier à qui Dieu, en lui donnant sa Fille pour Épouse, se soit révélé directement sur le degré de Jéhovah.
Rabbi Yossé commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXIV, 1) : “ Psaume de David. C’est au Seigneur qu’appartient la terre et tout ce qu’elle contient, le monde et ceux qui l’habitent. ” La “ terre ” désigne la terre sainte d’Israël qui, la première, reçoit les bénédictions célestes et les distribue ensuite au reste du monde ; “ ... Le monde (thebel) et ceux qui l’habitent ” désignent les autres terres qui sont arrosées par la nôtre, ainsi qu’il est écrit (Ps., XCVI, 13) : “ Il juge le monde (thebel) avec équité. ” L’Écriture (Ps., XXIV, 2) ajoute : “ Car c’est lui qui l’a fondée au-dessus des mers. ” Ces paroles désignent [...]
- כַּד אָתֵי צַפְרָא, פִּתְחִין דִּדְרוֹמָא נִפְתָּחִין, וְתַרְעֵי דְּאַסְוָּותָא נָפְקִין לְעָלְמָא, וְרוּחָא דְּמִזְרָח אִתְּעַר, וְרַחֲמֵי אִשְׁתְּכָּחוּ, וְכָל אִינּוּן כֹּכְבַיָּא וּמַזָּלֵי דִּמְמָנָן תְּחוֹת שׁוּלְטָנֵיהּ דְּהַאי בֹּקֶר, כֻּלְּהוּ פַּתְחִין שְׁבָחָא וְזַמְרִין לְמַלְכָּא עִלָּאָה. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, בְּרָן יַחַד כֹּכְבֵי בֹקֶר וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלהִים, מַה בָּעָאן הָכָא בְּנֵי אֱלֹהִים, דְּאִינּוּן מְזַמְּנִין תְּרוּעָה בְּהַאי בֹּקֶר, וְהָא כָּל דִּינִין אִתְעֲבָרוּ בְּזִמְנָא דְּחֶסֶד אַתְעַר בְּעָלְמָא. אֶלָּא וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלהִים, הָא אִתְּבַּר תּוּקְפָּא דְּדִינִין קַשְׁיָין, אַתְּבַּר חֵילָא דִּלְהוֹן, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ישעיהו כ״ד:י״ט) רֹעָה הִתְרוֹעְעָה אָרֶץ.

וְכָל כַּךְ, בְּגִין דְּהַאי בֹּקֶר אִתְּעַר בְּעָלְמָא, וְאַבְרָהָם אִתְּעַר וְאָתֵי לְמִנְטַע אֵשֶׁל בִּבְאֵר שָׁבַע. מִלָּה דָּא הָכִי שְׁמַעְנָא לָהּ, בִּבְאֵר שָׁבַע וַדַּאי, וּכְתִיב (בראשית כ״א:ל״ג) וַיִּקְרָא שָׁם בְּשֵׁם יְיָ' אֵל עוֹלָם.

פָּתַח חַבְרִיהּ טָיָיעָא וְאָמַר, (בראשית מה) הַבֹּקֶר אוֹר וְהָאֲנָשִׁים שֻׁלְּחוּ וְגוֹ', מַאי הַבֹּקֶר אוֹר. הָכִי אוֹלִיפְנָא, מַהוּ בֹּקֶר. אֶלָּא בְּזִמְנָא דְּאָתֵי צַפְרָא, וְדִינִין מִתְעַבְּרָן, וְחֶסֶד בָּעָא לְאִתְּעָרָא, כָּל אִינּוּן דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא דָּא, מְבַקְּרֵי (ס''א מפקדי) לְאַתְרַיְיהוּ, לְזַמְּנָא בִּרְכָאן לְעָלְמָא. וְדָא הוּא הַבֹּקֶר אוֹר, דְּהָא רַחֲמֵי מִתְיַשְׁבֵי לְעָלְמָא, וְחֶסֶד קָאֵי בְּאַתְרֵיהּ, כְּדֵין הוּא בֹּקֶר אוֹר. וּכְתִיב (בראשית א׳:ד׳) וַיַרְא אֱלֹהִים אֶת הָאוֹר כִּי טוֹב.

תָּא חֲזֵי, כֹּלָּא הוּא בְּדַרְגִּין יְדִיעָן. לֵילְיָא, הָא יְדִיעָא. בֹּקֶר אוֹר, הָא יְדִיעָא, וְהוּא דַּרְגָּא עִלָּאָה דְּאִשְׁתְּכַח בֵּיהּ תָּדִירָא. אֵימָתַי. כַּד נָהִיר שִׁמְשָׁא. שִׁמְשָׁא יְדִיעָא, וְהוּא דַּרְגָּא עִלָּאָה, דִּמְבַסָּם לְכֹלָּא, וְנָהִיר לְכֹלָּא, כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (תהילים פ״ד:י״ב) כִּי שֶׁמֶשׁ וּמָגֵן יְיָ' אֱלֹהִים. וְהַאי בֹּקֶר אוֹר, נָהִיר מִשִׁמְּשָׁא, וְדָא נָהִיר לְלֵילְיָא. בְּגִין כַּךְ, כֹּלָּא תַּלְיָא דָּא בְּדָא. וְהַאי בֹּקֶר אוֹר כַּד אִתְּעַר, כָּל בְּנֵי עָלְמָא אִתְאַחֲדָן בְּאַחֲדוּתָא בְּחֶדְוָתָא, וּמִשְׁתַּכְּחֵי בְּעָלְמָא, וְהַשְׁתָּא הָא נָהִיר יְמָמָא, עִידָּן רְעוּתָא הוּא, לְמֵהַךְ בְּאוֹרְחָא.

בְּרִיכוּ לוֹן רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי, וְנַשְּׁקוּ לוֹן בְּרֵישַׁיְיהוּ, וְשַׁדָּרוּ לוֹן. אָמַר רִבִּי חִיָּיא לְרִבִּי יוֹסֵי, בְּרִיךְ רַחֲמָנָא, דְּתַקִּין אָרְחָנָא קַמָּן, ודַּאי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שָׁדַר לוֹן גַּבָּן. זַכָּאִין אִינּוּן דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְלָא אַרְפִּין מִינָּהּ שַׁעֲתָא חֲדָא. נַפְקוּ רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסֵי, וְאַזְלוּ לְאָרְחַיְיהוּ. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, וַדַּאי רְחִימוּתָא דְּלִבָּאי קָשִׁיר בְּאִלֵּין טַיָּיעֵי. אָמַר רִבִּי חִיָּיא, לָא תַּוַּוהְנָא עַל דָּא, דְּהָא בְּיוֹמוֹי דְּרִבִּי שִׁמְעוֹן, אֲפִילּוּ צִפֳּרֵי שְׁמַיָא מְרַחְשָׁן חָכְמְתָא, דְּהָא מִלּוֹי אִשְׁתְּמוֹדְעָן לְעֵילָּא וְתַתָּא.

פָּתַח רִבִּי חִיָּיא ואָמַר, (דברים ל״א:ט״ו-ט״ז) וַיֹּאמֶר יְיָ' אֶל מֹשֶׁה הִנְּךָ שׁוֹכֵב עִם אֲבוֹתֶיךָ וְגוֹ'. תָּא חֲזִי, כָּל זִמְנָא דְּהֲוָה מֹשֶׁה קַיָּים בְּעָלְמָא, הֲוָה מָמְחֵי בִּידַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל, בְּגִין דְּלָא יִשְׁתַּכְּחוּן בְּחִיוּבָא קָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּבְגִין דְּמֹשֶׁה אִשְׁתְּכַח בֵּינַיְיהוּ לָא יְהֵא כְּהַהוּא דָּרָא עַד דָּרָא דְּיֵיתֵי מַלְכָּא מְשִׁיחָא דְּיֶחמוּ יְקָרָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּוותַיְיהוּ דְּאִינּוּן אִתְדַּבְּקוּ מַה דְּלָא אִתְדְּבָּקוּ דָּרִין אָחֳרָנִין.

דְּתָנֵינָן, חָמָאת שִׁפְחָה חֲדָא עַל יַמָּא, מַה דְּלָא חָמָאת עֵינָא דִּיְחֶזְקֵאל נְבִיאָה. אִי אִינּוּן אִתְדָּבָּקוּ כָּל כַּךְ, נְשֵׁיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל כָּל שֶׁכֵּן. בְּנַיְיהוּ כָּל שֶׁכֵּן. גּוּבְרִין כָּל שֶׁכֵּן. סַנְהֶדְרִין כָּל שֶׁכֵּן. נְשִׂיאִים כָּל שֶׁכֵּן, וְכָּל שֶׁכֵּן נְבִיאָה עִלָּאָה מְהֵימָנָא מֹשֶׁה, דְּאִיהוּ עַל כֹּלָּא. וְהַשְׁתָּא אִלֵּין טַיָּיעֵי מַדְבְּרָא מְרַחֲשִׁין חָכְמְתָא כָּל כַּךְ, כָּל שֶׁכֵּן חַכִּימֵי דָּרָא, כָּל שֶׁכֵּן אִינּוּן דְּקַיְימֵי קַמֵּיהּ דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן, וְאוֹלְפֵי מִינֵיהּ בְּכָל
(Ⅰ)
[23a]  
[...] les sept couleurs sur lesquelles la terre est basée ; elles sont symbolisées par les sept mers en tête desquelles figure la mer de Kinereth.
Rabbi Yehouda dit : La mer de Kinereth n’est point au-dessus des autres mers, mais au contraire elle se remplit des eaux des autres mers. Enfin, L’Écriture ajoute : “ ... Et l’a établie au-dessus des fleuves. ” Quels fleuves ? Ce sont les fleuves dont parle l’Écriture (Ps., XCIII, 3) : “ Les fleuves ont élevé leurs voix, les fleuves élèveront leurs ondes. ” C’est également de ce fleuve que parle l’Écriture (Gen., II, 10) : “ Et un fleuve sort de l’Eden pour arroser le jardin. ” Remarquez que notre terre est appelée la terre d’Israël, et porte ainsi le nom de Jacob ; pourquoi donc Jacob n’était-il pas favorisé au même degré que Moïse, puisque Dieu lui apparut (Ex., VI, 2) sous le nom de Schadaï ? Mais ceci a été déjà expliqué de cette façon : Jacob a préféré la maison d’ici-bas ; car c’est avec la maison d’ici-bas qu’il constitua la maison d’en haut à l’aide des douze tribus et des soixante-dix branches. Aussi pour s’être particulièrement appliqué à la maison d’ici-bas, et avoir négligé la maison d’en-haut, le Saint, béni soit-il, ne lui apparut que sous le nom de Schadaï, mais ne lui apparut point sous celui de Jéhovah qui est le plus haut degré. Moïse, au contraire, s’appliqua à la maison d’en-haut et négligea celle d’ici-bas. “ J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob. ”
Rabbi Hiyâ dit : Jacob fait la gloire des patriarches, car il est le plus parfait de tous. Pour les autres patriarches l’Écriture emploie le mot “ él ”, alors que, pour Jacob, elle se sert du mot “ ve-él ” ; ce Vav supplémentaire nous indique que Jacob était le plus parfait de tous les patriarches. Et pourtant Jacob n’a pas été jugé digne d’avoir une apparition pareille à celle de Moïse. L’Écriture (ibid.) ajoute : “ Et j’ai fait alliance avec eux, en leur promettant de leur donner la terre de Chanaan. ” Pourquoi cette promesse ? Parce qu’ils se sont circoncis ; car quiconque se circoncit hérite de la terre sainte. Nul n’hérite de la terre s’il n’est pas juste. Or tous ceux qui sont circoncis sont appelés “ justes ”, ainsi qu’il est écrit (Is., LX, 21) : “ Tout ton peuple est un peuple de justes ; ils posséderont la terre pour toujours. ” Quiconque se circoncit et garde intacte la pureté de cette marque de l’Alliance est appelé “ juste ”. Nous l’inférons de Joseph qui ne fut appelé “ juste ” qu’à partir du jour où il donna la preuve de sa chasteté. ((10)) Rabbi Siméon se trouvait un jour en compagnie de Rabbi Éléazar, son fils, et de Rabbi Abba.
Rabbi Éléazar dit à son père : Pourquoi l’Écriture dit-elle : “ J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de Dieu tout-puissant ”, au lieu de : “ J’ai parlé à Abraham, etc. ”‘?
Rabbi Siméon lui répondit : Eléazar, mon fils, ces paroles cachent un mystère suprême.
Remarquez qu’il y a des couleurs visibles et des couleurs imperceptibles ; les unes et les autres sont l’emblème du mystère suprême de la Foi, alors que les hommes ne le savent ni ne l’examinent. Si les hommes ont été jugés dignes d’apercevoir les couleurs visibles, c’est grâce aux patriarches.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ J’ai apparu à Abraham, etc. ”, ce qui veut dire : Dieu daigna leur montrer le degré céleste désigné sous le nom de Schadaï ; mais nul homme, excepté Moïse, n’a jamais pu parvenir à contempler les couleurs imperceptibles.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ … Mais je ne me suis point fait connaitre à eux sous le nom de Jéhovah ” [...]
- שִׁבְעָה עַמּוּדִים, דְּאַרְעָא סְמִיכָא עָלַיְיהוּ. וְאִינּוּן שִׁבְעָה יַמִּים. וְיַם כִנֶּרֶת שַׁלְטָא עָלַיְיהוּ. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, לָא תֵּימָא דְּשַׁלְטָא עָלַיְיהוּ, אֶלָּא דְּאִתְמַלְיָיא מִנַּיְיהוּ. וְעַל נְהָרוֹת יְכוֹנְנֶהָ, מַאן אִינּוּן נְהָרוֹת. אֶלָּא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים צ''ג) נָשְׂאוּ נְהָרוֹת קוֹלָם יִשְּׂאוּ נְהָרוֹת דָּכְיָם, אִינּוּן נְהָרוֹת, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ב') וְנָהָר יוֹצֵא מֵעֵדֶן לְהַשְׁקוֹת אֶת הַגָּן, וּבְגִין כַּךְ, וְעַל נְהָרוֹת יְכוֹנְנְהָ.

תָּא חֲזֵי, הַאי אֶרֶץ, אִקְרֵי אֶרֶץ יִשְׂרָאֵל. יַעֲקֹב דְּאִיהוּ יִשְׂרָאֵל, אֲמַאי לָא שָׁלִיט עַל דָּא כְּמֹּשֶׁה, דְּהָא כְּתִיב וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי וְלָא יַתִּיר.

אֶלָּא, יַעֲקֹב הָא אוֹקִימְנָא, נָטַל בֵּיתָא דִּלְתַתָּא, וְאִשְׁתְּבִיק מִנֵּיהּ בֵּיתָא דִּלְעֵילָּא. וְעִם בֵּיתָא דִּלְתַתָּא, אַתְקִין בֵּיתָא דִּלְעֵילָּא, בִּתְרֵיסָר שְׁבָטִין, בְּשִׁבְעִין עֲנָפִין, וְהָא אוּקְמוּהָ. מֹשֶׁה, נָטַל בֵּיתָא דִּלְעֵילָּא, וְשָׁבִיק בֵּיתָא דִּלְתַתָּא. וְעַל דָּא, כְּתִיב בְּיַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי. בְּאֵל שַׁדָּי מַלִּיל עִמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְלָא יַתִּיר. וּשְׁמִי יְיָ' לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם, לְמַלְּלָא עִמְּהוֹן בְּדַרְגָּא דָּא דְּאִיהוּ עִלָּאָה.

וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב. אָמַר רִבִּי חִיָּיא, תּוּשְׁבְּחָן דַּאֲבָהָן יַעֲקֹב הֲוָה, דְּהוּא שְׁלִימוּ דְּכֹלָּא. בְּכֻלְּהוּ כְּתִיב, אֶל אַבְרָהָם, אֶל יִצְחָק, וּבֵיהּ אִתּוֹסָף אָת חַד, דִּכְתִּיב, וְאֶל יַעֲקֹב. אִתּוֹסָף בֵּיהּ ו', לְאַחֲזָאָה דְּאִיהוּ שְׁלֵימָא יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ. וְעִם כָּל דָּא, לָא זָכָה לְאִשְׁתַּמְּשָׁא בֵּיהּ כְּמֹּשֶׁה. (שמות ו') וְגַם הֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּם לָתֵת לָהֶם אֶת אֶרֶץ כְּנָעַן, בְּגִין דְּאִתְגְּזָרוּ. דְּכָל מַאן דְּאִתְגְּזַר, יָרִית אַרְעָא, דְּהָא לָא יָרִית אַרְעָא, אֶלָּא צַדִּיק, וְכָל מַאן דְּאִתְגְּזַר, אִקְרֵי צַדִּיק. דִּכְתִּיב, (ישעיה ס') וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַדִּיקִים לְעוֹלָם יִירְשׁוּ אָרֶץ, כָּל מַאן דְּאִתְגְּזַר, וְנָטִיר הַאי אָת קַיָּימָא, אִקְרֵי צַדִּיק, תָּא חֲזֵי מִן יוֹסֵף, דְּכָל יוֹמוֹי לָא אִקְרֵי צַדִּיק, עַד דְּנָטִיר הַהוּא בְּרִית, אָת קַיָּימָא קַדִּישָׁא. כֵּיוָן דְּנָטַר לֵיהּ, אִקְרֵי צַדִּיק, יוֹסֵף הַצַּדִּיק.

רִבִּי שִׁמְעוֹן הֲוָה יָתִיב יוֹמָא, חַד, וְרִבִּי אֶלְעָזָר בְּרֵיהּ, (עמיה) וְרִבִּי אַבָּא עִמֵּיהּ. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, הַאי קְרָא דִּכְתִּיב, וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב וְגוֹ'. מַהוּ וָאֵרָא, וַאֲדַבֵּר מִבָּעֵי לֵיהּ. אָמַר לֵיהּ, אֶלְעָזָר בְּרִי, רָזָא עִלָּאָה אִיהוּ.

תָּא חֲזֵי, אִית גַּוְונִין דְּמִתְחַזְיָין, וְאִית גַּוְונִין דְּלָא מִתְחַזְיָין. וְאִלֵּין וְאִלֵּין, אִינּוּן רָזָא עִלָּאָה דִּמְהֵימְנוּתָא, וּבְנֵי נָשָׁא לָא יַדְעִין לֵיהּ, וְלָא מִסְתַּכְּלִין בֵּיהּ וְאִלֵּין דְּמִתְחַזְיָין, לָא זָכָה בְּהוּ בַּר נָשׁ, עַד דְּאָתוּ אֲבָהָן, וְקָיְימוּ עָלַיְיהוּ. וְעַל דָּא כְּתִיב וָאֵרָא, דְּחָמוּ, אִינּוּן גַּוְונִין דְּאִתְגַּלְּיָין.

וּמַאן גַּוְונִין דְּאִתְגַּלְּיָין. אִינּוּן דְּאֵל שַׁדָּי, דְּאִינּוּן גווָֹנִין דְחֵיזוּ עִילָאָה (נ''א חיזו דגוונין עלאין') וְאִלֵּין אִתְחַזְיָין. וּגְוָונִין דִּלְעֵילָּא, סְתִימִין דְּלָא אִתְחַזְּיָין, לָא קָאִים אִינִישׁ עָלַיְיהוּ, בַּר מְמֹשֶׁה. וְעַל דָּא כְּתִיב, וּשְׁמִי יְיָ' לא נוֹדַעְתִּי לָהֶם, לָא אִתְגַּלֵּיתִי לוֹן בִּגְוָונִין עִלָּאִין. וְאִי תֵּימָא, דַּאֲבָהָן לָא הֲווֹ יַדְעֵי בְּהוּ. אֶלָּא הֲווֹ יַדְעֵי, מִגּוֹ אִינּוּן דְּאִתְגַּלְּיָין.

כְּתִיב (דניאל י''ב) וְהַמַּשְׂכִּילִים יַזְהִירוּ כְּזֹהַר הָרָקִיעַ וּמַצְדִּיקֵי הָרַבִּים כַּכּוֹכָבִים לְעוֹלָם וָעֶד. וְהַמַּשְׂכִּילִים יַזְהִירוּ, מַאן אִינּוּן מַשְׂכִּילִים. אֶלָּא דָּא הוּא, הַהוּא חָכָם דְּיִסְתַּכַּל מִגַּרְמֵיהּ מִלִּין, דְּלָא יָכְילִין בְּנֵי נָשָׁא לְמַלְּלָא בְּפוּמָא, וְאִלֵּין אִקְרוּן מַשְׂכִּילִים. יַזְהִירוּ כְּזֹהַר הָרָקִיעַ, מַאן (זהר) הוּא הָרָקִיעַ. דָּא הוּא רְקִיעַ דְּמֹשֶׁה, דְּקַיְּימָא בְּאֶמְצָעִיתָא, וְהַאי זֹהַר דִּילֵיהּ, אִיהוּ סָתִים, וְלָא אִתְגַּלְּיָיא מִגָּוֶן דִּילֵּיהּ קַיְּימָא עַל הַהִיא רְקִיעָא דְּלָא נָהִיר, דְּאִתְחַזְיָין בֵּיהּ גַּוְונִין, וְאִינּוּן גַּוְונִין אַף עַל גַּב דְּאִתְחַזְיָין בֵּיהּ, לָא זַהֲרֵי כְּזִהֲרָא בְּגִין דְּאִינּוּן גַּוְונִין סְתִימִין.

תָּא חֲזֵי, אַרְבַּע נְהוֹרִין אִינּוּן. תְּלַת מִנַּיְיהוּ סְתִימִין, וְחַד דְּאִתְגַּלְיָיא: נְהוֹרָא דְּנָהִיר. נְהוֹרָא דְּזִהֲרָא. (ואינון) וְאִיהוּ נָהִיר כִּזְהִירוּ דִּשְׁמַיָּא בְּדַכְיוּ. נְהוֹרָא דְּאַרְגְּוָונָא, דְּנָטִיל כָּל נְהוֹרִין. נְהוֹרָא דְּלָא נָהִיר אִסְתַּכַּל לְגַבֵּי אִלֵּין, וְנָטִיל לוֹן. וְאִתְחַזְּיָין אִינּוּן נְהוֹרִין בֵּיהּ, כַּעֲשָׁשִׁיתָא, לָקֳבֵל שִׁמְשָׁא.

וְאִלֵּין תְּלָת דְּקַאמְרָן, סְתִימִין וְקַיְּימִין עַל הַאי
(Ⅰ)
[23b]  
[...] Rabbi Éleazar et Rabbi Abba s’approchèrent de Rabbi Siméon et lui baisèrent la main (11). Rabbi Abba s’écria en pleurant : Malheur au monde lorsque tu le quitteras ; il sera alors pareil à un orphelin. Qui jettera alors une lumière sur les paroles de la Loi ?
Rabbi Abba commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (I Rois, XXV, 6) : “ Et dis-lui : La paix au vivant, et à toi et à tes frères la paix soit également. ” David ne connaissait-il donc point Nabal, pour qu’il lui ait fait dire : “ La paix au vivant ” ! Mais c’était la fête du premier jour de l’an où le Saint, béni soit-il, juge le monde. David avait donc l’intention de saluer Dieu par les paroles : “ La paix au vivant (12), au Dieu vivant dont dépend toute vie. C’est également pour cette raison qu’il dit : “ ... Et à toi, etc. ”, au lieu de : “ ... A toi, etc. ”
Car toutes les paroles de David s’adressaient au Saint, béni soit-il, paroles par lesquelles il accomplit un acte de foi en proclamant de manière convenable l’unité de Dieu. Nous inférons de ce qui précède qu’il est défendu à l’homme de saluer un impie (13). Mais quand on se trouve dans le cas de David et qu on est forcé de saluer un impie, on doit l’imiter en saluant l’impie, et en pensant que le salut s’adresse au Saint, béni soit-il. Mais, dira-t-on, n’est-ce pas une déloyauté que de faire croire à quelqu’un qu’on le salue, alors qu’on adresse mentalement les paroles à Dieu ? Non, car tout ce qu’on fait pour la gloire du Saint, béni soit-il, n’a rien de déloyal. Mais celui qui souhaite la paix à un juste a autant de mérite que s’il la souhaitait au Saint, béni soit-il, lui-même ; à plus forte raison est-ce le cas de celui qui souhaite la paix à toi, notre Maître, qui procures la paix en haut et en bas. “ J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob sous le nom de Dieu tout-puissant ; mais je ne me suis point fait connaître à eux sous le nom de Jéhovah (Ex., VI, 2). ”
Rabbi Hizqiya commença à parler de la manière suivante : Il est écrit : “ Heureux l’homme à qui les iniquités ont été remises, etc. ” Combien les hommes sont-ils aveuglés de ne pas voir et de ne pas comprendre sur quoi le monde est basé ! Lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il fit l’homme à son image afin qu’il se consacre à l’étude de la Loi, et marche dans sa voie. Adam avait été créé de la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire d’ici-bas ; or la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire était la synthèse des quatre points cardinaux du monde. Les quatre points cardinaux s’unirent au moment de la création aux quatre éléments constitutifs du monde d’ici-bas : le feu, l’eau, l’air et la terre ; c’est en mélangeant ces quatre éléments que le Saint, béni soit-il, créa un corps d’après l’image d’en haut. Le corps est composé d’éléments des deux mondes, de ceux du monde d’en bas et de ceux du monde d’en haut. Rabbi Siméon dit : Remarquez que les quatre éléments primitifs constituent le mystère de la Foi ; ils sont l’origine de tous les mondes ; ils cachent le mystère des légions célestes. A ces quatre éléments célestes correspondent les quatre éléments matériels : le feu, l’eau, l’air et la terre, qui sont le symbole d’un mystère suprême. C’est de ces quatre éléments qu’ont été formés l’or et l’argent, le cuivre et le fer. Au-dessous [...]
- דְּאִתְגַּלְיָיא. וְרָזָא דָּא (ויחי רכ''ו ע''א) עֵינָא תָּא חֲזֵי, בְּעֵינָא אִית תְּלַת גַּוְונִין, דְּאִתְגַּלְּיָין רְשִׁימִין בֵּיהּ, וְכֻלְּהוּ לָא מִזְדַּהֲרֵי, בְּגִין דְּקַיְימֵי בִּנְהוֹרָא דְּלָא נָהִיר. וְאִלֵּין אִינּוּן כְּגַוְונָא דְּאִינּוּן סְתִימִין דְּקַיְימֵי עָלַיְיהוּ וְאִלֵּין אִינּוּן דְּאִתְחַזְּיָין לַאֲבָהָן, לְמִנְדַּע אִינּוּן סְתִימִין דְּמִזְדַּהֲרִין, מִגּוֹ אִלֵּין דְּלָא מִזְדַּהֲרֵי. וְאִינּוּן דְּמִזְדַּהֲרֵי וְאִינּוּן סְתִימִין, אִתְגַּלְּיָין לְמֹשֶׁה, בְּהַהוּא רְקִיעָא דִּילֵיהּ. וְאִלֵּין קַיְימֵי, עַל אִינּוּן גַּוְונִין דְּאִתְחַזְּיָין בֵּיהּ בְּעֵינָא.

וְרָזָא דָּא סָתִים עֵינָךְ, וְאַסְחַר גַּלְגַּלָּךְ, וְיִתְגַּלְּיָין אִינּוּן גַּוְונִין דְּנַהֲרִין, דְּמִזְדַּהֲרֵי, וְלָא אִתְיְיהִיב רְשׁוּ לְמֶיחמֵי, אֶלָּא בְּעַיְינִין סְתִימִין, בְּגִין דְּאִינּוּן סְתִימִין עִלָּאִין, קַיְּימֵי עַל אִינּוּן גַּוְונִין דְּאִתְחַזְּיָין, דְּלָא מִזְדַּהֲרֵי.

וְעַל דָּא קָרֵינָן, מֹשֶׁה זָכָה בְּאַסְפָּקָלַרְיָא דְּנַהֲרָא דְּקַיְּימָא עַל הַהוּא דְּלָא נַהֲרָא. שְׁאַר בְּנֵי עָלְמָא, בְּהַהוּא אַסְפָּקָלַרְיָא דְּלָא נָהֲרָא. וַאֲבָהָן הֲווֹ חָמָאן מִגּוֹ אִלֵּין גַּוְונִין דְּאִתְגַּלְּיָין, אִינּוּן סְתִימִין, דְּקַיְימֵי עָלַיְיהוּ דְּאִינּוּן דְּלָא נָהֲרִין, וְעַל דָּא כְּתִיב, וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי, בְּאִינּוּן גַּוְונִין דְּאִתְחַזְּיָין.

וּשְׁמִי יְיָ' לֹא נוֹדַעְתִּי לָהֶם, אִלֵּין גַּוְונִין עִלָּאִין סְתִימִין דְּזָהֲרִין, דְּזָכָה בְּהוּ מֹשֶׁה לְאִסְתַּכְּלָא בְּהוֹן. וְרָזָא דָּא, דְּעֵינָא סָתִים וְגַלְיָא. סָתִים, חָמֵי אַסְפָּקָלַרְיָא דְּנָהֲרָא, אִתְגַּלְּיָיא, חָמֵי אַסְפָּקָלַרְיָא דְּלָא נַהֲרָא. וְעַל דָּא, וָאֵרָא, בְּאַסְפָּקָלַרְיָא דְּלָא נָהֲרָא, דְּאִיהוּ בְּאִתְגַּלְּיָיא, בֵּיהּ כְּתִיב רְאִיָּה. בְּאַסְפָּקָלַרְיָא דְּנָהֲרָא דְּאִיהוּ בִּסְתִימוּ, כְּתִיב בֵּיהּ יְדִיעָה, דִּכְתִּיב לֹא נוֹדַעְתִּי. אָתוּ רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי אַבָּא וְנָשְׁקוּ יְדוֹי. בָּכָה רִבִּי אַבָּא, וְאָמַר, וַוי כַּד תִּסְתַּלַּק מֵעָלְמָא, וְיִשְׁתְּאַר עָלְמָא יָתוֹם מִינָךְ, מַאן יָכִיל לְאַנְהָרָא מִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא.

פָּתַח רִבִּי אַבָּא וְאָמַר, (שמואל א כ״ה:ו׳) וַאֲמַרְתֶּם כֹּה לֶחָי וְאַתָּה שָׁלוֹם וּבֵיתְךָ שָׁלוֹם וְכֹל אֲשֶׁר לְךָ שָׁלוֹם. וַאֲמַרְתֶּם כֹּה לֶחָי, וְכִי דָּוִד לָא הֲוָה יָדַע בֵּיהּ בְּנָבָל, דְּאִיהוּ אָמַר בְּגִינֵיהּ, וַאֲמַרְתֶּם כֹּה לֶחָי, אֶלָּא, הַהוּא יוֹמָא, יוֹמָא טָבָא דְרֹאשׁ הַשָּׁנָה הֲוָה, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָתִיב בְּדִינָא עַל עָלְמָא, וּבְגִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָאָמַר, וַאֲמַרְתֶּם כֹּה, לֶחָי, לְקַשְּׁרָא כֹּה, לֶחָי, דְּכָל חַיִּין בֵּיהּ תַּלְיָין. וְאַתָּה שָׁלוֹם, מַאי וְאַתָּה אַתָּה מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא, וְאַתָּה כֹּלָּא לְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָאָמַר, בְּגִין לְקַשְּׁרָא קִשְׁרָא דִּמְהֵימָנוּתָא וְכַדְקָא יֵאוֹת.

מִכָּאן אוֹלִיפְנָא, דְּהָא לְבַר נָשׁ (בראשית קע''א ע''ב) חַיָּיבָא, אָסוּר לְאַקְדְּמָא לֵיהּ שְׁלָם, וְאִי אִצְטְרִיךְ, יַקְדִּים לֵיהּ כְּדָוִד, דְּבָרִיךְ לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְאִתְחַזֵּי דִּבְגִינֵיהּ קָאָמַר. וְאִי תֵּימָא דְּרַמָּאוּת הֲוָה. לָאו. דְּהָא כָּל מַאן דְּסָלִיק לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְאִתְחַזֵּי דִּבְגִינֵיהּ קָאָמַר, לָאו רַמָּאוּת הוּא. וּמַאן דְּאַקְדִּים שְׁלָם לְזַכָּאָה, כְּאִילּוּ אַקְדִּים לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כָּל שֶׁכֵּן מַר, דְּאִיהוּ שְׁלָמָא לְעֵילָּא וְתַתָּא.

וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב בְּאֵל שַׁדָּי וּשְׁמִי יְיָ' לא נוֹדַעְתִּי לָהֶם. רִבִּי חִזְקִיָּה פָּתַח, (תהלים ל''ב) אַשְׁרֵי אָדָם לא יַחְשֹׁב ה' לוֹ עֲוֹן וְגוֹ'. כַּמָּה אִינּוּן בְּנֵי נָשָׁא אֲטִימִין, דְּלָא יָדְעִין, וְלָא מִסְתַּכְּלָן, עַל מַה קַיָּימִין בְּעָלְמָא. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּד בָּרָא עָלְמָא, עָבֵד לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּדִיּוּקְנָא דִּילֵיהּ, וְאַתְקִין לֵיהּ בְּתִקּוּנוֹי, בְּגִין דְּיִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, וְיֵהַךְ בְּאוֹרְחוֹי.

דְּהָא כַּד אִתְבְּרֵי אָדָם, מֵעַפְרָא דְּמַקְדְּשָׁא דִּלְתַתָּא אִתְתַּקַּן וְאַרְבַּע סִטְרֵי דְּעָלְמָא, אִתְחַבְּרוּ בְּהַהוּא אֲתָר דְּאִקְרֵי בֵּי מַקְדְּשָׁא. וְאִינּוּן אַרְבַּע סִטְרִין דְּעָלְמָא, אִתְחַבְּרוּ בְּאַרְבַּע סִטְרִין, דְּאִינּוּן יְסוֹדִין דְּעָלְמָא, אֵ''ש רוּ''חַ וְמַיִ''ם וְעָפָ''ר, וְאִתְחַבְּרוּ אַרְבַּע סִטְרִין (נ''א יסודין) אִלֵּין, בְּד' יְסוֹדִין דְּעָלְמָא, וְאַתְקִין מִנַּיְיהוּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חַד גּוּפָא בְּתִקּוּנָא עִלָּאָה. וְהַאי גּוּפָא, אִתְחַבַּר מִתְּרֵין עָלְמִין, מֵעָלְמָא דָּא תַּתָּאָה, וּמֵעָלְמָא דִּלְעֵילָּא.

אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן, תָּא חֲזֵי, ד' קַדְמָאֵי אִינּוּן רָזָא דִּמְהֵימָנוּתָא. וְאִינּוּן אֲבָהָן דְּכֻלְּהוּ עָלְמִין. וְרָזָא דִּרְתִיכָא עִלָּאָה קַדִּישָׁא. וְאִינּוּן ד' יְסוֹדִין: אֵ''ש רוּ''חַ וְמַיִ''ם וְעָפָ''ר. אִלֵּין אִינּוּן רָזָא עִלָּאָה. (ואילין אינון אבהן דכולהו עלמין אבהן דכלא) וּמֵאִינּוּן נָפְקִין, זָהָ''ב וָכֶסֶ''ף וּנְחֹשֶׁ''ת וּבַרְזֶ''ל. וּתְחוֹת
(Ⅰ)
[24a]  
[...] de ces quatre métaux principaux, il y en a d’autres qui leur ressemblent.
Remarquez que le feu, l’air, l’eau et la terre sont l’origine et la racine du monde d’en haut et du monde d’en bas ; tous les mondes sont basés sur eux. Ces quatre éléments sont répartis entre les quatre points cardinaux du monde : le Nord, le Sud, l’Est et l’Ouest ; chacun de ces quatre points cardinaux forme la région de l’un des quatre éléments sus-nommés. Le feu a son séjour au Nord, l’air à l’Est, l’eau au Sud, la terre à l’Ouest. Les quatre éléments étant unis aux quatre points cardinaux du monde, il s’ensuit que les quatre métaux, l’or et l’argent, le cuivre et le fer, forment ensemble douze éléments qui ne forment qu’un corps.
Remarquez que le feu est à gauche du côté nord, parce que la chaleur et la sécheresse dominent dans le feu ; or le Nord, qui est le contraire de chaleur et de sécheresse, a reçu pour partage le feu, pour que cet élément supplée à ce qui manque à ce point cardinal ; voilà pourquoi le feu a été mêlé au Nord pour ne former qu’un corps avec lui. L’eau est à droite, du côté sud, parce que le Saint, béni soit-il, a uni à ce point cardinal également les contraires. Le Nord est froid et humide, le feu est chaud et sec. Dieu l’a tourné dans la direction du Sud qui est chaud et sec. L’eau est froide et humide, et le Saint, béni soit-il, mêle de cette façon le Nord avec le Sud en faisant remonter des courants d’eau du Nord vers le Sud, et du Sud vers le Nord ; ainsi le feu sort du Nord et descend au Sud, et la chaleur revient ensuite du Sud et réchauffe le Nord. De cette façon le Saint, béni soit-il, fait en sorte que chacun des quatre points cardinaux prête à son opposé ce qui lui manque. Il en est de même de l’air qui appartient à l’Est ; cet élément a été placé à ce point cardinal pour qu’il prête au point opposé ce qui lui manque.
Remarquez que le feu appartient à un point cardinal, le Nord, et que l’eau appartient au point cardinal opposé, le Sud. Voilà pourquoi il y a incompatibilité entre ces deux éléments Mais quand l’air se pose au milieu, il attire les deux éléments des deux côtés en formant au milieu d’eux un trait d’union, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 2) : “ ... Et l’Esprit d’Élohim planait au-dessus des eaux. ” Le feu est en haut, c’est-à-dire au-dessus de l’atmosphère ; l’eau est au-dessus de la terre ; entre le feu et l’eau se trouve l’air qui unit les deux éléments précédents et leur enlève le caractère d’incompatibilité qui les distingue ordinairement. La terre porte ainsi l’eau d’abord ; l’air est au-dessus de l’eau et le feu est au-dessus de l’air ; les quatre éléments étant ainsi superposés, il s’ensuit que la terre tire sa force des trois éléments qu’elle porte sur elle.
Remarquez que l’air appartient à l’Est ; l’Est est chaud et humide, et l’air est chaud et humide (14) ; et c’est pourquoi il peut s’unir des deux côtés. Car le feu est chaud et sec (c’est le Nord) ; l’eau est froide et humide (c’est le Sud). Or l’air qui est chaud et humide s’attache par son côté chaud au feu (au Nord) ; et le point qui est humide s’unit à l’eau (au Sud). De cette façon, l’air concilie le feu et l’eau et leur enlève l’incompatibilité qui les sépare d’ordinaire. La terre est froide et sèche ; et c’est pourquoi elle reçoit tous les autres éléments et est susceptible de se mélanger avec eux, d’en tirer la force et de produire ainsi la nourriture au monde. Car l’Ouest, qui est la région de l’élément de terre, est froid et sec, de sorte qu’il s’unit par son côté froid au Nord qui est froid et humide, car le froid s’unit au froid.
Voilà comment le Nord s’unit à l’Ouest d’un côté. Le Sud qui est chaud et sec s’unit par la sécheresse à la sécheresse de l’Ouest. Voilà donc l’Ouest uni aux deux côtés, au Nord et au Sud. Le Sud s’unit également à l’Est, parce que le Sud étant chaud, sa chaleur s’unit à la chaleur de l’Est. L’Est s’unit également au nord par son côté humide ; l’humidité de l’Est s’unit à l’humidité du Nord. De cette façon nous trouvons l’union du Sud et de l’Est, de l’Est et du Nord, du Nord et de l’Ouest, et de l’Ouest et du Sud ; par leurs points d’affinités, les quatre points cardinaux se trouvent ainsi liés ensemble. De même, le Nord produit l’or, parce que l’or se produit par la force du feu ; et c’est pourquoi l’Écriture (Job, XXXVII, 22) dit : “ L’or vient du Nord ” Le feu s’unissant à la terre produit ainsi l’or, ainsi qu’il est écrit (Job, XXVIII, 6) : “ ... Et ses terres sont de l’or. ” C’est ce mystère qui est caché dans les deux Cheroubim d’or qui surmontaient l’arche de l’alliance. L’eau s’unissant à la terre produit l’argent par le mélange du froid et de l’humide. La terre se trouve ainsi unie aux deux métaux, l’or et l’argent, parmi lesquels elle est placée. L’air s’unit à l’eau et [...]
- אִלֵּין מַתָּכָאן אַחֲרָנִין, דְּדַמְיָין לוֹן. (כגונא דאלין) תָּא חֲזֵי. אֵ''ש רוּ''חַ וְמַיִ''ם וְעָפָ''ר, אִלֵּין אִינּוּן קַדְמָאֵי וְשָׁרָשִׁין דִּלְעֵילָּא וְתַתָּא, וְתַתָּאִין וְעִלָּאִין עָלַיְיהוּ קַיְּימִין. וְאִלֵּין אִינּוּן אַרְבַּע, לְאַרְבַּע סִטְרֵי עָלְמָא, וְקַיְּימִין בְּאַרְבַּע אִלֵּין: צָפוֹ''ן, וְדָרוֹ''ם, וּמִזְרָ''ח, וּמַעֲרָ''ב. אִלֵּין אִינּוּן אַרְבַּע סִטְרִין דְּעָלְמָא, וְקַיְּימִין בְּאַרְבַּע אִלֵּין. אֵ''ש לִסְטַר צָפוֹ''ן. רוּ''חַ לִסְטַר מִזְרָ''ח. מַיִ''ם לִסְטַר דָּרוֹ''ם. בְּגִין דְדָרוֹם חָם וְיָבֵשׁ מָיִם קָרִים וְלַחִים עָפָ''ר לִסְטַר מַעֲרָ''ב. וְאַרְבַּע אִלֵּין, בְּאַרְבַּע אִלֵּין קְטִירִין, וְכֻלְּהוּ חַד, וְאִלֵּין עַבְדֵי אַרְבַּע מַתָּכָאן, דְּאִינּוּן זָהָ''ב וָכֶסֶ''ף וּנְחֹשֶׁ''ת וּבַרְזֶ''ל הָא אִינּוּן תְּרֵיסָר, וְכֻלְּהוּ חַד.

תָּא חֲזֵי, אֵשׁ הוּא בִּשְׂמָאלָא, לִסְטַר צָפוֹן, דְּהָא אֵשׁ, תּוּקְפָּא דַּחֲמִימוּתָא בֵּיהּ, וְיָבִישׁוּ דִּילֵיהּ (עיין בתיקונים ס''א ע''א) תַּקִּיף. וְצָפוֹן בְּהִפּוּכָא דִּילֵיהּ הוּא, וְאִתְמְזִיג חַד בְּחַד וְאִיהוּ חַד. מַיִם לִימִינָא, וְהוּא לִסְטַר דָּרוֹם. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לְחַבְּרָא (לאחזרא) לוֹן כַּחֲדָא, עָבִיד מִזְגָּא דָּא כְּמִזְגָּא דָּא.

צָפוֹן אִיהוּ קַר וְלַח, אֶשָּׁא חַם וְיָבֵשׁ. אַחְלַף לוֹן לִסְטַר דָּרוֹם. דָּרוֹם, אִיהוּ חַם וְיָבֵשׁ. מַיִם קָרִים וְלַחִים. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָזִיג לוֹן כְּחַד דְּנַפְקֵי מַיָּא מִדָּרוֹם, וְעָאלִין בְּגוֹ צָפוֹן. וּמִצָּפוֹן נַגְדֵּי מַיָּא. נָפִיק אֶשָּׁא מִצָּפוֹן, וְעָאל בְּתּוּקְפָא דְּדָרוֹם, וּמִדָּרוֹם נָפִיק תּוּקְפָּא דַּחֲמִימוּתָא לְעָלְמָא. בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹזִיף דָּא בְּדָא, וְכָל חַד וְחַד אוֹזִיף לְחַבְרֵיהּ מִדִּילֵיהּ כַּדְקָא חֲזֵי לֵיהּ. כְּגַוְונָא דָּא רוּחַ וּמִזְרָח, בְּגִין דְּיוֹזִיף כָּל חַד לְחַבְרֵיהּ, וְאִתְכְּלִיל דָּא בְּדָא, לְאִתְחַבְּרָא כְּחַד.

תָּא חֲזֵי, אֶשָּׁא מִסִּטְרָא דָּא, מַיִם מִסִּטְרָא דָּא. וְאִינּוּן מַחֲלוֹקֶת. עָאל רוּחַ בֵּינַיְיהוּ, וְאָחִיד לִתְרֵין סִטְרִין. הֲדָא הוּא דִּכְתִּיב, (בראשית א') וְרוּחַ אֱלהִים מְרַחֶפֶת עַל פְּנִי הַמָּיִם. דְּהָא אֶשָּׁא קָאִים לְעֵילָּא בְּסִטְרָא דָּא. וּמַיִם קַיְימֵי עַל אַפֵּי אֲרְעָא. רוּחָא אָעִיל בֵּינַיְיהוּ, וְאָחִיד לִתְרֵין סִטְרִין, וְאַפְרִישׁ מַחֲלוֹקֶת. עָפָר, מַיָּא קַיְּימֵי עָלֵיהּ וְרוּחָא וְאֶשָּׁא וּמְקַבְּלָא מִכֻּלְּהוּ, בְּחֵילָא דִּתְלָתָא אִלֵּין דְּקַיְּימֵי עָלָהּ.

תָּא חֲזֵי, רוּחַ וּמִזְרָח. מִזְרָח, חַם וְלַח, רוּחַ, (קר ויבש סטרא דאיהו יבישא) חַם וְלַח אִיהוּ, וּבְגִינִי כַּךְ, אָחִיד לִתְרֵין סִטְרִין, דְּהָא אֵשׁ חַם וְיָבֵשׁ, וּמַיִם קָרִים וְלַחִים, רוּחַ אִיהוּ חַם וְלַח, סִטְרָא דְּאִיהוּ חַם, אָחִיד בְּאֶשָּׁא. סִטְרָא דְּאִיהוּ לַח, אָחִיד בְּמַיָּא. וְעַל דָּא אַסְכִּים בֵּינַיְיהוּ, וְאַפְרִישׁ מַחֲלוֹקֶת דְּאֶשָׁא וּמַיָּא.

עָפָר אִיהוּ קַר וְיָבֵשׁ, וְעַל דָּא מְקַבֵּל עָלֵיהּ כֻּלְּהוּ, וְכֻלְּהוּ עַבְדֵי בֵּיהּ עֲבִידְתַּיְיהוּ, וּמְקַבְּלָא מִכֻּלְּהוּ, לְאַפָּקָא בְּחֵילֵיהוֹן מְזוֹנָא לְעָלְמָא. בְּגִין דְּבְמַעֲרָב אִתְאֲחִיד עַפְרָא, דְּאִיהוּ קַר וְיָבֵשׁ. וְסִטְרָא דְּאִיהוּ קַר, אָחִיד בַּצָּפוֹן דְּאִיהוּ קַר וְלַח, דְּהָא קְרִירָא אִתְאֲחִיד בִּקְרִירָא. בְּגִין כָּךְ צָפוֹן אִתְאֲחִיד בַּמַּעֲרָב בְּסִטְרָא דָּא. דָּרוֹם דְּאִיהוּ חַם וְיָבֵשׁ, בְּהַהוּא יְבֵישׁוּתָא דִּילֵיהּ, אָחִיד לִיבֵשׁוּתָא דְּמַעֲרָב בְּסִטְרָא אָחֳרָא, וְאִתְאֲחִיד מַעֲרָב בִּתְרֵין סִטְרִין.

וְכֵן אִתְאֲחִיד דָּרוֹם בְּמִזְרָח, דְּהָא חֲמִימוּתָא דְּדָרוֹם, אִתְאֲחִיד בֵּיהּ בַּחֲמִימוּתָא דְּמִזְרָח. וּמִזְרָח אִתְאֲחִיד בַּצָּפוֹן דְּהָא לָחוּתָא דִּילֵיהּ אִתְאֲחִיד בְּלָחוּתָא דְּצָפוֹן. הַשְּׁתָּא אִשְׁתְּכַח דְּרוֹמִי''ת מִזְרָחִי''ת. מִזְרָחִי''ת צְפוֹנִי''ת. צְפוֹנִי''ת מַעֲרָבִי''ת. מַעֲרָבִי''ת דְּרוֹמִי''ת וְכֻלְּהוּ כְּלִילָן דָּא בְּדָא, לְאִשְׁתַּלְשְׁלָא חַד בְּחַד.

כְּגַוְונָא דָּא, צָפוֹן עָבִיד דַּהֲבָא. דְּמִסְטְרָא דְּתּוּקְפָּא דְּאֶשָּׁא, אִתְעָבִיד דַּהֲבָא. וְהַיְינוּ דִּכְתִּיב, (איוב ל״ז:כ״ב) מִצָּפוֹן זָהָב יֶאֱתֶה. דְּאֵשׁ אִתְאֲחִיד בֶּעָפָר, וְאִתְעָבִיד דַּהֲבָא. וְהַיְינוּ דִּכְתִּיב, (איוב כ״ח:ו׳) וְעַפְרוֹת זָהָב לוֹ. וְרָזָא דָּא, שְׁנַיִם כְּרוּבִים זָהָב.

מַיִם אִתְאֲחִיד בֶּעָפָר, וּקְרִירוּתָא בְּלָחוּתָא עָבִיד כֶּסֶף, הַשְׁתָּא הָא עָפָר אִתְאֲחִיד בִּתְרֵין סִטְרִין, בַּזָּהָב וּבַכֶּסֶף, וְאִתְיְיהִיב בֵּינַיְיהוּ. רוּחָא אָחִיד לְמַיִם, וְאָחִיד (הגהה תמיהה במה דאמר רוח קר ויבש שאם כן עפר ורוח שוים בטבעם אבל יש אומרים כי רוח חם ולח (עמ''ש בתיקונים ל''ה ב') ואם כן נוכל לומר דאחיד רוח לתרין סטרין אש חם ויבש ורוח חם ולח סטרא דאיהו חם אחיד באש וסטרא דאיהו לח אחיד במיא ואפריש מחלוקת דאשא ומיא. עפר איהו קר ויבש ומים קרים ולחים וסטרא דקר אחיד בעפר בסטרא דקר אשתכח דעפר מקבל עליה כלהו בגין כך אחיד לתרין סטרין דהא אש חם ויבש מים קר ולח ע''כ)
(Ⅰ)
[24b]  
[...] au feu et, de son mélange avec ces deux éléments, se forme le cuivre, ainsi qu’il est écrit (Éz., I, 7) : “ Et il sortait d’eux des étincelles comme il en sort du cuivre luisant. ” La terre produit le fer par le mélange du sec et du froid. Le verset (Ecclés, X, 10) suivant peut servir de mnémonique à ce principe : “ Si le fer s’émousse, etc. ” Ainsi la terre s’unit à tous les autres éléments ; et tous les autres éléments transforment la terre au point de la rendre semblable à eux.
Remarquez que, sans terre, il n’y a ni or, ni argent, ni cuivre ; car la formation de chaque métal s’opère par le concours qu’un élément prête à l’autre par l’intermédiaire de la terre, qui unit tous les éléments par un point d’affinité. Le feu, l’eau et l’air se mêlent à la terre, et, par deux points analogues, s’opère la formation des métaux. Il s’ensuit que, lorsque la terre se marie aux trois autres éléments, elle produit d’autres genres de terres qui ont de la ressemblance avec les éléments qui s’étaient unis à la terre. Comme les métaux sont le produit d’un des trois éléments avec la terre, il s’ensuit que, lorsque la terre s’unit à un métal quelconque, elle produit un autre métal qui a de la ressemblance avec le premier. Ainsi, le mélange de la terre avec l’or produit la gangue qui ressemble à l’or ; son mélange avec l’argent produit le plomb ; son mélange avec le cuivre supérieur rouge produit le cuivre inférieur jaune, et son mélange avec le fer produit l’acier ; on trouve une mnémonique pour ce dernier principe dans le verset (Prov., XXVII, 17) suivant : “ Le fer aiguise le fer. ”
Remarquez que le feu, l’air, l’eau et la terre sont liés l’un à l’autre sans aucune séparation. Et quand, par cette union, la terre enfante un nouveau produit, ce nouveau produit ne renferme plus en lui les quatre éléments primitifs, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 10) : “ Et de là le fleuve se divise en quatre canaux. ” Or les pierres précieuses, ainsi que l’or, se trouvent dans un de ces quatre canaux, où existe déjà la division, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 12) : “ C’est là que se trouvent le bdellion et la pierre d’onyx. ” Les gisements des pierres précieuses sont au nombre de douze, aux quatre points cardinaux du monde, pour correspondre aux douze tribus ; c’est pourquoi l’Écriture (Ex., XXVIII, 21) dit : “ Tu mettras sur les pierres les noms des enfants d’Israël ; leurs douze noms y seront gravés selon leurs douze tribus, chaque nom sur chaque pierre. ” C’est à ce nombre également que correspondent les douze bœufs supportant la mer d’airain.
Remarquez que, bien que les quatre éléments constitutifs du monde soient liés ensemble par certains points d’affinité, l’air l’emporte sur les trois autres, qui ne subsistent que par l’air. La vie humaine aussi serait impossible même pendant une seconde, sans l’air. Ce mystère est exprimé dans les paroles de l’Écriture (Prov., XIX, 2) : “ Sans la science de l’âme il n’y a point de bien ”, ce qui veut dire : la vie sans esprit n’est pas bonne et ne peut pas subsister.
Remarquez en outre que le nombre douze, dont il était parlé précédemment et auquel correspondent les douze pierres précieuses et les douze bœufs supportant la mer d’airain, se retrouve également dans le verset (Nomb., VII, 87) suivant concernant les douze princes d’Israël : “ ... Douze bœufs du troupeau pour l’holocauste. ” Tout ce qui précède cache un mystère suprême ; et quiconque étudie la nature des quatre éléments y découvrira le mystère de la Sagesse suprême dont ils ne sont que l’image. Rabbi Siméon dit : Ce qui précède corrobore la sentence de Rabbi Hizqiya suivant laquelle, au moment de la création de l’homme, le Saint, béni soit-il, en forma le corps de la terre sur laquelle s’élevait le sanctuaire d’ici-bas, et en forma l’âme de la “ terre ” sur laquelle s’élève le sanctuaire d’en haut. Et de même que, lorsque l’homme fut formé de la terre d’ici-bas, les trois autres éléments vinrent s’associer à la terre, de même lorsque l’âme fut créée de la “ terre ” d’en haut, les trois autres éléments constitutifs du monde d’en haut vinrent s’associer à la “ terre ” d’en haut ; et c’est ainsi que l’homme devint achevé.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., XXXII, 2) dit : “ Heureux l’homme à qui Dieu a fait remise des iniquités et dont l’esprit est exempt de tromperie. ” A qui Dieu n’impute-t-il aucun péché’ ?—A celui dont l’esprit est exempt de tromperie.
Remarquez que Moïse a atteint à une plus grande perfection que les patriarches, attendu que le Saint, béni soit-il, lui a révélé un degré supérieur à celui qu’il avait révélé à tous les autres ; Moïse faisait partie des membres intérieurs du palais du Roi suprême.
C’est pourquoi l’Écriture (Ex., VI, 3) dit : “ J’ai apparu à Abraham, à Isaac et à Jacob, etc. ”, ainsi que cela a été déjà expliqué. “ C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël (EX., VI, 6) : Je suis le Seigneur ; je te tirerai de la prison des Égyptiens ; je te délivrerai de la servitude et te rachèterai par la force de mon bras et la sévérité de mes jugements. ”
Rabbi Yehouda demanda : Pourquoi l’Écriture emploie-t-elle cet ordre : “ Je te tirerai de la prison ”, d’abord ; “ Je te délivrerai de la servitude ”, ensuite ; “ Et je te rachèterai ”, à la fin, —alors qu’il aurait été plus rationnel de commencer par : “ Je te rachèterai ”, avant : “ Je te tirerai de la prison ” ? Mais le Saint, béni soit-il, voulait annoncer à Israël la nouvelle qui lui était la plus agréable avant toutes les autres nouvelles.
Rabbi Yossé objecta : La meilleure nouvelle qui leur fût annoncée était celle-ci (Ex., VI, 7) : “ Je te prendrai pour mon peuple, et je serai [...]
- לְאֵשׁ, וְאַפִּיק תְּרֵין כְּחַד, דְּאִיהוּ (יחזקאל א׳:ז׳) עֵין נְחֹשֶׁת קָלָל. וְעָפָר דְּקַאמְרָן, כַּד אִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי, בִּיבִישׁוּ וּקְרִירוּ דִּילֵיהּ, נָפִיק בַּרְזֶל, וְסִימָנִיךְ, (קהלת י׳:י׳) אִם קֵהָה הַבַּרְזֶל וְגוֹ'

וְהַאי עָפָר, אִתְאֲחִיד בְּכֻלְּהוּ, וְכֻלְּהוּ עַבְדִין בֵּיהּ כְּגַוְונָא דִּלְהוֹן. תָּא חֲזֵי, בְּלָא עָפָר, לֵית זָהָב וָכָסֶף וּנְחֹשֶׁת, דְּהָא כָּל חַד וְחַד אוֹזִיף לְחַבְרֵיהּ מִדִּילֵיהּ, לְאִתְקַשְּׁרָא דָּא בְּדָא. וְאִתְאֲחִיד עָפָר בְּכֻלְּהוּ, בְּגִין דִּתְרֵין סִטְרִין אֲחִידָן לֵיהּ, אֶשָּׁא וּמַיָּא. וְרוּחָא אִתְקְרִיב בֵּיהּ, בְּגִין אִלֵּין תְּרֵין וְעָבִיד בֵּיהּ עֲבִידְתָּא.

אִשְׁתְּכַח, דְּכַד אִתְחַבַּר עַפְרָא בַּהֲדַיְיהוּ, עָבִיד וְאוֹלִיד עַפְרָא אַחֲרָנִין, כְּגַוְונָא דִּלְהוֹן. כְּגַוְונָא דְּזָהָב, אוֹלִיד עַפְרָא (רל''ו ע''ב) סוּסְפִיתָא יְרוֹקָא, דְּאִיהוּ כְּגַוְונָא דְּדַהֲבָא מַמָּשׁ. כְּגַוְונָא דְּכֶסֶף, אוֹלִיד עוֹפֶרֶת. כְּגַוְונָא דִּנְחֹשֶׁת עִילָּאָה, אוֹלִיד קְסִיטְרָא דְּאִיהוּ נְחֹשֶׁת זוּטָא. כְּגַוְונָא דְּבַרְזֶל, אוֹלִיד בַּרְזֶל, וְסִימָנִךְ (משלי כ״ז:י״ז) בַּרְזֶל בְּבַרְזֶל יָחַד.

תָּא חֲזֵי, אֵשׁ רוּחַ מַיִם וְעָפָר, כֻּלְּהוּ אֲחִידָן דָּא בְּדָא, וְאִתְקַשְּׁרָן דָּא בְּדָא. וְלָא הֲוֵי בְּהוּ פִּרוּדָא. וְעָפָר דָּא, כַּד אִיהוּ אוֹלִיד לְבָתַר, לָא מִתְקַשְּׁרָן דָּא בְּדָא בְּאִינּוּן עִלָּאֵי, כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (בראשית ב׳:י׳) וּמִשָּׁם יִפָּרֵד וְהָיָה לְאַרְבָּעָה רָאשִׁים, בְּאִלֵּין הֲוֵי פִּרוּדָא.

בְּגִין דְּהָא עָפָר, כַּד אִיהוּ אוֹלִיד בְּחֵילָא דִּתְלַת עִלָּאֵי, אַפִּיק אַרְבְּעָה נַהֲרִין, דְּתַמָּן מִשְׁתַּכְּחֵי אַבְנֵי יְקָר, וּבַאֲתַר חַד אִינּוּן, דִּכְתִּיב שָׁם הַבְּדֹלַח וְאֶבֶן הַשֹּׁהַם. וְאִלֵּין אַבְנֵי יָקָר אִינּוּן תְּרֵיסַר, וְאִינּוּן לְאַרְבַּע סִטְרֵי עָלְמָא, לָקֳבֵיל תְּרֵיסַר שְׁבָטִין, דִּכְתִּיב, (שמות כ״ח:כ״א) וְהָאֲבָנִים תִּהְיֶיןָ עַל שְׁמוֹת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל שְׁתֵּים עֶשְׂרֵה עַל שְׁמוֹתָם. וְאִלֵּין תְּרֵיסַר בָּקָר, דְּאִינּוּן תְּחוֹת יַמָּא.

תָּא חֲזֵי, כָּל אַרְבְּעָה סִטְרִין עִלָּאִין דְּקַאמְרָן, אַף עַל גַּב דְּמִתְקַשְּׁרָן דָּא בְּדָא, וְאִינּוּן קִיּוּמָא דִּלְעֵילָּא וְתַתָּא, קִיּוּמָא דְּעָלְמָא יַתִּיר רוּחַ, בְּגִין דְּכֹלָּא קַיְּימָא בְּגִינֵיהּ, וְנַפְשָׁא לָא קַיְּימָא אֶלָּא בְּרוּחָא, דְּאִי גָּרַע רוּחָא אֲפִילּוּ רִגְעָא חֲדָא, נַפְשָׁא לָא יָכִילַת לְאִתְקַיְּימָא, וְרָזָא דָּא כְּתִיב, (משלי י״ט:ב׳) גַּם בְּלֹא דַעַת נְפֶשׁ לֹא טוֹב. נַפְשָׁא בְּלֹא רוּחָא לָאו אִיהוּ טוֹב, וְלָא יַכְלָא לְאִתְקַיְּימָא.

וְתָא חֲזֵי, אִינּוּן תְּרֵיסָר דְּקַאמְרָן, דְּאִינּוּן תְּרֵיסַר אַבָנִין, אִינּוּן תְּרֵיסַר בָּקָר, דִּתְחוֹת יַמָּא. בְּגִין כַּךְ, נָטְלוּ אִינּוּן תְּרֵיסָר נְשִׂיאִים, (במדבר ז׳:פ״ז) כָּל הַבָּקָר לָעֹלָה שְׁנֵים עָשָׂר פָרִים וְגוֹ'. וְכֹלָּא רָזָא עִלָּאָה הוּא, וּמַאן דְּיַשְׁגַּח בְּמִלִּין אִלֵּין, יַשְׁגַּח בְּרָזָא דְּחָכְמְתָא עִלָּאָה, דְּעִקָר דְּכֹלָּא בֵּיהּ.

אָמַר ר' שִׁמְעוֹן, הָא דְּאָמַר ר' חִזְקִיָּה, דְּכַד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאָדָם, מֵעַפְרָא דְּמַקְדְּשָׁא דִּלְתַתָּא אִתְבְּרֵי, מֵעַפְרָא דְּמַקְדְּשָׁא דִּלְעֵילָּא אִתְיְיהִיב בֵּיהּ נִשְׁמְתָא. כְּמָה דְּכַד אִתְבְּרֵי מֵעַפְרָא דִּלְתַתָּא, אִתְחַבְּרוּ בֵּיהּ תְּלַת סִטְרָא יְסוֹדֵי עָלְמָא. הָכִי נָמֵי כַּד אִתְבְּרֵי מֵעַפְרָא דִּלְעֵילָּא, אִתְחַבְּרוּ בֵּיהּ תְּלַת סִטְרֵי יְסוֹדֵי עָלְמָא, וְאִשְׁתְּלִים אָדָם. וְהַיְינוּ דִּכְתִּיב, (תהילים ל״ב:ב׳) אַשְׁרֵי אָדָם לא יַחְשֹׁב יְיָ' לוֹ עָוֹן וְאֵין בְּרוּחוֹ רְמִיָּה. אֵימָתַי לֹא יַחְשֹׂב יְיָ' לוֹ עָוֹן, בִּזְמַן דְּאֵין בְּרוּחוֹ רְמִיָּה.

תָּא חֲזֵי, מֹשֶׁה אִשְׁתְּלִים יַתִּיר מֵאֲבָהָן, בְּגִין דְּמַלִּיל עִמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, מִדַּרְגָּא עִלָּאָה יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ, וּמֹשֶׁה פְּנִימָאָה דְּבֵי מַלְכָּא עִלָּאָה הֲוָה, וְעַל דָּא כְּתִיב, וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב וְגוֹ', וְהָא אוֹקִימְנָא מִלֵּי. (שמות ו׳:ג׳) לָכֵן אֱמֹר לִבְנִי יִשְׂרָאֵל אֲנִי יְיָ' וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, הַאי קְרָא אִפְּכָא הוּא, דִּכְתִּיב וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם מִתַּחַת סִבְלוֹת מִצְרַיִם בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר וְהִצַּלְתִּי אֶתְכֶם מֵעֲבוֹדָתָם, וּלְבָתַר וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם, הֲוָה לֵיהּ לְמֵימָר מֵעִיקָּרָא וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם, וּלְבָתַר וְהוֹצֵאתִי אֶתְכֶם. אֶלָּא, עִקָּרָא דְּכֹלָּא בְּקַדְמִיתָא, דְּבָעָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְבַשְּׂרָא לוֹן בִּשְׁבָחָא דְּכֹלָּא בְּקַדְמִיתָא.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, וְהָא שְׁבָחָא דְּכֹלָּא, וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם וְהָיִיתִי
(Ⅰ)
[25a]  
[...] ton Dieu. ” Et cependant cette nouvelle est annoncée à la fin !
Rabbi Yehouda lui répondit : En ce moment, Israël ne connaissait de meilleure nouvelle que celle de sa sortie d’Égypte ; car les Israélites avaient pensé ne jamais plus sortir de l’Égypte, parce qu’ils avaient vu que les Égyptiens n’exerçaient pas seulement des sévices matériels, mais qu’ils les subjuguaient aussi par leur art magique ; voilà pourquoi Israël appréhendait de ne jamais plus sortir d’Égypte ; et c’est pour cette raison que Dieu lui annonça, avant toutes les autres nouvelles, celle qui lui était la plus agréable.
Rabti Yossé objecta de nouveau : N’est-ce pas pourtant plus agréable d’être appelé le peuple de Dieu que de sortir de la prison ? Et en admettant même qu’Israël se fût trouvé sur un degré assez inférieur pour éprouver plus de joie à l’annonce de l’affranchissement de son corps que de son âme, n’était-il pas plus convenable que Dieu lui annonçât d’abord : “ Je te rachèterai et te prendrai pour mon peuple ”, et ensuite : “ Je te tirerai de la prison, etc. ” ? Mais la vérité est que, par le mot “ Égyptiens ”, l’Écriture désigne la sensualité ; et, par le mot “ servitude ”, elle désigne l’orgueil et la propension à la révolte contre le ciel, vices qui oppriment l’esprit de l’homme et le tiennent en servitude. C’est pourquoi Dieu a dit : “ Je te tirerai de la prison des Égyptiens ”, ce qui veut dire : Je te délivrerai des penchants grossiers du corps. “ ... Je te délivrerai de la servitude ! ”, ce qui veut dire : Je t’ôterai les propensions à l’orgueil et à la révolte contre le ciel, et, ainsi épuré : “ Je te rachèterai et te prendrai pour mon peuple. ” Les annonces graduelles faites à Israël peuvent également s’expliquer de cette façon : D’abord, il lui fut annoncé : “ Je te tirerai de la prison des Égyptiens. ” Mais, comme les Israélites auraient pu appréhender que les Égyptiens ne les poursuivissent et ne leur fissent du mal, Dieu ajouta : “ Je te délivrerai de la servitude. ” Mais, comme les Israélites auraient pu craindre que Dieu ne les choisît pas pour son peuple, Dieu ajouta : “ Je te prendrai pour mon peuple. ” Et comme les Israélites auraient pu redouter encore que Dieu ne les menât pas en la terre promise, Dieu ajouta enfin : “ Et je te ferai entrer dans cette terre que j’ai juré de te donner, etc. ” [...]
- לָכֶם לֵאלֹהִים, וְאָמַר לֵיהּ לְבָתַר. אֲמַר לֵיהּ, בְּהַהוּא זִמְנָא, לֵית לְהוּ שְׁבָחָא אֶלָּא יְצִיאָה. דְּחָשִׁיבִי דְּלָא יִפְקוּן מֵעַבְדוּתְהוֹן לְעָלְמִין, בְּגִין דַּהֲווֹ חָמָאן תַּמָּן דְּכָל אֲסִירֵי דַּהֲווֹ בֵּינַיְיהוּ מְקַשְׁרוּ לוֹן בְּקִשְׁרָא דְּחָרָשֵׁי, וְלָא יַכְלִין לְנָפְקָא מִבֵּינַיְיהוּ לְעָלְמִין. וּבְגִין כַּךְ, מַה דְּחָבִיב עָלַיְיהוּ מִכֹּלָּא, אִתְבַּשָּׂרוּ בֵּיהּ.

וְאִי תֵּימָא אַף עַל גַּב דְּנָפְקוּ, הָא דִּילְמָא יִזְּלוּן (חיליהו) בַּתְרַיְיהוּ לְאַבְאָשָׁא לוֹן, כְּתִיב וְהִצַּלְתִּי אֶתְכֶם מֵעֲבוֹדָתָם. וְאִי תֵּימָא הָא יִפְקוּן וְיִשְׁתֵּזְבוּן, וְלָא יְהֵא לוֹן פְרִיקָא, תַּלְמוּד לוֹמַר וְגָאַלְתִּי אֶתְכֶם בִּזְרוֹעַ נְטוּיָה. וְאִי תֵּימָא לֹא יְקַבְּלֵם, הָא כְּתִיב וְלָקַחְתִּי. וְאִי תֵּימָא כְּשֶׁיְּקַבְּלֵם לֹא יְבִיאֵם לָאָרֶץ, הָא כְּתִיב וְהֵבֵאתִי אֶתְכֶם וְגוֹ'.

רעיא מהימנא

(שמות ו׳:ז׳) וְלָקַחְתִּי אֶתְכֶם לִי לְעָם וְהָיִיתִי לָכֶם לֵאלֹהִים וִידַעְתֶּם כִּי אֲנִי יְיָ' אֱלֹהֵיכֶם וְגוֹ' פִּקּוּדָא דָּא קַדְמָאָה דְּכָל פִּקּוּדִין. רֵאשִׁיתָא קַדְמָאָה דְּכָל פִּקּוּדִין, לְמִנְדַּע לֵיהּ לְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּכְלָלָא. מַאי בִּכְלָלָא. לְמִנְדַּע דְּאִית שַׁלִּיטָא עִלָּאָה, דְּאִיהוּ רִבּוֹן עָלְמָא, וּבָרָא עָלְמִין כֻּלְּהוּ, שְׁמַיָּא וְאַרְעָא וְכָל חֵילֵיהוֹן. וְדָא אִיהוּ בִּכְלָלָא. וְסוֹפָא דְּכֹלָּא בִּפְרָט, לְמִנְדַּע לֵיהּ בִּפְרָט.

וּכְלָל וּפְרָט אִיהוּ רֵישָׁא וְסוֹפָא רָזָא דְּכָר וְנוּקְבָּא כַּחֲדָא, וְאִשְׁתְּכַח בַּר נָשׁ בְּהַאי עָלְמָא, דְּאִתְעַסָּק בִּכְלָל וּפְרָט, בַּר נָשׁ בְּהַאי עָלְמָא אִיהוּ כְּלָל וּפְרָט. תִּקּוּנָא דְּהַאי עָלְמָא, אִיהוּ כְּלָל וּפְרָט. בְּגִין כָּךְ, רִאשִׁיתָא דְּכֹלָּא, לְמִנְדַּע דְּאִית שַׁלִּיט וְדַיָּין עַל עָלְמָא, וְאִיהוּ רִבּוֹן כָּל עָלְמִין. וּבָרָא לֵיהּ לְבַר נָשׁ מֵעַפְרָא, וְנָפַח בְּאַפּוֹי נִשְׁמְתָא דְּחַיֵּי, וְדָא אִיהוּ בְּאוֹרַח כְּלָל.

כַּד נָפְקוּ יִשְׂרָאֵל מִמִּצְרַיִם, לָא הֲווֹ יַדְעֵי לֵיהּ לְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כֵּיוָן דְּאָתָא מֹשֶׁה לְגַבַּיְיהוּ, פִּקּוּדָא קַדְמָאָה דָּא אוֹלִיף לוֹן, דִּכְתִּיב, וִידַעְתֶּם כִּי אֲנִי יְיָ' אֱלהֵיכֶם הַמּוֹצִיא אֶתְכֶם וְגוֹ'. וְאִלְמָלֵא פִּקּוּדָא דָּא, לָא הֲווֹ יִשְׂרָאֵל מֵהֵימְנִין, בְּכָל אִינּוּן נִיסִּין וּגְבוּרָן דְּעָבַד לוֹן בְּמִצְרַיִם. כֵּיוָן דְּיָדְעוּ פִּקּוּדָא דָּא בְּאוֹרַח כְּלָל, אִתְעָבִידוּ לְהוֹן נִסִּין וּגְבוּרָן.

