VAYSCHLAH
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29 Verses | Page 1 / 1
(Version Jean de Pauly)


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(Ⅰ)


[165b]  
[...] Il est écrit (Gen., XXXII, 4) : « Et Jacob envoya des anges au-devant d’Esaü, son frère, en la terre de Seïr, au pays d’Edom. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XCI, 11) : «... Car il commande à ses anges de te garder dans toutes tes voies. » Ce verset a été déjà expliqué (1) par les collègues de cette façon : Aussitôt que l’homme vient au monde, l’Esprit du Mal, qui est le même que l’ange qui requiert constamment contre l’homme, s’attache à lui, ainsi qu’il est écrit (Gen., V, 7) : « Le péché reste à la porte. » L’Écriture veut dire que l’Esprit du Mal s’attache à l’homme dès sa naissance (2), et ne le quitte jamais plus, alors que l’Esprit du Bien ne vient à l’homme qu’à partir du jour où il est en état de se purifier. Quel est ce jour ? C’est l’âge de treize ans. A partir de cet âge, l’homme est accompagné des deux Esprits ; l’Esprit du Bien se tient à son côté droit et l’Esprit du Mal à son côté gauche. Ces deux Esprits sont des anges réels qui accompagnent toujours l’homme. Si celui-ci vit dans la pureté, l'Esprit du Mal se trouve vaincu, de sorte que celui du côté droit prend un ascendant sur celui du côté gauche ; et tous les deux gardent l'homme dans toutes ses voies. Tel est le sens des paroles de l'Écriture : « ... Car il a commandé à ses anges de te garder dans toutes tes voies. » Rabbi Éléazar applique ce verset à Jacob à qui le Saint, béni soit-il, envoya des anges, dès que le nombre des tribus fut complet, ainsi qu'il est écrit (Gen;, XXXII, 2) : « Et Jacob continua son chemin, et les anges d'Élohim le rencontrèrent. » En se séparant de Laban, la Schekhina vint s'attacher à Jacob ; et c'est alors que l'armée sacrée, qui accompagnait la Schekhina, entoura Jacob, ainsi qu'il est écrit : [...]
- אִשְׁתְּמוֹדַע לוֹן, אֶלָא חָמָא, דְּאִינוּן הֲווּ, אִינוּן דְּחָמָא בְּחֶלְמָא, בְּגִינֵי כָּךְ קָרָא לוֹן מַחֲנָיִם, מַשִּׁרְיָין דְּאִתְחֲזוּ לְעֵילָא, וּמַשִּׁרְיָין דְּאִתְחֲזוּ לְתַתָּא. אַמַּאי אִתְגַּלִּיאוּ לְמִפְגַע לֵיהּ. אֶלָא שְׁכִינְתָּא אָזְלָא לְגַבֵּיהּ, לְנַטְלָא לְבֵיתֵיהּ. וּמְחַכָּא לֵיהּ לְבִנְיָמִן, לְנַטְלָא בֵּיתָא עִמֵּיהּ דְּיַעֲקֹב כְּדְקָא יְאוּת. וּכְדֵין כְּתִיב, (ירמיה מו) וְשָׁב יַעֲקֹב ושָׁקַט וְשַׁאֲנָן ואֵין מַחֲרִיד. בָּרוּךְ יְיָ לְעוֹלָם אָמֵן ואָמֵן. (Ⅰ)
[166a]  
[...] « Et Jacob dit en les voyant : c'est le camp d'Élohim. » Ce sont de ces anges que Jacob envoya à Esaü, ainsi qu'il est écrit : « Et Jacob envoya des anges. » C'étaient des anges réels.
Rabbi Isaac ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXXIV, 8) : « L'ange du Seigneur environne ceux qui le craignent et les délivre. » Ce verset a été déjà. expliqué. D'où vient que l'Écriture parle ici d'un seul ange, alors qu'elle parle ailleurs de plusieurs, ainsi qu'il est écrit (Ps., XCI, 11): « Car il commande à ses anges de te garder » ? Là où l'Écriture parle de plusieurs anges, il est réellement question des anges, alors que, dans le verset où il n'est parlé que d'un seul ange, c'est la Schekhina qui est désignée par ce nom. Car la Schekhina est désignée sous le nom d'« Ange de Jéhovah », ainsi qu'il est écrit (Ex., III, 2) : « Et l'ange de Jéhovah lui apparut sous une langue de feu qui sortait du milieu d'un buisson (3).» Lorsque la Schekhina réside dans l'homme, de nombreuses armées sacrées l'entourent.
Remarquez que, lorsque le roi David était chez Achis, roi de Geth, la Schekhina l'entoura et le délivra d'Achis et de son peuple, ainsi qu'il est écrit (?,XXI, 14) : « Et il se contrefit ,le visage devant eux et simula la folie (vaïtheholel). » Pourquoi l'Écriture se sert-elle du mot « vaïtheholel », au lieu de celui de « vaïschthaguè », ainsi qu'il est écrit (Ps., LXIII, 3) : « Et Achis dit à ses serviteurs : Vous voyez bien que cet homme est fou (mischthaguè) »? Mais David avait dit : « Car je suis irrité contre les dissimulateurs (baholelim). » Et le Saint, béni soit-il, lui a redit : « Je jure à ta vie que toi même tu en auras besoin plus tard. » Aussi, chez Achis, a-t-il simulé la folie ; et c'est la Schekhina qui entourait David en ce moment. Mais, objectera-t-on : la Schekhina ne résidait pourtant que dans sa résidence en terre sainte ! Elle réside, en effet, en terre sainte, mais seulement pour ce qui concerne les faveurs à prodiguer. Celles ci, elle ne les prodigue qu'en terre sainte ; quant à sa protection, elle a lieu sur toute la terre. - Lorsque Jacob vint de chez Laban, il était entouré de nombreuses légions d'anges.
Rabbi Hizqiya demanda : S'il en était ainsi, pourquoi l'Écriture (Gen., XXXII, 25) dit elle : « Et Jacob demeura seul en ce lieu-là »? Jacob n'était donc plus accompagné d'anges?
Rabbi Yehouda répondit : Les anges l'avaient quitté parce qu'il s'était exposé à un danger certain ; c'est pourquoi Jacob a dit (Gen, XXXII, 11) : « Je suis indigne de toutes tes miséricordes, etc. » Jacob ajouta : «... Et je me trouve maintenant avec deux troupes. » Il faisait allusion aux troupes d'anges qui accompagnaient la Schekhina ; il était ainsi entouré d'anges qui émanent les uns du degré blanc et les autres du degré rouge, c'est à dire du degré de la Clémence et du degré de la Rigueur.
Rabbi Isaac dit : Les anges ont laissé Jacob seul avec le chef céleste d'Esaü, parce que l'heure approchait où ils devaient chanter des hymnes devant le Saint, béni soit-il ; ils sont retournés ensuite près de Jacob.
Rabbi Éléazar dit . Nous savons par une tradition que, cette nuit-là, les esprits émanant du côté d'Esaü exerçaient leur pouvoir sur la terre ; car il y a des nuits où ces esprits cessent leur empire sur la terre ; et c'est à cause de cela que le mot « meoroth » (Gen., I, 14) est écrit sans Vav (4).
C’est pourquoi l’Écriture dit: « Et Jacob demeura seul », ce qui veut dire : la lune était cachée et le soleil ne lui prêtait plus sa lumière. Cependant, le Saint, béni soit-il, n'a nullement abandonné Jacob et ne s'est pas séparé de lui ainsi qu’il est écrit : « Et il vit qu’il ne pouvait le surmonter (5) ». Le chef d’Esaü tourna ses yeux du côté droit de Jacob, et il y vit Abraham ; il tourna ses yeux du côté gauche, et il y vit Isaac ; et en regardant le tronc du milieu, c’est-à-dire Jacob lui-même, il s’aperçut qu’il tenait et du côté droit et du côté gauche. Aussi était-il réduit à toucher le nerf de la cuisse ; c’est un membre qui est près du tronc, mais qui ne fait pas partie du tronc lui-même. Tel est le sens des paroles de l’Écriture (Ps., XXXIV, 8) : « L’ange du Seigneur environne ceux qui le craignent. » La Schekhina entoure l’homme de tous côtés, et, quand elle est avec l’homme, de nombreuses légions célestes l’accompagnent ; ce sont ces anges que Jacob envoya au-devant d’Esaü.
Il est écrit : « Et Jacob envoya des anges au-devant d’Esaü, son frère, etc. » Rabbi Abba demanda : Dans quel but prévint-il Esaü de sa présence ? N’aurait-il pas mieux fait de garder le silence ? Mais Jacob s’était dit : Je sais qu’Esaü honore le père et qu’il ne me fera aucun mal durant la vie du père. Je vais donc me réconcilier avec lui pendant que le père vit encore. .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Prov., XII, 9) : « L’humble qui a un esclave vaut mieux que l’homme glorieux qui manque de pain. » Ce verset a été appliqué à l’Esprit [...]
- וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים וגו'. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח (תהילים צ״א:י״א) כִּי מַלְאָכָיו יְצַוְּה לָךְ לִשְׁמָרְךָ בְּכָל דְרָכֶיךָ, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא, דְהָא בְּשַׁעְתָּא דְּבַר נָשׁ אָתֵי לְעַלְמָא, מִיָּד אִזְדַּמַּן בַּהֲדֵיהּ יֵצֶר הָרָע דְּאִיהוּ מְקַטְרֵג לֵיהּ לְבַר נָשׁ תָּדִיר כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ד׳:ז׳) לַפֶּתַח חַטָּאת רוֹבֵץ. מַאי חַטָּאת רוֹבֵץ, דָּא יֵצֶר הָרָע.

וְדָוִד הָכִי נָמֵי קָרְיֵיהּ חַטָּאת דִּכְתִיב, (תהלים נא) וְחַטָּאתִי נֶגְדִי תָמִיד, בְּגִין דְּאִיהוּ עָבִיד לֵיהּ לְבַר נָשׁ כָּל יוֹמָא לְמֶחטֵי קַמֵּי מָארֵיהּ, וְיֵצֶר הָרָע דָּא לָא אִתְעֲדֵי מִבַּר נָשׁ מִיּוֹמָא דְאִתְיְלִיד בַּר נָשׁ לְעָלְמִין. וְיֵצֶר הַטּוֹב אָתֵי לְבַר נָשׁ מִיּוֹמָא דְאָתֵי לְאִתְדַּכָּאָה.

וְאֵימָתַי אָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה כַּד אִיהוּ בַּר תְּלֵיסַר שְׁנִין, כְּדֵין אִזְדַּוַּוג בַּר נָשׁ בְּתַרְוַויְיהוּ חַד מִימִינָא וְחַד מִשְּׂמָאלָא, יֵצֶר טוֹב לִימִינָא וְיֵצֶר רַע לִשְׂמָאלָא. וְאִלֵּין אִינוּן תְּרֵין מַלְאָכִין מַמָּשׁ מְמַנָּן, וְאִינוּן מִשְׁתַּכְּחִין תָּדִיר בַּהֲדֵיהּ דְּבַר נָשׁ.

אָתֵי בַר נָשׁ לְאִתְדַּכָּאָה, הַהוּא יֵצֶר הָרָע אִתְכַּפְיָא קַמֵּיהּ וְשַׁלִּיט יְמִינָא עַל שְׂמָאלָא. וְתַרְוַויְיהוּ מִזְדַּוְּוגִין לְנַטְרָא לֵיהּ לְבַר נָשׁ בְּכָל אָרְחוֹי דְּהוּא עָבִיד. הֲדָא הוּא דִכְתִיב כִּי מַלְאָכָיו יְצַוֶּה לָךְ לִשְׁמָרְךָ בְּכָל דְּרָכֶיךָ.

רִבִּי אֶלְעָזָר מוֹקִים לֵיהּ לְהַאי קְרָא בְּיַעֲקֹב, דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַזְמִין בַּהֲדֵיהּ מַלְאָכִין מַשִּׁרְיָין מְמַנָּן. בְּגִין דְהָא אִיהוּ אָתֵי שְׁלִים בְּשִׁבְטִין עִלָּאִין כֻּלְּהוּ שְׁלֵמִין כְּדְקָא יְאוּת, כְּמָה דְאִתְּמָר (דכתיב) וְיַעֲקֹב הָלַךְ לְדַרְכּוֹ וַיִּפְגְּעוּ בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלֹהִים וְאִתְּמָר. וְהָכָא כֵּיוָן דְּאִשְׁתְּזִיב מִנֵּיהּ דְּלָבָן וְהָא אִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ כְּדֵין אִזְדַּוְּוגַת עִמֵּיהּ שְׁכִינְתָּא וְאֲתוּ מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין לְסַחֲרָא לֵיהּ, וּכְדֵין
(Ⅰ)
[166b]  
[...] du Mal (6) ; car cet esprit intrigue toujours près de l’homme, lui inspire de l’orgueil et, l’animant du désir de plaire, il lui fait prendre soin de la frisure de ses cheveux et de la coiffure de sa tête, jusqu’à ce qu’il finisse par prendre un ascendant sur lui et l’attirer dans l’enfer. Les mots : « L’humble qui a un esclave... » désignent celui qui ne suit pas l’Esprit du Mal, qui ne tombe pas dans l’orgueil et qui s’humilie de cœur et d’esprit devant le Saint, béni soit-Il. Chez un tel homme l’Esprit du Mal se change en esclave qui, loin de dominer sur l’homme, est dominé par celui-ci, ainsi qu’il est écrit (Gen., IV, 7) : « ... Et tu le domineras » Les paroles : « Vaut mieux que l’homme glorieux » désignent l’infatué qui soigne la frisure de ses cheveux et l’orgueilleux. Un tel homme, ajoute l’Écriture, « manque de pain », ce qui veut dire : manque de la Foi appelée pain, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XXI, 17) : « ... Le pain de son Dieu » ; et ailleurs (Lév., XXI, 6) : « Et ils offrent les pains de leur Dieu. »
D’après une autre interprétation, les mots : « l’humble qui a un esclave... » désignent Jacob qui s’était humilié devant Esaü, pour que celui-ci devienne plus tard son esclave dominé par lui, et pour que s’accomplissent les paroles de l’Écriture (Gen., XXVII, 29) : « Que les peuples te soient assujettis et que les tribus t’adorent. » Bien que le temps ne fût pas encore venu de dominer sur Esaü, Jacob avait préparé l’avenir, et, en s’humiliant, il a fait son esclave de celui que l’Écriture désigne sous le nom de « glorieux qui manque de pain » ; c’est celui qui manque de pain, qui est l’esclave de celui à qui il avait été accordé « une abondance de blé et de vin » (Gen., XXVII, 28).
Remarquez que Jacob s’était humilié devant Esaü, parce que le moment lü, parce que le moment l’exigeait ; c’était l’acte le plus prudent et le plus rusé de tous ceux que Jacob eût encore commis à l’égard d’Esaü ; car, sans cela, Esaü l’aurait certainement tué. Mais Jacob a agi en tout avec sagesse, et c’est de lui que Hannah a dit (I Rois, II, 10) : « Les ennemis du Seigneur trembleront devant lui, etc. ; il donnera l’empire à celui qui l’a fait roi, et il comblera de gloire le règne de son Messie. » Il est écrit (Gen., XXXII, 5) : « Et il leur donna cet ordre : Voici ce que vous direz à Esaü, mon seigneur : Jacob, ton serviteur, t’envoie dire ceci : J’ai demeuré chez Laban, et j’y ai prolongé mon séjour jusqu’aujourd’hui. » Jacob avait, dès le début, fait entendre à son frère qu’il le considérait comme son esclave, afin de lui faire ainsi oublier la bénédiction de son père que Jacob lui avait enlevée avec ruse.
Rabbi Yehouda demanda : Pourquoi Jacob fait-il dire à Esaü : « J’ai demeuré chez Laban » ? En quoi cette annonce pouvait-elle intéresser Esaü ? Mais Laban, l’Araméen, était réputé comme le plus grand de tous les magiciens du monde, à qui nul homme ne pouvait échapper, tant étaient grandes ses connaissances de l’art magique et du sortilège. Or, Laban était le père de Beor, et celui-ci à son tour, était le père de Balaam, ainsi qu’il est écrit (Josué, XIII, 22) : « Les enfants d’Israël firent mourir par l’épée Balaam, fils de Beor le magicien. » Malgré les connaissances de Laban, qui dépassaient celles de tous les autres magiciens et sorciers, il ne pouvait avoir aucune prise sur Jacob, bien qu’il se fût armé de tous ses secrets magiques pour perdre Jacob, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXVI, 5) : « L’Araméen voulait perdre mon père. »
Rabbi Abba dit : Tout le monde savait que Laban était le plus grand des magiciens et que nulle personne ne pouvait lui échapper lorsqu’il avait décidé de la perdre par l’art de la magie. Ainsi, tout ce que Balaam savait, il le tenait de Laban ; c’est pourquoi Balac dit (Ex., XII, 29) dit à Balaam : « Car je sais que celui que tu bénis est béni, et que celui sur qui tu jettes la malédiction est maudit. » Tout le monde craignait Laban et son art magique. La première parole que Jacob fit dire à Esaû était celle-ci : « J’ai demeuré chez Laban. » Et pour qu’Esaü ne pût croire qu’il n’était resté chez Laban qu’un mois ou un an, Jacob ajouta : « ... Et j’y ai prolongé mon séjour jusqu’aujourd’hui . » Et pour qu’Esaü ne pût encore croire qu’il était revenu de chez Laban sans fortune, Jacob ajouta : « J’ai des bœufs et des ânes. » Le bœuf et l’âne sont l’image de deux degrés de Rigueur qui ne s’unissent ensemble que pour porter préjudice au monde. C’est pour cette raison que l’Écriture (Deut., XXII, 10) dit : « Tu ne laboureras point avec un bœuf et un âne attelés ensemble. » Jacob ajouta : « J’ai des brebis, des serviteurs et des servantes. » Il indiqua à Esaü qu’il avait subjugué les « couronnes d’en-bas », c’est-à-dire les chefs des esprits du démon, dont la brebis, l’esclave et la servante sont l’image ; et c’est pour cette raison que le Saint, béni soit-il, tua en Égypte les premiers nés des bêtes (Ex., XII, 29), des esclaves et des servantes (Ex., XI, 5). Aussitôt Esaü fut saisi de crainte et alla au-devant de Jacob ; la crainte d’Esaü était aussi grande que celle de Jacob. Le cas de Jacob est comparable à celui d’un homme qui, se trouvant en voyage et craignant les voleurs, dit à un autre homme qu’il rencontra sur son chemin : D’ou viens-tu ? Celui-ci lui répondit : Je fais partie de telle et telle légion. Le voyageur s’écria alors : Eloigne-toi de moi (7), car je porte sur moi un serpent qui tue tous ceux qui m’approchent. Revenu chez son capitaine, le soldat lui dit : J’ai rencontré un homme porteur d’un serpent [...]
- וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב כַּאֲשֶׁר רָאָם וְגו'. וּמֵאִינוּן מַלְאָכִין שַׁדַּר לֵיהּ לְעֵשָׂו הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים, מַלְאָכִים מַמָּשׁ הֲווּ וַדַּאי.

פָּתַח רִבִּי יִצְחָק וְאָמַר כְּתִיב, (תהלים לה) חוֹנֶה מַלְאַךְ יְיָ סָבִיב לִירֵאָיו וַיְחַלְּצֵם, הָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל בְּאֲתַר חַד כְּתִיב כִּי מַלְאָכָיו יְצַוֶּה לָךְ, מַלְאָכָיו סַגִּיאִין, וְהָכָא חַד דִּכְתִיב חוֹנֶה מַלְאַךְ יְיָ סָבִיב לִירֵאָיו וַיְחַלְּצֵם. אֶלָּא כִּי מַלְאָכָיו יְצַוֶּה לָךְ, אִלֵּין שְׁאָר מַלְאָכִין. מַלְאַךְ יְיָ סָבִיב דָּא שְׁכִינְתָּא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות ג׳:ב׳) וַיֵּרָא מַלְאַךְ יְיָ אֵלָיו בְּלַבַּת אֵשׁ מִתּוֹךְ הַסְּנֶה. וּבְגִין כָּךְ חוֹנֶה מַלְאַךְ יְיָ סָבִיב לִירֵאָיו, לַאֲקָפָא לֵיהּ בְּכָל סִטְרִין בְּגִין לְשֵׁזָבָא לֵיהּ. וְכַד שְׁכִינְתָּא שַׁרְיָא בְּגַוֵּיהּ דְּבַר נָשׁ, כַּמָּה מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין כֻּלְּהוּ אִזְדַּמְּנוּ לְתַמָּן.

תָּא חֲזֵי, כַּד דָּוִד מַלְכָּא אִשְׁתְּזִיב מֵאָכִישׁ מֶלֶךְ גַת כְּדֵין אָמַר הַאי, בְּגִין דִּשְׁכִינְתָּא סַחֲרָא לֵיהּ וְאִשְׁתְּזִיב מִנַּיְיהוּ מֵאָכִישׁ וּמֵעַמֵּיהּ כָּל אִינוּן דְּאַתְקִיפוּ (נ''א דאקיפו) בֵּיהּ, מַה כְּתִיב, (שמואל א כ״א:י״ד) וַיִּתְהוֹלֵל בְּיָדָם, אַמַּאי וַיִּתְהוֹלֵל, וַיִּשְׁתַּגֵּעַ מִבָּעֵי לֵיהּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שם) כִּי הֵבֵאתֶם אֶת זֶה לְהִשְׁתַּגֵּעַ עָלַי.

אֶלָּא אַהֲדַר עַל הַהוּא מִלָּה דְאֲמַר דָּוִד בְּקַדְמִיתָא דִּכְתִיב, (תהילים ע״ג:ג׳) כִּי קִנֵּאתִי בַּהוֹלְלִים וְגו'. אָמַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חַיֶּיךָ עֲדַיִין אַנְתְּ אִצְטְרִיךְ לְהַאי, כֵּיוָן דְּעָאל לְבֵי אָכִישׁ וְאַתְקִיפוּ בֵּיהּ, מַה כְּתִיב וַיִּתְהוֹלֵל בְּיָדָם, כְּאִינוּן הוֹלְלִים דְּקַנֵּי בְּקַדְמִיתָא, וּכְדֵין אַתְיָא שְׁכִינְתָּא וְשַׁרְיָא סַחֲרָנֵיהּ דְּדָוִד.

וְאִי תֵימָא שְׁכִינְתָּא לָא שַׁרְיָא אֶלָּא (באחסנתה) בְּאַחְסַנְתֵּיהּ, דְּאִיהִי אַרְעָא קַדִּישָׁא. וַדַּאי לָא שַׁרְיָא בְּגִין (דינקין) לִינָקָא מִנָּהּ, אֲבָל לַאֲגָנָא שַׁרְיָא. וְהָכָא כַּד אֲתָא יַעֲקֹב מִבֵּי לָבָן כֻּלְּהוּ מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין סַחֲרָן לֵיהּ וְלָא אִשְׁתָּאַר בִּלְחוֹדוֹי.

אָמַר רִבִּי חִזְקִיָה אִי הָכִי (ס''א דכלהו משריין קדישין אתו בההה ושכינתא בהדיה), אַמַּאי כְּתִיב וַיִּוָּתֵר יַעֲקֹב לְבַדּוֹ וְגו'. אָמַר רִבִּי יְהוּדָה בְּגִין דְּאָעִיל גַּרְמֵיהּ לְסַכָּנָה, וְהֲוָה חָמֵי לְהַהִיא סַכָּנָה בְּעֵינוֹי, אִינוּן אִתְפָּרְשׁוּ מִנֵּיהּ, וּכְדֵין אָמַר קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל הָאֱמֶת, אִלֵּין אִינוּן מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין דְּאִתְפָּרְשׁוּ מִנֵּיהּ.

רִבִּי יִצְחָק אָמַר בְּגִין לְשַׁבְקָא לֵיהּ עִם הַהוּא מְמַנָּא דְעֵשָׂו דְּבִרְשׁוּתָא עִלָּאָה הֲוָה אָתֵי. וְאִלֵּין אָזְלֵי לְמֵימַר שִׁירָתָא דְּמָטָא זִמְנַיְיהוּ לְשַׁבָּחָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּהַהִיא שַׁעְתָּא, וּלְבָתַר אַהֲדָרוּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל הָאֱמֶת אֲשֶׁר עָשִׂיתָ אֶת עַבְדֶּךָ וְגו', וְעַתָּה הָיִיתִי לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת. מַחֲנֶה שְׁכִינְתָּא, וְכָל בֵּיתֵיהּ, (ס''א מחנה חד הוה דכתיב מחנה אלהים זה), לִשְׁנִי מַחֲנוֹת, דְהֲוָה שְׁלִים מִכָל סִטְרִין מִתְּרֵין חוּלָקִין חִוַּור וְסוּמָק.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, הָא אִתְּמָר, הַהוּא לֵילְיָא שׁוּלְטָנוּתָא דְסִטְרָא דְעֵשָׂו הֲוָה. בְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּהָא כְּתִיב (בראשית א׳:י״ד) יְהִי מְאֹרֹת חָסֵר, וּבְגִין כָּךְ וַיִּוָּתֵר יַעֲקֹב לְבַדּוֹ, דְּאִשְׁתָּאַר יַעֲקֹב דְאִיהוּ שִׁמְשָׁא בִּלְחוֹדוֹי, דְּאִתְכַּסְיָא סִיהֲרָא מִן שִׁמְשָׁא. וְאַף עַל גַּב דִּנְטִירוּ (ס''א ועם כל דא נטירו) דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא אִתְעֲדֵי מִנֵּיהּ מִכֹּל וָכֹל, וְעַל דָּא לא יָכוֹל לוֹ, דִּכְתִיב וַיַּרְא כִּי לא יָכוֹל לוֹ.

אִסְתַּכַּל לִימִינָא וְחָמָא לְאַבְרָהָם. אִסְתַּכַּל לִשְׂמָאלָא וְחָמָא לְיִצְחָק. אִסְתַּכַּל בְּגוּפָא וְחָמָא דְאִתְכְּלִיל מִסִּטְרָא דָא וְאִתְכְּלִיל מִסִּטְרָא דָא, כְּדֵין וַיִּגַע בְּכַף יְרֵכוֹ. בְּחַד עַמּוּדָא דְּסָמִיךְ לְגוּפָא דְּאִיהוּ לְבַר מִן גּוּפָא.

וּבְגִין כָּךְ חוֹנֶה מַלְאַךְ יְיָ סָבִיב לִירֵאָיו וַיְחַלְּצֵם, אַקִּיף לֵיהּ בְּכָל סִטְרוֹי בְּגִין לְשֵׁזָבָא לֵיהּ, וְכַד שָׁרָא שְׁכִינְתָּא בְּגַוֵּיהּ (ס''א לגביה) כַּמָּה חֵילִין וּמַשִּׁרְיָין אָתוּ בַּהֲדֵיהּ, וּמֵאִינוּן מַלְאָכִין שַׁדַּר לְגַבֵּיהּ דְּעֵשָׂו:

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים, אָמַר רִבִּי אַבָּא וְכִי אַמַּאי אִתְעַר אִיהוּ לְגַבֵּיהּ דְּעֵשָׂו, וְטַב הֲוָה לֵיהּ לְאִשְׁתּוּקֵי מִנֵּיהּ. אֶלָּא אָמַר יַעֲקֹב יְדַעְנָא דְּעֵשָׂו חַיִּישׁ לֵיהּ לִיקָרָא דְאַבָּא וּלְעָלַם לָא אַרְגִּיז קַמֵּיהּ, וְהָא יְדַעְנָא הוֹאִיל וְאַבָּא קַיָּים לָא מִסְתָּפִינָא מִנֵּיהּ, אֲבָל הַשְׁתָּא (הואיל דאבא קאים בעינא לאתפייס (לאתפייסא)) עִמֵּיהּ, מִיָּד וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים לְפָנָיו.

וַיִּשְׁלַח יַעֲקֹב מַלְאָכִים. רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (משלי י״ב:ט׳) טוֹב נִקְלָה וְעֶבֶד לוֹ מִמִּתְכַּבֵּד וַחֲסַר לֶחֶם, הַאי קְרָא עַל יֵצֶר
(Ⅰ)
[167a]  
[...] qui tue tous ceux qui l’approchent. Saisi de crainte, le capitaine ordonna qu’on fit venir cet homme redoutable, pour se le rendre favorable. Mais à peine le voyageur se trouvait-il en présence du capitaine qu’il fut saisi de crainte et s’écria : Malheur à moi ! ce capitaine va me tuer maintenant ; et il se prosterna à plusieurs reprises devant le capitaine. Celui-ci se dit alors : Si réellement cet homme possédait un serpent si redoutable, il ne se prosternerait pas tant de fois devant moi ; et il prit une attitude hautaine à l’égard de l’étranger. Cependant, se dit le capitaine, puisque cet homme s’est prosterné tant de fois devant moi, je ne veux pas le tuer. Tel était le cas de Jacob : « J’ai demeuré chez Laban, et j’y ai prolongé mon séjour jusqu’aujourd’hui. » Il informa ainsi Esaü qu’il avait demeuré pendant vingt-deux ans chez Laban, ce qui faisait supposer à Esaü que Jacob y avait appris l’art magique. C’était, en quelque sorte, le serpent du voyageur qui tuait tous ceux qui l’approchaient. En apprenant le message de Jacob, Esaü s’écria : Malheur à moi !Qui pourrait maintenant lui résister ? Il me tuera maintenant par une seule parole de sa bouche. Et il alla au-devant de Jacob pour se le rendre favorable.
Mais aussitôt qu’il l’aperçut, l’Écriture (Gen., XXXII, 8) : « Et Jacob eut une grande peur ; et il fut saisi de frayeur. » Aussi se prosterna-t-il à plusieurs reprises devant Esaü, ainsi qu’il écrit (Gen., XXXIII, 3) : « Et il se prosterna sept fois en terre, etc. » Esaü se dit alors : Si Jacob avait un tel pouvoir, il ne se prosternerait pas tant de fois devant moi ; et il redevint hautain.
Remarquez que, pour Balaam, l’Écriture (Nomb., XXII, 20) dit : « Et le Seigneur vint à Balaam pendant la nuit. » Pour Laban également l’Écriture (Gen., XXXI, 24) : « Et le Seigneur apparut à Laban, en songe, pendant la nuit, et il lui dit : Prends garde de ne rien dire de mal à Jacob. » Pourquoi Dieu lui ordonna-t-il de ne rien «dire» de mal à Jacob, au lieu de ne lui rien « faire » de mal ? Mais Laban n’a pas poursuivi Jacob accompagné d’une armée pour lui faire la guerre avec les armes, parce que Jacob, accompagné de sa famille, formait une armée plus nombreuse que celle dont pouvait disposer Laban. Mais il voulait faire disparaître Jacob par une parole de sa bouche, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXVI, 5) : « L’Araméen voulait perdre mon père. » C’est pourquoi Dieu dit à Laban : « Prends garde de ne rien dire », au lieu de : « ... De ne rien faire. » Laban disait également (Gen., XXI, 29) : « Je pourrais te faire du mal. » Comment savait-il que son pouvoir était assez grand pour faire le mal ? C’est parce que Dieu le lui avait dit, ainsi qu’il est écrit (ibid.) : « Mais le Dieu de tes ancêtres me dit hier : Prends garde de ne rien faire de mal à Jacob. »
Et le Saint, béni soit-il, nous a commandé de témoigner de ce fait, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXVI, 5) : « Et tu témoigneras (veanitha) et tu diras devant le Seigneur, ton Dieu : L’Araméen voulait perdre mon père. » Or, le mot « veanitha » signifie : « Tu témoigneras », ainsi qu’il est écrit (Ex., XX, 16) : « Tu ne témoigneras (thaaneh) faussement contre ton prochain. » Et ailleurs (Deut., XIX, 18), il est écrit : « Il a témoigné (anah) faussement contre son frère. » Pour Balaam, l’Écriture (Nomb., XXIV, 1) dit : « Et il n’alla plus comme auparavant au-devant des serpents (nehaschim) (8). » Car c’était sa coutume de pratiquer toujours l’art de la magie. Pour Laban, l’Écriture (Gen., XXX, 27) dit : « J’ai reconnu par la magie (nihaschthi)... »Car Laban pratiquait la magie dans le but de perdre Jacob ; mais Dieu ne l’a pas permis. C’est pourquoi Balaam, son petit fils, a dit (Nomb., XXIII, 23) : « Il n’y a point de magie (nahasch) dans Jacob, ni de sortilège dans Israël. » Balaam avait dit : Mon grand-père s’était déjà efforcé de faire disparaître Jacob à l’aide de la magie ; mais il n’a pas pu y parvenir.
Laban s’était servi des dix armes de la magie ; il a invoqué tous les dix degrés des « couronnes d’en bas », c’est à dire du démon, pour nuire à Jacob ; mais il ne put y parvenir, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXI, 41) : « Tu as changé dix fois (monim) pour me récompenser. » Le mot « monim » est traduit, dans la paraphrase chaldaïque, par « armes », pour désigner les dix armes de la magie dont Laban s’était servi à son égard. L’Écriture (Lévit., XXVII, 7) dit également : « Et ils n’immoleront plus à l’avenir leurs sacrifices aux démons, au culte desquels ils se sont abandonnés (zonim). » Le mot « monim » a la signification de « minim » (variétés, espèces) ; car la magie connaît dix moyens d’opérer qui correspondent aux dix degrés des « couronnes d’en bas », c’est à dire du démon. Ces dix variétés sont indiquées dans les versets suivants (Deut., XVIII, 10 et 11) : « Qu’il ne se trouve personne parmi vous qui fasse passer son fils ou sa fille par le feu, qui exerce la magie, qui pratique le sortilège, qui observe les songes et les augures, qui use de maléfices, d’enchantements, qui consigne l’esprit de Python, qui interroge les morts, etc. »
Rabbi Yossé dit : Magie et sortilège sont deux arts différents ; mais ils sont placés sur le même degré ; c’était avec le sortilège que Balaam essayait de nuire à Israël, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XXII, 7) : « Et les vieillards de Moab et les anciens de Madian s’en allèrent portant avec eux ce qu’il faut pour exercer le sortilège (qesamim). » Par contre, Laban employait contre Jacob la magie. Comme ni l’un ni l’autre de ces arts ne leur ont réussi, Balaam s’écria (Nomb., XXIII, 23) : « Il n’y a point de magie dans Jacob, ni de sortilège dans Israël. » En effet, la magie n’a pas eu de prise sur Israël à l’époque de Laban, ni le sortilège à l’époque de Balaam. Balaam dit à Balac : Vois que rien de notre art ne peut avoir de prise sur Israël que Dieu entoure des rayons de sa couronne. C’est pourquoi il a dit (Nomb., XXIII, 21) : « Le Seigneur son Dieu est avec lui, et on entend dans son camp le son de la victoire de son roi. »
Rabbi Yehouda dit : Qu’à Dieu ne plaise d’admettre que Balaam ait connu quelque chose de la sainteté d’en haut ! [...]
- הָרָע אִתְּמָר, בְּגִין דְּאִיהוּ מְקַטְרְגָא תָּדִיר לְגַבֵּי בְּנֵי נָשָׁא, וְיֵצֶר הָרָע אִיהוּ אָרִים לִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ דְּבַר נָשׁ בְּגַאֲוָתָא וְאָזִיל אֲבַתְרֵיהּ מְסַלְסֵל שַׂעֲרֵיהּ וּבְרֵישֵׁיהּ עַד דְּאִיהוּ אִתְגָּאֵי עֲלֵיהּ וּמָשִׁיךְ לֵיהּ לַגֵּיהִנֹּם.

אֲבָל טוֹב נִקְלָה, הַהוּא דְּלָא אָזִיל אֲבַתְרֵיהּ דְּיֵצֶר הָרָע וְלָא אִתְגָּאֵי כְּלָל וּמָאִיךְ רוּחֵיהּ וְלִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וּכְדֵין הַהוּא יֵצֶר הָרָע מִתְהַפֵּךְ לְעֶבֶד לוֹ, דְּלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי, וְהַהוּא בַּר נָשׁ שַׁלִּיט עֲלוֹי כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (בראשית ד׳:ז׳) וְאַתָּה תִּמְשָׁל בּוֹ.

מִמִּתְכַּבֵּד, כְּמָה דְאֲמָרָן דְּאִיהוּ אוֹקִיר גַּרְמֵיהּ מְסַלְסֵל בְּשַׂעֲרֵיהּ אִתְגָּאֵי בְּרוּחֵיהּ, וְאִיהוּ חֲסַר לֶחֶם, חֲסַר מְהֵימְנוּתָא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ויקרא כ״א:י״ז) לֶחֶם אֱלֹהָיו וְגו' (ויקרא כ״א:ו׳) לֶחֶם אֱלֹהֵיהֶם הֵם מַקְרִיבִים וְגו'.

דָּבָר אַחֵר טוֹב נִקְלָה (ועבד לו), דָּא יַעֲקֹב דְּמָאִיךְ רוּחֵיהּ לְגַבֵּיהּ דְּעֵשָׂו. בְּגִין דִּלְבָתַר לֶיהֱוֵי עֶבֶד לוֹ וְיִשְׁלוֹט עֲלוֹי וְיִתְקַיַּים בֵּיהּ (בראשית כ״ז:כ״ט) יַעַבְדוּךָ עַמִּים וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ לְאוּמִים וְגו', וַעֲדַיִן לָא הֲוָה זִמְנֵיהּ כְּלַל. אֶלָּא בְּגִין דְּסָלִיק לֵיהּ יַעֲקֹב לְבָתַר יוֹמַיָא, וְעַל דָּא הֲוָה מִיָּד נִקְלָה. וּלְבָתַר הַהוּא דְּאִיהוּ מִתְכַּבֵּד יְהֵא עֶבֶד לוֹ, הַהוּא דְּאִיהוּ חֲסַר לֶחֶם יְהֵא עַבְדָּא לְהַהוּא דְּיַהֲבוּ לֵיהּ רוֹב דָּגָן וְתִירוֹשׁ.

תָּא חֲזֵי, עַל דָּא בְּגִין דְּיָדַע יַעֲקֹב דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ, הַשְׁתָּא אִתְהַפַּךְ לֵיהּ נִקְלָה. וְיוֹתֵר חָכְמָה וַעֲקִימוּ עֲבַד בְּדָא, מִכָּל מַה דְּעֲבַד לְגַבֵּי דְעֵשָׂו. דְּאִילוּ הֲוָה יָדַע עֵשָׂו חָכְמָה דָא יִקְטִיל לֵיהּ לְגַרְמֵיהּ וְלָא יֵיתֵי לְדָא, אֲבָל כֹּלָּא עֲבַד בְּחָכְמְתָא, וְעֲלֵיהּ אָמְרָה חַנָּה (שמואל א ב׳:י׳) יְיָ יֵחַתּוּ מְרִיבָיו וְגו' וְיִתֵּן עֹז לְמַלְכּוֹ וְגו':

וַיְצַו אֹתָם לֵאמֹר כֹּה תֹאמְרוּן לַאדֹנִי לְעֵשָׂו כֹּה אָמַר עַבְדְּךָ יַעֲקֹב עִם לָבָן גַּרְתִּי וָאֵחַר עַד עָתָּה. מִיָּד פָּתַח יַעֲקֹב לְאִתְהַפָּכָא לֵיהּ לְעַבְדָּא, בְּגִין דְּלָא יִסְתַּכַּל עֵשָׂו בְּאִינוּן בִּרְכָאן דְּבָרְכֵיהּ אֲבוֹי, דְּהָא יַעֲקֹב סָלִיק לוֹן לְבָתַר כְּדְקָא אֲמָרָן.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה מַאי חָמָא יַעֲקֹב דְּשַׁדַּר לֵיהּ לְעֵשָׂו וְאָמַר עִם לָבָן גַּרְתִּי, וְכִי מַה עָבִיד בִּשְׁלִיחוּתֵיהּ דְּעֵשָׂו (דאמר) מִלָּה דָא. אֶלָּא לָבָן הָאֲרַמִּי קָלֵיהּ אָזִיל בְּעַלְמָא דְלָא הֲוָה בַר נָשׁ דְּיִשְׁתְּזִיב מִנֵּיהּ, דְּהוּא הֲוָה חָרָשׁ בֶּחֳרָשִׁין וְרַב בְּקוֹסְמִין, וַאֲבוֹי דִבְעוֹר הֲוָה, וּבְעוֹר אֲבוֹי דְבִלְעָם, דִּכְתִיב (יהושע י״ג:כ״ב) בִּלְעָם בֶּן בְּעוֹר הַקּוֹסֵם, וְלָבָן חָכָם בֶּחֳרָשִׁין וְקוֹסְמִין יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ, וְעִם כָּל דָּא לָא יָכִיל בְּיַעֲקֹב. וּבָעָא לְאוֹבָדָא לְיַעֲקֹב בְּכַמָּה זַיְינִין הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (דברים כ״ו:ה׳) אֲרַמִּי אוֹבֵד אָבִי.

אָמַר רִבִּי אַבָּא כּוּלֵי עַלְמָא הֲוֵי יָדְעֵי דְּלָבָן הֲוָה רַב חַכִּימִין וָחֳרָשִׁין וְקוֹסְמִין, וּמַאן דְּבָעֵי לְאוֹבָדָא בֶּחֳרָשׁוֹי לָא אִשְׁתְּזִיב מִנֵּיהּ, וְכָל מַה דְּיָדַע בִּלְעָם מִנֵּיהּ הֲוָה. וּכְתִיב בֵּיהּ בְּבִלְעָם (במדבר כ״ב:ו׳) כִּי יָדַעְתִּי אֵת אֲשֶׁר תְּבָרֵךְ מְבֹרָךְ וַאֲשֶׁר תָּאֹר יוּאָר. וְכוּלֵי עַלְמָא הֲווּ מִסְתָּפֵי מִלָּבָן וּמֵחֳרָשׁוֹי, וּמִלָּה קַדְמָאָה דְּשַׁדַּר יַעֲקֹב לְעֵשָׂו אָמַר עִם לָבָן גַּרְתִּי.

וְאִי תֵימָא דִּזְעֵיר הֲוָה יֶרַח אוֹ שַׁתָּא. לָאו הָכִי, אֶלָּא וָאֵחַר עַד עָתָּה, עֶשְׂרִין שְׁנִין אִתְאֲחָרִית עִמֵּיהּ. וְאִי תֵימָא דְּלָא סָלִיק בְּיָדִי כְּלוּם. וַיְהִי לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, אִינוּן תְּרֵין גִּזְרֵי דִינִין, דְּכַד מִתְחַבְּרָן תַּרְוַויְיהוּ כְּחֲדָא, לָא מִתְחַבְּרָן אֶלָא לְאַבְאָשָׁא עַלְמָא. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (דברים כ״ב:י׳) לֹא תַחֲרשׁ בְּשׁוֹר וּבַחֲמוֹר יַחְדָּו.

צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה, אִלֵין אִינוּן כִּתְרֵי תַּתָּאֵי דְּקָטַל קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּמִצְרַיִם (שמות י״ב:כ״ט) בְּכוֹר בְּהֵמָה (שמות י״ב:כ״ט) בְּכוֹר הַשְּׁבִי (שמות י״א:ה׳) בְּכוֹר הַשִּׁפְחָה, הֲדָא הוּא דִכְתִיב צֹאן וְעֶבֶד וְשִׁפְחָה. מִיָּד מִסְתָּפֵי הֲוָה עֵשָׂו וְנָפַק לָקֳדָמוּתֵיהּ, וּדְחִילוּ הֲוָה לֵיהּ מִיַּעֲקֹב כְּמָה דְּהֲוָה לֵיהּ לְיַעֲקֹב מֵעֵשָׂו.

לְבַר נָשׁ דְּהֲוָה אָזִיל בְּאָרְחָא, עַד דְּהֲוָה אָזִיל שָׁמַע עַל חַד לִסְטִים דְּהֲוָה כָּמַן בְּאָרְחָא, פָּגַע בֵּיהּ בַר נָשׁ אָחֳרָא. אָמַר לֵיהּ מִמָּאן אַנְתְּ, אָמַר לֵיהּ מִפְּלוֹנִי לִגְיוֹן אֲנָא, אָמַר לֵיהּ סְטֵי לָךְ מִגַּבָּאי דְּכָל מַאן דְּקָרִיב בַּהֲדָאי חַד חִוְיָא אֲנָא מַיְיתֵי וְקָטִיל לֵיהּ. אֲזַל הַהוּא בַר נָשׁ לְהַהוּא לִגְיוֹן, אָמַר לֵיהּ חַד בַר נָשׁ אָתֵי וְכָל מַאן דִּי קָרִיב בַּהֲדֵיהּ נָשְׁכֵיהּ חַד חִוְיָא דְּהוּא מַיְיתֵי
(Ⅰ)
[167b]  
[...] Car le Saint, béni soit-il, ne fait connaître sa gloire qu’à ses saints fils, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XI, 44) : « Et vous vous sanctifierez ; et vous serez saints », ce qui veut dire que seul celui qui se sanctifie possède la faculté de s’occuper de choses saintes ; or, Israël est appelé saint, ainsi qu’il est écrit (Deut., XIV, 21) : « Car tu es le peuple saint du Seigneur ton Dieu. » Tu es saint, mais aucun des peuples qui se souillent ne peut l’être ; à ceux là c’est la souillure qui s’attache, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XIII, 46) : « Il est impur, et il demeurera seul hors du camp. » L’homme impur appelle la souillure à lui (Lévit., XIII, 45) : « Et l’impur appellera l’impureté. » Rabbi Isaac demanda : Était ce louable de la part de Jacob de faire croire à son frère qu’il s’était souillé chez Laban en y apprenant la magie ?
Rabbi Yossé lui répondit : Bien que Rabbi Yehouda ait déjà donné des explications à ce sujet, je veux contribuer aussi à te faire comprendre la conduite de Jacob. Celui-ci avait également dit (Gen., XXVII, 19) à son père : « Je suis Esaü ton fils. » Était ce louable de la part d’un saint comme Jacob de changer son nom et de se souiller par un mensonge ? Mais Jacob n’avait pas menti ; il a fait une pause entre le mot « anochi» (je suis) et le nom d’Esaü ; il a donc pensé : «Je suis Jacob. » Seulement il n’a pas prononcé ce dernier nom ; et, après une pause, il a ajouté : «Esaü ton fils », ce qui voulait dire : Esaü est également ton fils. C’était d’une équivoque semblable qu’il s’est servi à l’égard d’Esaü.
Il est écrit (Gen., XXXII, 5) : « J’ai des bœufs, des ânes, des brebis, des serviteurs et des servantes. » Jacob voulait montrer à Esaü que celui-ci n’avait pas de raison pour lui garder rancune de la bénédiction qu’il lui avait enlevée : Mon père, lui dit-il, m’avait dit (Gen., XXVII, 29) : « Sois le Seigneur de tes frères, et que les enfants de ta mère s’abaissent devant toi. » Or, cette promesse ne s’était pas réalisée. C’est pourquoi Jacob lui fit dire par ses messagers (Gen., XXXII, 5) : « Ton serviteur Jacob... » Mon père m’avait promis (Gen., XXVII, 28) « une abondancede blé et de vin », alors que je n’en ai point ramassé, puisque mon bien consiste en « bœufs, ânes, brebis et serviteurs ». Mon père m’avait promis (ibid) « de la rosée du ciel et de la graisse de la terre », alors que (Gen., XXXII, 5) « j’ai demeuré chez Laban ».
Rabbi Abba dit : l’Écriture (Gen., XXV, 27) dit de Jacob qu’ « il était un homme parfait et qu’il demeurait dans les tentes » ; il réunissait en effet, en lui, les degrés des deux tentes célestes, ce qui l’a rendu parfait du côté droit aussi bien que du côté gauche ; mais il ne s’est jamais souillé par la pratique de la magie. Mais, d’après Rabbi Yehouda, le cœur de Jacob était trop parfait et son amour de la vérité était trop grand pour faire croire à Esaü qu’il était expert en matière de magie. Jacob s’était fié au Saint, béni soit-il, pour être sauvé d’Esaü. Quant aux paroles que Jacob fit dire à Esaü et d’où il résultait que la bénédiction de son père ne s’était pas réalisée, Jacob les avait prononcées dans le but qu’Esaü ne lui gardât pas de rancune. C’est à Jacob que s’appliquent les paroles de l’Écriture (Osée, XIV, 10) : « ... Car les voies du Seigneur sont droites, etc. », ainsi que les paroles suivantes (Deut., XVIII, 13) : « Sois parfait avec le Seigneur ton Dieu. »
Il est écrit (Gen., XXXII, 17) : « Et les anges revinrent auprès de Jacob et lui dirent : Nous avons été vers ton frère Esaü ; et il vient au-devant de toi avec quatre cents hommes. » Pourquoi les anges avaient ils besoin de dire : « ... Vers ton frère Esaü » ? Jacob n’ayant pas eu d’autre frère, il leur aurait suffi de dire : « ... Vers Esaü » ? Mais les anges dirent à Jacob : Ne t’imagine pas que ton frère ait fait pénitence ! Il est toujours Esaü comme avant . Et ils ajoutèrent : « .. Et il vient au-devant de toi. » N’imagine pas, lui dirent ils, qu’il vienne seul : il vient avec quatre cents hommes. Pourquoi les anges dirent ils toutes ces choses à Jacob ? Parce que le Saint, béni soit-il, se complaît à la prière des justes. Ces prières forment sa couronne, ainsi que cela a été déjà dit. L’ange préposé à la prière d’Israël porte le nom de « Sandalphon » ; c’est lui qui prend toutes les prières et en fait une couronne à Celui qui vit en toute éternité. A plus forte raison le Saint, béni soit-il, se complaît il aux prières des justes. Mais, objectera-ton : Pourquoi Jacob avait-il peur, alors qu’il était entouré de légions d’anges ? C’est que les justes ne se fient jamais à leur mérite, ni à autre chose, si ce n’est à la prière qu’ils adressent à leur Maître.
Remarquez en outre que Rabbi Siméon a dit : La prière de la multitude monte vers le Saint, béni soit-il, où elle se change en une couronne de plusieurs couleurs sur la tête du Juste qui vit en toute éternité, alors que la prière d’un seul homme ne forme qu’une couronne d’une seule couleur. Or, remarquez que la prière de Jacob était une prière de la multitude, puisque ses fils priaient avec lui ; et c’est pourquoi le Saint, béni soit-il, l’a souhaitée. L’Écriture (Gen., XXXII, 5) ajoute : « Jacob eut une grande peur et fut saisi de frayeur. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la maniére suivante : Il est écrit (Prov., XXVIII, 14) : « Heureux l’homme qui est toujours dans la crainte ; mais celui qui a le cœur dur, tombera dans le mal. » [...]
- וּמַיֵית.