וּלְסוֹף מ' שְׁנִין, דְּקָא אִשְׁתְּדָלוּ בְּכָל אִינּוּן פִּקּוּדִין דְּאוֹרַיְיתָא, דְּאוֹלִיף לוֹן מֹשֶׁה, בֵּין אִינּוּן דְּמִתְנָהֲגֵי בְּאַרְעָא בֵּין אִינּוּן דְּמִתְנָהֲגֵי לְבַר מֵאַרְעָא כְּדֵין, אוֹלִיף לוֹן בְּאוֹרַח פְּרָט, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (דבהם ד') וְיָדַעְתָּ הַיּוֹם וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ, הַיּוֹם דַּיְיקָא, מַה דְּלָא הֲוָה רְשׁוּ מִקַּדְמַת דְּנָא. כִּי יְיָ' הוּא הָאֱלהִים, דָּא בְּאוֹרַח פְּרָט, בְּמִלָּה דָּא, כַּמָּה רָזִין וְסִתְרִין אִית בָּהּ. וְדָא, וְהַהוּא דְּקַדְמֵיתָא, כֹּלָּא מִלָּה חֲדָא, דָּא בִּכְלָל, וְדָא בִּפְרָט.

וְאִי תֵּימָא, הָא כְּתִיב, (משלי א׳:ז׳) יִרְאַת יְיָ' רֵאשִׁית דָּעַת. תִּירוּצָא, דָּא בְּאוֹרַח פְּרָט, לְמִנְדַּע מַאן אִיהוּ יִרְאַת יְיָ'. וְאַף עַל גַּב דְּאִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְדַחֲלָא מִנֵּיהּ, עַד לָא יִנְדַּע, אֲבָל הָכָא כְּתִיב רֵאשִׁית דַּעַת, לְמִנְדַּע לֵיהּ דְּהָא אִיהוּ רֵאשִׁיתָא, לְמִנְדַּע לֵיהּ בְּאוֹרַח פְּרָט.

בְּגִין כַּךְ, פִּקּוּדָא קַדְמָאָה לְמִנְדַּע לֵיהּ לְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּכְלָל וּפְרָט, בְּרֵישָׁא וּבְסוֹפָא. וְרָזָא דָּא (ישעיהו מ״ד:ו׳) אֲנִי רִאשׁוֹן וַאֲנִי אַחֲרוֹן. אֲנִי רִאשׁוֹן בִּכְלָל, וַאֲנִי אַחֲרוֹן בִּפְרָט. וְכֹלָּא בִּכְלָלָא חֲדָא, וְרָזָא חֲדָא. כֵּיוָן דְּיִנְדַּע דָּא בִּכְלָל, יַשְׁלִים כָּל שַׁיְיפוֹי. וּמַאן אִינּוּן. רמ''ח פִּקּוּדִין, דְּאִינּוּן רמ''ח שַׁיְיפִין דְּבַר נָשׁ. כֵּיוָן דְּאִשְׁתְּלִים בְּהוּ עַל הַאי בִּכְלָל, כְּדֵין יִנְדַּע בְּאוֹרַח פְּרָט, דְּדָא אִיהוּ אַסְוָותָא לְכֻלְּהוּ, וְיִנְדַּע כָּל יוֹמֵי שַׁתָּא, דְּמִתְחַבְּרָן לְמֵיהַב אַסְוָותָא לְכָל שַׁיְיפִין.

וְאִי תֵּימָא, כָּל יוֹמֵי שַׁתָּא, הֵיךְ יַהֲבִין אַסְוָותָא לְכָל שַׁיְיפִין. וַדַּאי הָכִי הוּא עֵילָּא וְתַתָּא, שַׁתָּא וְיוֹמֵי דִּילֵיהּ, יַהֲבִין אַסְוָותָא לְכָל שַׁיְיפִין עֵילָּא וְתַתָּא, (בזמנא) דְּשַׁיְיפִין אֲרִיקוּ בִּרְכָּאן לְיוֹמֵי שַׁתָּא כְּדֵין אַסְוָותָא וְחַיִּין תַּלְיָין עֲלָן מִלְּעֵילָּא, וְאִתְמַלְיָין מִכֹּלָּא. מַאן גָּרִים לוֹן. יוֹמֵי שַׁתָּא.

אוּף הָכִי נָמֵי לְתַתָּא, כַּד בַּר נָשׁ יַשְׁלִים גּוּפֵיהּ בְּאִינּוּן פִּקּוּדִין דְּאוֹרַיְיתָא לֵית לָךְ כָּל יוֹמָא דְּלָא אַתְיָיא לְאִתְבָּרְכָא מִנֵּיהּ, וְכַד אִינּוּן אִתְבָּרְכָאן מִנֵּיהּ, כְּדֵין חַיִּין וְאַסְוָותָא תַּלְיָין עָלֵיהּ מִלְּעֵילָּא. מַאן גָּרִים לֵיהּ. אִינּוּן יוֹמֵי שַׁתָּא. יוֹמֵי שַׁתָּא, כְּמָה דְּאִתְבָּרְכָאן מִלְּעֵילָּא מֵרָזָא
(Ⅰ)
[25b]  
[...] “ Et (Ex., VI, 9) Moïse parla ainsi aux enfants d’Israël ; mais ils ne l’écoutèrent point, à cause de la petitesse d’esprit (miqotzer rouah), et à cause de l’excès des travaux dont ils étaient accablés. ” Que signifie “ miqotzer rouah ” ?
Rabbi Yehouda dit : Ce terme signifie : parce que leur esprit n’était pas assez élevé pour prêter une oreille attentive aux paroles de Moïse. Rabbi Siméon dit : Israël avait à cette époque l’esprit petit, parce que l’année jubilaire (w) n’était pas encore arrivée et que l’Esprit final ne dominait pas encore dans le monde. Et quel est cet Esprit qui leur sera donné à la fin des temps ?... (15) Remarquez que l’Écriture (Ex., VI, 12) dit : “ Voici que les enfants d’Israël ne m’écoutent point ; comment donc le Pharaon m’écouterait-il, étant, comme je le suis, incirconcis des lèvres ? ” Pourquoi Moïse parlait-il encore de la difficulté qu’il éprouvait à parler, alors que nous avons déjà vu précédemment ((Ex., IV, 10) : “ Moïse dit au Seigneur : Seigneur, je te prie de considérer que je n’ai jamais eu la facilité de parler, etc., car j’ai la bouche et la langue embarrassées. ” Et le Saint, béni soit-il, lui avait répondu (Ex., IV, 11) : “ Qui a fait la bouche de l’homme ? qui a formé le muet et le sourd, celui qui voit et celui qui est aveugle n’est-ce pas moi ? ” Et Dieu ajouta : “ Va donc, je serai dans ta bouche. ” Après cette promesse de Dieu, comment Moïse pouvait- il revenir sur la difficulté de parler ? Mais les paroles de Moïse cachent un mystère. Moïse possédait la “ Voix ” ; mais le “ Verbe ” lui manquait ; car le “ Verbe ” se trouvait dans la captivité. C’est pourquoi Moïse a dit : Comme je n’ai pas de Verbe, comment le Pharaon m’écouterait-il ? C’est pour cette raison que Dieu associa Aaron à Moïse.
Remarquez que toutes les fois que le Verbe était en captivité, la “ Voix ” aussi était imparfaite et la parole de Dieu inarticulée. Lorsque Moïse vint au monde, la “ Voix ” retentit. Mais Moïse n’avait que la “ Voix ”, sans le “ Verbe ” ; car celui-ci était en captivité ; aussi la parole de Dieu était-elle incomplète sur la terre, jusqu’au jour où Israël fut placé au pied du mont Sinaï pour recevoir la Loi ; c’est alors seulement que la “ Voix ” ayant été liée au “ Verbe ”, la Parole devint complète.
C’est pourquoi l’Écriture (Ex., XX, 1) dit : “ Et Élohim parla toutes ces paroles (debarim). ” En se plaignant devant Dieu de la difficulté de sa parole, Moïse entendait par-là qu’il manquait le “ Verbe ”, à sa “ Voix ”. C’est pourquoi il disait égalément (Ex., V, 23) : Car depuis que je me suis présenté devant le Pharaon pour lui parler en ton nom, ce peuple a subi plus de maux, et tu ne l’as point délivré. ” Ce mal venait, d’après Moïse, de ce qu’il ne pouvait parler au peuple d’Israël parce que le “ Verbe ” lui faisait défaut (16). Aussi l’Écriture dit-elle ensuite (Ex., VI, 2) : “ Et Élohim parla à Moïse. ”. Il lui révéla le “ Verbe ” ; et ainsi la Parole devint compléte. Bien que le “ Verbe ” fût lié à la “ Voix ”, la Parole ne fut prononcée qu’au moment où Israël fut placé au pied du mont Sinaï et où commença la révélation de la Loi ; c’est alors que se trouve pour la première fois depuis la sortie d’Égypte le nom d’Élohim.
Mais, objectera-t-on peut-être, il est pourtant écrit (Ex., XIII, 17) : “ Élohim ne les conduisit point par le chemin des Philistins qui est voisin, de peur qu’ils ne vinssent à se repentir d’être sortis. ” Nous voyons donc que le mot “ Élohim ” se trouve mentionné même avant l’heure où Israël fut placé au mont Sinaï. —Bien qu’en cet endroit l’Écriture emploie le nom d’Élohim, elle ne se sert point du mot “ dabar ”, mais du mot “ amar ”(amar Élohim) ; or le mot “ amar ”, n’exprime pas seulement la parole, mais parfois aussi la pensée et la volonté du cœur, ainsi que nous l’avons déjà expliqué (17). [...]
- דְּאָדָם. הָכִי נָמֵי אִתְבָּרְכָאן מִתַּתָּא מֵרָזָא דְּאָדָם.

זַכָּאִין אִינּוּן יִשְׂרָאֵל בְּהַאי עָלְמָא, בְּאִלֵּין פִּקּוּדִין דְּאוֹרַיְיתָא, דְּאִקְרוּן אָדָם, דִּכְתִּיב. (יחזקאל ל״ד:ל״א) אָדָם אַתֶּם. אַתֶּם קְרוּיִים אָדָם, וְעוֹבְדֵי כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת לָא אִקְרוּן אָדָם. וּבְגִין דְּיִשְׂרָאֵל אִקְרֵי אָדָם, אִית לוֹן לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאִינּוּן פִּקּוּדִין דְּאוֹרַיְיתָא, לְמֶהֱוֵי כֹּלָּא חַד, בְּרָזָא דְּאָדָם.

כַּד יָהַב קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אוֹרַיְיתָא לְיִשְׂרָאֵל עַל טוּרָא דְּסִינַי, מִלָּה קַדְמָאָה אִיהוּ אָנֹכִי, אָנֹכִי סַלְּקָא לְרָזִין (עלמין) סַגִּיאִין. וְהָכָא אִיהוּ רָזָא דְּפִקּוּדָא קַדְמָאָה, לְמִנְדַּע לֵיהּ בִּכְלָלָא. בְּגִין דִּכְתִּיב אָנֹכִי, הָא קָא רָמִיז, דְּאִית אֱלָהָא שַׁלִּיטָא עִלָּאָה (דאיהו) עַל עָלְמָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (דברים ד׳:כ״ד) כִּי יְיָ' אֱלהֶיךָ אֵשׁ אוֹכְלָה הוּא, פִּקּוּדָא קַדְמָאָה בִּכְלָל. בִּפְרָט: בְּגִין דִּכְתִּיב, ה' אֱלֹהֶיךָ דָּא פְּרָט, וְדָא כְּלָל וּפְרָט, פִּקּוּדָא קַדְמָאָה, דְּאִצְטְרִיךְ לְמִנְדַּע בְּרִישָׁא וּבְסוֹפָא, כְּמָה דְּאוֹקִימְנָא. (ע''כ רעיא מהימנא).

(שמות ו׳:ט׳) וַיְדַבֵּר מֹשֶׁה כֵּן אֶל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל וְלֹא שָׁמְעוּ אֶל מֹשֶׁה מִקּוֹצֶר רוּחַ. מַאי מִקּוֹצֶר רוּחַ. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, דְּלָא הֲווֹ נְפִישֵׁי, וְלָא הֲווֹ לְקִיטֵי רוּחָא. אָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, מִקּוֹצֶר רוּחַ: דְּעַד לָא נָפַק יוֹבְלָא, לְמֵיהַב לוֹן נְפִישׁוּ. וְרוּחַ בַּתְרָאָה, עַד לָא שַׁלְטָא לְמֶעְבַּד נִימוּסֵי, וּכְדֵין הֲוָה עָאקוּ דְּרוּחָא. מַאן אִיהוּ. רוּחַ בַּתְרָאָה דְּקַאמְרָן. (נ''א דעד לא יהב ליה יובלא ברכה על האי רוחא לאתקיימא נפש תתאה ולא שלטא האי רוח על נפש אלא כד אתברכא מיובלא כדין יהא רוחא ומאן איהו רוח)

תָּא חֲזֵי, כְּתִיב (שמות ו׳:י״ב) הֵן בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לֹא שָׁמְעוּ אֵלַי וְאֵיךְ יִשְׁמָעֵנִי פַרְעֹה וַאֲנִי עֲרַל שְׂפָתָיִם, מַאי וַאֲנִי עֲרַל שְׂפָתָיִם. וְהָא בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב (שמות ד׳:י׳) לֹא אִישׁ דְּבָרִים אָנֹכִי וְגוֹ' כִּי כְבַד פֶּה וּכְבַד לָשׁוֹן אָנֹכִי, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה אוֹתִיב לֵיהּ, (שמות ד׳:י׳) מִי שָׂם פֶּה לָאָדָם וְגו', וְהוּא אָמַר (שמות ד׳:י״ב) וְאָנֹכִי אֶהְיֶה עִם פִּיךָ, סַלְּקָא דַּעְתָּךְ דְּלָא הֲוָה כֵּן, וְהַשְּׁתָּא אָמַר וַאֲנִי עֲרַל שְׂפָתָיִם, אִי הָכִי, אָן הוּא מִלָּה דְּאַבְטַח לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּקַדְמִיתָא.

אֶלָּא רָזָא אִיהוּ, מֹשֶׁה קָלָא, וְדִבּוּר דְּאִיהוּ מִלָּה דִּילֵיהּ, הֲוָה בְּגָלוּתָא, וַהֲוָה אִיהוּ אָטִים לְפָרְשָׁא מִלִּין, וּבְגִין דָּא אָמַר, וְאֵיךְ יִשְׁמָעֵנִי פַרְעֹה, בְּעוֹד דְּמִלָּה דִּילִי אִיהִי בְּגָלוּתָא דִּילֵּיהּ, דְּהָא לֵית לִי מִלָּה. הָא אֲנָא קָלָא מִלָּה גָּרַע, דְּאִיהִי בְּגָלוּתָא, וְעַל דָּא, שָׁתַּף קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַהֲרֹן בַּהֲדֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, כָּל זִמְנָא דְּדִבּוּר הֲוָה בְּגָלוּתָא, קָלָא אִסְתְּלַק מִנֵּיהּ, וּמִלָּה הֲוָה אָטִים בְּלֹא קוֹל, כַּד אָתָא מֹשֶׁה, אָתָא קוֹל. וּמֹשֶׁה הֲוָה קוֹל בְּלא מִלָּה, בְּגִין דְּהֲוָה בְּגָלוּתָא, וְכָל זִמְנָא דְּדִבּוּר הֲוָה בְּגָלוּתָא, מֹשֶׁה אָזִיל קָלָא בְּלָא דִּבּוּר, וְהָכִי אָזִיל עַד דְּקָרִיבוּ לְטוּרָא דְּסִינַי, וְאִתְיְהִיבַת אוֹרַיְיתָא, וּבְהַהוּא זִמְנָא, אִתְחַבָּר קָלָא בְּדִבּוּר, וּכְדֵין מִלָּה מַלִּיל, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (שמות כ׳:א׳) וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים אֵת כָּל הַדְּבָרִים הָאֵלֶּה. וּכְדֵין, מֹשֶׁה אִשְׁתְּכַח שְׁלִים בְּמִלָּה כְּדְקָא יֵאוֹת, קוֹל וְדִבּוּר כַּחֲדָא בִּשְׁלִימוּ.

וְעַל דָּא מֹשֶׁה אִתְרְעִים, דְּמִלָּה גָּרַע מִנֵּיהּ, בַּר הַהוּא זִמְנָא דְּמַלִּילַת לְאִתְרַעֲמָא עֲלוֹי, בְּזִמְנָא דִּכְתִּיב, (שמות ו׳:ב׳) וּמֵאָז בָּאתִי אֶל פַּרְעֹה לְדַבֵּר בִּשְׁמֶךָ, מִיַּד (שמות ו') וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים אֶל מֹשֶׁה. תָּא חֲזֵי דְּהָכִי הוּא דְּשָׁרָא מִלָּה לְמַלְּלָא וּפָסַק לָהּ, בְּגִין דְּעַד לָא מָטָא זִמְנָא דִּכְתִּיב וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים וְגוֹ'. וּפָסַק וְאַשְׁלִים קָלָא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי ה'. בְּגִין דְּדִבּוּר הֲוָה בְּגָלוּתָא, וְלָא מָטָא זִמְנָא לְמַלְּלָא. (ותא חזי)

בְּגִינֵי כַּךְ, מֹשֶׁה לָא הֲוָה שְׁלִים מִלָּה בְּקַדְמִיתָא, (דהכי אתחזי) דְּאִיהוּ קוֹל, וְאָתֵי בְּגִין דִּבּוּר, לְאַפָּקָא לֵיהּ מִן גָּלוּתָא. כֵּיוָן דְּנָפַק מִן גָּלוּתָא, וְאִתְחֲבָּרוּ קוֹל וְדִבּוּר כַּחֲדָא בְּטוּרָא דְּסִינַי, אִשְׁתְּלִים מֹשֶׁה וְאִתְסֵי, וְאִשְׁתְּכַח כְּדֵין קוֹל וְדִבּוּר כַּחֲדָא בִּשְׁלִימוּ.

תָּא חֲזֵי, כָּל יוֹמִין דְּהֲוָה מֹשֶׁה בְּמִצְרַיִם, דְּבָעָא לְאַפָּקָא מִלָּה מִן גָּלוּתָא, לָא מַלִּיל מִלָּה, דְּאִיהוּ דִּבּוּר. כֵּיוָן דְּנָפַק מִן גָּלוּתָא, וְאִתְחֲבָּר קוֹל בְּדִבּוּר, הַהוּא מִלָּה דְּאִיהוּ דִּבּוּר, אַנְהִיג וְדָבַּר לוֹן לְיִשְׂרָאֵל, אֲבָל לָא מַלִּיל, עַד דְּקָרִיבוּ לְטוּרָא דְּסִינַי, וּפָתַח בְּאוֹרַיְיתָא, דְּהָכִי אִתְחָזֵי. וְאִי תֵּימָא, (שמות י״ג:י״ז) כִּי אָמַר אֱלֹקִים פֶּן יִנָּחֵם הָעָם, לָא כְּתִיב כִּי דִּבֵּר, אֶלָּא כִּי אָמַר, דְּאִיהוּ רְעוּתָא דְּלִבָּא בַּחֲשָׁאי, וְהָא (ויחי רל''ד ע''ב) אוֹקִימְנָא.
(Ⅰ)
[26a]  
[...] (Ex., VI, 2) “ Et Élohim parla à Moïse, et lui dit : Je suis Jéhovah. ”
Rabbi Yehouda commença à parler de la manière suivante (Cant., V, 6) : “ Je me levai pour ouvrir à mon bien-aimé ; mais il s’en était déjà allé, et il avait passé. ” Les mots : “ Je me levai pour ouvrir à mon bien-aimé ” désignent la “ Voix ”.
Remarquez que tant que la “ Communauté d’Israël ” est en captivité, elle est privée de “ Voix ”, et partant la parole lui manque ; et, quand elle se réveille, elle constate ce qui lui fait défaut. Tel est le sens des paroles : “ Mais il s’en était déjà allé, et il avait passé. ” C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Et Élohim parla à Moïse. ” Mais comme Israël était privé du Verbe, la Parole d’Élohim était inachevée, puisque l’Écriture ne dit pas ce qu’Élohim parlait. La Parole ne devint achevée que lorsque Dieu lui dit : “ Je suis Jéhovah. ” L’Écriture dit : “ J’ai apparu à Abraham (èl Abraham), à Isaac (èl Isaac) et à Jacob (ve-èl Jacob). Nous trouvons pour Jacob la lettre Vav en plus que pour les autres patriarches, parce que c’était lui qui était le plus parfait de tous les patriarches (18).
Rabbi Yossé objecta : Nous trouvons pourtant le mot “ ve-èl ” pour Isaac ?
Rabbi Yehouda lui répondit : Lorsque Dieu dit à Jacob les mots “ ve-èl Isaac ”, Jacob était encore vivant, alors qu’Isaac, bien que vivant également, était considéré comme mort en raison de son état d’aveugle. Et comme le Saint, béni soit-il, n’attache pas son nom à un homme tant qu’il est vivant, il attacha le Vav à Isaac, considéré comme mort, au lieu de l’attacher à Jacob vivant. Mais, dès que Jacob fut mort, le Vav revint à la place qui lui convient. Voilà pourquoi l’Écriture emploie pour les autres patriarches le mot “ èl ”, et pour Jacob le mot “ ve-èl ”.
L’Écriture ajoute : “ ... Sous le nom de El Schadaï ”, ce qui veut dire : J’ai apparu aux patriarches sous une lumière privée de réverbération (19). Pourtant, que l’on ne croie point que les patriarches étaient complètement privés de la connaissance du Principe mâle et qu’ils ne connaissaient que le Principe femelle, puisque l’Écriture (Ex., VI, 4) ajoute : “ Et j’ai fait alliance avec eux. ” Nous voyons donc qu’ils connaissaient l’Alliance qui implique l’union des deux Principes. C’est du Saint, béni soit-il, que l’homme peut apprendre qu’on ne doit faire aucune séparation entre un Principe et l’autre, attendu que le Saint, béni soit-il, bien qu’il n’ait montré aux patriarches que le degré de l’essence divine exprimé par le nom de “ Schadaï ”, ne leur a néanmoins pas caché l’Alliance qui implique les deux Principes à la fois ; car, ainsi que cela a été déjà dit, n’héritera de la terre promise que celui qui a été jugé digne de connaître l’Alliance.
Rabbi Hiyâ et Rabbi Yossé se trouvaient un jour assis devant Rabbi Siméon. Celui-ci commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Job, XIX, 29) : “ Fuyez devant l’épée qui vous menace, parce qu’il y a une épée vengeresse de l’iniquité ; et vous devez savoir qu’il y a un juge (schadin). “ La facon d’écrire le dernier mot de ce verset est “ schadin ” (20). De quelle épée parle l’Écriture ? De l’épée à laquelle il est fait allusion dans les paroles de l’Écriture (Lévit., XXVI, 25) : “ Je ferai venir sur vous l’épée vengeresse qui vous punira pour avoir rompu mon Alliance. ” C’est l’épée vengeresse de tous ceux qui ont nié l’Alliance (21), ainsi qu’il est écrit (Job, l. c.) : “ ... Parce qu’il y a une épée vengeresse de l’iniquité. ” Pourquoi ? Parce que tous ceux qui nient l’Alliance nient également l’unité divine, base de l’Alliance ; et c’est pour avoir fait cette séparation dans l’essence divine que leur âme ne retournera jamais à la région d’où elle émane. Mais, au contraire, celui qui observe l’Alliance, sera jugé digne de retourner à cette région et provoquera la bénédiction pour les êtres en haut et en bas. Quand l’Alliance est-elle parfaite en tout ? Lorsqu’il y a de nombreux justes sur la terre. D’où le savons-nous ?
Du verset suivant (Ex., VI, 4) : “ J’ai fait alliance avec eux, en leur promettant de leur donner la terre de Chanaan, la terre dans laquelle ils ont demeuré comme étrangers (megourèhem). ” Que signifie le mot “ megourèhem ” ? Ce mot a la même signification que dans le verset suivant : “ Fuyez (gourou) devant l’épée ” ; car l’Écriture parle de la région dans laquelle est suspendue cette épée. Le mot “ garou ” signifie également “ fuir ” ; car les patriarches avaient fui l’épée vengeresse en observant les commandements du Saint, béni soit-il, dès le jour où ils se sont approchés de lui. Si ce n’est l’Alliance qui inspire à l’homme la crainte du Saint, béni soit-il, rien ne peut lui inspirer cette crainte, et rien ne peut le déterminer à observer les commandements de Dieu.
Remarquez que, par le mouvement d’Israël ici-bas qui reconnaît l’Alliance, l’unité s’opère en haut.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ J’ai fait alliance avec eux ” ; et plus loin elle ajoute : “ C’est pourquoi dis aux enfants d’Israël : Je suis Jéhovah. ” “ Jéhovah (Ex., VI, 13) parla à Moïse et à Aaron, et leur donna des ordres relatifs aux enfants d’Israël et au Pharaon, roi d’Égypte. ”
Rabbi Yossé dit : L’ordre qui concernait les enfants d’Israël était de leur parler avec amènité et douceur de manière convenable ; et l’ordre qui concernait [...]
- וַיְדַבֵּר אֱלֹהִים אֶל מֹשֶׁה וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי ה'. ר' יְהוּדָה פָּתַח, (שיר השירים ה') קַמְתִּי אֲנִי לִפְתּוֹחַ לְדוֹדִי וְדוֹדִי חָמַק עָבָר וְגוֹ'. קַמְתִּי אֲנִי לִפְתּוֹחַ לְדוֹדִי, דָּא קָלָא. תָּא חֲזֵי, כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל כַּד אִיהִי בְּגָלוּתָא, קָלָּא אִסְתְּלַק מִינָהּ, וּמִלָּה אִשְׁתְּכַךְ מִינָהּ, כְּמָה דְּאַתְּ אָמַר (תהלים ל''ט) נְאֱלַמְתַּי דּוּמִיָּה. וְאִי אִתְּעַר מִלְּתָא, מַה כְּתִיב, וְדוֹדִי חָמַק עָבָר, דְּהָא קָלָא אִסְתְּלַק מִינָהּ, וּפָסְקָא מִלָּה. (כמה דאת אמר) וְעַל דָּא וַיְדַבֵּר אֱלהִים אֶל מֹשֶׁה, שָׁרִיאַת לְמַלְּלָא, וּפָסַק וְשָׁתִיק. לְבָתַר אַשְׁלִים קָלָא וְאָמַר וַיֹּאמֶר אֵלָיו אֲנִי ה'.

וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב, בְּיַעֲקֹב תּוֹסֶפֶת וָא''ו, דְּאִיהוּ שְׁלִימוּ דַּאֲבָהָן, כְּמָה דְּאַתְּ אָמַר, אֱלהֵי אַבְרָהָם אֱלהֵי יִצְחָק וֵאלֹהֵי יַעֲקֹב, בְּיַעֲקֹב תּוֹסֶפֶת וָא''ו. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, אִי הָכִי, הָא כְּתִיב (בראשית כ״ח:י״ג) אֲנִי ה' אֱלֹהֵי אַבְרָהָם אָבִיךָ וִאלהֵי יִצְחָק, הָא בְּיִצְחָק תּוֹסֶפֶת וָא''ו.

אָמַר לֵיהּ, שַׁפִּיר הֲוָה, בְּגִין דְּיַעֲקֹב הֲוָה קַיָּים, וְאַכְלִיל לֵיהּ לְיַעֲקֹב בְּיִצְחָק, (דהוה מית) דְּאִתְחַשְּׁכוּ עֵינוֹי, וַהֲוָה כַּמֵּת, דְּהָא בְּעוֹד דְּבַּר נָשׁ אִיהוּ קַיָּים בְּהַאי עָלְמָא, לָא אִדְכַּר עֲלוֹי שְׁמָא קַדִּישָׁא, וְעַל דָּא אַכְלִיל לֵיהּ בְּיִצְחָק. הַשְׁתָּא דְּמִית יַעֲקֹב, אָתָא מִלָּה בְּאַתְרֵיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וָאֵרָא אֶל אַבְרָהָם אֶל יִצְחָק וְאֶל יַעֲקֹב, בְּתוֹסֶפֶת ו'.

בְּאֵל שַׁדָּי (בראשית קפ''ג ע''א): אִתְחָזֵינָא לְהוּ, מִגּוֹ אַסְפָּקָלַרְיָא דְּלָא נָהֲרָא. וְלָא אִתְחָזֵינָא מִגּוֹ אַסְפָּקָלַרְיָא דְּנָהֲרָא. וְאִי תֵּימָא דְּהָא אִשְׁתַּמְּשׁוּ בְּנוּקְבָא בִּלְחוֹד וְלָא יַתִּיר. תָּא חֲזֵי, דְּלָא אִתְפָּרְשָׁן לְעָלְמִין, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְגַם הֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּם, דְּהָא בְּרִית אִתְחַבַּר עִמָּהּ.

מִּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֵילָף, דְּהָא אִיהוּ קָאָמַר דְּלָא פָּרִישׁ לוֹן, דִּכְתִּיב בְּאֵל שַׁדָּי, וּכְתִיב וְגַם הֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּם, בְּגִין לְקַיְּימָא קִיּוּמָא בְּיִחוּדָא חַד, וְגַם הֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּם וְגוֹ'. הָא אִתְּמַר, מַאן דְּזַכֵּי לִבְרִית, יָרִית לְאַרְעָא.

רִבִּי חִיָּיא וְרִבִּי יוֹסִי, הֲווֹ שְׁכִיחֵי יוֹמָא חַד קָמֵיהּ דְּרִבִּי שִׁמְעוֹן, פָּתַח רִבִּי שִׁמְעוֹן וְאָמַר, (איוב י״ט:כ״ט) גּוּרוּ (ויקרא נ''ב ע''ב) לָכֶם מִפְּנֵי חֶרֶב כִּי חֵמָה עֲוֹנוֹת חֶרֶב לְמַעַן תֵּדְעוּן שַׁדּוּן. שַׁדִּין כְּתִיב. גּוּרוּ לָכֶם מִפְּנִי חֶרֶב, מַאן חֶרֶב. דָּא (ויקרא כ״ו:כ״ה) חֶרֶב נוֹקֶמֶת נְקַם בְּרִית, דְּהָא הַאי חֶרֶב קָאִים לְאִסְתַּכְּלָא מַאן דִּמְשַׁקֵּר בִּבְרִית, דְּכָל מַאן דִּמְשַׁקֵּר בִּבְרִית, נוּקְמָא (ויחי ר''ג ע''ב) דְּנַקְמִין מִנֵּיהּ, הַאי חֶרֶב הוּא.

הֲדָא הוּא דִּכְתִּיב, (איוב י״ט:כ״ט) כִּי חֵמָה עֲוֹנוֹת חָרֶב. מַאי טַעֲמָא. בְּגִין דְּמַאן דִּמְשַׁקֵּר בִּבְרִית, פָּרִישׁ תִּיאוּבְתָּא, וְלָא נָטִיל מַאן דְּנָטִיל, וְלָא יָהִיב לְאַתְרֵיהּ, דְּהָא לָא אִתְּעַר לְגַבֵּיהּ אַתְרֵיהּ. וְכָל מַאן דְּנָטִיר לֵיהּ לְהַאי בְּרִית, אִיהוּ גָּרִים לְאִתְּעֲרָא לְהַאי בְּרִית לְאַתְרֵיהּ. וְאִתְבָּרְכָאן עִלָּאִין וְתַתָּאִין.

מַאן אִתְּעַר הַאי בְּרִית לְאַתְרֵיהּ. כַּד אִשְׁתְּכָחוּ זַכָּאִין בְּעָלְמָא. מְנָא לָן, מֵהָכָא, דִּכְתִּיב, (שמות ו׳:ד׳) וְגַם הֲקִימוֹתִי אֶת בְּרִיתִי אִתָּם לָתֵת לָהֶם אֶת אֶרֶץ כְּנָעַן אֶת אֶרֶץ מְגוּרֵיהֶם. מַאי מְגוּרֵיהֶם. כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר גּוּרוּ לָכֶם מִפְּנֵי חֶרֶב. בְּגִין דְּאִיהוּ אֲתָר, דְּאַשְׁדֵי מָגוֹר בְּעָלְמָא, וְעַל דָּא גּוּרוּ לָכֶם מִפְּנֵי חֶרֶב.

אֲשֶׁר גָּרוּ בָהּ, מִיּוֹמָא דְּאִתְקְרִיבוּ לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּחִילוּ בָּהּ דְּחִילוּ, וּדְחִילוּ (נ''א ודחילו דחילו) עִלָּאָה בָּהּ לְמִיטַר פִּקוּדוֹי. דְּאִי בְּהַאי לָא יִשְׁדֵי (נ''א דהא לא אשדי) דְּחִילוּ עַל רֵישֵׁיהּ דְּבַר נָשׁ, לָא דָּחִיל לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעָלְמִין בִּשְׁאַר פִּקוּדוֹי.

תָּא חֲזֵי, בְּאִתְעָרוּתָא דִּלְתַתָּא, כַּד אִתְּעָרוּ יִשְׂרָאֵל לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְצָוְוחוּ לָקֳבְלֵיהּ, מַה כְּתִיב, וָאֶזְכּוֹר אֶת בְּרִיתִי, דְּהָא בִּבְרִית הֲוֵי זָכוֹר. וּכְדֵין אִתְּעַר תִּיאוּבְתָּא, לְאִתְקַשְּׁרָא כֹּלָּא בְּקִשּׁוּרָא חַד. כֵּיוָן דְּהַאי בְּרִית אִתְּעַר, הָא קִשּׁוּרָא דְּכֹלָּא אִתְּעַר. וָאֶזְכּוֹר אֶת בְּרִיתִי, לְאִזְדַּוְּוגָא לֵיהּ בְּאַתְרֵיהּ. וְעַל דָּא, לָכֵן אֱמוֹר לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל אֲנִי ה'. (שמות ו׳:י״ג) וַיְדַבֵּר ה' אֶל מֹשֶׁה וְאֶל אַהֲרֹן וַיְצַוֵּם אֶל בְּנִי יִשְׂרָאֵל וְאֶל פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרָיִם. ר' יוֹסֵי אָמַר, אֶל בְּנֵי יִשְׂרָאֵל לְדַבְּרָא לוֹן בְּנַחַת כַּדְקָא חֲזֵי,
(Ⅰ)
[26b]  
[...] le Pharaon était celui de lui montrer la déférence due à un roi, ainsi que cela a été déjà dit.
Rabbi Yessa demanda : Dans quel but l’Écriture rapproche-t-elle le verset cité du suivant (Ex., VI, 14) : “ Voici les noms des princes des maisons d’Israël ” ? Voici le but de ce rapprochement : Le Saint, béni soit-il, dit à Moise : Les hommes à qui tu parles, bien qu’ils soient opprimés durement en ce moment, sont des princes, fils de princes ; aussi, parle-leur avec aménité et douceur.
Rabbi Hiyâ dit : Ce rapprochement a pour but de nous indiquer que le peuple d’Israël est resté fidèle a ses lois, qu’il a conservé la pureté de sa race et qu’il ne s’était pas fusionné avec les Égyptiens. Rabbi Aha dit : Ce rapprochement a pour but de justifier le choix que Dieu fit de Moïse et d’Aaron pour délivrer le peuple du joug des Égyptiens ; en énumérant les princes d’Israël, l’Écriture nous démontre que, parmi tous ces princes, il n’y en avait aucun qui ait été aussi digne que Moïse et Aaron de délivrer Israël, de parler au Pharaon et de le frapper.
Remarquez que l’Écriture (Ex., VI, 25) dit : “ Et Éléazar, fils d’Aaron, épousa une des filles de Puthiel dont il eut Pinéas. Ce sont là les chefs des familles de Lévi. ” Pourquoi l’Écriture parle-t-elle au pluriel : “ Ce sont là les chefs des familles de Lévi ”, alors qu’il ne s’agit que de Pinéas ? Mais, comme l’acte de Pinéas a préservé de la mort des milliers et des centaines de milliers d’Israélites, ainsi que leurs princes (Nomb., XXV, 7), l’Écriture le désigne au pluriel. L’Écriture dit : “ ... Dont il eut Pinéas. Ce sont là les chefs des familles de Lévi. ” C’est pour nous indiquer que Pinéas renfermait en lui plusieurs chefs ; les Lévites ayant perdu leurs chefs, Nadab et Abiu, que le feu avait dévorés (Lévit., X, 1 et 2), Pinéas reçut les âmes de ces deux princes ensemble. Nadab et Abiu avaient fait une séparation entre les lettres du Nom sacré, alors que Pinéas a réparé cette faute en proclamant l’unité de Dieu. C’est pourquoi il a été jugé digne d’hériter des âmes de tous deux. Ainsi, les paroles énoncées en cet endroit par l’Écriture sont une prédiction de l’avenir. Mais, objectera-t-on, pourquoi l’Écriture fait-elle ici mention de Pinéas qui n’était pas encore né à cette époque ? Mais, le Saint, béni soit-il, ayant prévu que les deux fils d’Aaron allaient rompre l’Alliance plus tard, il hésita à envoyer Aaron annoncer au peuple d’Israël l’Alliance qu’il avait faite avec les patriarches. Mais, dès que le Seigneur eut prévu, d’autre part, que Pinéas allait réparer la faute que ses prédécesseurs avaient commise contre l’Alliance, le Saint, béni soit-il, résolut d’envoyer Aaron avec Moïse.
C’est pourquoi l’Écriture (Ex., VI, 26) dit : “ C’est Aaron et Moïse auxquels le Seigneur commanda de faire sortir de l’Égypte les enfants d’Israël. C’est Moïse et Aaron. ” L’Écriture ne dit pas : “ Ce sont Aaron et Moïse ”, mais : “ C’est Aaron et Moïse. ” Elle ne dit pas : “ Ce sont Moïse et Aaron ”, mais : “ C’est Moïse et Aaron. ” C’est pour nous indiquer que l’union de Moïse et d’Aaron provoquait également l’union de l’air et de l’eau. (Air, w , Binâ ; eau,.h, Hocmâ.) Rabbi Éléazar et Rabbi Abba ayant passé une nuit ensemble dans une auberge, à Lyda, se levèrent pour se consacrer à l’étude de la Loi.
Rabbi Éléazar commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Deut., IV, 39) : “ Reconnais en ce jour, et que cette pensée soit dans ton cœur (lebabekha), que Jéhovah est Élohim. ” L’Écriture aurait dû dire : “ Reconnais en ce jour que Jéhovah est Élohim, et que cela soit gravé dans ton cœur ” ? En outre, pourquoi l’Écriture emploie-t-elle le terme “ lebabekha ”, au lieu de celui de “ libebekha ”, ? Mais Moïse avait dit : Si tu veux constater la vérité de ma Loi, laquelle dit que Jéhovah est Élohim, grave-la dans ton cœur. Le terme “ lebabekha ”, désigne l’esprit du bien et l’esprit du mal ; l’homme doit reconnaître l’unité de Dieu.
Rabbi Éléazar dit en outre : Les mauvaises actions de l’homme provoquent une brèche dans le monde céleste. De même que le côté gauche ne peut être uni au côté droit en raison de la brèche du premier, de même l’esprit du mal ne peut s’unir à l’esprit du bien ; et cela en raison de la brèche que les mauvaises actions de l’homme provoquent dans le monde. Mais la brèche que les pécheurs provoquent en haut se retourne contre eux-mêmes, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXII, 5) : “ Ils ont péché contre lui, non (22) ” Les péchés des hommes nuisent, —s’il est permis de s’exprimer ainsi, —à Dieu, et ne lui nuisent point ; par les péchés, les hommes sont cause que les bénédictions célestes ne parviennent plus près d’eux, ainsi qu’il est écrit (Deut., XI, 17) : “ Et il fermera le ciel, et les pluies ne tomberont plus. ” Mais ils ne nuisent nullement à Dieu, attendu que les bénédictions sont retenues au ciel, pour que les êtres célestes s’alimentent selon leur désir. [...]
- וְאֶל פַּרְעֹה: לְאַנְהָגָא בֵּיהּ יְקָר, וְאוּקְמוּהָ.

אָמַר רִבִּי יֵיסָא, אֲמַאי סָמִיךְ הָכָא (שמות ו') אֵלֶּה רָאשֵׁי בֵית אֲבוֹתָם. אֶלָּא, אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דַּבְּרוּ לוֹן לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל בְּנַחַת, דְאַף עַל גַּב דְּאִינּוּן יַתְבֵי בְּפוּלְחָנָא קַשְׁיָא, מַלְכִין בְּנִי מַלְכִין אִינּוּן. וּבְגִין כָּךְ, כְּתִיב, אֵלֶּה רָאשֵׁי בֵית אֲבוֹתָם אִלֵּין דְּאַתְּ חָמֵי, רֵישֵׁי בֵּית אֲבָהָן אִינּוּן.

אָמַר רִבִּי חִיָּיא, דְּכֻלְּהוּ לָא שַׁקְּרוּ נִימוּסֵיהוֹן, וְלָא אִתְעָרְבוּ בְּעַמָּא אַחֲרָא אִלֵּין אִינּוּן דְּקַיְימוּ בְּדוּכְתַּיְיהוּ קַדִּישָׁא, וְלָא שָׁקְרוּ לְאִתְעָרְבָא בְּהוּ בְּמִצְרָאֵי. אָמַר רִבִּי אֲחָא, בְּגִין לְאַיְיתָאָה לְמֹשֶׁה וּלְאַהֲרֹן, דְּאִינּוּן אִתְחָזוּן לְאַפָּקָא לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל, וּלְמַלְּלָא לְפַרְעֹה, וּלְרַדָּאָה לֵיהּ בְּחוּטְרָא, בְּגִין דִּבְכָל רֵישֵׁיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל, לָא אִשְׁתְּכַח כְּוָותַיְיהוּ.

תָּא חֲזֵי, (שמות ו') וְאֶלְעָזָר בֶּן אַהֲרֹן לָקַח לוֹ מִבְּנוֹת פּוּטִיאֵל לוֹ לְאִשָּׁה וַתֵּלֶד לוֹ אֶת פִּינְחָס אֵלֶּה רָאשֵׁי אֲבוֹת הַלְוִיִּם. וְכִי אֵלֶּה רָאשֵׁי, וְהָא הוּא בִּלְחוֹדוֹי הֲוָה. אֶלָּא, בְּגִין דְּפִינְחָס קִיֵּים כַּמָּה אַלְפִין וְרִבְוָון מִיִּשְׂרָאֵל, וְהוּא קִיֵּים לְרָאשֵׁי אֲבָהָן, (ליואי) כְּתִיב בֵּיהּ אֵלֶּה.

תּוּ, וַתֵּלֶד לוֹ אֶת פִּינְחָס אֵלֶּה רָאשֵׁי, אוֹבְדָא דְּרֵישֵׁי דְּלֵיוָאֵי אִשְׁתְּכַח בֵּיהּ, וּמַה דְּאִינּוּן (ויקרא נ''ו ע''ב) גָּרְעוּ וְאִתּוּקָדוּ, הוּא אַשְׁלִים, וְרָוַוח כְּהוּנָתָא דִּילְהוֹן, וְשַׁרְיָא בֵּיהּ טַסְטוּקָא דְּתַרְוַויְיהוּ. אוֹבְדָא דְּרֵישֵׁי דְּלֵיוָאֵי אִשְׁתְּכַח בֵּיהּ, וּמַאן נִינְהוּ. נָדָב וַאֲבִיהוּא. אִינּוּן פְּרִישׁוּ אָת קַיְּימָא מֵאַתְרֵיהּ, וְהוּא אָתָא וְחָבַר לוֹן. בְּגִין כַּךְ, אִתְיְיהִיב לֵיהּ יָרוּתָא, וְרוּחָא דְּתַרְוַויְיהוּ. וְאַדְכַּר הָכָא עַל מַה דְּלֶהוֵי לְבָתַר.

וְאִי תֵּימָא, אֲמַאי אַדְכַּר הָכָא פִּינְחָס. אֶלָּא חָמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַהֲרֹן, בְּשַׁעֲתָא דְּאָמַר וָאֶזְכּוֹר אֶת בְּרִיתִי, דִּזְמִינִין תְּרֵין בְּנוֹהִי דְּאַהֲרֹן לְאַפְגָּמָא לֵיהּ לְהַאי בְּרִית, וְהַשְׁתָּא דְּקָא מְשַׁדֵּר לֵיהּ לְמִצְרַיִם, בָּעָא לְאַעְבְּרָא לֵיהּ לְאַהֲרֹן, דְּלָא לְמֵיהַךְ בִּשְׁלִיחוּתָא דָּא. כֵּיוָן דְּחָמָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּקָאִים פִּינְחָס וְקִיֵּים לֵיהּ לְהַאי בְּרִית בְּאַתְרֵיהּ, וְאַתְקִין עֲקִימָא דִּילְהוֹן, מִיָּד הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה. אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, הַשְׁתָּא הוּא אַהֲרֹן, אִיהוּ אַהֲרֹן דְּקַדְמֵיתָא. (שמות ו') הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה אֲשֶׁר אָמַר ה' לָהֶם הוֹצִיאוּ אֶת בְּנֵי יִשְׂרָאֵל מֵאֶרֶץ מִצְרָיִם וְגוֹ'. הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה. הֵם אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא, לְאַכְלָלָא דָּא בְּדָא, רוּחָא בְּמַיָּא. הוּא מֹשֶׁה וְאַהֲרֹן: לְאַכְלָלָא מַיָּא בְּרוּחָא, וְעַל דָּא כְּתִיב הוּא, וְלא הֵם.

רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי אַבָּא, הֲווֹ שְׁכִיחֵי לֵילְיָא חַד בְּבֵי אוֹשְׁפִּיזַיְיהוּ בְּלוּד, קָמוּ לְאִשְׁתַּדְּלָא בְּאוֹרַיְיתָא. פָּתַח רִבִּי אֶלְעָזָר וְאָמַר, (דברים ד') וְיָדַעְתָּ הַיּוֹם וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ כִּי ה' הוּא הָאֱלֹהִים. הַאי קְרָא הָכִי מִבָּעֵי לֵיהּ. וְיָדַעְתָּ הַיּוֹם כִּי ה' הוּא הָאֱלהִים וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ. (אלא זכאה הוא מאן דאשתדל באורייתא) תּוּ, (תא חזי) וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לִבֶּךָ מִבָּעֵי לֵיהּ.

אֶלָּא, אָמַר מֹשֶׁה, אִי אַתְּ בָּעֵי לְמֵיקָם עַל דָּא, וּלְמִנְדַּע כִּי ה' הוּא הָאֱלהִים, וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ וּכְדֵין תִּנְדַּע לֵיהּ. לְבָבֶךָ: יֵצֶר טוֹב וְיֵצֶר רָע, דְּאִתְכְּלִיל דָּא בְּדָא, וְאִיהוּ חַד, כְּדֵין תִּשְׁכַּח כִּי ה' הוּא הָאֱלהִים, דְּהָא אִתְכְּלִיל דָּא בְּדָא, וְאִיהוּ חַד. וְעַל דָּא וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ, לְמִנְדַּע מִלָּה.

תּוּ אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, חַיָּיבִין, עַבְדִּין פְּגִימוּתָא לְעֵילָּא, מַאי פְּגִימוּתָא. דִּשְׂמָאלָא לָא אִתְכְּלִיל בִּימִינָא. דְּיֵצֶר רָע לָא אִתְכְּלִיל בְּיֵצֶר טוֹב, בְּגִין חוֹבַיְיהוּ דִּבְנֵי נָשָׁא. וּפְגִימוּ לָא עַבְדֵי, אֶלָּא לוֹן מַמָּשׁ, הֲדָא הוּא דִּכְתִּיב, (דברים ל''ב) שִׁחֵת לוֹ לֹא בָּנָיו מוּמָם. כִּבְיָכוֹל עַבְדֵי וְלָא עַבְדֵי. עַבְדֵי: דְּלָא יִתְמָשֵּׁךְ עָלַיְיהוּ בִּרְכָּאן דִּלְעֵילָּא, כְּמָה דְּאַתְּ אָמַר (דברים י''א) וְעָצַר אֶת הַשָּׁמַיִם וְלֹא יִהְיֶה מָטָר. וְלָא עַבְדֵי: דְּהָא שְׁמַיָּא נַטְלֵי לוֹן לְגַרְמַיְיהוּ בִּרְכָּאן מַאי דְּאִצְטְרִיךְ. וְלָא נַטְלֵי לְאַמְשָׁכָא לְתַתָּא וַדַּאי מוּמָם דְּאִינּוּן חַיָּיבִין אִיהוּ.

תּוּ, לוֹ בְּו', דְּלָא אִתְכְּלִיל יְמִינָא בִּשְׂמָאלָא, בְּגִין דְּלָא יִתְמַשְּׁכוּן בִּרְכָּאן לְתַתָּא. לֹא בְּאָלֶ''ף, דְּהָא לָא נַטְלֵי לְאִתְמַשְּׁכָא לְתַתָּאֵי. מַאן גָּרִים דָּא. בְּגִין דְּחַיָּיבִין מַפְרִישִׁין יֵצֶר רָע מִיֵּצֶר טוֹב, וּמִתְדַּבְּקִין בְּיֵצֶר רָע.

תָּא חֲזֵי יְהוּדָה אָתֵי
(Ⅰ)
[27a]  
[...] “ Lorsque le Pharaon te dira (Ex., VII, 9) : Fais des miracles devant moi, etc. ”
Rabbi Yehouda commença à parler de la manière suivante : A un endroit (Ps., CXIX, 97), David dit : “ Combien est grand, Seigneur, l’amour que j’ai pour ta Loi !, ‘Et ailleurs (Ps., CXIX, 62) il dit : “ Je me lève au milieu dela nuit pour te louer sur les jugements de ta justice (23). ” Remarquez que David, en sa qualité de roi d’Israël, avait à juger le peuple et à le conduire de la façon dont le pasteur conduit son troupeau ; il devait l’empêcher de s’écarter de la voie de la vérité. Aussi, pendant la nuit, il était occupé à étudier la Loi et à louer le Saint, béni soit-il. Il se levait avec le jour, ainsi qu’il est écrit (Ps., LVII, 9) : “ Lève-toi, ma gloire ; excite-toi, mon luth et ma harpe, afin que je me lève de grand matin. ” Dès que le jour arriva, David prononça ce verset (id.) : “ Combien est grand, Seigneur, l’amour que j’ai pour ta Loi ! Elle est le sujet de ma méditation durant tout le jour. ” Pourquoi David disait-il que la Loi était le sujet de sa méditation durant tout le jour ? Nous en inférons que quiconque médite la Loi, pour prononcer après des jugements équitables, a autant de mérite que s’il avait exécuté tous les préceptes de l’Écriture.
Remarquez que David employait le jour à juger, pour provoquer l’union du côte gauche avec le côté droit ; et il employait la nuit à étudier et a chanter les louanges de Dieu, pour unir le degré de la nuit au côté droit.
Remarquez en outre qu'à l'époque du roi David, celui-ci menait tous les Hayoth des champs à l'océan pour les y abreuver (24). Mais aussitôt que Salomon arriva, les eaux de l'océan sortirent de leur lit et allèrent abreuver les Hayoth. Quels Hayoth ont été abreuvés les premiers ?C'étaient les grands et célestes poissons dont l'Écriture (Gen., I, 22) dit: “ ... Et remplissaient les eaux de la mer. ” Rabbi [...]
- מִסִּטְרָא דִּשְׂמָאלָא, וְאִתְדְּבַק בִּימִינָא, בְּגִין לְנַצְּחָא עַמִין, (ויחי רמ''ג ע''א) וּלְתַבְרָא חֵילֵיהוֹן. דְּאִי לָא אִתְדְּבָק בִּימִינָא, לָא יִתְבַּר חֵילֵיהוֹן. וְאִי תֵּימָא אַמַאי בִּימִינָא. וְהָא שְׂמָאלָא אִתְעַר דִּינִין בְּעָלְמָא.

אֶלָּא רָזָא דָּא, בְּשַׁעֲתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דָּן לְהוּ לְיִשְׂרָאֵל, לָא דָּן לְהוּ אֶלָּא מִסִּטְרָא דִּשְׂמָאלָא, בְּגִין דִּיְהֵא דָּחֵי לוֹן בִּשְׂמָאלָא, וּמְקָרֵב בִּימִינָא. אֲבָל לִשְׁאַר עַמִּין, דָּחֵי לוֹן בִּימִינָא, וּמְקָרֵב לוֹן בִּשְׂמָאלָא. וְסִימָנִיךְ (שלח לך קפ''ח ע''א) גֵּר צֶדֶק, דָּחֵי לוֹן בִּימִינָא, כְּמָה דִּכְתִּיב, (שמות ט״ו:ו׳) יְמִינְךָ ה' נֶאְדָּרִי בַּכֹּחַ יְמִינְךָ ה' תִּרְעַץ אוֹיֵב. מְקָרֵב לוֹן בִּשְׂמָאלָא כְּמָה דְּאַמָרָן.

בְּגִינֵי כַּךְ, יְהוּדָה דְּאִיהוּ מִסְטַר שְׂמָאלָא, אִתְדָּבַּק בִּימִינָא, וּמְטַלְנוֹי לִימִינָא. וְאִינּוּן דְּעִמֵּיהּ אִתְחַבְּרוּ כֻּלְּהוּ לִימִינָא. יִשּׂשׂכָר דְּלָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא, דְּאִיהִי יְמִינָא, דִּכְתִּיב, (דברים ל''ג) מִימִינוֹ אֵשׁ דָּת לָמוֹ. זְבוּלוּן דְּאִיהוּ תָּמִיךְ אוֹרַיְיתָא יְמִינָא, (קע''ד ע''ב וישלח קע''ב) כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר שׁוֹק הַיָּמִין. וְעַל דָּא יְהוּדָה אִתְקְשָׁר מִסִּטְרָא דָּא וְדָא. צָפוֹן בַּמַּיִם, שְׂמָאלָא בִּימִינָא.

רְאוּבֵן דְּחָטָא לְגַבֵּי אֲבוֹי, (פקודי רכ''ג ע''א) שָׁרָא בִּימִינָא, וְאִתְקַשַּׁר בִּשְׂמָאלָא, וְאִתְדָבַּק בֵּיהּ. וְעַל דָּא, אִינּוּן דְּאִשְׁתְּכָחוּ עִמֵּיהּ, אִינּוּן שְׂמָאלָא. שִׁמְעוֹן דְּאִיהוּ שְׂמָאלָא מִסִּטְרָא דְּשׁוֹר, דִּכְתִּיב, (יחזקאל א׳:י׳) וּפְנֵי שׁוֹר מֵהַשְּׂמֹאל. גָּד שׁוֹקָא שְׂמָאלָא, כְּתִיב (בראשית מ״ט:י״ט) גָּד גְּדוּד יְגוּדֶנּוּ וְהוּא יָגוּד עָקֵב. הָכָא, אִתְדַּבַּק דָּרוֹם בְּאֶשָּׁא, יְמִינָא בִּשְׂמָאלָא.

וְעַל דָּא הָא דְּאַמָרָן וְהֲשֵׁבוֹתָ אֶל לְבָבֶךָ, (תרומה קס''ב ע''ב) לְאַכְלְלָא לוֹן כַּחֲדָא, שְׂמָאלָא בִּימִינָא. כְּדֵין תֵּדַע (דברים ד׳:ל״ה) כִּי ה' הוּא הָאֱלֹהִים. אָמַר רִבִּי אַבָּא וַדַּאי הָכִי הוּא, וְהַשְׁתָּא יְדִיעָא, הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה, הוּא מֹשֶׁה וְאַהֲרֹן, רוּחָא בְּמַיָּא, וּמַיָּא בְּרוּחָא, לְמֶהֱוֵי חַד. וְעַל דָּא כְּתִיב הוּא.

ר' אַבָּא פָּתַח וְאָמַר, (דבהם ו') וְאָהַבְתָּ אֶת ה' אֱלֹהֶיךָ בְּכָל לְבָבְךָ וּבְכָל נַפְשְׁךָ וּבְכָל מְאֹדֶךָ. כְּהַאי גַּוְונָא הָכָא אִתְרְמִיז יִחוּדָא קַדִּישָׁא, וְאַזְהָרָה הוּא לְבַר נָשׁ, לְיַחֲדָא שְׁמָא קַדִּישָׁא כְּדְקָא יֵאוֹת, בִּרְחִימוּ עִלָּאָה. בְּכָל לְבָבְךָ: דָּא יְמִינָא וּשְׂמָאלָא (נ''א קדישא) דְּאִקְרֵי יֵצֶר טוֹב וְיֵצֶר רָע. וּבְכָל נַפְשְׁךָ: דָּא נֶפֶשׁ דָּוִד, דְּאִתְיְהִיבַת בֵּינַיְיהוּ. וּבְכָל מְאֹדֶךָ לְאַכְלְלָא לוֹן לְעֵילָּא בַּאֲתָר דְּלֵית בֵּיהּ שִׁעוּרָא. הָכָא הוּא יִחוּדָא שְׁלִים לְמִרְחַם לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדְקָא יֵאוֹת.

תּוּ, וּבְכָל מְאֹדֶךָ: דָּא יַעֲקֹב, דְּאִיהוּ אָחִיד לְכָל סִטְרִין, וְכֹלָּא הוּא יִחוּדָא שְׁלִים כְּדְקָא יֵאוֹת, בְּגִינֵי כַּךְ, הוּא אַהֲרֹן וּמֹשֶׁה הוּא מֹשֶׁה וְאַהֲרֹן, כֹּלָּא הוּא חַד בְּלָא פִּרוּדָא. (שמות ז׳:ט׳) כִּי יְדַבֵּר אֲלֵיכֶם פַּרְעֹה לֵאמֹר. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קי״ט:צ״ז) מָה אָהַבְתִּי תוֹרָתֶךָ כָּל הַיּוֹם הִיא שִׂיחָתִי. וּכְתִיב, (תהילים קי״ט:ס״ב) חֲצוֹת לַיְלָה אָקוּם לְהוֹדוֹת לָךְ עַל מִשְׁפְּטֵי צִדְקֶךָ. תָּא חֲזֵי, דָּוִד אִיהוּ מַלְכָּא דְּיִשְׂרָאֵל, וְאִצְטְרִיךְ לְמֵידָן עַמָּא, לְדַבְּרָא לוֹן לְיִשְׂרָאֵל, כְּרַעְיָא דִּמַדְבַּר עָאנֵיהּ דְּלָא יִסְטוּן מֵאוֹרְחָא דִּקְשׁוֹט. הָא בַּלַּיְלָה כְּתִיב, חֲצוֹת לַיְלָה אָקוּם לְהוֹדוֹת לָךְ עַל מִשְׁפְּטֵי צִדְקֶךָ. וְאִיהוּ אִתְעֲסַק בְּאוֹרַיְיתָא וּבְתוּשְׁבְּחָן דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, עַד דְּאָתֵי צַפְרָא.

וְאִיהוּ אִתְּעַר צַפְרָא, כְּמָה דִּכְתִּיב, (תהילים נ״ז:ט׳) עוּרָה כְבוֹדִי עוּרָה הַנֵּבֶל וְכִנּוֹר אָעִירָה שָׁחָר. כַּד אָתֵי יְמָמָא, אָמַר הַאי קְרָא, מָה אָהַבְתִּי תוֹרָתֶךָ כָּל הַיּוֹם הִיא שִׂיחָתִי. מַאי כָּל הַיּוֹם הִיא שִׂיחָתִי. אֶלָּא, מִכָּאן אוֹלִיפְנָא, דְּכָל מַאן דְּיִשְׁתְּדַל בְּאוֹרַיְיתָא, לְאַשְׁלְמָא דִּינָא עַל בּוּרְיֵיהּ, כְּאִילּוּ קִיֵּים אוֹרַיְיתָא כֹּלָּא. בְּגִין כָּךְ, כָּל הַיּוֹם הִיא שִׂיחָתִי.

תָּא חֲזֵי, בְּיוֹמָא אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, לְאַשְׁלְמָא דִּינִין. בְּלֵילְיָא, אִשְׁתַּדַּל בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן, עַד דְּאָתֵי יְמָמָא. מַאי טַעְמָא. כָּל יוֹמָא אִתְעֲסַק לְאַשְׁלָמָא דִּינִין, בְּגִין לְאַכְלָלָא שְׂמָאלָא בִּימִינָא. בְּלֵילְיָא, בְּגִין לְאַכְלְלָא דַּרְגָּא דְּלֵילְיָא בִּימָמָא.

וְתָא חֲזֵי, (תרומה קמ''ה ע''א) בְּיוֹמֵי דְּדָוִד מַלְכָּא, הֲוָה מְקָרֵב כָּל אִינּוּן (תהילים ק״ד:י״א) חַיְתוֹ שָׂדָי, לְגַבֵּי יַמָּא. כֵּיוָן דְּאָתָא שְׁלֹמֹה, נָפַק יַמָּא וְאִתְמְלֵי, וְאַשְׁקֵי לְהוּ. הֵי מִנַּיְיהוּ אִתְשַׁקְיָין בְּקַדְמִיתָא. הָא אוּקְמוּהָ. אִלֵּין תַּנִּינַיָיא רַבְרְבִין עִלָּאִין, דִּכְתִּיב בְּהוּ, (בראשית א׳:כ״ב) וּמִלְאוּ אֶת הַמַּיִם בַּיַּמִּים

אָמַר רִבִּי
(Ⅰ)
[27b]  
[...] Éléazar dit: Treize sources jaillissent au côté droit donnant naissance à treize ruisseaux dont les uns montent et les autres descendent ; mais tous sont unis entre eux par des ramifications. Un ruisseau pénètre parmi deux autres. Après un certain parcours, les eaux de ces ruisseaux se divisent en plusieurs branches. Mille fleuves en sortent et se dirigent vers les quatre points cardinaux. Les treize ruisseaux sortant des treize sources donnent naissance à cinq cents fleuves du côté droit et à cinq cents fleuves du côté gauche. En réalité, ce ne sont que quatre cent quatre-vingt- dix-neuf fleuves et demi qui se trouvent au côté droit; car une moitié d’un fleuve se trouve dans la région du milieu. Il en est de même des fleuves du côté gauche. Il en résulte que deux demi-fleuves se trouvent au centre et forment ensemble un seul fleuve. C'est dans ce fleuve du milieu que pénètre le grand poisson dont la tête est rouge comme une rose, les écailles dures comme le fer, et dont les nageoires atteignent tous les autres fleuves.
Quand il lève sa queue pour frapper les autres poissons, ceux-ci s'enfuient; car ils ne peuvent y résister. Le feu jaillit de sa bouche. Quand il se dirige vers les autres fleuves, les autres poissons s'épouvantent et se précipitent dans le grand océan. Pendant soixante-dix ans, il séjourne dans les fleuves du côté gauche ; il remplit ainsi les mille fleuves moins un. Mais il y a encore un autre poisson qui séjourne dans le fleuve du milieu. Lorsque celui-ci se met en mouvement, une fusée de feu en jaillit qui se répand parmi les démons ; les eaux de tous les fleuves se troublent alors et deviennent de couleur bleu foncé; les roues se mettent en mouvement aux quatre points cardinaux. Ce poisson lève sa queue et frappe en haut et en bas, de sorte que tous se sauvent devant lui.
Mais alors une flamme s'élève du côté nord qui fait retentir ces paroles : Levez-vous, vieillards, et dispersez-vous dans les quatre points cardinaux, car celui qui met un frein au grand poisson vient de se réveiller, ainsi qu’il est écrit (Éz., XXIX, 4) : “ Je mettrai un frein à vos mâchoires, etc. ” Tous les poissons se dispersent, alors qu’on met un frein aux mâchoires du grand poisson et on le précipite dans le grand abîme où sa force se trouve brisée. Tous les soixante-dix ans on l'autorise à entrer dans les fleuves, d'où on le rejette chaque fois en le précipitant dans l’abîme, afin de l’empêcher de démolir les cieux et leurs fondements. C'est alors que tous les anges louent Dieu et lui rendent des actions de grâces, ainsi qu'il est écrit (Ps., XCV, 6) : “ Présentons-nous devant lui, adorons-le, prosternons nous, et soyons bénis par le Seigneur qui nous a créés. ”, Ce sont les poissons célestes qui prononcent ces paroles, car ils sont bénis, ainsi qu'il est écrit (Gen., I, 22) : “ Et Élohim les bénit, etc. ” Ces poissons exercent leur pouvoir sur les autres, ainsi que l'Écriture (ibid.) ajoute : “ ... Et remplissaient les eaux de la mer. ” C'est en faisant allusion à ce mystère que l'Écriture (Ps., CIV, 24) dit: “ Que tes œuvres sont grandes, Seigneur ! Tu as fait toutes choses avec sagesse (25). ” [...]
- אֶלְעָזָר, בְּסִטְרָא יְמִינָא עִלָּאָה, נָפְקִין תְּלֵיסָר מַבּוּעִין עִלָּאִין, נָהֲרִין עֲמִיקִין, אִלֵּין סַלְּקִין, וְאִלֵּין נַחְתִּין, עָיִיִל כָּל חַד בְּחַבְרֵיהּ. חַד אַפִּיק רֵישֵׁיהּ, וְאָעִיל לֵיהּ בִּתְרֵין גּוּפִין, חַד גּוּפָא דְּנַהֲרָא נָטִיל מִיָּמִין לְעֵילָּא, אַפְרִישׁ לְתַתָּא אֶלֶף יְאוֹרִין, נָפְקִין לְאַרְבַּע סִטְרִין.

מֵאִינּוּן נַהֲרִין מַבּוּעִין תְּלֵיסָר, מִתְפָּרְשָׁן תְּלֵיסַר יְאוֹרִין, עָאלִין וְנַטְלֵי מַיָּא, אַרְבַּע מֵאָה וְתִשְׁעִין וְתִשְׁעָה יְאוֹרִין וּפַלְגָּא, מִסִּטְרָא דָּא. וְאַרְבַּע מְאָה וְתִשְׁעִין וְתִשְׁעָה יְאוֹרִין וּפַלְגָּא, מִסִּטְרָא דָּא בִּשְׂמָאלָא. אִשְׁתְּאַר פַּלְגָּא מִכָּאן, וּפַלְגָּא מִכָּאן, וְאִתְעָבִיד חַד. דָּא אָעִיל בֵּין יְאוֹרִין, וְאִתְעָבִיד חִוְיָא.

רֵישָׁא: סוּמָקָא כְּוַרְדָּא. קַשְׁקַשׁוֹי: תַּקִּיפִין כְּפַרְזְלָא. גַּדְפּוֹי: גַּדְפִּין שָׁטָאן וְאִתְפָּרְשָׁן לְכָל אִינּוּן יְאוֹרִין. כַּד סָלִיק זַנְבֵּיהּ, (נ''א לגביה) מָחֵי וּבָטַשׁ לִשְׁאַר נוּנִין, לֵית מַאן דְּיֵקוּם קָמֵיהּ.

פּוּמֵיהּ: מְלַהֲטָא אֶשָּׁא. כַּד נָטִיל בְּכָל אִינּוּן יְאוֹרִין, מִזְדַּעְזְעָן שְׁאַר תַּנִּינַיָיא, וְעַרְקִין וְעָאלִין בְּיַמָּא. חַד לְשִׁבְעִין שְׁנִין רָבִיץ לְסִטְרָא דָּא. וְחַד לְשִׁבְעִין שְׁנִין רָבִיץ לְסִטְרָא דָּא. אֶלֶף יְאוֹרִין חָסֵר חַד אִתְמַלְיָין מִנֵּיהּ. דָּא תַּנִּינָא, רָבִיץ בֵּין אִינּוּן יְאוֹרִין.

כַּד נָטִיל נָפִק חַד פָּסוּתָא דְּאֶשָּׁא בִּקְלִיפִין, כֻּלְּהוּ קַיְימִין וְזַעְפִּין בְּזַעְפּוֹי, (נ''א וזקפין בענפוי) מִתְעָרְבִין אִינּוּן יְאוֹרִין לְעֵין (נ''א העין) תִּכְלָא אוּכָמָא. וְגַלְגְּלִין נַטְלִין לְאַרְבַּע סִטְרֵי דְּעָלְמָא. זָקִיף זַנְבֵּיהּ, מָחֵי לְעֵילָּא, מָחֵי לְתַתָּא, כֹּלָּא עַרְקִין קָמֵיהּ.

עַד דְּלִסְטַר צָפוֹן, קָם חַד שַׁלְהוֹבָא דְּאֶשָּׁא, וְכָרוֹזָא קָרֵי, אִזְדָּקָפוּ סַבְתִּין אִתְבְּדָרוּ לְד' זָוְיָין, הָא אִתְּעַר מַאן דְּשַׁוֵּי קֳדְלַא, עַל אַנְפּוֹי דְּתַנִּינָא, כְּמָה דְּאִתְּמַר, (יחזקאל כ''ט) וְנָתַתִּי חַחִים בִּלְחָיֶּיךָ וְגוֹ'. כְּדֵין כֻּלְּהוּ אִתְבַּדְּרוּן. וְנַקְטִין לֵיהּ לְתַנִינָא, וְנָקְבֵי אַנְפּוֹי בִּסְטַר עִלְעוֹי, וְעָאלִין לֵיהּ לְנוּקְבָּא דִּתְהוֹמָא רַבָּא, עַד דְּאִתְבַּר חֵילֵיהּ, כְּדֵין אֲהַדְרוּ לֵיהּ לְנַהֲרוֹי. (נ''א לנחרוי)

חַד לְשִׁבְעִין שְׁנִין עַבְדִין לֵיהּ כְּדֵין, בְּגִין דְּלָא יְטַשְׁטֵשׁ אַתְרִין דִּרְקִיעִין וּסְמָכַיְיהוּ. וְעָלַיְיהוּ כֹּלָּא אוֹדָן, וּמְבָרְכָאן וְאַמְרִין, (תהילים צ״ה:ו׳) בּוֹאוּ נִשְׁתַּחֲוֶה וְנִכְרָעָה נִבְרְכָה לִפְנֵי ה' עוֹשֵׂנוּ.

תַּנִּינַיָיא עִלָּאִין אִילֵין (ס''א לעילא) קַיְימִין אִינּוּן דְּמִתְבָּרְכָאן, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (בראשית א׳:כ״ב) וַיְבָרֶךְ אוֹתָם אֱלהִים. אִלֵּין שַׁלְטִין עַל כָּל שְׁאַר נוּנִין, דִּכְתִּיב וּמִלְאוּ אֶת הַמַּיִם בַּיַּמִּים. וְעַל דָּא כְּתִיב, (תהילים ק״ד:כ״ד) מָה רַבּוּ מַעֲשֶׂיךָ ה' כֻּלָּם בְּחָכְמָה עָשִׂיתָ.

תוספתא

(שיר השירים א׳:י״ד) אֶשְׁכּוֹל הַכּוֹפֶר דּוֹדִי לִי. אֶשְׁכּוֹל: דָּא אִימָּא עִלָּאָה. מַה אֶשְׁכּוֹל מִתְקַשֵּׁט בְּכַמָּה עָלִין בְּכַמָּה זְמוֹרוֹת לְיִשְׂרָאֵל דְּאַכְלִין לֵיהּ, הָכִי שְׁכִינְתָּא עִלָּאָה, מִתְקַשֶּׁטֶת בְּכַמָּה קִשּׁוּטִין דִּשְׁמֹנָה כֵּלִים, מִכַּמָּה קָרְבָּנִין, מִכַּמָּה מִינֵי תַּכְשִׁיטִין דְּכַפְּרָה לִבְנָהָא, וְאִיהִי קָמַת בְּהוֹן קָמֵי מַלְכָּא, וּמִיַּד (בראשית ט׳:ט״ז) וּרְאִיתִיהָ לִזְכּוֹר בְּרִית עוֹלָם. וִיהִיבַת (ס''א לון שאלתין דלהון) לָן שְׁאֶילְתִּין דִּילָהּ, בְּאִלֵּין בִּרְכָּאן דְּתָקִינוּ רַבָּנָן בִּצְלוֹתָא, לְמִשְׁאַל קַמֵי מַלְכָּא.

בְּהַהוּא זִמְנָא, כָּל דִּינִין דִּשְׁכִינְתָּא תַּתָּאָה, דְּאִיהִי הוה''י אֲדֹנָ''י, מִתְהַפְּכָן לְרַחֲמֵי, כְּגַוְונָא דָּא ידו''ד, לְקַיֵּים (ישעיהו א׳:י״ח) אִם יִהְיוּ חֲטָאֵיכֶם כַּשָּׁנִים כַּשֶּׁלֶג יַלְבִּינוּ, ידו''ד. אִם יַאְדִּימוּ כַתּוֹלָע. דוד''י. כַּצֶּמֶר יִהְיוּ, ידו''ד. כָּל דִּינִין (נ''א כל דינין דדא') מִתְלַבְּנִין מִשְׁכִינְתָּא עִלָּאָה.