שָׁמַע הַהוּא לִגְיוֹן וְדָחִיל, אָמַר יָאוֹת דְּאֵזִיל לְקֳבְלֵיהּ וְאִתְפַּיֵיס בַּהֲדֵיהּ. עַד דְּחָמָא לֵיהּ הַהוּא בַר נָשׁ, אָמַר, וַוי דְּהַשְׁתָּא יִקְטְלֵינֵיהּ הַהוּא לִגְיוֹן. שָׁארֵי סָגִיד וְכָרַע לְקֳבְלֵיהּ. אָמַר הַהוּא לִגְיוֹן, אִלְמָלֵא הֲוָה לֵיהּ בִּידֵיהּ חִוְיָא לְקָטְלָא, לָא סְגִיד כּוּלַי הַאי לְקֳבְלִי. שָׁארֵי לִגְיוֹנָאָה לְאִתְגָּאָה, אָמַר, הוֹאִיל וְכָל כָּךְ כָּרַע לְקִבְלִי לָא אֶקְטְלִינֵיהּ.

כָּךָ אָמַר יַעֲקֹב עִם לָבָן גַּרְתִּי וָאֵחַר עַד עָתָּה, עֶשְׂרִין שְׁנִין אִתְאֲחָרִית עִמֵּיהּ וְאֲנָא מַיְיתֵי חִוְיָא לְקָטְלָא בְּנִי נָשָׁא. שְׁמַע עֵשָׂו, אָמַר, וַוי מַאן יָקוּם קַמֵּיהּ. דְּהַשְׁתָּא יִקְטְלִינֵיהּ יַעֲקֹב בְּפוּמֵיהּ, שָׁארֵי נָפִיק לָקֳדָמוּתֵיהּ לְאִתְפַּיְיסָא עִמֵּיהּ.

כֵּיוָן דְּחָמָא לֵיהּ מַה כְּתִיב וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד וַיֵּצֶר לוֹ, כֵּיוָן דְּקָרִיב בַּהֲדֵיהּ שָׁארֵי כָּרַע וְסָגִיד לְקֳבְלֵיהּ. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב וַיִּשְׁתַּחוּ אַרְצָה שֶׁבַע פְּעָמִים עַד גִּשְׁתּוֹ עַד אָחִיו. אָמַר עֵשָׂו אִלְמָלֵא כָּל כָּךְ הֲוָה עִמֵּיהּ, לָא סְגִיד לְקִבְלִי, שָׁארֵי לְאִתְגָּאָה.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב בְּבִלְעָם (במדבר כ״ב:כ׳) וַיָּבֹא אֱלֹהִים אֶל בִּלְעָם לַיְלָה. בְּלָבָן כְּתִיב (בראשית ל״א:כ״ד) וַיָּבֹא אֱלהִים אֶל לָבָן הָאֲרַמִּי בַּחֲלוֹם הַלַּיְלָה וַיֹּאמֶר לוֹ הִשָּׁמֶר לְךָ פֶּן תְּדַבֵּר עִם יַעֲקֹב מִטּוֹב וְגו'. פֶּן תְּדַבֵּר, פֶּן תַּעֲשֶׂה לְיַעֲקֹב רָעָה מִבָּעֵי לֵיהּ. אֶלָּא לָבָן לָא רָדַף אֲבַתְרֵיהּ דְּיַעֲקֹב בְּחֵילָא דְגוּבְרִין לַאֲגָחָא בֵּיהּ קְרָבָא. דְּהָא חֵילָא דְּיַעֲקֹב וּבְנוֹי רַב מִנֵּיהּ, אֶלָּא לְמִקְטְלֵיהּ בְּפוּמֵיהּ וּלְשֵׁיצָאָה כֹּלָּא. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב אֲרַמִּי אוֹבֵד אָבִי. וּבְגִין כָּךְ פֶּן תְּדַבֵּר, וְלָא כְּתִיב פֶּן תַּעֲשֶׂה. וּכְתִיב יֵשׁ לְאֵל יָדִי לַעֲשׂוֹת. מִנַּיִן הֲוָה יָדַע דִּיְכֹלְתָּא הֲוָה בִּידֵיהּ. אֶלָּא כְּמָה דְאִתְּמָר אֱלֹהֵי אֲבִיכֶם אֱמֶשׁ אָמַר אֵלַי וְגו'.

וְדָא הוּא סַהֲדוּתָא, דְּפָּקִּיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַסְהָדָא. דִּכְתִיב (דברים כ״ו:ה׳) וְעָנִיתָ וְאָמַרְתָּ לִפְנֵי יְיָ אֱלֹהֶיךָ אֲרַמִּי אוֹבֵד אָבִי וְגו'. וְעָנִיתָ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות כ׳:י״ג) לֹא תַעֲנֶה בְרֵעֲךָ. (דברים יט) עָנָה בְאָחִיו.

כְּתִיב בֵּיהּ בְּבִלְעָם (במדבר כ״ד:א׳) וְלא הָלַךְ כְפַעַם בְּפַעַם לִקְרַאת נְחָשִׁים, דְּהָכִי הוּא אָרְחֵיהּ דְּאִיהוּ הֲוָה מְנַחֵשׁ. בְּלָבָן כְּתִיב, (בראשית ל) נִחַשְׁתִּי, דְּאַשְׁגַּח בַּחֲרָשׁוֹי וּבִקְסָמוֹי בְּעִסְקָא דְיַעֲקֹב, וְכַד בָּעָא לְאוֹבָדָא לְיַעֲקֹב בִּנְחָשָׁא וּבַחֲרָשָׁא דִּילֵיהּ בָּעָא לְאוֹבָדֵיהּ, וְלָא שַׁבְקֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

וְהַיְינוּ דְּאָמַר בִּלְעָם בַּר בְּרֵיהּ (במדבר כ״ג:כ״ג) כִּי לֹא נַחַשׁ בְּיַעֲקֹב וְלֹא קֶסֶם בְּיִשְׂרָאֵל, מַאן יָכִיל לְהוֹן, דְּהָא סָבָאי בָּעָא לְאוֹבָדָא לַאֲבוּהוֹן בִּנְחָשִׁים וּבִקְסָמִים דִּילֵיהּ וְלָא סְלִיקָא בִּידוֹי. דְּלָא שַׁבְקֵיהּ לְלַטְיָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב כִּי לֹא נַחַשׁ בְּיַעֲקֹב וְלֹא קֶסֶם בְּיִשְׂרָאֵל.

וּבְכֻלְּהוּ עֲשָׂרָה זִינֵי חֳרָשִׁין וְקוֹסְמִין דְּקוּזְטְפֵי דְּכִתְרִין תַּתָּאִין עֲבַד לָבָן לְקֳבְלֵיהּ דְּיַעֲקֹב וְלָא יָכִיל. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (בראשית ל״א:מ״א) וַתַּחְלֵף אֶת מַשְׂכֻּרְתִּי עֲשֶׂרֶת מוֹנִים. דְּכֻלְּהוּ עֲבַד לָבָן לְקֳבְלֵיהּ וְלָא סְלִיקוּ בִּידוֹי לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ, דִּכְתִיב, (בראשית ל״א:ז׳) וְהֶחלִיף אֶת מַשְׂכֻּרְתִּי עֲשֶׂרֶת מוֹנִים וְלֹא נְתָנוֹ אֱלהִים לְהָרַע עִמָּדִי. מַאי מוֹנִים, כְּתַרְגּוּם זִינִין, וּכְתִיב (ויקרא י״ז:ז׳) לַשְּׂעִירִים אֲשֶׁר הֵם זוֹנִים אַחֲרֵיהֶם. מוֹנִים, מִינִים כְּמַשְׁמָעוֹ. וַעֲשָׂרָה זִינִין אִינוּן דְּחֲרָשִׁין וְקוֹסְמִין בְּכִתְרִין תַּתָּאִין וְכֻלְּהוּ עֲבַד לְקֳבְלֵיהּ.

עֲשָׂרָה זִינִין אִינוּן, דִּכְתִיב, (דברים י״ח:י׳-י״א) קוֹסֵם קְסָמִים מְעוֹנִן וּמְנַחֵשׁ וּמְכַשֵּׁף וְחוֹבֵר חָבֶר וְשׁוֹאֵל אוֹב וְיִדְעוֹנִי וְדוִֹרִשׁ אֶל הַמֵּתִים, הָא עֲשָׂרָה אִינוּן.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי נַחַשׁ וְקֶסֶם, תְּרֵי זִינֵי אִינוּן, וּבְדַרְגָּא חַד סָלְקִין. וְכַד אֲתָא בִּלְעָם בְּקֶסֶם עֲבַד לְקִבְלֵיהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל. וְהַיְינוּ דִכְתִיב, (במדבר כ״ב:ז׳) וּקְסָמִים בְּיָדָם. וּלְקֳבְלֵיהּ דְּיַעֲקֹב אֲתָא לָבָן בְּנַחַשׁ, הַאי וְהַאי לָא סְלִיקוּ בִּידַיְיהוּ הֲדָא הוּא דִּכְתִיב, (שם כג) כִּי לא נַחַשׁ בְּיַעֲקֹב וְלא קֶסֶם בְּיִשְׂרָאֵל. כִּי לא נַחַשׁ בְּיַעֲקֹב בְּקַדְמִיתָא בְּיוֹמוֹי דְלָבָן. וְלא קֶסֶם בְּיִשְׂרָאֵל לְבָתַר בְּיוֹמוֹי דְבִלְעָם.

אָמַר בִּלְעָם לְבָלָק, תָּא חֲזֵי, מַאן יָכִיל לְהוֹן. דְּכָל קְסָמִין וַחֲרָשִׁין דִּבְכִתְרִין דִּילָן, מִקִּיזְפָא דְמַלְכוּתָא דִּלְעֵילָא (ותתא) מִתְעַטְּרָן (דהא), וְהוּא אִתְקַשַּׁר בְּהוּ, דִּכְתִיב יְיָ אֱלהָיו עִמּוֹ וּתְרוּעַת מֶלֶךְ בּוֹ.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה חַס וְשָׁלוֹם דְהֲוָה יָדַע בִּלְעָם בִּקְדוּשָׁה דִלְעֵילָא
(Ⅰ)
[168a]  
[...] Heureux le sort d’Israël à qui le Saint, béni soit-il, a donné la Loi de vérité, grâce à laquelle il sera jugé digne de la. vie éternelle ! Car quiconque se consacre à l’étude de la Loi s’attire la vie d’en haut ; et le Saint, béni soit-il, le fait entrer dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXX, 20) : «.. Car elle est ta vie et ta longévité » ; et ailleurs (Deut., XXXII, 47) : « ... Afin que chacun de vous y trouve la vie. »
Rabbi Éléazar dit : Quiconque se consacre à l’étude de la Loi ne meurt pas par l’Esprit du Mal ; car il est étroitement attaché à l’Arbre de vie. C’est pourquoi les justes qui s’appliquent à l’étude de la Loi n’ont jamais le corps souillé ; car l’Esprit impur ne peut jamais s’attacher à eux.
Remarquez que, malgré les légions d’anges qui entouraient Jacob, celui-ci avait peur. Il ne voulait pas se fier à un miracle ; car il se croyait indigne que le Saint, béni soit-il, en fît un pour lui : d’abord, parce qu’il n’avait pas suffisamment soigné son père, et sa mère ; ensuite parce qu’il ne s’était pas appliqué à l’étude de la Loi ; et, enfin, parce qu’il avait pris deux sœurs à la fois. Bien que tout ceci (c’est à dire toutes les fautes que Jacob se reprochait) ait été ordonné par la Providence, Jacob n’a cessé de craindre et d’adresser des prières au Saint, béni soit-il. C’est ce qu’il convient à tout homme de faire.
C’est pourquoi l’Écriture (Prov., XXVIII, 14) dit : « Heureux l’homme qui est toujours dans la crainte ! » Remarquez en outre que les prières des patriarches ne seront jamais effacées ; elles protégeront en toute éternité les hommes. Le mérite de Jacob, qui était parfait en haut et en bas, sert encore plus à ses descendants que celui des autres patriarches. Aussi, lorsque les enfants de Jacob sont en détresse, le Saint, béni soit-il, se fait montrer le visage de Jacob, et il éprouve de la commisération pour le monde, ainsi qu’il est écrit (Lévit., XXVI, 42) : « Et je me souviendrai de l’Alliance que j’ai faite avec Jacob. » Le mot « Jacob » en cet endroit est écrit avec un Vav, pour nous indiquer qu’il s’agit réellement du visage de Jacob.
Remarquez que quiconque regarde le visage de Jacob est aussi ébloui que s’il regardait une lumière resplendissante.
Une tradition nous apprend que la beauté de Jacob égalait celle d’Adam.
Rabbi Yessa dit : J’ai entendu dire que quiconque voit en songe Jacob tout habillé jouira d’une longue vie.
Rabbi Siméon dit : Une tradition (9) nous apprend que le roi David n’avait aucune vie qui lui fût propre ; c’était Adam qui lui avait cédé soixante-dix ans des mille qui lui avaient été fixés pour sa vie. Il en résulte que les premiers mille ans de la vie humaine comprenaient Adam et le roi David.
Rabbi Siméon commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXXI, 5) : « Il t’a demandé la vie, et tu la lui as accordée ; tu lui as accordé de longs jours qui s’écouleront dans l’éternité. » Ces paroles s’appliquent au roi David ; car, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le Jardin de l’Eden, il y plaça l’âme du roi David, et il vit qu’aucune durée de vie dans ce bas monde n’avait été fixée à David. Lorsque Adam fut créé, le Saint, béni soit-il, dit : C’est celui-ci qui fera vivre David ; et il préleva, de la durée de sa vie, soixante-dix ans. Les patriarches également ont cédé au roi David un nombre d’années sur la durée de leur propre vie. Abraham, Jacob et Joseph lui ont cédé chacun un nombre d’années ; Isaac ne lui a rien cédé, parce que le roi David était du même degré que lui. Abraham lui a cédé cinq ans, car il devait vivre cent quatre-vingt ans, alors qu’il n’en a vécu que cent soixante-quinze.
Jacob devait vivre aussi longtemps qu’Abraham, alors qu’il n’a vécu [...]
- כְּלָל. דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא אִתְרָעֵי בְּעַם וְלִישָׁן אָחֳרָא דְּיִשְׁתַּמֵּשׁ בִּיקָרֵיהּ, אֶלָּא בְּנוֹי קַדִּישִׁין. וְאָמַר (ויקרא י״א:מ״ד) וְהִתְקַדִּשְׁתֶּם וִהְיִיתֶם קְדוֹשִׁים, מַאן דְּאִינוּן קַדִּישִׁין יִשְׁתַּמְשׁוּן בִּקְדוּשָּׁה, יִשְׂרָאֵל אִינוּן קַדִּישִׁין דִּכְתִיב, (דברים י״ד:ב׳) כִּי עַם קָדוֹשׁ אַתָּה. אַתָּה קָדוֹשׁ וְלָא עַם אָחֳרָא.

מַאן דְּאִינוּן מְסָאֲבִין, מְסָאֲבוּ אִזְדַּמַּן לוֹן לְאִסְתָּאֲבָא עֲלֵיהּ. כְּתִיב, (ויקרא י״ג:מ״ו) טָמֵא הוּא בָּדָד יֵשֵׁב מִחוּץ לַמַּחֲנֶה מוֹשָׁבוֹ. וּמְסָאֲבָא לִמְסָאֲבָא קָרֵי דִּכְתִיב, (שם) וְטָמֵא טָמֵא יִקְרָא, מַאן דְּאִיהוּ טָמֵא, לְטָמֵא יִקְרָא, כֹּלָא אָזִיל בָּתַר זִינֵיהּ.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, יָאוֹת הוּא לְיַעֲקֹב דְּהֲוָה קַדִּישָׁא לוֹמַר דְּאִסְתָּאַב בְּלָבָן וּבַחֲרָשׁוֹי, אוֹ שְׁבָחָא הוּא דִילֵיהּ. אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי, אַף עַל גַּב דְּקָאֲמַר רַבִּי יְהוּדָה, אֲנָא מְסַיֵּיעַ לָךְ. דְּהָא כְּתִיב, (בראשית כ״ז:י״ט) אָנֹכִי עֵשָׂו בְּכוֹרֶךָ. וְכִי יָאוֹת הוּא לְצַדִּיקָא כְּיַעֲקֹב לְמִחְלַף שְׁמֵיהּ בִּשְׁמָא דִּמְסָאֲבָא, אֶלָּא אָנֹכִי, פָּסְקָא טַעְמָא. וְאָמַר אָנֹכִי מַאן דְּאֲנָא, אֲבָל עֵשָׂו בְּכוֹרֶךָ וְהָא אוּקְמוּהָ.

אוּף הָכָא, וַיְהִי לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר, לוֹמַר לָא תְשַׁוֵּי לִבָּךְ וּרְעוּתָךְ לְהַהִיא בִּרְכָתָא דְּבָרִיךְ לִי אַבָּא דְּאִתְקְיַּים בִּי. הוּא בָּרִיךְ לִי הֱוִה גְבִיר לְאַחֶיךָ וְיִשְׁתַּחֲווּ לְךָ בְּנֵי אִמֶּךָ, בְּגִין כָּךְ עַבְדְּךָ יַעֲקֹב. לַאדֹנִי לְעֵשָׂו. הוּא בָּרִיךְ לִי בְּרוֹב דָּגָן וְתִירוֹשׁ. הָא לָא אִתְקְיַּים בִּי, דְלָא אוֹצַרְנָא לוֹן. אֶלָּא, וַיְהִי לִי שׁוֹר וַחֲמוֹר צֹאן וְעֶבֶד, רָעֵי עָנָא בְּחַקְלָא. הוּא בָּרִיךְ לִי, מִטַּל הַשָּׁמַיִם וּמִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ. הָא לָא אִתְקְיַּים בִּי, בְּגִין דְּהָא עִם לָבָן גַּרְתִּי, כְּגִיּוֹרָא. דְּלָא הֲוָה לִי בֵּיתָא חָדָא כָּל שֶׁכֵּן מִשְׁמַנֵּי הָאָרֶץ. וְכָל דָּא בְּגִין דְּלָא יִסְתַּכַּל בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב עַל אִינוּן בִּרְכָאן וִיקַטְרֵג עִמֵּיהּ.

רִבִּי אַבָּא אָמַר כְּתִיב בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב (בראשית כ״ה:כ״ז) אִישׁ תָּם יוֹשֵׁב אֹהָלִים, גְּבַר שְׁלִים. בְּגִין דְּאִיהוּ יְתִיב בִּתְרֵין מִשְׁכָּנִין עִלָּאִין. וְאַשְׁלִים לְהַאי גִיסָא וּלְהַאי גִיסָא, וְאִיהוּ לָא אָמַר דְּאִסְתָּאַב בַּחֲרָשׁוֹי. אֲבָל עַל מַה דְּקָאֲמַר רִבִּי יְהוּדָה, בְּגִין דְּלִבּוֹי שְׁלִים עַל טִיבוּ וּקְשׁוֹט דְּעֲבִיד לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּכָל עַלְמָא יָדְעֵי עוֹבָדוֹי דְלָבָן מַאן אִינוּן, וּמַאן יָכִיל לְאִשְׁתְּזָבָא (ס''א מניה, כל עשרין שנין דהויתי עמיה) מִקִּטְרוּגָא דִילֵיהּ דְּבָעֵי לְאוֹבָדָא לִי. (ס''א ואנא יתיבנא ועבדנא עמיה עשרין שנין) וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא שֵׁזְבַנִי מִנֵּיהּ. וְכֹלָּא הֲוָה בְּגִין דְּלָא יִסְתַּכַּל בֵּיהּ עֵשָׂו דְּאִתְקַיְּימוּ בֵּיהּ אִינוּן בִּרְכָאן, וְלָא יִנְטַר לֵיהּ דְּבָבוּ. וְעַל דָּא כְּתִיב, (הושע י״ד:י׳) כִּי יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְיָ וְגו', וּכְתִיב, (דברים י״ח:י״ג) תָּמִים תִּהְיֶה עִם יְיָ אֱלֹהֶיךָ:

וַיָּשׁוּבוּ הַמַּלְאָכִים אֶל יַעֲקֹב לֵאמֹר בָּאנוּ אֶל אָחִיךָ אֶל עֵשָׂו וְגַם הוֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ וְאַרְבַּע מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ. כֵּיוָן דְּאָמַר בָּאנוּ אֶל אָחִיךָ, לָא יְדַעְנָא דְּאִיהוּ עֵשָׂו, וְכִי אַחִין אָחֳרָנִין הֲווּ לְיַעֲקֹב. אֶלָּא בָּאנוּ אֶל אָחִיךָ, וְאִי תֵימָא דְּהֲדַר בִּתְשׁוּבָה וְאָזִיל בְּאֹרַח מְתַקְּנָא, לָאו הָכִי, אֶלָּא עֵשָׂו הָרָשָׁע כִּדְמְעִיקָּרָא. וְגַם הוֹלֵךְ לִקְרָאתְךָ, וְאִי תֵימָא דְּאִיהוּ בִּלְחוֹדוֹי אָזִיל. לָאו, אֶלָא אַרְבַּע מֵאוֹת אִישׁ עִמּוֹ.

וְכָל כָּךְ לָמָּה, (אלא אינון) אָמְרוּ לֵיהּ, בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי תָּדִיר בִּצְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָא וּמִתְעַטֵּר בִּצְלוֹתְהוֹן. כִּדְאַמְרִינָן, דְּהַהוּא מַלְאָכָא דִּמְמַנָּא עַל צְלוֹתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל, סַנְדַּ''לְפוֹן שְׁמֵיהּ, נָטִיל כָּל אִינוּן צְלוֹתִין וְעָבִיד מִנַּיְיהוּ עֲטָרָה לְחֲיֵי הָעוֹלָמִים וְאוּקְמוּהָ. וְכָל שֶׁכֵּן צְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ וְאִתְעַבְדָן עֲטָרָה לְאִתְעַטְּרָא בְּאִינוּן צְלוֹתִין לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וְאִי תֵימָא מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין הֲווּ אַתְיָין עִמֵּיהּ, אַמַּאי דָּחִיל. אֶלָּא צַדִּיקַיָיא לָא סַמְכִין עַל זְכוּתַיְיהוּ, אֶלָּא עַל צְלוֹתְהוֹן וּבָעוּתְהוֹן לְגַבֵּי מָארֵיהוֹן.

וְתָּא חֲזֵי, דְּאָמַר רִבִּי שִׁמְעוֹן, צְלוֹתָא דְסַגִּיאִין סָלִיק קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּמִתְעַטֵּר בְּהַהוּא צְלוֹתָא. בְּגִין דְּסַלְקָא בִּגְוָונִין סַגִּיאִין וְאִתְכְּלִילַת מִכַּמָּה סִטְרִין. וּבְגִין דְּאִתְכְּלִילַת מִכַּמָּה גְוָונִין אִתְעֲבִידַת עֲטָרָה וּמַנְחָא עַל רֵישָׁא דְצַדִּיק חַי הָעוֹלָמִים. וּצְלוֹתָא דְיָחִיד לָאו אִיהִי כְּלִילָא, וְלָאו אִיהִי אֶלָּא בְּגַוָּון חַד. וְעַל דָּא צְלוֹתָא דְיָחִיד לָאו אִיהוּ מִתְתַּקְנָא לְאִתְקַבְּלָא (אלא בצלותא) כִּצְלוֹתָא דְסַגִּיאִין. וְתָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב כָּלִיל הֲוָה, וְעַל דָּא צְלוֹתֵיהּ תָּאִיב לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מַה כְּתִיב וַיִּירָא יַעֲקֹב מְאֹד וַיֵּצֶר לוֹ.

רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר (משלי כ״ח:י״ד) אַשְׁרֵי אָדָם מְפַחֵד תָּמִיד וּמַקְשֶׁה לִבּוֹ יִפּוֹל בְּרָעָה.
(Ⅰ)
[168b]  
[...] que cent quarante-sept ans ; les vingt-huit ans qui manquaient, il les a légués au roi David. Abraham et Jacob ensemble ont donc légué trente-trois ans. Joseph a vécu cent dix ans, alors qu’il devait vivre aussi longtemps que Jacob, soit cent quarante-sept ans ; il lui manquait donc trente-sept ans qu’il légua au roi David. Les trois ensemble ont donc légué soixante-dix ans. Isaac n’a rien légué parce qu’il était du degré de « lumière passive » appelée « ténèbres » (10). Or, David était du même degré ; et c’est pourquoi aucune durée de vie ne lui avait été fixée. Quant à Joseph, il a cédé plus d’années que les deux autres patriarches, parce qu’il valait à lui seul les deux autres, ayant été un juste ; c’est pour la même raison que la lumière du soleil est plus grande que celle de la lune, ainsi qu’il est écrit (Gen., I, 17) : « Et le Seigneur les fixa au firmament du ciel, pour luire sur la terre. » Remarquez que Jacob s’est garanti contre Esaü par la prière ; mais il ne voulait pas faire valoir son mérite, car il voulait que le Saint, béni soit-il, conservât son mérite pour en tenir compte à sa descendance.
Il est écrit (Gen., XXXII, 9) : « Et il dit : Si Esaü vient attaquer une des troupes, l’autre qui restera sera sauvée. » Remarquez que l’Écriture dit également : « Et il divisa en deux troupes tous ceux qui étaient avec lui, ainsi que les troupeaux, les brebis, les bœufs et les chameaux. » Et elle explique ensuite la raison de cette division en deux troupes, pour que l’une reste sauve, si Esaü attaque l’autre.
Remarquez que la Schekhina n’avait jamais quitté la tente de Lia, ni celle de Rachel. Jacob s’était dit : Je sais que celles-ci sont gardées par le Saint, béni soit-il. Aussi l’Écriture (Gen., XXXIII, 2) dit-elle. « Il mit à la tête les deux servantes avec leurs enfants. » Jacob s’était dit : Si Esaü tue, ce sont ceux-ci qu’il tuera ; quant à Lia, Rachel et leurs enfants, ils sont à l’abri, attendu que la Schekhina les garde. Après avoir pris ces mesures, Jacob adressa au ciel sa prière, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXII, 10) : « Et Jacob dit : Dieu d’Abraham mon père, Dieu d’Isaac mon père, Seigneur qui m’as dit : Retourne dans ton pays et au lieu de ta naissance et je te comblerai de bienfaits... »
Rabbi Yossé ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit «(Ps., CII, 1) : « Prière du pauvre, lorsqu’il est dans l’affliction et qu’il répand sa prière devant le Seigneur... » Ce verset a été déjà interprété en plusieurs endroitsi. Ces paroles ont été prononcées par le roi David en méditant sur l’affliction du pauvre ; et il médita là-dessus lorsqu’il dut fuir devant son beau-père. David a établi cette prière à l’usage des pauvres ; et cette prière du pauvre monte auprès du Saint, béni soit-il, avant celle de tous les autres hommes. Dans ce psaume, l’Écriture se sert du mot « prière du pauvre » ; et ailleurs (Ps., XC, 1) elle se sert de : « Prière de Moïse, l’homme de Dieu. » D’où vient cette différence d’expression ? L’Écriture veut nous indiquer que la prière du pauvre est aussi agréable au Saint, béni soit-il, que celle de Moïse. La prière du pauvre est symbolisée par le phylactère du bras, et celle de Moïse par le phylactère de la tête. Aussi la prière du pauvre vaut-elle celle de Moïse, ainsi qu’il est écrit (Ps., XXII, 25) : « Car il n’a point méprisé ni dédaigné l’humble supplication du pauvre. »
D’après une autre interprétation, le mot « prière » désigne Moïse. Le mot « du pauvre » (Ps., CII, 1) désigne David. Le terme : « ... Lorsqu’il est dans l’affliction » désigne l’époque où la lune n’a point de lumière parce qu’elle est séparée du soleil. La phrase : « ... Et qu’il répand sa prière devant le Seigneur » désigne le désir qu’elle éprouve de se réunir au soleil.
Remarquez que la prière de tous les pauvres apparaît la première près du Saint, béni soit-il ; elle enfonce toutes les portes qui se trouvent sur son chemin pour arriver au Seigneur, ainsi qu’il est écrit (Ex., XXII, 26) : «S’il crie vers moi, je l’exaucerai parce que je suis compatissant. » Et un peu plus haut (Ex., XXII, 22) : « ... Car, s’il crie vers moi, j’exaucerai ses cris. » Les paroles : « Et qu’il répande sa prière devant le Seigneur » signifient que le pauvre fait, en quelque sorte, des reproches au Saint, béni soit-il, de sa rigueur.
Rabbi Éléazar dit ; La « Communauté d’Israël » éprouve de la joie à la prière des justes, [...]
- זַכָּאִין אִינוּן יִשְׂרָאֵל דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ, וְיָהַב לוֹן אוֹרַיְיתָא דִקְשׁוֹט בְּגִין לְמִזְכֵּי בָהּ לְחַיֵּי עַלְמָא, דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתָּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מָשִׁיךְ עֲלֵיהּ חַיִּין עִלָּאִין, וְאָעִיל לֵיהּ לְחַיֵּי עַלְמָא דְאָתֵי, דִּכְתִיב, (דברים ל׳:כ׳) כִּי הִיא חַיֶּיךָ וְאֹרֶךְ יָמֶיךָ. וּכְתִיב, (שם לב) וּבַדָּבָר הַזֶּה תַּאֲרִיכוּ יָמִים. חַיִּין בְּהַאי עַלְמָא וְחַיִין בְּעַלְמָא דְאָתֵי.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר כָּל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא לִשְׁמָהּ, לָאו מִיתָתֵיהּ עַל יְדָא דְיֵצֶר הָרָע, בְּגִין (גליון דהוא נחש והוא מלאכא דמותא. אלא מיתתהון בנשיקה דכתיב (שיר השירים א׳:ב׳) ישקני מנשיקות פיהו, כלומר על פי יי, והיא הנשיקה דהיא דביקותא דנפשא בעיקרא, וההיא דאשתדל באורייתא) דְּאִתְתַּקִּיף בְּאִילָנָא דְחַיֵּי וְלָא אַרְפֵּי מִנֵּיהּ, וּבְגִין כָּךְ צַדִּיקַיָא דְּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא לָא מִסְתָּאֲבֵי גוּפָא דִלְהוֹן (גליון אלא הוא דכי, כגון אליהו בבי קברי דאשכחוהו רבנן, ושאילו ליה ולאו כהן הוא מר, אמר לון צדיקיא לא מסאבי במיתתהון, כמה דתנינן ביום שמת רבי בטלה כהונה, כלומר דאתעסקו ביה) דְּלָא שָׁרָא עֲלַיְיהוּ רוּחַ מְסָאֲבָא.

יַעֲקֹב אִילָנָא דְחַיֵּי הֲוָה, אַמַּאי דָּחִיל, דְּהָא לָא יָכוֹל לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי. וְעוֹד דְּהָא כְּתִיב וְהִנֵּה אָנֹכִי עִמָּךְ וְגו', אַמַּאי הֲוָה דָחִיל. וְתוּ דְּהָא כְּתִיב וַיִּפְגְּעוּ בוֹ מַלְאֲכֵי אֱלהִים. אִי מַשִּׁרְיָין קַדִּישִׁין הֲווּ עִמֵּיהּ אַמַּאי הֲוָה דָחִיל.

אֶלָּא כֹּלָּא יָאוֹת הֲוָה, וְיַעֲקֹב לָא הֲוָה בָּעֵי לְמִסְמַךְ עַל נִיסָּא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין דְּחָשִׁיב דְּלָאו אִיהוּ כְּדַאי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יַעֲבִיד לֵיהּ נִיסָּא. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּלָא פָלַח לְאֲבוֹי וּלְאִמֵּיהּ כְּדְקָא יְאוּת, וְלָא אִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא וְנָטַל תְּרֵי אֲחָיוֹת. וְאַף עַל גַּב דְּכֹלָּא אִתְּמָר, וְעִם כָּל דָא בָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמִדְחַל תָּדִיר וּלְצַלָּאָה קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בִּצְלוֹתָא. דִּכְתִיב אַשְׁרֵי אָדָם מְפַחֵד תָּמִיד (ולמדחל תדיר קמי קודשא בריך הוא) וְהָא אוּקְמוּהָ.

תָּא חֲזֵי, צְלוֹתָא דְּאֲבָהָן קָיְימוּ עָלְמָא, וְכָל בְּנֵי עָלְמָא עֲלַיְיהוּ קָיְימֵי וְסָמְכִין. לְעָלַם וּלְעָלְמֵי עָלְמִין, לָא אִתְנְשֵׁי זְכוּתָא דְּאֲבָהָן, בְּגִין דִּזְכוּתָא דְּאֲבָהָן אִיהוּ קִיּוּמָא דְעֵילָא וְתַתָּא, וְקִיּוּמָא דְיַעֲקֹב אִיהוּ קִיּוּמָא שְׁלִים יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ. וּבְגִין כָּךְ בְּשַׁעְתָּא דְעָאקוּ לִבְנוֹי דְיַעֲקֹב, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אַחְמֵי קַמֵּיהּ דִּיוּקְנָא דְיַעֲקֹב וְחָיִיס עַל עַלְמָא כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ויקרא כ״ו:מ״ב) וְזָכַרְתִּי אֶת בְּרִיתִי יַעֲקוֹב. יַעֲקוֹ''ב בְּוא''ו, אַמַּאי בְּוא''ו, בְּגִין דְּאִיהוּ דִיוּקְנָא דְיַעֲקֹב מַמָּשׁ.

תָּא חֲזֵי, כָּל מַאן דְּחָמֵי לֵיהּ לְיַעֲקֹב כְּמַאן דְּאִסְתַּכֵּל בְּאַסְפַּקְלַרְיָא דְּנַהֲרָא, וְהָא אִתְּמָר דְּשׁוּפְרֵיהּ דְּיַעֲקֹב כְּשׁוּפְרֵיהּ דְּאָדָם קַדְמָאָה. אָמַר רִבִּי יֵיסָא, אֲנָא שְׁמַעְנָא דְּכָל מַאן דְּאִסְתַּכַּל בְּחֶלְמֵיהּ וְחָמָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב מְקֻסְטָר בְּקוּסְפוֹי, חַיִּין אִתּוֹסְפָן לֵיהּ.

רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, הָא אִתְּמָר דְּדָוִד מַלְכָּא עַד לָא הֲוָה, לָא הֲווּ לֵיהּ חַיִּים כְּלַל. בַּר דְּאָדָם קַדְמָאָה יָהַב לֵיהּ שִׁבְעִין שְׁנִין מִדִּילֵיהּ, וְכָךְ הֲוָה קִיּוּמֵיהּ דְּדָוִד מַלְכָּא שִׁבְעִין שְׁנִין הֲווּ. וְקִיּוּמָא דְאָדָם קַדְמָאָה אֶלֶף שְׁנִין חֲסַר שִׁבְעִין. אִשְׁתַּכָּחוּ בְּהַנֵּי אֶלֶף שְׁנִין קַדְמָאֵי, אָדָם הָרִאשׁוֹן וְדָוִד מַלְכָּא.

פָּתַח וְאָמַר (תהילים כ״א:ה׳) חַיִּים שָׁאַל מִמְךָ נָתַתָּה לוֹ אֹרֶךְ יָמִים עוֹלָם וָעֶד. חַיִּים שָׁאַל מִמְךָ, דָּא דָּוִד מַלְכָּא. דְהָא כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא גִּנְתָא דְעֵדֶן אַטִּיל בֵּיהּ נִשְׁמָתָא דְדָוִד מַלְכָּא, וְאִסְתַּכַּל בֵּיהּ וְחָמֵי דְּלֵית לֵיהּ חַיִּים מִדִּילֵיהּ כְּלוּם. וְקָיְימָא קַמֵּיהּ כָּל יוֹמָא. כֵּיוָן דְּבָרָא אָדָם הָרִאשׁוֹן אָמַר הָא וַדַּאי קִיּוּמֵיהּ, וּמֵאָדָם קַדְמָאָה הֲווּ שִׁבְעִין שְׁנִין דְּאִתְקְיַּים דָּוִד מַלְכָּא בְּעַלְמָא.

תוּ אֲבָהָן שָׁבְקוּ לֵיהּ מֵחַיֵּיהוֹן כָּל חַד וְחַד, אַבְרָהָם שָׁבַק לֵיהּ, וְכֵן יַעֲקֹב וְיוֹסֵף. יִצְחָק לָא שָׁבַק לֵיהּ כְּלוּם, בְּגִין דְּדָוִד מַלְכָּא מִסִּטְרֵיהּ קָא אֲתָא.

וַדַּאי אַבְרָהָם שָׁבַק לֵיהּ חָמֵשׁ שְׁנִין, דְּהֲוָה לֵיהּ לְאִתְקַיְּימָא מֵאָה וּתְמָנִין שְׁנִין, וְאִתְקְיַּים מֵאָה וְשִׁבְעִין וְחָמֵשׁ שְׁנִין, חֲסֵרִין חָמֵשׁ. יַעֲקֹב הֲוָה לֵיהּ לְאִתְקָיְימָא בְּעַלְמָא כְּיוֹמֵי דְאַבְרָהָם, וְלָא אִתְקְיַּים
(Ⅰ)
[169a]  
[...] et elle en fait une couronne qu’elle dépose devant le Saint, béni soit-il. C’est pourquoi le Saint, béni soit-il, aime les prières que les justes lui adressent lorsqu’ils ont besoin de lui ; car les justes savent prier leur Maître. Jacob, dans sa prière, s’exprimait ainsi : « Dieu d’Abraham mon père... » C’est une allusion au côté droit. « Dieu d’Isaac mon père... » C’est une allusion au côté gauche. Le terme : « ... Seigneur qui m’as dit » est une allusion au degré du milieu dont Jacob lui-même était l’image. Jacob ajouta : «Je suis indigne de toutes tes miséricordes. » Quel rapport y a-t-il entre ces paroles et les précédentes ? Jacob dit à Dieu : Tu m’as promis de me combler de bienfaits ; mais ta promesse était conditionnelle, et sa réalisation dépendait de ma dignité ; or, je suis indigne de toutes tes miséricordes. Tout ce que tu as fait en ma faveur jusqu’aujourd’hui n’était pas par mon mérite, mais pour ta gloire.
Lorsque j’ai traversé ce fleuve (le Jourdain), en fuyant devant Esaü, je me trouvais tout seul ; mais maintenant, grâce à ta bonté, je traverse ce fleuve accompagné de deux troupes. Jusqu’ici, les paroles de Jacob ne renferment que des actions de grâces ; ce n’est qu’à la suite que Jacob expose sa peine et prie Dieu de l’en tirer. Nous en inférons que quand l’homme adresse sa prière à Dieu, il doit commencer par des actions de grâces et n’exposer ses peines qu’à la fin de sa prière. Jacob ajouta : « Délivre moi de la main de mon frère, de la main d’Esaü, car je le crains extrêmement, de peur qu’à son arrivée, il ne passe au fil de l’épée la mère avec les enfants. » Nous inférons de cette prière de Jacob que, quand l’homme adresse une prière à Dieu, il doit spécifier d’une manière convenable toutes ses peines et tous ses vœux. Jacob commençait à dire. « Délivre moi... » Mais pour que l’on ne puisse croire qu’il s’agissait de Laban, dont il était déjà délivré, il ajouta : «... De la main de mon frère. » Et pour que l’on ne puisse croire qu’il s’agissait de quelque parent qu’on a l’habitude de désigner sous le nom de « frère », il ajouta : « ... De la main d’Esaü. » Enfin, pour justifier sa prière, il ajouta « ... Car je le crains extrêmement, etc. » Ainsi l’homme doit exposer dans sa prière tous ses vœux et toutes ses peines, de façon assez claire pour qu’il n’y ait aucun mot d’équivoque. Jacob ajouta : « Et tu (ve athâ) m’as promis de me combler de biens, et de multiplier ma race comme le sable de la mer, etc. » Jacob s’était servi du mot « athâ » parce qu’il désignait le degré de l’essence divine appelé « Athâ », ainsi qu’il est écrit (Nehémie, IX, 6) : « ... Et tu (ve athâ) donnes la vie à toutes les créatures (11). »
Remarquez que le roi David a dit (Ps., IX, 15) : « Que les paroles de ma bouche te soient agréables et que la méditation secrète de mon cœur soit en ta présence, Seigneur, qui es mon rocher et mon Sauveur. » Dans ce verset il est question de deux genres de prières : celle que l’homme peut exprimer en paroles et celle que l’homme est impuissant à exprimer, qu’il ne peut que méditer dans son cœur. La prière que l’homme peut exprimer monte au deuxième degré de l’essence de Dieu, et celle qu’il ne peut que méditer en son cœur, monte au premier degré de l’essence divine. Dans le verset cité des psaumes, David parle de ces deux genres de prières. Il en était de même chez Jacob ; d’abord, il exposa sa prière en des termes explicites qu’il adressa au second degré de l’essence divine (12) ; et, ensuite, il adressa au premier degré de l’essence divine la prière qu’il ne pouvait exprimer que par un terme obscur ; et ce terme est exprimé dans ce verset : « Et je multiplierai ta race comme le sable de la mer, dont la multitude est innombrable. » Cette prière ne devait pas être exprimée en termes clairs ; et Jacob la prononça dans des termes cachés ; ces paroles renferment le mystère de l’union parfaite de l’essence divine. Heureux le sort des justes qui savent exposer d’une manière convenable la gloire de leur Maître et formuler leurs vœux ! C’est à eux que s’applique le verset (Is., XLIX, 3) suivant : « Et il m’a dit : Israël, tu es mon serviteur, et je me glorifierai en toi. » Jacob, dans sa prière, fit allusion (13) aux trois délivrances qui seront opérées par les trois justes : Moïse, Mardochée et le Messie, qui nous sauvera bientôt.
Il est écrit (Gen., XXXII, 25) : « Et Jacob demeura seul en ce lieu là. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XCI, 10) : « Le mal ne viendra pas jusqu’à toi, et les fléaux n’approcheront point de ta tente. » Remarquez que lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il opéra, chaque jour, [...]
- אֶלָּא מֵאָה וְאַרְבָּעִין וְשֶׁבַע שְׁנִין, חֲסֵרִים תְּמַנְיָא וְעֶשְׂרִין. אִשְׁתַּכָּחוּ דְּאַבְרָהָם וְיַעֲקֹב שְׁבָקוּ לֵיהּ מֵחַיֵּיהוֹן תְּלָתִין וּתְלַת שְׁנִין. יוֹסֵף דְּאִתְקְיַּים מְאָה וְעֶשֶׂר שְׁנִין, הֲוָה לֵיהּ לְאִתְקַיָּימָא מְאָה וְאַרְבָּעִין וְשֶׁבַע שְׁנִין כְּיוֹמֵי דְיַעֲקֹב, וְחָסֵר מִנְּהוֹן תְּלָתִין וְשֶׁבַע שְׁנִין. הָא שִׁבְעִין שְׁנִין דִּשְׁבָקוּ לֵיהּ לְדָוִד מַלְכָּא לְאִתְקָיְימָא בְּהוֹן, וּבְהוּ אִתְקַיַים דָּוִד בְּכָל אִינוּן שְׁנִין דִּשְׁבָקוּ לֵיהּ אֲבָהָן.

וְאִי תֵימָא יִצְחָק אַמַּאי לָא שָׁבַק לֵיהּ כְּלוּם כְּהַנֵּי, בְּגִין דְּאִיהוּ חשֶׁךְ וְדָוִד מִסִּטְרָא דְחשֶׁךְ קָא אֲתָא, וּמַאן דְּאִיהוּ בַּחשֶׁךְ לֵית לֵיהּ נְהוֹרָא כְּלַל וְלֵית לֵיהּ חַיִּים. וּבְגִין כָּךְ לָא הֲווּ לְדָוִד חַיִּים כְּלַל. אֲבָל אִלֵּין דְּהֲווּ לְהוֹן נְהוֹרָא, נְהִירוּ לֵיהּ לְדָוִד מַלְכָּא, וּמִנַּיְיהוּ אִצְטְרִיךְ לְאַנְהָרָא וּלְמֶהוֵי לֵיהּ חַיִּים, דְּהָא מִסִּטְרָא דְחשֶׁךְ לֵית לֵיהּ חַיִּים כְּלַל, וְעַל דָּא לָא אֲתָא יִצְחָק בְּחוּשְׁבְּנָא.