וְאִיהִי שְׁכִינְתָּא דוד''י, (בראשית ג׳:כ״ד) לַהַט הַחֶרֶב הַמִּתְהַפֶּכֶת לִשְׁמוֹר אֶת דֶּרֶךְ עֵץ הַחַיִּים. וְאוּקְמוּהָ רַבָּנָן, דִּמְהַפְּכָא זִמְנִין רַחֲמֵי, זִמְנִין דִּינָא פְּעָמִים אֲנָשִׁים, פְּעָמִים נָשִׁים. זִמְנִין דִּינָא, כְּגַוְונָא דָּא דוד''י. זִמְנִין רַחֲמֵי, כְּגַוְונָא דָּא ידו''ד. דְּהָא אִיהוּ מִסִּטְרָא דְּאִילָנָא דְּחַיֵּי, כָּל דִּינִין מִתְהַפְּכִין לְרַחֲמֵי. וּמִסִּטְרָא דְּעֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע, כָּל רַחֲמֵי מִתְהַפְּכָן לְדִינָא, לְמֵידָן בְּהוּ לְאִינוּן דְּעַבְרֵי עַל פִּתְגָּמֵי אוֹרַיְיתָא.

וְעֵץ דָּא בְּעָלְמָא דְּאָתֵי, דְּאִיהוּ בִּינָה, כָּל שְׁמָהָן דְּדִינָא מִתְהַפְּכִין בָּהּ (לדינא) רַחֲמֵי, בְּגִין דָּא אוּקְמוּהָ רַבָּנָן, לא כְּהָעוֹלָם הַזֶּה הָעוֹלָם הַבָּא. וּבְגִין דָּא, בִּינָה, אִיהִי לַהַט הַחֶרֶב הַמִּתְהַפֶּכֶת, דְּמִתְהַפֶּכֶת מִדִּינָא לְרַחֲמֵי לַצַדִּיקִים, לְמֵיהַב לוֹן אַגְרָא בְּעָלְמָא דְּאָתֵי. מַלְכוּת, לַהַט הַחֶרֶב הַמִּתְהַפֶּכֶת, מֵרַחֲמֵי לְדִינָא, לְמֵידָן בָּהּ לְרַשִׁיעַיָּיא
(Ⅰ)
[28a]  
[...] “ Et tu diras à Aaron (Ex., VII, 9): Prends ta verge, etc. ” Pourquoi la verge d'Aaron, et non pas celle de Moïse ? Celle de Moïse était plus sacrée, parce que le Nom sacré y était gravé (26), et le Saint, béni soit-il, ne voulait pas la profaner par le contact avec les verges des magiciens Égyptiens. En outre, Dieu voulait soumettre tous ceux qui émanent du côté gauche. Or, comme Aaron émanait du côté droit, c'est à lui qu'il a été réservé de dompter le côté gauche. Rabbi Hiya demanda à Rabbi Yossé : Puisque le Saint, béni soit-il, savait sûrement d'avance que les magiciens Égyptiens en feraient autant et changeraient leurs verges en serpents, pourquoi chargea-t-il Aaron de faire ce miracle devant le Pharaon ?
Rabbi Yossé lui répondit : C’est par-là que Dieu devait commencer pour frapper les Égyptiens d’autant plus sensiblement. Lorsque les magiciens virent Aaron transformer sa verge en un serpent, ils se réjouirent ; car ils supposèrent qu’Aaron agissait par la même puissance que la leur et dont un serpent est l’emblème. Mais aussitôt après, le serpent d’Aaron se métamorphosa de nouveau en une verge qui dévora les serpents des magiciens. C’est alors que les magiciens furent saisis d’étonnement et reconnurent que la puissance céleste s’exerce également sur la terre ; car, auparavant, ils avaient cru qu’outre leur puissance aucune autre ne peut s’exercer sur la terre.
C’est pourquoi l’Écriture (Ex., VII, 12) dit : “ ... Et la verge d’Aaron dévora les leurs. ” L’Écriture ne dit pas : “ ... Et le serpent d’Aaron ”, mais : “ ... Et la verge d’Aaron ”, parce qu’il s’était changé de nouveau en verge avant de dévorer les autres. Aaron fit donc deux miracles, l’un concernant le monde d’en haut, et l’autre, celui d’ici-bas ; par le changement de sa verge en serpent, il démontra que le Serpent d’en haut (27) domine sur ceux des magiciens ; et par le changement du serpent en verge qui dévora les autres, il démontra que le pouvoir céleste s’exerce également ici-bas. Le Pharaon, qui était le plus sage de tous les magiciens, reconnut ainsi que la puissance céleste s’exerce en haut aussi bien qu’en bas.
Rabbi Yossé dit : Afin que l’on ne pense pas que les miracles faits par les magiciens égyptiens n’étaient que de la prestidigitation, l’Écriture nous apprend explicitement qu’ils étaient réels : “ ... Et elles furent changées en serpent. ” Elles le furent réellement. Rabbi Yossé dit en outre : Les serpents des magiciens se changèrent de nouveau en verges ; mais celle d’Aaron les dévora.
Il est écrit (Éz., XXIX, 3) : “ Je viens à toi, Pharaon, roi d’Égypte, grand dragon, qui te couches au milieu de tes fleuves, etc. ” C’est de ce fleuve que vient le pouvoir des magiciens ; mais leur sagesse est rangée sur le dernier degré
Remarquez que, leur sagesse étant du dernier degré, elle se trouve domptée par les degrés supérieurs. Leur chef tire son pouvoir du dragon : et c’est à cela que font allusion les paroles de l’Écriture (Ex., XI, 5) : “ ... Le premier-né de la servante qui séjourne derrière la meule du moulin (28). ” Rabbi Hiyâ était un jour assis à la porte de la ville d’Uscha. Il vit un oiseau voler derrière Rabbi Éléazar. Il dit à ce dernier : Je constate que tous les êtres se complaisent en ta société. Ayant tourné la tête et vu l’oiseau,
Rabbi Éléazar dit : Il est évident que cet oiseau est chargé d’une mission auprès de moi ; car le Saint, béni soit-il, emploie comme messagers non seulement des êtres animés, mais aussi des êtres inanimés. Il commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Habacuc, II, 11) : “ Et la pierre criera du milieu de la muraille, et le bois qui sert à lier le bâtiment rendra témoignage. ” Combien l’homme doit-il se mettre en garde pour ne pas pécher contre le Saint, béni soit-il ! Qu’il ne dise pas : Qui témoignera contre moi ? Qu’il sache que les pierres et les portes elles-mêmes de sa maison témoigneraient contre lui . Le Saint, béni soit-il, se sert également parfois des choses inanimées comme de messagers.
Remarquez que le Saint, béni soit-il, commença la série des miracles en Égypte par un simple morceau de bois, par la verge d’Aaron qui servit pour deux messagers.
Rabbi Éléazar dit en outre : Périsse [...]
- בְּעָלְמָא דֵּין.

אֲבָל מֵעֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע, דְּאִיהוּ כְּגַוְונָא דְּמַטֶּה, זִמְנִין דְּמִתְהַפְּכִין הַנָּשִׁים לְשֵׁדוֹת, אֲנָשִׁים לְשֵׁדִים. וּבְגִין דָּא, (בראשית כ״ט:י״ב) וַיַּגֵּד יַעֲקֹב לְרָחֵל. וּבְגִין דָּא, אוּקְמוּהָ רַבָּנָן, דְּלֵית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְשַׁמְּשָׁא עִם אִתְּתֵיהּ, עַד דִּמְסַפֵּר עִמָּהּ, שֶׁמָּא נִתְחַלְּפָה לוֹ בְּשֵׁידָה. בְּגִין דְּלַהַט בְּעֵץ הַדַּעַת טוֹב וָרָע, מִתְהַפֶּכֶת מִטּוֹב לָרָע, וְאִי תֵּימָא דִּמְכַשְּׁפֵי פַּרְעֹה, דִּכְתִּיב וַיַּעֲשׂוּ כֵן הַחַרְטוּמִּים בְּלָטֵיהֶם. הֲווֹ מְהַפְּכִין אִינּוּן מַטוֹת דִּלְהוֹן לִנְחָשִׁין. וּמִסִּטְרָא דְּאִלֵּין הִפּוּכָן יַכְלִין לְאִתְהַפְּכָא. (ע''כ תוספתא).

(שמות ז׳:ט׳) וְאָמַרְתָּ אֶל אַהֲרֹן קַח אֶת מַטְּךָ. מַאי טַעֲמָא מַטֵּה אַהֲרֹן, וְלא מַטֵּה מֹשֶׁה. אֶלָּא, הַהוּא דְּמֹשֶׁה אִיהוּ קַדִּישָׁא יַתִּיר, דְּאִתְגְּלִיף בְּגִנְתָּא עִלָּאָה בִּשְׁמָא קַדִּישָׁא, וְלָא בָּעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְסָאֳבָא לֵיהּ בְּאִינּוּן חוּטְרִין דְּחַרְשַׁיָּא. וְלֹא עוֹד, אֶלָּא לְאַכְפְּיָיא לוֹן לְכָל אִינּוּן דְּאַתְיָין מִסִּטְרָא דִּשְׂמָאלָא, בְּגִין דְּאַהֲרֹן אָתָא מִימִינָא, וּשְׂמָאלָא אִתְכַּפְיָיא בִּימִינָא.

רִבִּי חִיָּיא שָׁאִיל לְרִבִּי יוֹסֵי, הָא גַּלֵּי קָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּאִינּוּן חֲרָשִׁין יַעַבְדוּן תַּנִּינַיָיא, מַאי גְּבוּרְתָּא אִיהוּ לְמֶעְבַּד קָמֵי פַּרְעֹה תַּנִּינַיָיא. אֲמַר לֵיהּ, בְּגִין דְּמִתַּמָּן הוּא שֵׁירוּתָא לְאַלְקָאָה, וּמִשֵּׁירוּתָא דְּתַנִּינָא שָׁאַרִי שׁוּלְטָנֵיהּ, (נ''א לשולניה ומשירותא דשולטניה שרי לאלקאה) כְּדֵין, חֲדוּ כּוּלְּהוּ חֲרָשֵׁי, דְּהָא רֵישׁ חָכְמְתָא דְּנָחָשׁ דִּילְהוֹן הָכִי הֲוָה. מִיָּד אִתְהַדַּר הַהוּא תַּנִּינָא דְּאַהֲרֹן לְאָעָא יְבֵישָׁא, וּבָלַע לוֹן.

וְעַל דָּא תַּוְוהוּ, וְיָדְעוּ דְּשׁוּלְטָנָא עִלָּאָה אִית בְּאַרְעָא, דְּאִינּוּן חֲשִׁיבוּ, דְּהָא לְתַתָּא, (נ''א לעילא) בַּר מִנַּיְיהוּ לָא אִית שֻׁלְטָנָא לְמֶעְבַּד מִידִי, כְּדֵין, וַיִּבְלַע מַטֵּה אַהֲרֹן, מַטֵּה אַהֲרֹן דַּיְיקָא, דְּאִתְהַדַּר לְאָעָא וּבָלַע לוֹן.

וְעַל דָּא עָבֵד אַהֲרֹן תְּרֵין אָתִין, חַד לְעֵילָּא, וְחַד לְתַתָּא. חַד לְעֵילָּא, תַּנִּינָא עִלָּאָה דְּשַׁלְטָא עַל אִינּוּן דִּלְהוֹן. חַד לְתַתָּא, דְּשָׁלִיט אָעָא עַל תַּנִּינָא דִּילְהוֹן. וּפַרְעֹה חַכִּים הֲוָה מִכָּל חֲרָשׁוֹי, וְאִסְתַּכַּל דְּשֻׁלְטָנָא עִלָּאָה שָׁלִיט עַל אַרְעָא, שָׁלִיט לְעֵילָּא שָׁלִיט לְתַתָּא.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, אִי תֵּימָא, חָרָשַׁיָּא כָּל מַה דְּעַבְדִין לָאו אִיהוּ אֶלָּא בְּחֵיזוּ דְּעֵינָא, דְּהָכִי אִתְחָזֵי, וְלָא יַתִּיר, קָא מַשְׁמַע לָן וַיִּהְיוּ דַּיְיקָא, דִּכְתִּיב וַיִּהְיוּ לְתַנִּינִים. וְאָמַר רִבִּי יוֹסֵי, אֲפִילּוּ אִינּוּן תַּנִּינַיָא דִּילְהוֹן אֲהַדְרוּ לְמֶהוֵי אָעִין, וְאָעָא דְּאַהֲרֹן בָּלַע לוֹן.

כְּתִיב, (יחזקאל כ״ט:ג׳) הִנְנִי עָלֶיךָ פַּרְעֹה מֶלֶךְ מִצְרַיִם הַתַּנִּים הַגָּדוֹל הָרוֹבֵץ בְּתוֹךְ יְאוֹרָיו. מִתַּמָּן שֵׁרוּתָא לְתַתָּא בְּשׁוּלְטָנָא דִּילְהוֹן. אֲבָל חָכְמְתָא דִּילְהוֹן, לְתַתָּא מִכֻּלְּהוּ דַּרְגִּין אִיהוּ. (אינון)

תָּא חֲזֵי, חָכְמְתָא דִּילְהוֹן בְּדַרְגִּין תַּתָּאִין, לְאַכְפְיָין לוֹן לְאִלֵּין דַּרְגִּין בְּדַרְגִּין עִלָּאִין, רֵישֵׁי שׁוּלְטָנוּתְהוֹן וְעִקָרָא דִּילְהוֹן, לְתַתָּא מֵהַהוּא תַּנִּינָא, וּמִשְׁתַּלְשְׁלָן בְּתַנִּינָא, דְּהָא מִתַּמָּן נָטִיל חֵילָא דַּרְגָּא עִלָּאָה דִּילְהוֹן. מַשְׁמַע דִּכְתִּיב, (שמות י''א) אֲשֶׁר אַחַר הָרֵחָיִם.

רִבִּי חִיָּיא, הֲוָה יָתִיב יוֹמָא חֲדָא, אֲבָבָא דְּתַרְעָא דְּאוּשָׁא. חָמָא לֵיהּ לְרִבִּי אֶלְעָזָר חָד קַטְפִירָא טָאסָא גַּבֵּיהּ, אָמַר לֵיהּ לְרִבִּי אֶלְעָזָר, מַשְׁמַע, דְּאֲפִילּוּ בְּאוֹרְחָךְ כֹּלָּא תְּאִיבִין לִמֵהַךְ אֲבַתְרָךְ. אַהְדָּר רֵישָׁא וְחָמָא לֵיהּ. אָמַר, וַדַּאי שְׁלִיחוּתָא אִית גַּבֵּיהּ. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּכֹלָּא עָבִיד שְׁלִיחוּתֵיהּ, וְכַמָה שְׁלִיחִין אִית לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּלָא תֵּימָא מִלִּין דְּאִית בְּהוּ רוּחָא בִּלְחוֹדַיְיהוּ, אֶלָּא אֲפִילּוּ אִינּוּן מִלִּין דְּלֵית בְּהוּ רוּחָא.

פָּתַח וְאָמַר, (חבקוק ב׳:י״א) כִּי אֶבֶן מִקִּיר תִּזְעָק וְכָפִיס מֵעֵץ יַעֲנֶנָּה. כַּמָּה אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִזְדַּהֲרָא מֵחוֹבוֹי, דְּלָא יֶחטָא קָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְאִי יֵימָא מַאן יַסְהִיד בֵּיהּ. הָא אַבְנִי בֵּיתֵיהּ וְאָעֵי בֵּיתֵיהּ יַסְהִידוּ בֵּיהּ. וּלְזִמְנִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָבִיד בְּהוּ שְׁלִיחוּתָא. תָּא חֲזֵי חוּטְרָא דְּאַהֲרֹן, דְּאִיהוּ אָעָא יְבֵישָׁא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שֵׁירוּתָא דְּנִסִּין עָבֵד בֵּיהּ, וּתְרֵי שְׁלִיחוּתֵי בֵּיהּ אִתְעָבִידוּ. חַד דְּאִיהוּ אָעָא יְבֵישָׁא וּבָלַע לְאִינוּן תַּנִּינַיָיא דִּילְהוֹן. וְחַד דְּהָא לְשַׁעֲתָא אִתְהַדַּר בְּרוּחָא וְאִתְעָבִיד בִּרְיָה.

אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, תִּפַּח
(Ⅰ)
[28b]  
[...] l’esprit de ceux qui prétendent que le Saint, béni soit-il, ne ressuscitera pas les morts, dont il ne saurait faire des créatures nouvelles. Que ces coupables insensés et aussi éloignés de Dieu que de la Loi regardent ce qui se passa avec la verge d’Aaron. Lorsque la circonstance l’exigeait, un simple morceau de bois sec fut transformé par le Saint, béni soit-il, en une créature pourvue de corps et de vie. A plus forte raison le Saint, béni soit-il, transformera-t-il en créatures nouvelles les corps qui avaient l’esprit vital, une âme sainte, qui observaient les commandements de la Loi à laquelle ils se consacraient jour et nuit, et que le Saint, béni soit-il, n’a cachés sous la terre que jusqu’au moment du renouvellement du monde.
Rabbi Hiyâ dit : Il y a plus : non seulement les corps seront changés en créatures nouvelles, mais les mêmes corps qui ont vécu sur la terre ressusciteront, ainsi que cela résulte des paroles de l’Écriture (Is., XXVI, 19) : “ Tes morts revivront. ” Ainsi, l’Écriture ne dit pas : “ ... Seront créés de nouveau ”, mais : “ …Revivront ”, parce que ce sont les mêmes corps qui étaient sur la terre qui ressusciteront. Car il reste pour toujours un os du corps de l’homme qui ne se détruit ni ne se corrompt jamais sous la terre. Au moment de la résurrection, le Saint, béni soit-il, se servira de cet os pour reconstituer le corps ; il fera l’office que le levain fait à la pâte. Il s’étendra dans les quatre directions et donnera ainsi naissance au corps et à tous ses membres, après quoi le Saint, béni soit-il, lui accordera l’esprit vital (29).
Rabbi Éléazar dit à Rabbi Hiyâ : En effet, c’est ainsi : Remarquez en outre que l’os du corps qui survit toujours sera amolli à l’heure de la résurrection pour devenir malléable à l’aide de la rosée céleste, ainsi qu’il est écrit (Is., XXVI, 19) : “ Car la rosée qui tombe sur vous est une rosée de lumière. ” “ Et (Ex., VII, 19) le Seigneur dit à Moïse : Dis à Aaron : Prends ta verge et étends ta main sur les eaux d’Égypte, sur les fleuves, sur les ruisseaux, sur les marais et sur les eaux de tous les lacs, afin qu’elles soient changées en sang, etc. ”
Rabbi Yehouda dit : Ce verset demande à être examiné : Comment Aaron pouvait-il aller en tous ces endroits pour frapper sur tous les fleuves, ruisseaux et marais d’Égypte ? En outre, pourquoi l’Écriture dit-elle plus loin (Ex., VII, 25) : “ Et il se passa sept jours entiers depuis la plaie dont le Seigneur avait frappé le fleuve ”, comme s’il ne s’agissait que d’un seul fleuve, alors que précédemment il était question de fleuves, de ruisseaux et de marais ? Mais les eaux d’Égypte sont concentrées dans le Nil ; et c’est de ce fleuve que l’eau arrive à tous les marais, à tous les ruisseaux et à toutes les sources ; aussi a-t-il suffi à Aaron d’étendre sa main sur le Nil pour qu’elle le fût sur toutes les eaux d’Égypte. Cc qui prouve cette interprétation, c’est le verset suivant (Ex., VII, 21) : “ Les Égyptiens ne pouvaient plus boire les eaux du fleuve. ” Ainsi il ne s’agissait que d’un seul fleuve.
Rabbi Abba dit : Remarquez que les eaux d’en bas divergent dans plusieurs directions opposées, alors que les eaux d’en haut convergent toutes vers un même point, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 9) : “ Que les eaux qui sont sous le ciel se rassemblent en un seul lieu. ” Et un peu plus bas : “ Et il appela mers toutes ces eaux rassemblées. ” Ce verset a été déjà expliqué.
Remarquez en outre que le firmament, auquel sont fixés le soleil et la lune, les étoiles et autres corps célestes, est le réservoir des grandes eaux d’en-haut ; il rassemble toutes les eaux et en arrose la terre qui est le monde d’ici-bas. Au moment d’envoyer les eaux ici-bas, il les sépare et les distribue à tous les points de la terre, pour que toute la terre soit arrosée. Mais, au moment où la rigueur sévit, le monde d’ici-bas n’est pas arrosé par le firmament, mais par le côté gauche ; c’est alors que s’accomplissent les paroles de l’Écriture (Is., XXXIV, 6) : “ L’épée du Seigneur est pleine de sang. ” Malheur à ceux qui tirent leur nourriture de la terre à cette époque ; car, durant cette époque, la mer tire ses eaux des deux côtés, une partie de la mer est blanche, et l’autre rouge. Aussi Aaron jeta-t-il au fleuve la part des Égyptiens, c’est-à-dire la part que la mer tire du côté gauche, qui est la part des Égyptiens, de manière que les Israélites burent de l’eau, alors que les Égyptiens burent le sang. Que l’on n’imagine point que les Égyptiens ne pouvaient boire l’eau uniquement par répugnance ; l’eau qu’ils buvaient leur déchirait l’estomac. Aussi étaient-ils obligés d’acheter l’eau avec de l’argent chez les Israélites ; ce n’est que de cette façon qu’il leur était possible de boire de l’eau. C’est pour cette raison que la première des plaies dont Dieu frappa les Égyptiens fut celle du sang.
Rabbi Isaac commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXLV, 1) : “ Je célébrerai ta gloire, ô mon Dieu, qui es le roi, et je bénirai ton nom dans tous les siècles, et dans l’éternité ” Remarquez que David s’adressait à ce degré de l’essence divine qui correspondait au degré qu’il avait atteint lui-même. C’est pourquoi il a dit : “ O mon Dieu... ” Il voulait que, par sa louange, le degré de l’essence divine auquel il s’adressait fût uni à l’autre degré pour ne former ensemble qu’une unité. C’est pourquoi il a dit : “ Je célébrerai ta gloire, ô mon Dieu, qui es le roi. ” Car une tradition nous apprend que, durant toute sa vie, David s’efforça de fortifier son trône et d’attirer la lumière ici-bas de manière que la lumière d’ici-bas ne formât [...]
- רוּחֵיהוֹן, דְּאִינּוּן דְּאַמְרִין, דְּלָא זַמִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַחֲיָיא מֵתַיָּיא, וְהֵיךְ יִתְעֲבִיד מִנַּיְיהוּ בִּרְיָה חַדְתָּא. יֵיתוּן וְיֶחמוּן אִינּוּן טִפְּשָׁאִין חַיָּיבַיָּא, רְחִיקִין מֵאוֹרַיְיתָא, רְחִיקִין מִנֵּיהּ, בִּידֵיהּ דְּאַהֲרֹן הֲוָה חוּטְרָא, אָעָא יְבֵישָׁא, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְפוּם שַׁעֲתָא אַהְדָּר לֵיהּ בִּרְיָה, מְשַׁנְיָא בְּרוּחָא וְגוּפָא. אִינּוּן גּוּפִין, דַּהֲווֹ בְּהוּ רוּחִין וְנִשְׁמָתִין קַדִּישִׁין, וְנָטְרוּ פִּקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא, וְאִשְׁתַּדָּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא יְמָמָא וְלֵילֵי, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא טָמִיר לוֹן בְּעַפְרָא. לְבָתַר, בְּזִמְנָא דִּיחֲדֵי עָלְמָא, עַל אַחַת כַּמָּה וְכַמָּה דְּיַעֲבִד לְהוּ בִּרְיָה חַדְתָּא.

אָמַר רִבִּי חִיָּיא, וְלֹא עוֹד, אֶלָּא דְּהַהוּא גּוּפָא דְּהֲוָה, יָקוּם. מַשְׁמַע דִּכְתִּיב, (ישעיהו כ״ו:י״ט) יִחְיוּ מֵתֶיךָ, וְלָא כְּתִיב יִבְרָא, מַשְׁמַע דְּבִרְיָין אִינּוּן אֲבָל יִחְיוּ. דְּהָא (בראשית קל''ז ע''ב) גַּרְמָא חַד, יִשְׁתְּאַר מִן גּוּפָא תְּחוֹת אַרְעָא, וְהַהוּא לָא אִתְרְקַב וְלָא אִתְבְּלֵי בְּעַפְרָא לְעָלְמִין, וּבְהַהוּא זִמְנָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יֵרַכֵּךְ לֵיהּ, וְיַעְבִיד לֵיהּ כַּחֲמִירָא בְּעִיסָה, וְיִסְתְּלַק וְיִתְפְּשַׁט לְאַרְבַּע זָוְיָין וּמִנֵּיהּ יִשְׁתַּכְלַל גּוּפָא וְכָל שַׁיְיפוֹי. וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהִיב בֵּיהּ רוּחָא לְבָתַר. אָמַר לֵיהּ רִבִּי אֶלְעָזָר הָכִי הוּא. וְתָא חֲזֵי, הַהוּא גַּרְמָא בְּמָה אִתְרְכַךְ. בַּטָּל. דִּכְתִּיב, (ישעיהו כ״ו:י״ט) כִּי טַל אוֹרוֹת טַלֶּךָ וְגוֹ'.

וַיֹּאמֶר ה' אֶל מֹשֶׁה אֱמוֹר אֶל אַהֲרֹן קַח מַטְּךָ וּנְטֵה יָדְךָ עַל מֵימֵי מִצְרַיִם עַל נַהֲרוֹתָם עַל יְאוֹרֵיהֶם וְעַל אֲגְמֵיהֶם וְעַל כָּל מִקְוֵה מֵימֵיהֶם וַיִּהְיוּ דָּם וְגוֹ'. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה, הַאי קְרָא אִית לְאִסְתַּכְּלָא בֵּיהּ, וְהֵיךְ יָכִיל לְמֵהַךְ לְכָל הָנֵי אַתְרֵי. (ולא עוד אלא) וְתוּ, דְּהָא כְּתִיב וְיִּמָּלֵא שִׁבְעַת יָמִים אַחֲרֵי הַכּוֹת ה' אֶת הַיְאוֹר. אֶת הַיְאוֹר כְּתִיב, וְאַתְּ אָמַרְתְּ עַל מֵימֵי מִצְרַיִם עַל נַהֲרוֹתָם עַל יְאוֹרֵיהֶם וְעַל אֲגְמֵיהֶם.

אֶלָּא, מֵימֵי מִצְרַיִם נִילוּס הֲוָה. וּמִתַּמָּן אִתְמַלְיָין כָּל אִינּוּן שְׁאַר אֲגַמִּין וִיאוֹרִין וּמַבּוּעִין וְכָל מֵימִין דִּילְהוֹן. וְעַל דָּא, אַהֲרֹן לֹא נָטָה לְמַחֲאָה אֶלָּא לְנִילוּס בִּלְחוֹדוֹי. וְתָא חֲזֵי דְּהָכִי הוּא, דִּכְתִּיב וְלא יָכְלוּ מִצְרַיִם לִשְׁתּוֹת מַיִם מִן הַיְאוֹר.

אָמַר רִבִּי אַבָּא, תָּא חֲזֵי, מַיִין תַּתָּאִין מִתְפָּרְשָׁאן לְכַמָּה סִטְרִין, (נ''א ומיין עלאי ע''כ וגו') (עלאין דהא) וּמַיִין עִלָּאִין מִתְכַּנְשֵׁי בְּבֵי כְּנִישׁוּ מַיָּא, דִּכְתִּיב, (בראשית א׳:ט׳) וַיֹּאמֶר אֱלהִים יִקָּווּ הַמַּיִם מִתַּחַת הַשָּׁמַיִם אֶל מָקוֹם אֶחָד. וּכְתִיב וּלְמִקְּוֵה הַמַּיִם קָרָא יַמִּים. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. וְתָא חֲזֵי, הַהוּא רְקִיעָא דְּאִית בֵּיהּ שִׁמְשָׁא וְסִיהֲרָא כּוֹכָבַיָיא וּמַזָּלֵי, דָּא אִיהוּ בֵּי כְּנִישׁוּת מַיָּא רַבָּא, דְּהוּא נָטִיל כָּל מַיִין, וְאַשְׁקֵי לְאַרְעָא, דְּהִיא עָלְמָא תַּתָּאָה, כֵּיוָן, דְּנָטַל מַיָּא בָּדַר לוֹן, וּפָלִיג לוֹן לְכָל עִיבָר, וּמִתַּמָּן אִתְשַׁקְיָין כֹּלָּא.

וּבְזִמְנָא דְּדִינָא שַׁרְיָא, עָלְמָא תַּתָּאָה לָא יַנְקָא מִן הַהוּא רְקִיעָא, וְיַנְקָא מִסְּטַר שְׂמָאלָא, וּכְדֵין אִקְרֵי (ישעיהו ל״ד:ו׳) חֶרֶב לַה' מָלְאָה דָּם. וַוי לְאִינוּן דְּיַנְקִין כְּדֵין מִינָהּ, וְאִתְשַׁקְיָין מִינָהּ, דִּבְהַהוּא זִמְנָא יַמָּא יַנְקָא מִתְּרֵין סִטְרִין, הֲוָה אִתְפְּלַג לִתְרֵין חוּלָקִין, חִוָּור וְסוּמָק. וּכְדֵין שָׁדֵי לִיאוֹרָא חוּלָקָא דְּמִצְרַיִם, וְאַלְקֵי לְעֵילָּא וְאַלְקֵי לְתַתָּא. וְעַל דָּא שָׁתָאן יִשְׂרָאֵל מַיָּא. וּמִצְרָאֵי דָּמָא.

אִי תֵּימָא בְּגִין גִּיעוּלָא הֲוָה וְלָא יַתִּיר. תָּא חֲזֵי, שָׁתָאן דָּמָא וְעָאל לְמֵעַיְיהוּ, וְאִסְתַּלָּק וּבָקַע, עַד דַּהֲווֹ מְזַבְּנִין לוֹן יִשְׂרָאֵל מַיָּא בְּמָמוֹנָא, וּכְדֵין שָׁתָאן מַיָּא בְּגִינִי כַּךְ שֵׁירוּתָא לְאַלְקָאָה לוֹן הֲוָה דָּמָא.

רִבִּי יִצְחָק פָּתַח הַאי קְרָא, (תהילים קמ״ה:א׳) אֲרוֹמִמְךָ אֱלֹהַי הַמֶּלֶךְ וַאֲבָרְכָה שִׁמְךָ לְעוֹלָם וָעֶד. תָּא חֲזֵי, דָּוִד לָקֳבֵיל דַּרְגָּא דֵּילֵיהּ קָאָמַר, דִּכְתִּיב אֱלהַי דִּידִי. בְּגִין דְּבָעָא לְסַלְּקָא שְׁבָחֵיהּ, וּלְאַעֲלָא לֵיהּ לִנְהוֹרָא עִלָּאָה, לְאִתְעָרְבָא דָּא בְּדָא, לְמֶהֱוֵי כֹּלָּא חַד. בְּגִינֵי כַּךְ, אֲרוֹמִמְךָ אֱלהַי הַמֶּלֶךְ וְגוֹ'.

דְּתָנֵינָן, כָּל יוֹמוֹי דְּדָוִד, אִשְׁתַּדַּל לְאַתְקְנָא כּוּרְסְיָה, וּלְאַנְהָרָא אַנְפָּהָא, בְּגִין דְּיָגִין עָלֵיהּ וְאִיתְנְהִיר תָּדִיר נְהוֹרָא תַּתָּאָה
(Ⅰ)
[29a]  
[...] qu’une unité avec la lumière d’en haut. Aussi, lorsque Salomon arriva, il trouva le monde dans la perfection et la lune pleine, en sorte qu’il n’avait plus besoin de lui attirer de la lumière.
Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, veut se venger des peuples païens, le côté gauche se réveille, et la lune se remplit de sang du même côté. Il en résulte alors que toutes les sources et que tous les fleuves ici-bas se remplissent de sang du côté gauche. C’est pourquoi les Égyptiens étaient frappés par la plaie du sang.
Remarquez que quand la plaie du sang est décrétée contre un peuple, ce décret se réalise de cette façon qu’un autre peuple vient le vaincre et en répandre le sang. Mais le Saint, béni soit-il, n’a pas voulu que le décret de sang contre les Égyptiens se réalisât de la manière ordinaire, parce qu’Israël habitait parmi eux, et Dieu ne voulait affliger Israël en chargeant un autre peuple d’exterminer les Égyptiens. Aussi le décret du sang se réalisa-t-il de cette façon qu’il transforma leur fleuve en sang, de manière à empêcher les Égyptiens de boire. Et comme leur chef céleste domine sur ce fleuve, le Saint, béni soit-il, ordonna de commencer par frapper la divinité des Égyptiens. Et non seulement le Nil a été frappé, mais toutes leurs divinités répandaient du sang.
C’est pourquoi l’Écriture (Ex., VII, 19) dit : “ Et le sang était dans tout le pays d’Égypte, et dans le bois et dans les pierres. ” Rabbi Hiyâ se leva une nuit pour se consacrer à l`étude de la Loi. Rabbi Yossé le Petit, qui était encore enfant à cette époque, se trouvait avec lui.
Rabbi Hiyâ commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., IX, 7) : “ Va, mange ton pain avec joie et bois ton vin avec allégresse, parce que tes œuvres ont été déjà agréables à Dieu. ” Pourquoi Salomon parlait-il ainsi ? Mais toutes les paroles de Salomon renferment la sagesse. Les mots : “ Va, mange ton pain avec joie ” signifient que, lorsque l’homme marche dans la voie du Saint, béni soit-il, celui-ci l’attire à lui et lui accorde cette quiétude et cette sérénité de l’âme qu’éprouve l’homme en mangeant du pain et en buvant du vin ; car le Saint, béni soit-il, agrée ses œuvres. L’enfant qui était avec
Rabbi Hiyâ dit à celui-ci : Tu viens de dire que toutes les paroles de Salomon renferment de la sagesse ; quelle est la sagesse que ces paroles renferment ?
Rabbi Hiyâ lui répondit : Mon fils, si tu examines bien, tu trouveras le sens de ce verset (30). L’enfant lui répondit : Je n’ai pas encore examiné, et pourtant je le sais déjà. Rabbi Hiyâ lui demanda : Comment le sais-tu ? L’enfant lui répondit : J’ai entendu de mon père l’explication de ce verset : Salomon exhorte l’homme à faire une couronne à la “ Communauté d’Israël ”, couronne tressée du côté droit où règne la joie et dont le pain est le symbole, et à faire une autre couronne tressée du côté gauche dont le vin est le symbole ; de cette façon, la Foi sera parfaite, et la joie parfaite régnera du côté droit et du côté gauche. C`est en offrant ces deux couronnes du pain et du vin que toutes les bénédictions célestes se répandront dans le monde. Mais toute cette offrande ne peut être faite que quand le Saint, béni soit-il, a agréé les œuvres de l’homme ; et c’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Parce que tes œuvres ont été déjà agréables à Dieu. ” Rabbi Hiyâ vint et embrassa l’enfant en lui disant : Je jure sur ta vie, mon fils, que je renonce à la parole que je me suis proposé de faire entendre, parce que je trouve ton explication parfaite. Je suis maintenant certain que le Saint, béni soit-il, t’accordera la couronne de la Loi. Rabbi Hiyâ commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ex., VII, 19) : “ Dis à Aaron : Prends ta verge et étends ta main sur les eaux d’Égypte. ” Pourquoi voulait-il que cela fût fait par Aaron plutôt que par Moïse ? Mais le Saint, béni soit-il, a dit : Aaron est le symbole des eaux d’en haut, d’où le côté gauche tire également les siennes. C’est pourquoi il fallait que ce fût Aaron, qui émane de ce côté, qui frappât l’eau d’Égypte et la transformât en sang.
Remarquez que Dieu commença par le dernier degré à frapper les Égyptiens. Rabbi Siméon dit : Le Saint, béni soit-il, a commencé par faire agir le dernier degré ; la main de Dieu a frappé les Égyptiens avec chacun des doigts (31). Lorsqu’il est arrivé au degré supérieur, Dieu passa lui-même en Égypte et tua tous les premiers- nés ; comme ce degré suprême est aussi, en quelque sorte, le premier-né en comparaison des autres degrés, il se chargea de l’extermination des premiers-nés des Égyptiens.
Remarquez en outre que la divinité des Égyptiens résidait dans l’eau ainsi qu’il est écrit (Éz., XXIX, 3) : “ ... Grand dragon qui couches au milieu de tes fleuves. ” C’est pourquoi la première plaie était celle qui transformait le fleuve en sang. Après la plaie du sang, vint celle des grenouilles, qui provoquaient des bruits terribles et coassaient dans les entrailles mêmes des Égyptiens ; les grenouilles sortaient du fleuve, montaient sur la terre ferme et coassaient si fortement partout en Égypte que les Égyptiens tombèrent morts dans leurs maisons. Les dix plaies dont le Saint, béni soit-il, frappa les Égyptiens étaient provoquées par la main forte de Dieu ; les dix plaies correspondaient aux degrés [...]
- בִּנְהוֹרָא עִלָּאָה, לְמֶהוֵי כֹּלָּא חַד. וְכַד אָתָא שְׁלֹמֹה, אַשְׁכַּח עָלְמָא שְׁלִים, וְסִיהֲרָא דְּאִתְמַלְיָא, וְלָא אִצְטְרִיךְ לְאַטְרְחָא עָלָּה לְאַנְהָרָא. (ע''כ)

תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעֲתָא דְּבָעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֵיסָב נוּקְמִין מֵעַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה, אִתְּעַר שְׂמָאלָא, וְאִתְמַלְיָא סִיהֲרָא מֵהַהוּא סִטְרָא דָּמָא. וּכְדֵין, נַבְעִין מַבּוּעִין וּנְחָלִין דִּלְתַתָּא, כָּל אִינּוּן דְּלִסְטַר שְׂמָאלָא דָּמָא. וְעַל דָּא, דִּינָא דִּילְהוֹן דָּמָא.

תָּא חֲזֵי, כַּד הַאי דָּמָא אִתְּעַר (נ''א כד דינא אתער על עלמא בגין ההוא דמא דקטולין קודשא בריך הוא אתער) עַל עַמָּא, הַהוּא דָּמָא דְּקָטוּלִין אִיהוּ דְּיִתְּעַר עָלַיְיהוּ עַמָּא אַחֲרָא וְקָטִיל לוֹן. אֲבָל (השתא) בְּמִצְרַיִם, לָא בָּעָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַיְיתָאָה עָלַיְיהוּ עַמָּא אַחֲרָא לְאַתְעֲרָא עָלַיְיהוּ דָּמָא בְּגִין דְּיִשְׂרָאֵל הֲווֹ בֵּינַיְיהוּ, וְלָא יִצְטַעֲרוּן בְּגִין דְּדַיְירִין בְּאַרְעָא דִּילְהוֹן, אֲבָל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָחָא לוֹן בְּדָמָא, בְּנַהֲרִין דִּלְהוֹן, דְּלָא הֲווֹ יַכְלִין לְמִשְׁתֵּי.

וּבְגִין דְּשׁוּלְטָנוּתָא דִּלְהוֹן, שַׁלְטָא בְּהַהוּא נַהֲרָא, פָּקִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְשׁוּלְטָנוּתָא דִּלְהוֹן בְּקַדְמִיתָא, בְּגִין דְּיַלְקֵי דַּחֲלָא דִּלְהוֹן בְּקַדְמִיתָא, בְּגִין דְּנִילוּס חַד דַּחֲלָא דִּלְהוֹן הֲוָה, וְכֵן שְׁאַר דַּחֲלִין דִּלְהוֹן נַבְעִין דָּמָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְהָיָה דָם בְּכָל אֶרֶץ מִצְרַיִם וּבָעֵצִים וּבָאֲבָנִים.

ר' חִיָּיא קַם לֵילְיָא חַד לְמִלְעֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וַהֲוָה עִמֵּיהּ ר' יוֹסֵי זוּטָא, דְּהֲוָה רַבְיָא. פָּתַח ר' חִיָּיא וְאָמַר, (קהלת ט') לֵךְ אֱכוֹל בְּשִׂמְחָה לַחְמֶךָ וּשְׁתֵה בְלֶב טוֹב יִיִנֶךָ כִּי כְבָר רָצָה הָאֱלהִים אֶת מַעֲשֶׂיךָ. מַאי קָא חָמָא שְׁלמֹה דְּאָמַר הַאי קְרָא.

אֶלָּא שְׁלֹמֹה כָּל מִלּוֹי בְּחָכְמָה הֲווֹ, וְהַאי דְּאָמַר לֵךְ אֱכוֹל בְּשִׂמְחָה לַחְמֶךָ, בְּשַׁעֲתָא דְּבַר נָשׁ אָזִיל בְּאוֹרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מְקָרֵב לֵיהּ לְגַבֵּיהּ, וְיָהִיב לֵיהּ שַׁלְוָה וְנַיְיחָא, כְּדֵין נַהֲמָא וְחַמְרָא דְּאָכִיל וְשָתֵי, בְּחֶדְוָה דְּלִבָּא, בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרְעֵי בְּעוֹבָדוֹי.

אֲמַר לֵיהּ הַהוּא רַבְיָא, אִי הָכִי, הָא אָמַרְתְּ דְּכָל מִלּוֹי דְּשְׁלֹמֹה בֶּחָכְמְתָא הֲווֹ, אָן הוּא חָכְמְתָא הָכָא. אֲמַר לֵיהּ בְּרִי תְּבַשֵּׁל בִּשּׁוּלָךְ, וְתֶחֱמֵי הַאי קְרָא. אֲמַר לֵיהּ עַד לָא בָּשִׁילְנָא יָדַעְנָא. אֲמַר לֵיהּ מְנָא לָן.

אֲמַר לֵיהּ קָלָא חַד שְׁמַעְנָא מֵאַבָּא, דְּהֲוָה אָמַר בְּהַאי קְרָא, דְּשְׁלֹמֹה קָא אַזְהַר לֵיהּ לְבַּר נָשׁ, לְאַעְטְּרָא לָהּ לכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל בְּשִׂמְחָה, דְּאִיהוּ סִטְרָא דִּימִינָא, וְאִיהוּ נָהֲמָא, דְּיִתְעֲטָּר בְּחֶדְוָה. וּלְבָתַר, יִתְעֲטָּר בְּחַמְרָא, דְּאִיהוּ שְׂמָאלָא, בְּגִין דְּתִשְׁתְּכַח בִּמְהֵימָנוּתָא דְּכֹלָּא, חֶדְוָותָא שְׁלֵימָתָא, בִּימִינָא וּשְׂמָאלָא, וְכַד תֶּהוֵי בֵּין תַּרְוַויְיהוּ כְּדֵין כָּל בִּרְכָּאן שָׁרָאן בְּעָלְמָא. וְכָל דָּא, כַּד אִתְרְעֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּעוֹבָדֵיהוֹן דִּבְנֵי נָשָׁא, הֲדָא הוּא דִכְתִיב כִּי כְבָר רָצָה הָאֱלֹהִים אֶת מַעֲשֶׂיךָ. אָתָא ר' חִיָּיא וּנְשָׁקֵיהּ, אָמַר, חַיֶּיךָ בְּרִי הַאי מִלָּה שָׁבַקְנָא בְּגִינָךְ, וְהַשְׁתָּא יָדַעְנָא, דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעֵי לְאַעְטְּרָא לָךְ בְּאוֹרַיְיתָא.

תּוּ פָּתַח ר' חִיָּיא וְאָמַר, אֱמוֹר אֶל אַהֲרֹן קַח מַטְּךָ וּנְטֵה יָדְךָ עַל מֵימֵי מִצְרַיִם. מַאי טַעְמָא אַהֲרֹן וְלא מֹשֶׁה. אֶלָּא, אָמַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אַהֲרֹן מַיִין קַיְימִין בְּדוּכְתֵּיהּ, וּשְׂמָאלָא בָּעֵי לְנַגְדָּא מַיִין מִתַּמָּן, אַהֲרֹן דְּאָתֵי מֵהַהוּא סִטְרָא יִתְּעַר לֵיהּ, וְכַד שְׂמָאלָא נָקִיט לוֹן, אִינּוּן יִתְהַדְּרוּן דָּמָא.

תָּא חֲזֵי תַּתָּאָה דְּכָל דַּרְגִּין מָחָא בְּקַדְמִיתָא. אָמַר רַבִּי שִׁמְעוֹן מִתַּתָּאָה שָׁרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְיַדָא דִּילֵיהּ, מָחָא בְּכָל אֶצְבְּעָא וְאֶצְבְּעָא. וְכַד מָטָא לְדַרְגָּא עִלָּאָה דְּכָל דַּרְגִּין, עָבֵד אִיהוּ דִּילֵיהּ, וְעָבַר בְּאַרְעָא דְּמִצְרַיִם, וְקָטַל כֹּלָּא. וּבְגִינֵי כַּךְ קָטַל כָּל בּוּכְרִין בְּאַרְעָא דְּמִצְרַיִם, בְּגִין דְּאִיהוּ דַּרְגָּא עִלָּאָה וּבוּכְרָא דְּכֹלָּא.

וְתָא חֲזֵי, פַּרְעֹה הֲוָה שׁוּלְטָנֵיהּ בְּמַיָּא, (נ''א בקדמיתא ומתתאה שרא קודשא בריך הוא וכד מטא לדרגא עילאה דילהון דאיהו בוכרא דכל דרגין דילהון קטל כל בוכרא בארעא דמצרים בגין ההוא דרגא עילאה ובוכרא דכולא ותא חזי פרעה הוה בוכרא ושולטניה במיא) דִּכְתִּיב, (יחזקאל כ״ט:ג׳) הַתַּנִּים הַגָּדוֹל הָרוֹבֵץ בְּתוֹךְ יְאוֹרָיו, בְּגִין כָּךְ אִתְהַפַּךְ נַהֲרֵיהּ בְּדָמָא בְּקַדְמִיתָא. לְבָתַר צְפַרְדְּעִים דִּמְשַׁמְּטֵי לוֹן בְּקָלִין טְסִירִין מְקַרְקְרִין בְּגוֹ מֵעַיְיהוּ, (נ''א מקרקרין בגו יאורא) וְנַפְקֵי מִגּוֹ יְאוֹרָא, וְסַלְקֵי בְּיַבֶּשְׁתָּא וְרָאמִין קָלִין בְּכָל סִטְרִין, עַד דְּאִינּוּן נַפְלִין כְּמֵתִין בְּגוֹ בֵּיתָא.

וְרָזָא דְּמִלָּה, כָּל אִינּוּן עֶשֶׂר אָתִין דְּעָבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כֻּלְּהוּ הֲווֹ מִגּוֹ יָדָא תַּקִּיפָא, וְהַהוּא יָדָא אִתְתְּקַף עַל אִינּוּן דַּרְגִּין
(Ⅰ)
[29b]  
[...] de toutes leurs divinités. Dieu voulait ainsi troubler l’esprit des Égyptiens et les rendre incapables de rien faire.
Remarquez que les degrés de leurs divinités étaient tellement troublés qu’ils devinrent impuissants à entreprendre des actes qui paraissaient aisés à tout le monde, et cela à la suite de la main puissante de Dieu qui s’est abattue sur eux, ainsi qu’il est écrit (Ex., VII, 28) : “ Le fleuve produira une infinité de grenouilles, qui entreront dans ta maison, qui monteront dans la chambre où tu coucheras et sur ton lit. ”
Rabbi Siméon commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Jér., XXXI, 15) : “ Un grand bruit s’est élevé à Ramah ; on y a entendu des cris mêlés de plaintes et de soupirs de Rachel, qui pleure ses enfants, etc. ” Remarquez qu’il a été déjà question de ce verset en plusieurs endroits. Pourtant ce verset offre une difficulté. Pourquoi est-ce Rachel plutôt qui pleure ses enfants, elle qui n’en avait que deux, Joseph et Benjamin ? Pourquoi n’est-ce pas Lia qui en avait eu six ? Mais voici ce qui a été dit à ce sujet :
L’Ecriture (Gen., XXIX, 17) dit : “ Et Lia avait les yeux chassieux. ” Pourquoi les yeux de Lia étaient-ils chassieux ? —Parce qu’elle sortait chaque jour, se plaçait sur la bifurcation des routes et s’informait d’Esaü, qu’elle savait lui avoir été destiné pour époux. Mais lorsqu’elle apprit les mauvaises actions de cet impie, elle était épouvantée à l’idée d’appartenir à cet impie ; aussi pleurait-elle tant que ses yeux en devinrent chassieux. Le Saint, béni soit-il, dit alors à Lia : Tu as pleuré devant moi pour être l’épouse du juste et pour échapper à l’impie ; je jure par ta vie que ta sœur se tiendra à la bifurcation des routes et pleurera l’exil d’Israël, alors que tu seras dans l’intérieur et ne pleureras pas. De là vient que c’est Rachel et non pas Lia qui pleure l’exil d’Israël. Mais les noms de Rachel et de Lia ont en outre une signification anagogique. Un de ces noms désigne le monde caché, et l’autre le monde révélé.
C’est pourquoi Lia a été ensevelie dans la caverne, parce qu’elle est l’image du monde caché ; son corps devait ainsi demeurer caché ; alors que Rachel a été ensevelie au point de la bifurcation des routes, parce qu’elle est l’image du monde révélé. Comme tout ce qui est ici-bas est l’image de ce qui est en haut, Jacob n’a pas voulu faire enterrer Rachel dans la caverne ; car il savait qu’elle devait être enterrée à un endroit accessible à tout le monde, ainsi qu’il est écrit (Gen., XLVIII, 7) : “ Et je l’enterrerai sur le chemin d’Ephrata. ” Remarquez que la “ Communauté d’Israël ” est appelée “ Rachel ”, ainsi qu’il est écrit (Is., LIII, 7) : “ Il sera silencieux comme une brebis (Rahel). ” Pourquoi sera-t-il silencieux ? Parce que la “ Voix ” se sépare de lui à l’époque où les peuples païens exercent leur domination ; voilà pourquoi la brebis restera silencieuse.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ Un grand bruit s’est élevé à Ramah ; on y a entendu des cris mêlés de plaintes et de soupirs de Rachel. La “ Voix ” d’en haut désigne la Jérusalem céleste. “ Rahel ” pleure ses enfants toutes les fois qu’Israël est en exil, parce que la “ Brebis ” est la “ Mère ” d’Israël.
L’Écriture ajoute : “ ... Et qui ne peut se consoler, parce qu’il n’y est plus (ènenou). ” Pourquoi l’Écriture dit-elle : “ ... Parce qu’il n’est plus (ènenou) ”, au lieu de dire : “ …Parce qu’ils ne sont plus (ènam) ”, puisqu’il s’agit des enfants de Rachel qui sont nombreux ? Mais les mots : “ Parce qu’il n’est plus ” désignent l’Époux, c’est-à-dire la “ Voix ” qui est partie et ne s’unit plus à elle.
Remarquez en outre que ce n’est pas une seule fois qu’elle pleure sur Israël ; mais elle pleure toutes les fois que ses enfants sont en exil. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, provoqua la grande voix des Égyptiens, ainsi qu’il est écrit (Ex., XI, 6) : “ Il s’élèvera un grand cri dans toute l’Égypte, et tel que, ni avant, ni après, il n’y en eut, etc. ” Dieu provoqua chez eux également d’autres cris : ceux poussés par les grenouilles qui coassaient dans les entrailles des Égyptiens, ce qui était cause qu’ils tombaient morts dans les rues.
L’Écriture (Ex., VIII, 2) dit : “ Et la grenouille sortit et couvrit l’Égypte. ” Ce n’était qu’une grenouille qui sortit ; mais celle-ci en engendra tant d’autres qu’elles couvrirent tout le pays. Toutes les grenouilles se précipitaient dans le fleuve, ainsi que Dieu l’avait prédit (Ex., VII, 28) : “ Et dans tes fours et dans tes levains. ” Les grenouilles disaient (Ps., LXVI, 12) : “ Nous avons passé par le feu et par l’eau, etc. ” Mais, dira-t-on : Quel mal était-ce pour les Égyptiens que les grenouilles se précipitassent dans le feu ? Elles s’y précipitaient toutes, mais elles ne périssaient point ; et celles qui allaient périr pénétrèrent d’abord dans le pain qu’on cuisait dans les fours ; et, couchées dans le pain, elles donnaient naissance à d’autres grenouilles qui pullulaient dans le pain. Quand les Égyptiens mangeaient leur pain, les grenouilles qu’ils absorbaient circulaient dans leurs entrailles, y sautaient et coassaient si fortement qu’ils en mouraient C’était la plaie la plus terrible des Égyptiens.
Remarquez que l’Écriture dit : “ Le fleuve produira des grenouilles qui entreront dans ta maison, qui monteront dans la chambre où tu coucheras et sur ton lit, et qui entreront dans la maison de tes serviteurs, et dans celles de tout ton peuple. ”Ainsi le Pharaon a été frappé avant ses serviteurs et avant son peuple. Que le nom du Seigneur soit béni dans toute l’éternité ; car il proportionne le châtiment à l’acte de l’homme.
Il est écrit (Gen., XII, 15) : “ Et les premières personnes de la cour du Pharaon ayantvu Sara, elles en firent l’éloge devant le Pharaon ; et la femme fut menée dans la maison du Pharaon. ” Ce verset demande une explication. Le nom du Pharaon est répété trois fois [...]
- כּוּלְּהוּ שֻׁלְטָנוּתָא דִּלְהוֹן, בְּגִין לְבַלְבְּלָא דַּעְתַּיְיהוּ, וְלָא הֲווֹ יַדְעֵי לְמֶעְבַּד מִידִי. תָּא חֲזֵי, כָּל אִינּוּן דַּרְגִּין דִּלְהוֹן, כֵּיוָן דְּנַפְקֵי לְמֶעְבַּד מִידִי, דְּאִתְחָזֵי לְכֹלָּא לָא יַכְלִין (לבתר) לְמֶעְבַּד מִידִי. (אימת כד) (נ''א בגין ההוא) יָדָא תַּקִּיפָא (ס''א שריא) דְּשַׁרְיָא עָלַיְיהוּ. (דכתיב) (שמות ז׳:כ״ח) וְשָׁרַץ הַיְאוֹר צְפַרְדְּעִים וְעָלוּ וּבָאוּ בְּבֵיתֶךָ. ר' שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (ירמיהו ל״א:ט״ו) קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע נְהִי בְּכִי תַמְרוּרִים רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנֶיהָ וְגוֹ'. תָּא חֲזֵי, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ בְּכַמָּה אַתְרֵי. וְהַאי קְרָא קַשְׁיָא, רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנְיהָ, בְּנָהָא דְּרָחֵל יוֹסֵף וּבִנְיָמִין הֲווֹ וְלָא יַתִּיר, וְלֵאָה (כולהו) שִׁית שְׁבָטִין הֲווֹ דִּילָהּ, אֲמַאי בָּכַת רָחֵל וְלֹא לֵאָה.

אֶלָּא הָכִי אָמְרוּ כְּתִיב, (בראשית כ״ט:י״ז) וְעֵינֵי לֵאָה רַכּוֹת. אֲמַאי רַכּוֹת. בְּגִין דְּכָל יוֹמָא נַפְקַת לְפָרָשַׁת אֹרְחִין, וְשָׁאָלַת עַל עֵשָׂו, וַהֲווּ אַמְרִין לָהּ עוֹבָדוֹי דְּהַהוּא רָשָׁע, וְדָחִילַת לְמִנְפַּל בְּגוֹ עַדְבֵיהּ, וַהֲוַת בָּכַת כָּל יוֹמָא, עַד דְּאִתְרְכָּכוּ עֵינָהָא.

וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר, אַנְתְּ בָּכַת בְּגִין הַהוּא צַדִּיקָא, דְּלָא תֶּהֱוֵי בְּעַדְבֵיהּ דְּהַהוּא רָשָׁע. חַיָּיִךְ, אַחֲתָךְ תָּקוּם בְּפָרָשַׁת אֹרְחִין, וְתִבְכֵּי עַל גָּלְוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל, וְאַתְּ תָּקוּם לְגוֹ וְלָא תִּבְכֵּי עָלַיְיהוּ וְרָחֵל אִיהִי בָּכַת עַל גָּלְוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל.

אֲבָל הַאי קְרָא, אִיהוּ עַל מַה דְּאַמָרָן. אֲבָל רָזָא דְּמִלָּה, דְּרָחֵל וְלֵאָה תְּרֵי עָלְמִין נִינְהוּ. חַד עָלְמָא דְּאְתְכַּסְיָא, וְחַד עָלְמָא דְּאִתְגַּלְיָא. וְעַל דָּא, דָּא אִתְקַבְּרַת וְאִתְחֲפִיאַת לְגוֹ בִּמְעַרְתָּא וְאִתְכְּסִיאַת. וְדָא קַיְּימָא בְּפָרָשַׁת אָרְחִין בְּאִתְגַּלְיָא. וְכֹלָּא כְּגַוְונָא עִלָּאָה. וּבְגִין כַּךְ לָא אָעִיל לָהּ יַעֲקֹב בִּמְעַרְתָּא, וְלָא בַּאֲתָר אַחֲרָא, דְּהָא כְּתִיב (בראשית מ״ח:ז׳) בְּעוֹד כִּבְרַת אֶרֶץ לָבוֹא אֶפְרָתָה, וְלָא אָעִיל לָהּ לְמָתָא. בְּגִין דְּהֲוָה יָדַע דְּאַתְרָהּ הֲוָה בְּאַתְרָא דְּאִתְגַּלְיָא.

תָּא חֲזֵי, כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל הָכִי אִקְרֵי, רָחֵל. כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (ישעיה נ''ב) וּכְרָחֵל לִפְנִי גּוֹזְזֶיהָ נְאֱלָמָה. אֲמַאי נְאֱלָמָה. דְּכַד שַׁלְטִין שְׁאַר עַמִּין, קָלָא אִתְפְּסָק מִינָהּ, וְהִיא אִתְאַלְּמַת.

וְדָא הוּא דִּכְתִּיב, קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע נְהִי בְּכִי תַמְרוּרִים. קוֹל בְּרָמָה נִשְׁמָע דָּא יְרוּשָׁלַיִם לְעֵילָּא. רָחֵל מְבַכָּה עַל בָּנֶיהָ, כָּל זִמְנָא דְּיִשְׂרָאֵל אִינּוּן בְּגָלוּתָא, אִיהִי מְבַכָּה עָלַיְיהוּ דְּאִיהִי אִימָּא דִּלְהוֹן. מֵאֲנָה לְהִנָּחֵם עַל בָּנֶיהָ. מַאי טַעְמָא. כִּי אֵינְנּוּ. כִּי אֵינָם מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא, בְּגִין דְּבַעְלָהּ דְּאִיהוּ קוֹל, אִסְתַּלָּק מִינָהּ, וְלָא אִתְחֲבָּר בַּהֲדָהּ.

וְתָא חֲזֵי, לָאו שַׁעֲתָא חֲדָא, אִיהִי דְּבָכַת עָלַיְיהוּ דְּיִשְׂרָאֵל, אֶלָּא בְּכָל זִמְנָא וְזִמְנָא דְּאִינּוּן בְּגָלוּתָא. וּבְגִינֵי כַּךְ, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גָּרַם לוֹן קָלָא לְמִצְרָאֵי, דִּכְתִּיב, (שמות י״א:ו׳) וְהָיְתָה צְעָקָה גְּדוֹלָה בְּכָל אֶרֶץ מִצְרָיִם אֲשֶׁר כָּמוֹהוּ לֹא נִהְיָתָה וְגוֹ'. וְזָמִין לוֹן קָלִין אַחֲרָנִין, בְּאִינּוּן עוּרְדְּעָנִין, דְּרָמָאן קָלִין בְּמֵעַיְיהוּ, וַהֲווּ נַפְלֵי בַּשְּׁוָקֵי כַּמֵּתִים.

וַתַּעַל הַצְּפַרְדֵּעַ, חֲדָא הֲוָת, וְאוֹלִידַת, וְאִתְמַלְיָית אַרְעָא מִינַיְיהוּ. וַהֲווּ כֻּלְּהוּ מַסְרִין גַּרְמַיְיהוּ לְאֶשָּׁא, דִּכְתִּיב וּבְתַנּוּרֶיךָ וּבְמִשְׁאֲרוֹתֶיךָ, וּמַאי הֲווֹ אָמְרוּ. (תהילים ס״ו:י״ב) בָּאנוּ בָּאֵשׁ וּבַמַּיִם וַתּוֹצִיאֵנוּ לָרְוָיָה. וְאִי תֵּימָא אִי הֲכִי מַאי אִיכְפָּת לְהוּ לְמִצְרָאֵי דְעֲאלִין לְאֶשָׁא כָּל אִינוּן עוֹרְדֵעַנִין אֶלָּא כֻּלְהוּ עֲאלִין לְאֶשָׁא וְאֲזְלִין בְּתַּנוּרָא וְלָא מֵתִין. וְאִינוּן דְמֵתִּין מַאי קַא עַבְדֵי. נַהֲמָא הַוָה בְּתַּנוּרָא וְעֲאלִין בְּגוֹ נַהֲמָא וּמִתְבַּקְעִין וְנַפְקֵי מִנַיְיהוּ אַחֲרָנִין וְאִשְׁתַאֲרִין בְּנַהָמָּא. אָתוּ לְמֵיכַל מִּינֵה הַהוּא פִּתָא אִתְהַדְרוּ עוֹרְדֵעַנָיָיא בֵּמֶעֲיְיהוּ וְקַרְדָן וְרַמָּאן קַלִין עַד דְהַווּ מֵתִים. וְדָא קָשְׁיָיא לוֹן מִכֹּלָא. תָּא חָזֵי כְּתִיב וְשָׁרָץ הַיְאוֹר צְפַרְדֶעִים וְעָלוּ וּבָאוּ בְּבֵיתֶךָ וּבַחֲדַר מִשְׁכָּבְךָ וְעַל מִטָּתְךָ. פַּרְעֹה אִיהוּ אַלְקֵי קַדְמָאַה מִּכֻּלְהוּ וְיָתִּיר מִּכֻּלְהוּ. לֵיהוֵי שְׁמֵיהּ דִי אֱלַהָא מְבֹרָךְ מִן עַלְמָא וְעַד עַלְמָא דְהָוָה פָּקִיד עוֹבַדִין דִבְנֵי נָשָׁא בְכָל מָה דְעֲבְדֵי. כְּתִיב (בראשית י״ב:ט״ו) וַיִּרְאוּ אוֹתָה שָׂרֵי פַּרְעֹה וַיְהַלְלוּ אוֹתָהּ אֶל פַּרְעֹה וַתֻקַח הָאִשָּׁה בֵּית פַּרְעֹה. הָאי קְרָא לִדְרָשָׁא הוּא דְאַתָּא. תְלָת פַּרְעֹה

כְּתִיב (בראשית י״ב:ט״ו) וַיִּרְאוּ אוֹתָהּ שָׂרֵי פַרְעֹה וַיְהַלְלוּ אוֹתָהּ אֶל פַּרְעֹה וַתֻּקַּח הָאִשָּׁה בֵּית פַּרְעֹה. הַאי קְרָא לִדְּרָשָׁא הוּא דְּאָתָא. תְּלַת פַרְעֹה
(Ⅰ)
[30a]  
[...] dans ce verset, pour nous indiquer qu’un Pharaon avait été frappé à l`époque de Sara, un autre à l’époque de Joseph et un troisième à l’époque de Moïse, où celui-ci le frappa à l’aide de sa verge. Lorsque Sara fut menée devant le premier Pharaon, celui-ci donna l’ordre à des artistes de peindre l’image de Sara dans sa chambre, sur le mur, au-dessus de son lit. Mais n’ayant pas été satisfait de cette peinture, il fit peindre de nouveau l’image de Sara sur une planche ; et chaque fois qu’il allait au lit, il prenait ce tableau avec lui. Tous les rois qui lui succédèrent se délectaient à la vue de cette image et en éprouvaient des plaisirs, lorsqu’ils allaient au lit. C’est pour cette raison que le roi des Égyptiens a été frappé plus durement que les autres, puisque, pour le Pharaon, l’Écriture dit : “ ... Qui entreront dans ta maison, qui monteront dans la chambre où tu couches et sur ton lit ”, alors qu’elle ajoute : “ ... Et qui entreront dans les maisons de tes serviteurs et dans celles de tout ton peuple. ” Donc les grenouilles ne montèrent que sur le lit du Pharaon seul, mais non pas sur ceux des autres Égyptiens.
Rabbi Abba commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ecclés., I, 7) : “ Tous les fleuves entrent dans la mer, et la mer n’en regorge point. Les fleuves retournent au même lieu d’où ils étaient sortis. ” Ce verset a été déjà interprété par les collègues (32). Mais remarquez que, lorsque tous les fleuves se jettent dans la mer, celle-ci les absorbe et les gèle ; c’est la glace du Nord qui absorbe toutes les eaux. Ce n’est que par la force de la chaleur du Sud que les eaux dégèlent et servent pour abreuver les Hayoth des champs, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 11) : “ Tous les Hayoth des champs s’abreuvent, etc. ” Remarquez en outre que c’est par la force du Nord que les eaux gèlent et par celle du Midi qu’elles dégèlent. Voilà pourquoi la mer ne regorge jamais d’eau. C’est grâce à ces deux courants du Nord et du Midi que la mer reste dans son état normal et que les navires peuvent la parcourir (33).
Remarquez que, lorsque le Roi arrive près de son lit à l’heure de minuit, le vent du Nord se lève et excite son amour pour la Matrona ; car, sans ce vent, le Roi ne s’unirait jamais avec la Matrona ; le vent du Nord excite l’amour, ainsi qu’il est écrit (Cant., II, 7) : “ Sa main gauche est sous ma tête. ” Par contre, le vent du Sud provoque l’embrassement, ainsi qu’il est écrit (ibid.) : “ Et sa main droite m’embrasse. ” Lorsque l’Union céleste a lieu, toutes les légions célestes entonnent des chants jusqu’à l’aube du jour, ainsi qu’il est écrit (Cant., II, 7) : “ ... Lorsque les astres du matin me louaient tous ensemble, et que tous les enfants de Dieu étaient transportés de joie. ”
Et lorsque le jour se lève, tous les êtres d’en haut et ceux d’en bas chantent des cantiques. Israël en fait de même ici-bas, ainsi qu’il est écrit (Is., LXII, 7) : “ Vous qui vous souvenez du Seigneur, ne vous taisez point. ” Ceux qui ont le désir de se souvenir constamment du Saint, béni soit-il, ne dorment point à partir de minuit, mais consacrent ce temps à contempler les œuvres du Saint, béni soit-il. A l’aube du jour, ils courent à la maison de prière pour y louer le Saint, béni soit-il. Ils en font de même à l’heure des vêpres et le soir. C’est d’eux que l’Écriture (ibid.) dit : “ Vous qui vous souvenez du Seigneur, ne vous taisez point. ” C’est le saint peuple d’Israël. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, se souvint de son saint peuple qui ne se tait dans ses louanges ni jour, ni nuit, et accabla le Pharaon d’un fléau qui ne se taisait pas non plus ni jour, ni nuit ; car les grenouilles ne cessaient de coasser, de manière qu’il était impossible à deux hommes de s’entendre en Égypte, tant les grenouilles faisaient de bruit ; elles ont corrompu la terre ; et leur bruit faisait mourir les jeunes gens et les enfants. Mais, objectera-t-on, pourquoi ne les a-t-on pas tuées ? —Lorsqu’un homme les frappait d’une verge ou d’une pierre pour les tuer, elles se fendaient et six autres en sortaient. Aussi les Égyptiens s’abstinrent-ils d’en tuer.
Remarquez (34) que, de la mer d’en haut, sortent de nombreux fleuves et de nombreux ruisseaux ; lorsque la mer sort d’en haut, elle se divise, en arrivant ici-bas [...]
- הָכָא. חַד, בְּהַהוּא זִמְנָא. וְחַד, בְּיוֹמוֹי דְּיוֹסֵף. וְחַד, בְּיוֹמוֹי דְּמֹשֶׁה דְּאַלְקֵי בְּקוֹלְפוֹי. (ס''א האי קרא כלא אתקיים בפרעה קדמאה אבל בשעתא וכו' והאי קרא אתקיים)

פַּרְעֹה קַדְמָאָה, בְּשַׁעֲתָה דְּאִתְנְסִיבַת שָׂרָה לְגַבֵּיהּ, רָמַז לְאוּמָנִין, וְצִיְּירוּ הַהוּא דִּיּוּקְנָא בְּאִדָּרֵיהּ, עַל עַרְסֵיהּ בְּכוֹתָלָא, לָא נָח דַּעְתֵּיהּ, עַד דְּעָבְדוּ דִּיּוּקְנָא דְּשָׂרָה בִּנְסִירוּ, וְכַד סָלִיק לְעַרְסֵיהּ, סָלִיק לָהּ עִמֵּיהּ. כָּל מַלְכָּא דְּאָתָא אֲבַתְרֵיהּ, הֲוָה חָמֵי הַהוּא דִּיּוּקְנָא מְצַיְּירָא צִיּוּרָא, וַהֲווּ עָאלִין קָמֵיהּ בְּדִיחִין, כַּד סָלִיק לְעַרְסֵיהּ הֲוָה אִתְהֲנֵי בְּהַהוּא צִיּוּר. בְּגִין כַּךְ, מַלְכָּא אַלְקֵי הָכָא יַתִּיר מִכֹּלָּא. (תא חזי) הַיְינוּ דִּכְתִּיב, וּבַחֲדַר מִשְׁכָּבְךָ וְעַל מִטָּתֶךָ. וּלְבָתַר, וּבְבֵית עֲבָדֶיךָ וּבְעַמֶּךָ. וּבְכֻלְּהוּ לָא כְּתִיב עַל מִטָּתָם, אֶלָּא לֵיהּ בִּלְחוֹדֵיהּ.

ר' אַבָּא פָּתַח, (קהלת א') כָּל הַנְּחָלִים הוֹלְכִים אֶל הַיָּם וְהַיָּם אֵינֶנּוּ מָלֵא אֶל מָקוֹם שֶׁהַנְּחָלִים הוֹלְכִים שָׁם הֵם שָׁבִים לָלָכֶת. הַאי קְרָא אִתְּמַר, וְאַמְרֵי לֵיהּ חַבְרַיָּיא. אֲבָל תָּא חֲזֵי, כַּד אִינּוּן נָחֲלִין עָאלִין לְגוֹ יַמָּא, וְיַמָּא נָקִיט לוֹן, וְשָׁאִיב לוֹן בְּגַוֵּיהּ, בְּגִין דְּקָפָאן מַיָּא בְּגוֹ יַמָּא, וְהַהוּא גְלִידִי שָׁאִיב כָּל מַיָּא דְּעָאלִין בֵּיהּ, וּלְבָתַר נָפְקִין מַיָּא בְּתּוּקְפָא דְּדָרוֹם, וְאַשְׁקֵי יַת כָּל חֵיוַת בָּרָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהלים ק''ד) יַשְׁקוּ כָּל חַיְתוֹ שָׂדָי. (זהו הנזכר הכא) וְתָא חֲזֵי, יַמָּא דְּקָפָא שָׁאִיב כָּל מַיָּא, וְאִשְׁתְּרֵי בְּתּוּקְפָא דְּדָרוֹם, כְּמָה דְּאִתְּמַר, וּבְגִין כַּךְ אֵינֶנּוּ מָלֵא, וְאִתְּמַר.

וְהָא אִתְּעָרוּ בֵּיהּ חַבְרַיָּיא. אֶל מָקוֹם שֶׁהַנְּחָלִים הוֹלְכִים שָׁם הֵם שָׁבִים לָלָכֶת. מַאי טַעֲמָא הֵם שָׁבִים. בְּגִין דְּהַהוּא נָהָר דְּנָגִיד וְנָפִיק מֵעֵדֶן לָא פָּסִיק לְעָלְמִין, וְהוּא אַפִּיק תָּדִיר מַיָּא לְיַמָּא, וְעַל דָּא, מַיִין שָׁבִין לָלֶכֶת, וְתָבִין, וְאַזְלִין וְתָבִין, וְלָא פָּסְקִין לְעָלְמִין. וְכַד אִיהוּ תָּב לָלֶכֶת, בְּגִין לְמֵהַךְ לְאַשְׁקָאָה לְכֹלָּא, וְאָתֵי רוּחַ (וארא כ''ד ע''א) צָפוֹן וְקָפֵי מַיָּא, וְרוּחָא דְּדָרוֹם דְּאִיהוּ חֲמִימָא, (ס''א שרי) שָׁדֵּי לוֹן לְמֵהַךְ לְכָל סְטָר. וְעַל דָּא, הַאי יַמָּא יָתִיב בֵּין תְּרֵי סִטְרֵי אִלֵּין, וּבְגִינַיְיהוּ קַיְּימָא, וְאַרְבִין אַזְלִין וְנַטְלִין לְכָל סְטָר.