וְאִי תֵימָא יוֹסֵף אַמַּאי יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ. אֶלָּא וַדַּאי יוֹסֵף בִּלְחוֹדוֹי, כְּכֻלְּהוּ בְּגִין דְּאִקְרֵי צַדִּיק, וְדָא הוּא דְאַנְהִיר לְסִיהֲרָא יַתִּיר מִכֻּלְּהוּ. וּבְגִין כָּךְ הַאי שָׁבַק לֵיהּ לְדָוִד מַלְכָּא יַתִיר מִכֻּלְּהוּ חַיִּין, דִּכְתִיב, (בראשית א) וַיִּתֵּן אֹתָם אֱלהִים בִּרְקִיעַ הַשָּׁמַיִם לְהָאִיר עַל הָאָרֶץ.

תָּא חֲזֵי יַעֲקֹב צְלוֹתֵיהּ אָגִין לֵיהּ מֵעֵשָׂו, בְּגִין דְּבָעָא לְסַלְקָא זְכוּתֵיהּ לִבְנוֹי אֲבַתְרֵיהּ וְלָא לְאֲפָקָא לֵיהּ הַשְׁתָּא לְגַבֵּיהּ דְּעֵשָׂו. וְעַל דָּא צַלֵי צְלוֹתֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְלָא אִסְתְּמִיךְ עַל זְכוּתֵיהּ, לְשֵׁיזָבָא לֵיהּ בְּגִינִיהּ:

וַיֹּאמֶר אִם יָבֹא עֵשָׂו אֶל הַמַּחֲנְה הָאַחַת וְהִכָּהוּ וְהָיָה הַמַּחֲנְה הַנִּשְׁאָר לִפְלֵיטָה. תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב וַיַּחַץ אֶת הָעָם אֲשֶׁר אִתּוֹ וְאֶת הַצֹּאן וְאֶת הַבָּקָר וְהַגְּמַלִּים לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת. אַמַּאי לִשְׁנֵי מַחֲנוֹת. בְּגִין דְּאָמַר אִם יָבֹא עֵשָׂו אֶל הַמַּחֲנְה הָאַחַת וְהִכָּהוּ וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר לִפְלֵיטָה.

תָּא חֲזֵי, שְׁכִינְתָּא לָא עֲדִיאַת מֵאֹהֶל לֵאָה וּמֵאֹהֶל רָחֵל. אָמַר יַעֲקֹב יָדַעְנָא דְּהָא נְטִירוּ לוֹן לְאִלֵּין מִן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מָה עֲבַד וַיָּשֶׂם אֶת הַשְּׁפָחוֹת וְאֶת יַלְדֵיהֶן רִאשׁוֹנָה, אָמַר אִם יַקְטִיל עֵשָׂו, לְאִלֵּין יַקְטֵיל. אֲבָל אִלֵּין לָא מִסְתָּפִינָא מִנַּיְיהוּ, בְּגִין דִּשְׁכִינְתָּא עִמְּהוֹן. וְעַל דָּא וְהָיָה הַמַּחֲנֶה הַנִּשְׁאָר לִפְלֵיטָה. כֵּיוָן דְּעָבִיד הַאי אַתְקִין צְלוֹתֵיהּ עֲלַיְיהוּ, מָה כְּתִיב וַיֹּאמֶר יַעֲקֹב אֱלהֵי אָבִי אַבְרָהָם וִאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק יְיָ הָאוֹמֵר אֵלַי שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ וְאֵטִיבָה עִמָּךְ.

רִבִּי יוֹסֵי פָּתַח וְאָמַר (תהילים ק״ב:א׳) תְּפִלָּה לֶעָנִי כִי יַעֲטֹף וְלִפְנִי יְיָ יִשְׁפֹּךְ שִׂיחוֹ. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ בְּכַמָּה אֲתַר. אֶלָּא דָּוִד מַלְכָּא אָמַר דָּא כַּד אִסְתַּכַּל וְחָמָא בְּמִלֵּי דְמִסְכְּנָא, וְאִסְתַּכַּל בֵּיהּ כַּד הֲוָה אָזִיל וְעָרַק מִקַּמֵּי חָמוֹי אָמַר דָּא. תְּפִלָּה לֶעָנִי, דָּא הוּא צְלוֹתָא דְּבָעֵי מִסְכְּנָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְדָא צְלוֹתָא דְּאַקְדִימַת לְכָל צְלוֹתְהוֹן דְּעַלְמָא.

כְּתִיב הָכָא תְּפִלָּה לֶעָנִי וּכְתִיב הָתָם (תהילים צ׳:א׳) תְּפִלָּה לְמשֶׁה אִישׁ הָאֱלֹהִים, מַה בֵּין הַאי לְהַאי. אֶלָּא דָּא תְּפִלָּה שֶׁל יַד וְדָא תְּפִלָּה שֶׁל רֹאשׁ, וְלֵית לְאַפְרָשָׁא בֵּין הַאי תְּפִלָּה לְעָנִי וּבֵין תְּפִלָּה לְמשֶׁה אִישׁ הָאֱלֹהִים, וְתַרְוַויְיהוּ שְׁקִילִין כְּחַד.

וְעַל דָּא צְלוֹתָא דְעָנִי אַקְדִימַת קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מִכָּל צְלוֹתִין דְּעַלְמָא, בְּגִין דִּכְתִיב, (תהילים כ״ב:כ״ה) כִּי לא בָזָה וְלֹא שִׁקַּץ עֱנוּת עָנִי וְגו'. תָּא חֲזֵי, תְּפִלָּה לְעָנִי, דָּא תְּפִלָּה שֶׁל יַד. דְּעָנִי אִתְדָּבַּק בְּמִסְכְּנוּתֵיהּ, כְּמַאן דְּלֵית לֵיהּ מִגַּרְמֵיהּ כְּלוּם.

דָּבָר אַחֵר תְּפִלָּה דָּא משֶׁה. לְעָנִי דָּא דָוִד. כִּי יַעֲטֹף, כַּד אִתְכַּסְּיָא סִיהֲרָא וְאִתְכַּסֵּי שִׁמְשָׁא מִינָהּ. וְלִפְנֵי יְיָ יִשְׁפֹּךְ שִׂיחוֹ, בְּגִין לְאִתְחַבְּרָא בַּהֲדֵי שִׁמְשָׁא.

תָּא חֲזֵי, צְלוֹתָא דְכָל בְּנֵי נָשָׁא צְלוֹתָא. וּצְלוֹתָא דְמִסְכְּנָא אִיהִי צְלוֹתָא דְקָיְימָא קַמֵּיהּ דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְתָבַר תַּרְעִין וּפִתְחִין וְעָאלַת לְאִתְקַבָּלָא קַמֵּיהּ הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (שמות כב) וְהָיָה כִי יִצְעַק אֵלַי וְשָׁמַעְתִּי כִּי חַנּוּן אָנִי, וּכְתִיב שָׁמֹעַ אֶשְׁמַע צַעֲקָתוֹ. וְלִפְנֵי יְיָ יִשְׁפֹּךְ שִׂיחוֹ, כְּמַאן דְּמִתְרַעֵם עַל דִּינוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר צְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָיא חֶדְוָותָא לִכְנְסֶת יִשְׂרָאֵל
(Ⅰ)
[169b]  
[...] l’œuvre qui lui convenait. Le quatrième jour, il fit des lumières ; et c’est alors que la lune a été diminuée ; c’est elle-même qui se diminua. Le mot « meoroth (Gen., I, 14) » est écrit sans Vav pour nous indiquer qu’au moment de la création l’autorisation avait été accordée à tous les démons, à tous les diables, à tous les esprits malfaisants et à tous les esprits impurs de parcourir le monde et d’y faire des ravages. Ils ont leurs retraites dans les ruines, dans les grandes forêts, dans les déserts ; tous émanent du serpent rusé qui est l’esprit impur par excellence ; il a pour mission de chercher à séduire les hommes. C’est pourquoi l’esprit du mal règne dans le monde ; il se mêle parmi les hommes et s’efforce de les détourner de la voie du Saint, béni soit-il, et emploie à cet effet toutes sortes de ruses. Il a séduit Adam et a causé la mort du monde, et il séduit les hommes et les détermine à se souiller. Dès que l’homme se souille, il s’attire l’esprit impur qui s’attache à lui et le perd dans ce monde et dans le monde futur. Mais du moment que l’homme prend la résolution de vivre dans la pureté, l’esprit impur est vaincu et ne peut plus avoir aucune prise sur l’homme.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Le mal ne viendra pas jusqu’à toi, et les fléaux n’approcheront point de ta tente. »
Rabbi Yossé dit : La phrase : « Le mal ne viendra pas jusqu’à toi » désigne « Lilith ». La phrase : « ... Et les fléaux n’approcheront pas de ta tente » désigne les autres esprits malfaisants, ainsi que cela a été déjà dit.
Rabbi Éléazar dit : Nous avons appris qu’il est défendu à l’homme de sortir seul dans la nuit ; à plus forte raison est-ce défendu lorsque la lune est en décroissance, car c’est alors que le mauvais esprit domine sur le monde. On entend par « mauvais esprit » le mauvais serpent. Le mot « les fléaux » désigne celui qui monte sur le serpent, c’est à dire Samaël (14). Le « mauvais esprit » et « les fléaux » sont unis, bien qu’il ait été dit que, par le mot « fléaux », l’Écriture désigne les démons qu’Adam avait engendrés. Durant les ans qu’Adam n’approchait pas de sa femme, les démons femelles venaient exciter son désir et concevaient de lui ; ce sont les démons de ces unions que l’Écriture désigne sous le nom de « fléaux des enfants de l’homme ».
Une tradition nous apprend également que, lorsque l’homme dort et que son âme est séparée du corps, l’esprit impur s’attache à celui-ci ; et parfois aussi des démons femelles excitent son désir dans le sommeil et cohabitent avec lui. Les démons femelles conçoivent de cette union et enfantent des êtres malfaisants. Ces démons ont la figure de l’homme ; mais ils n’ont pas de cheveux sur la tête (15). L’homme doit se tenir en garde contre toutes ces sortes de démons en se consacrant à l’étude de la Loi et en ne commettant aucun acte qui attire la souillure. Car il n’y a personne qui n’éprouve un avant-goût de la mort pendant le sommeil. Lorsque l’âme sainte quitte le corps, l’esprit impur s’attache au corps et le souille. C’est pourquoi on a dit que, le matin, l’homme ne doit pas passer sa main sur ses yeux avant de l’avoir lavée, parce que l’esprit impur s’attache aux mains.
Remarquez que, bien que Jacob ait été aimé du Saint, béni soit-il, il fut attaqué par un démon dès qu’il se trouva seul.
Rabbi Siméon dit : Remarquez que l’Écriture (Nomb., XXIII, 3) dit de Balaam l’impie : « ... Et il alla seul (schephi) » ; car le mot « schephi » signifie « seul », ainsi qu’il est écrit (Gen., XLIX, 17) : « ... Comme un serpent (schephiphon) dans le sentier. » Il allait seul comme un serpent qui guette les passants. Et pourquoi Balaam allait il seul ? Pour s’attirer l’esprit impur ; car quiconque marche seul à certaines heures de la nuit, même dans une ville, attire l’esprit impur. C’est pourquoi l’homme ne doit jamais marcher seul pendant la nuit aux endroits de la ville où il n’y a point d’hommes. C’est pour cette raison que l’Écriture (Nomb., XXIII, 3) a ordonné : « ... Que le corps mort ne demeure point pendant la nuit sur la potence. » [...]
- לְאִתְעַטָּרָא קַמֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְגִין כָּךְ חֲבִיבָא הוּא יַתִּיר קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וּבְגִין כָּךְ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תָּאִיב לִצְלוֹתְהוֹן דְּצַדִּיקַיָּיא בְּשַׁעְתָּא דְּאִצְטְרִיךְ לוֹן, בְּגִין דְּיָדְעֵי לְרַצּוּיֵי לְמָארֵיהוֹן.

מַה כְּתִיב בֵּיהּ בְּיַעֲקֹב אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם וֵאלֹהֵי אָבִי יִצְחָק יְיָ הָאוֹמֵר אֵלַי שׁוּב וְגו', אִעֲטַר וְאִקְשַׁר קִשּׁוּרָא בְּקִשּׁוּרָא חַד כְּדְקָא חָזֵי. אֱלֹהֵי אָבִי אַבְרָהָם לִימִינָא, וִאלהֵי אָבִי יִצְחָק לִשְׂמָאלָא. הָאוֹמֵר אֵלַי, הָכָא תָּלֵי מִלָּה לְאִתְעַטְּרָא לְאַתְרֵיהּ בֵּינַיְיהוּ. שׁוּב לְאַרְצְךָ וּלְמוֹלַדְתְּךָ וְאֵיטִיבָה עִמָּךְ:

קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים, אַמַּאי הֲוָה אִצְטְרִיךְ הַאי עִם הַאי. אֶלָּא אָמַר יַעֲקֹב אַתְּ אַבְטַחְתְּ לִי לְאוֹטָבָא עִמִּי, וְאֲנָא יְדַעְנָא דְּכָל עוֹבָדָךְ כֻּלְּהוּ עַל תְּנַאי. הָא אֲנָא לֵית בִּי זְכוּתָא דְּהָא קָטֹנְתִּי מִכֹּל הַחֲסָדִים וּמִכָּל הָאֱמֶת אֲשֶׁר עָשִׂיתָ אֶת עַבְדֶּךָ, וְכָל מַה דַּעֲבָדַת לִי עַד יוֹמָא לָאו בְּגִין זְכוּתָאי הֲוָה אֶלָּא בְּגִינָךְ הוּא דַּעֲבָדַת לִי, וְהַהוּא טִיבוּ וּקְשׁוֹט בְּגִינָךְ הֲוָה. דְּהָא כַּד עָבַרְנָא בְּקַדְמִיתָא דְּהֲוֵינָא אָזִיל מִקַּמֵּי דְעֵשָׂו, יְחִידָאי עֲבַרְנָא לֵיהּ לְהַהוּא נַהֲרָא, וְאַנְתְּ עָבְדִית עִמִּי טִיבוּ וּקְשׁוֹט. וְהָא אֲנָא הַשְׁתָּא מַעֲבַר לֵיהּ בִּתְרֵי מַשִּׁירְיָין, אִינוּן תְּרֵין מַשִּׁירְיָין דְּפָלִיג.

עַד הָכָא סִדּוּרָא דְּשִׁבְחָא דְמָארֵיהּ, מִכָּאן וּלְהָלְאָה בָּעָא מַה דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ. לְאַחֲזָאָה לְכָל בְּנִי עַלְמָא, דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְסַדְּרָא שְׁבָחָא דְמָארֵיהּ בְּקַדְמִיתָא, וּלְבָתַר יִבָּעֵי בָּעוּתֵיהּ. דְּהָכִי עֲבַד יַעֲקֹב, בְּקַדְמִיתָא סִדֵּר שְׁבָחָא דְמָרֵיהּ, וּלְבָתַר דְּסִדֵּר שְׁבָחָא אָמַר בָּעוּתֵיהּ דְּאִצְטְרִיךְ לֵיהּ.

הֲדָא הוּא דִכְתִיב הַצִּילֵנִי נָא מִיָּד אָחִי מִיַּד עֵשָׂו כִּי יָרֵא אָנֹכִי אֹתוֹ פֶּן יָבֹא וְהִכַּנִּי אֵם עַל בָּנִים. מִכָּאן, מַאן דְּצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ דְּבָעֵי לְפָרְשָׁא מִלּוֹי כְּדְקָא יְאוּת. הַצִּילֵנִי נָא, וְאִי תֵימָא דְהָא שֵׁזַבְתְּ לִי מִלָּבָן. מִיַּד אָחִי. וְאִי תֵימָא קְרִיבִין אוֹחֲרָנִין סְתָם, אַחִין אִקְרוּן. מִיַּד עֵשָׂו. מַאי טַעֲמָא, בְּגִין לְפָרְשָׁא מִלָּה כְּדְקָא יְאוּת. וְאִי תֵימָא אֲנָא אַמַּאי אִצְטְרִיךְ, כִּי יָרֵא אָנֹכִי אֹתוֹ פֶּן יָבֹא וְהִכַּנִי. בְּגִין לְאִשְׁתְּמוֹדְעָא מִלָּה לְעֵילָא וּלְפָרְשָׁא לָהּ כְּדְקָא יְאוּת, וְלָא יַסְתִּים מִלָּה:

וְאַתָּה אָמַרְתָּ הֵיטֵב אֵיטִיב עִמָּךְ וְגו'. וְאַתָּה אָמַרְתָּ הֵיטֵב אֵיטִיב, מַאי וְאַתָּה. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (נחמיה ט׳:ו׳) וְאַתָּה מְחַיֶּה אֶת כֻּלָּם, אוּף הָכָא וְאַתָּה אָמַרְתָּ.

תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא אָמַר (תהילים י״ט:ט״ו) יִהְיוּ לְרָצוֹן אִמְרֵי פִי, אִלֵּין מִלִּין דְּאִתְפָּרְשָׁן. וְהֶגְיוֹן לִבִּי, אִלֵּין מִלִּין דִּסְתִימָן דְּלָא יָכִיל בַּר נָשׁ לְפָרְשָׁא לוֹן בְּפוּמֵיהּ, דָּא הוּא הֶגְיוֹן דְּאִיהוּ בְּלִבָּא דְּלָא יָכִיל לְאִתְפָּרְשָׁא.

וְעַל דָּא אִצְטְרִיךְ מִלָּה לְאִתְפָּרְשָׁא בְּפוּמָא, וּמִלָּה דְתַלְיָא בְּלִבָּא, וְכֹלָּא רָזָא אִיהוּ. חַד לָקֳבֵל דַּרְגָּא תַּתָּאָה, וְחַד לָקֳבֵל דַּרְגָּא עִלָּאָה. מִלָּה דְאִתְפָּרְשָׁא לָקֳבֵל דַּרְגָּא תַּתָּאָה דְּאִצְטְרִיךְ לְאִתְפָּרְשָׁא. הַהוּא דְתַלְיָא בְּלִבָּא אִיהוּ לָקֳבֵל דַּרְגָּא פְּנִימָאָה יַתִּיר, וְכֹלָּא כְּחֲדָא אִיהוּ. וְעַל דָּא אָמַר יִהְיוּ לְרָצוֹן אִמְרֵי פִי וְהֶגְיוֹן לִבִּי לְפָנֶיךָ וְגו'.

כְּגַוְונָא דָא אָמַר יַעֲקֹב, בְּקַדְמִיתָא פָּרִישׁ מִלָּה כְּדְקָא יְאוּת, וּלְבָתַר סָתִים מִלָּה דְּאִיהִי תַּלְיָא בְּהֶגְיוֹנָא דְלִבָּא דְּלָא אִצְטְרִיךְ לְפָרְשָׁא. דִּכְתִיב, (בראשית ל״ב:י״ג) וְשַׂמְתִּי אֶת זַרְעֲךָ כְּחוֹל הַיָּם אֲשֶׁר לא יִסָּפֵר מֵרֹב. הָכָא אִיהוּ מִלָּה דְּתַלְיָא בְּלִבָּא דְּלָא אִצְטְרִיךְ לְפָרְשָׁא. וְכֵן אִצְטְרִיךְ כִּדְקָאֲמָרָן, בְּגִין לְיַחֲדָא יִחוּדָא שְׁלִים כְּדְקָא יְאוּת. זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָא דְּיָדְעֵי לְסַדְּרָא שְׁבָחָא דְמָארֵיהוֹן כְּדְקָא יְאוּת וּלְמִבְעֵי בָּעוּתְהוֹן, וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב (ישעיהו מ״ט:ג׳) וַיֹּאמֶר לִי עַבְדִּי אָתָּה יִשְׂרָאֵל אֲשֶׁר בְּךָ אֶתְפָּאָר. (ס''א כתיב גם את השני גם את השלישי וגו', השלש פעמים גם, רמז (גליון, ג''ם ראשי תיבות גואל משרז גואל מרדכי גואל משיח) לשלש גאולות על ידי שלשה צדיקים משה מרדכי משיח שעתיד לגאלנו בקרוב):

וַיִּוָּתֵר יַעֲקֹב לְבַדּוֹ וְגו'. רִבִּי חִיָיא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים צ״א:י׳) לֹא תְאֻנְּה אֵלֶיךָ רָעָה וְנֶגַע לֹא יִקְרַב בְּאָהֳלֶךָ. תָּא חֲזֵי, כַּד בָּרָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא עֲבַד בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא
(Ⅰ)
[170a]  
[...] C’est pour que le corps mort privé de l’âme ne reste pendant la nuit sur la terre. C’est pour cette raison que Balaam l’impie allait toujours seul, semblable à un serpent, ainsi que nous l’avons dit.
Il est écrit (Gen., XXXII, 25) : « Et un homme lutta contre lui (va ïeabeq) jusqu’au matin. » Que signifie le mot « va ïeabeq » (16) ?
Rabbi Siméon dit : Le mot « va ïeabeq » signifie « min abeq » (de poussière). La poussière est attachée à la terre. Quelle est la différence entre la poussière et la terre ? La poussière est pareille à la cendre qui ne porte aucun fruit, alors que la terre porte des fruits.
Rabbi Yehouda objecta : L’Écriture (I Rois, II, 8) dit pourtant : «Il relève le pauvre de la terre » (poussière). Or, ce verset a été interprété de cette façon : que Dieu délivre l’homme du démon appelé « terre » : donc le démon est aussi appelé « terre » et non pas seulement « poussière ».
Rabbi Siméon lui répondit : En effet, Dieu relève le pauvre de cette terre qui ne produit rien, c’est à dire de la terre du démon ; mais quand l’Écriture emploie le mot « terre » dans un autre sens, elle désigne la terre qui porte des fruits et qui procure au monde tous les biens, car c’est de la terre que toutes les œuvres ont été faites en ce monde, ainsi qu’il est écrit (Eccl., III, 20) : « Tout a été tiré de la terre, et tout retournera dans la terre. » Une tradition nous apprend que même les corps célestes qui constituent le système solaire ont été faits de la terre. Mais la poussière ne porte jamais de fruits.
C’est pourquoi l’Écriture dit «va ïeabeq» ; car, en s’approchant de Jacob, ce démon formait la poussière qui s’attache à la terre.
L’Écriture ajoute : « ... Jusqu’au matin. » Car c’était l’heure où le pouvoir du démon prend fin et où il doit disparaître. Il en sera de même à la fin des temps ; car le temps de l’exil ressemble à la nuit, et la poussière s’accumule sur Israël. Celui-ci restera couché par terre jusqu’au jour où la lumière se lèvera ; Israël dominera et obtiendra le règne, ainsi qu’il est écrit (Dan., VII, 27) : « Et le royaume, la puissance et l’étendue de l’empire de tout ce qui est sous le ciel sera donné au peuple des saints du Très Haut : car son royaume est un royaume éternel, auquel tous les rois seront assujettis avec une entière soumission. »
Il est écrit (Gen., XXXII, 27) : « Et il dit : Laisse-moi aller ; car l’aurore a déjà paru. Jacob lui répondit : Je ne te laisserai point aller que tu ne m’aies béni. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Cant., VI, 10) : « Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore lorsqu’elle se lève, qui est belle comme la lune, éclatante comme le soleil, terrible comme une armée rangée en bataille ? » Ce verset a été déjà interprété (17). Mais il a encore un autre sens. La phrase : « Quelle est celle-ci qui s’avance... » désigne Israël à l’époque où le Saint, béni soit-il, relèvera Israël et le délivrera de l’exil. A cette époque, Dieu commencera par jeter sur Israël un mince filet de lumière ; ensuite, il jettera sur lui un plus grand rayon de lumière ; et augmentant ainsi petit à petit l’étendue de la lumière, le Saint, béni soit-il, finira par lui ouvrir les portes d’en haut dans les quatre directions du monde. Toutes les lumières que le Saint, béni soit-il, daigne révéler à Israël et aux justes, il ne les leur découvre que progressivement, et non à la fois. Ceci est comparable au cas d’un homme qui a toujours vécu dans l’obscurité ; lorsqu’on veut l’habituer à la lumière, on fait pénétrer dans sa demeure un rayon de lumière de la dimension du chas d’une aiguille ; ensuite, on y fait pénétrer un plus grand rayon, et, petit à petit, on l’habitue complètement à la lumière.
Tel est le cas d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Ex., XXIII, 30) : « Je les chasserai peu à peu de devant toi, jusqu’à ce que tu te multiplies, etc. » Ce cas est également comparable à celui d’un malade en convalescence dont la santé ne se rétablit pas en un seul jour, mais petit à petit. Mais pour Esaü il n’en est pas de même ; il a reçu toute la lumière à la fois, et il l’a perdue petit à petit. Israël finira par l’exterminer de ce monde et du monde futur. Lorsque le jour arrivera où le Saint, béni soit-il, montrera la lumière à Israël, il la lui découvrira petit à petit, et Israël demandera, en voyant progresser cette lumière : « Quelle est celle-ci qui s’avance comme l’aurore lorsqu’elle se lève... » Quand la lumière grandira davantage, il ajoutera : « ... Qui est belle comme la lune... » Et, quand elle grandira davantage, il dira : « ... Éclatante comme le soleil... » Et, quand elle arrivera à son comble, il dira : « ... Terrible comme une armée rangée en bataille ? » Remarquez qu’à la fin de la nuit, la lumière apparaît dans le monde progressivement ; le Saint, béni soit-il, montrera également progressivement à Israël la lumière, ainsi que nous venons de le dire. [...]
- עֲבִידְתֵּיהּ דְּאִתְחֲזֵי לֵיהּ וְהָא אוּקְמוּהָ. וְאִתְּמָר, (ד''א ל''ג ואי תימא) בְּיוֹמָא רְבִיעָאָה עֲבַד נְהוֹרִין. וּכְדֵין אִתְבְּרֵי סִיהֲרָא חָסֵר, נְהוֹרָא דְּאַזְעִירַת גַּרְמָהּ, וּבְגִין דְּאִיהִי מְאֹרֹת חָסֵר וא''ו, אִתְיְהִיב דּוּכְתָּא לְשַׁלְּטָאָה כָּל רוּחִין וְשֵׁדִין וְעִלְעוּלִין וּמַזִּיקִין וְכָל רוּחֵי מְסָאֲבֵי.

כֻּלְּהוּ סָלְקִין וְשָׁאטִין בְּעַלְמָא לְאַסְטָאָה, וְאִתְמַנּוּן בְּדוּכְתֵּי דְּאִתְחֲרִיבוּ, וּבְחַקְלִין תַּקִּיפִין וּבְמַדְבְּרִין חֲרִיבִין. וְכֻלְּהוּ מִסִּטְרֵי רוּחַ מְסָאֲבָא. וְהָא אִתְּמָר דְּהָא רוּחַ מְסָאֲבָא דְאַתְיָא מִנָּחָשׁ עֲקִימָאָה אִיהוּ רוּחַ מְסָאֲבָא מַמָּשׁ. וְאִיהוּ אִתְמַנָּא בְּעַלְמָא לְאַסְטָאָה בַּר נָשׁ לְגַבֵּיהּ, וְעַל דָּא יֵצֶר הָרָע שַׁלִּיט בְּעַלְמָא.

וְאִיהוּ אִתְמַנֵּי לְגַבַּיְיהוּ דִבְנִי נָשָׁא וְאִשְׁתַּכַּח עִמְּהוֹן. וּבַעֲקִימוּ וּבְתַסְקוּפִין אָתֵי לְגַבַּיְיהוּ לְאַסְטָאָה לוֹן מֵאָרְחוֹי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, כְּמָה דְאַסְטֵי לְאָדָם קַדְמָאָה וְגָרִים מוֹתָא לְכָל עַלְמָא, הָכִי נָמֵי אַסְטֵי לְהוּ לִבְנֵי נָשָׁא וְגָרִים לוֹן לְאִסְתָּאֲבָא.

וּמַאן דְּאָתֵי לְאִסְתָּאֲבָא אִיהוּ מָשִׁיךְ עֲלֵיהּ הַהוּא רוּחַ מְסָאֲבָא וְאִתְדַּבֵּיק בַּהֲדֵיהּ, וְכַמָּה אִינוּן דִּזְמִינִין לְסָאֲבָא לֵיהּ וּמְסָאֲבִין לֵיהּ, וְאִיהוּ מְסָאָב, וְסָאֳבִין לֵיהּ בְּהַאי עַלְמָא וּבְהַהוּא עַלְמָא וְהָא אִתְּמָר.

וּבְשַׁעֲתָא דְּאָתֵי בַּר נָשׁ לְאִתְדַּכָאָה, הַהוּא רוּחַ מְסָאֲבָא אִתְכַּפְיָיא קַמֵּיהּ וְלָא יָכִיל לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי, וּכְדֵין כְּתִיב, (תהילים צ״א:י׳) לא תְאֻנֶּה אֵלֶיךָ רָעָה וְנֶגַע לא יִקּ1ְרב בְּאָהֳלֶךָ. אָמַר (ס''א כדאמר) רַבִּי יוֹסֵי לא תְאֻנֶּה אֵלֶיךָ רָעָה, דָּא לִילִית, וְנְגַע לֹא יִקְרַב בְאָהֳלֶךָ, אִלֵּין שְׁאָר מַזִּיקִין, וְהָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר הָא אֲמָרָן דְּלָא יִפּוּק בַּר נָשׁ יְחִידָאָה בְּלֵילְיָא, וְכָל שֶׁכֵּן בְּזִמְנָא דְסִיהֲרָא אִתְבְּרִיאַת וְהֲוָה (והיא) חֲסֵרָה, וְאוּקְמוּהָ. דְּהָא כְּדֵין רוּחָא מְסָאֲבָא שָׁלְטָא, וְדָא הוּא רוּחַ רָעָה, מַאן רָעָה, דָּא חִוְיָא בִישָׁא. וְנְגַע, דָּא הוּא מַאן דְּרָכִיב עַל חִוְיָא. רָעָה וְנֶגַע כְּחֲדָא אִינוּן.

וְאַף עַל גַּב דְּתָנִינָן, דְּנְגַע, אִלֵּין נִגְעֵי בְּנֵי אָדָם דְּנַפְקוּ מֵאָדָם. דְּהָא כָּל אִינוּן שְׁנִין דְּלָא קָרִיב אָדָם עִם אִתְּתֵיהּ, רוּחֵי מְסָאֲבֵי הֲווּ קָא אַתְיָין וּמִתְחַמְמָן מִנֵּיהּ וְאוֹלִידָן מִנֵּיהּ וְהַנֵּי אִקְרוּן נִגְעֵי בְּנֵי אָדָם.

וְהָא אִתְּמָר, דְּכַד בַּר נָשׁ בְּחֶלְמֵיהּ וְלָא שַׁלִּיט בְּגוּפֵיהּ וְגוּפָא אִשְׁתַּכַּךְ, רוּחַ מְסָאֲבָא אַתְיָיא וְשַׁרְיָא עֲלֵיהּ. וְאִית זִמְנִין דְּרוּחֵי נוּקְבִין מְסָאֲבִין אַתְיָין וְקָרְבָן בַּהֲדֵיהּ, וּמָשְׁכִין לֵיהּ בַּהֲדַיְיהוּ וּמִתְחַמְמָן מִנֵּיהּ, וְאוֹלִידוּ לְבָתַר רוּחִין וּמַזִּיקִין (נגעי בני אדם נ''א כגוונא בני נשא). וּלְזִמְנִין אִתְחַזְיָין כְּחֵיזוּ בְּנֵי נָשָׁא בַּר דְּלֵית לוֹן שַׂעֲרֵי בְּרֵישָׁא.

וּבְכֹלָּא אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִסְתַּמְּרָא מִקַּמַּיְיהוּ, בְּגִין דִּיהַךְ בְּאָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא וְלָא יִסְתָּאַב בַּהֲדַיְיהוּ. דְּהָא לֵית לָךְ מַאן דְּנָאִים בְּלֵילְיָא בְּעַרְסֵיהּ, דְּלָא טָעִים טַעְמָא דְמוֹתָא וְנָפְקַת נִשְׁמָתֵיהּ מִנֵּיהּ. וְכֵיוָן דְּאִשְׁתָּאַר גּוּפָא בְּלָא נִשְׁמָתָא קַדִּישָׁא, רוּחַ מְסָאֲבָא זַמִּין וְשַׁרְיָא עֲלֵיהּ וְאִסְתָּאַב. וְהָא אוֹקִימְנָא מִלָּה, דְּלֵית לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאַעֲבָרָא יְדוֹי עַל עֵינוֹי בְּצַפְרָא. בְּגִין דְּהָא רוּחָא מְסָאֲבָא שַׁרְיָא עֲלַיְיהוּ וְכוּ' וְהָא אִתְּמָר.

תָּא חֲזֵי, דְּהָא יַעֲקֹב אַף עַל גַּב דְּאִתְרָחִים קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין דְּאִשְׁתָּאַר בִּלְחוֹדוֹי, רוּחָא אָחֳרָא הֲוָה זַמִין לְאִזְדַּוְּוגָא בַּהֲדֵיהּ.

רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב בֵּיהּ בְּהַהוּא רָשָׁע דְּבִלְעָם, וַיֵּלֶךְ שֶׁפִי, מַהוּ שֶׁפִי, יְחִידָאי. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר שְׁפִיפוֹן עֲלֵי אֹרַח, כְּהַאי חִוְיָא דְּאָזִיל יְחִידָאי וְכָמִין עֲלֵי אָרְחִין וּשְׁבִילִין. הָכִי נָמֵי בִּלְעָם הֲוָה אָזִיל יְחִידָאי. מַאי טַעְמָא בְּגִין לְאַמְשָׁכָא עֲלֵיהּ רוּחָא מְסָאֲבָא. דְּכָל מַאן דְּאָזִיל יְחִידָאי בִּזְמַנִּין יְדִיעָן, אֲפִילּוּ בְּמָתָא, בְּאַתְרִין יְדִיעָן. מָשִׁיךְ עֲלֵיהּ רוּחָא מְסָאֲבָא.

בְגִין כָּךְ, בְּכָל זִמְנָא לָא יְהַךְ בַּר נָשׁ יְחִידָאי בְּאָרְחָא בְמָתָא אֶלָּא בְּאֲתַר דִּבְנֵי נָשָׁא אָזְלִין וְתָבִין וּמִשְׁתַּכְּחִין תַּמָּן, וְעַל דָּא לָא יְהַךְ בַּר נָשׁ יְחִידָאי בְּלֵילְיָא הוֹאִיל וּבְנֵי נָשָׁא לָא מִשְׁתַּכְּחֵי, וְהַיְינוּ טַעְמָא דְּלָא תָלִין נִבְלָתוֹ.
(Ⅰ)
[170b]  
[...] Remarquez, en outre, que l’Écriture ne dit pas : « ... Lorsque l’aurore a paru », mais : « ... Lorsque l’aurore s’est levée, (àlâ). »
Car, aussitôt que l’aurore devint visible, le chef céleste d’Esaü dut abandonner Jacob. Aussi les ténèbres se dispersèrent elles et la lumière reprit le dessus, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXII, 32) : « Et il vit le soleil se lever, aussitôt qu’il eut passé Penuel ; et il se trouva boiteux d’une jambe. » Le soleil s’était levé ; car la lumière reprit le dessus. Le fait d’être devenu boiteux était un présage des douleurs, des maux et des souffrances qu’Israël endurera dans l’exil, et qui feront le sujet de son étonnement, après sa délivrance, d’avoir eu la force de les supporter. Comme le pouvoir des démons ne s’exerce que pendant la nuit et que celui de Jacob ne s’exerce que pendant le jour, il dit à Jacob : « Laisse moi aller ; car l’aurore commence déjà à paraître. » Il dit à Jacob : A partir de cette heure je suis sous ta domination, ainsi que nous l’avons déjà dit.
Rabbi Hiyâ dit : Si la force de Jacob n’eût été affaiblie pendant sa lutte avec le chef céleste d’Esaü, la force de celui-ci aurait été brisée pour toujours en haut aussi bien qu’en bas. .
Rabbi Siméon ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Éz., I, 28) : « Et comme l’arc qui paraît dans une nuée en un jour de pluie, c’est ainsi que paraissait la lumière qui brillait tout autour de l’image de la gloire du Seigneur. Ayant vu ces choses, je tombais le visage contre terre, etc. » Ce verset a été déjà expliqué (18). Mais, remarquez que l’Écriture (Deut., XXXIV, 10) dit : « Il ne s’éleva plus dans Israël de prophète semblable à Moïse, à qui le Seigneur parlât, comme à lui, face à face. » Quelle était la différence entre Moïse et les autres prophètes de ce monde ? Moïse regardait dans une glace qui reflétait clairement les objets, alors que les autres prophètes regardaient dans une glace [...]
- דְּלָא לְקַיְימָא גּוּפָא מִיתָא בְּלָא רוּחָא עַל אַרְעָא בְּלֵילְיָא. בְּגִין כָּךְ הַהוּא רָשָׁע דְּבִלְעָם הֲוָה אָזִיל יְחִידָאי כְּהַאי נָחָשׁ כְּמָה דְאוּקְמוּהָ.

וַיֵּאָבֵק אִישׁ עִמּוֹ, מַאי וַיֵּאָבֵק. (גליון דאמר רבי יהושע בן לוי, מלמד דסליקו אבק ברגליהון עד כורסי יקרא. כתיב הכא בהאבקו עמו, וכתיב (נחום א׳:ג׳) אבק רגליו, וההוא מלאך שרו של עשו היה, ואיהו סמאל. בגין כך, דינו הוא שיעלה אבק דרגליו עד כסא הכבוד, שהוא מקום המשפט). רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר מִן אָבָק. אָבָק טָפֵל לֶעָפָר, מַה בֵּין עָפָר לְאָבָק. דָּא אָבָק דְּאִשְׁתָּאַר מִן נוּרָא וְלָא עֲבַד אִיבִּין (בעלמא) לְעָלְמִין. עָפָר דְכָל אִיבִּין נָפְקֵי מִנֵּיהּ וְאִיהוּ כְּלָלָא בְּעֵילָא וְתַתָּא.

אָמַר רִבִּי יְהוּדָה אִי הָכִי מַאי (שמואל א ב׳:ח׳) מֵקִים מֵעָפָר דָּל. אָמַר לֵיהּ כְּמַשְׁמָעוֹ, אֲבָל בְּהַאי גַוְונָא מֵקִים מֵעָפָר דָּל, בְּגִין דְּלֵית לֵיהּ מִגַּרְמֵיהּ כְּלוּם, וּמֵהַהוּא עַפְרָא נָפַק דַּל דְּלֵית לֵיהּ כְּלוּם, וּמֵהַהוּא עָפָר כָּל אִיבִּין וְכָל טִיבוּ דְעַלְמָא נָפְקֵי מִנֵּיהּ. וּבֵיהּ אִתְעֲבִידוּ כָּל עוֹבָדִין דְּעַלְמָא כְּמָה דִכְתִיב, (קהלת ג׳:כ׳) הַכֹּל הָיָה מִן הֶעָפָר וְהַכֹּל שָׁב אֶל הֶעָפָר. וְתָנִינָן הַכֹּל הָיָה מִן הֶעָפָר וְאֲפִילּוּ גַּלְגַּל חַמָּה. אֲבָל אָבָק לָא עָבִיד פֵּירִין וְאִיבִּין (לעלמא) לְעָלְמִין, וּבְגִין כָּךְ וַיֵּאָבֵק אִישׁ, דְּאַתְיָא בְּהַהוּא אָבָק וּרְכִיב עֲלֵיהּ, בְּגִין לְקַטְרְגָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב.

עַד עֲלוֹת הַשָּׁחַר, דְּאִתְעֲבַר שׁוּלְטָנוּתֵיהּ וְאִתְחַלַּף. וְכָךְ הוּא לְזִמְנָא דְאָתֵי, בְּגִין דְּגָלוּתָא הַשְׁתָּא כְּלֵילְיָא דַמְיָא, וְאִיהוּ לֵילְיָא. וְשָׁלְטָא הַהוּא אָבָק עַל יִשְׂרָאֵל וְאִינוּן שְׁכִיבֵי לְעַפְרָא (אוחרא), עַד דְּיִסְתַּלַּק נְהוֹרָא וְיִתְנְהַר יְמָמָא. וּכְדֵין יִשְׁלְטוּן יִשְׂרָאֵל וּלְהוֹן יִתְיָהִיב מַלְכוּתָא דְּאִינוּן קַדִּישֵׁי עֶלְיוֹנִין. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דניאל ז׳:כ״ז) וּמַלְכוּתָא וְשָׁלְטָנָא וּרְבוּתָא דִי מַלְכְוָת תְּחוֹת כָּל שְׁמַיָא יְהִיבַת לְעַם קַדִּישֵׁי עֶלְיוֹנִין מַלְכוּתֵהּ מַלְכוּת עָלַם וְכֹל שָׁלְטָנַיָא לֵהּ יִפְלְחוּן וְיִשְׁתַּמְּעוּן:

וַיֹּאמֶר שַׁלְחֵנִי כִּי עָלָה הַשָּׁחַר וַיֹּאמֶר לֹא אֲשַׁלֵּחֲךָ כִּי אִם בֵּרַכְתָּנִי. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (שיר השירים ו׳:י׳) מִי זֹאת הַנִּשְׁקָפָה כְּמוֹ שָׁחַר יָפָה כַלְּבָנָה בָּרָה כַּחַמָּה אֲיֻמָּה כַּנִּדְגָלוֹת. הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ וְאִתְּמָר, אֲבָל מִי זֹאת הַנִּשְׁקָפָה, אִלֵּין אִינוּן יִשְׂרָאֵל בְּזִמְנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יוֹקִים לוֹן וְיָפִיק לוֹן מִן גָּלוּתָא. כְּדֵין יִפְתַּח לוֹן פִּתְחָא דִּנְהוֹרָא (דהיא) דַּקִּיק זְעֵיר. וּלְבָתַר פִּתְחָא אַחֲרִינָא דְּאִיהוּ רַב מִינֵיהּ, עַד דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִפְתַּח לוֹן תַּרְעִין עִלָּאִין פְּתִיחִין לְאַרְבַּע רוּחֵי עָלְמָא.

וְכֵן כָּל מַה דְּעָבִיד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְיִשְׂרָאֵל וּלְצַדִּיקַיָיא דִּי בְּהוּ, הָכִי כֻּלְּהוּ וְלָאו בְּזִמְנָא חָדָא. לְבַר נָשׁ דְּאִתְיְהִיב בַּחֲשׁוֹכָא וְדִיּוּרֵיהּ הֲוָה בַּחֲשׁוֹכָא תָּדִיר, כַּד יִבְעוּן לְאַנְהָרָא לֵיהּ, בַּעְיָין לְאִפְתְּחָא לֵיהּ נְהוֹרָא זְעֵירְתָּא כְּעֵינָא דְּמַחֲטָא, וּלְבָתַר רַב מִנֵּיהּ, וּכְדֵין בְּכָל זִמְנָא עַד דְּיִנְהֲרוּן לֵיהּ כָּל נְהוֹרָא כְּדְקָא יְאוּת.

כָּךָ אִינוּן יִשְׂרָאֵל כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמות כ״ג:ל׳) מְעַט מְעַט אֲ גרַשֶׁנּוּ מִפָּנֶיךָ עַד אֲשֶׁר תִּפְרֶה וְגו'. וְכֵן לְמַאן דְּאָתֵי אַסְוָותָא לָאו אִיהוּ בְּשַׁעְתָּא חָדָא, אֶלָּא זְעֵיר זְעֵיר עַד דְּיִתְתַּקַּף. אֲבָל לְעֵשָׂו לָאו הָכִי, אֶלָּא בְּזִמְנָא חָדָא נָהִיר לֵיהּ וְאִתְאֲבִיד מִנֵּיהּ זְעֵיר זְעֵיר. (ולזמנא דאתי לאומות עובדי עבודת כוכבים ומזלות (ישעיהו מ״ב:י״ג) יי כגבור יצא) עַד דְּיִתְתַּקְפוּן יִשְׂרָאֵל וִישֵׁיצוּן (וישבון) לֵיהּ מִכֹּלָּא, מֵעַלְמָא דֵין וּמֵעַלְמָא דְאָתֵי. וּבְגִין דְּנָהִיר בְּשַׁעְתָּא חָדָא, הֲוָה לֵיהּ שֵׁצִיאוּ מִכֹּלָּא. אֲבָל יִשְׂרָאֵל נְהוֹרָא דִלְהוֹן זְעֵיר זְעֵיר, עַד דְּיִתְתַּקְפוּן וְיַנְהִיר לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְעָלְמִין.

וְכֹלָּא שָׁאֲלֵי לוֹן וְאָמְרֵי מִי זֹאת הַנִּשְׁקָפָה כְּמוֹ שָׁחַר, אִיהוּ קַדְרוּתָא דְצַפְרָא, וְדָא אִיהוּ נְהוֹרָא דָּקִיק. וּלְבָתַר יָפָה כַלְּבָנָה, בְּגִין דְּסִיהֲרָא נְהוֹרָא דִילָהּ נָהִיר יַתִּיר מִשַּׁחַר. וּלְבָתַר בָּרָה כַּחַמָּה, בְּגִין דִּנְהוֹרֵיהּ תַּקִּיף וְנָהִיר יַתִּיר מִסִּיהֲרָא. וּלְבָתַר אֲיֻמָּה כַּנִּדְגָלוֹת, תַּקִּיפָא בִּנְהוֹרָא תַּקִּיף כְּדְקָא יְאוּת.