תָּא חֲזֵי, כַּד מַלְכָּא, אָתֵי לְעַרְסֵיהּ, בְּשַׁעֲתָא דְּאִתְפְּלִיג לֵילְיָא, רוּחָא דְּצָפוֹן אִתְּעַר, דְּאִיהוּ אִתְּעַר חֲבִיבוּתָא לְגַבֵּי מַטְרוֹנִיתָא, דְּאִלְמָלֵא אִתְעָרוּתָא דְּצָפוֹן, לָא אִתְחֲבָּר מַלְכָּא בַּהֲדָהּ, בְּגִין דְּצָפוֹן שָׁארֵי חֲבִיבוּתָא, כְּמָה דְּאִתְּמַר, (שיר השירים ב׳:ו׳) שְׂמֹאלוֹ תַּחַת לְרֹאשִׁי. וְדָרוֹם חָבִיק בִּרְחִימוּ דִּכְתִּיב וִימִינוֹ תְּחַבְּקֵנִי, כְּדֵין כַּמָּה בְּדִיחִין מִתְעָרִין שִׁירָתָא, עַד דְּאָתֵי צַפְרָא, דִּכְתִּיב, (איוב ל״ח:ז׳) בְּרָן יַחַד כּוֹכְבֵי בֹּקֶר וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלהִים.

וְכַד אָתֵי צַפְרָא, כֻּלְּהוּ עִלָּאֵי וְתַתָּאֵי אַמְרֵי שִׁירָתָא, וְיִשְׂרָאֵל כְּגַוְונָא דָּא לְתַתָּא, דִּכְתִּיב, (ישעיה ס''ב) הַמַּזְכִּירִים אֶת יְיָ' אַל דֳּמִי לָכֶם. אַל דֳּמִי לָכֶם לְתַתָּא דַּיְיקָא. (בלילה)

כַּד אִתְפְּלִיג לֵילְיָא, אִינּוּן דְּתִיאוּבְתָּא דִּילְהוֹן לְאַדְכְּרָא תָּדִיר לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, לָא יָהֲבֵי שְׁכִיבוּ לְלִבָּא, וְקַיְימִין לְאַדְכְּרָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כַּד סָלִיק צַפְרָא מַקְדִּימִין לְבֵי כְּנִישְׁתָּא, וּמְשַׁבְּחָאן לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְכֵן בָּתַר פַּלְגּוּת יוֹמָא. וְכֵן בְּלֵילְיָא, כַּד אִתְחֲשָׁךְ וְאִתְדְּבַק לֵילְיָא בְּחָשׁוֹכָא, וּבַת שִׁמְשָׁא. עַל אִלֵּין כְּתִיב הַמַּזְכִּירִים אֶת יְיָ' אַל דֳּמִי לָכֶם. וְדָא עַמָּא קַדִּישָׁא דְּיִשְׂרָאֵל.

וְעַל דָּא, אַדְכַּר לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּמִצְרַיִם, וְסָלִיק עַל פַּרְעֹה, אִלֵּין דְּלָא מִשְׁתַּכְכֵי יְמָמָא וְלֵילְיָא, וּמַאן אִינּוּן. אוּרְדְּעַנְיָא, דְּקַלֵהוֹן לָא מִשְׁתְּכַךְ תָּדִיר, בְּגִין דְּאַתְקִיף בְּעַמָּא קַדִּישָׁא, דְּלָא מִשְׁתַּכְכֵי יְמָמָא וְלֵילֵי, לְשַׁבְּחָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְלָא הֲוָה בַּר נָשׁ בְּמִצְרַיִם, דְּיָכִיל לְמִשְׁתָּעֵי בַּהֲדֵי הֲדָדֵי. וּמִנַּיְיהוּ אִתְחַבְּלָת אַרְעָא. וּמִקַּלֵּהוֹן הֲווֹ יְנוֹקִין וְרַבְיָין מֵתִין.

וְאִי תֵּימָא הֵיךְ לָא יַכְלִין לְקָטְלָא לוֹן. אֶלָּא, אִי אֲרִים בַּר נָשׁ חוּטְרָא, אוֹ אֲבָנָא, לְקָטְלָא חֲדָא, אִתְבַקְעַת, וְנָפְקִין שִׁית מִינָהּ, מִגּוֹ מְעָהָא, וְאַזְלֵי וְטַרְטָשֵׁי בְּאַרְעָא, עַד דְּהַוִי, מִתְמַנָע לְמִקְרָב בְּהוּ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה נָהֲרִין, כַּמָּה יְאוֹרִין, נַפְקָא מִגּוֹ יַמָּא עִלָּאָה, כַּד אִתְמַשְּׁכָן וּמִשְׁתְּרָן מַיָּא, (ויחי רמ''ג) וּמִתְפַּלְגִין
(Ⅰ)
[30b]  
[...] , en plusieurs fleuves coulant dans diverses directions, en plusieurs ruisseaux et plusieurs marais. Les eaux départies aux Égyptiens avaient la qualité de produire des magiciens ; car toutes les eaux produisent des hommes qui correspondent aux degrés de leurs poissons. Les poissons sont des messagers en ce monde chargés par l’Esprit de la Sagesse de faire la volonté de leur Maître. C’est pourquoi une tradition nous apprend qu’il y a des eaux qui ont la qualité de rendre sages les hommes et d’autres de les rendre stupides : c’est selon la direction du fleuve. Le fleuve des Égyptiens produisait des maîtres de la magie habiles et expérimentés dans les dix degrés de la magie, ainsi qu’il est écrit (Deut., XVIII, 10) : “ Et qu’il ne se trouve personne parmi vous qui consulte les devins, qui consulte les songes et les augures, qui use de maléfices, etc. ”
Dans ce verset, l’Écriture emploie dix termes ayant trait à la magie, pour indiquer les dix degrés. Mais en ce moment le Saint, béni soit-il, étendit ses dix doigts et brouilla les dix degrés ensemble, ce qui bouleversa également les maîtres de la magie, en fit sombrer l’intelligence et les rendit incapables de se servir de leur art. Tel est le sens du fleuve que l’Écriture désigne sous le nom de “ àrob ” (35) (mélange) ; l’Écriture nous indique par ce fléau qu’en brouillant les dix degrés ensemble Dieu fit sombrer l’intelligence des magiciens d’Égypte. Car “ àrob ” désigne mélange, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XIX, 19) : “ Tu ne sèmeras point ton champ de semences différentes ; tu ne te vêtiras point d’une robe de tissus différents. ”
Tout ce que le Saint béni soit-il, fit contre les Égyptiens fut fait à l’aide d’une seule main qu’il leva au-dessus d’eux en haut et en bas ; c’est ce qui fit perdre la sagesse aux Égyptiens, ainsi qu’il est écrit (Is., XXIX, 14) : “ Car la sagesse des sages périra, et la prudence des gens intelligents sera obscurcie. ” Remarquez en outre que l’Écriture (Is., XIX, 2) dit : “ Je ferai que les Égyptiens s’élèveront contre les Égyptiens. ” Cela veut dire : les Égyptiens d’en haut contre les Égyptiens d’en bas ; car ce sont les chefs célestes qui régentent les peuples ici-bas ; or, en bouleversant les degrés d’en haut et en les brouillant, Dieu brouilla l’intelligence des magiciens ici-bas. Voilà pourquoi Dieu frappa l’Égypte du fléau d’ “ àrob ” qui consistait en un mélange de plusieurs animaux. Le fléau des moucherons indique également que les plaies ici-bas correspondaient au bouleversement que Dieu provoque dans les degrés d’en haut. Les moucherons naissent de la poussière de la terre ; mais, remarquez que tout ce qui naît de la terre tire sa force du chef céleste qui y est préposé ; car tout ici-bas ressemble à ce qui est en haut.
Remarquez enfin que le Saint, béni soit-il, a fait sept firmaments et a fait également sept terres en bas ; ce sont sept zones en haut et sept ici-bas. Les sept terres sont superposées comme les gradins d’une échelle. Les sept zones d’en haut se subdivisent chacune en dix régions différentes ; et c’est dans ces soixante-dix régions que résident les chefs célestes qui régentent les soixante-dix peuples d’ici-bas. La terre ici-bas est également divisée en soixante-dix zones correspondant aux soixante-dix peuples. Toutes ces zones entourent la terre sainte, ainsi qu’il est écrit (Cant., III, 7) : “ Voici le lit de Salomon environné de soixante hommes des plus vaillants d’entre les forts d’lsraël. ”
Or dix sont renfermés au centre des soixante autres, ce qui fait ensemble soixante-dix ; ce sont les soixante-dix zones qui entourent la terre sainte. Lorsque le Saint, béni soit-il, étendit son doigt, une gerbe de feu en sortit se dirigeant sur la zone départie aux Égyptiens où elle dessécha toutes les eaux qui rendaient la terre féconde. C’est pour cette raison que Dieu ordonna à Aaron de frapper la terre avec sa verge, afin de démontrer que c’était le Saint, béni soit-il, qui brisait l’ennemi de sa main droite, ainsi qu’il est écrit (Ex., XV, 6) : “ Votre droite, Seigneur, a frappé l’ennemi. ” Le châtiment dont furent frappés les Égyptiens sera également infligé un jour par le Saint, béni soit-il, à la grande ville de Rome, ainsi qu’il est écrit (Is., XXXIV, 9) : “ Les torrents d’Edom se changeront en poix ; la poussière s’y changera en soufre, etc. ” Voilà pourquoi toute la poussière du pays d’Égypte se changea en moucherons. Rabbi Yehouda et Rabbi Hiyâ se trouvaient une fois en voyage.
Rabbi Hiyâ dit : Quand les collègues voyagent ensemble, [...]
- כַּמָּה נְחָלִין, לְכַמָּה סִטְרִין, לְכַמָּה יְאוֹרִין, לְכַמָּה נָהֲרִין. וְחוּלָקָא דִּמְמָנָא דְּסִטְרָא דְּמִצְרַיִם אִינּוּן מַיִין (בראשית קכ''ט) מְרַחֲשָׁן אִלֵּין, דְּלֵית לָךְ מַיִין דְּנָפְקִין מִגּוֹ יַמָּא, דְּלָא מַפְקֵי נוּנִין לְזִינִין.

מַאן אִינּוּן נוּנִין. אִינּוּן שְׁלִיחָן בְּעָלְמָא, מְמָנָן לְמֶעְבַּד רְעוּתָא דְּמָארֵיהוֹן, מְמָנָן בְּרוּחָא דְּחָכְמְתָא. וְעַל דָּא תָּנֵינָן, אִית מַיִין מְגַדְּלִין חַכִּימִין. וְאִית מַיִין מְגַדְּלִין טִפְּשִׁין. לְפוּם אִינּוּן נָהֲרִין דְּמִתְחַלְּקִין לְכָל סִטְרִין.

וְהָכָא נַהֲרֵי דְּמִצְרָאֵי, מְגַדְּלִין מָארֵי דְּחָרָשִׁין, נוּנִין בְּסִיטִין, קְפִיטִין בְּעֶשֶׂר דַּרְגִּין דְּחָרָשִׁין, דִּכְתִּיב, (דברים י״ח:י׳-י״א) קוֹסֵם, קְסָמִים, מְעוֹנֵן, וּמְנַחֵשׁ, וּמְכַשֵּׁף, וְחוֹבֵר חָבֶר, וְשׁוֹאֵל אוֹב, וְיִדְּעוֹנִי, וְדוֹרֵשׁ אֶל הַמֵּתִים. הָא עֶשֶׂר זִינִין דְּחָכְמְתָא דְּחָרָשַׁיָּא.

וּבְהַהוּא זִמְנָא, אוֹשִׁיט קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אֶצְבְּעָא דִּידֵיהּ, וּבַלְבֵּל אִינּוּן נְחָלִין נַהֲרִין דְּמִצְרָאֵי, וְאִתְמְנָעוּ אִינּוּן נוּנֵי דְּחָכְמְתָא דִּילְהוֹן. חַד אִתְהַפַּךְ לְדָמָא, וְחַד דְּסָלִיקוּ נוּנֵי קָלִין, (דכולהו נונין תליין) בְּלֹא תּוֹעַלְתָּא, וְלָא אָתֵי עָלַיְיהוּ רוּחָא דְּאִינּוּן חָכְמְתָן.

עָרוֹב: כִּי הַאי גַּוְונָא, דְּעִרְבֵּב לוֹן זִינֵי דְּחָכְמְתָא דִּילְהוֹן, וְלָא יַכְלִין לְאִתְדַּבְּקָא, וְלא עוֹד, אֶלָּא אֲפִילּוּ דְּהָנֵי דְּאִשְׁתְּכָחוּ בְּאַרְעָא, מְחַבְּלָן לוֹן בְּאַרְעָא, וּמְחַבְּלָן אוֹרְחַיְיהוּ. עָרוֹב, מַאי עָרוֹב. עִרְבּוּבְיָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ויקרא י״ט:י״ט) וּבֶגֶד כִּלְאַיִם. עִרוּבִין: (ויקרא י״ט:י״ט) שָׂדְךָ לֹא תִּזְרַע כִּלְאָיִם: זִינִין סַגִּיאִין בְּאָרָמוּת יְדָא.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה חֵילִין אִתְעָרוּ לְעֵילָּא כְּחַד, וּבַלְבֵּל לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כַּחֲדָא, בְּגִין לְבַלְבְּלָא חֵיילַיְיהוּ תַּקִּיפָא לְעֵילָּא. וְכָל אִינּוּן גְּבוּרָן דְּעָבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּמִצְרַיִם, בִּידָא חֲדָא הֲוָה, דְּאָרִים יְדֵיהּ עָלַיְיהוּ, לְעֵילָּא וְתַתָּא, וּמִתַּמָּן אִתְאֲבִידַת חָכְמְתָא דְּמִצְרַיִם, דִּכְתִּיב, (ישעיהו כ״ט:י״ד) וְאָבְדָה חָכְמַת חֲכָמָיו וּבִינַת נְבוֹנָיו תִּסְתַּתָּר.

וְתָא חֲזֵי, כְּתִיב, (ישעיהו י״ט:ב׳) וְסִכְסַכְתִּי מִצְרַיִם בְּמִצְרַיִם. מִצְרַיִם לְעֵילָּא, בְּמִצְרַיִם לְתַתָּא. בְּגִין דְּאִינּוּן חֵילִין לְעֵילָּא, מְמָנָן עַל חֵילִין דִּלְתַתָּא, וְאִתְעָרְבוּ כֻּלְּהוּ. אִתְעָרְבוּ לְעֵילָּא, דְּלָא הֲווֹ מִצְרָאֵי יַכְלֵי לְאִתְקַשְּׁרָא בְּחָרָשַׁיְיהוּ, בְּאִינּוּן דּוּכְתֵּי דַּהֲווֹ מִתְקַשְּׁרֵי בְּקַדְמִיתָא, דְּהָא אִתְבַּלְבָּלוּ. וְעַל דָּא אַיְיתֵי עָלַיְיהוּ עָרוֹב, חִיוָון דַּהֲווֹ מִתְעָרְבֵי דָּא בְּדָא.

כִּנִּים, דְּסַלְּקָא עַפְרָא דְּאַרְעָא. וְתָא חֲזֵי, כָּל אִיבָא דְּאִתְיְלִידַת בְּאַרְעָא, מֵחֵילָא דִּלְעֵילָּא מְמָנָא דְּאִזְדְּרַע עָלָה אִיהוּ, וְכֹלָּא הֲוָה כְּגַוְונָא דִּלְעֵילָּא.

וְתָא חֲזֵי, שִׁבְעָה רְקִיעִין עָבֵד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּגַוְונָא דָּא שִׁבְעָה אַרְעָאן. וְאִינּוּן תְּחוּמִין דְּמִתְפָּרְשָׁן בְּדוּכְתַּיְיהוּ. ז' רְקִיעִין לְעֵילָּא, שִׁבְעָה תְּחוּמֵי אַרְעָא לְעֵילָּא, כְּהַאי גַּוְונָא לְתַתָּא מִתְפָּרְשָׁן דַּרְגִּין, ז' רְקִיעִין, וְז' תְּחוּמֵי אַרְעָא. וְהָא אוּקְמוּהוּ חַבְרַיָּיא, בְּז' אַרְעִין כְּסוּפְטָא דָּא עַל דָּא.

וְאִינּוּן ז' תְּחוּמֵי אַרְעָא לְעֵילָּא, כָּל חַד וְחַד (מתפרשאן לשבעין ממנן) מִתְפָּרְשָׁן לְעֶשֶׂר, וְאִינּוּן מִתְפָּלְּגָאן לְע' מְמָנָן, דִּמְמָנָן עַל שִׁבְעִין עַמִּין. (בלק ר''ט ע''ב) וְהַהוּא אַרְעָא, תְּחוּמָא דְּכָל עַמָּא וְעַמָּא, סַחֲרָא לְאַרְעָא קַדִּישָׁא דְּיִשְׂרָאֵל. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (שיר השירים ג') הִנִּה מִטָּתוֹ שֶׁלִּשְׁלֹמֹה שִׁשִּׁים גִּבּוֹרִים סָבִיב לָהּ מִגִּבּוֹרֵי יִשְׂרָאֵל וַעֲשָׂרָה בְּגַוַויְיהוּ טְמִירִין, וְאִינּוּן ע' דְּסַחֲרָן אַרְעָא קַדִּישָׁא. וְדָא הוּא לְעֵילָּא, כְּגַוְונָא דָּא לְתַתָּא.

וְתָּא חֲזֵי, הַהוּא אַרְעָא, תְּחוּמָא דְּחוּלָקָא דְּמִצְרָאֵי, בְּהַהוּא זִמְנָא, אוֹשִׁיט קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אֶצְבְּעָא דִּילֵיהּ, וְאִתְיְלִידוּ טַפְסִירִין בְּהַהוּא תְּחוּמָא, וְאִתְיְבָשׁוּ כָּל אִינּוּן תְּחוּמִין דְּרַכִּיכוּ מַיָּא. וְכָל יְרוֹקָא דְּמַיִין דְּנַבְעִין, כְּדֵין לְתַתָּא, אִתְחֲזִיאוּ קִלְמִין מֵעַפְרָא דְּאַרְעָא.

וְהָא אִתְּמַר דְּאַהֲרֹן הֲוָה מָחֵי. אֲבָל בְּגִין דָּא אַהֲרֹן הֲוָה מָחֵי, לְאַחֲזָאָה דִּימִינָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תָּבַר לְשַׂנְאִין, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ט״ו:ו׳) יְמִינְךָ יְיָ' תִּרְעַץ אוֹיֵב. כְּגַוְונָא דָּא, זָמִין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַיְיתָאָה עַל קַרְתָּא דְּרוֹמִי רַבְּתָא, דִּכְתִּיב, (ישעיהו ל״ד:ט׳) וְנֶהֶפְכוּ נְחָלֶיהָ לְזֶפֶת וַעֲפָרָהּ לְגָפְרִית. וְעַל דָּא, כָּל עֲפַר הָאָרֶץ הָיָה כִנִּים בְּכָל אֶרֶץ מִצְרָיִם.

רִבִּי יְהוּדָה וְרִבִּי חִיָּיא, הֲווֹ אַזְלֵי בְּאוֹרְחָא. אָמַר רִבִּי חִיָּיא, חַבְרַיָּיא כַּד אִינּוּן בְּאוֹרְחָא,
(Ⅰ)
[31a]  
[...] il leur convient de vivre en concorde. Aussi, lorsqu’un coupable (ou un homme qui ne fait pas partie du palais du Roi) vient se joindre à eux, ils doivent s’en séparer. Nous l’inférons de Caleb, dont l’Écriture (Nomb., XIV, 24) dit : “ Et Caleb, mon serviteur, était plein d’un autre esprit ; et il m’a suivi. ” Par les mots : “ ... Plein d’un autre esprit ”, l’Écriture nous indique qu’il s’est séparé des autres messagers qui médisaient de la terre promise, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XIII, 22) : “ Ils remontèrent vers le midi, et il arriva à Hébron. ” L’Écriture commence par parler de plusieurs : “ ... Ils remontèrent ” Et elle finit par parler de Caleb seul : “ ... Et il arriva ”, parce que Caleb s’était séparé de ceux qui médisaient de la terre promise et se rendit seul à Hébron ; pour s’y prosterner sur la tombe des patriarches. Aussi reçut-il la ville d’Hébron en héritage, ainsi qu’il est écrit (Deut., I, 36) : “ Et je lui donnerai, à lui et à ses enfants, la terre où il a marché. ” Pourquoi lui donna-t-on Hébron ? Est-ce parce qu’il s’était prosterné sur la tombe des patriarches qu’il implorait de le préserver du mauvais conseil que lui recommandaient les calomniateurs de la terre promise ? Non. Mais voici ce que nous avons entendu à ce sujet : Il est écrit (II Rois, II, 1) : “ Après cela David consulta le Seigneur et lui dit : Irai-je dans quelqu’une des villes de Juda ? Le Seigneur lui dit : Va. David lui demanda : Où irai-je ? LeSeigneur lui répondit : Va à Hébron. ” Ce verset mérite qu’on s’y arrête un instant. Puisque David avait été oint déjà durant la vie de Saül, et devenu ainsi apte à la royauté, pourquoi David ne fut-il pas couronné tout de suite après la mort de Saül, et ne devint-il pas roi de tout Israël sur le champ, au lieu de régner sur Juda seulement pendant sept ans et de s’arrêter à Hébron durant sept ans ? Mais tout cela cache un dessein du Saint, béni soit-il.
Remarquez que la sainte royauté ne devint parfaite qu’après qu’elle fut unie aux patriarches (36) ; ce n’est qu’après que David se fut uni aux patriarches que l’édifice céleste fut achevé. Or le monde d’en haut est désigné sous le nom de “ sept ans (37) ” On trouve une allusion à ce mystère dans les paroles suivantes de l’Écriture (III Rois, VI, 38) : “ Salomon bâtit sept ans. ” Cela veut dire : il bâtit l’édifice du monde céleste appelé “ sept ans ”, puisque l’Écriture ne dit pas : “ ... Le bâtit pendant sept ans. ” De même, l’Écriture (Ex., XXXI, 17) dit : “ ... Car le Seigneur a fait six jours le ciel et la terre. ” On ne dit pas “ en six jours ”, mais “ six jours ”, ce qui désigne Abraham appelé “ six jours ” (38). Le sens des paroles de l’Écriture est donc celui-ci : C’est par les “ six jours ” que le Seigneur créa le ciel et la terre, ce qui veut dire à cause d’Abraham, ainsi qu’il est écrit (Gen., II, 4) : “ Voici l’origine du ciel et de la terre lorsqu’ils furent créés (39). ” ll en est de même pour ce qui concerne l’expression : “ Il bâtit sept ans. ”
David voulait que l’édifice ici-bas fût aussi parfait que celui d’en haut. Voilà pourquoi il ne bâtit pas le sanctuaire avant de s’être attaché aux patriarches pendant sept ans. Ce n’est qu’au bout de sept ans qu’il fortifia sa royauté au point qu’elle dure éternellement. S’il n’avait sejourné à Hébron pendant sept ans, sa royauté n’aurait pas été parfaite. De même, Caleb avait été inspiré par la Sagesse d’aller à Hébron et de s’attacher aux patriarches. Aussi cette ville lui échut-elle en partage. Rabbi Yessa et Rabbi Hizqiya se rendaient une fois de Cappadoce à Lyda. Un juif conduisant un âne chargé de marchandises se joignit à eux. En marchant, Rabbi Yessa dit à Rabbi Hizqiya : Fais-moi entendre un de ces discours touchant la doctrine que tu avais coutume de tenir en face de la Lampe sainte.
Rabbi Hizqiya commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Prov., III, 17) : “ Ses voies sont belles, et tous ses sentiers sont pleins de paix. ” Les mots : “ Ses voies sont belles, désignent les voies de la Loi ; car le Saint, béni soit-il, attache la Schekhina de manière définitive a tous ceux qui marchent dans la voie de la Loi ; la Schekhina ne se sépare jamais de ceux-ci. Les mots : “ Et tous ses sentiers sont pleins de paix ” désignent les sentiers de la Loi qui sont tous parfaits, parfaits en haut et parfaits en bas, parfaits dans ce monde et parfaits dans le monde futur (40) : Le juif dit à Rabbi Hizqiya : Ce verset cache un mystère (41). Rabbi Hizqiya lui demanda : D’où }e sais-tu ? Le juif répondit : J’ai entendu de mon père une excellente interprétation de ce verset. Il commença à parler ainsi : Ce verset est susceptible de deux interprétations. L’Ecriture emploie une expression double ; tantôt elle parle de “ vous ”, et tantôt de “ sentiers ” ; tantôt elle emploie le mot “ belles ”, et tantôt celui de “ pleins de paix ” Pourquoi ? Les mots : “ Ses voies sont belles ” ont la même signification que les mots suivants (Is., XLIII, 15) : “ ... Qui a ouvert une voie au milieu de la mer. ” Car tout ce que nous trouvons dans la Loi est semblable à une voie accessible à tout le monde. Par l’expression “ ses voies ”, l’Écriture désigne les voies que les patriarches ont ouvertes au milieu [...]
- בַּעְיָין לְמֵהַךְ בְּלִבָּא חַד. וְאִי אִיעֲרָעוּ, אוֹ אַזְלֵי בְּגַוַויְיהוּ חַיָּיבֵי עָלְמָא, אוֹ בְּנֵי נָשָׁא דְּלָאו אִינּוּן מֵהֵיכָלָא דְּמַלְכָּא, בָּעוּ לְאִתְפָּרְשָׁא מִנַּיְיהוּ. מְנָא לָן. מִכָּלֵב, דִּכְתִּיב, (במדבר י״ד:כ״ד) וְעַבְדִּי כָלֵב עֵקֶב הָיְתָה רוּחַ אַחֶרֶת עִמּוֹ וַיְמַלֵּא אַחֲרָי. מַאי רוּחַ אַחֶרֶת. דְּאִתְפְּרַשׁ מֵאִינוּן מְאַלְּלִין, דִּכְתִּיב, (במדבר י״ד:כ״ד) וַיַּעֲלוּ בַנֶּגֶב וַיָּבֹא עַד חֶבְרוֹן. דְּאִתְפְּרַשׁ מֵאִינוּן מְאַלְּלִין וְאָתָא אִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי לְחֶבְרוֹן, לְאִשְׁתַּטְּחָא עַל קִבְרֵי אֲבָהָן.

וְחֶבְרוֹן, אִתְיְהִיב לֵיהּ חוּלָק אַחֲסָנָא לְאִתַּתְקְפָא בֵּיהּ, כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (דברים א׳:ל״ו) וְלוֹ אֶתֵּן אֶת הָאָרֶץ אֲשֶׁר דָּרַךְ בָּהּ. אֲמַאי יָהִיבוּ לֵיהּ חֶבְרוֹן. אִי בְּגִין דְּאִשְׁתָּטַּח בְּקִבְרֵי אֲבָהָן לְאִשְׁתְּזָבָא מֵהַהוּא עֵיטָא דִּילְהוֹן דְּאִשְׁתְּזִיב. לָא. אֶלָּא, רָזָא דְּמִלָּה שְׁמַעְנָא. כְּגַוְונָא דָּא כְּתִיב, (שמואל ב ב׳:א׳) וַיִּשְׁאַל דָּוִד בַּיְיָ' לֵאמֹר הַאֶעֱלֶה בְּאַחַת עָרֵי יְהוּדָה וַיֹּאמֶר יְיָ' אֵלָיו עֲלֵה וַיֹּאמֶר דָּוִד אָנָּה אֶעֱלֶה וַיֹּאמֶר חֶבְרוֹנָה. הָכָא אִית לְאִסְתַּכְּלָא, כֵּיוָן דְּהָא מִית שָׁאוּל, וְדָוִד בְּיוֹמֵי דְּשָׁאוּל אִתְמְשַׁח לְקַבְּלָא מַלְכוּ. כֵּיוָן דְּמִית שָׁאוּל אֲמַאי לָא אַמְלִיכוּ לֵיהּ לְדָוִד, וְלָא קַבִּיל מַלְכוּ עַל כָּל יִשְׂרָאֵל, וְאָתָא לְחֶבְרוֹן, ומַלְכוּ קַבִּיל עַל יְהוּדָה בִּלְחוֹדוֹי שֶׁבַע שָׁנִים, וְאִתְעַכָּב תַּמָּן כָּל הָנֵי שֶׁבַע שָׁנִים. וּלְבָתַר דְּמִית אִישׁ בּוֹשֶת, קַבִּיל מָלְכוּ עַל כָּל יִשְׂרָאֵל בִּירוּשָׁלַיִם.

אֶלָּא, כֹּלָּא הוּא רָזָא קָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. תָּא חֲזֵי, מַלְכוּתָא קַדִּישָׁא לָא קַבִּיל מַלְכוּ שְׁלֵימָתָא, עַד דְּאִתְחֲבָּר (בראשית ע''ט ע''ב) בַּאֲבָהָן. וְכַד אִתְחֲבָּר בְּהוּ, אִתְבְּנִי בְּבִנְיָינָא שְׁלִימוּ, מֵעָלְמָא עִלָּאָה, וְעָלְמָא (בראשית רמ''ז ע''א) עִלָּאָה אִקְרֵי שֶׁבַע שָׁנִים, בְּגִין דְּכֻלְּהוּ בֵּיהּ.

וְסִימָנִיךָ (מלכים א ו׳:ל״ח) וַיִּבְנֵהוּ שֶׁבַע שָׁנִים, דָּא עָלְמָא עִלָּאָה. וְלָא כְּתִיב וַיִּבְנֵהוּ בְּשֶׁבַע שָׁנִים. כְּמָה דְּאַתְּ אָמֵר, (שמות ל״א:י״ז) כִּי שֵׁשֶׁת יָמִים עָשָׂה ה' אֶת הַשָּׁמַיִם וְאֶת הָאָרֶץ. מַאן שֵׁשֶׁת יָמִים, דָּא אַבְרָהָם. דִּכְתִּיב, (בראשית ב׳:ד׳) אֵלֶּה תוֹלְדוֹת הַשָּׁמַיִם וְהָאָרֶץ בְּהִבָּרְאָם, בְּאַבְרָהָם. וְאַבְרָהָם שֵׁשֶׁת יָמִים אִקְרֵי. וּבְגִין (נ''א וביה) דְּאִיהוּ שֵׁשֶׁת יָמִים, אִתְבְּנֵי עָלְמָא. בְּהַהוּא (נ''א בהאי) גַּוְונָא וַיִּבְנֵהוּ שֶׁבַע שָׁנִים.

וְתָא חֲזֵי, דָּוִד בָּעָא לְאִתְבְּנָאָה בְּמַלְכוּ שְׁלֵימָתָא לְתַתָּא, כְּגַוְונָא דִּלְעֵילָּא, וְלָא אִתְבְּנֵי, עַד דְּאָתָא וְאִתְחֲבָּר בַּאֲבָהָן. וְקָאִים שֶׁבַע שָׁנִים לְאִתְבְּנָאָה בְּגַוַויְיהוּ. לְבָתַר שֶׁבַע שָׁנִים, אִתְבְּנֵי בְּכֹלָּא, אִתְמַשְּׁכָא מַלְכוּתֵיהּ דִּי לָא תַּעְדֵּי לְעָלְמִין. וְאִי לָאו דְּאִתְעָבַד בְּחֶבְרוֹן לְאִתְחַבְּרָא בְּדוּכְתֵּיהּ, לָא אִתְבְּנִי מַלְכוּתֵיהּ לְאִתְמַשְׁכָא כְּדְקָא יֵאוֹת. כְּהַאי גַּוְונָא כָּלֵב, אִתְנְהִיר בֵּיהּ רוּחָא דְּחָכְמְתָא, וְאָתָא לְחֶבְרוֹן, לְאִתְחַבְּרָא בַּאֲבָהָן, וּלְדוּכְתֵּיהּ אָזִל, וּלְבָתַר, דּוּכְתֵּיהּ הֲוָה, וְיָרִית לֵיהּ.

רִבִּי יֵיסָא (נדפס מקץ קצ''ו ע''ב) וְרִבִּי חִזְקִיָּה, הֲווֹ אַזְלֵי מִקַּפּוּטְקִיָּא לְלוּד, וַהֲוָה עִמְּהוֹן חַד יוּדָאי בְּמָטוּל דְּקַטְפִירָא דַּחֲמָרָא. עַד דַּהֲווֹ אַזְלֵי, אָמַר רִבִּי יֵיסָא לְרִבִּי חִזְקִיָּה, אַפְתַּח פּוּמָךְ, וְאֵימָא חַד מִלָּה, מֵאִינוּן מִלֵּי מְעַלְּיָיתָא דְּאוֹרַיְיתָא, דְּאַתְּ אֲמַרְתְּ בְּכָל יוֹמָא, קָמֵי בּוּצִינָא קַדִּישָׁא.

פָּתַח וְאָמַר, (משלי ג׳:י״ז) דְּרָכֶיהָּ דַּרְכֵי נֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם. דְּרָכֶיהָּ דַּרְכֵי נֹעַם, אִלֵּין אוֹרְחִין דְּאוֹרַיְיתָא, דְּמַאן דְּאָזִיל בְּאוֹרְחֵי דְּאוֹרַיְיתָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אַשְׁרֵי עָלֵיהּ נְעִימוּתָא דִּשְׁכִינְתָּא, דְּלָא תַּעְדֵּי מִנֵיהּ לְעָלְמִין. וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם, דְּכָל שְׁבִילִין דְּאוֹרַיְיתָא, כּוּלְהוֹן שְׁלָם. שְׁלָם לֵיהּ לְעֵילָּא, שְׁלָם לֵיהּ לְתַתָּא. שְׁלָם לֵיהּ בְּעָלְמָא דֵּין, שְׁלָם לֵיהּ בְּעָלְמָא דְּאָתֵי.

אָמַר הַהוּא יוּדָאי, אִיסוּרָא בְּקִיסְטְרָא, בְּהַאי קְרָא אִשְׁתְּכַח. אֲמַר לֵיהּ מְנַּיִין לָךְ. אָמַר לֵיהּ, מֵאַבָּא שְׁמַעְנָא, וְאוֹלִיפְנָא הָכָא בְּהַאי קְרָא מִלָּה טָבָא.

פָּתַח וְאָמַר, הַאי קְרָא בִּתְרֵין גַּוְונִין אִיהִי, וּבִתְרֵין סִטְרִין. קָרֵי בֵּיהּ דְּרָכִים, וְקָרֵי בֵּיהּ נְתִיבוֹת. קָרֵי בֵּיהּ נוֹעַם, וְקָרֵי בֵּיהּ שָׁלוֹם. מַאן דְּרָכִים. וּמַאן נְתִיבוֹת. מַאן נֹעַם. וּמַאן שָׁלוֹם.