תָּא חֲזֵי, בְּעוֹד דְּאִתְחֲשַׁךְ יְמָמָא וְאִתְכַּסְיָא נְהוֹרָא וְאָתֵי צַפְרָא, יִתְנְהִיר בְּקַדְמִיתָא זְעֵיר זְעֵיר עַד דְּיִתְרַבֵּי נְהוֹרָא כְּדְקָא יְאוּת. דְּהָא כֵּיוָן דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִתְעַר לְאַנְהָרָא לָהּ לִכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל, יִתְנְהִיר בְּקַדְמִיתָא כְּמוֹ שָׁחַר דְאִיהִי אוּכְמָא. וּלְבָתַר יָפָה כַלְּבָנָה, וּלְבָתַר בָּרָה כַּחַמָּה. וּלְבָתַר אֲיֻמָּה כַּנִּדְגָּלוֹת כְּמָה דְאִתְּמָר.
(Ⅰ)
[171a]  
[...] qui ne reflétait pas assez clairement ; Moïse, en entendant la voix céleste, restait debout et saisissait le sens des paroles entendues, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XII, 8) : « Car je lui parle de bouche à bouche, et dans un langage clair, et non sous des énigmes et des figures. » Par contre, les autres prophètes tombaient, visage contre terre, et ne saisissaient pas bien les paroles entendues. Et qui était la cause de leur faiblesse ? C’est Jacob, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXII, 33) : « Car il a touché la cuisse de Jacob » ; et un peu plus haut : « Et il se trouva boiteux d’une jambe. » Aucun prophète ne pouvait prévoir ce que le Saint, béni soit-il, se proposait de faire à Esaü, excepté le prophète Abdias qui descendait d’Esaü et qui s’était converti (19). C’était le seul prophète qui pouvait résister à Esaü et qui conservait toute sa force, alors que la force de tous les autres prophètes a été affaiblie à la suite de ce fait que l’ange d’Esaü a touché Jacob à la cuisse.
Remarquez qu’aucun prophète n’avait le don de la prophétie aussi développé que Moïse. La Loi s’affaiblit de jour en jour, parce que ceux qui s’y consacrent ne sont pas encouragés ; personne ne jette une obole dans leur bourse.
Remarquez combien sont coupables ces hommes qui abandonnent ceux qui se consacrent à la Loi ! Ils sont cause que les saints s’affaiblissent de jour en jour, et que celui qui n’a ni cuisses ni pieds, c’est à dire le démon, prend le dessus.
Rabbi Siméon commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., II, 19) : « Et le Seigneur Dieu dit au serpent : Parce que tu as fait cela, tu es maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre : tu ramperas sur le ventre et tu mangeras la terre tous les jours de ta vie. » Que signifient les mots : « Tu ramperas sur le ventre » ? Dieu lui ôta les pieds qui servent de soutien au corps, pour le priver ainsi d’appui ; mais Israël, qui ne veut s’appuyer sur la Loi, prête au serpent des pieds pour s’appuyer.
Remarquez de quels moyens rusés celui qui monte sur le serpent, c’est à dire Samaël, s’était servi contre Jacob. Il savaitque, tant qu’Israël fait entendre des paroles de la Loi, il est à l’abri des attaques de la part du démon, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 22) : « La voix est celle de Jacob et les mains sont celles d’Esaü », ce qui veut dire que, tant que la voix d’Israël se fait entendre, les mains d’Esaü sont impuissantes à lui faire du mal. Mais lorsque Israël abandonne la Loi, Esaü prend le dessus, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXVII, 40) : « Et le temps viendra où tu secoueras son joug. » En effet, quand Israël abandonne la Loi, Esaü en secoue le joug et devient le Maître. Aussi, l’ange d’Esaü s’efforça-t-il par tous les moyens de faire taire chez Jacob la voix de la Loi ; mais, voyant qu’il ne pouvait le surmonter, il le toucha à la cuisse, ce qui veut dire : il lui fit abandonner ceux qui se consacrent à l’étude de la Loi et qui sont le soutien et l’appui d’Israël.
Cet acte de l’ange d’Esaü est l’image des procédés du démon ; celui-ci ne dit pas de prime abord à l’homme : commets tel ou tel péché ; car il sait que l’homme lui résisterait ; mais il commence par le toucher à la cuisse, ce qui veut dire : il commence par lui persuader que les hommes qui se consacrent à l’étude de la Loi et qui en sont, de ce fait, la cuisse ou le soutien, n’ont aucune utilité et ne méritent guère d’être encouragés. En quittant Jacob, l’ange lui dit (Gen., XXXII, 29) : « On ne te nommera plus à l’avenir Jacob, mais Israël. » Il dit à Jacob : A l’avenir tu ne porteras plus un nom qui indique la ruse (aqab), mais « Israël », qui signifie « fort ».
Remarquez en outre que le serpent dispose de plusieurs forces répandues dans le monde, dont tous les efforts tendent à toucher l’homme au nerf de la cuisse. Mais, comme l’usage de ce nerf a été interdit à Israël, la force de celui qui monte sur le serpent, c’est à dire de Samaël et de ses légions, se trouve brisée [...]
- וְתָּא חֲזֵי, כֵּיוָן דְּאִסְתַּלִיק צַפְרָא, דְּהָא לָא כְּתִיב כִּי בָא הַשָּׁחַר אֶלָּא כִּי עָלָה, דְּהָא בְּזִמְנָא כִּי בָא הַשָּׁחַר, כְּדֵין אִתְתַּקַּף הַהוּא מְמַנָּא וְאַכִּישׁ לֵיהּ לְיַעֲקֹב. בְּגִין דְּהַהוּא מְמַנָּא אַכִּישׁ לְיַעֲקֹב לְמֵיהַב תַּקִּיפוּ לְאִתַתַּקָּפָא לְעֵשָׂו.

וְכַד סָלִיק הַהוּא אוּכְמָא דְּשָׁחַר וְאִתְחֲזֵי אֲתָא נְהוֹרָא וְאִתְתַּקַּף יַעֲקֹב, דְּהָא כְדֵין מָטָא זִמְנֵיהּ לְאִתְנְהָרָא, מַה כְּתִיב וַיִּזְרַח לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ כַּאֲשֶׁר עָבַר אֶת פְּנוּאֵל וְהוּא צוֹלֵעַ עַל יְרֵכוֹ. וַיִּזְרַח לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ, דְּהָא כְּדֵין זִמְנָא לְאִתְנָהָרָא.

וְהוּא צוֹלֵעַ עַל יְרֵכוֹ. כְּדֵין אִיהוּ רֶמֶז דְּהָא בְּעוֹד דְּיִשְׂרָאֵל בְּגָלוּתָא וְסָבְלִין כְּאֵבִין וְצַעֲרִין וְכַמָּה בִּישִׁין, כַּד אִתְנְהִיר לוֹן יְמָמָא וְיֵיתֵי לוֹן נַיְיחָא, כְּדֵין יִסְתַּכְּלוּן וְיִכְאֲבוּן בְּגַרְמַיְיהוּ מִכַּמָּה בִּישִׁין וְצַעֲרִין דְּסָבְלוּ וְיִתְמְהוּ עֲלַיְיהוּ. בְּגִין כָּךְ וַיִּזְרַח לוֹ הַשֶּׁמֶשׁ. דְּהַהוּא זִמְנָא דְנַיְיחָא, וּכְדֵין וְהוּא צוֹלֵעַ עַל יְרֵכוֹ אִתְכָּאַב וְצָעֵיר גַּרְמֵיהּ עַל מַה דְּעֲבַר.

וְאִיהוּ כַּד אִסְתַּלַּק קַדְרוּתָא דְּשַׁחֲרָא כְּדֵין אִתְתַּקַּף וְאִתְאֲחִיד בֵּיהּ דְּכַד אִתְחַלַּשׁ חֵילֵיהּ, דְּלֵית לֵיהּ שׁוּלְטָנוּתָא אֶלָּא בְּלֵילְיָא, וְיַעֲקֹב שָׁלְטָנוּתֵיהּ בִּימָמָא. וְעַל דָּא אָמַר וַיֹּאמֶר שַׁלְחֵנִי כִּי עָלָה הַשָּׁחַר, דְּהָא אֲנָא בִּרְשׁוּתְךָ קָאִימְנָא, וְהָא אִתְּמָר וְאוּקְמוּהָ:

(על כן לא יאכלו בני ישראל את גיד הנשה וגו', כי נגע בכף ירך יעקב, בגיד הנשה, דאפילו בהנאה אסיר ואפילו ליהביה לכלבא. ואמאי אקרי גיד הנשה. כלומר גיד דאיהו מנשה לבני נשא לפולחנא דמאריהון, ותמן הוא יצר הרע רביע. כיון דאתדבק עם יעקב לא אשכח אתר דיכיל לאתגברא עליה דיעקב, בגין דכל שייפי גופא סייעי ליעקב, וכלהו הוו תקיפין ולא הוו בהון חולשא, מה עבד, ויגע בכף ירכו בגיד הנשה, בזיניה ביצר הרע דאיהו זיניה ואתריה, ומתמן אתי יצר הרע על בני נשא. ובגין כך אמרה אורייתא לא יאכלו בני ישראל את גיד הנשה. כמה דאמרו חברייא, בשייפין דבר נש דרמיז לעילא אי טב, טב. ואי ביש, ביש. ובגין כך כל שייפא מתקיף שייפא. ודאי גיד הנשה מתקיף ליצר הרע דהוא זיניה, ובני ישראל לא יאכלו ליה, דלאו אינון מסטריה ומזיניה. אבל עמין עובדי עבודה זרה, יאכלו ליה, דאיהו מסטרא ומזינא דמלאכא דלהון דאיהו סמא''ל בגין לתקפא לבהון. בגין דאית בבר נש רמ''ח שייפין לקבל רמ''ח פקודין דאורייתא דאינון למעבד אתיהבו, ולקבל רמ''ח מלאכין דאתלבשת בהון שכינתא ושמא דלהון כשמא דמאריהון. ואית בבר נש שס''ה גידין ולקבלהון שס''ה פקודין דלאו אינון אתיהבו למעבד ולקבל שס''ה יומי שתא, והא תשעה באב חד מנהון דאיהו לקבל סמא''ל דאיהו חד מאינון שס''ה מלאכין (נ''א יומין), ובגין כך אמרה אורייתא לא יאכלו בני ישראל את גיד הנשה. א''ת, לאסגאה תשעה באב דלא אכלין ביה ולא שתין. ובגין כך חזא קודשא בריך הוא כלא ונרמז בהון רמז ליעקב, ויאבק איש עמו, בכל יומי שתא ובכל שייפין דיעקב ולא אשכח בר ההוא גיד הנשה, מיד תשש חיליה דיעקב, וביומי שתא אשכח יום תשעה באב דביה אתתקף ואתגזר דינא עלנא ואתחרב בי מקדשא, וכל מאן דאכיל בתשעה באב כאילו אכיל גיד הנשה). רַבִּי חִיָּיא אָמַר, אִלְּמָלֵא לָא אִתְחַלַּשׁ חֵילָא (נ''א דאתר) דָא דְּיַעֲקֹב, אִתְקְיַּים יַעֲקֹב לְגַבֵּיהּ וְאִתְבַּר חֵילָא דְעֵשָׂו לְעֵילָא וְתַתָּא.

רִבִּי שִׁמְעוֹן פָּתַח וְאָמַר, (יחזקאל א׳:כ״ח) כְּמַרְאֵה הַקֶּשֶׁת אֲשֶׁר יִהְיֶה בֶּעָנָן בְּיוֹם הַגֶּשֶׁם כֵּן מַרְאֵה הַנֹּגַהּ סָבִיב הוּא מַרְאֵה דְּמוּת כְּבוֹד יְיָ וָאֶרְאֶה וָאֶפֹּל עַל פָּנַי וְגו'. הַאי קְרָא אִתְּמָר. אֲבָל תָּא חֲזֵי, דְּהָא כְּתִיב, (דברים לה) וְלֹא קָם נָבִיא עוֹד בְּיִשְׂרָאֵל כְּמשֶׁה. מַה בֵּין משֶׁה לִשְׁאָר נְבִיאֵי עָלְמָא. משֶׁה אִסְתַּכַּל בְּאַסְפַּקְלַרְיָא דְנָהֲרָא, שְׁאָר נְבִיאֵי לָא הֲווּ מִסְתַּכְּלֵי אֶלָּא בְּאַסְפַּקְלַרְיָא
(Ⅰ)
[171b]  
[...] et elles ne peuvent plus nuire aux enfants de Jacob. C’est pourquoi on ne doit pas même donner à manger aux bêtes le nerf de la cuisse. Rabbi Yessa le Vieillard dit : Ici l’Écriture se sert du mot « naga» (toucher) ; et ailleurs (Nomb., XIX, 11) : « Celui qui touche (hanoguea) le corps mort d’un homme demeurera impur durant sept jours. » C’est pour nous indiquer que l’ange d’Esaü a rendu impur l’endroit qu’il a touché, ainsi qu’il est écrit (Nomb., XIX, 22) : « L’impur rend impur tout ce qu’il touche. » Béni soit le Seigneur qui donna la Loi à Israël pour le rendre digne et de ce monde et du monde futur, ainsi qu’il est écrit (Prov., III, 16) : « Elle a la longévité à sa droite, et à sa gauche les richesses et la gloire. » Il est écrit (Gen., XXXIII, 3) : « Et il passa au-devant d’eux, et il se prosterna sept fois à terre, en s’approchant de son frère. »
Rabbi Éléazar commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ex., XXXIV, 14) : « N’adore point de dieu étranger ; car le Seigneur s’appelle le Dieu jaloux. » Or, comment Jacob, qui était le plus parfait des patriarches et dont le Saint, béni soit-il, a fait son partage en se l’attachant, a-t-il pu se prosterner devant Esaü l’impie qui était l’image du « dieu étranger (20) » ? On ne peut pas justifier cette démarche de Jacob par le dicton qui dit : « Quand le renard est favorisé par la fortune, incline toi devant lui. » Car, du moment qu’Esaü était l’image du « dieu étranger », Jacob ne devait en aucune façon se prosterner devant lui. Mais l’Écriture (I Rois, XXV, 6) dit : « Et vous direz : Voici les paroles que j’adresse aux vivants (lehaï) : que la paix soit avec vous, avec votre maison et sur tout ce que vous possédez. »
Or nous savons, par une tradition, qu’il est défendu de saluer un impie : comment donc David a-t-il pu envoyer son salut à Nabal ? Mais nous avons déjà expliqué (21) ailleurs que David adressait ces paroles au Saint, béni soit-il, qu’il appela « lehaï », alors que Nabal avait cru que ce salut s’adressait à lui. De même, l’Écriture (Gen., XLVII, 21) dit de Jacob : « Et Israël se prosterna au chevet de son lit. » Peut-on admettre que Jacob se soit prosterné devant ses fils ? Mais en réalité il se prosterna devant la Schekhina. De même, ici, l’Écriture commence par dire : « Et il passa au-devant d’eux. » « Il » désigne la Schekhina ; c’est en la voyant que Jacob se prosterna sept fois. Heureux le sort des justes dont toutes les actions ont pour mobile la gloire de leur Maître, et qui ne dévient de leur chemin ni à droite ni à gauche ! L’Écriture (Gen., XXXIII, 4) dit : « Et Esaü courut au-devant de son frère, l’embrassa, le serra étroitement (va ïpol al tzavarav), et le baisa ; et ils pleurèrent. »
Rabbi Isaac dit : Il est écrit (Is., LVII, 20) : « Et les méchants sont comme une mer agitée qui ne peut se calmer, et dont les flots vont se rompre avec une écume bourbeuse. » Ce verset a été déjà interprété d’une certaine façon. Mais chaque parole de l’Écriture cache plusieurs mystères différents les uns des autres et qui n’en forment pourtant qu’un seul. Les mots : « Les méchants sont comme une mer agitée... » désignent Esaü, dont tous les actes à l’égard de Jacob cachaient de la malice. Le mot « tzavarav » est écrit sans Yod, ce qui en fait un terme singulier, au lieu d’un pluriel, parce qu’il désigne Jérusalem qui est le cou du monde (22). Or, l’Écriture dit qu’Esaü tomba au cou de Jacob, parce qu’il n’a détruit Jérusalem qu’une seule fois (23). Car le sanctuaire a été détruit deux fois : une fois par Babel et une fois par les enfants d’Esaü. Le mot « va ïschaqehou » (et il le baisa) porte des points sur toutes les lettres, afin de nous indiquer que le baiser d’Esaü n’était pas sincère. Nous avons appris en outre que les mots (Prov., XXVII, 6) : « Les baisers trompeurs sont ceux de l’ennemi » désignent Balaam lorsqu’il bénit Israël ; car il ne l’a pas fait de bon cœur. Ces paroles s’appliquent également à Esaü.
Rabbi Yossé dit : Il est écrit (Ps., III, 8) : « Lève-toi, Seigneur, sauve-moi, mon Dieu ; car tu as frappé sur la joue tous mes ennemis, tu as brisé (schibartha) les dents des pécheurs. » Une tradition nous apprend qu’il ne faut pas lire « schibartha », mais «scheribabtha» (qui avait augmenté) ; car Dieu avait grandi les dents de l’impie, pour qu’il ne mordît pas.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « ... Et ils pleurèrent. » Chacun d’eux pleurait pour un autre motif.
Remarquez combien [...]
- דְּלָא נָהֲרָא. משֶׁה הֲוָה שָׁמַע וְקָאִים עַל רַגְלוֹי, וְחֵילֵיהּ אִתְתַּקַּף, וְהֲוָה יָדַע מִלָּה עַל בּוּרְיֵיהּ, כְּמָה דִכְתִיב, (במדבר י״ב:ח׳) וּמַרְאֶה וְלֹא בְחִידוֹת. שְׁאָר נְבִיאֵי הֲווּ נָפְלֵי עַל אַנְפַּיְיהוּ וְאִתְחַלַּשׁ חֵילָא דִלְהוֹן וְלָא הֲווּ יָכְלֵי לְקָיְימָא עַל בּוּרְיֵיהּ דְּמִלָּה. מַאן גָּרַם לוֹן דָּא בְּגִין דִּכְתִיב כִּי נָגַע בְּכַף יֶרֶךְ יַעֲקֹב וְהוּא צוֹלֵעַ עַל יְרֵכוֹ.

וְכָל אִינוּן נְבִיאִין לָא יָכִילוּ לְקָיְימָא עַל מַה דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמֶעְבַּד לֵיהּ לְעֵשָׂו, בַּר עוֹבַדְיָה נְבִיאָה דְּהֲוָה גִיּוֹרָא דְּאָתֵי מִסִּטְרָא דְעֵשָׂו, דָּא קָאִים בְּקִיּוּמֵיהּ עֲלֵיהּ דְּעֵשָׂו וְלָא אִתְחַלַּשׁ חֵילֵיהּ.

וְעַל דָּא כָּל שְׁאָר נְבִיאֵי אִתְחַלַּשׁ תּוּקְפַיְיהוּ וְלָא הֲווּ יָכְלִין לְאִתְקָיְימָא לְקַבְּלָא מִלָּה עַל בּוּרְיֵיהּ כְּדְקָא יְאוּת, מַאי טַעְמָא, בְּגִין כִּי נָגַע בְּכַף יֶרֶךְ יַעֲקֹב בְּגִין הַנָּשֶׁה, דְּנָסִּיב וְשָׁאִיב כָּל חֵילָא דְּיַרְכָא, וְעַל דָּא אִתְבַּר חֵילָא דְיַרְכָא וְאִשְׁתָּאַר צוֹלֵעַ עַל יְרֵכוֹ. דְּהָא כָּל נְבִיאִין דְּעַלְמָא לָא יָכִילוּ לְאִדַּבְּקָא וּלְקָיְימָא בֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, נְבִיאִין כֻּלְּהוּ בַּר משֶׁה לָא קָיְימוּ בְּתוּקְפַיְיהוּ כְּדְקָא חָזֵי. וּמַאן דְּלָעֵי בְּאוֹרַיְיתָא וְלֵית מַאן דְּסָמִיךְ לֵיהּ וְלָא אִשְׁתְּכַח מַאן דְּאַטִּיל מְלַאי לְכִיסֵיהּ לְאִתְתַּקְפָא. עַל דָּא אוֹרַיְיתָא קָא מִשְׁתַּכְּחָא בְּכָל דָּרָא וְדָרָא וְאִתְחַלַּשׁ תּוּקְפָא דְאוֹרַיְיתָא כָּל יוֹמָא וְיוֹמָא, בְּגִין דְּלֵית לוֹן לְאִינוּן דְּלָעָאן בָּהּ עַל מַה דְּסָמְכִין, וּמַלְכוּ חַיָּיבָא אִתְתַּקַּף בְּכָל יוֹמָא וְיוֹמָא. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה גָּרִים חוֹבָא דָא, וּבְגִין דְּלֵית (לון) מַאן דְּאַסְמִיךְ לְאוֹרַיְיתָא כְּדְקָא יְאוּת אִינוּן סָמְכִין חַלָּשִׁין, וְגָרְמִין לְאִתְתַּקְפָא לְהַהוּא דְּלֵית לֵיהּ שׁוֹקִין וְרַגְלִין לְקָיְימָא עֲלַיְיהוּ.

פָּתַח וְאָמַר, (בראשית ג׳:י״ד) וַיֹּאמֶר יְיָ אֱלֹהִים אֶל הַנָּחָשׁ כִּי עָשִׂיתָ זֹאת אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה וְגו' עַל גְּחוֹנְךָ תֵּלֵךְ. מַאי עַל גְּחוֹנְךָ תֵּלֵךְ. דְּאִתָּבְרוּ סָמְכִין דִּילֵיהּ וּקְצִיצוּ רַגְלוֹי וְלֵית לֵיהּ עַל מַה דְּקָאִים. כַּד יִשְׂרָאֵל לָא בָּעָאן לְסָמְכָא לֵיהּ לְאוֹרַיְיתָא, אִינוּן יָהֲבִין לֵיהּ סָמְכִין וְשׁוֹקִין לְקָיְימָא וּלְאִתְתַּקְּפָא בְּהוּ.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה עֲקִימוּ וְחַכִּימוּ אִתְחַכַּם בְּהַהוּא לֵילְיָא הַהוּא דְרָכִיב נָחָשׁ לְקֳבְלֵיהּ דְּיַעֲקֹב, דְּהָא אִיהוּ הֲוָה יָדַע דִּכְתִיב, (בראשית כ״ז:כ״ב) הַקּוֹל קוֹל יַעֲקֹב וְהַיָּדַיִם יְדֵי עֵשָׂו. וְאִי פָּסִיק קָלָא דְיַעֲקֹב כְּדֵין וְהַיָּדַיִם יְדֵי עֵשָׂו. בְּגִין כָּךְ אִסְתַּכַּל לְכָל סִטְרִין לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ לְיַעֲקֹב וּלְאַפְסָקָא קָלֵיהּ.

וְחָמָא לֵיהּ תַּקִּיף בְּכֹלָּא. דְּרוֹעִין מִסִּטְרָא דָא וּמִסִּטְרָא דָא דְּאִינוּן תָּקִפִין גּוּפָא דְּאִתְתַּקַּף בֵּינַיְיהוּ, וְחָמָא תּוּקְפָא דְאוֹרַיְיתָא וְאִתְתַּקַּף בְּכֹלָּא, כְּדֵי וַיַּרְא כִּי לא יָכוֹל לוֹ. מָה עֲבַד, מִיָּד וַיִּגַּע בְּכַף יְרֵכוֹ, דְּאִתְחַכַּם לְקֳבְלֵיהּ. אָמַר כֵּיוָן דְּאִתְּבָרוּ סָמְכִין דְּאוֹרַיְיתָא, מִיָּד אוֹרַיְיתָא לָא אִתְתַּקַּף. וּכְדֵין יִתְקַיַּים מַה דְּאָמַר אֲבוּהוֹן, הַקּוֹל קוֹל יַעֲקֹב וְהַיָּדַיִם יְדֵי עֵשָׂו. (בראשית כ״ז:מ׳) וְהָיָה כַּאֲשֶׁר תָּרִיד וּפָרַקְתָּ עֻלּוֹ מֵעַל צַוָּארֶךָ.

וּבְדָא אִתְחַכַּם לְקֳבְלֵיהּ דְּיַעֲקֹב דְּהָא בְּגִין דְּיִתָּבַר חֵילָא דְאוֹרַיְיתָא אָזִיל וְאִתְתַּקַּף עֵשָׂו. וְכַד חָמָא דְלָא יָכִיל לָהּ לְאוֹרַיְיתָא, כְּדֵין חָלִישׁ תּוּקְפָא דְּאִינוּן דְּסָמְכִין לָהּ, וְכַד לָא יִשְׁתַּכַּח מַאן דְּסָמִיךְ לְאוֹרַיְיתָא, כְּדֵין לָא יְהֵא קוֹל קוֹל יַעֲקֹב וִיהוֹן יָדַיִם יְדֵי עֵשָׂו.

וְכַד חָמָא יַעֲקֹב הָכִי כַּד סָלִיק צַפְרָא, אַתְקִיף (יעקב) בֵּיהּ וְאִתְגַּבַּר עֲלֵיהּ עַד דְּאִיהוּ בְּרִיךְ לֵיהּ וְאוֹדֵי לֵיהּ עַל אִינוּן בִּרְכָאן, וְאָמַר לֵיהּ לא יַעֲקֹב יֵאָמֵר עוֹד שִׁמְךָ כִּי אִם יִשְׂרָאֵל, לָאו יַעֲקֹב בְּעֲקִימוּ אֶלָּא בְּגְאוּתָא וְתוּקְפָא דְּלֵית מַאן דְּיָכִיל לָךְ.

וְתָּא חֲזֵי, מֵהַאי נָחָשׁ כַּמָּה חֵילִין מִתְפָּרְשָׁן לְכָל סְטַר וְאִשְׁתַּכָּחוּ בְּעַלְמָא לְגַבֵּי בְּנֵי נָשָׁא. וּבְעִינָן לְקָיְימָא לְהַהוּא גִּיד הַנָּשֶׁה, דְּאַף עַל גַּב דְּקָרִיב בֵּיהּ הַהוּא דְּרָכִיב עַל חִוְיָא קַיָּים אִיהוּ, וְאִתְקְיַּים בְּגַוָּון וְלָא אִתְּבַּר.

וְחֵילָא בְּעִינָן לְאִתְתַּקָּפָא בְּעַלְמָא וּלְאַחֲזָאָה כִּי שָׂרִיתָ עִם אֱלֹהִים וְעִם אֲנָשִׁים וַתּוּכָל. וְכַד חָמֵי דְּהָא לָא אִתְּבַּר וְלָא אִתְאֲכִיל הַהוּא אֲתַר, כְּדֵין אִתְבַּר חֵילֵיהּ וְתוּקְפֵיהּ
(Ⅰ)
[172a]  
[...] l’animosité d’Esaü était grande contre Jacob : car, même après une séparation de si longue durée, il n’avait pas cessé de vouloir lui faire du mal. Aussi tous les deux ont-ils pleuré ; Jacob, parce qu’il ne se croyait pas assez digne pour que Dieu le délivrât des mains de son frère ; et Esaü, parce que son père vivait encore, ce qui l’empêchait d’assouvir sa haine contre Jacob.

Rabbi Abba dit : La colère d’Esaü s’apaisa lorsqu’il vit Jacob. Pourquoi ? Parce qu’il a vu son ange favorable à Jacob. Or, comme rien ne se fait ici-bas sans la force d’en haut, Esaü a compris qu’il ne pourrait faire aucun mal à Jacob, attendu que son propre ange lui était favorable.
Il est écrit (Gen., XXXIII, 14) : « Que monseigneur marche devant son serviteur, et je le suivrai lentement. »
Rabbi Éléazar dit : Ainsi que nous l’avons déjà dit précédemment, Jacob ne voulait pas jouir immédiatement des bénédictions reçues de son père ; il se les est réservées pour la fin des temps, pour le moment où ses fils en auront besoin contre tous les peuples du monde. C’est pourquoi, lorsque Esaü lui dit (Gen., XXXIII, 12) : « Allons ensemble» (ce qui veut dire : partageons entre nous les jouissances de ce bas monde), Jacob lui répondit. « Que mon seigneur marche devant (yaabar) son serviteur. » Le met « yaabar » signifie « devancer », ainsi qu’il est écrit (Michée, II, 13) : « Le roi passera (yaabar) devant eux et le Seigneur est à leur tête. »
Jacob dit à Esaü : « Je te cède la domination sur ce monde jusqu’à la fin des temps » ; ce n’est qu’alors que, petit à petit, mes descendants arriveront à la gloire. Jacob ajouta : « ... Selon le travail », ce qui veut dire : selon la lumière que Dieu accordera à mes descendants. Et il ajouta encore : « ... Et selon que mes petits pourront le faire », ce qui veut dire : selon le degré de la foi de mes descendants. La foi est désignée sous le nom de « petits », en raison du mystère des Cheroubim (24), région de la Foi ; enfin Jacob ajouta : « ... Jusqu’à ce que j’arrive chez mon seigneur en Seïr », ce qui veut dire : je serai asservi par toi, qui es appelé Seïr jusqu’au jour où mon heure sera arrivée d’exercer mon empire sur Esaü, ainsi qu’il est écrit (Abdias, I, 21) : « Ceux qui doivent sauver le peuple monteront sur la montagne de Sion pour juger la montagne d’Esaü ; et le règne demeurera au Seigneur. » L’Écriture (Gen., XXXIII, 17) dit : « Et Jacob vint à Socoth où il se bâtit une maison et dressa des tentes pour ses troupeaux ; c’est pourquoi il appela ce lieu Socoth (tentes). »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXXVII, 1) : « Si le Seigneur ne bâtit une maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent ; si le Seigneur ne garde une ville, c’est en vain que veille celui qui la garde. » Remarquez que lorsqu’il a plu au Saint, béni soit-il, de créer le monde, il fit sortir un fluide de la lumière primitive, qui dissipa les ténèbres, descendit en bas et, se divisant en cent sentiers petits et grands, constitua la maison d’ici-bas. Notre monde forme le centre du monde céleste, il est entouré de portes qui mènent au monde supérieur. Devant chacune de ces portes se trouvent des nids d’oiseaux, c’est-à-dire des légions d’anges de diverses espèces. Un arbre puissant entouré de grandes branches accorde la nourriture aux oiseaux et aux hommes d’ici-bas. L’arbre s’élève au milieu de trois rochers puissants ; et ses branches touchent le ciel et la terre à la fois. La maison d’ici-bas reçoit son arrosage de cet arbre.
La maison d’ici-bas est protégée par les branches de l’arbre qui cachent encore d’autres trésors précieux. Toutes les légions célestes n’ont pas connaissance de la maison d’ici-bas. L’arbre est visible tant qu’il fait jour, et caché quand il fait nuit, alors que la maison d’ici-bas se manifeste quand il est nuit et demeure cachée quand il fait jour. Le monde d’ici-bas n’exerce son pouvoir que quand les ténèbres le couvrent et que toutes les portes dont il est entouré et qui lui donnent communication avec le monde céleste sont fermées. De nombreux esprits parcourent l’espace, désireux de savoir tout ce qui se passe ici-bas. Ces esprits passent à travers les oiseaux qui gardent les portes du ciel, et, après leur parcours dans le monde, retournent auprès de ces oiseaux et témoignent de tout ce qu’ils ont vu.
Quand le monde sera couvert d’épaisses ténèbres, une flamme sortira d’en haut, frappera contre toutes les portes aménagées entre le monde d’ici-bas et le monde céleste, et les ouvrira ; elle brisera les rochers et descendra jusqu’à ce bas monde pour faire retentir des voix et en haut et en bas à la fois. Alors un cri immense [...]
- וְלָא יָכִיל לְאַבְאָשָׁא לִבְנוֹי דְיַעֲקֹב. וְעַל דָּא לָא בְּעִינָן לְמֵיהַב דּוּכְתָּא לִבְרִיָּיתָא דְעַלְמָא לְמֵיכַל לֵיהּ וְלָא לְאִתְאֲכָלָא כְּלָל.

רַבִּי יֵיסָא סָבָא דָּרַשׁ, כִּי נָגַע בְּכַף יֶרֶךְ יַעֲקֹב. כְּתִיב הָכָא כִּי נָגַע בְּכַף, וּכְתִיב הָתָם (במדבר י״ט:י״ג) כָּל הַנּוֹגֵעַ בְּמֵת בְּנֶפֶשׁ הָאָדָם (יטמא) וְגו'. מַה לְּהַלָּן מְסָאֲבָא אוּף הָכָא נָמֵי מְסָאֲבָא, דְּסָאִיב הַהוּא אֲתַר, וּמֵאֲתַר מְסָאֲבָא לֵית לָן (לאתתקנא) לְאִתְהֲנָאָה מִנֵּיהּ כְּלַל, כָּל שֶׁכֵּן בְּאֲתַר דְּקָרִיב הַהוּא סְטַר מְסָאֲבָא, וְאוֹרַיְיתָא לָא קָאֲמַר אֶלָּא כִּי נָגַע, וּכְתִיב וַיִּגַּע בְּכַף יְרֵכוֹ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (במדבר י״ט:כ״ב) וְכֹל אֲשֶׁר יִגַּע בּוֹ הַטָּמֵא יִטְמָא, בְּרִיךְ רַחֲמָנָא דְּיָהִיב אוֹרַיְיתָא לְיִשְׂרָאֵל לְמִזְכֵּי בָהּ בְּעַלְמָא דֵין וּבְעַלְמָא דְאָתֵי כְּמָה דִכְתִיב, (משלי ג׳:ט״ז) אֹרֶךְ יָמִים בִּימִינָהּ בִּשְׂמֹאלָהּ עשֶׁר וְכָבוֹד:

וְהוּא עָבַר לִפְנֵיהֶם וַיִּשְׁתַּחוּ אַרְצָה שֶׁבַע פְּעָמִים עַד גִּשְׁתּוֹ עַד אָחִיו. רַבִּי אֶלְעָזָר פָּתַח וְאָמַר, (שמות לה) כִּי לֹא תִשְׁתַּחֲוֶה לְאֵל אַחֵר כִּי יְיָ קַנָּא שְׁמוֹ. וְכִי יַעֲקֹב דְּאִיהוּ שְׁלֵימָא דְּאֲבָהָן דְּאִתְבְּרִיר חוּלָקָא שְׁלֵימָתָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְאִיהוּ אִתְקְרִיב לְגַבֵּיהּ יַתִּיר, (ס''א ואשתלים לעילא ולתתא) הֵיךְ סָגִיד לֵיהּ לְהַהוּא רָשָׁע דְּעֵשָׂו דְּאִיהוּ בְּסִטְרָא דְאֵל אַחֵר, וּמַאן דְּסָגִיד לֵיהּ סָגִיד לְאֵל אַחֵר. אִי תֵימָא בְּגִין דְּאָמְרוּ תַּעְלָא בְּעִדָנֵיהּ סָגִיד לֵיהּ, לָאו הָכִי. דְּהָא עֵשָׂו כְּאֵל אַחֵר הֲוָה, וְיַעֲקֹב לא יִסְגוֹד לְהַהוּא סִטְרָא וּלְהַהוּא חוּלָקָא כְּלַל. (פתח רבי אבא ואמר) אֶלָא כְּתִיב, (שמואל א כ״ה:ו׳) וַאֲמַרְתֶּם כֹּה לֶחָי וְאַתָּה שָׁלוֹם וּבֵיתְךָ שָׁלוֹם וְכָל אֲשֶׁר לְךָ שָׁלוֹם. וְהָא אִתְּמָר דְּאָסִיר (ד''א ל''ג ליה) לְאַקְדוּמֵי לְהוּ שְׁלָם לְרַשִּׁיעַיָא, וְכֵיוָן דְּאָסִיר הֵיכִי אַשְׁכַּחְנָא דְּדָוִד אָמַר הַאי קְרָא לְנָבָל, אֶלָּא הָא אוּקְמוּהָ (שמות כג ב) דִּלְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קָאֲמַר, בְּגִין לְקָשְׁרָא לֵיהּ לְחַי. וְחָשִׁיב נָבָל דְּעֲלֵיהּ קָאֲמַר.

כְּגַוְונָא דָא (בראשית יב) וַיִּשְׁתַּחוּ יִשְׂרָאֵל עַל רֹאשׁ הַמִּטָּה, וְכִי לְגַבֵּי דִבְרֵיהּ סְגִיד. אֶלָּא לְאַתְרֵיהּ דִּשְׁכִינְתָּא קָא כָּרַע וְסָגִיד, אוּף הָכָא, וְהוּא עָבַר לִפְנֵיהֶם. מַאי וְהוּא, דָּא שְׁכִינְתָּא עִלָּאָה דְּהֲוָה אָזְלָא קַמֵּיהּ (כרע), וְדָא הוּא נְטִירוּ עִלָּאָה. כֵּיוָן דְּחָמָא יַעֲקֹב, אָמַר, הָא עִידָן לְסָגְדָא לְגַבֵּיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּהֲוָה אָזִיל קַמֵּיהּ.

כָּרַע וְסָגִיד שְׁבַע זִמְנִין עַד גִּשְׁתּוֹ עַד אָחִיו, וְלָא כְּתִיב וַיִּשְׁתַּחוּ לְעֵשָׂו. אֶלָּא כֵּיוָן דְּחָמָא דְּהָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָזַל קַמֵּיהּ, כְּדֵין סָגִיד לְקֳבְלֵיהּ. בְּגִין דְּלָא לְמֵיהַב יְקָר לְמִסְגַד לְאָחֳרָא בַּר מִנִּיהּ, וְכֹלָּא אִיהוּ כְּדְקָא יְאוּת. זַכָּאִין אִינוּן צַדִּיקַיָיא דְּכָל עוֹבָדֵיהוֹן דְּקָא עָבְדֵי בְּגִין יְקָרָא דְמָארֵיהוֹן אִיהוּ, וּבְגִין דְּלָא יִסְטוּן לִימִינָא וְלִשְׂמָאלָא:

וַיָּרָץ עֵשָׂו לִקְרָאתוֹ וַיְחַבְּקֵהוּ וַיִּפֹּל עַל צַוָּארָו. צַוָּארוֹ כְּתִיב חָסֵר. וַיִּשָּׁקֵהוּ וַיִּבְכּוּ. רַבִּי יִצְחָק אָמַר (ישעיהו נ״ז:כ׳) וְהָרְשָׁעִים כַּיָּם נִגְרָשׁ כִּי הַשְׁקֵט לֹא יוּכַל וַיִּגְרְשׁוּ מֵימָיו רֶפֶשׁ וָטִיט, הַאי קְרָא אִתְּמָר. וּמִלֵּי דְאוֹרַיְיתָא, כַּמָּה רָזִין עִלָּאִין אִית בְּהוּ מְשַׁנְיָין דָּא מִן דָּא, וְכֹלָּא חַד.

וְהָרְשָׁעִים כַּיָּם נִגְרָשׁ כִּי הַשְׁקֵט לא יוּכָל, דָּא עֵשָׂו דְּכָל עוֹבָדוֹי בִּרְשִׁיעוּ וּבְחִיּוּבָא, דְהָא כַּד אֲתָא לְגַבֵּיהּ דְּיַעֲקֹב, עוֹבָדוֹי לָא הֲווּ בִּשְׁלָם, וַיִּפּוֹל עַל צַוָּארָו, חַד. צַוָּארוֹ דָּא יְרוּשָׁלַ ם דְּאִיהוּ צַוָּארוֹ דְּכָל עָלְמָא. וַיִּפֹּל עַל צַוָּארוֹ, וְלא עַל צַוָּארָיו. בְּגִין דִּתְרֵין זִמְנִין אִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא. חַד מִבָּבֶל, וְחַד מִזַּרְעֵיהּ דְּעֵשָׂו, דְּאַפִּיל גַּרְמֵיהּ עֲלֵיהּ זִמְנָא חָדָא וְחָרִיב לֵיהּ. וְעַל דָּא וַיִּפֹּל עַל צַוָּארוֹ חַד.

וַיִּשָּׁ''קֵהוּ, נָקוּד לְעֵיל, דְּלָא נָשְׁקֵיהּ בִּרְעוּתֵיהּ. וּתְנַן מַאי דִכְתִיב, (משלי כ״ז:ו׳) וְנְעְתָּרוֹת נְשִׁיקוֹת שׂוֹנֵא, דָּא בִּלְעָם כַּד בָּרִיךְ לוֹן לְיִשְׂרָאֵל. דְהָא לָא בָּרִיךְ לוֹן בִּרְעוּתָא דְלִבָּא. אוּף הָכָא נֶעְתָּרוֹת נְשִׁיקוֹת שׂוֹנֵא, דָּא עֵשָׂו.

אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, כְּתִיב (תהילים ג׳:ח׳) קוּמָה יְיָ הוֹשִׁיעֵנִי אֱלֹהַי כִּי הִכִּיתָ אֶת כָּל אוֹיְבַי לֶחִי שִׁנֵּי רְשָׁעִים שִׁבַּרְתָּ. וּתְנַן אַל תִּקְרֵי שִׁבַּרְתָּ אֶלָּא שִׁרְבַּבְתָּ. דְּהָא אַסְגִּיאוּ שִׁינוֹי וְחָשִׁיב לְנָשְׁכָא לֵיהּ וְכוּ'. וְעַל דָּא וַיִּבְכּוּ, דָּא בָּכֵי וְדָא בָּכֵי, וְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה הֲוָה
(Ⅰ)
[172b]  
[...] s’élèvera de la terre et fendra l’espace, telle une colonne de fumée qui s’élève de l’autel et monte vers le ciel ; l’autel intérieur de chaque homme dégagera une colonne de fumée qui traversera l’espace et s’élèvera en haut. C’est alors que cette flamme céleste qui a frappé la terre se répandra sur les quatre coins du monde ; des milliers de milliers d’anges l’accompagneront du côté gauche et des milliers du côté droit ; et le cri de joie poussé par le monde précédera cette flamme.
Les cris poussés par les hommes qui chantent les hymnes et les louanges du Seigneur ouvrent deux portes : l’une, au Sud, et l’autre, au Nord. Lorsque les hommes, ici-bas, font monter leurs hymnes et leurs louanges à la flamme céleste, celle-ci descend silencieusement dans la maison ici-bas ; et la maison se remplit d’une lumière intense qui jette ses rayons dans toutes les six directions. Ces lumières alimentent les Hayoth sacrées, ainsi qu’il est écrit (Ps., CIV, 11) : « Elles servent à abreuver toutes les Hayoth des champs, etc. » Le chant des Hayoth continue jusqu’au matin. Mais au lever du jour, les étoiles, ainsi que tous les corps célestes et leurs armées, entonnent des hymnes à la gloire de Dieu, ainsi qu’il est écrit (Job, XXXVIII, 7) : « ... Lorsque les astres du matin le louent tous ensemble et que tous les enfants de Dieu sont transportés de joie. »
Remarquez que le verset : « Si le Seigneur ne bâtit une maison, c’est en vain que travaillent ceux qui la bâtissent » s’applique au Roi céleste qui bâtit constamment la maison d’ici-bas, grâce à sa descente chaque fois que les louanges s’élèvent d’ici-bas vers lui. Et le Psalmiste ajoute : « Si le Seigneur ne garde une ville, c’est en vain que veille celui qui la garde. » Si le Roi céleste ne faisait garder toutes les portes qui entourent le monde pour empêcher les esprits du démon d’y pénétrer, le monde ne pourrait subsister, ainsi qu’il est écrit (Is., LII, 1) : « ... Car il n’y aura plus d’incirconcis ni d’impur qui passent au travers de vous. » Qui est cet incirconcis ? Qui est cet impur ? C’est un seul et même esprit : c’est celui qui a séduit Adam et sa femme et amené la mort en ce monde ; et c’est le même qui continue à souiller la maison ici-bas, jusqu’au jour où le Saint, béni soit-il, le fera disparaître de dessus la terre. Tel est le sens des paroles : « Si le Seigneur ne garde une ville, etc. »
Remarquez que l’Écriture dit : « Et Jacob vint à Socoth », ce qui veut dire qu’il prit la Foi pour son partage. Pourtant l’Écriture dit précédemment : « Esaü retourna le même jour en Seïr. » L’Écriture nous indique ainsi que chacun des deux frères prit son chemin : Jacob s’attacha à la Foi suprême, ainsi qu’il est écrit : « Et il se bâtit une maison », terme qui désigne la Foi, ainsi qu’il est écrit (Is;, II, 5) : « Venez, ô maison de Jacob, marchons dans la lumière du Seigneur », alors qu’Esaü s’attacha à Seïr, terme qui désigne la « femme étrangère », le « dieu étranger ».
Rabbi Éléazar dit : L’Écriture nous indique également que Jacob a établi la prière du soir. Enfin L’Écriture ajoute : « ... Et dressé des tentes pour ses troupeaux. » Jacob a légué la Foi à ses descendants pour qu’elle leur servît de tente. Et
L’Écriture dit ensuite : « Et il arriva à Salem », ce qui veut dire : à la perfection d’en haut et à la perfection d’en bas, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXXVI, 11) : « Et il choisit Salem pour sa tente. » Immédiatement après, l’Écriture (Gen., XXXIV, 1) ajoute : « Et Dina, fille de Lia, sortit pour voir les femmes de ce pays-là. » Ce verset a été déjà expliqué par les collègues.
Remarquez que le règne du démon est formé de plusieurs degrés différents les uns des autres. Les serpents qui requièrent contre les hommes sont de différentes espèces. Et comme la concorde est inconnue sous ce règne, les diverses puissances du règne de Satan se guettent les unes les autres, désireuses de se perdre réciproquement, discorde dont les hommes profitent ; car si elles étaient unies, le monde ne pourrait exister. C’est pour cette raison que l’Écriture (Deut., XXII, 10) dit : « Tu ne laboureras point avec un bœuf et un âne attelés ensemble (25). » L’Écriture défend d’atteler ces deux animaux ensemble, parce que chacun est l’image d’une autre puissance du démon. Jacob avait été d’abord mordu par la puissance du démon qui a la forme d’un serpent, ainsi qu’il est écrit : « ... Et il le toucha à un nerf de la cuisse. » Ensuite il fut mordu par l’âne (26). Mais Siméon et Lévi, qui sont du côté [...]
- לִבֵּיהּ וּרְעוּתֵיהּ דְּעֵשָׂו לְגַבֵּי דְיַעֲקֹב, דְּהָא אֲפִילּוּ בְּהַהוּא שַׁעְתָּא חָשִׁיב לְאֹרֶךְ זִמְנִין (ס''א לאורכא דיומין) לְמֶעְבַּד לֵיהּ בִּישִׁין וּלְקַטְרְגָא לֵיהּ, וְעַל דָּא וַיִּבְכּוּ. דָּא הֲוָה בָּכֵי, דְּלָא הֲוָה חָשִׁיב לְאִשְׁתְּזָבָא מִן יְדוֹי. וְדָא הֲוָה בָּכֵי, בְּגִין דְּאֲבוֹי הֲוָה קַיָּים וְלָא יָכִיל לֵיהּ.

אָמַר רִבִּי אַבָּא וַדַּאי אִתְחַלַּשׁ רוּגְזֵיהּ דְּעֵשָׂו בְּשַׁעְתָּא דְחָמָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהָא אִסְתַּכַּם בַּהֲדֵיהּ הַהוּא מְמַנָּא דְעֵשָׂו. וְעַל דָא לָא יָכִיל עֵשָׂו לְשַׁלְטָאָה בְּרוּגְזֵיהּ, דְּהָכִי כָּל מִלִּין דְּהַאי עַלְמָא תַּלְיָין לְעֵילָא. וְכַד אִסְתַּכְּמוּ לְעֵילָא בְּקַדְמִיתָא אִסְתַּכְּמוּ לְתַתָּא. שָׁלְטָנוּתָא לָאו אִיהוּ לְתַתָּא עַד דְּאִיתְיָהִיב שָׁלְטָנוּתָא לְעֵילָא, וְכֹלָּא דָּא בְּדָא תַלְיָא:

יַעֲבָר נָא אֲדֹנִי לִפְנֵי עַבְדּוֹ וַאֲנִי אֶתְנַהֲלָה לְאִטִּי וְגו'. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, הַיְינוּ דְקָאַמְרִינָן בְּקַדְמִיתָא דְּיַעֲקֹב לָא בָּעָא הַשְׁתָּא אִינוּן בִּרְכָאן קַדְמָאי דְּבָרְכֵיהּ אֲבוֹי. (ס''א בגין דכתיב, (איכה ג׳:כ״ז) טוב לגבר כי ישא על בנעוריו. וכתיב (משלי ל״א:כ״ה) ותשחק ליום אחרון) וַעֲדַיִין לָא אִתְקַיְימוּ בֵּיהּ אֲפִילּוּ חַד מִנַּיְיהוּ. בְּגִין דְּסָלִיק לוֹן לְסוֹף יוֹמַיָא בְּשַׁעְתָּא דְּאִצְטְרִיכוּ לִבְנוֹי לְגַבֵּי כָּל עַמִּין דְּעַלְמָא.

וּבְגִין כָּךְ בְּשַׁעְתָּא דְּאָמַר עֵשָׂו נִסְעָה וְנֵלֵכָה, וְנִפְלוּג הַאי עַלְמָא כְּחֲדָא וְנִשְׁלוֹט כְּחֲדָא. מַה אָמַר, יַעֲבָר נָא אֲדֹנִי לִפְנֵי עַבְדּוֹ. יַקְדִּים עֵשָׂו שָׁלְטָנֵיהּ הַשְׁתָּא בְּהַאי עַלְמָא. יַעֲבָר נָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (מיכה ב׳:י״ג) וַיַּעֲבוֹר מַלְכָּם לִפְנֵיהֶם וַיְיָ בְּרֹאשָׁם, אַקְדִּים אַנְתְּ שׁוּלְטָנוּתָךְ בְּקַדְמִיתָא בְּהַאי עַלְמָא, וַאֲנִי אֶתְנַהֲלָה לְאִטִּי. אֲנָא אֲסַלֵּק גַּרְמִי לְהַהוּא עַלְמָא דְאָתֵי וּלְסוֹף יוֹמַיָא לְאִינוּן יוֹמַיָא דְאָזְלִין לְאַט.

לְרֶגֶל הַמְלָאכָה, מַאן מְלָאכָה. דָּא אַסְפַּקְלַרְיָא דְלָא נָהֲרָא דְּבָהּ אִתְעֲבִיד עֲבִידְתָּא דְעָלְמָא. אֲשֶׁר לִפְנֵי, דָּא הִיא מִן קֳדָם יְיָ בְּכָל אֲתַר. וּלְרֶגֶל הַיְלָדִים, דָא הוּא רָזָא דִכְרוּבִים, לְאַחֲזָאָה רָזָא דִמְהֵימְנוּתָא דְּאִיהוּ אִתְדָּבַּק בְּהוּ.

עַד אֲשֶׁר אָבֹא אֶל אֲדֹנִי שֵׂעִירָה, אֲנָא אֶסְבּוֹל גָּלוּתָא דִילָךְ עַד דְּיֵיתֵי וְיִמְטֵי זִמְנָא דִילִי לְשַׁלְטָאָה עַל הַר עֵשָׂו, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (עובדיה א׳:כ״א) וְעָלוּ מוֹשִׁיעִים בְּהַר צִיּוֹן לִשְׁפֹּט אֶת הַר עֵשָׂו, וּכְדֵין וְהָיְתָה לַיְיָ הַמְלוּכָה:

וְיַעֲקֹב נָסַע סֻכֹּתָה וַיִּבֶן לוֹ בָּיִת וּלְמִקְנֵהוּ עָשָׂה סֻכֹּת עַל כֵּן קָרָא שֵׁם הַמָּקוֹם סֻכּוֹת. רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (תהילים קכ״ז:א׳) שִׁיר הַמַּעֲלוֹת לִשְׁלֹמֹה אִם יְיָ לֹא יִבְנֶה בַּיִת וְגו', אִם יְיָ לא יִשְׁמָר עִיר וְגו'. תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְסָלִיק בִּרְעוּתָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְמִבְרֵי עַלְמָא, אַפִּיק (טו א) מִבּוּצִינָא דְקַרְדִינוּתָא חַד קִטּוּרָא, וְאִתְלְהִיט מִגּוֹ חֲשׁוֹכָא, וְאִשְׁתָּאַר בִּסְלִיקוּ. וְנָחֲתָא לְתַתָּא, הַהִיא חֲשֵׁכָה לָהִיט (ואתלהיט) בְּמֵאָה שְׁבִילִין אוֹרְחִין דְּקִיקִין רַבְרְבָן, וְאִתְעֲבִיד בֵּיתָא דְעַלְמָא.

הַאי בֵּיתָא אִיהוּ גוֹ אֶמְצָעִיתָא דְכֹלָּא, כַּמָּה פִּתְחִין וְאִדְרִין לֵיהּ סְחוֹר סְחוֹר, דּוּכְתִּין עִלָּאִין קַדִּישִׁין, תַּמָּן מְקַנְנֵי צִפֳּרֵי שְׁמַיָא, כָּל חַד וְחַד לְזִינֵיהּ. בְּגַוֵּויהּ נָפִיק חַד אִילָנָא רַבְרְבָא וְתַקִּיף עָפְיֵיהּ וְאִנְבֵּיהּ סַגֵּי, מְזוֹנָא לְכֹלָּא בֵּיהּ. הַהוּא אִילָנָא סָלִיק לַעֲנָנֵי שְׁמַיָא וְאִתְטַמַּר בֵּין תְּלַת טוּרִין, מִתְּחוֹת אִילֵּין תְּלַת טוּרִין נָפִיק, סָלִיק לְעֵילָא נָחִית לְתַתָּא.

הַאי בֵּיתָא אִתְשַׁקְיָיא מִנֵּיהּ, וְגָנִיז בְּגַוֵּויהּ כַּמָּה גִּנְזִין עִלָּאִין דְּלָא אִתְיְדָעוּ, בְּדָא אִתְבְּנֵי הַאי בֵּיתָא וְאִשְׁתַּכְלַל הַהוּא אִילָנָא אִתְגַּלְּיָיא בִּימָמָא, וְאִתְכַּסְּיָא בְּלֵילְיָא, וְהַאי בֵּיתָא שָׁלְטָא בְּלֵילְיָא וְאִתְכַּסְּיָא בִּימָמָא.

בְּשַׁעְתָּא דְּעָאל חֲשׁוֹכָא וְאִתְקַטִּיר בֵּיהּ שָׁלְטָא, וְכָל פִּתְחִין סְתִימִין מִכָּל סִטְרִין, כְּדֵין כַּמָּה רוּחִין פָּרְחִין בַּאֲוִירָא, תְּאִיבִין לְמִנְדַע וּלְמֵיעַל בֵּיהּ, וְעָאלִין בֵּין אִינוּן צִפּוֹרִין, וְנָטְלִין סָהֲדוּתָא, וְשָׁטְיָין וְחָמָאן מַה דְּחָמָאן.

עַד דְּאִתְעַר הַהוּא חֲשׁוֹכָא דְּאִתְקַטִּיר בֵּיהּ, וְאַפִּיק חַד שַׁלְהוֹבָא וּבָטַשׁ בְּכָל פַּטִּישִׁין תַּקִּיפִין, וּפְתַח פִּתְחִין, וּבָקַע טִנָּרִין. סַלְקָא וְנָחֲתָא הַהוּא שַׁלְהוֹבָא, וּבָטַשׁ בְּעַלְמָא, וְאִתְעַר קָלִין לְעֵילָא וְתַתָּא.

כְּדֵין חַד
(Ⅰ)
[173a]  
[...] de la rigueur, ont vaincu l’âne, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXIV, 26) : « Et ils tuèrent Hamor et Sichem son fils. » Siméon, né sous le signe du bœuf, a vaincu les hommes du côté de l’âne. De même, Joseph, appelé bœuf, a vaincu les Egyptiens appelés ânes, ainsi qu’il est écrit (Éz., XXIII, 20) : « ... Dont la chair est comme la chair des ânes. »
Remarquez que, pour vaincre l’âne, Siméon a commencé par le frapper par le sang, c’est-à-dire par le faire circoncire, ainsi qu’il est écrit : « Et le troisième jour, lorsque la douleur des plaies de la circoncision était plus violente, les deux enfants de Jacob, Siméon et Lévi, les frères de Dina, entrèrent hardiment dans la ville, l’épée à là main, et tuèrent tous les mâles. ». De même, lorsque le Saint, béni soit-il, voulut frapper les ânes d’Égypte par l’intermédiaire de Moïse, descendant de Lévi, il commença par les affliger de la pluie de sang ; et ce n’est qu’après qu’il tua tous les premiers nés.
Remarquez l’analogie entre Sichem et les Égyptiens, qui émanent tous du côté de l’âne ; pour le premier, l’Écriture dit : « Et ils prirent toutes les richesses, tous leurs enfants et toutes leurs femmes ; et ils pillèrent toutes leurs maisons. » Pour les derniers, l’Écriture (Ex., XII, 35) dit également : « Et ils demandèrent aux Égyptiens des vases d’argent et d’or et beaucoup d’habits. » Ainsi, Jacob a déjà commencé par vaincre la force d’Esaü ; et Joseph, qui était d’un autre côté que Jacob, a fini par l’écraser, ainsi qu’il est écrit (Abdias, I, 18) : « La maison de Jacob sera un feu, la maison de Joseph une flamme et la maison d’Esaü sera une paille sèche. » L’Écriture (Gen., XXXV, 5) ajoute : « Et s’étant mis en chemin, Dieu frappa de terreur toutes les villes voisines, et ils n’osèrent poursuivre les fils de Jacob. »
Rabbi Yossé dit : Tous les habitants s’étaient assemblés et armés avec l’intention de poursuivre ses enfants. Mais Dieu leur inspira une telle crainte qu’ils abandonnèrent leur projet.
Il est écrit (Gen., XXXV, 2) : « Et Jacob dit à ceux de sa maison : Jetez loin de vous les dieux étrangers qui sont au milieu de vous. » Par les mots « dieux étrangers », l’Écriture désigne les vases d’argent et d’or qu’ils avaient enlevés à Sichem et sur lesquels étaient gravés les emblèmes de leurs divinités. Rabbi Yehouda, dit : C’étaient réellement des idoles d’argent et d’or que Jacob ordonna à ses enfants de jeter, pour que ceux-ci ne tirassent aucun profit du métal précieux ; car il est défendu à l’homme de tirer aucun profit d’une idole. Rabbi Yehouda et Rabbi Hizqiya faisaient une fois un voyage ensemble. Rabbi Hizqiya dit à Rabbi Yehouda : Que signifient les paroles de l’Écriture (II Rois, XII, 30) : « Il ôta de dessus la tête du roi des Ammonites le diadème qui pesait un talent d’or et était enrichi de pierreries très précieuses ; et il fut mis sur la tête de David. » Or, Une tradition nous apprend que l’idole hideuse des Ammonites avait le nom de « Malcam ». David avait donc mis sur sa tête le diadème de Malcam ? Pourquoi avait-il agi de la sorte ? En outre, pourquoi la tradition désigne t-elle l’idole des Ammonites par le nom « d’idole hideuse », alors que les idoles des autres peuples païens sont désignées dans l’Écriture sous les noms de « dieux des peuples », « autres dieux », « dieu étranger », « autre dieu » ?
Rabbi Yehouda lui répondit : Les idoles des autres peuples sont également désignées sous le nom de « hideuses », ainsi qu’il est écrit (Deut ?., XXIV, 16) : « Vous avez vu leur hideur et leurs ordures, leurs idoles de bois et de pierre, d’argent et d’or, qu’ils adoraient. » Quant au diadème de « Malcam » que David a mis sur sa tête, la tradition est, en effet, exacte ; mais David avait brisé le diadème et fait disparaître les images ; de cette façon David était autorisé à le poser sur sa tête. Remarquez, en outre, que l’idole hideuse des Ammonites consiste en un serpent gravé au-dessus d’une couronne ; et c’est pourquoi l’Écriture l’appelle « hideuse ».
Rabbi Isaac dit : Par les mots : « Jetez loin de vous les dieux étrangers », Jacob désignait les bijoux des femmes dont les enfants de Jacob s’étaient emparés et sur lesquels étaient gravés les emblèmes de leurs divinités. L’Écriture ajoute « Et il donnèrent à Jacob tous les dieux étrangers qu’ils avaient et les pendants d’oreilles qu’ils avaient attachés à leurs oreilles et Jacob les cacha dans la terre, sous un térébinthe qui est derrière la ville de Sichem. » Il les cacha, afin que ses enfants ne tirassent [...]
- כָּרוֹזָא סָלִיק, וְאִתְקַטִּיר בַּאֲוִירָא, וְקָרֵי, הַהוּא אֲוִירָא נָפְקָא מִגּוֹ עַמּוּדָא דַּעֲנָנָא דְּמַדְבְּחָא פְּנִימָאָה, וְכַד נַפְקָא אִתְפַּשַּׁט בְּאַרְבַּע סִטְרֵי עָלְמָא. אֶלֶף אַלְפִין קָיְימִין מִסִּטְרָא דְאִיהוּ שְׂמָאלָא, וְרִבּוֹא רִבְוָון קָיְימִין מִסִּטְרָא דְאִיהוּ יָמִינָא, וְכָרוֹזָא קָאִים בְּקִיּוּמֵיהּ. קָרֵא בְחָיִל וְאַכְרִיז, כְּדֵין כַּמָּה אִינוּן דִּמְתַקְּנִי שִׁירָתָא וּפָלְחִין פּוּלְחָנָא, וּתְרֵין פִּתְחִין פְּתִיחוּ. חַד לִסְטַר דָּרוֹמָא, וְחַד לִסְטַר צָפוֹן.

סָלְקָא הַאי בֵיתָא וְאִתְיְהִיבַת וְאִתְקַטְּרַת בֵּין תְּרֵין סִטְרִין, וְשִׁירִין מְזַמְּרָן וְתוּשְׁבְּחָן סָלְקִין. כְּדֵין עָאל מַאן דְּעָאל בִּלְחִישָׁא, וּבֵיתָא מִתְלַהֲטָא בְּשִׁית נְהוֹרִין, נָהֲרִין זִיוָא לְכָל סְטַר, וְנַהֲרִין דְּבוּסְמָא נָפְקִין. וְאִתְשַׁקְיָין כָּל חֵיוַת בְּרָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים ק״ד:י״א) יַשְׁקוּ כָּל חַיְתוֹ שָׂדָי יִשְׁבְּרוּ פְרָאִים צְמָאָם וְגו'. וְזָמְרִין עַד דְּסָלְקָא צַפְרָא. וְכַד סָלְקָא צַפְרָא כְּדֵין כֹּכְבַיָא וּמַזָּלֵי שְׁמַיָא וְחֵילֵיהוֹן כֻּלְּהוֹן מְשַׁבְּחָן וְאָמְרֵי שִׁירָתָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב ל״ח:ז׳) בְּרָן יַחַד כֹּכְבֵי בֹקֶר וַיָּרִיעוּ כָּל בְּנֵי אֱלהִים.

תָּא חֲזֵי (תהילים קכ״ז:א׳) אִם ה' לא יִבְנְה בַיִת שָׁוְא עָמְלוּ בוֹנָיו בּוֹ. אִם יְיָ לֹא יִשְׁמָר עִיר שָׁוְא שָׁקַד שׁוֹמֵר. אִם יְיָ וְגו' דָּא מַלְכָּא עִלָּאָה, דְּאִיהוּ בּוֹנֶה לְהַאי בֵּיתָא תָּדִיר וְאַתְקִין לֵיהּ, אֵימָתַי, כַּד סָלְקִין רְעוּתִין פּוּלְחָנִין מִתַּתָּא כְּדְקָא יְאוּת.

אִם יְיָ לֹא יִשְׁמָר עִיר, אֵימָתַי, בְּשַׁעְתָּא דְּאִתְחַשְׁכָא לֵילְיָא, וְסִטְרִין מְזַיְינִין שָׁרָאן וְשָׁטָאן בְּעַלְמָא, וּפִתְחִין סְתִימִין, וְאִתְנְטִיר מִכָּל סִטְרִין דְּלָא יִקְרַב בֵּיהּ עָרֵל וּמְסָאֲבָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (ישעיהו נ״ב:א׳) לֹא יוֹסִיף יָבֹא בָךְ עוֹד עָרֵל וְטָמֵא, דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאַעֲבָרָא לוֹן מֵעַלְמָא.

מַאן עָרֵל וּמַאן טָמֵא. אֶלָא כֹּלָּא חַד, עָרֵל וְטָמֵא. דָּא הוּא דְּאִתְפַּתָּא בֵּיהּ וְאָזִיל אֲבַתְרֵיהּ אָדָם וְאִנְתְּתֵיהּ, וְגָרִימוּ מוֹתָא לְכָל עַלְמָא. וְאִיהוּ דְּמַסְאִיב הַאי בֵּיתָא, עַד הַהוּא זִמְנָא דְּיַעֲבַר לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא מֵעַלְמָא. בְגִין כָּךְ אִם יְיָ לֹא יִשְׁמָר עִיר, שָׁוְא וַדַּאי.

תָּא חֲזֵי, וְיַעֲקֹב נָסַע סֻכֹּתָה, אִתְנְטִיל לְקֳבְלָא חוּלָקֵיהּ דִּמְהֵימְנוּתָא. מַה כְּתִיב לְעֵילָא, וַיָּשָׁב בַּיּוֹם הַהוּא עֵשָׂו לְדַרְכּוֹ שֵׂעִירָה, וּכְתִיב וְיַעֲקֹב נָסַע סֻכֹּתָה. אֶלָּא כָּל חַד אִתְפְּרַשׁ לְסִטְרָא דִילֵיהּ, עֵשָׂו לְסִטְרָא דְשֵׂעִיר. מַאן שֵׂעִיר, דָּא הִיא אִשָּׁה זָרָה אֵל נִכָר. וְיַעֲקֹב נָסַע סֻכֹּתָה, דָּא מְהֵימְנוּתָא עִלָּאָה.

וַיִּבֶן לוֹ בָיִת, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיהו ב׳:ה׳) בֵּית יַעֲקֹב. אָמַר רִבִּי אֶלְעָזָר, דְּאַתְקִין תְּפִלַּת עַרְבִית כְּדְקָא יְאוּת. וּלְמִקְנִהוּ עָשָׂה סֻכֹּת, שְׁאָר סֻכֹּת לְנַטְרָא לוֹן וְדָא הוּא חוּלָקֵיהּ. וּכְדֵין וַיָּבֹא יַעֲקֹב שָׁלֵם. שָׁלֵם מִכֹּלָּא וְאוּקְמוּהָ. וּכְתִיב, (תהילים ע״ו:ג׳) וַיְהִי בְשָׁלֵם סֻכּוֹ וְגו' וְאוּקְמוּהָ, וְכֹלָּא רָזָא חָדָא. כְּדֵין אִתְחַבֵּר עִמֵּיהּ מְהֵימְנוּתָא כַּד הֲוָה שְׁלִים כַּד אִתְעֲטַר בְּדוּכְתֵּיהּ דְּאִתְחֲזֵי לֵיהּ. וּכְדֵין הַאי סֻכָּה אִתְעַטְּרַת בַּהֲדֵיהּ, דְּהֲוָה שְׁלִים מֵאֲבָהָן, דְּהֲוָה שְׁלִים מִבְּנוֹי, וְדָא הוּא שָׁלֵם. שָׁלֵם לְעֵילָא שָׁלֵם לְתַתָּא, שָׁלֵם בִּשְׁמַיָא שָׁלֵם בְּאַרְעָא. שָׁלֵם לְעֵילָא דְּאִיהוּ כְּלָלָא דְּאֲבָהָן, תִּפְאֶרֶת יִשְׂרָאֵל. שָׁלֵם לְתַתָּא בִּבְנוֹי קַדִּישִׁין. שְׁלִים בִּשְׁמַיָא, שְׁלִים בְּאַרְעָא, וּכְדֵין וַיְהִי בְשָׁלֵם סֻכּוֹ וְאוּקְמוּהָ. מִיָּד מַה כְּתִיב וַתֵצֵא דִינָה בַת לֵאָה, וְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָיא.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה דַרְגִין וְסִטְרִין מִתְפָּרְשָׁן לְעֵילָא וְכֻלְּהוּ מְשַׁנְיָין דָּא מִן דָּא. חֵיוָון מְשַׁנְיָין אִלֵּין מֵאִלֵּין, אִלֵּין מְקַטְרְגִין לְשַׁלְּטָאָה עַל אִלֵּין וּלְמִטְרַף טַרְפִין כָּל חַד וְחַד לְזִינֵיהּ. מִסִּטְרָא דְרוּחָא מְסָאֲבָא כַּמָּה דַרְגִּין מִתְפָּרְשִׁין, וְכֻלְּהוּ כָּמַן לְקַטְרְגָא אִלֵּין לָקֳבֵיל אִלֵּין, דְּהָא כְּתִיב (דברים כ״ב:י׳) לֹא תַחֲרשׁ בְּשׁוֹר וּבַחֲמֹר יַחְדָּו, דְּכַד קָא מִתְחַבְּרָן מְקַטְרְגֵי עַלְמָא.

וְתָּא חֲזֵי, תִּיאוּבְתָּא דְדַרְגִין מְסָאֲבִין לָאו אִיהוּ אֶלָּא לְקַטְרְגָא בְּסִטְרִין קַדִּישִׁין. יַעֲקֹב דְּאִיהוּ קַדִּישָׁא, כֻּלְּהוּ כָּמַן לֵיהּ וְקִטְרְגוּ בַּהֲדֵיהּ. בְּקַדְמִיתָא נָשְׁכֵיהּ חִוְיָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר וַיִּגַּע בְּכַף יֻרִכוֹ, הַשְׁתָּא נָשְׁכֵיהּ חֲמוֹר.

תַּמָּן אִיהוּ קָאִים לְגַבֵּי חִוְיָא, הַשְׁתָּא שִׁמְעוֹן וְלֵוִי דְאָתוּ מִסִּטְרָא
(Ⅰ)
[173b]  
[...] aucun profit des choses émanant de l’idolâtrie.
Remarquez que Jacob était parfait en toutes choses. Aussi dit-il : « Allons à Beth-El pour y dresser un autel à Dieu, qui m’a exaucé au jour de mon affliction et qui m’a accompagné pendant mon voyage. » Nous en inférons que l’homme doit rendre des actions de grâces au Saint, béni soit-il, à la suite des miracles ou des faveurs célestes dont il a été l’objet.
Remarquez que Jacob dit d’abord : « Allons à Beth-El... » Il associait donc ses enfants à son projet. Puis il ajoute « ... Et j’y dresserai un autel. » Ainsi, il ne parle que de lui seul. Pourquoi ? Parce que Jacob avait passé par beaucoup de vicissitudes et de tribulations depuis le jour où il avait dû fuir devant son frère, alors que ses enfants n’ont pas tant souffert que lui ; c’est pourquoi il voulait tout seul dresser l’autel.
Rabbi Éléazar dit : Nous en inférons que c’est à l’homme même qui est l’objet d’un miracle qu’il incombe de rendre les actions de grâces, mais non aux autres ; c’est celui qui a mangé le pain, qui doit prononcer la bénédiction, et non celui qui n’en a rien mangé.
Remarquez que l’Écriture (Gen., XXXV, 7) dit : « Il y bâtit un autel, et nomma ce lieu : Dieu, maison de Dieu (El-Beth-El). » Mais il n’est pas dit que Jacob ait offert des libations et des holocaustes, parce qu’il ne s’agissait pas d’un autel sur lequel on offre des holocaustes, mais d’un autel du Seigneur sur lequel le degré de l’essence divine, qui est en bas, s’unit au degré de l’essence divine, qui est en haut. Jacob dressa ainsi cet autel du Seigneur sur lequel le degré d’en bas s’unit au degré d’en haut. Il appela ce lieu « Dieu, maison de Dieu ». Dieu est des deux côtés de la maison ; le Dieu d’ici-bas porte le même nom que le Dieu d’en haut ; quand la lumière se répand dans la maison, la mère et la fille sont éclairées à la fois ; tout n’est qu’un.
L’Écriture ajoute : « ... Parce que c’est là qu’Élohim lui était apparu. » L’Ecriture se sert du mot « niglou » (parurent), comme s’il y avait plusieurs Élohim ! L’Écriture désigne les soixante-dix trônes qui entourent toujours celui de la Schekhina, Jacob avait donc vu la Schekhina accompagnée de toute sa suite. Cette apparition avait été assez claire, puisque l’Écriture (Gen., XXVIII, 13) dit : « ... Et le Seigneur se tenait à côté de lui. » Il est écrit (Gen., XXXV, 13) : « Et Élohim se retira de l’endroit où il lui avait parlé. »
Rabbi Siméon dit : Nous en inférons que Jacob était entré en ce moment dans le faisceau sacré des patriarches ; c’est lui qui est prédestiné à rendre la lumière à la lune.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Et Élohim s’éleva au-dessus de lui (27). »
Rabbi Siméon commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Deut., IV, 7) : « Il n’y a point d’autre nation, quelque puissante qu’elle soit, qui ait des dieux aussi proches d’elle, comme notre Dieu est proche de nous et présent à toutes nos prières. » Remarquez combien grand est l’amour que le Saint, béni soit-il, porte à Isaac ! Car aucun peuple païen ne peut parvenir à se faire écouter par son dieu, alors que le Saint, béni soit-il, est prêt à écouter la prière d’Israël chaque fois que celui-ci a besoin de lui.
Remarquez que c’est le Saint, béni soit-il, qui donne à Jacob le nom d’Israël, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXV, 10) : « Et le Seigneur lui dit : Tu ne seras plus nommé Jacob, mais Israël sera ton nom ; et il l’appela (va ïqra) Israël. » «Il » désigne la Schekhina, de même que dans le verset (Lévit., I, 29) suivant : « Et il l’appela (va ïqra) Moïse. » Nous avons déjà dit précédemment (28) que Jacob a reçu le nom d’Israël, en raison de la perfection à laquelle il était parvenu. Rabbi Éléazar et Rabbi Yossé firent une fois un voyage ensemble. Rabbi Yossé dit à Rabbi Éléazar : Tu avais raison de dire que Jacob a été le plus parfait des patriarches, parce qu’il a fait l’union de tous les côtés ; et c’est pour cela que son nom a été changé en celui d’Israël ; mais, puisque Dieu lui avait dit : « Ton nom ne sera plus Jacob, mais Israël », pourquoi le Saint, béni soit-il, le nomma-t-il « Jacob » plusieurs fois après cet ordre ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Ta question est judicieuse ; mais vois ce que dit l’Écriture (Is., XLII, 13) : « Le Seigneur sortira comme un guerrier invincible ; il excitera sa colère comme un homme de guerre (ke-isch milhamoth). » Pourquoi l’Écriture dit elle « ke-isch milhamoth », au lieu de « isch milhamoth » ? Et pourquoi dit-elle « ca guibor » (comme un guerrier), au lieu de « guibor » ? Mais voici ce que la tradition nous apprend à ce sujet : Partout où règne exclusivement la Clémence, [...]
- דְּדִינָא קַשְׁיָא קָיְימוּ לְגַבֵּיהּ דְּחֲמוֹר וְשַׁלִּיטוּ עֲלוֹי בְּכָל סִטְרִין וְאִתְכַּפְיָא קַמַּיְיהוּ. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר וְאֶת חֲמוֹר וְאֶת שְׁכֶם בְּנוֹ הָרְגוּ לְפִי חָרֶב. וְשִׁמְעוֹן דְּהֲוָה (שור) מַזָּלֵיהּ (איהו) שׁוֹר, אֲתָא עַל חֲמוֹר וְקִטְרֵג בֵּיהּ, בְּגִין דְּלָא יִתְחַבְּרוּן כְּחֲדָא, וְאִשְׁתַּכַּח אִיהוּ מְקַטְרְגָא דִילֵיהּ.

וְכֻלְּהוּ אָתֵי לְקַטְרְגָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב וְאִשְׁתְּזִיב, וּלְבָתַר אִיהוּ שַׁלִּיט עֲלַיְיהוּ. לְבָתַר אֲתָא שׁוֹר וְאִשְׁתַּלִים בַּחֲמוֹרִים דְּכֻלְּהוּ מִסִּטְרָא דְּחֲמוֹר. יוֹסֵף דְּאִיהוּ שׁוֹר, וּמִצְרַיִם דְּאִינוּן חֲמוֹרִים דִּכְתִיב בְּהוּ (יחזקאל כ״ג:כ׳) אֲשֶׁר בְּשַׂר חֲמוֹרִים בְּשָׂרָם.

וְעַל דָּא לְבָתַר בְּנֵי יַעֲקֹב נָפְלוּ בֵּין אִינוּן חֲמוֹרִים, בְּגִין דְּאִזְדַּוַּוג שׁוֹר בַּהֲדַיְיהוּ, וְנָשְׁכוּ לוֹן גַּרְמַיָיא וּבִשְׂרָא. עַד דְּאִתְעַר לֵוִי כְּמִלְקַדְּמִין וּבַדַּר לְאִינוּן חֲמוֹרִים (ס''א דאזדווגו) לְכַפְיָא לוֹן וְתָבַר תּוּקְפֵהוֹן מֵעַלְמָא, וְאַפִּיק לְשׁוֹר מִתַּמָּן. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (שמות י״ג:י״ט) וַיִּקַּח משֶׁה אֶת עַצְמוֹת יוֹסֵף עִמּוֹ.

תָּא חֲזֵי, כַּד אֲתָא שִׁמְעוֹן בְּקַדְמִיתָא עַל הַהוּא חֲמוֹר, אִתְעַר עֲלֵיהוֹן דַּם דְּאִתְגַּזָּרוּ, וּלְבָתַר וַיַּהַרְגוּ כָּל זָכָר. כְּגַוְונָא דָא עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל יְדָא דְּלֵוִי, דָּא משֶׁה. בְּאִינוּן חֲמוֹרִים בְּמִצְרַיִם. בְּקַדְמִיתָא דַּם, וּלְבָתַר (שמות י״ג:ט״ו) וַיַּהֲרֹג יְיָ כָּל בְּכוֹר בְּאֶרֶץ מִצְרַיִם וְגו'. הָכָא בְּהַאי חֲמוֹר כְּתִיב, וְאֶת כָּל חֵילָם וְאֶת כָּל טַפָּם וְאֶת כָּל בְּהֶמְתָּם וְגו'. הָתָם בְּאִינוּן חֲמוֹרִים כְּתִיב, (שמות י״ב:ל״ה) כְּלֵי כֶסֶף וּכְלֵי זָהָב וּשְׂמָלוֹת, וּכְתִיב, (שמות י״ב:ל״ח) וְגַם עֵרֶב רַב עָלָה אִתָּם וְצֹאן וּבָקָר וְגו'.

וְשִׁמְעוֹן וְלֵוִי, דָּא קָאִים לְגַבֵּי הַאי חֲמוֹר, וְדָא קָאִים לְגַבֵּי כָּל אִינוּן חֲמוֹרִים, כֻּלְּהוּ בָּעוּ לְאִשְׁתַּתְּפָא בַּהֲדֵיהּ דְּיַעֲקֹב קַדִּישָׁא וְאִתְתַּקְּנוּ לְנַשְׁכָא לֵיהּ, וְאִיהוּ בִּבְנוֹי קָאִים לְגַבַּיְיהוּ וְכַיִּיף לוֹן תְּחוֹתֵיהּ. הַשְׁתָּא דְעֵשָׂו נָשִׁיךְ לֵיהּ וְלִבְנוֹי, מַאן יָקוּם לְגַבֵּיהּ, יַעֲקֹב וְיוֹסֵף. דָּא מִסִּטְרָא דָא וְדָא מִסִּטְרָא דָא. דִּכְתִיב, (עובדיה א׳:י״ח) וְהָיָה בֵּית יַעֲקֹב אֵשׁ וּבֵית יוֹסֵף לֶהָבָה וּבֵית עֵשָׂו לְקַשׁ וְגו':

וַיִּסָּעוּ וַיְהִי חִתַּת אֱלהִים עַל הֶעָרִים אֲשֶׁר סְבִיבוֹתֵיהֶם וְלֹא רָדְפוּ אַחֲרֵי בְּנֵי יַעֲקֹב. אָמַר רִבִּי יוֹסֵי כֻּלְּהוּ הֲווּ מִתְכַּנְּשֵׁי, וְכַד הֲווּ חַגְרֵי זַיְינֵי קְרָבָא הֲווּ מְרַתְּתֵי וְשַׁבְקִין לוֹן, וּבְגִין כָּךְ וְלא רָדְפוּ אַחֲרִי בְּנֵי יַעֲקֹב:

הָסִירוּ אֶת אֱלהֵי הַנֵּכָר וְגו'. הָסִירוּ אֶת אֱלהֵי הַנֵּכָר, אִלֵּין אִינוּן דְּנָטְלוּ מִשְּׁכֶם מָאנֵי כַּסְפָּא וְדַהֲבָא דְּהֲוָה חָקִיק עֲלַיְיהוּ טַעֲוָא דִלְהוֹן. רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, טַעֲוָון הֲווּ מִכַּסְפָּא וְדַהֲבָא. וְיַעֲקֹב אַטְמִין לוֹן תַּמָּן, בְּגִין דְּלָא יִתְהַנּוּן מִסִּטְרָא דְּעֲבוֹדָה זָרָה, דְּאָסִיר לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְאִתְהַנֵּי מִנֵּיהּ לְעָלְמִין.

רִבִּי יְהוּדָה וְרִבִּי חִזְקִיָּה הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא, אָמַר רִבִּי חִזְקִיָּה לְרִבִּי יְהוּדָה, מַאי דִכְתִיב, (שמואל ב י״ב:ל׳) וַיִּקַּח אֶת עֲטֶרֶת מַלְכָּם מֵעַל רֹאשׁוֹ וּמִשְׁקָלָהּ כִּכַּר זָהָב וְאֶבֶן יְקָרָה וַתְּהִי עַל רֹאשׁ דָּוִד. וְתָנִינָן, שִׁקּוּץ בְּנֵי עַמּוֹן מִלְכֹּם שְׁמֵיהּ. וְדָא הוּא עֲטֶרֶת מַלְכָּם. מַאי טַעֲמָא וַתְּהִי עַל רֹאשׁ דָּוִד. וּמַאי טַעְמָא כְּתִיב שִׁקּוּץ. דְּהָא בִּשְׁאָר טַעֲוָון עַמְּמַיָא עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה כְּתִיב אֱלֹהֵי הָעַמִּים, אֱלֹהִים אֲחֵרִים, אֵל נֵכָר, אֵל אַחֵר, וּבְהַאי אָמַר שִׁקּוּץ חַד.

אָמַר לֵיהּ, וּבְכָל טַעֲוָון עַמְּמַיָיא עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה הָכִי קָרָא לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דִּכְתִיב, (דברים כג) וַתִּרְאוּ אֶת שִׁקּוּצֵיהֶם וְאֶת גִּלּוּלֵיהֶם. וּמַה דְּאָמַר וַיִּקַּח אֶת עֲטֶרֶת מַלְכָּם, דְּאִיהוּ מִלְכּוֹם, הָכִי הוּא וַדַּאי. אֶלָּא אִיתַּי הַגִּתִּי עַד דְּלָא אִתְגְיַּיר, כְּדֵין אִיהוּ תָּבַר לָהּ לְהַהוּא עֲטֶרֶת דְּאִיהוּ מִלְכּוֹם, הַהוּא דִיוּקְנָא דְּחֲקִיק עֲלָהּ וּפָגִים לָהּ. כְּדֵין אִיהוּ עֲבַד לָהּ הֵיתֵּר לְאִתְהַנֵּי מִנָּהּ וְהֲוַת עַל רֵישֵׁיהּ. וְתָּא חֲזֵי, שִׁקּוּץ בְּנֵי עַמּוֹן, חַד חִוְיָא בְּסוּרְטָא הֲוָה חָקִיק עַל הַהוּא כִּתְרָא, וּבְגִין כָּךְ אִקְרֵי שִׁקּוּץ זוּהֲמָא.

רִבִּי יִצְחָק אָמַר, הָסִירוּ אֶת אֱלהֵי הַנֵּכָר, אִלֵּין שְׁאָר נָשִׁין דְּהֲווּ מַיְיתֵי בְּגַוַּיְיהוּ כָּל נְבַזְבְּזָן דִּלְהוֹן. וְעַל דָּא כְּתִיב וַיִּתְּנוּ אֶל יַעֲקֹב אֶת כָּל אֱלֹהֵי הַנִּכָר. אִלֵּין נָשִׁין, כָּל נְבַזְבְּזָן וְכָל טַעֲוָון דְּדַהֲבָא וְכַסְפָּא. וַיִּטְמוֹן אוֹתָם יַעֲקֹב, בְּגִין דְּלָא
(Ⅰ)
[174a]  
[...] le nom du Saint, béni soit-il, est Jéhovah, ainsi qu’il est écrit (Is., XLII, 8) : « Je suis Jéhovah ; c’est là le nom qui m’est propre. » Mais parfois Dieu prend le nom d’Elohim ; c’est le degré de l’essence divine qui rend le jugement partout. Lorsque le nombre des Justes est grand en ce bas monde, Dieu prend le nom de Jéhovah, nom de Clémence ; et quand le nombre des coupables est grand en ce bas monde, il prend le nom d’Élohim. Il en est de même de Jacob. Quand celui-ci n’habitait pas chez les ennemis et sur une terre étrangère, il avait le nom d’Israël, et quand il habitait parmi les ennemis et sur une terre étrangère, il prenait le nom de Jacob.
Rabbi Yossé objecta : L’Écriture (Gen., XXXVII, 1) dit cependant « Et Jacob demeura dans le pays où habitait son père, dans le pays de Chanaan. » Ici, Jacob n’habitait pas une terre étrangère, et cependant il porte le nom de Jacob ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Je t’ai déjà dit que, de même que le Saint, béni soit-il, est désigné tantôt sous le nom de Jéhovah et tantôt sous celui d’Élohim, suivant le degré de l’essence divine qui se manifeste, de même Jacob porte tantôt le nom d’Israël et tantôt celui de Jacob, selon le degré de sainteté qu’il occupe. Si Dieu a dit à Jacob : « Ton nom ne sera plus Jacob », il entendait par-là que ce nom ne serait pas définitif et qu’il se changerait parfois en celui d’Israël. Mais, demanda Rabbi Yossé, en est-il de même d’Abraham ? Non ; pour Abraham, l’Écriture se sert du mot (Gen., XVII, 5) « vehaïâ », alors que, pour Jacob, l’Écriture n’emploie pas le mot « vehaïâ », parce que Dieu ne voulait pas dire que le nom d’Israël deviendrait définitif, mais que Jacob serait désigné parfois sous ce nom. Aussi, lorsque, plus tard, les prêtres et les Lévites ont élevé à un haut degré les descendants de Jacob, ceux-ci ont pris le nom d’«enfants d’Israël».
Continuant leur chemin, Rabbi Yossé dit à Rabbi Éléazar : Une tradition nous apprend que Rachel mourut aussitôt que le nombre des douze tribus fut complet. Pourquoi est-elle morte immédiatement après avoir enfanté le douzième enfant de Jacob ?
Rabbi Éléazar lui répondit : C’était pour que la Schekhina prît sa place auprès de ses enfants. Avant la Clémence, c’est toujours la Rigueur qui sévit ; la Rigueur prépare à la Clémence. Avant de s’élever dans les régions célestes, l’âme subit la douleur de voir périr le corps qu’elle avait animé. Avant de s’élever à un degré supérieur, il a fallu que les saints chefs des tribus fussent éprouvés par la mort de Rachel. Ainsi la Rigueur précède toujours la Clémence. Le commencement est difficile ; et la fin est facile. Le Premier jour de l’an, pendant lequel le Saint, béni soit-il, juge le monde, précède le jour du Grand Pardon où il exerce sa Clémence. Car c’est le côté gauche qui se met toujours en mouvement, avant le côté droit. Les peuples païens subissent la Clémence avant la Rigueur, et c’est ce qui cause leur perte, alors que ceux que Dieu aime éprouvent la Rigueur avant la Clémence.
C’est pourquoi l’Écriture (Is., XLII, 13) dit : « Jéhovah sortira comme un guerrier (ca guibor), et il excitera sa colère comme un homme de guerre (ke-isch milhamoth). » L’Écriture veut dire qu’aux peuples païens Jéhovah se manifestera d’abord par son degré de Clémence ; c’est pourquoi elle dit : « ... Comme un guerrier (ca guibor)..., comme un homme de guerre (ke-isch milhomoth). » Car il ne sera pas tout à fait guerrier, ni homme de guerre, puisqu’il leur apparaîtra sous le degré de Jéhovah. Mais plus tard s’accompliront les paroles que L’Écriture ajoute immédiatement après : « Il lèvera sa voix, il jettera des cris, et se rendra maître de ses ennemis. » C’est alors que s’accompliront les paroles de l’Écriture (Zac., XIV, 13) : « Et le Seigneur paraîtra ensuite et combattra contre ces nations, etc. », ainsi également que les paroles suivantes de l’Écriture (Is., XLIII, 1) : « Qui est celui-ci qui vient d’Edom, de Bosera, avec sa robe teinte de rouge, qui éclate dans la beauté de ses vêtements et qui marche avec une force toute puissante ? C’est moi dont la parole est la parole de justice, qui vient pour défendre et pour sauver. » Il est écrit (Gen., XXXV, 18) : « Au moment d’expirer elle nomma son fils Ben-Oni, et son père lui donna le nom de Benjamin. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Nahum, I, 7) : « Le Seigneur est bon ; il soutient au jour de l’affliction et il connaît ceux qui espèrent en lui. » Heureux le sort de l’homme qui s’appuie sur le Saint, béni soit-il ; car la force de celui-ci le soutient, ainsi que cela a été déjà dit. L’Écriture dit ici : « Le Seigneur est bon », ce qui correspond à l’autre verset (Ps., CXLV, 9) : « Le Seigneur est bon envers tous, et sa miséricorde s’étend sur toutes ses œuvres. » L’Écriture ajoute : « Il soutient au jour de l’affliction. » Car c’est de lui que vient le salut, ainsi qu’il est écrit (Ps., XXVIII, 8) : « Le Seigneur est leur force [...]
- יִתְהַנּוּן מִסִּטְרָא דְּעֲבוֹדָה זָרָה כְּלָל.

תָּא חֲזֵי, דְּיַעֲקֹב גְּבַר שְׁלִים בְּכֹלָּא הֲוָה, וְהֲוָה מִתְדַּבַּק בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מַה כְּתִיב, וְנָקוּמָה וְנַעֲלֲה בֵּית אֵל וְאֶעֱשֶׂה שָׁם מִזְבֵּחַ לָאֵל הָעוֹנֶה אוֹתִי בְּיוֹם צָרָתִי וַיְהִי עִמָּדִי בַּדֶּרֶךְ אֲשֶׁר הָלָכְתִּי, מִיָּד וַיִּתְּנוּ אֶל יַעֲקֹב. מִכָּאן דְּבָעֵי בַּר נָשׁ לְשַׁבָּחָא לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּלְאוֹדָאָה לֵיהּ עַל נִסִּין וְעַל טָבָאן דְּעֲבַד עִמֵּיהּ, הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיְהִי עִמָּדִי בַּדֶּרֶךְ אֲשֶׁר הָלָכְתִּי.

תָּא חֲזֵי, בְּקַדְמִיתָא כְּתִיב וְנָקוּמָה וְנַעֲלֶה בֵּית אֵל וְגו', אַכְלִיל בְּנוֹי בַּהֲדֵיהּ. וּלְבָתַר כְּתִיב וְאֶעֱשֶׂה שָׁם מִזְבֵּחַ וְלָא כְּתִיב וְנַעֲשֶׂה. דְּאַפִּיק לוֹן מִכְּלָלָא דָא, מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּעֲלֵיהּ הֲוָה מִלָּה. יַעֲקֹב אַתְקִין תְּפִלַּת עַרְבִית, וַדַּאי. וְאִיהוּ עֲבַד מַדְבְּחָא וְעֲלֵיהּ הֲוָה מִלָּה, וּבְגִין דְּאִיהוּ עָבַר כָּל אִינוּן עָקְתִין מִן יוֹמָא דְעָרַק קַמֵּיהּ דְּאֲחוּהָ. דִּכְתִיב וַיְהִי עִמָּדִי בַּדֶּרֶךְ אֲשֶׁר הָלָכְתִּי, וְאִינוּן אָתוּ לְבָתַר לְעַלְמָא. וְעַל דָּא לָא אָעִיל לוֹן בַּהֲדֵיהּ. רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, מִכָּאן מַאן דְּיִתְעֲבִיד לֵיהּ נִסָּא, אִיהוּ בָּעֵי לְאוֹדָאָה. מַאן דְּאָכִיל נַהֲמָא בְּפָתוֹרָא, אִיהוּ בָּעֵי לְבָרְכָא, וְלָא אָחֳרָא דְּלָא אָכִיל מִידִי:

וַיִּבֶן שָׁם מִזְבֵּחַ וְגו', תָּא חֲזֵי, כְּתִיב וַיִּבֶן שָׁם מִזְבֵּחַ, וְלָא כְּתִיב (בהני מדבחן) דְּאַסִּיק עֲלֵיהּ נִסְכִין וְעֲלָוָון, אֶלָּא בְּגִין דְּאַתְקִין הַהוּא דַרְגָּא דְּאִתְחֲזֵי לְאִתְתַּקְּנָא. מִזְבֵּחַ לַיְיָ, לְאַתְקָנָא דַּרְגָּא תַּתָּאָה לְחַבְּרָא לֵיהּ בְּדַרְגָּא עִלָּאָה, וְעַל דָּא וַיִּבֶן שָׁם מִזְבֵּחַ דָּא דַרְגָּא תַּתָּאָה. לַיְיָ דָּא דַרְגָּא עִלָּאָה. וַיִּקְרָא לַמָּקוֹם אֵל בֵּית אֵל, שְׁמָא דָא כִּשְׁמָא עִלָּאָה. בְּגִין דְּכַד אִתְנַהֲרָא כְּדֵין כְּאִמָּה בִּתָּהּ וְכֹלָּא חַד.

כִּי שָׁם נִגְלוּ אֵלָיו הָאֱלהִים, בְּגִין דְּאִינוּן לָא אִשְׁתַּכָּחוּ אֶלָּא בִּשְׁכִינְתָּא, דְּהָא שִׁבְעִין הֲווּ דְּאִינוּן מִשְׁתַּכְּחֵי תָּדִיר בַּהֲדֵי שְׁכִינְתָּא, וְשִׁבְעִין קַתַּדְרָאֵי סַחֲרָנִיהּ דִּשְׁכִינְתָּא. וְעַל דָּא כִּי שָׁם נִגְלוּ אֵלָיו הָאֱלֹהִים בְּאַתְרָא דָא דְּאִתְגַּלְּיָא, דְּהָא כְּתִיב וְהִנֵּה יְיָ נִצָּב עָלָיו:

וַיַּעַל מֵעָלָיו אֱלֹהִים בַּמָּקוֹם אֲשֶׁר דִּבֶּר אִתּוֹ, רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, מִכָּאן דְּאִתְעֲבִיד רְתִיכָא קַדִּישָׁא בַּהֲדֵי אֲבָהָן. וְתָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב אִיהוּ רְתִיכָא קַדִּישָׁא עִלָּאָה דְּקַיְימָא לְאַנְהָרָא לְסִיהֲרָא, וְאִיהוּ רְתִיכָא בִּלְחוֹדוֹי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב וַיַּעַל מֵעָלָיו אֱלהִים.