אֶלָּא, דְּרָכֶיהָּ דַּרְכֵי נֹעַם, הַיְינוּ דִּכְתִּיב, (ישעיהו מ״ג:ט״ז) הַנּוֹתֵן בַּיָּם דָּרֶךְ. דְּהָא כָּל אֲתָר דְּאִקְרֵי בְּאוֹרַיְיתָא דֶּרֶךְ, הוּא אוֹרְחָא פְּתִיחָא לְכֹלָּא. כְּהַאי אוֹרְחָא דְּהוּא פָּתִיחַ לְכָל בַּר נָשׁ. כַּךְ דְּרָכֶיהָּ, אִלֵּין דְּרָכִים דְּאִינּוּן פְּתִיחָן מֵאֲבָהָן, דְּכָרָאן בְּיַמָּא
(Ⅰ)
[31b]  
[...] du grand océan. Mais ces voies se ramifient en sentiers qui vont dans toutes les directions du monde. Ces voies, dit l’Écriture, sont belles ; la beauté leur vient du monde futur ; c’est de là que vient le flambeau qui allume toutes les lampes ; c’est de la lumière du monde futur que les patriarches ont tiré leur force.
D’après une autre interprétation, le monde futur est appelé “ noàm ” (doux, belle), car c’est de là que viennent tous les biens, toutes les joies, toutes les lumières et toutes les libertés de ce monde. C’est pourquoi la tradition nous apprend que les âmes des damnés reposent dans l’enfer le jour de sabbat (42). Aussitôt que le sabbat arrive, nous devons attirer sur nous la joie du monde d’en haut pour être préservés des péchés pour lesquels les coupables sont châtiés dans l’enfer : nous devons dire (Ps., XC, 17) : “ Que la lumière (noàm) du Seigneur notre Dieu se répande sur nous. ” Nous devons aussi invoquer le “ Noàm ” céleste qui fait la joie de tous les hommes. Que signifie : “ ... Et tous ses sentiers sont pleins de paix ” ? Ce sont les sentiers célestes ou ne pénètrent que de rares élus appelés “ paix ”, parce qu’ils constituent la paix du monde.
C’est pourquoi l’Écriture dit : “ ... Et tous ses sentiers sont pleins de paix. ” Rabbi Yessa et Rabbi Hizqiya embrassèrent le juif en lui disant : Tu es dépositaire d’une doctrine sublime et secrète ; et nous ne nous en doutions point ! Continuant leur chemin, ils arrivèrent aun champ où ils virent du bétail mort. Les voyageurs s’écrièrent : Il est certain qu’en cette contrée sévit une épizootie. Le juif leur dit : Votre parole me remet en mémoire le fait suivant : Le Saint, béni soit-il, tua en Égypte le petit bétail et le grand bétail. Le bétail est mort à la suite de trois plaies : celle de la peste, celle de la grêle et celle de la mort des premiers-nés des animaux.
Précédemment, l’Écriture (Ex., IX, 3) dit : “ La main du Seigneur s’abattra sur le bétail dans les champs. ” Pourquoi, pour les autres plaies, l’Écriture n’emploie-t-elle pas l’expression “ la main du Seigneur ” ? Avant il n ‘était question que du “ doigt du Seigneur ” ; mais ici c’était toute la main composée des cinq doigts qui s’abattit sur les Égyptiens, de sorte que chaque doigt frappa une autre espèce d’animaux, ainsi que l’Écriture (ibid.) ajoute : “ ... Les chevaux, les ânes, les chameaux, les bœufs et les brebis. ” L’Écriture ajoute : “ ... Seront frappés d’une peste très dangereuse. ” En effet, les animaux mouraient en telle quantité qu’ils infectaient l’air et faisaient mourir les Égyptiens eux-mêmes. Le mot “ deber ” (peste) se compose des mêmes lettres que le mot “ barad ” (grêle) ; car un fléau était aussi meurtrier aux Égyptiens que l’autre. Quelle différence entre ces deux fléaux ? La peste exterminait les Égyptiens lentement, alors que la grêle les exterminait rapidement. Chacun de ces deux fléaux était opéré par les cinq doigts simultanément de la main de Dieu. Pendant qu’ils étaient assis dans ce champ, les voyageurs virent des brebis arriver à un certain point où elles tombèrent mortes. Le juif allant examiner l’endroit où les animaux tombaient morts remarqua deux animaux morts dont les thorax étaient remplis de vers.
Le juif commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XII, 2) : “ Je ferai sortir de toi un grand peuple, je te bénirai, je rendrai ton nom célèbre et tu seras béni. ” Rabbi Éléazar expliqua (43) ce verset de la manière suivante : La promesse : “ Je ferai sortir de toi un grand peuple ” était une compensation au sacrifice imposé à Abraham par l’ordre : “ Sors (44) ”La promesse : “ Je te bénirai ”, était une compensation à l’ordre : “ … De ton pays. ” La promesse : “ Je rendrai ton nom célèbre ” était une compensation à l’ordre : “ ... Et de ta parenté. ” La promesse : “ ... Et tu seras béni ”, était une compensation à l’ordre : “ ... Et de la maison de ton pére. ”
Rabbi Siméon dit : Ce verset cache un mystère de la Sagesse suprême. Les mots : “ Je ferai sortir de toi un grand peuple ” correspondent au côté droit (y) Les mots : “ Je te bénirai ” correspondent au côté gauche (w) Les mots : “ Je rendrai ton nom célèbre ” correspondent au milieu (h 1) Les mots : “ ... Et tu seras béni ” correspondent à la (communauté) terre d’Israël (h 2). Ce verset renferme tout le mystère du Trône sacré.
Remarquez que le mouvement d’en haut ne se produit que par l’impulsion donnée d’abord ici-bas ; sans une impulsion d’ici-bas, il n’y a aucun mouvement d’en haut. Pour Abraham l’Écriture (Gen., XI, 31) dit : “ ... Et ils sortirent avec eux d’Ur en Chaldée. ” Pourquoi l’Écriture dit-elle : “ ... Et ils sortirent ”, au lieu de : “ ... Et il sortit ” attendu qu’il ne s’agit que de Tharé, ainsi qu’il est dit précédemment : “ ... Et Tharé prit Abram son fils, Lot son petit-fils, fils d’Aran. et Saraï sa belle-fille, etc ” ? Mais Tharé et Lot sont sortis avec Abraham et Sara ; car, à partir du moment où Abraham a été délivré de la fournaise, Tharé se mit à obéir à toutes les volontés d’Abraham ; et c’est pourquoi l’Écriture dit : [...]
- רַבָּא, וְעָאלִין בְּגַוֵּיהּ. וְאִינּוּן אוֹרְחִין מִתְפַּתְּחִין לְכָל עִיבָר, וּלְכָל סִטְרֵי עָלְמָא.

וְהַאי נֹעַם, הוּא נְעִימוּ דְּנָפִיק מֵעָלְמָא דְּאָתֵי, (נ''א ומעלמא דאתי נהרין כל בוצינין) וְנָהִיר לְכָל בּוּצִינִין, וּמִתְפָּרְשִׁין (נ''א נהורין) לְכָל עִיבָר, וְהַהוּא טִיבוּ, וּנְהוֹרָא דְּעָלְמָא דְּאָתֵי, דְּיַנְקִין אֲבָהָן, אִקְרֵי נֹעַם. דָּבָר אַחֵר, עָלְמָא דְּאָתֵי, אִקְרֵי נֹעַם. וְכַד אִתְּעַר עָלְמָא דְּאָתֵי, כָּל טִיבוּ, וְכָל חֵידוּ, וְכָל נְהוֹרִין, וְכָל חֵירוּ דְּעָלְמָא אִתְּעַר. וּבְגִינֵי כַּךְ, אִקְרֵי נֹעַם.

וְעַל דָּא תָּנֵינָן, חַיָּיבִין דְּגֵיהִנָּם, בְּשַׁעֲתָא דְּעָאל שַׁבְּתָא, כֻּלְּהוּ נַיְיחִין, וְאִית לְהוּ (ס''א חירו) חֵידוּ, וְנַיְיחָא בְּשַׁבָּתָא. כֵּיוָן דְּנָפִיק שַׁבְּתָא, אִית לָן לְאַתְעָרָא חֵידוּ עִלָּאָה עָלָנָא, דְּנִשְׁתֵּזִיב מֵהַהוּא עוֹנְשָׁא דְּחַיָּבָיא, דְּאִתְדָּנוּ מֵהַהִיא שַׁעֲתָא וּלְהָלְאָה. וְאִית לָן לְאַתְעֲרָא וְלֵימָא, (תהילים צ׳:י״ז) וִיהִי נֹעַם יְיָ' אֱלֹהֵינוּ עָלֵינוּ. דָּא הוּא נֹעַם עִלָּאָה, (חירו) חֵידוּ דְּכֹלָּא. וְעַל דָּא, דְּרָכֶיהּ דַּרְכֵי נֹעַם וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם.

מַאן נְתִיבוֹתֶיהָ. אִלֵּין אִינּוּן נְתִיבוֹת וּשְׁבִילִין, דְּנַפְקֵי מִלְּעֵילָּא, וְכֻלְּהוּ נָקִיט לוֹן בְּרִית יְחִידָאי, דְּאִיהוּ אִקְרֵי שָׁלוֹם, שְׁלָמָא דְּבֵיתָא, וְעָאִיל לוֹן לְיַמָּא רַבָּא, כַּד אִיהוּ בְּתוּקְפֵּיהּ. וּכְדֵין יָהִיב לֵיהּ שְׁלָם. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וְכָל נְתִיבוֹתֶיהָ שָׁלוֹם. (ע''כ) אָתוּ רִבִּי יֵיסָא ור' חִזְקִיָּה, וְנָשְׁקוּ לֵיהּ, אָמְרוּ וּמַה כָּל הָנֵי מִלִּין עִלָּאִין טְמִירִין גַּבָּךְ, וְלָא יָדַעְנָא. אָזְלוּ. כַּד מָטוּ חַד בֵּי חֲקַל, חָמוּ בְּעִירֵי דְּבֵי חֲקַל מֵתִין, אָמְרוּ וַדַּאי דֶּבֶר דִּבְעִיִרִי אִית בַּאֲתַר דָּא.

אָמַר הַהוּא יוּדָאִי, הָא דְּאַמְרִיתּוּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָטַל בְּמִצְרַיִם, כָּל אִינּוּן עָאנֵי, כָּל אִינּוּן בְּעִירֵי. תְּלַת מוֹתָנֵי הֲווֹ בִּבְעִירֵי. חַד, דֶּבֶר. וְחַד, אִינּוּן דְּקָטִיל בָּרָד. וְחַד, אִינּוּן בּוּכְרֵי דִּבְעִירֵי.

וּמַה הֲוָה מוֹתָנָא דִּילְהוֹן. אֶלָּא, הָא, כְּתִיב בְּקַדְמִיתָא, (שמות ט׳:ג׳) הִנֵּה יַד יְיָ' הוֹיָה בְּמִקְנְךָ אֲשֶׁר בַּשָּׂדֶה, אֲמַאי בְּכֻלְּהוּ לָא כְּתִיב יַד יְיָ'. אֶלָּא, הָכָא (נ''א לא כתיב יד אלהים אלא יד יי) (ס''א אל יד ה') אִיהוּ יָדָא בַּחֲמִשָּׁה אֶצְבְּעָאן. דְּהָא בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב, אֶצְבַּע אֱלֹהִים הִיא. וְהָכָא כֻּלְּהוּ חָמֵשׁ אֶצְבְּעָאן, וְכָל אֶצְבְּעָא וְאֶצְבְּעָא, קָטַל זִּינָא חֲדָא. וַחֲמִשָּׁה זִינִין הֲווֹ, דִּכְתִּיב, בַּסּוּסִים, בַּחֲמוֹרִים, בַּגְּמַלִּים, בַּבַּקָר, וּבַצֹּאן. הָא חֲמִשָּׁה זִינִין, לַחֲמִשָּׁה אֶצְבְּעָאן, דְּאִקְרוּן יַד. בְּגִינֵי כַּךְ, הִנֵּה יַד יְיָ' הוֹיָה וְגוֹ' דֶּבֶר כָּבֵד מְאֹד. דַּהֲווֹ מֵתִים מִגַּרְמַיְיהוּ, וְאִשְׁתְּכָחוּ מֵתִים.

בָּתַר דְּלָא אֲהַדְרוּ מִצְרָאֵי, אִינּוּן אַתְוָון מַמָּשׁ, אֲהַדְרוּ וְקָטְלוּ כָּל אִינּוּן דְּאִשְׁתָּאָרוּ. וְדֶבֶר, אַהְדָּר בָּרָד. מַה בֵּין הַאי לְהַאי. אֶלָּא דָּא בְּנִיחוּתָא, וְדָא בִּתְקִיפוּ דְּרוּגְזָא. וּתְרֵין אִלֵּין, הֲווֹ בַּאֲתַר חַד, בְּחָמֵשׁ אֶצְבְּעָאן.

תָּא חֲזֵי, דֶּבֶר אַתְוָון דַּהֲווֹ בְּנִיחוּתָא, מוֹתָנָא בְּנַיְיחָא, דַּהֲווֹ מֵתִין מִגַּרְמַיְיהוּ. בָּרָד, דְּאִתְהַדָּרוּ אַתְוָון בִּתְקוֹף רוּגְזָא, וְקָטַל כֹּלָּא. יָתְבוּ בְּהַהוּא חֲקָל, חָמוּ עָאנֵי דְּאַתְיָין לַאֲתָר חַד, וּמֵתִין תַּמָּן, קָם הַהוּא יוּדָאִי לְגַבֵּי הַהוּא אֲתָר, וְחָמָא תְּרֵין קַטְפִירֵי, דְּמַלְיָין אַקוּסְטְרָא.

פָּתַח וְאָמַר, כְּתִיב (בראשית י״ב:ב׳) וְאֶעֶשְׂךָ לְגוֹי גָּדוֹל וַאֲבָרֶכְךָ וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ וְהְיֵה בְּרָכָה, הַאי מִלָּה דְּרִבִּי אֶלְעָזָר, דְּאָמַר, וְאֶעֶשְׂךָ לְגוֹי גָּדוֹל, לָקֳבֵל לֶךְ לְךָ. וַאֲבָרֶכְךָ, לָקֳבֵל מֵאַרְצְךָ. וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ, לָקֳבֵל וּמִמּוֹלַדְתְּךָ. וֶהְיֵה בְּרָכָה, לָקֳבֵל וּמִבֵּית אָבִיךָ. וְדָא לָקֳבֵל דָּא.

ר' שִׁמְעוֹן אָמַר, רָזָא דְּחָכְמְתָא הָכָא. וְאֶעֶשְׂךָ לְגוֹי גָּדוֹל, לָקֳבֵל סְטָר יְמִינָא. וַאֲבָרֶכְךָ, לָקֳבֵל סְטָר שְׂמָאלָא. וַאֲגַדְּלָה שְׁמֶךָ, לָקֳבֵל סְטָר אֶמְצָעִיתָא. וֶהְיֵה בְּרָכָה, לָקֳבֵל סְטָר אַרְעָא דְּיִשְׂרָאֵל. וְכֹלָּא רָזָא דִּרְתִּיכָא קַדִּישָׁא.

תָּא חֲזֵי, בְּאִתְעָרוּתָא דִּלְתַתָּא, אִתְּעַר לְעֵילָּא. וְעַד לָא יִתְּעַר לְתַתָּא, לָא יִתְּעַר לְעֵילָּא, לְאַשְׁרָאָה עָלֵיהּ. מַה כְּתִיב בְּאַבְרָהָם, (בראשית י''א) וַיֵּצְאוּ אִתָּם מֵאוּר כַּשְׂדִּים. וַיֵּצְאוּ אִתָּם, וַיֵּצְאוּ אִתּוֹ מִבָּעֵי לֵיהּ. דְּהָא כְּתִיב וַיִּקַּח תֶּרַח אֶת אַבְרָם בְּנוֹ (ואת לוט בן הרן) וְגוֹ'. מַהוּ וַיֵּצְאוּ אִתָּם. אֶלָּא, תֶּרַח וְלוֹט נָפְקוּ עִם אַבְרָהָם וְשָׂרָה, דְּכֵיוָן דְּאִשְׁתְּזִיב אַבְרָהָם מִן נוּרָא, אִתְהַדַּר תֶּרַח לְמֶעְבַּד רְעוּתֵיהּ. וּבְגִין
(Ⅰ)
[32a]  
[...] “ … Et ils sortirent avec eux. ” Comme les hommes ont donné l’impulsion ici-bas, le Saint, béni soit-il, dit ensuite à Abraham : “ Sors de ton pays, etc. ”
Rabbi Siméon dit : “ Sors ” signifie perfectionne-toi. Les mots : “ ... De ton pays ” signifient : de cette contrée qui est indigne de t’avoir vu naître. Les mots : “ Et de ta parenté ” signifient : de la parenté qui t’entoure. Les mots : “ Et de la maison de ton père, signifient : oublie ton origine. Les mots : “ ... Et viens en la terre que je te montrerai ” signifient : c’est dans cette terre que je te révélerai la force céleste qui régente cette terre ; elle est la plus profonde et la plus mystérieuse. Aussitôt après , l’Écriture (Gen., XII, 4) ajoute : “ Abram sortit comme le Seigneur le lui avait commandé. ” Nous pouvons inférer de ces paroles un mystère de la Sagesse... (45). Rabbi Yossé et Rabbi Hiyâ se trouvaient une fois en voyage.
Rabbi Yossé dit à Rabbi Hiyâ : Pourquoi gardes-tu le silence, alors que rien n’est si propice aux voyages que l’étude de la Loi ? Rabbi Hiyâ gémit, se mit à pleurer et commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XI, 30) : “ Et Saraï était stérile ; elle n’avait point d’enfants. ” Malheur à cette heure où Agar enfanta Ismaël ! Rabbi Yossé lui dit : Cependant Sara aussi a eu plus tard un fils issu de la race sacrée !
Rabbi Hiyâ lui répondit : Tu vois la chose d’une certaine façon ; mais moi je l’envisage dans un autre ordre d’idées. Si je pleure, c’est que je me souviens de la parole que j’ai entendue de la bouche de Rabbi Siméon : Malheur à ce jour où naquit Ismaël ; car c’est précisément parce que Sara tardait d’enfanter qu’elle dit à son mari° : “ Prends ma servante, etc. ” C’était cette circonstance qui a été cause qu’Agar hérita de la part de Sara sa maîtresse et eut un fils d’Abraham. Abraham (Gen., XVII, 18) a dit : “ Fais-moi la grâce qu’Ismaël vive. ” Bien que le Saint, béni soit-il, lui eût annoncé la naissance d’Isaac, Abraham s’était déjà attaché dans l’intervalle à Ismaël et ne cessait de prier pour lui, jusqu’à ce que le Saint, béni soit-il, lui promit (Gen., XVII, 20) : “ J’ai exaucé ta prière concernant Ismaël. ” Ensuite Ismaël fut circoncis et entra ainsi dans l’Alliance sacrée avant la venue d’Isaac au monde.
Remarquez en outre que le chef céleste des enfants d’Ismaël se tint pendant quatre cents ans devant le Saint, béni soit-il, plaidant la cause de ses protégés. Il dit à Dieu : Est-ce que celui qui se circoncit a une part dans ton nom ? Dieu lui répondit : Oui. Or, répliqua ce chef céleste : Puisqu’Ismaël se circoncit, pourquoi n’a-t-il pas eu une part égale avec Isaac ? Dieu lui répondit : Parce que le dernier se circoncit d’après les prescriptions requises (46), alors que le premier n’en fait pas autant. En outre, les Israélites s’attachent à moi de manière convenable le huitième jour de leur naissance, alors que les enfants d’Ismaël ne se circoncisent que longtemps après. Le chef céleste répondit à Dieu : Malgré tout cela, Ismaël qui se circoncit ne mérite-t-il pas pour cela une bonne récompense ?Aussi, malheur à ce jour où Ismaël vint au monde et où il se circoncit. Que fit le Saint, béni soit-il ? Il exclut Ismaël de la part d’en haut en lui donnant en récompense pour sa circoncision la domination ici-bas sur la terre sainte.
Car le jour arrivera où les enfants d’Ismaël domineront longtemps sur la terre sainte, lorsque celle-ci sera vide de tout, de même que la circoncision des enfants d’Ismaël est vide et imparfaite. Leur domination sera de longue durée et empêchera les Israélites de retourner dans leur pays, jusqu’au jour où le mérite des enfants d’Ismaël sera épuisé. Les enfants d’Ismaël feront de grandes guerres dans le monde. Les enfants d’Édom se ligueront contre eux et leur livreront bataille, l’une sur mer, l’autre sur terre, et une autre près de Jerusalem. Ceux-ci remporteront la victoire sur ceux-là, et la terre sainte ne tombera pas entre les mains des fils d’Édom. En ce moment, un peuple de l’extrémité de la terre se lèvera contre Rome la coupable et la combattra pendant trois mois. De nombreux peuples s’assembleront dans Rome ; mais ils tomberont entre les mains des fils d’Édom, qui accourront de toutes les extrémités du monde. C’est alors que le Saint, béni soit-il, interviendra lui-même ainsi qu’il est écrit (Is., XXXIV, 6) : “ ... Car le Seigneur s’est préparé lui-même un sacrifice dans Bosra ; et il fera un grand carnage dans la terre d’Edom. ” Et ailleurs l’Écriture (Job, XXXVIII, 13) dit : “ ... Pour tenir les extrémités de la terre et l’ébranler, afin d’en secouer et rejeter les impies. ” C’est alors que les enfants d’Ismaël seront chassés de la terre sainte ; et la force de leur chef céleste sera brisée. Aucun chef céleste des peuples du monde ne conservera plus sa force, qui sera conservée à Israël seul.
C’est pourquoi l’Écriture (Ps., CXXI, 1) dit : “ Le Seigneur te garde, le Seigneur est à ta main droite. ” Car le Nom sacré est à droite, et la Loi est également à droite ; aussi, tout dépend de ce côté.
Une tradition nous apprend qu’il convient de faire dominer le côté droit sur le côté gauche, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXIII, 2) : “ Il porte en sa main droite la Loi de feu. ” Et, sur le monde futur, l’Écriture (Ps., LX, 7) dit : “ Sauve-moi par ta droite, et exauce-moi. ” C’est à cette époque que s’accompliront les paroles de l’Écriture (Sophonie, III, 9) : “ Ce sera alors que je rendrai pures les lèvres des peuples, afin que tous invoquent le nom du Seigneur, et que tous se soumettent à son joug dans un même esprit ”, ainsi que ces autres paroles de l’Écriture (Zac., XIV, 9) : “ En ce jour, le seigneur sera un, et son Nom sacré sera un. ” “ Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le Seigneur en toute éternité. Amen, amen. ” [...]
- כַּךְ, וַיֵּצְאוּ אִתָּם. כֵּיוָן דְּאִינּוּן אִתְעֲרוּ בְּקַדְמִיתָא, אֲמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לֶךְ לְךָ.

רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, לֶךְ לְךָ. לְתִקּוּנָךָ לְגַרְמָךְ. מֵאַרְצְךָ, מֵהַהוּא סִטְרָא דְּיִשּׁוּבָא דְּאַתְּ תָּקִיל, דְּאִתְיְלִידַת בֵּיהּ. וּמִמּוֹלַדְתְּךָ, מֵהַהוּא תּוֹלְדָה דִּילָךְ. וּמִבֵּית אָבִיךָ, דְּאַתְּ אַשְׁגַּח בְּשָׁרָשָׁא דִּלְהוֹן. אֶל הָאָרֶץ אֲשֶׁר אַרְאֶךָּ, תַּמָן אִתְגְּלֵי לָךְ, מַה דְּאַתְּ בָּעֵי, הַהוּא חֵילָא דִּמְמָנָא עָלָּה, דְּאִיהוּ עָמִיק וְסָתִים. מִיָּד, וַיֵּלֶךְ אַבְרָם כַּאֲשֶׁר דִּבֶּר אֵלָיו יְיָ'. וַאֲנָן קָא בָּעֵינָן לְמֵהַךְ מֵהָכָא לְמִנְדַּע רָזָא דְּחָכְמְתָא (חסר).

רִבִּי יוֹסֵי וְרִבִּי חִיָּיא הֲווֹ אַזְלֵי בְּאוֹרְחָא. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי לְרִבִּי חִיָּיא, אֲמַאי אַתְּ שָׁתִיק, הָא אוֹרְחָא לָא אִתְתְּקַן, אֶלָּא בְּמִלֵּי דְּאוֹרַיְיתָא. אִתְנְגִיד רִבִּי חִיָּיא, וּבָכָה, פָּתַח וְאָמַר, (בראשית י''א) וַתְּהִי שָׂרַי עֲקָרָה אֵין לָהּ וָלָד וַוי עַל דָּא, וַוי עַל הַהוּא זִמְנָא דְּאוֹלִידַת הָגָר לְיִשְׁמָעֵאל. (פתח רבי אבא ואמר (צפניה ג') כי אז אהפוך אל עמים שפה ברורה לקרא כלם בשם יי' לעבדו שכם אחד. וכתיב (זכריה י''ד) והיה יי' למלך וגו' ביום ההוא יהיה יי' אחד ושמו אחד) אֲמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, אֲמַאי. וְהָא אוֹלִידַת לְבָתַר, וַהֲוָה לָהּ בְּרָא גִּזְעָא קַדִּישָׁא. אֲמַר לֵיהּ, אַתְּ חָמֵי, וַאֲנָא חֲמֵינָא, וְהָכִי שְׁמַעְנָא מִפּוּמוֹי דְּרַבִּי שִׁמְעוֹן מִלָּה, וּבָכֵינָא (ס''א אמרז ליה מאי היא אמר ליה ווי וכו') וַוי עַל הַהוּא זִמְנָא, דִּבְגִין דְּשָׂרָה אִתְעַכְּבַת, כְּתִיב, (בראשית ט''ז) וַתֹּאמֶר שָׂרַי אֶל אַבְרָם וְגוֹ' בֹּא נָא אֶל שִׁפְחָתִי וְגוֹ'. וְעַל דָּא, קַיְּימָא שַׁעֲתָא לְהָגָר, לְמֵירַת לְשָׂרָה גְּבִירְתָּהּ, וַהֲוָה לָהּ בְּרָא מֵאַבְרָהָם.

וְאַבְרָהָם אָמַר, (בראשית י''ז) לוּ יִשְׁמָעֵאל יִחְיֶה לְפָנֶיךָ, וְאַף עַל גַּב דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא הֲוָה מְבַשֵּׂר לֵיהּ עַל יִצְחָק, אִתְדְּבַק אַבְרָהָם בְּיִשְׁמָעֵאל, עַד דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָתִיב לֵיהּ, (בראשית י''ז) וּלְיִשְׁמָעֵאל שְׁמַעְתִּיךָ וְגוֹ'. לְבָתַר אִתְגְּזַר, וְעָאל בְּקַיְּימָא קַדִּישָׁא, עַד לָא יִפּוּק יִצְחָק לְעָלְמָא.

וְתָּא חֲזֵי, אַרְבַּע מְאָה שְׁנִין, קַיְּימָא הַהוּא מְמָנָא דִּבְנִי יִשְׁמָעֵאל, וּבָעָא קָמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אֲמַר לֵיהּ, מַאן דְּאִתְגְּזַר אִית לֵיהּ חוּלָקָא בִּשְׁמָךְ. אֲמַר לֵיהּ אִין. אֲמַר לֵיהּ וְהָא יִשְׁמָעֵאל דְּאִתְגְּזַר, (ולא עוד אלא דאתגזר בר תליסר שנין) אֲמַאי לֵית לֵיהּ חוּלָקָא בָּךְ כְּמוֹ יִצְחָק. אֲמַר לֵיהּ, דָּא אִתְגְּזַר כְּדְקָא יֵאוֹת וּכְתִיקּוּנוֹי, וְדָא לָאו הָכִי. וְלֹא עוֹד, אֶלָּא דְּאִלֵּין מִתְדַּבְּקִין בִּי כְּדְקָא יֵאוֹת, לִתְמַנְיָא יוֹמִין וְאִלֵּין רְחִיקִין מִנִּי עַד כַּמָּה יָמִים. אֲמַר לֵיהּ, וְעִם כָּל דָּא, כֵּיוָן דְּאִתְגְּזַר לָא יְהֵא לֵיהּ אֲגָר טָב בְּגִינֵיהּ.

וַוי עַל הַהוּא זִמְנָא, דְּאִתְיְלִיד יִשְׁמָעֵאל בְּעָלְמָא, וְאִתְגְּזַר. מַה עָבֵד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אַרְחִיק לְהוּ לִבְנֵי יִשְׁמָעֵאל, מִדְּבֵקוּתָא דִּלְעֵילָּא, וְיָהַב לְהוּ חוּלָקָא לְתַתָּא בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא, בְּגִין הַהוּא גְּזִירוּ דִּבְּהוֹן.

וּזְמִינִין בְּנֵי יִשְׁמָעֵאל, לְמִשְׁלָט בְּאַרְעָא קַדִּישָׁא, כַּד אִיהִי רֵיקַנְיָא מִכֹּלָּא, זִמְנָא סַגִּי, כְּמָה דִּגְזִירוּ דִּלְהוֹן בְּרֵיקַנְיָּא בְּלא שְׁלִימוּ. וְאִינּוּן יְעַכְּבוּן לְהוֹן לִבְנִי יִשְׂרָאֵל לְאָתָבָא לְדוּכְתַיְיהוּ, עַד דְּאִשְׁתְּלִים הַהוּא זְכוּתָא דִּבְנֵי יִשְׁמָעֵאל.

וּזְמִינִין בְּנֵי יִשְׁמָעֵאל, לְאַתְעֲרָא קְרָבִין תַּקִּיפִין בְּעָלְמָא, וּלְאִתְכַּנְּשָׁא בְּנִי אֱדוֹם עָלַיְיהוּ, וְיִתְעָרוּן קְרָבָא בְּהוּ, חַד עַל יַמָּא, וְחַד עַל יַבֶּשְׁתָּא וְחַד סָמוּךְ לִירוּשְׁלֵים, וְיִשְׁלְטוּן אִלֵּין בְּאִלֵּין, וְאַרְעָא קַדִּישָׁא לָא יִתְמְסָר לִבְנִי אֱדוֹם.

בְּהַהוּא זִמְנָא, יִתְּעַר עַמָּא חַד מִסַּיְיפֵי עָלְמָא, עַל רוֹמִי חַיָּיבָא, וְיִגַּח בָּהּ קְרָבָא תְּלַת יַרְחִין, וְיִתְכַּנְּשׁוּן תַּמָּן עֲמַמְיָּא, וְיִפְּלוּן בִּידַיְיהוּ, עַד דְּיִתְכַּנְּשׁוּן כָּל בְּנִי אֱדוֹם עָלָּה, מִכָּל סַיְיפֵי עָלְמָא. וּכְדֵין יִתְּעַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עָלַיְיהוּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו ל״ד:ו׳) כִּי זֶבַח לַיְיָ' בְּבָצְרָה וְגוֹ'. וּלְבָתַר דָּא מַה כְּתִיב, לֶאֱחוֹז בְּכַנְפוֹת הָאָרֶץ וְגוֹ' וִישֵׁיצֵי לִבְנֵי יִשְׁמָעֵאל מִינָהּ, וְיִתְבַּר כָּל חֵילִין דִּלְעֵילָּא וְלָא יִשְׁתְּאַר חֵילָא לְעֵילָּא עַל עַמָּא דְּעָלְמָא, אֶלָּא חֵילָא דְּיִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדוֹי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (תהילים קכ״א:ה׳) יְיָ' צִלְּךָ עַל יַד יְמִינֶךָ.

בְּגִין דִּשְׁמָא קַדִּישָׁא בִּימִינָא, וְאוֹרַיְיתָא בִּימִינָא, וְעַל דָּא בִּימִינָא תַּלְיָא כֹּלָּא וְתָנֵינָן, דְּבָעֵי לְזַקְפָא יְמִינָא עַל שְׂמָאלָא, כְּמָה דְּאוּקְמוּהָ. דִּכְתִּיב, (דברים ל''ג) מִימִינוֹ אֵשׁ דָּת לָמוֹ. וּבְזִמְנָא דְּאָתֵי, (תהילים ס׳:ז׳) הוֹשִׁיעָה יְמִינְךָ וַעֲנֵנִי. וּבְהַהוּא זִמְנָא כְּתִיב, (צפניה ג׳:ט׳) כִּי אָז אֶהְפּוֹךְ אֶל עַמִּים שָׂפָה בְרוּרָה לִקְרֹא כֻלָּם בְּשֵׁם יְיָ' לְעָבְדוֹ שְׁכֶם אֶחָד. וּכְתִיב, (זכריה י״ד:ט׳) בַּיּוֹם הַהוּא יִהְיֶה ה' אֶחָד וּשְׁמוֹ אֶחָד. בָּרוּךְ יְיָ' לְעוֹלָם אָמֵן וְאָמֵן:
(Ⅰ)
  
[...] Notes [...]

*1 Nom commun aux trois degrès, mais plus spécial au premier (Père, y)

*2 Deuxième degré (premier h, Mère d’en-haut).

*3 V. Z., I, fol. 50a.

*4 Le w (qui est aussi appelé Mère) et le h final (Mère d’en-bas, Ma, communauté d’Israël).

*5 A. et V. ont encore : Nyrjo lkd amwyq whyad (qui est la base de tous les côtés), ou de tous les degrés.

*6 LE Z. explique les mots Mymlwe rwu comme ryyu (qui a formé le monde).

*7 Car c’est le nom sous lequel Dieu était censé connu des autres peuples. Nom commun aux trois degrés, mais plus spécial au deuxième, le médiateur. V. Z., passim.

*8 Rabbi Yossé.

*9 C’est-à-dire : Adonaï, Élohim et Jéhovah.

*10 C’est-à-dire qu’il se sépara de sa femme.

*11 Dans A., L. et P., un passage du Etz ha-Hayim, LXXXI, est interpolé ici : whb yedy wwh al Nhbad amyt yaw , jusqu’à wtedwn al bytkd . La comparaison avec les trois couleurs différentes de l’œil est extraite du Z., I, fol. 226a.

*12 V. Z., I, fol. 171b.

*13 V. Z., I, fol. 171b.

*14 Dans M., C. et S., on lit, au contraire, sbyw rq xwr (l’air est froid et sec).

*15 La suite de ce passage manque dans toutes les éditions. Dans A. et P., on trouve à cet endroit, entre parenthèses, une variante, sous le titre de ayn, abrégé de anyrxa axown, (i. e. autre leçon) ; mais cette leçon est absolument vicieuse.

*16 V. fol. 22b.

*17 V. Z., I, fol. 234b ; Z., II, fol. 17a ; Z., III, fol. 17b et fol. 133a.

*18 V. fol. 23a.

*19 V. Z., I, fol. 183a.

*20 V. Z., III, fol. 52b. - On sait que nombre de mots bibliques s’écrivent d’une façon et se prononcent d’une autre ; c’est ce que la Massorâ indique par les termes yrq (façon de prononcer) et bytk (façon d’écrire ou de présenter à l’œil). Or, le mot en question se prononce Nwds et s’écrit Nyds.

*21 V. Z., I, fol. 240b.

*22 On voit que le Z. réunit en une seule proposition les deux mots al, wl, dont l’un veut dire, à lui, contre lui, et l’autre, non.

*23 Ces deux versets semblent donc se contredire, en ce sens que le premier finit par ces mots : “ Elle est le sujet de ma méditation durant tout le jour ”, alors que, dans le second verset, David ne parle que du milieu de la nuit.

*24 V. fol. 145a.

*25 V. la Tossefta, à la fin de cette partie, dans l’appendice intitulé Tossafoth.—V. aussi Z., I, fol. 6b, p. 32, 33 sur le “ Poisson ”.

*26 V. Z., I, fol. 6b.

*27 Nous avons déjà vu, dans la première partie, fol. 27a, que le “ serpent d’en haut ” désigne Métatron qui domine sur le serpent d’en bas, c’est-à-dire sur Samaël.

*28 V. fol. 37b.

*29 V. Z. I, fol. 69a, et dans le IIe appendice, sous la rubrique Midrasch ha-Neelam, sect. Tholdoth. V. Mikdasch Melekh au Z. III., fol. 142a.

*30 Mot à mot : “ En faisant bien cuire, tu pourras manger ”, métaphore qui revient au même.

*31 De sorte que les dix doigts des mains ont opéré les dix plaies.

*32 V. Z., I, fol. 29a.

*33 V. Z., I, fol. 29b et 34b.

*34 Tout ce passage, jusqu’aux mots : “ ... Se changea en moucherons ”, à la fin du fol. 30b, est un extrait du Etz ha-Hayim, ch. IX, interpolé à tort dans le texte du Zohar.

*35 V. Ex., VIII, 17.

*36 V. Z., I, fol. 79b.

*37 V. Z., I, fol. 247a.

*38 Car Abraham est l’image de la Séphirâ Hésed ; or, cette Séphirâ embrasse les six suivantes.

*39 Nous avons déjà vu plusieurs fois que, d’après la tradition, Marbhb doit être lu Mhrbab .

*40 Il substitue le mot Mls (parfait) à Mwls (paix).

*41 Mot à mot : “ Ce tronc renferme une pièce de monnaie. ”

*42 V. Z., I, fol. 14b.

*43 V. Z., I, fol. 78a.

*44 Gen., XII, 1.

*45 La suite des paroles de Rabbi Siméon manque, ainsi que l’indique le mot rox (manque) intercalé en cet endroit dans toutes les éditions.

*46 C’est-à-dire : les Israélites pratiquent la heyrp, ou la mise à nu du gland, alors que les enfants d’Ismaël, c’est-à-dire les Arabes, ne connaissent point cette cérémonie.


Page: 1
>>