פָּתַח וְאָמַר, (דברים ד׳:ז׳) כִּי מִי גּוֹי גָדוֹל אֲשֶׁר לוֹ אֱלֹהִים קְרוֹבִים אֵלָיו כַּיְיָ אֱלֹהֵינוּ בְּכָל קָרְאֵנוּ אֵלָיו. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אִינוּן חֲבִיבִין יִשְׂרָאֵל קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּלֵית לָךְ עַם וְלִישָׁן בְּכָל עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדָה זָרָה דְּעַלְמָא דְּאִית לֵיהּ אֱלָהָא דְּיִשְׁמַע לוֹן, כְּמָה דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זַמִּין לְקַבְּלָא צְלוֹתְהוֹן וּבָעוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל בְּכָל שַׁעְתָּא דְאִצְטְרִיךְ לוֹן לְמִשְׁמַע צְלוֹתָא דְאִינוּן בָּעָאן, בְּגִין הַהוּא דַרְגָּא דִלְּהוֹן.

תָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב, קָרֵי לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, יִשְׂרָאֵל. דִּכְתִיב לא יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב כִּי אִם יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ. וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ, מַאן וַיִּקְרָא, דָּא שְׁכִינְתָּא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר וַיִּקְרָא אֶל משֶׁה. וַיֹּאמֶר לוֹ אֱלֹהִים. לְעֵיל אוֹקִימְנָא יִשְׂרָאֵל דְּהָא אִשְׁתְּלִּים בְּכֹלָּא כְּדְקָא יְאוּת, וּכְדֵין אִסְתַּלַּק בְּדַרְגֵּיהּ וְאִשְׁתְּלִים בִּשְׁמָא דָא, וְעַל דָּא וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ יִשְׂרָאֵל וְהָא אִתְּמָר.

רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי יוֹסֵי הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא, אָמַר רִבִּי יוֹסֵי לְרַבִּי אֶלְעָזָר, וַדַּאי הָא דְּאֲמַרְתְּ דְּיַעֲקֹב שְׁלֵימָא דְּאֲבָהָן אִיהוּ, וְאִיהוּ אָחִיד לְכָל סִטְרִין, וְקָרָא שְׁמֵיהּ יִשְׂרָאֵל, וּכְתִיב לא יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב כִּי אִם יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ. וּכְתִיב וַיִּקְרָא אֶת שְׁמוֹ יִשְׂרָאֵל. אַמַּאי אַהֲדַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְקָרָא לֵיהּ יַעֲקֹב בְּכַמָּה זִמְנִין, וְכֹלָּא קָרוּן לֵיהּ יַעֲקֹב כְּמִלְּקַדְּמִין. אִי הָכִי, מַהוּ וְלא יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב.

אָמַר לֵיהּ, שַׁפִּיר קָא אֲמַרְתְּ. פָּתַח וְאָמַר, (ישעיהו מ״ב:י״ג) יְיָ כַּגִּבּוֹר יֵצֵא כְּאִישׁ מִלְחָמוֹת יָעִיר קִנְאָה, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, כַּגִּבּוֹר יֵצֵא, גִּבּוֹר מִבָּעֵי לֵיהּ. כְּאִישׁ מִלְחָמוֹת, אִישׁ מִלְחָמוֹת מִבָּעֵי לֵיהּ.

אֶלָּא הָא אִתְּמָר יְיָ בְּכָל אֲתַר רַחֲמֵי אִיהוּ, וַדַּאי
(Ⅰ)
[174b]  
[...] ; il est le salut de son Oint. » L’Écriture ajoute : « ... Au jour de l’affliction », ce qui veut dire : au jour où les peuples païens affligent Israël. Quel est le sens des paroles de l’Écriture (Prov., XXIV, 10) : « Si tu faiblis au jour de l’affliction, ta force n’est que faiblesse ? » Que signifie le mot « faiblis » ? Quand l’homme lâche la main du Saint, béni soit-il, qui le soutient. Et comment peut-on tenir la main du Saint, béni soit-il ? En s’appliquant à l’étude de la Loi ; car quiconque s’attache à la Loi s’attache à l’arbre de vie. Dieu tendit, s’il est permis de s’exprimer ainsi, son bras à la « Communauté d’Israël » pour que celle-ci s’appuyât dessus. Mais quand l’homme abandonne l’étude de la Loi, il affaiblit en quelque sorte la force de la Schekhina. Tel est le sens des paroles de l’Écriture « tzar cohecah » ; la force de « coh » est affaiblie par suite de la négligence de la Loi.
D’après une autre interprétation, le sens du verset cité est celui-ci : Quand l’homme néglige l’étude de la Loi et marche dans la mauvaise voie, il se crée de nombreuses légions d’ennemis, qui requièrent contre lui au ciel au jour où il est en détresse. Mais il y a plus : sa propre âme devient son ennemie et témoigne contre lui. C’est ce que l’Écriture veut dire par le mot « tzar cohecah » : ta propre âme, qui constitue ta force, deviendra ton ennemie.
Rabbi Abba dit : Quand l’homme marche dans la voie de la Loi et y conforme toutes ses actions, il se crée au ciel de nombreux défenseurs qui font ressortir devant Dieu son mérite.
Rabbi Abba commença en outre à parler de la manière suivante (Job, XXXIII, 23 et 24) : « Si un ange entre mille parle pour l’homme et qu’il en annonce l’équité, Dieu aura compassion de lui, et il dira : Délivre le, afin qu’il ne descende pas dans l’enfer ; je lui fais grâce ». Ce verset demande qu’on l’examine de près. Le Saint, béni soit-il, n’est-il pas omniscient, et a-t-il besoin que les anges lui disent qu’un tel est bon ou mauvais ? Mais, en vérité, cela est nécessaire. Quand l’homme n’a au ciel que des défenseurs, il est sauvé, et Dieu dit : « Délivre le, afin qu’il ne descende pas dans l’enfer. »
Remarquez que l’Écriture ne se contente pas de dire : « Si un ange annonce l’équité de l’homme... » Mais elle dit : « Si un ange d’entre mille parle pour l’homme et en annonce l’équité... », parce qu’elle désigne cet ange qui préside à l’armée du côté gauche, dont l’homme est toujours accompagné : « Mille (Ps., XCI, 7) tomberont à ta gauche et dix mille à ta droite. » Or, le chef des anges qui accompagnent l’homme à son côté gauche, c’est l’esprit tentateur. C’est lui qui est désigné dans le verset « Si un ange entre mille parle pour l’homme... » Cela veut dire si l’esprit tentateur est lui-même forcé de faire l’éloge de l’homme, celui-ci est sauvé. Ainsi qu’on l’a déjà dit précédemment, le verset (Prov., XII, 9) : « L’humble qui a un esclave vaut mieux que le glorieux qui manque de pain » s’applique à l’esprit du mal qui devient l’esclave de l’homme de bien et se transforme en défenseur devant le Saint, béni soit-il. Mais, alors même que l’homme marche dans la voie du bien, l’esprit du mal ne cesse pas d’avoir prise sur lui, attendu qu’il est autorisé à lui ôter l’âme, à l’heure de la mort. C’est la mort qui rachète l’âme ; car nul homme n’est exempt du péché.
C’est pourquoi l’Écriture se sert du mot « copher », qui veut dire « rachat ».
D’après une autre interprétation, l’homme est racheté par le fait seul que l’ange accusateur se fait pour lui l’ange défenseur. De même, Israël offrait au démon, au jour du Grand Pardon, un bouc, dans le but de se le rendre favorable (29). C’est pourquoi Salomon a dit (Prov., XXV, 21) : « Lorsque ton ennemi a faim, donne lui à manger, lorsqu’il a soif, donne lui à boire. » Ce verset s’applique à l’esprit tentateur, à qui Israël avait offert un bouc pour l’occuper et l’empêcher de requérir contre lui.
Remarquez que les paroles (Nahum, I, 7) : « Le Seigneur est bon ; il soutient au jour de l’affliction » s’appliquent à Jacob, lorsque Esaü vint requérir contre lui ; et la fin du verset : « ... Et il connaît ceux qui espèrent en lui » désigne également Jacob lorsqu’il était en détresse. Car, remarquez que l’accusateur ne requiert contre l’homme qu’à l’heure où celui-ci est menacé par un danger. Or, par son voeu (Gen., XXVIII, 20), Jacob fournit à son accusateur matière à accusation. [...]
- קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, יְיָ שְׁמֵיהּ אִיהוּ, דִּכְתִיב, (ישעיהו מ״ב:ח׳) אֲנִי יְיָ הוּא שְׁמִי, וְחָמִינָן דִּלְזִמְנִין אִתְקְרֵי שְׁמֵיהּ אֱלהִים וְהוּא דִינָא בְּכָל אֲתַר. אֶלָּא בְּזִמְנָא דְאַסְגִיאוּ זַכָּאִין בְּעַלְמָא, יְיָ שְׁמֵיהּ וְאִתְקְרֵי בִּשְׁמָא דְרַחֲמֵי. וּבְזִמְנָא דְאַסְגִיאוּ חַיָּיבִין בְּעַלְמָא, אֱלֹהִים שְׁמֵיהּ וְאִתְקְרֵי בִּשְׁמָא דֵּאֱלהִים. כָּךְ בְּזִמְנָא דְיַעֲקֹב לָא הֲוָה בֵּין שָׂנְאִין וְלָא הֲוָה בְּאַרְעָא אָחֳרָא, קָרֵי לֵיהּ יִשְׂרָאֵל. וְכַד הֲוָה בֵּין שָׂנְאִין, אוֹ בְּאַרְעָא אָחֳרָא קָרֵי לֵיהּ יַעֲקֹב.

אָמַר לֵיהּ, עֲדַיִין לָא אִתְיַישְׁבָא מִלָּה. דִּכְתִיב לֹא יִקָּרֵא, וְהָא אֲנַן קָרִינָן לֵיהּ. וּמַאי דַאֲמַרְתְּ דְּכַד הֲוָה בֵּין שָׂנְאִין אוֹ בְּאַרְעָא אָחֳרָא קָרֵי לֵיהּ יַעֲקֹב. תָּא חֲזֵי, כְּתִיב, (בראשית ל״ז:א׳) וַיֵּשֶׁב יַעֲקֹב בְּאֶרֶץ מְגוּרֵי אָבִיו בְּאֶרֶץ כְּנַעַן, וְהָא לָא הֲוָה בְּאַרְעָא אָחֳרָא.

אָמַר לֵיהּ, הָא בְּקַדְמִיתָא אִתְּמָר, כְּמָה דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְזִמְנִין אִתְקְרֵי יְיָ, וּלְזִמְנִין אִתְקְרֵי אֱלֹהִים. הָכִי נָמֵי לְזִמְנִין אִקְרֵי יִשְׂרָאֵל וּלְזִמְנִין אִקְרֵי יַעֲקֹב וְכֹלָּא בְּדַרְגִּין יְדִיעָן. וּמַה דְּאִתְּמָר לא יִקָּרֵא שִׁמְךָ עוֹד יַעֲקֹב, לְאִתְיַשְּׁבָא בִּשְׁמָא דָא.

אָמַר לֵיהּ, אִי הָכִי, הָא כְּתִיב, (בראשית י״ז:ה׳) וְלֹא יִקָּרֵא עוֹד אֶת שִׁמְךָ אַבְרָם וְהָיָה שִׁמְךָ אַבְרָהָם. אָמַר לֵיהּ, הָתָם כְּתִיב וְהָיָה. וְעַל דָּא קָיְימָא בְּהַהוּא שְׁמָא. אֲבָל הָכָא לָא כְּתִיב וְהָיָה, אֶלָּא כִּי אִם יִשְׂרָאֵל יִהְיֶה שְׁמֶךָ. וְלָא כְּתִיב וְהָיָה שִׁמְךָ יִשְׂרָאֵל, וְאֲפִילּוּ בְּזִמְנָא חָדָא סַגֵּי לֵיהּ, כָּל שֶׁכֵּן דִּלְזִמְנִין כָּךְ וּלְזִמְנִין כָּךְ. וְכַד אִתְעַטְּרוּ בְּנוֹי בְּכֹהֲנֵי וְלֵיוָאֵי וְאִסְתַּלְּקוּ בְּדַרְגִּין עִלָּאִין, כְּדֵין אִתְעַטַּר בִּשְׁמָא דָא תָּדִיר.

עַד דְּהֲווּ אָזְלֵי, אָמַר לֵיהּ רִבִּי יוֹסֵי לְרִבִּי אֶלְעָזָר, הָא אִתְּמָר דְּכַד מִיתַת רָחֵל נָטְלָא בֵּיתָא מַאן דְּאִצְטְרִיךְ לְאִתְתַּקְּנָא בִּתְרֵיסַר שִׁבְטִין כְּדְקָא יְאוּת. אַמַּאי מִיתַת רָחֵל מִיָּד, אָמַר לֵיהּ, הָא לְמֶהֱוֵי שְׁכִינְתָּא מִתְעַטְּרָא כְּדְקָא יְאוּת וּלְמֶהֱוֵי אֵם הַבָּנִים שְׂמֵחָה וּבֵיהּ שַׁרְיָא (לעילא) לְנַטְלָא בֵּיתָא וּלְאִתְתַּקָּנָא. וְעַל דָּא בִּנְיָמִין הוּא תָּדִיר בְּמַעֲרָב וְלָא בְסִטְרָא אָחֳרָא.

וּבֵיהּ שַׁרְיָא לְאִתְתַּקְּנָא בִּתְרֵיסַר שִׁבְטִין, וּבֵיהּ שַׁרְיָא מַלְכוּתָא דִרְקִיעָא לְאִשְׁתְּמוֹדְעָא בְּאַרְעָא. וְרָזָא דָּא, בְּכָל שֵׁירוּתָא דְּאַתְיָא לְאִשְׁתְּמוֹדְעָא בְּקַשְׁיוּ אִיהוּ, וְעַל דָּא אִית בָּהּ דִּינָא דְמוֹתָא וּמִתַּמָּן אִתְיַשְּׁבַת.

הָכָא כַּד בָּעָא לְאִתְתַּקְּנָא וּלְנַטְלָא בֵּיתָא אִתְעֲבִיד דִּינָא בְּרָחֵל וּבָתַר כֵּן אִתְתַּקְּנַת לְאִתְיַשְּׁבָא. כַּד בָּעָא לְאִשְׁתְּמוֹדְעָא מַלְכוּתָא בְּאַרְעָא שַׁרְיָא בְּדִינָא. וְלָא אִתְיַשְּׁבַת מַלְכוּתָא בְּדוּכְתָא כְּדְקָא יְאוּת עַד דְּאִתְעַר דִּינָא בִּשָׁאוּל לְפוּם עוֹבָדוֹי, וּלְבָתַר אִתְיַשְּׁבַת מַלְכוּתָא וְאִתְתַּקְּנַת.

תָּא חֲזֵי, כָּל שֵׁירוּתָא תַּקִּיף וּלְבָתַר נַיְיחָא. בְּרֹאשׁ הַשָּׁנָה שֵׁירוּתָא תַּקִּיף. דְּכָל עַלְמָא אִתְדָּן כָּל חַד וְחַד לְפוּם עוֹבָדוֹי, וּלְבָתַר נַיְיחָא סְלִיחָה וְכִפּוּרֵי. בְּגִין דְּשֵׁירוּתָא אִיהוּ מִשְׂמָאלָא וְעַל דָּא דִּינוֹי תַּקִּיפִין, וּלְבָתַר אִתְעַר יָמִינָא וְעַל דָּא הֲוֵי נַיְיחָא.

וּלְזִמְנָא דְאָתֵי זַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְאִתְעָרָא בְּנַיְיחָא עַל שְׁאָר עַמִּין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, וּלְבָתַר יִתְתַּקַּף עֲלַיְיהוּ בְּדִינָא קַשְׁיָא. הֲדָא הוּא דִכְתִיב, (ישעיהו מ״ב:י״ג) יְיָ כַּגִּבּוֹר יֵצֵא כְּאִישׁ מִלְחָמוֹת יָעִיר קִנְאָה יָרִיעַ אַף יַצְרִיחַ עַל אוֹיְבָיו יִתְגַּבָּר. יְיָ בְּקַדְמִיתָא דְּאִיהוּ רַחֲמֵי, וּלְבָתַר כַּגִּבּוֹר וְלָא גִבּוֹר. וּלְבָתַר כְּאִישׁ מִלְחָמוֹת וְלֹא אִישׁ מִלְחָמוֹת. לְבָתַר אִתְגְּלִי תּוּקְפָא עֲלַיְיהוּ וְיִתְתַּקַּף לְשֵׁיצָאָה לוֹן, דִּכְתִיב יָרִיעַ אַף יַצְרִיחַ עַל אוֹיְבָיו יִתְגַּבָּר. וּכְתִיב, (זכריה י״ד:ג׳) וְיָצָא יְיָ וְנִלְחַם בַּגּוֹיִם הָהֵם כְּיוֹם הִלָּחֲמוֹ בְּיוֹם קְרָב. וּכְתִיב, (ישעיהו ס״ג:א׳) מִי זֶה בָּא מֶאֱדוֹם חֲמוּץ בְּגָדִים מִבָּצְרָה וְגו':

וַיְהִי בְּצֵאת נַפְשָׁהּ כִּי מֵתָה וַתִּקְרָא שְׁמוֹ בֶּן אוֹנִי וְאָבִיו קָרָא לוֹ בִּנְיָמִן. רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (נחום א׳:ז׳) טוֹב יְיָ לְמָעוֹז בְּיוֹם צָרָה וְיֹדֵעַ חֹסֵי בוֹ. זַכָּאָה חוּלָקֵיהּ דְּבַר נָשׁ דְּאִתְתַּקַּף בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, בְּגִין דְּתוּקְפָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִיהוּ תּוּקְפָא, וְאוּקְמוּהָ טוֹב יְיָ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהילים קמ״ה:ט׳) טוֹב יְיָ לַכֹּל. לְמָעוֹז, דָּא הוּא תּוּקְפָא דְּאִית בֵּיהּ יְשׁוּעוֹת. דִּכְתִיב, (תהלים כח) וּמָעוֹז
(Ⅰ)
[175a]  
[...] Aussi, à l’heure où Rachel était en danger de mort, l’accusateur du monde dit devant le Saint, béni soit-il : Jacob a fait un voeu et ne l’a pas accompli ; et cependant il est assez riche en fortune, en biens et en enfants. Pourquoi ne le châties tu pas ? Aussitôt après ce réquisitoire, arriva ce que dit l’Écriture (Gen., XXXV, 16) : « Et Rachel enfanta, et elle éprouva de grandes douleurs. » Jacob était ainsi puni pour avoir tardé à accomplir son voeu ; or, c’est l’épouse qui meurt lorsque l’époux n’accomplit pas ses vœux, ainsi qu’il est écrit (Prov., XXII, 27) : « Car, si tu n’as pas de quoi payer, pourquoi t’exposer à ce qu’on emporte le lit sur lequel tu couches ? » L’ange de la mort reçut ainsi satisfaction par la mort de Rachel. Remarquez, en outre, qu’au moment de l’arrivée d’Esaü, l’Écriture (Gen., XXXIII, 2) dit : « Il mit à la tête les deux servantes avec leurs enfants, Lia et ses enfants au second rang, Rachel et Joseph au dernier. Pourquoi ? De crainte que cet impie ne trouvât matière à accusation dans la beauté de Rachel. Aussi, l’Écriture dit-elle ensuite : « Et les servantes s’approchèrent avec leurs enfants et se prosternèrent ; Lia aussi s’approcha avec ses enfants, et ensuite Joseph et Rachel s’approchèrent et se prosternèrent. » Chez les autres, c’étaient les femmes qui marchaient avant les hommes, alors que Joseph marchait devant Rachel pour la cacher derrière lui.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XLVIII, 7) dit de lui : «Joseph croitra », ce qui veut dire qu’il redressa son corps pour cacher sa mère derrière lui. Les mots « alè aïn » signifient « au-devant des yeux » ; car il voulait cacher sa mère aux yeux de l’impie. Ainsi, Rachel est morte à la suite de la requête de l’esprit tentateur qui faisait valoir, au moment où Rachel était en danger, le retard que Jacob avait mis à accomplir son vœu. Et d’où savons-nous que Rachel est morte à cause de Jacob ? Du verset (Gen., XLVIII, 7) suivant : « Et lorsque je revenais de Mésopotamie, Rachel est morte à moi (alaï) », ce qui veut dire : « ... A cause de moi. »
Rabbi Yossé dit : Il est écrit (Prov., XXVI, 2) : « L’imprécation sans motif ne se réalisera pas. » Le mot « ló » est écrit avec un Aleph et prononcé comme s’il était écrit avec un Vav (30), parce que l’imprécation qui sort de la bouche du juste donne, alors même qu’elle n’est pas motivée, matière à l’esprit tentateur pour requérir contre celui qui en est l’objet, au moment où il se trouve en danger. Jacob avait dit à Laban (Gen., XXXI, 32) : « Que celui qui a pris tes dieux soit puni de mort. » Bien qu’au moment de prononcer cette imprécation Jacob ignorât que Rachel avait caché les idoles de son père, Satan, qui se tient toujours près des hommes et en épie les paroles, s’empara de cette imprécation. C’est pourquoi la tradition nous apprend que l’homme ne doit jamais prononcer un mot qui puisse fournir à Satan matière à requête. L’Écriture (Gen., XXXV, 18) ajoute : « Au moment d’expirer en mourant... » Rabbi Abba demanda : Du moment que l’Écriture dit : « Au moment d’expirer », pourquoi a-t-elle besoin de répéter « ... En mourant » ? Mais l’Écriture nous apprend que l’âme de Rachel se sépara du corps sans avoir eu besoin de retourner en ce bas monde. Car il y a des hommes dont les âmes, après avoir quitté les corps, sont obligées de revenir ici-bas, ainsi qu’il est écrit (I Rois ?, XXX, 22) : « Et son âme revint à lui. » Et ailleurs (Gen., XLII, 28) : « Et leur cœur sortit. » Et ailleurs (Cant., V, 6) : « Mon âme était sortie au son de sa voix. » Et ailleurs (II Rois, XVII, 17) : « Et l’âme n’est plus restée en lui. » Mais l’âme de Rachel n’est plus revenue ici-bas après qu’elle fut détachée du corps.
L’Écriture ajoute : « Et elle le nomma Ben Oni», à cause de la Rigueur que sa venue au monde a attirée sur elle, alors que Jacob l’appela Benjamin, qui signifie « fils de la droite », parce que c’était lui qui devait unir l’Occident à l’Orient, la Rigueur avec la Clémence. C’est seulement de Rachel que l’Écriture indique la mort et l’enterrement, mais non pas de Lia, bien que toutes les quatre mères (c’est-à-dire Sara, Rébecca, Rachel et Lia.) soient l’image du mystère suprême, ainsi que nous l’avons déjà dit. L’Écriture (Gen., XXXV, 20) dit : « Jacob dressa une pierre tumulaire sur son sépulcre. »
Rabbi Yossé demanda : Pourquoi Jacob dressa-t-il cette pierre ? Pour que l’endroit de ce sépulcre ne fût pas oublié jusqu’au jour où le Saint, béni soit-il, ressuscitera les morts.
C’est pourquoi L’Écriture ajoute : « C’est ce monument de Rachel qui subsiste jusqu’à ce jour », ce qui veut dire : jusqu’au dernier jour.
Rabbi Yehouda dit : Les mots : « ... Jusqu’à ce jour » signifient : jusqu’au jour où la Schekhina se rendra en exil avec Israël . Dans quel endroit ? A l’endroit où Rachel a été enterrée, c’est à dire à Rammah, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXXI, 15) : « Une voix se fit entendre à Rammah... Rachel pleure sur ses enfants, etc. » Dieu lui répond : « Cesse le pleurer, tes espérances seront accomplies, et tes enfants retourneront à leur pays. » Voici la promesse que le Saint, béni soit-il, a faite à Israël : lorsqu’il reviendra de l’exil, il s’arrêtera et pleurera sur le tombeau de Rachel, comme elle avait pleuré pendant toute la durée de son exil. C’est pourquoi le verset (Jér., XXXI, 9) dit : « Ils viendront en pleurant, et je les ramènerai avec des consolations. » Et plus loin (Jér., XXXI, 16) : « ... Car tes œuvres auront leur récompense, dit le Seigneur. » C’est à cette [...]
- יְשׁוּעוֹת מְשִׁיחוֹ הוּא. בְּיוֹם צָרָה, בְּיוֹמָא דְעָקוּ דְּעָקִין שְׁאָר עַמִּין לְיִשְׂרָאֵל.

תָּא חֲזֵי, מַה כְּתִיב (משלי כ״ד:י׳) הִתְרַפִּיתָ בְּיוֹם צָרָה צַר כֹּחֶכָה. מַאי הִתְרַפִּיתָ. מַאן דְּאִתְרַפֵּי יְדוֹי מִקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּלָא לְאִתְתַּקְּפָא בֵּיהּ. וְהֵיךְ יִתְקַף בַר נָשׁ בֵּיהּ בְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, יַתְקִיף בְּאוֹרַיְיתָא. דְּכָל מַאן דְּאִתְתַּקַּף בְּאוֹרַיְיתָא, אִתְתַּקַּף בְּאִילָנָא דְחַיֵּי. כִּבְיָכוֹל יָהַב תּוּקְפָא לִכְנֶסֶת יִשְׂרָאֵל לְאִתְתַּקְפָא. וְאִי הוּא יִתְרַפֵּי מֵאוֹרַיְיתָא, מַה כְּתִיב הִתְרַפִּיתָ. אִי אִיהוּ אִתְרַפֵּי מִן אוֹרַיְיתָא בְּיוֹם צָרָה צַר כֹּחֶכָה, בְּיוֹמָא דְיֵיתֵי לֵיהּ עָקוּ, כִּבְיָכוֹל דָּחִיק לָהּ לִשְׁכִינְתָּא דְּאִיהוּ חֵילָא דְעַלְמָא.

דָבָר אַחֵר צַר כֹּחֶכָה, תָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְבַר נָשׁ אִתְרַפֵּי מֵאוֹרַיְיתָא וְאָזִיל בְּאָרְחָא דְלָא כַשְׁרָא, כַּמָּה בַּעֲלֵי דְבָבוּ זְמִינִין לֵיהּ לִמֶהֱוֵי לֵיהּ קַטֵּיגוֹרִין בְּיוֹמָא דְעָקוּ. וְאֲפִילּוּ נִשְׁמָתֵיהּ דְּבַר נָשׁ דְּאִיהוּ חֵילָא וְתוּקְפָא דִילֵיהּ אִיהוּ מָארֵי דְבָבוּ לְקֳבְלֵיהּ, דִּכְתִיב צַר כֹּחֶכָה, בְּגִין דְּאִיהוּ צַר לְגַבֵּיהּ. אָמַר רִבִּי אַבָּא בְּשַׁעְתָּא דְבַר נָשׁ אָזִיל בְּאָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא וְכָל אָרְחוֹי מִתְתַּקְּנָן כְּדְקָא יְאוּת, כַּמָּה סָנֵיגוֹרִין קָיְימִין עֲלֵיהּ לְאַדְכָּרָא לֵיהּ לְטַב.

פָּתַח וְאָמַר, (איוב ל״ג:כ״ג-כ״ד) אִם יֵשׁ עָלָיו מַלְאָךְ מֵלִיץ אֶחָד מִנִּי אָלֶף לְהַגִּיד לְאָדָם יָשְׁרוֹ וַיְחֻנְּנּוּ וַיֹּאמֶר פְּדָעֵהוּ מֵרֶדֶת שַׁחַת מָצָאתִי כֹפֶר. הַנֵּי קְרָאֵי אִית לְאִסְתַּכָּלָא בְּהוּ, וְכִי לָא אִתְגְּלִי כֹּלָּא קַמֵי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, דְּאִיהוּ צָרִיךְ לְמַלְאכָא דְּיֵימָא קַמֵּיהּ טַב אוֹ בִישׁ. אֶלָּא וַדַּאי אִצְטְרִיךְ. דְּכַד אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ סַנֵּיגוֹרִין לְאַדְכָּרָא זְכוּ דִידֵיהּ קַמֵּיהּ, וְלָא אִית לֵיהּ (לבר נש) קַטֵּיגוֹרִין, כְּדֵין וַיְחֻנְּנּוּ וַיֹּאמֶר פְּדָעֵהוּ מֵרֶדֶת שַׁחַת מָצָאתִי כֹפֶר.

תָּא חֲזֵי, בְּהַאי קְרָא תִּשְׁכַּח בְּרִירָא דְמִלָּה, כְּתִיב אִם יֵשׁ עָלָיו מַלְאָךְ, אִי לָא כְּתִיב יַתִּיר יָאוֹת הוּא. אֲבָל מַלְאָךְ מֵלִיץ אֶחָד מִנִּי אָלֶף כְּתִיב, וּמַאן אִיהוּ. דָּא הוּא מַלְאָךְ דִּמְמַנָּא עִמֵּיהּ דְּבַר נָשׁ בִּסְטַר שְׂמָאלָא, דִּכְתִיב, (תהילים צ״א:ז׳) יִפֹּל מִצִּדְךָ אֶלֶף, וְדָא הוּא סִטְרָא דִשְׂמָאלָא, דִּכְתִיב בַּתְרֵיהּ וּרְבָבָה מִימִינֶךָ.

אֲבָל אֶחָד מִנִּי אֶלֶף, דָּא הוּא יֵצֶר הָרָע, דְּאִיהוּ אֶחָד מֵאִנּוּן (דאיהו) אֶלֶף דְּהֲווּ לִסְטַר שְׂמָאלָא. בְּגִין דְּאִיהוּ סָלִיק לְעֵילָא וְנָטִיל רְשׁוּ. וְעַל דָּא אִי בַר נָשׁ אָזִיל בְּאֹרַח קְשׁוֹט, הַהוּא יֵצֶר הָרָע אִיהוּ עֶבֶד לוֹ. כְּמָה דְאִתְּמָר דִּכְתִיב, (משלי י״ב:ט׳) טוֹב נִקְלֶה וְעֶבֶד לוֹ. כְּדֵין אִיהוּ סָלִיק וְאִתְעֲבִיד סַנֵּיגוֹרָא, וְאָמַר קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, זְכוּ עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ. כְּדֵין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אָמַר, פְּדָעֵהוּ מֵרֶדֶת שָׁחַת.

וְעִם כָּל דָּא לָא אַהֲדַר בְּרֵיקַנְיָא, בְּגִין דְּאִתְיְהִיב לֵיהּ אָחֳרָא לְשַׁלְטָאָה עֲלוֹי וְלִיטּוֹל נִשְׁמָתֵיהּ מִנֵּיהּ. בְּגִין דְּאַקְדִּים חוֹבוֹי דְּהַהוּא בַּר נָשׁ וְאִיהוּ כֹּפֶר עַל הַאי. הֲדָא הוּא דִכְתִיב מָצָאתִי כֹּפֶר, לְמִפְדֵי לֵיהּ.

דָבָר אַחֵר מָצָאתִי כֹפֶר. הַהוּא זְכוּ דְּאֲמַרְתְּ אִיהוּ עֲלֵיהּ כֹּפֶר לְמִפְדֵי לֵיהּ דְּלָא יֵחוֹת לַגֵּיהִנֹּם וְלָא יְמוּת. וְעַל דָּא מִבָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמֵיהַךְ בְּאֹרַח קְשׁוֹט וּבְגִין דִּיְהֵא לֵיהּ הַהוּא קַטֵּיגוֹרָא, סַנֵּיגוֹרָא.

כְּגַוְונָא דָא יִשְׂרָאֵל בְּיוֹמָא דְכִפּוּרֵי, דְּיַהֲבֵי לֵיהּ שָׂעִיר וְאִתְעַסִּיקוּ בַּהֲדֵיהּ. עַד דְּאִתְהֲדַר עֶבֶד לְהוּ וְסָלִיק וְסָהִיד סַהֲדוּתָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְאִתְעֲבִיד לְהוּ סַנֵּיגוֹרָא. וְעַל דָּא אָמַר שְׁלמֹה, (משלי כ״ה:כ״א) אִם רָעֵב שׂנַאֲךָ הַאֲכִילֵהוּ לֶחֶם וְאִם צָמֵא הַשְׁקֵהוּ מַיִם. וְעַל הַאי יֵצֶר הָרָע אִתְּמָר.

וּבְגִין דָּא בְּיוֹם צָרָה, כַּד בַר נָשׁ אִתְרַפֵּי מֵאוֹרַיְיתָא, כִּבְיָכוֹל דָּחִיק לֵיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בַּהֲדֵיהּ דְּהַהוּא יֵצֶר הָרָע דְּאִיהוּ אִתְעֲבִיד קַטֵּיגוֹרָא. צַר כֹּחֶכָה. צַר כֹּחַ כֹּ''ה, בְּגִין דְּאִתְקָרֵב קַמֵּיהּ לְקַטְרְגָא וְאִתְחַלַּשׁ חֵילָא.

תָּא חֲזֵי, טוֹב יְיָ לְמָעוֹז בְּיוֹם צָרָה, מַאי בְּיוֹם צָרָה. דָּא יַעֲקֹב כַּד אֲתָא עֲלֵיהּ עֵשָׂו לְקַטְרְגָא לֵיהּ. וְיוֹדֵעַ חוֹסֵי בוֹ, כַּד אֲתָא עֲלֵיהּ עָקוּ דְדִינָא. וְתָּא חֲזֵי, לֵית מְקַטְרְגָא אִשְׁתַּכַּח עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ אֶלָּא בְּזִמְנָא דְסַכָּנָה.

וְתָּא חֲזֵי, בְּגִין דְּיַעֲקֹב אַחַר נִדְרֵיהּ דְּנָדִיר קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, אִתְתַּקַּף דִּינָא עַל יְדָא דִּמְקַטְרְגָא דְּקַטְרִיג עֲלֵיהּ דְּיַעֲקֹב,
(Ⅰ)
[175b]  
[...] époque que Rachel se réjouira avec Israël et la Schekhina, ainsi que cela a été établi par les collègues.
Il est écrit (Gen., XXXV, 22) : « Et lorsque Israël demeurait en ce pays-là, Ruben dormit avec Bala, concubine de son père ; et Israël en eut connaissance ; et les fils de Jacob étaient au nombre de douze. »
Rabbi Éléazar dit : Après la mort de Lia et de Rachel, la maison de Jacob était considérée comme si elle n’existait plus.
C’est pourquoi l’Écriture se sert du mot « bischcon », parce que Jacob ne considérait plus sa maison que comme provisoire. Peut-on admettre que Ruben allât dormir avec Bala ? Mais la vérité est que, tant que Lia et Rachel avaient vécu, la Schekhina demeurait près d’elles ; mais après leur mort, elle s’établit dans la maison de Bala, pour pouvoir rester près de Jacob, attendu qu’elle ne réside que dans la maison où l’homme est uni à la femme. Ruben, irrité de voir Bala l’héritière de sa mère, brisa son lit. Et comme la Schekhina se tenait près de ce lit, l’Écriture lui imputa son crime, comme s’il avait dormi avec Bala.
Rabbi Yessa dit : Ruben s’étant couché sur le lit de Bala, sans tenir compte du respect dû à la Schekhina qui se tenait à côté, l’Écriture lui compte cet acte pour un crime, comme s’il avait dormi avec Bala. Mais il n’avait jamais péché contre la chasteté avec Bala ; et c’est pourquoi il ne fut pas rayé du nombre des tribus. L’Écriture le place à la tête des autres : « Les fils de Lia étaient : Ruben, l’aîné des fils de Jacob, etc. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Osée, XIV, 10) : « Car les voies du Seigneur sont droites ; les justes y marcheront sûrement ; mais les pécheurs y trébucheront. » En effet, toutes les voies du Saint, béni soit-il, sont droites et véritables ; mais les hommes ne connaissent pas ces voies, ni ne savent le but de leur existence.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Les justes y marcheront sûrement », parce qu’ils s’appliquent à l’étude de la Loi, et marchent dans sa voie, sans dévier ni à droite ni à gauche, alors que les pécheurs y trébucheront ; car les coupables qui ne connaissent pas la Loi ne connaissent pas non plus les voies du Saint, béni soit-il ; aussi trébucheront-ils et dans ce monde et dans le monde futur.
Remarquez que l’âme de tout homme qui, durant sa vie, s’est consacré à l’étude de la Loi, monte en haut, au moment de quitter la terre, par les voies et les sentiers de la Loi ; de sorte que sa connaissance de la Loi la guide sur la bonne route pour arriver en haut, alors que les âmes de ceux qui ont négligé l’étude de la Loi, s’égarant sur leur route, prennent des chemins qui les conduisent à la région de la Rigueur où elles subissent des peines. C’est à celui qui s’applique à l’étude de la Loi que font allusion les paroles de l’Écriture (Prov., VI, 22) : « Lorsque tu marches, elle t’accompagne ; lorsque tu dors, elle te garde ; et lorsque tu te réveilles, elle te parle. » « Lorsque tu dors » signifie : lorsque tu dors dans le tombeau, la Loi te préserve de la Rigueur d’en haut. Les mots : « ... Et lorsque tu te réveilles » désignent l’heure de la Résurrection où les âmes de ceux qui s’étaient consacrés à l’étude de la Loi parleront en faveur des morts ; le Saint, béni soit-il, les ressuscitera les premiers, ainsi qu’il est écrit (Dan., XII, 2) : « Et toute la multitude de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle... » Ces dernières paroles désignent les hommes qui se sont consacrés à l’étude de la Loi, qui est la vie éternelle.
Remarquez que les corps de ceux qui se sont consacrés à l’étude de la Loi subsisteront toujours après la résurrection des morts ; et la Loi les protégera. A l’époque de la résurrection, le Saint, béni soit-il, fera souffler un vent qui sera la synthèse des quatre vents ; et c’est à l’aide de ce vent que le Saint, béni soit-il, ressuscitera ceux qui se sont appliqués à l’étude de la Loi, pour que leurs corps subsistent éternellement. Mais, objectera-t-on, pourquoi les corps ressuscités par Ézéchiel n’ont ils pas subsisté toujours ? Les quatre vents avaient cependant soufflé sur eux, ainsi qu’il est écrit (Éz., XXXIX, 9) : « Voici ce que dit le Seigneur : Vents, venez des quatre directions et soufflez sur ces morts, afin qu’ils revivent. » Mais remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, ressuscitait les morts par Ézéchiel, il ne voulait pas que ces morts demeurassent en vie après leur résurrection ; il voulait seulement montrer qu’à la fin des temps il ressusciterait les morts de pareille façon en faisant souffler sur eux un vent [...]
- וּבָעָא דִינָא בְּשַׁעְתָּא דְסַכָּנָה דְּהֲוַת רָחֵל בָּהּ. אָמַר קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְהָא יַעֲקֹב נָדַר נִדְרֵיהּ וְלָא שָׁלִים, וְהָא אִיהוּ תַּקִּיף מִכֹּלָּא בְּעוּתְרָא וּבִבְנִין בְּכָל מַה דְּאִצְטְרִיךְ. וְלָא שָׁלִים נִדְרֵיהּ דְּנָדַר קַמָּךְ וְלָא נָסַבְתְּ עוֹנָשָׁא מִנֵּיהּ. מִיָּד וַתֵּלֶד רָחֵל וַתְּקַשׁ בְּלִדְתָּהּ. מַאי וַתְּקַשׁ. דְּאִתְקַשֵּׁי דִינָא לְעֵילָא גַּבֵּי מַלְאַךְ הַמָּוֶת. וְאִתְעַנַּשׁ יַעֲקֹב בְּהַאי. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דִּכְתִיב (משלי כ״ב:כ״ז) וְאִם אֵין לְךָ לְשַׁלֵּם לָמָּה יִקַּח מִשְׁכָּבְךָ מִתַּחְתֶּיךָ. וְעַל דָּא מִיתַת רָחֵל וְאִתְמָסַר דִּינָא עַל יְדָא דְּמַלְאַךְ הַמָּוֶת.

וְתָּא חֲזֵי, בְּשַׁעְתָּא דְּאֲתָא עֵשָׂו, מָה עֲבַד. וַיָּשֶׂם אֶת הַשְּׁפָחוֹת וְאֶת יַלְדֵיהֶן רִאשׁוֹנָה וְאֶת לֵאָה וִילָדֶיהָ אַחֲרוֹנִים וְאֶת רָחֵל וְאֶת יוֹסֵף אַחֲרוֹנִים. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּדָחִיל עֲלָה דְרָחֵל, דְּלָא יִסְתַּכַּל הַהוּא רָשָׁע בְּשַׁפִּירוּ דִילָהּ וְלָא יְקַטְרֵג לֵיהּ עֲלָהּ.

תוּ מַה כְּתִיב, וַתִּגַּשְׁנָה הַשְׁפָחוֹת הֵנָּה וְיַלְדֵיהֶן וַתִּשְׁתַּחֲוֶיןָ וַתִּגַּשׁ גַּם לֵאָה וִילָדֶיהָ וַיִּשְׁתַּחֲווּ, נָשִׁין מִקַּמֵּי גוּבְרִין. אֲבָל בְּרָחֵל מַה כְּתִיב וְאַחַר נִגַּשׁ יוֹסֵף וְרָחֵל, וְיוֹסֵף מִקַּמֵי אִמֵּיהּ וְאִיהוּ חָפָּא עֲלָהּ, וְעַל דָּא כְּתִיב, (בראשית מ״ט:כ״ב) בֶּן פּוֹרָת יוֹסֵף בֶּן פּוֹרָת עֲלֵי עָיִן. דְּאַסְגֵי גוּפֵיהּ וְחָפָּא עַל אִמֵּיהּ. עֲלֵי עָיִן, עֲלֵי עֵינָא דְהַהוּא רָשָׁע.

וְהָכָא אִתְעֲנָשַׁת עַל יְדָא דְּיֵצֶר הָרָע דְּקִטְרֵג בְּשַׁעְתָּא דְסַכָּנָה, וְאִתְעַנַּשׁ יַעֲקֹב עַל נִדְרָא דְּלָא שָׁלִים, וְדָא קַשְׁיָא לֵיהּ לְיַעֲקֹב מִכָּל עָקוּ דַּעֲבְרוּ עֲלֵיהּ. וּמְנָלָן דִּבְגִינֵיהּ דְּיַעֲקֹב הֲוָה, דִּכְתִיב, (בראשית מ״ח:ז׳) מֵתָה עָלַי רָחֵל. עָלַי וַדַּאי, עַל דְּאֲחָרִית נִדְרִי.

רִבִּי יוֹסֵי אָמַר, כְּתִיב, (משלי כז) קִלְּלַת חִנָּם לֹא תָבֹא. וְאוּקְמוּהָ לוֹ בְּוי''ו, דְּאִי קִלְּלַת צַדִּיקָא הִיא, אֲפִילּוּ דְּלָא אִתְכַּוַּן בָּהּ, כֵּיוָן דְּנָפְקָא מִפּוּמֵיהּ נָטַל לָהּ הַהוּא יֵצֶר הָרָע וְקִטְרֵג בָּהּ בְּשַׁעְתָּא דְסַכָּנָה.

יַעֲקֹב אָמַר, (בראשית ל״א:ל״ב) עִם אֲשֶׁר תִּמְצָא אֶת אֱלֹהֶיךָ לא יִחְיֶה. וְאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ לָא הֲוָה יָדַע, נָטִיל לָהּ לְהַהִיא מִלָּה הַהוּא שָׂטָן דְּאִשְׁתַּכַּח גַּבַּיְיהוּ תָּדִיר בִּבְנִי נָשָׁא. וְעַל דָּא תָּנִינָן, לְעוֹלָם לֹא יִפְתַּח בַּר נָשׁ פּוּמֵיהּ לְשִׂטְנָא, בְּגִין דְּנָטִיל הַהִיא מִלָּה וְקִטְרֵג בָּהּ לְעֵילָא וְתַתָּא. כָּל שֶׁכֵּן מִלָּה דְחָכָם אוֹ מִלָּה דְצַדִּיקָא, וְעַל תְּרֵין אִלֵּין אִתְעֲנָשַׁת רָחֵל:

וַיְהִי (קנהב) בְּצֵאת נַפְשָׁהּ כִּי מֵתָה. אָמַר רִבִּי אַבָּא וְכִי כֵּיוָן דְּאָמַר וַיְהִי בְּצֵאת נַפְשָׁהּ לָא יְדַעְנָא כִּי מֵתָה. אֶלָא אִצְטְרִיךְ בְּגִין דְּלָא אַהֲדָרַת לְגוּפָא יַתִּיר, וּמִיתַת רָחֵל מִיתַת גּוּפָא, בְּגִין דְּאִית בְּנִי נָשָׁא דְּנָפְקֵי נִשְׁמָתַיְיהוּ וְאַהַדְרָן לְאַתְרַיְיהוּ וּכְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (שמואל א ל) וַתָּשָׁב נַפְשׁוֹ (לפנינו בקרא רוחו. ובדפוס ירושלים איתא גם בזוה''ק ותשב רוחו אליו) אֵלָיו, (בראשית מב) וַיֵּצֵא לִבָּם, (שיר השירים ה) נַפְשִׁי יָצְאָה בְּדַבְּרוֹ. (מלכים א יז) לא נוֹתְרָה בּוֹ נְשָׁמָה. אֲבָל הַאי נָפְקַת נִשְׁמָתָהּ וְלָא אִתְהַדָּרַת לְאַתְרָהּ וּמִיתַת רָחֵל.

וַתִּקְרָא שְׁמוֹ בֶּן אוֹנִי. דְּקַשְׁיוּ דְדִינָא דְּאִתְגְּזַר עֲלָהּ. וְיַעֲקֹב אַהֲדַר לֵיהּ וְקָשִׁיר לֵיהּ לְימִינָא, בְּגִין דְּמַעֲרָב אִצְטְרִיךְ לְקָשְׁרָא לֵיהּ לִימִינָא, וְאַף עַל גַּב דְּאִיהוּ בֶּן אוֹנִי סִטְרָא דְדִינָא קַשְׁיָא, בֶּן יָמִין אִיהוּ, דְּהָא בִּימִינָא אִתְקַשְּׁרַת. וְאִתְקְבָרַת בְּאָרְחָא כְּמָה דְאִתְּמָר. הַאי אִתְגַּלְּיָא מִיתָתָהּ וּקְבוּרָתָהּ, אֲבָל לֵאָה לָא אִתְגַּלְּיָא מִיתָתָהּ וּקְבוּרָתָהּ. וְאַף עַל גַּב דְּהַנֵּי אַרְבַּע אִמָּהָן רָזָא אִית לוֹן וְהָא אוּקְמוּהָ:

וַיַּצֶּב יַעֲקֹב מַצֵּבָה עַל קְבוּרָתָהּ, אָמַר רִבִּי יוֹסֵי, מַאי טַעְמָא. בְּגִין דְּלָא אִתְכַּסְיָא אַתְרָהּ עַד יוֹמָא דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַאֲחָיָיא מֵתַיָיא. כְּמָה דְאִתְּמָר עַד הַיּוֹם, עַד הַהוּא יוֹמָא מַמָּשׁ.

רִבִּי יְהוּדָה אָמַר, עַד יוֹמָא דְּתֵהְדַר שְׁכִינְתָּא בְּגָלוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל בְּהַהוּא אֲתַר, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ירמיהו ל״א:י״ז) וְיֵשׁ תִּק2וה לְאַחֲרִיתֵךְ נְאֻם יְיָ וְשָׁבוּ בָנִים לִגְבוּלָם. וְדָא אוֹמָאָה דְּאוֹמֵי לָהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וּזְמִינִין יִשְׂרָאֵל כַּד יְתוּבוּן מִן גָּלוּתָא, לְקָיְימָא עַל הַהִיא קְבוּרָה דְרָחֵל וּלְמִבְכֵּי תַּמָּן. כְּמָה דְאִיהִי בָּכַאת עַל גָּלוּתְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל. וְעַל דָּא כְּתִיב, (ירמיהו ל״א:ט׳) בִּבְכִי יָבֹאוּ וּבְתַחֲנוּנִים אוֹבִילֵם וְגו'. וּכְתִיב, (ירמיהו ל״א:ט׳) כִּי יֵשׁ שָׂכָר לִפְעוּלָתֵךְ. וּבְהַהִיא
(Ⅰ)
[176a]  
[...] composé de tous les vents ensemble. Bien que les morts ressuscités par Ézéchiel fussent retombés en poussière aussitôt après leur résurrection, le Saint, béni soit-il, voulait, par cet acte, annoncer au monde qu’à la fin des jours il ressusciterait tous les morts, et que les corps de ceux qui s’étaient appliqués à l’étude de la Loi subsisteraient toujours, parce que leurs âmes plaideront pour eux.
Rabbi Siméon dit : La. Loi même se placera devant le Saint, béni soit-il, et parlera en faveur de ceux qui se sont appliqués à elle ; c’est elle qui obtiendra la vie éternelle en faveur de ses fidèles.
C’est pourquoi l’Écriture (Osée, XIV, 10) dit : « ... Car les voies du Seigneur sont droites ; les justes y marcheront sûrement ; mais les pécheurs y trébucheront. »
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (I Rois, II, 22) : « Et Héli était très vieux ; et il apprit la manière dont ses fils se conduisaient à l’égard de tout le peuple d’Israël, et qu’ils dormaient avec les femmes qui venaient veiller à l’entrée du tabernacle. » Peut-on admettre que les prêtres du Seigneur aient commis un crime pareil ? Et plus haut l’Écriture explique elle-même que le péché des enfants d’Héli consistait uniquement en ceci qu’il détournait les hommes du sacrifice du Seigneur. Comment se fait-il donc que l’Écriture dise ensuite qu’ils dormaient avec des femmes ? Auraient-ils pu commettre un pareil crime en un lieu saint, sans que les Israélites les eussent tués ? Mais comme ils empêchaient tous ceux qui n’apportaient pas des sacrifices, d’entrer au tabernacle, les femmes se virent obligées de les supplier de les faire entrer.
L’Écriture leur compte cet acte pour un crime tel que s’ils eussent dormi avec les femmes. Il en est de même de Ruben, dont l’Écriture dit : « ... Et il dormit avec Bala. » Qu’à Dieu ne plaise d’admettre que Ruben ait commis un pareil crime ! Mais, jaloux de ce que Bala avait pris la place de sa mère, il empêcha Jacob de cohabiter avec elle. Or, comme il avait éloigné la Schekhina par cet acte, (attendu qu’elle n’est présente que là, où le mari cohabite avec la femme), l’Écriture lui reproche ce méfait comme s’il avait dormi avec Bala. C’est pour avoir éloigné la Schekhina de sa maison que Jacob reprocha (Gen., XLIV, 4) à Ruben : « ... Car tu es monté sur le lit de ton père et tu as profané sa couche. » C’est pourquoi, après que l’Écriture nous a appris que Ruben avait dormi avec Bala, elle fait l’énumération des douze tribus, afin de nous indiquer qu’aucun des douze fils de Jacob ne s’était jamais rendu coupable d’aucun crime qui lui eût valu d’être rayé du nombre des tribus.
Rabbi Éléazar dit : Pourquoi l’Écriture (Gen., XXXV, 21) commence-t-elle par le nom d’Israël, et (ibid., 23) finit-elle par le nom de Jacob ? Mais, après l’acte de Ruben, la Schekhina s’était retirée de la maison, et Israël reprit son nom de Jacob. L’Écriture dit : « Et les enfants de Jacob étaient au nombre de douze. » L’Écriture nous indique que la Schekhina s’était réconciliée avec les tribus ; car tous les fils de Jacob [...]
- שַׁעְתָּא זְמִינַת רָחֵל דְּאִיהִי בְאָרְחָא לְמֶחֱדֵי בְּהוּ בְּיִשְׂרָאֵל וְעִם שְׁכִינְתָּא וְאוּקְמוּהָ חַבְרַיָּיא:

וַיְהִי בִּשְׁכֹּן יִשְׂרָאֵל בָּאָרֶץ הַהִיא וַיֵּלֶךְ רְאוּבֵן וַיִּשְׁכַּב אֶת בִּלְהָה פִּלֶּגֶשׁ אָבִיו וַיִּשְׁמַע יִשְׂרָאֵל וַיִּהְיוּ בְּנֵי יַעֲקֹב שְׁנֵים עָשָׂר. רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, וַיְהִי בִּשְׁכֹּן יִשְׂרָאֵל בָּאָרֶץ הַהִיא, דְּהָא לֵאָה וְרָחֵל מִיתוּ, וְנָטְלָא בֵּיתָא מַאן דְּנָטִיל.

וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דִּרְאוּבֵן אָזִיל וְשָׁכִיב בַּהֲדָהּ דְּבִלְהָה. אֶלָּא, כָּל יוֹמָא דְּלֵאָה וְרָחֵל שְׁכִינְתָּא שַׁרְיָיא עֲלַיְיהוּ. וְהַשְׁתָּא דְמִיתוּ, שְׁכִינְתָּא לָא אִתְפְּרָשַׁת מִן בֵּיתָא, וְשַׁרְיָא בְּבֵיתָא בְּמִשְׁכְּנָא דְבִלְהָה. וְאַף עַל גַּב דִּשְׁכִינְתָא בַּעְיָא לְנַטְלָא בֵּיתָא כְּדְקָא יָאוֹת, אִלְמָלֵא יַעֲקֹב לָא אִשְׁתַּכַּח בְּזִוּוּגָא דְּכַר וְנוּקְבָא, לָא שַׁרְיָא שְׁכִינְתָּא בְּאִתְגַּלְּיָא בְּבֵיתָא. וְעַל דָּא קָיְימָא שְׁכִינְתָּא בְּמַשְׁכְּנָא דְבִלְהָה. וְאָתָא רְאוּבֵן וּבְגִין דְּחָמָא דְבִלְהָה יָרְתָא אַתְרָא דְאִמֵּיהּ, אֲזַל וּבִלְבֵּל עַרְסָא. וְעַל דְּקָיְימָא שְׁכִינְתָּא עֲלָהּ, כְּתִיב בֵּיהּ וַיִּשְׁכַּב אֶת בִּלְהָה.

רַבִּי יֵיסָא אָמַר, דְּנָאִים עַל הַהוּא עַרְסָא וְלָא חַיִּישׁ לִיקָרָא דִשְׁכִינְתָּא. וּבְגִין כָּךְ לָא אִתְפְּגִים מֵחוּשְׁבָּנָא דְשִׁבְטִין וְאָתָא קְרָא וְעֲבִיד חוּשְׁבְּנָא. בְּגִין כָּךְ כְּתִיב, בְּכוֹר יַעֲקֹב רְאוּבֵן. וְאִיהוּ עָבִיד קְרָא רֵישָׁא דְּכָל שִׁבְטִין.

רַבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (הושע י״ד:י׳) כִּי יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְיָ וְגו', כָּל אָרְחוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כֻּלְּהוּ יְשָׁרִים וְאָרְחוֹי קְשׁוֹט, וּבְנִי עַלְמָא לָא יָדְעִין וְלָא מַשְׁגִּיחִין עַל מַה אִינוּן קָיְימִין. וְעַל דָּא וְצַדִּיקִים יֵלְכוּ בָם, בְּגִין דְּאִינוּן יָדְעִין אָרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וּמִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא. דְּכָל מַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, אִיהוּ יָדַע וְאָזִיל בְּהוּ דְּלָא סָטֵי לִימִינָא וְלִשְׂמָאלָא.

וּפוֹשְׁעִים יִכָּשְׁלוּ בָם, אִלֵּין אִינוּן חַיָּיבִין דְּלָא מִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, וְלָא מִסְתַּכְּלָן בְּאָרְחוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְלָא יָדְעִין לְאָן אוֹרְחֵי אָזְלִין. וּבְגִין דְּלָא יָדְעֵי לְאִסְתַּכְּלָא וְלא מִשְׁתַּדְּלֵי בְּאוֹרַיְיתָא, אִינוּן כָּשְׁלֵי בְּהוּ בְּאִינוּן אָרְחוֹי בְּהַאי עַלְמָא וּבְעַלְמָא דְאָתֵי.

תָּא חֲזֵי, כָּל בַּר נָשׁ דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא, כַּד נָפִיק מֵהַאי עַלְמָא נִשְׁמָתֵיהּ סָלְקָא בְּאִינוּן אָרְחִין וּשְׁבִילִין (דאינון באורייתא) דְּאוֹרַיְיתָא. וְאִינוּן אָרְחִין וּשְׁבִילִין דְּאוֹרַיְיתָא יְדִיעָן אִינוּן, וְאִינוּן דְּיָדְעֵי אָרְחוֹי דְאוֹרַיְיתָא בְּהַאי עַלְמָא יַהֲכוּן בְּהוּ בְּהַהוּא עַלְמָא כַּד יִפְקוּן מֵהַאי עַלְמָא.

וְאִי לָא אִשְׁתַּדָּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא בְּהַאי עַלְמָא וְלָא יָדְעִין אָרְחִין וּשְׁבִילִין, כַּד יִפְקוּן מֵהַאי עַלְמָא לָא יִנְדְּעוּן לְמֵיהַךְ בְּאִינוּן אָרְחִין וּשְׁבִילִין וְכָשְׁלִין בְּהוֹן. כְּדֵין יְהַךְ בְּאָרְחִין אָחֳרָנִין דְּלָאו אִינוּן אָרְחִין דְּאוֹרַיְיתָא, וְיִתְעָרוּן לֵיהּ בְּכַמָּה דִינִין וְאִתְעַנַּשׁ בְּהוּ.

וּמַאן דְּאִשְׁתַּדַּל בְּאוֹרַיְיתָא מַה כְּתִיב, (משלי ו׳:כ״ב) בְּשָׁכְבְּךָ תִּשְׁמֹר עָלֶיךָ וַהֲקִיצוֹתָ הִיא תְשִׂיחֶךָ. בְּשָׁכְבְּךָ בְּקִבְרָא, אוֹרַיְיתָא תִּצּוֹר עָלֶיךָ מִדִּינָא דְּהַהוּא עָלְמָא. וְהֱקִיצוֹתָ, כַּד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יִתְעַר רוּחִין וְנִשְׁמָתִין לְאַחַיָּיא מֵתַיָיא כְּדֵין הִיא תְּשִׂיחֶךָ, הִיא תְּהֵא סַנֵּיגוֹרְיָא עַל גּוּפָא, בְּגִין דִּיקוּמוּן אִינוּן גּוּפִין דְּאִשְׁתַּדְּלוּ בְאוֹרַיְיתָא כִּדְּקָא יָאוֹת. וְאִלֵּין אִינוּן דִּיקוּמוּן בְּקַדְמִיתָא לְחַיֵּי עָלְמָא, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דניאל י״ב:ב׳) וְרַבִּים מִישֵׁנִי אַדְמַת עָפָר יָקִיצוּ אֵלֶּה לְחַיֵּי עוֹלָם וְגו'. וְאִלֵּין אִינוּן לְחַיֵּי עוֹלָם, בְּגִין דְּאִתְעַסְּקוּ בְּחַיֵּי עוֹלָם דְּאִיהִי אוֹרַיְיתָא.

וְתָּא חֲזֵי, כָּל אִינוּן דְּאִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא, הַהוּא גּוּפָא יִתְקַיַּים וְאוֹרַיְיתָא תָּגִין עֲלֵיהּ. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דִּבְהַהִיא שַׁעְתָּא יִתְעַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא חַד רוּחָא דְּכָלִיל מֵאַרְבַּע רוּחִין, וְהַהוּא רוּחָא דְּכָלִיל מֵאַרְבַּע רוּחִין, אִזְדַּמַּן לְכָל אִינוּן דְּאִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא לַאֲחָיָיא לוֹן בְּהַאי רוּחָא בְּגִין דְּיִתְקַיַים לְעָלְמִין.

וְאִי תֵימָא, הָא כְּתִיב (יחזקאל ל״ז:ט׳) מֵאַרְבַּע רוּחוֹת בֹּאִי הָרוּחַ, אַמַּאי לָא אִתְקַיְימוּ, דְּהָא כֻּלְּהוּ מִיתוּ כְּמִלְּקַדְמִין. תָּא חֲזֵי, הַהוּא זִמְנָא דְּאוֹקִים קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַל יְדָא דִיחֶזְקֵאל אִינוּן מֵתַיָיא, הַהוּא (זמני דאתא) רוּחָא אַף עַל גַּב דְּהֲוָה מֵאַרְבַּע רוּחַיָּיא, לָא נָחִית לְקָיְימָא לוֹן בְּקִיּוּמָא, אֶלָּא לְאַחֲזָאָה דְּזַמִּין קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לַאֲחָיָיא מֵתַיָיא בְּהַהוּא גַוְונָא וּלְקַיְימָא לוֹן בְּרוּחָא
(Ⅰ)
[176b]  
[...] étaient des saints ; tous étaient dignes de la Schekhina et pouvaient contempler la gloire de leur Maître. Si Ruben avait commis un crime contre la chasteté, l’Écriture ne l’aurait pas compté parmi les douze tribus. Cependant, quelque légère qu’ait été la faute de Ruben, il a été puni, ainsi qu’il est écrit (I Paralip., V, 1) : « Voici les enfants de Ruben, fils aîné d’Israël ; car c’est lui qui était l’aîné, mais parce qu’il profana le lit de son père, son droit d’aînesse fut donné aux enfants de Joseph. » Il est écrit (Dan., II, 20) : « Que le nom du Seigneur soit béni dans tous les siècles ; toutes ses œuvres sont véritables, ainsi que toutes ses voies, et tout ce qu’il fait est réglé par la Sagesse suprême. »
Remarquez que toutes les actions de l’homme sont présentes devant le Saint, béni soit-il, qui veille sur le moindre mouvement de l’homme. En cohabitant la première nuit avec Lia, Jacob avait cru cohabiter avec Rachel. Si Jacob ne l’avait cru, Ruben n’aurait pas compté parmi le nombre des douze tribus. Ainsi, son ignorance a profité à Ruben ; car il a été engendré par Jacob, quand celui-ci croyait cohabiter avec Rachel. C’est pourquoi il reçut le nom de Ruben qui signifie « voyez le fils », sans autre désignation, c’est-à-dire sans désigner le fils de qui. Mais, comme en réalité il n’était pas le fils de Rachel, et comme, dans la pensée de Jacob, l’aîné devait être le fils de celle-ci, le droit d’aînesse finit par passer de Ruben à Joseph. Ainsi, toutes les voies du Saint, béni soit-il, sont dans la vérité. Rabbi Hizqiya ayant un jour visité Rabbi Yossé au moment où celui-ci préparait son repas, il remarqua que la marmite posée sur le feu laissait échapper de la graisse sur les charbons, ce qui produisait une fumée.
Rabbi Hizqiya dit alors à Rabbi Yossé : Si la fumée s’élevait encore aujourd’hui sur l’autel du sanctuaire, comme elle s’élève maintenant de ces charbons, l’irritation du ciel ne se serait pas manifestée dans le monde, et Israël n’aurait pas été exilé..
Rabbi Yossé commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Cant., III, 6) : « Qui est celle-ci qui s’élève du désert, comme une colonne de fumée, mêlée de parfums de myrrhe, d’encens, et de toutes sortes de poudres de senteur ? » Remarquez que, durant le temps où les Israélites erraient dans le désert, la Schekhina marchait au-devant d’eux, ainsi qu’il est écrit (Ex., XIII, 21) : « Et le Seigneur marchait au-devant d’eux pour leur montrer le chemin, paraissant durant le jour en une colonne de nuées, et pendant la nuit en une colonne de feu, pour leur servir de guide le jour et la nuit. » Tel est également le sens des paroles du verset suivant : « Voici ce que dit le Seigneur : Je me suis souvenu de toi, de la compassion que j’ai eue de ta jeunesse, de l’amour que j’eus pour toi, lorsque je te pris pour mon épouse, quand tu me suivis dans le désert, etc. » La nuée s’élevait pendant que la Schekhina était présente ; et elle disparaissait lorsque la Schekhina s’en allait, ainsi qu’il est écrit (Ex., XL, 36) : « Quand la nuée se retirait du tabernacle, les enfants d’Israël partaient, etc. » Quand cette nuée s’élevait, tous les enfants de la terre se demandaient : « Qui est celle-ci qui s’élève du désert ? » Pourquoi la nuée dont la Schekhina était entourée porte-t-elle le nom de fumée ? Parce que la Schekhina a été attirée dans ce monde par le feu qui brûlait dans le cœur des patriarches. « Les parfums de myrrhe » désignent Abraham dont la fumée s’élevait vers le côté droit, c’est-à-dire vers la Clémence. Le mot « d’encens » désigne Isaac qui s’élevait vers le côté gauche, c’est-à-dire vers la Rigueur. Les mots : «... Toutes sortes de poudres de senteur » désignent Jacob.

D’après une autre interprétation, ces derniers mots désignent le cercueil de Joseph qui marchait devant les Israélites dans le désert. L’Écriture désigne Joseph par le mot « rokhel », parce qu’il a calomnié ses frères près de son père (31).
D’après une autre interprétation encore, l’Écriture désigne Joseph par le mot « rokhel », parce qu’il possédait toutes les vertus et observait tous les commandements de la Loi ; il ressemblait à un herboriste qui étale dans sa boutique toutes sortes d’herbes et de poudres de senteur propres à la guérison de toutes sortes de maladies. Joseph, lui aussi, possédait toutes les vertus propres à guérir le monde de ses maux. Voilà la raison pour laquelle la Schekhina s’était attachée à Abraham, Isaac, Jacob et Joseph, qui avaient des figures semblables. C’est pourquoi également l’Écriture (Gen., XXXVII, 2) dit : « Voici les enfants de Jacob : Joseph... » Joseph seul comptait pour enfant de Jacob, parce qu’il lui ressemblait. Remarquez, en outre, que lorsque Israël offrait des holocaustes sur la terre sacrée, cet acte l’unissait au Saint, béni soit-il. Lorsque la fumée s’élevait de dessus les autels en colonne droite vers le ciel, tout le monde savait que, agréé, le sacrifice avait allumé [...]
- דְּאִתְכְּלִיל בְּהַאי גַוְונָא. וְאַף עַל גַּב דְּאַהֲדָרוּ גַּרְמִין בְּהַהִיא שַׁעְתָּא כְּמָה דְהֲוָה. קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בָּעָא לְאַחֲזָאָה לְכָל עַלְמָא דְּאִיהוּ זַמִּין לַאֲחָיָיא מֵתַיָיא (מה כתיב, (ישעיהו כ״ו:י״ט) יחיו מתיך נבלתי יקומון. על דא ההוא רוחא דזמין לנחתא בהו בצדיקיא) (נ''א ועל דא ההוא רוחא דזמין לנחתא בהו בצדיקיא. מה כתיב מארבע רוחות באי הרוח, רוחא דאתכלילת בארבע), בְּגִין דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זַמִּין לְקַיְימָא לְהוּ קִיּוּמָא שְׁלִים בְּעַלְמָא כְּדְקָא יְאוּת. וְאִינוּן דְּאִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא בְּהַאי עַלְמָא, הִיא קָיְימָא עֲלֵיהּ דְּבַר נָשׁ וְאִתְעֲבִידַת סַנִּיגוֹרְיָא קַמֵּי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא.

רִבִּי שִׁמְעוֹן אָמַר, כָּל אִינוּן מִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא וְכָל הַהִיא אוֹרַיְיתָא דְּאִשְׁתַּדַּל בָּהּ בַּר נָשׁ בְּהַאי עָלְמָא, אִינוּן מִלִּין וְהַהִיא אוֹרַיְיתָא קָיְימָא קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וַאֲמָרַת קַמֵיהּ וְהִיא אֲרִימַת קָלִין וְלָא אִשְׁתַּכָּכַת. וּלְהַהוּא זִמְנָא אִיהִי תָשִׂיחַ וְתֵימָא כְּפוּם דְאִתְדָּבַּק בַּר נָשׁ וְאִשְׁתְּדָּל בְּהַאי עַלְמָא, וְעַל דָּא אִינוּן יְקוּמוּן בְּקִיּוּמָא שְׁלִים לְחַיֵּי עַלְמָא כְּדְקָאֲמָרָן. וּבְגִין כָּךְ (הושע י״ד:י׳) כִּי יְשָׁרִים דַּרְכֵי יְיָ וְצַדִּיקִים יֵלְכוּ בָם וּפוֹשְׁעִים יִכָּשְׁלוּ בָם.

רַבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (שמואל א ב׳:כ״ב) וְעֵלִי זָקֵן מְאֹד וְשָׁמַע אֵת כָּל אֲשֶׁר יַעֲשׂוּן בָּנָיו לְכָל יִשְׂרָאֵל וְאֵת אֲשֶׁר יִשְׁכְּבֻן אֶת הַנָּשִׁים הַצֹּבְאוֹת פֶּתַח אֹהֶל מוֹעֵד. וְכִי סַלְקָא דַעְתָּךְ דְּכֹהֲנֵי יְיָ דְּיַעַבְדוּן עֲבִידְתָּא דָא. וְהָא מִקַּדְמַת דְּנָא אִתְּמָר וּפְרִישַׁת אוֹרַיְיתָא הַהוּא חוֹבָא דִלְהוֹן דִּכְתִיב, (שמואל א ב׳:י״ז) כִּי נִאֲצוּ הָאֲנָשִׁים אֶת מִנְחַת יְיָ. וּכְתִיב וּמִשְׁפַּט הַכֹּהֲנִים מֵאֵת הָעָם כָּל אִישׁ זוֹבֵחַ זֶבַח וְגו'. וּכְתִיב גַּם בְּטֶרֶם יַקְטִירוּן אֶת הַחֵלֶב וּבָא נַעַר הַכֹּהֵן וְאָמַר לָאִישׁ הַזּוֹבֵחַ תְּנָה לִצְלוֹת לַכֹּהֵן וְגו'. וּכְתִיב וְאָמַר לוֹ כִּי עַתָּה תִּתֵּן וְאִם לֹא לָקַחְתִּי בְּחָזְקָה. וְעַל דָּא וַתְּהִי חַטַּאת הַנְּעָרִים גְּדוֹלָה מְאֹד וְגו'. וְכָל דָּא לָא הֲווּ נָטְלִין אֶלָּא מֵאִינוּן חוּלָקִין דְּהֲווּ לְהוּ לְכַהֲנֵי לְמֵיכַל מִנֵּיהּ, וְעַל דְּהֲוָה קָלִיל קָרְבָּנָא בְּעֵינַיְיהוּ אִתְעֲנָשׁוּ. וְהָכָא אָמַר אֵת אֲשֶׁר יִשְׁכְּבוּן אֶת הַנָּשִׁים הַצּוֹבְאוֹת. (אלא) חַס וְשָׁלוֹם דְּהֲווּ עָבְדוּ עֲבֵירָה דָא, כָּל שֶׁכֵּן בְּאַתְרָא קַדִּישָׁא הַהוּא, דְּלָא יְקוּמוּן כָּל יִשְׂרָאֵל וְיִקְטְלוּן לְהוֹן. אֶלָּא בְּגִין דְּהֲווּ מְעַכְּבֵי לוֹן לְאָעֳלָא לְמַקְדְּשָׁא, וּמָחָאן בִּידֵהוֹן דְּלָא לְאָעֳלָא לְמִצְלֵי צְלוֹתָא עַד דְּקוּרְבָּנַיָא אִתְעֲבִידוּ בְּגִין דְּאִינוּן לָא מַיְיתִין קָרְבָּנִין לְמֵיטַל חוּלָקָא מִנַּיְיהוּ, וּבְגִין כָּךְ מְעַכְּבִין לוֹן. וּבְגִין כָּךְ אִינוּן נָשִׁים הֲווּ בָּעָאן מִנַּיְיהוּ לְאַעֳלָא תַּמָּן. וְעַל דָּא כְּתִיב אֵת אֲשֶׁר יִשְׁכְּבוּן אֶת הַנָּשִׁים, דִּמְעַכְּבֵי לוֹן כִּדְקָאֲמָרָן.

כְּגַוְונָא דָא וַיִּשְׁכַּב אֶת בִּלְהָה. חַס וְשָׁלוֹם דְּאִיהוּ שָׁכַב עִמָּהּ, אֶלָּא בְּגִין דְּעָכַּב לָהּ לְשַׁמָּשָׁא בַּאֲבוֹי שִׁמּוּשָׁא דְמִצְוָה, וְדָא הוּא בִּלְבּוּלָא דְעַרְסָא. וְעֲבַד לָקֳבֵיל שְׁכִינְתָּא עֲבִידְתָּא דָא, דְּבְּכָל אֲתַר דְּשִׁמּוּשָׁא דְמִצְוָה אִשְׁתַּכַּח, שְׁכִינְתָּא שַׁרְיָא עַל הַהוּא אֲתַר וְאִשְׁתַּכַּח תַּמָּן. וּמַאן דְּגָרִים לְעַכָּבָא שִׁמּוּשָׁא דְמִצְוָה גָּרִים דְּיִסְתַּלַּק שְׁכִינְתָּא מֵעַלְמָא. וְעַל דָּא כְּתִיב (בראשית מ״ט:ד׳) כִּי עָלִיתָ מִשְׁכְּבֵי אָבִיךָ אָז חִלַּלְתָּ יְצוּעִי עָלָה. וּבְגִין דָּא כְּתִיב, וַיִּשְׁכַּב אֶת בִּלְהָה פִּלֶגֶשׁ אָבִיו וַיִּשְׁמַע יִשְׂרָאֵל וַיִּהְיוּ בְּנִי יַעֲקֹב שְׁנֵים עָשָׂר. כֻּלְּהוּ הֲווּ בְּמִנְיָינָא וְלָא גָרַע מִזְּכוּתָא דִלְהוֹן כְּלוּם.

רִבִּי אֶלְעָזָר אָמַר, מַאי טַעֲמָא בְּקַדְמִיתָא יִשְׂרָאֵל וּלְבָתַר יַעֲקֹב. דִּכְתִיב, וַיִּשְׁמַע יִשְׂרָאֵל וַיִּהְיוּ בְּנֵי יַעֲקֹב שְׁנֵים עָשָׂר. אֶלָּא כַּד אֲתָא רְאוּבֵן וּבִלְבֵּל הַהוּא עַרְסָא אָמַר וּמַה תְּרֵיסַר שִׁבְטִין הֲווּ לֵיהּ לְאַבָּא לְקַיְימָא בְּעַלְמָא וְלָא יַתִּיר, וְהַשְׁתָּא בָּעֵי לְאוֹלָדָא בְּנִין דִּילְמָא אֲנַן פְּגִימִין דְּאִיהוּ בָּעֵי לְאוֹלָדָא אָחֳרָנִין כְּמִלְּקַדְמִין. מִיָּד בִּלְבֵּל הַהוּא עַרְסָא, וְאִתְעַכַּב הַהוּא שִׁמּוּשָׁא. כְּאִילּוּ עֲבַד קְלָנָא לְגַבֵּי שְׁכִינְתָּא דְּשַׁרְיָא עַל הַהוּא עַרְסָא. וְעַל דָּא כְּתִיב וַיִּשְׁמַע יִשְׂרָאֵל, דְּהָא בִּשְׁמָא דָא אִסְתַּלַּק גּוֹ תְּרֵיסַר דְּאִתְכַּסְיָין דְּאִינוּן תְּרֵיסַר נַהֲרִי אֲפַרְסְמוֹנָא דַכְיָא.

וַיִּהְיוּ בְּנִי יַעֲקֹב שְׁנֵים עָשָׂר, אִלֵּין תְּרֵיסַר שִׁבְטִין דִּשְׁכִינְתָּא אִתְתַּקָּנַת בְּהוּ. וּמַאן אִינוּן, אִלֵּין דְּאוֹרַיְיתָא אַהֲדָרַת וְעָבִיד לוֹן חוּשְׁבְּנָא
(Ⅰ)
[177a]  
[...] la lampe céleste d’en-haut ; et tous les visages s’épanouissaient de joie. Mais, depuis le jour où le sanctuaire a été détruit, il ne se passe pas de jour sans irritation, ainsi qu’il est écrit (Ps., VII, 12) : « Et le Seigneur s’irrite tous les jours. » Toute joie pour Israël a cessé en haut aussi bien qu’en bas ; il est dans l’exil, sous la domination des dieux étrangers ; ainsi s’accomplit en lui la prophétie (Deut., XXVI, 64) suivante : « Le Seigneur te dispersera parmi tous les peuples, depuis une extrémité de la terre jusqu’à l’autre, et tu adoreras là des dieux étrangers que tu ignorais. » Et pourquoi ce grand châtiment ?
L’Écriture (Deut., XXVIII, 47) répond : « ... Parce que tu n’as pas servi ton Dieu avec joie et de bon cœur, ainsi que te le commandait l’abondance de toutes choses dont tu jouissais. » Que signifie : « ... Abondance de toutes choses » ? Israël possédera ce bien qui tient lieud’ « abondance de toutes choses », alors que maintenant, quelle que soit l’abondance dont il jouit, il manque de toutes choses, ainsi qu’il est écrit (Deut., XXX, 3) : « Le Seigneur ton Dieu te fera revenir de ta captivité ; il aura pitié de toi, et il te rassemblera encore en te retirant du milieu de tous les peuples où il t’avait auparavant dispersé. » Et immédiatement après L’Écriture ajoute : « Quand tu aurais été dispersé jusqu’aux extrémités du monde, le Seigneur ton Dieu t’en retirera. »
Il est écrit (Gen., XXXVI, 1) : « Voici le dénombrement des enfants d’Esaü appelé aussi Edom... » Remarquez que, tant qu’Isaac a vécu, seuls les enfants de Jacob ont été dénombrés, alors que les enfants d’Esaü ne sont énumérés dans l’Écriture (Gen., XXXV, 29) qu’après que celle-ci nous a dit : « Isaac fut réuni à son peuple dans une extrême vieillesse et chargé d’ans ; et ses enfants Esaü et Jacob l’ensevelirent. » Pourquoi ? Parce que seuls Jacob et ses enfants constituaient l’héritage d’Isaac, mais non pas Esaü et ses enfants.
Remarquez qu’après la mort d’Isaac, l’Écriture nous dit immédiatement : « Et Esaü épousa des femmes entre les filles de Chanaan. » Il a cédé à son frère Jacob le capital et l’intérêt de l’asservissement en Égypte, c’est-à-dire tous les bienfaits qui découlaient pour Israël de l’esclavage en Ègypte ; il lui céda sa part de la caverne double dans laquelle furent enterrés les patriarches et il finit par quitter son pays et la foi de ses ancêtres.
Remarquez que le départ d’Esaü a servi à Jacob, parce qu’il a pu se rattacher à l’héritage de son père, ainsi qu’il est écrit (Gen., XXXVI, 6) : « Et il se retira à cause de son frère Jacob. » Que signifient les mots : « ... A cause de son frère Jacob » ? Esaü ne voulait pas de la part d’héritage de son père, ni de sa foi ; et comme Jacob s’en empara, il quitta la terre à cause de Jacob. Heureux le sort de Jacob dont l’Écriture (Deut., XXXII, 9) dit : « Car il a choisi son peuple pour être particulièrement à lui, et il a pris Jacob pour être son héritage. » Il est écrit (Gen., XXXVI, 39) : « Voici les rois qui régnèrent au pays d’Edom, avant que les enfants d’Israël eussent un roi... »
Rabbi Yessa ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Abdias, I, 2) : « Je t’ai rendu l’un des moindres parmi les peuples, et tu n’es digne que de mépris. » Remarquez que, lorsque le Saint, béni soit-il, créa le monde, il le divisa en sept régions et confia le commandement de la terre à soixante-dix chefs célestes dont chacun est chargé du gouvernement d’un des soixante-dix peuples ainsi qu’il est écrit (Deut., XXXII, 8) : « Quand le Très-Haut a divisé les peuples, quand il a séparé les enfants d’Adam, il a marqué les limites des peuples, etc. » De tous les chefs célestes chargés du gouvernement des peuples, il n’y en a aucun qui soit si méprisable que le chef d’Esaü. Pourquoi ? Parce qu’il émane du côté impur qui fait horreur au Saint, béni soit-il ; il émane des régions dont le séjour est au-dessous de la meule du moulin (32).
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je t’ai rendu l’un des moindres parmi les peuples, et tu n’es digne que de mépris. » Il est digne de mépris en raison des paroles de l’Ecriture (Gen., III, 14) : « Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras la terre tous les jours de ta vie. » L’Écriture se sert du mot « meôd » (extrêmement digne de mépris), en raison des paroles de l’Écriture (ibid.) : « Tu es maudit entre tous les animaux et toutes les bêtes de la terre. » Remarquez que, dans les degrés inférieurs, c’est-à-dire dans le règne du démon, il existe de nombreux degrés hiérarchiques qui, bien que différents les uns des autres, sont en communication entre eux ; les divers chefs ne sont séparés qu’en apparence ; mais ils ne sont en réalité que les ramifications d’un seul et même arbre. Ils sont séparés en groupes ; tous les trois groupes ont à leur tête un chef qui gouverne un des peuples de la terre. Ces chefs à leur tour sont gouvernés par des chefs supérieurs chargés de la direction des étoiles et des corps célestes, de sorte que chaque peuple sur la terre se trouve indirectement sous l’influence d’une certaine [...]
- כְּמִלְּקַדְּמִין. כֻּלְּהוּ קַדִּישִׁין, כֻּלְּהוּ אִתְחַזְיָין לְגַבֵּי שְׁכִינְתָּא לְאִסְתַּכָּלָא בִּקְדוּשָׁה דְמָארֵיהוֹן. דְּאִילּוּ עֲבַד הַהוּא עוֹבָדָא לָא יֵיתֵי רְאוּבֵן בְּמִנְיָינָא.

וְעִם כָּל דָּא אִתְעֲנַשׁ דְּאִתְנְטִיל בְּכוֹרָתֵיהּ מִנֵּיהּ וְאִתְיְהִיב לְיוֹסֵף כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברי הימים א ה׳:א׳) וּבְנֵי רְאוּבֵן בְּכוֹר יִשְׂרָאֵל כִּי הוּא הַבְּכוֹר וּבְחַלְּלוֹ יְצוּעֵי אָבִיו נִתְּנָה בְּכוֹרָתוֹ לְיוֹסֵף.

תָּא חֲזֵי, (דניאל ב׳:כ׳) לֶהוֵא שְׁמֵהּ דִּי אֱלָהָא מְבָרַךְ מִן עָלְמָא וְעַד עָלְמָא דִּי כָּל מַעְבְּדוֹהִי קְשׁוֹט וְאָרְחָתֵיהּ דִּין, וְכָל מַה דְּאִיהוּ עָבִיד כֹּלָּא אִיהוּ בְּחָכְמְתָא עִלָּאָה.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה גָרִים עוֹבָדָא דְבַר נָשׁ, דְּהָא כָּל מַאי (מאן) דְאִיהוּ עָבִיד, כֹּלָּא אִתְרְשִׁים וְקָיְימָא קַמֵּי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. דְּהָא יַעֲקֹב בְּשַׁעְתָּא דְעָאל לְגַבָּהּ דְלֵאָה, כָּל הַהוּא לֵילְיָא רְעוּתֵיהּ וְלִבֵּיהּ הֲוָה בְּרָחֵל, דְּחָשִׁיב דְּרָחֵל אִיהִי. וּמֵהַהוּא שִׁמּוּשָׁא וְטִפָּה קַדְמָאָה וּמֵהַהוּא רְעוּתָא אִתְעֲבָרַת לֵאָה וְאוּקְמוּהָ. דְּהָא אִלְמָלֵא דְיַעֲקֹב לָא יָדַע לָא יִסְתַּלִּיק רְאוּבֵן בְּחוּשְׁבָּנָא. וְעַל דָּא לָא אִסְתַּלַּק בִּשְׁמָא יְדִיעָא אֶלָּא שְׁמֵיהּ סְתָם רְאוּבֵן.

וְעִם כָּל דָּא אַהֲדַר עוֹבָדָא לְאַתְרֵיהּ, כְּמָה דְהַהוּא רְעוּתָא קַדְמָאָה אִתְעֲבִידַת בְּרָחֵל, הַהוּא רְעוּתָא אִתְהַדָּרַת בָּהּ. דְּהָא בְּכוֹרָתֵיהּ אַהֲדָרַת לְיוֹסֵף בּוּכְרָא דְרָחֵל, אֲתַר דִּרְעוּתָא הֲוַת בְּרָחֵל וְכֹלָּא סָלִיק בְּאַתְרֵיהּ. בְּגִין דְּכָל עוֹבָדוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כֻּלְּהוּ קְשׁוֹט וּזְכוּ.

רִבִּי חִזְקִיָּה אַשְׁכְּחֵיהּ יוֹמָא חַד לְרַבִּי יוֹסֵי דְּהֲוָה מִסְטְמִיט סַפְסִינָא גוֹ קִטְרֵי דְנוּרָא וְהֲוָה סָלִיק קִטּוֹרָא דִּתְנָנָא לְעֵילָא. אָמַר לֵיהּ, אִלּוּ קִטּוּרָא דִּתְנָנָא דְקָרְבָּנָא דְּהֲוָה סָלִיק עַל גַּבֵּי מַדְבְּחָא הֲוָה סָלִיק תָּדִיר כִּי הַאי גַוְונָא, לָא שַׁרְיָא רוּגְזָא בְּעַלְמָא וְיִשְׂרָאֵל לָא אִתְגְּלִי מֵעַל אַרְעָא.

פָּתַח רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר, (שיר השירים ג׳:ו׳) מִי זֹאת עֹלָה מִן הַמִּדְבָּר כְּתִימְרוֹת עָשָׁן מְקֻטֶּרֶת מֹר וּלְבוֹנָה מִכֹּל אַבְקַת רוֹכֵל. מִי זֹאת עוֹלָה. תָּא חֲזֵי, בְּזִמְנָא דְהֲווּ יִשְׂרָאֵל אָזְלֵי בְּמַדְבְּרָא, שְׁכִינְתָּא אָזְלָא קַמַּיְיהוּ וְאִינְהוּ הֲווּ אָזְלֵי אֲבַתְרָהּ. דִּכְתִיב, (שמות י״ג:כ״א) וַיְיָ הוֹלֵךְ לִפְנֵיהֶם יוֹמָם בְּעַמּוּד עָנָן לַנְחוֹתָם הַדֶּרֶךְ וְלַיְלָה בְּעַמּוּד אֵשׁ לְהָאִיר לָהֶם וְגו'. וּבְגִין כָּךְ כְּתִיב, (ירמיהב) כֹּה אָמַר יְיָ זָכַרְתִּי לָךְ חֶסֶד נְעוּרַיִךְ אַהֲבַת כְּלוּלוֹתַיִךְ לֶכְתֵּךְ אַחֲרַי בַּמִּדְבָּר וְגו'.

וּשְׁכִינְתָּא הֲוַת אָזְלָא וְכֻלְּהוּ עֲנָנֵי יְקָר בַּהֲדָהּ. וְכַד הֲוָה שְׁכִינְתָּא נָטְלָא, הֲווּ נָטְלִין. כְּמָה דִכְתִיב, (שמות מ׳:ל״ו) וּבְהֵעָלוֹת הֶעָנָן מֵעַל הָאֹהֶל וְאַחֲרֵי כֵן יִסְּעוּ בְּנִי יִשְׂרָאֵל וְגו'. וְכַד אִיהִי סָלְקָא הַהוּא עֲנָנָא סָלְקָא עַד לְעֵילָא, וְכָל בְּנֵי עַלְמָא חָמָאן וְשָׁאֲלֵי וְאָמְרֵי, מִי זֹאת עוֹלָה מִן הַמִּדְבָּר כְּתִימְרוֹת עָשָׁן.

הַהוּא עֲנָנָא דִּשְׁכִינְתָּא אִתְחַזְיָא עָשָׁן, מַאי טַעֲמָא אִיהִי עָשָׁן. בְּגִין דְּנוּרָא דְּאַדְלִיק אַבְרָהָם וְיִצְחָק בְּרֵיהּ הֲוָה אָחִיד בָּהּ וְלָא אַעֲדֵי מִינָהּ. וְכַד אִתְאַחְדַת הַהוּא נוּרָא בְּגַוָּוהּ הֲוָה סָלִיק עֲנָנָא (נ''א תננא).

וְעִם כָּל דָּא, מְקֻטֶּרֶת מֹר וּלְבוֹנָה. מַאי מְקֻטֶּרֶת, מִתְקַטְרָא בִּתְרֵין סִטְרִין אָחֳרָנִין, עֲנָנָא דְאַבְרָהָם לִימִינָא, עֲנָנָא דְיִצְחָק לִשְׂמָאלָא. מִכֹּל אַבְקַת רוֹכֵל, דָּא יַעֲקֹב.

דָּבָר אַחֵר דָּא יוֹסֵף הַצַּדִּיק, בְּגִין דַּאֲרוֹנָא דְיוֹסֵף הֲוָה אָזִיל לְגַבֵּיהּ, אַמַּאי רוֹכֵל, בְּגִין דְּהֲוָה רָכִיל לַאֲחוֹי לְגַבֵּיהּ דְּאֲבוֹי. דָּבָר אַחֵר אַמַּאי רוֹכֵל, אֶלָּא מַה חֶנְוָנִי דָא קְטִירֵי דְּקוּסְטְרֵי וְאַבְקֵי דְפוּלְמֵי כֻּלְּהוּ בִּידֵיהּ. הָכִי נָמֵי יוֹסֵף, אִיהוּ קִיּוּמָא דְאוֹרַיְיתָא בְּגִין דְּאִיהוּ קִיֵּים לָהּ, בְּגִין דְּכָל פִּקּוּדֵי אוֹרַיְיתָא מִתְקַשְּׁרָן בִּנְטִירוּ דִּבְרִית קַדִּישָׁא.

וְעַל דָּא שְׁכִינְתָא מִתְקַטְּרָא בְּאַבְרָהָם יִצְחָק וְיַעֲקֹב וְיוֹסֵף, כְּחֲדָא אִינוּן וְדִיוּקְנָא חָדָא לְהוּ. הֲדָא הוּא דִּכְתִיב, (בראשית ל״ז:ב׳) אֵלֶּה תּוֹלְדוֹת יַעֲקֹב יוֹסֵף. וּבְגִין כָּךְ מִכֹּל אַבְקַת רוֹכֵל, בְּגִין דְּמֵאֲתַר דְּנַהֲרָא דְּנָגִיד וְנָפִיק אִשְׁתַּקְיָיא כֹּלָּא וּנְהִירוּ כָּל אַנְפִּין.

וְתָּא חֲזֵי, כַּד הֲווּ יִשְׂרָאֵל בְּאַרְעָא וְהֲווּ מַקְרִיבִין קָרְבָּנִין, כֻּלְּהוּ הֲווּ מִתְקָרְבִין לְגַבֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדְקָא יָאוֹת, וְכַד קָרְבָּנָא אִתְעֲבִיד וּתְנָנָא סָלִיק בְּאֹרַח מֵישַׁר, כְּדֵין הֲווּ יָדְעֵי דִּתְנָנָא דְּמַדְבְּחָא אַדְלִיק
(Ⅰ)
[177b]  
[...] étoile. De là vient que la destinée d’un peuple ne ressemble jamais à celle de l’autre. En décomposant tous les degrés inférieurs, on trouvera au centre le noyau sacré qui attire tout, même le côté impur. Pour qu’il ne se mêle pas avec la sainteté, il lui a été assigné pour résidence le côté gauche, alors que le côté droit est réservé à la sainteté. L’esprit impur du côté gauche diverge dans des milliers et des millions de sentiers sur lesquels marchent les peuples païens ; chacun des chefs célestes chargés du gouvernement des peuples possède autant de légions qu’il lui en faut pour gouverner son peuple respectif.
C’est pourquoi l’Écriture dit : « Je t’ai rendu l’un des moindres parmi les peuples, et tu n’es digne que de mépris. » Mais le règne des chefs célestes ne durera que jusqu’au jour où le Saint, béni soit-il, lui-même descendra et gouvernera ici-bas.
C’est pourquoi l’Écriture (Gen., XXXVI, 31) dit : «Voici les rois qui régnèrent au pays d’Edom, avant que les enfants d’Israël eussent un roi... » Ce roi, c’est le Saint, béni soit-il, lui-même. Le règne de Dieu sur la terre commencera par la plus humble des tribus, par Benjamin, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXVIII, 28) : « Là se trouve le petit Benjamin, qui est dans l’admiration et l’étonnement, etc. » C’est par Benjamin que le règne de Dieu commencera sur la terre ; mais il ne restera pas dans cette tribu ; il reviendra à la place qui lui convient, c’est-à-dire à la tribu de Juda, où il restera en toute éternité.
Rabbi Hiyâ ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XLV, 1 et 2) : « Écoute-moi maintenant, toi Jacob, mon serviteur, et toi, Israël, que j’ai choisi. Voici ce que dit le Seigneur qui t’a créé, qui t’a formé et qui t’a fait dès le sein de ta mère : Ne crains point, ô Jacob, mon serviteur, et toi, ô Ieschouroun (Israël), que j’ai choisi. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, a promis maintes fois à Israël de le faire participer au monde futur ; car Israël était le seul peuple parmi tous les peuples du monde qui ait reconnu le Saint, béni soit-il. C’est pourquoi il lui donna la loi de la vérité ; car quiconque la possède jouira du monde futur, ainsi qu’il est écrit (Is., LX, 21) : « Et tout ton peuple est un peuple de justes ; ils posséderont la terre pour toujours, etc. » Dans le verset précité, l’Écriture se sert de trois termes : Jacob, Israël et Ieschouroun.
Nous connaissons déjà la signification des deux premiers termes ; mais que signifie « Ieschouroun » ? Ce mot a la même signification que le mot « iaschor » dans le verset (Job, XXXIII, 27) suivant : Il sera égal (33)(iaschor) aux hommes, etc. » Car Jacob tenait également du côté droit et du côté gauche ; et c’est pour cette raison qu’il porte le nom de « Ieschouroun ». L’Écriture (Is., XLIII, 1) se sert de trois termes « créer, former et faire » pour désigner les trois mondes qui sont au-dessous du « monde d’émanation » (34). Heureux le sort d’Israël que le Saint, béni soit-il, a choisi parmi les peuples païens dont l’Écriture (Jér., X, 15) dit : « Leur ouvrage n’est que vanité ; ce n’est qu’une illusion dont on doit rire ; ils périront tous lorsque Dieu les visitera dans sa colère. » A l’époque où le Saint, béni soit-il, exterminera tous les peuples païens du monde, Israël seul subsistera, ainsi qu’il est écrit (Is., II, 1) : « Et le Seigneur seul paraîtra grand en ce jour-là. »
Rabbi Yehouda ouvrit une de ses conférences de la manière suivante : Il est écrit (Is., XLI, 15) : « Ne crains point, ô Jacob, qui es comme un ver, ni toi, Israël, qui es comme mort ; c’est moi qui viens te secourir, dit le Seigneur, et c’est le saint d’Israël qui te rachète. » Remarquez que le Saint, béni soit-il, a donné à chaque peuple un chef céleste pour le gouverner, ainsi que cela a été déjà dit. Chaque peuple, déifiant son chef, l’adore, ainsi qu’il est écrit (Michée, IV, 5) : « Car chaque peuple marche sous la protection de son Dieu. » Tous répandent le sang des innocents, font la guerre, tuent, vivent dans la débauche et emploient tous les moyens dont ils disposent pour commettre [...]
- בּוֹצִינָא דְּאִתְחַזְּיָא לְאַדְלָקָא, וְכָל אַנְפִּין נְהִירִין וּבוֹצִינִין דָּלְקִין.

וּמִיּוֹמָא דְּאִתְחָרִיב בֵּי מַקְדְּשָׁא לֵית לָךְ יוֹמָא וְיוֹמָא דְּלֵית בֵּיהּ זְעִימוּ וְרוּגְזָא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהילים ז׳:י״ב) וְאֵל זוֹעֵם בְּכָל יוֹם, וְאִתְפָּרַשׁ חֶדְוָה מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא. וְיִשְׂרָאֵל אָזְלִין בְּגָלוּתָא וְאִינוּן בִּרְשׁוּ דְּטַעֲוָון אָחֳרָנִין. וּכְדֵין אִתְקְיַּים קְרָא דִּכְתִיב, (דברים כ״ח:ל״ו) וְעָבַדְתָּ שָׁם אֱלֹהִים אֲחֵרִים.

וְכָל דָּא לָמָּה, בְּגִין דִּכְתִיב, (דברים כ״ח:מ״ז) תַּחַת אֲשֶׁר לא עָבַדְתָּ אֶת יְיָ אֱלֹהֶיךָ בְּשִׂמְחָה וּבְטוּב לֵבָב מֵרוֹב כֹּל. מַאי מֵרוֹב כֹּל. הָכָא מֵרוֹב כֹּל, וְהָתָם בְּחֹסֶר כֹּל.

עַד דְּיִתְעַר קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְיִפְרוֹק לוֹן מִבֵּינִי עַמְמַיָא, כְּמָא דְאַתְּ אָמֵר, (דברים ל׳:ג׳) וְשָׁב יְיָ אֱלֹהֶיךָ אֶת שְׁבוּתְךָ וְרִחַמְךָ וְשָׁב וְקִבֶּצְךָ מִכָּל הָעַמִּים אֲשֶׁר הֶפִיצְךָ יְיָ אֱלהֶיךָ שָׁמָּה. וּכְתִיב אִם יִהְיֶה נִדַּחֲךָ בִּקְצֵה הַשָּׁמַיִם מִשָּׁם יְקַבֶּצְךָ וְגו':

וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת עֵשָׂו הוּא אֱדוֹם. תָּא חֲזֵי, בְּחַיֵּי יִצְחָק לָא אִתְמַנּוּן בְּנוֹי דְעֵשָׂו כְּמָה דְּאִתְמַנּוּן בְּנוֹי דְיַעֲקֹב, דְּהָא עַד לָא מִית יִצְחָק אִתְמַנּוּן. אֲבָל בְּעֵשָׂו מַה כְּתִיב וַיִּגְוַע יִצְחָק וַיָּמָת וַיֵּאָסֶף אֶל עַמָּיו זָקֵן וּשְׂבַע יָמִים וַיִּקְבְּרוּ אֹתוֹ עֵשָׂו וְיַעֲקֹב בָּנָיו. בַּתְרֵיהּ מַה כְּתִיב וְאֵלֶּה תּוֹלְדוֹת עֵשָׂו הוּא אֱדוֹם. מַאי טַעְמָא, בְּגִין דְּהָא בְּחוּלָקֵיהּ וּבְאַחְסַנְתֵיהּ וְעַדְבֵיהּ לָאו אִיהוּ, אֶלָּא יַעֲקֹב וּבְנוֹי. וּבְגִין כָּךְ יַעֲקֹב וּבְנוֹי אִינוּן חוּלָקֵיהּ דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְעָאלִין בְּחוּשְׁבְּנָא. אֲבָל עֵשָׂו דְּלָאו אִיהוּ בְּחוּלָקָא דְּבִסְטַר דִּמְהֵימְנוּתָא, עָבִיד חוּשְׁבְּנֵיהּ לְבָתַר דְּמִית יִצְחָק, וְאִתְפְּרַשׁ חוּלָקֵיהּ לְאֲתַר אָחֳרָא.

תָּא חֲזֵי, לְבָתַר דְּמִית יִצְחָק, וְעֵשָׂו אִתְפָּרַשׁ לְסִטְרֵיהּ, מַה כְּתִיב וַיִקַּח עֵשָׂו אֶת נָשָׁיו וְגו' מִפְּנֵי יַעֲקֹב אָחִיו. דְּשָׁבַק לֵיהּ לְיַעֲקֹב קֶרֶן וְרֶיוַח שִׁעְבּוּדָא דְמִצְרַיִם, וְאַרְעָא. וְזַבִּין לֵיהּ חוּלָקֵיהּ מִן מְעַרְתָּא דְכָפֶלְתָּא, וְאֲזַל לֵיהּ מִן אַרְעָא וּמִן מְהֵימְנוּתָא וּמֵחוּלָקֵיהּ, דְּאֲזַל לֵיהּ מִכֹּלָּא.

תָּא חֲזֵי, כַּמָּה הֲוָה חוּלָקֵיהּ דְּיַעֲקֹב טָבָא בְּכֹלָּא. בְּגִין דְּלָא אִשְׁתָּאַר עֵשָׂו בַּהֲדֵיהּ וְאִתְפְּרַשׁ מִנֵּיהּ וְאֲזַל לֵיהּ לְחוּלָקֵיהּ וּלְעַדְבֵיהּ, וְאִשְׁתָּאַר יַעֲקֹב אָחִיד בְּאַחְסָנַת אֲבוֹי וּבְאַחְסָנַת אַבְהָתוֹי. וְעַל דָּא וַיֵּלֶךְ אֶל אֶרֶץ מִפְּנֵי יַעֲקֹב אָחִיו. מַאי מִפְּנֵי יַעֲקֹב אָחִיו. דְּלָא בָּעָא חוּלָקֵיהּ וְאַחְסַנְתֵּיהּ וְעַדְבָא דִמְהֵימְנוּתָא דִילֵיהּ. זַכָּאָה חוּלָקֵיהּ דְּיַעֲקֹב עֲלֵיהּ כְּתִיב, (דברים ל״ב:ט׳) כִּי חֵלֶק יְיָ עַמּוֹ יַעֲקֹב חֶבֶל נַחֲלָתוֹ:

וְאֵלֶּה הַמְּלָכִים אֲשֶׁר מָלְכוּ בְּאֶרֶץ אֱדוֹם לִפְנֵי מְלָךְ מֶלֶךְ לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל. רַבִּי יֵיסָא פָּתַח וְאָמַר, (עובדיה א׳:ב׳) הִנֵּה קָטָן נְתַתִּיךָ בַּגּוֹיִם בָּזוּי אַתָּה מְאֹד. תָּא חֲזֵי, כַּד עֲבַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא עַלְמָא, וּפָלַג אַרְעָא לְשִׁבְעָה תְּחוּמֵי פְּלִיגִין לָקֳבֵיל שִׁבְעִין רַבְרְבִין מְמַנָּן, וְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא פָּלִיג לוֹן לְשִׁבְעִין עַמִין כָּל חַד וְחַד כְּדְקָא חָזֵי לֵיהּ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דבהם לכ) בְּהַנְחֵל עֶלְיוֹן גּוֹיִם בְּהַפְרִידוֹ בְּנֵי אָדָם יַצֵב גְּבוּלוֹת עַמִים.

וּמִכֻּלְּהוּ רַבְרְבָן מְמַנָּן דְּאִתְמַסְרוּ לִשְׁאָר עַמִין לָא אִית בְּהוּ בָּזוּי קַמֵּיהּ כִּמְמַנָּא דְעֵשָׂו. מַאי טַעֲמָא, בְּגִין דְּסִטְרָא דְעֵשָׂו סִטְרָא מְסָאֲבָא אִיהוּ, וְסִטְרָא דִמְסָאֲבָא אִיהוּ קְלָנָא קַמֵּיהּ קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. מֵאִינוּן דַּרְגִּין זְעִירִין דְּבָתַר רֵיחַיָא סְרִיקְתָּא דְּקוֹסְטְרֵי סוּמְקֵי קָא אַתְיָא, וְעַל דָּא הִנֵּה קָטָן נְתַתִּיךָ בַּגּוֹיִם, בָּזוּי אַתָּה מְאֹד. דִּכְתִיב, (בראשית ג׳:י״ד) עַל גְּחוֹנְךָ תֵּלֵךְ וְעָפָר תֹּאכַל כָּל יְמֵי חַיֶּיךָ. מְאֹד, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר אָרוּר אַתָּה מִכָּל הַבְּהֵמָה וּמִכָּל חַיַּת הַשָּׂדֶה.

תָּא חֲזֵי, בְּדַרְגִּין תַּתָּאִין אִית דַּרְגִּין עַל דַּרְגִּין, כֻּלְּהוּ מְשַׁנְיָין דָּא מִן דָּא, וְכֻלְּהוּ דַרְגִּין קַפְטִירִין אִלֵּין, וּקְשִׁירִין אִלֵּין בְּאִלֵּין, וּמַלְכוּ אִתְפָּרַשׁ דָּא מִן דָּא, וּמַלְכוּ אִתְקַשַּׁר בְּמַלְכוּ. דָּא עֲיִּיל, וְדָא סָלִיק, אֲחִידָן בְּקִשְׁרָא חָדָא.

הַהוּא קִשְׁרָא מִשְׁחָתָא חָדָא לֵיהּ, וּתְלַת קִשְׁרִין לְהַהִיא מִשְׁחָתָא. בְּכָל קִשְׁרָא וְקִשְׁרָא חַד עִטְּרָא, וּבְכָל עִטְּרָא וְעִטְּרָא חַד קַפְסוֹרָא וְאִתְמַנָּא בְּעִטּוּרָא דִלְעֵילָא, וְאִתְמַנָּא וְנָחִית לְתַתָּא, עַד דְּאִתְקַשְּׁרוּ בֵּיהּ כֹּכְבַיָא וּמַזָּלֵי. כָּל חַד וְחַד אִתְפְּרַשׁ בֵּיהּ חַד
(Ⅰ)
[178a]  
[...] toutes sortes d’exactions et pour faire le mal à Israël ; mais celui-ci ne dispose d’autres armes, que de la bouche pour adresser des prières au ciel, tel que le ver à soie dont toute la force réside dans la bouche (35).
C’est pourquoi l’Écriture compare Israël à un ver. En outre, Israël est comparé à un ver, parce que, de même que le ver à soie pourvoit les rois des habits les plus précieux, et de même que le ver à soie laisse sa semence en mourant, semence dont naissent d’autres vers, de même Israël, bien que mort, ressuscitera, ainsi qu’il est écrit (Jér., XXVIII, 6) : « Car, comme l’argile est dans la main du potier, ainsi tu es dans ma main, maison d’Israël. » Que signifie le mot « homer » ? Ce mot désigne le verre qui, même brisé, peut être refondu de nouveau. De même Israël, bien qu’il soit mort, reste encore attaché à l’arbre de vie qui le fera revivre et le ressuscitera de la terre ; il n’y aura alors qu’un seul peuple qui, adorera le Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Sophonie, III, 9)) : «Je rendrai alors pures les lèvres des peuples, afin que tous invoquent le nom du Seigneur et que tous se soumettent à son joug dans un même esprit. » Rabbi Éléazar et Rabbi Isaac faisaient une fois un voyage ensemble. L’heure de la récitation du Schema arrivée, Rabbi Éléazar se leva, récita le Schema et fit ensuite sa prière. Rabbi Isaac lui demanda : Pourquoi n’as-tu pas fait ta prière avant de partir, puisqu’Une tradition nous apprend que l’homme ne doit se mettre en route avant d’avoir fait la prière ?
Rabbi Éléazar lui répondit : Avant de me mettre en route, l’heure de la prière n’était pas encore arrivée ; car l’heure de la prière commence pour les hommes de la terre avec le point du jour. Tel est le sens des paroles de la tradition : « L’heure de la récitation du Schema commence le matin dès le moment où l’épouse s’entretient avec l’époux. » La tradition veut dire : dès le moment où la Schekhina s’entretient avec son époux céleste. L’heure du lever du soleil est une heure de Clémence propice aux prières, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXXII, 5) : « Ils te craindront avec le soleil », ce qui veut dire que l’homme doit exprimer sa crainte du Seigneur au moment du lever du soleil. Arrivés près d’une forêt, ils levèrent les yeux et virent des êtres étranges se promener sur une montagne. Rabbi Isaac fut saisi de frayeur. Rabbi Éléazar lui dit : Que crains-tu ?
Rabbi Isaac lui répondit : La vue de cette grande montagne couverte d’êtres étranges de toutes espèces m’inspire de la crainte ; car ces êtres pourraient nous léser. Rabbi Éléazar lui répliqua : La seule crainte justifiée est celle des péchés commis ; mais l’homme n’a pas à craindre les créatures des montagnes, quelque puissantes qu’elles soient.
Rabbi Éléazar commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Gen., XXXVI, 24) : « Voici les fils de Sébéon : Aïa, Ana. C’est ce même Ana qui trouva les « iemim » dans le désert, lorsqu’il conduisait les ânes de Sébéon, son père. » Remarquez que le mot « iemim » ne désigne pas les peuplades indiquées dans le verset (Deut., II, 10) suivant : « Les Emim ont habité les premiers ce pays », attendu que ceux-ci s’appellent « Emim », alors que l’Écriture parle ici de « iemim ». Mais ce mot désigne certaines créatures étranges. Lorsque Caïn a été chassé de la face de la terre, ainsi qu’il est écrit (Gen., IV, 4) : « Tu m’as chassé de la face de la terre... », et plus loin (Gen., IV, 4) : « Et il habita vers la région orientale d’Eden », il engendra des esprits impurs, des démons et des diables (36). Car, au moment où le jour de sabbat approcha, l’œuvre de la création subit un arrêt, en sorte que plusieurs âmes sont restées sans corps (37). Ces âmes restèrent durant deux jours dans la région intermédiaire, entre celle des âmes et celle des corps, puisqu’il était douteux qu’elles fussent descendues le sixième jour de la création ou le septième. Comme ces âmes ne faisaient partie ni [...]
- כֹּכָבָא וְחַד מַזָּלָא, וְכָל כֹּכְבַיָא זְמִינִין אִינוּן בְּאִינוּן דַּרְגִּין דִּלְעֵילָא. וְעַל דָּא כָּל דַּרְגָּא וְדַרְגָּא אִתְעַטַּר בְּאַתְרִין יְדִיעָן כְּדְקָא חָזֵי.

וְכַד מִתְפָּרְשָׁן דַּרְגִּין אִשְׁתַּכַּח קִטּוּרָא דְּפוּסְתָּקָא, עַד דְּאִתְקַשְּׁרָא בְּסִטְרָא דְּאִתְחֲזֵי לוֹן, וְסִטְרֵי דְדַרְגֵי מְסָאֲבֵי דְּאִינוּן בִּסְטַר שְׂמָאלָא כֻּלְּהוּ מִתְפָּרְשָׁן לְכַמָּה אָרְחִין וּשְׁבִילִין מִסִּטְרֵי גְּבוּרָן סוּמְקָן. וּבְגִין כָּךְ תַּלְיָין גְּבוּרָן לְתַתָּא לְאֶלֶף אַלְפִין וְרִבּוֹ רִבְבָן, וְעַל דָּא הִנֵּה קָטָן נְתַתִּיךָ בַּגּוֹיִם בָּזוּי אַתָּה מְאֹד כִּדְקָאֲמָרָן.

תָּא חֲזֵי, וְאֵלֶּה הַמְּלָכִים אֲשֶׁר מָלְכוּ בְּאֶרֶץ אֱדוֹם. בְּאֶרֶץ, בְּסִטְרָא דְדַרְגָּא דִּילֵיהּ דְּאִיהוּ דַּרְגָּא דְעֵשָׂו. דִּכְתִיב עֵשָׂו הוּא אֱדוֹם, וְכֻלְּהוּ קָאָתוּ מִסִּטְרָא דְרוּחַ מְסָאֲבָא. לִפְנֵי מְלָךְ מֶלֶךְ לִבְנֵי יִשְׂרָאֵל, בְּגִין דְּאִינוּן דַּרְגִּין דְּקַיָּימִין בֵּי תַּרְעֵי לְתַתָּא קַדְמָאי. וּבְגִין כָּךְ אָמַר יַעֲקֹב, יַעֲבָר נָא אֲדֹנִי לִפְנֵי עַבְדּוֹ. בְּגִין דַּרְגִּין דִּילֵיהּ קַדְמָאִין אִינוּן לְאָעֳלָא. וּבְגִין כָךְ לִפְנֵי מְלָךְ מֶלֶךְ לִבְנִי יִשְׂרָאֵל. דְּעַד כְּעָן לָא מָטָא זִמְנָא דְּמַלְכוּ שְׁמַיָא לְשַׁלְטָאָה וּלְאִתְאַחֲדָא בִּבְנִי יִשְׂרָאֵל. וּבְגִין כָּךְ אָמַר יַעֲבָר נָא אֲדֹנִי לִפְנִי עַבְדּוֹ.

וְכַד שְׁלִימוּ אִלֵּין דַּרְגִּין בְּקַדְמִיתָא, לְבָתַר אִתְעַר מַלְכוּ שְׁמַיָא לְשַׁלְטָאָה עַל תַּתָּאֵי. וְכַד שָׁרָא, שָׁרָא בִּזְעִירָא דְּכָל שִׁבְטִין דְּאִיהוּ בִּנְיָמִין. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים סח) שָׁם בִּנְיָמִין צָעִיר רוֹדֵם וְגו'. וּבֵיהּ שָׁארֵי לְאַתְעָרָא מַלְכוּתָא, לְבָתַר אֲתָא מַלְכוּתָא בְּאַתְרֵיהּ וְאִתְקְיַּים בַּהֲדֵיהּ דְּלָא תַעֲדֵי לְעָלְמִין.

רִבִּי חִיָּיא פָּתַח וְאָמַר, (ישעיה מה) וְעַתָּה שְׁמַע יַעֲקֹב עַבְדִּי וְיִשְׂרָאֵל בָּחַרְתִּי בוֹ. כֹּה אָמַר יְיָ עֹשֶׂךָ וְיֹצֶרְךָ מִבֶּטֶן יַעַזְרֶךָּ אַל תִּירָא עַבְדִּי יַעֲקֹב וִישֻׁרוּן בָּחַרְתִּי בוֹ. תָּא חֲזֵי, כַּמָּה אַבְטַח לוֹן קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לְיִשְׂרָאֵל בְּכַמָּה אֲתַר (ד''א ל''ג בגין) לְמִזְכֵּי לְהוּ לְעַלְמָא דְאָתֵי, דְּהָא לָא אִתְרָעֵי לְחוּלָקֵיהּ לְכָל עַם וְלִישָׁן בַּר לְיִשְׂרָאֵל בִּלְחוֹדוֹי. וּבְגִין כָּךְ יָהַב לוֹן אוֹרַיְיתָא דִקְשׁוֹט. לְמִזְכֵּי בָּהּ וּלְמִנְדַע אָרְחוֹי דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּגִין דְּיִרְתוּן אַרְעָא קַדִּישָׁא. דְּכָל מַאן דְּזָכֵי בְּהַאי אַרְעָא קַדִּישָׁא, אִית לֵיהּ חוּלָקָא לְעַלְמָא דְאָתֵי. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה ס) וְעַמֵּךְ כֻּלָּם צַדִּיקִים לְעוֹלָם יִרְשׁוּ אָרֶץ. וְהָא אִתְּמָר. תְּלַת דַּרְגִּין הָכָא, בְּקַדְמִיתָא יַעֲקֹב, וּלְבָתַר יִשְׂרָאֵל, וּלְבָתַר יְשׁוּרוּן.

תָּא חֲזֵי, יַעֲקֹב הָא אוּקְמוּהָ. יִשְׂרָאֵל אוּף הָכִי נָמֵי. וְאַף עַל גַּב דְּדַרְגִּין אִינוּן חַד. יְשׁוּרוּן, אַמַּאי אִקְרוּן יִשְׂרָאֵל בִּשְׁמָא דָא. אֶלָּא יִשְׂרָאֵל וִישׁוּרוּן כֹּלָּא חַד. יְשׁוּרוּן, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (איוב לג) יָשֹׁר עַל אֲנָשִׁים, בְּגִין דְּנָטִיל שׁוּרָה לְהַאי סִטְרָא וּלְהַאי סִטְרָא, וּבְגִין אִינוּן תְּרֵין שׁוּרִין אִקְרֵי יְשׁוּרוּן, וְדָא הוּא יִשְׂרָאֵל. יִשְׂרָאֵל עַל דְּנָטִיל רְבוּ וְתוּקְפָא מִכֹּלָּא. יִשְׂרָאֵל (ס''א ישורון) עַל אִינוּן חוּלָקֵי תְּרֵין סִטְרִין תְּרִין שׁוּרִין כְּדְקָא אֲמָרָן, וְכֹלָּא חַד.

וְאִינוּן שְׁמָהָן כֻּלְּהוּ סָלְקֵי לְחַד. יַעֲקֹב עַבְדִּי, זִמְנִין דְּאִיהוּ עֶבֶד כְּעַבְדָא דְּאִית לֵיהּ פִּקּוּדָא דְמָארֵיהּ וּלְמֶעְבַּד רְעוּתֵיהּ. וְכֵן יִשְׂרָאֵל בָּחַרְתִּי בוֹ, לְאַשְׁרָאָה עֲלֵיהּ, וְכֹלָּא בְּרָזָא עִלָּאָה אִיהוּ. כְּתִיב, (ישעיה מג) בֹּרַאֲךָ יַעֲקֹב וְיֹצֶרְךָ יִשְׂרָאֵל, וּכְתִיב כֹּה אָמַר יְיָ עֹשֶׂךָ, כָּל אִלֵּין דַּרְגִּין סָלְקִין לְחַד וְהָא אִתְּמָר, בּוֹרֵ''א, יוֹצֵ''ר. עוֹשֶׂ''ה. וְכֻלְּהוּ דַרְגִּין אִלֵּין עַל אִלֵּין וְכֻלְּהוּ חַד.

זַכָּאָה חוּלַקְהוֹן דְּיִשְׂרָאֵל דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְרָעֵי בְּהוּ מִכָּל עַמִין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת, בְּגִין דְּבְכֻלְּהוּ כְּתִיב, (ירמיה י) הֶבֶל הֵמָּה מַעֲשֵׂה תַּעְתֻּעִים בְּעֵת פְּקֻדָּתָם יֹאבֵדוּ, בְּשַׁעְתָּא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא זַמִּין לְבַעֲרָא לוֹן מִן עַלְמָא, וְיִשְׁתָּאַר הוּא בִּלְחוֹדוֹי כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (ישעיה ב) וְנִשְׂגָּב יְיָ לְבַדּוֹ בַּיּוֹם הַהוּא.

רִבִּי יְהוּדָה פָּתַח וְאָמַר, (ישעיה מא) אַל תִּירְאִי תּוֹלַעַת יַעֲקֹב מְתֵי יִשְׂרָאֵל אֲנִי עֲזַרְתִּיךְ נְאֻם יְיָ וְגֹאֲלֵךְ קְדוֹשׁ יִשְׂרָאֵל. תָּא חֲזֵי, כָּל עַמִין עוֹבְדֵי עֲבוֹדַת כּוֹכָבִים וּמַזָּלוֹת דְּעַלְמָא, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא יָהַב לוֹן לִמְמַנָּן שָׁלְטָנִין יְדִיעִין כְּמָה דְאִתְּמָר. וְכֻלְּהוּ אָזְלֵי בָּתַר אֱלָהֲהוֹן, כְּמָה דִכְתִיב, (מיכה ד) כִּי כָל הָעַמִּים יֵלְכוּ אִישׁ בְּשֵׁם אֱלהָיו. וְכֻלְּהוּ אוֹשְׁדִין דָּמִין וּמַגִּיחִין קְרָבָא גָּזְלִין קַפְּחִין וּמְנָאֲפִין, וְאִתְעָרְבֵי
(Ⅰ)
[178b]  
[...] du monde des âmes, ni du monde des corps, elles se sont répandues du côté de Caïn où elles ont pris des corps, qu’elles ne conservent pas toujours, mais dont elles se dépouillent de temps à autre. C’est pour cette raison qu’elles sont appelées « iemim », pluriel de « iom » (jour), parce que le jour de leur descente n’est pas définitivement fixé. Sébéon les a trouvées, car elles apparaissent souvent aux hommes. Ce sont elles qui lui avaient appris à engendrer des bâtards dans ce monde. Elles se promènent dans les grandes montagnes où elles se revêtent de corps pendant certaines heures du jour et s’en dépouillent ensuite.
Remarquez qu’Ana était un bâtard ; car il est né des relations que Sébéon a eues avec sa propre mère ; et c’est précisément parce qu’il était du même côté que ces âmes en question, qu’il les a trouvées ; elles lui ont indiqué toutes sortes de pouvoirs à acquérir à l’aide de l’impureté. Remarquez, en outre, que ces âmes sont de diverses espèces ; et toutes ont pour résidence les lieux déserts. Cependant l’homme qui marche dans la voie du Saint, béni soit-il, n’a : pas à craindre ces créatures. Ils continuèrent leur chemin et pénétrèrent dans la montagne. Rabbi Isaac demanda à Rabbi Éléazar : « Les êtres que nous venons de voir feraient-ils également partie des âmes dont tu viens de me parler, et qui ont pour résidence les montagnes ?
Rabbi Éléazar lui répondit : C’est ainsi ; mais de ceux qui se consacrent à l’étude de la Loi l’Écriture (Ps., CXXI, 7) dit : « Le Seigneur te garde de tout mal ; il garde ton âme ; le Seigneur est ta garde, tant à ton entrée qu’à ta sortie, dès maintenant et toujours. » Rabbi Isaac commença en outre à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXI, 1) : « Alleluia. Seigneur, je te louerai de tout mon cœur, dans la société des justes et dans l’assemblée. » Ce verset a été déjà expliqué. Mais remarquez que le roi David se consacrait chaque jour au service du Saint, béni soit-il ; aussitôt que la brise du nord soufflait, il savait que c’est l’heure de minuit pendant laquelle le Saint, béni soit-il, se délecte avec les justes dans le Jardin de l’Eden. Aussi se levait-il à cette heure pour consacrer le reste de la nuit aux cantiques et aux louanges du Seigneur.
Car, nous l’avons déjà dit, à l’heure où le Saint, béni soit-il, se trouve dans le Jardin de l’Eden, lui, ainsi que les justes qui sont avec lui, prêtent l’oreille à la voix de celui qui prie, ainsi qu’il est écrit (Cant., VIII, 13) : « O vous, qui habitez dans les Jardins, amis attentifs à écouter, faites-moi entendre votre voix. » Mais il y a plus : Un rayon de grâce couvre pendant le jour celui qui chante la gloire de Dieu pendant la nuit, ainsi qu’il est écrit (Ps., XLII, 9) : « Le Seigneur a envoyé sa miséricorde pendant le jour, et je lui chanterai la nuit un cantique. » Remarquez qu’une tradition nous apprend que, de tous les psaumes de David, ceux qui portent en tête « Alleluia » sont les plus sublimes, et cela en raison du nom «Iah » qu’ils renferment.
La « Communauté d’Israël » chante constamment des cantiques au Saint, béni soit-il, et ne s’arrête jamais, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXXXIII, 1) : « O Dieu, nul n’est semblable à toi. Ne te tais pas, ô El. » C’est pourquoi le Psalmiste (Ps., CXI, 5) a dit : «Je te louerai, Seigneur, de tout mon cœur », ce qui veut dire : je forcerai l’esprit du bien, ainsi que l’esprit du mal à te louer ; c’est ainsi également que la tradition explique les mots (Deut., VI, 5) : « ... De tout ton cœur. » David ajoute : « ... Dans la société des justes et dans l’assemblée. » « La société des justes » désigne Israël qui est entouré des Cohanim, des Lévites, des justes et des pieux. C’est aussi l’assemblée du Saint, béni soit-il, ainsi qu’il est écrit (Ps., LXXXII, 1) : « Élohim se tient au milieu de l’Assemblée de Dieu. » C’est pourquoi l’homme doit toujours louer Dieu ; car Dieu désire les chants et les louanges ; et celui qui sait louer Dieu d’une manière convenable, le Saint, béni soit-il, reçoit sa prière et le sauve, ainsi qu’il est écrit (Ps., XCI, 14, 15) : « Je le fortifierai, car il a connu mon nom ; il m’invoquera et je l’exaucerai ; je suis avec lui dans sa détresse, je le rassasierai de longue vie et je lui ferai voir mon salut. »
Rabbi Yossé commença à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., XXXII, 7) : « Tu (athâ) es mon refuge dans l’affliction dont je suis environné ; délivre-moi de ceux qui m’environnent. » Les mots : « Tu es mon refuge » désignent le Saint, béni soit-il, qui protège l’homme qui se consacre à l’étude de la Loi et le couvre de ses ailes, pour que nul ne puisse lui nuire. Les mots : « ... L’affliction dont je suis environné » désignent l’ennemi que l’homme a dans le monde d’en haut et dans celui d’en bas. Et quel est il ? C’est l’esprit tentateur [...]
- בְּכַמָּה עוֹבָדִין לְבִישׁ, וְאִתְתַּקָּפוּ בְּחֵילְהוֹן לְאַבְאָשָׁא.

וְיִשְׂרָאֵל לֵית לוֹן תּוּקְפָא וְחֵילָא לְנַצְחָאָה לוֹן בַּר בְּפוּמְהוֹן, כְּתוֹלַעְתָּא דָא דְּלֵית לָהּ תּוּקְפָא וְחֵילָא אֶלָּא בְּפוּמָא, וּבְפוּמָא מִתְבַּר כֹּלָּא, וְעַל דָּא אִקְרוּן יִשְׂרָאֵל תּוֹלַעַת.

תוּ אַל תִּירְאִי תּוֹלַעַת יַעֲקֹב, מַה תּוֹלַעַת לֵית לִבְרִיָה דְעַלְמָא כְּהַאי תּוֹלַעַת דְּמֶשִׁי דְּסִיסְטְרָא, דְּמִנָּהּ נָפְקֵי כָּל לְבוּשֵׁי יְקָר טִיסְטְרֵי דְמַלְכִין, לְבָתַר זָרַע זַרְעִין וּמִית, וּלְבָתַר מֵהַהוּא זַרְעָא דְּאִשְׁתָּאַר מִנֵּיהּ אִתְקְיַּים כְּמִלְּקַדְּמִין וְהָא אִיהוּ בְּקִיּוּמָא. כָּךְ יִשְׂרָאֵל אִינוּן כְּהַאי תּוֹלַעַת. דְאַף עַל גַּב דְּמֵתִין, יִתְהַדְּרוּן וְיִתְקַיְּימוּן בְּעַלְמָא כְּמִלְּקַדְּמִין.

וְהָא אִתְּמָר (ד''א ל''ג דכתיב) (ירמיהו י״ח:ו׳) כִּי כַּחֹמֶר בְּיַד הַיּוֹצֵר כֵּן אַתֶּם בְּיָדִי בֵּית יִשְׂרָאֵל. מַאי כַּחֹמֶר. אֶלָא דָא הוּא חֹמֶר דְּהַהוּא זְכוּכִית, דְּאַף עַל גַּב דְּאִתָּבַר אִתְתַּקַּן וְאִית לֵיהּ תַּקָּנָה כְּמִלְּקַדְּמִין.

מְתֵי יִשְׂרָאֵל, דָּא אִילָנָא דְחַיֵּי, דִּבְגִין דְּיִשְׂרָאֵל אִינוּן אִתְדַּבָּקוּ בְּאִילָנָא דְחַיֵּי, בְּגִין כָּךְ יְהֵא חַיִּין לְהוֹן וִיקוּמוּן מֵעַפְרָא וְיִתְקַיְּימוּן בְּעַלְמָא, וִיהוֹן לְעַם חַד לְמִפְלַח לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (צפניה ג׳:ט׳) לִקְרֹא כֻּלָּם בְּשֵׁם יְיָ לְעָבְדוֹ שְׁכֶם אֶחָד.

רִבִּי אֶלְעָזָר וְרִבִּי יִצְחָק הֲווּ אָזְלֵי בְּאָרְחָא, וּמָטָא זִמְנָא דִּקְרִיאַת שְׁמַע, וְקָם רַבִּי אֶלְעָזָר וְקָרָא קְרִיאַת שְׁמַע וְצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ. לְבָתַר אָמַר לֵיהּ רִבִּי יִצְחָק, וְהָא תָּנִינָן דְּעַד לָא יִפּוּק בַּר נַשׁ לְאָרְחָא אִבָּעֵי לֵיהּ לְנַטְלָא רְשׁוּ מִמָּארֵיהּ וּלְצַלֵּי צְלוֹתֵיהּ.

אָמַר לֵיהּ, בְּגִין דְּכַד נָפִיקְנָא לָא הֲוָה זְמַן צְלוֹתָא וְלָא מָטָא זִמְנָא דִּקְרִיאַת שְׁמַע, הַשְׁתָּא דְּשִׁמְשָׁא נָהִיר צַלֵּינָא. אֲבָל עַד לָא נָפַקְנָא לְאָרְחָא בָּעִינָא בָּעוּתָא מִנֵּיהּ וְאִמְלַכְנָא בֵּיהּ, אֲבָל צְלוֹתָא דָא לָא צַלֵּינָא.

דְּהָא אֲנָא אִשְׁתַּדַּלְנָא בְּאוֹרַיְיתָא מִפַּלְגוּת לֵילְיָא, וְכַד אֲתָא צַפְרָא עַד כְּעָן לָא הֲוָה עִדְנָא לְצַלֵּי צְלוֹתָא. בְּגִין דְּהַהִיא שַׁעְתָּא דְּקַדְרוּתָא דְצַפְרָא אִשְׁתַּכַּח, אִתְּתָא מִשְׁתָּעֲיָא בְּבַעֲלָהּ, וְאִינוּן בְּרָזָא כְּחֲדָא, דְּבָעְיָא אִיהִי לְמֵיהַךְ לְמִשְׁכְּנָא בְּעוּלֵמְתָהָא דְּיַתְבֵי בַּהֲדָהּ. וּבְגִין כָּךְ לָא בָּעֵי לֵיהּ לְבַר נָשׁ לְמִפְסַק מִלַיְיהוּ דְּמִתְחַבְּרָן כְּחֲדָא וּלְאַעֳלָא מִלָּה אַחֲרָא בֵּינַיְיהוּ.

וְהַשְׁתָּא דְּנָהִיר שִׁמְשָׁא הוּא עִדַּן צְלוֹתָא לְצַלָּאָה, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ. דִּכְתִיב, (תהילים ע״ב:ה׳) יִירָאוּךָ עִם שָׁמֶשׁ. מַהוּ עִם שָׁמֶשׁ, לְנַטְרָא נְהוֹרָא דְּשִׁמְשָׁא בַּהֲדָן לְאַנְהָרָא לָהּ, דְּהָא יֵרָאֶה בַּהֲדֵי שִׁמְשָׁא אִצְטְרִיךְ וְלָא לְאַפְרָשָׁא לוֹן. וְכַד לָא נָהִיר יְמָמָא לָאו הוּא יֵרָאֶה בַּהֲדֵי שִׁמְשָׁא, וּצְרִיכָא לְחַבְּרָא לוֹן כְּחֲדָא. וְדָא הוּא עִם שָׁמֶשׁ.

אֲזְלֵי, כַּד מָטוּ חַד בֵּי חֲקַל, יָתְבוּ. זָקְפוּ עֵינַיְיהוּ וְחָמָא לֵיהּ לְטוּרָא דְּהֲווּ סָלְקוּ בְּרוּמֵיהּ בְּרִיָּין מְשַׁנְיָין, דָּחִיל רִבִּי יִצְחָק, אָמַר לֵיהּ רִבִּי אֶלְעָזָר אַמַּאי דְחִילַת. אָמַר לֵיהּ חָמֵינָא דְּהַאי טוּרָא אִיהוּ תַּקִּיף, וְחָמֵינָא אִלֵּין בְּרִיָּין דְּאִינוּן מְשַׁנְיָין וְדָחִילְנָא דְּלָא יְקַטְרְגוּ לוֹן, אָמַר לֵיהּ מַאן דְּדָחִיל מֵחֶטְאוֹי דְּבִידֵיהּ אִית לֵיהּ לְמִדְחַל. תָּא חֲזֵי, לָאו אִלֵּין מֵאִינוּן בְּרִיָּין תַּקִּיפִין דְּהֲווּ מִשְׁתַּכְּחִין בְּטוּרַיָא.

פָּתַח וְאָמַר. וְאֵלֶּה בְּנֵי צִבְעוֹן וְאַיָּה וַעֲנָה וְגו' הוּא עֲנָה אֲשֶׁר מָצָא אֶת הַיֵּמִים וְגו', הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ, אֲבָל תָּא חֲזֵי, לָאו אִלֵּין אִינוּן דִּכְתִיב בְּהוּ (דברים ב׳:י״ב) הָאֵימִים לְפָנִים יָשְׁבוּ בָהּ וְגו' וּבְנֵי עֵשָׂו יִירָשׁוּם וְגו'.

אֲבָל אִלֵּין דְּקָאֲמַר קְרָא אֲשֶׁר מָצָא אֶת הַיֵּמִים בַּמִּדְבָּר, יֵמִם כְּתִיב. אִלֵּין הֲווּ בְּרִיָּין מְשַׁנְיָין. דְּכַד הֲוָה אִתָּרַךְ קַיִן מֵעַל אַפֵּי אַרְעָא כְּדִכְתִיב, (בראשית ד׳:י״ד) הֵן גֵּרַשְׁתָּ אֹתִי הַיּוֹם מֵעַל פְּנֵי הָאֲדָמָה וּמִפָּנְיךָ אֶסָּתֵר, וּכְתִיב וַיֵּשֶׁב בְּאֶרֶץ נוֹד וְאוּקְמוּהָ.

מִבְּנֵי בְּנוֹי בְּסִטְרָא (ויקרא עו ע''ב) דְּרוּחִין וְעִלְעוּלִין וּמַזִּיקִין וְאִלֵּין קָיְימוּ, דְּהָא כַּד בָּעָא לְאִתְקַדְּשָׁא יוֹמָא דְשַׁבַּתָּא, אִתָּבְרוּן מֵהַהוּא סִטְרָא רוּחִין קָיְימִין טְסִירִין (נ''א טהירין) בְּלָא גוּפָא. וְאִלֵין לָאו אִינוּן מִיּוֹמָא דְשַׁבַּתָּא וְלָא מִיּוֹמָא שְׁתִיתָאָה, וְאִשְׁתָּאֲרוּ אִלֵּין תְּרֵין יוֹמִין בְּהוּ בִּסְפֵקָא, וּבְגִין כָּךְ לָא אִתְקָיְימוּ לָא
(Ⅰ)
[179a]  
[...] qui est l’ennemi de l’homme en haut et en bas. Si l’esprit tentateur n’existait pas, l’homme n’aurait aucun ennemi dans le monde. L’Écriture dit : « Mon chant me sauve ; tu m’entoures ; Selâh. » Pourquoi dit-elle : « Tu m’entoures », au lieu de : « Il m’entoure » ? Parce que cela se, rapporte aussi bien à athâ (toi). Ce verset peut se lire également en commençant par Selâh ; et il sert à sauver l’homme au moment d’un malheur en le récitant dans les deux sens. En chantant ce cantique, David a été inspiré par l’Esprit Saint.
Rabbi Éléazar commença ensuite à parler de la manière suivante : Il est écrit (Ps., CXVIII, 13) : « J’ai été poussé (dehithani) ; et on a fait effort pour me renverser ; mais le Seigneur m’a soutenu. » Pourquoi l’Écriture se sert-elle du terme « dehithani », au lieu de « dehouni » ? L’Écriture désigne l’esprit tentateur qui pousse toujours l’homme pour le précipiter dans l’enfer. C’est de lui que David a dit : « On a fait effort pour me renverser ; mais le Seigneur m’a soutenu. » Aussi convient-il à l’homme d’être toujours sur ses gardes, pour que l’esprit tentateur ne puisse prendre d’ascendant sur lui. Dans ce cas, le Saint, béni soit-il, veillera sur l’homme, ainsi qu’il est écrit (Prov., III, 22) : « Tu marcheras alors avec confiance dans ta voie ; et ton pied ne se heurtera point. » Et ailleurs (Prov., IV, 12) : « Lorsque tu marcheras, tes pas ne se trouveront pas resserrés, et lorsque tu courras, tu ne trébucheras point. » Et plus loin « Le Sentier des justes est comme une lumière brillante qui s’avance et qui croît jusqu’au jour parfait. »
Rabbi Yehouda dit : Heureux le sort d’Israël sur qui le Saint, béni soit-il, veille, et dans ce monde, et dans le monde futur, ainsi qu’il est écrit (Is., LX, 21) : « Tout ton peuple est un peuple de justes ; ils posséderont la terre pour toujours. » « Béni (Ps., LXXXIX, 53) soit le Seigneur éternellement. Amen, amen. » [...]
- מֵהַאי וְלָא מֵהַאי.

וְאֲזְלוּ וְאִתְפַּשְּׁטוּ בְּהַהוּא סִטְרָא דְקַיִן וְאִגְלִימוּ בְּהַהוּא סִטְרָא וְלָא אִתְגְּלִימוּ לְאִתְקָיְימָא וְאִקְרוּן יֵמִ''ם חָסֵר, דְּלָא אִתְקָיְימוּ לָא בְּיוֹמָא דָא וְלָא בְּיוֹמָא דָא, וְאִתְחֲזוּן לִבְנֵי נָשָׁא. וְאִיהוּ אַשְׁכַּח לוֹן וְאוֹלְפֵי לֵיהּ לְאַיְיתָאָה מַמְזֵרִין לְעַלְמָא. וְאִינוּן אָזְלֵי בֵּינֵי טוּרַיָא וְקָיְימִין בְּגוּפָא זִמְנָא חָדָא בְּיוֹמָא, וּלְבָתַר מִתְפַּשְׁטֵי מִנֵּיהּ.

תָּא חֲזֵי, עֲנָה דָא אִיהוּ מַמְזֵרָא הֲוָה, דְּאֲתָא צִבְעוֹן עַל אִמֵּיהּ וְאוֹלִיד מַמְזֵרָא, וְדָא אֲתָא מִסִּטְרָא דְרוּחַ מְסָאֲבָא דְּאִתְדָּבַּק בֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ אַשְׁכַּח לוֹן וְהֲווּ אוֹלְפֵי לֵיהּ כָּל זִינִין דִּסְטַר מְסָאֲבָא בְּגִין דָּא.

וְתָּא חֲזֵי, אִלֵּין אִינוּן וְכַמָּה אָחֳרָנִין מִתְפַּרְשָׁן אִלֵּין מֵאִלֵּין, כֻּלְּהוּ אַתְיָין מֵהַהוּא סִטְרָא וְאָזְלֵי בְּמַדְבְּרָא וְאִתְחֲזוּן תַמָּן. בְּגִין דְּמַדְבְּרָא אֲתַר חָרוּב וְאִיהוּ בֵּי מוֹתָבָא דִלְהוֹן. וְעִם כָּל דָּא, כָּל בַר נָשׁ דְּאָזִיל בְּאוֹרְחוֹי דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא וְדָחִיל לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא לָא מִסְתָּפֵי מִנַּיְיהוּ. אֲזְלוּ וְאָעֳלוּ בְּטוּרָא.

אָמַר רִבִּי יִצְחָק, כְּגַוְונָא דָא כָּל אִינוּן טוּרִין חֲרוּבִין אֲתַר בֵּי מוֹתָבָא דִלְהוֹן. אָמַר לֵיהּ, הָכִי הוּא, וְכָל אִינוּן דְּמִשְׁתַּדְּלוּ בְּאוֹרַיְיתָא עֲלַיְיהוּ כְּתִיב, (תהילים קכ״א:ז׳-ח׳) יְיָ יִשְׁמָרְךָ מִכָּל רָע יִשְׁמֹר אֶת נַפְשֶׁךָ יְיָ יִשְׁמָר צֵאתְךָ וּבוֹאֶךָ מֵעַתָּה וְעַד עוֹלָם.

פָּתַח רִבִּי אֶלְעָזָר וְאָמַר, (שם קיא) הַלְלוּיָה אוֹדֶה יְיָ בְּכָל לֵבָב בְּסוֹד יְשָׁרִים וְעֵדָה, הַאי קְרָא אוּקְמוּהָ. אֲבָל תָּא חֲזֵי, דָּוִד מַלְכָּא כָּל יוֹמוֹי הֲוָה מִשְׁתַּדַּל בְּפוּלְחָנָא דְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְהֲוָה קָם בְּפַלְגוּת לֵילְיָא וּמְשַׁבַּח וּמוֹדֶה בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן, בְּגִין לְאִתְתַּקָּנָא דּוּכְתֵּיהּ בְּמַלְכוּ דִּלְעֵילָא.

דְּכַד אִתְעַר רוּחַ צָפוֹן בְּפַלְגוּת לֵילְיָא, הֲוָה יָדַע דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא בְּהַהִיא שַׁעְתָּא יִתְעַר בְּגִנְתָּא דְעֵדֶן לְאִשְׁתַּעְשֵׁעַ עִם צַדִּיקַיָּיא, וְאִיהוּ הֲוָה קָם בְּהַהִיא שַׁעְתָּא וְאִתְגַּבַּר בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן עַד דְּסָלִיק צַפְרָא.

בְּגִין דְּכַד קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִשְׁתַּכַּח בְּגִנְתָּא דְעֵדֶן, הָא אוֹקִימְנָא דְּאִיהוּ וְכָל צַדִּיקַיָּיא דִּבְגִנְתָּא כֻּלְּהוּ צַיְיתִין לְקָלֵיהּ. כְּדִכְתִיב, (שיר השירים ח׳:י״ג) חֲבֵרִים מַקְשִׁיבִים לְקוֹלֵךְ הַשְׁמִיעִנִי. וְלָא עוֹד, אֶלָּא דְחוּטָא דְחֶסֶד מָשִׁיךְ עֲלֵיהּ בִּימָמָא כְּמָה דְאִתְּמָר. דִּכְתִיב, (תהילים מ״ב:ט׳) יוֹמָם יְצַוֶּה יְיָ חַסְדּוֹ וּבַלַּיְלָה שִׁירֹה עִמִּי. וְלא עוֹד, אֶלָּא דְאִינוּן מִלִּין דְּאוֹרַיְיתָא דְּאִיהוּ אָמַר, כֻּלְּהוּ סָלְקִין וּמִתְעַטְּרִין קַמֵּי קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא. וּבְגִין כָּךְ דָּוִד מַלְכָּא הֲוָה מִשְׁתַּדֵּל בְּלֵילְיָא בְּפוּלְחָנָא דְמָארֵיהּ.

תָּא חֲזֵי, הַלְלוּיָהּ, בְּכָל אִינוּן שִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן דְּקָאֲמַר דָּוִד, הָא תָּנִינָן דִּלְעֵילָא מִכֻּלְּהוֹן הוּא הַלְלוּיָהּ וְאוּקְמוּהָ. מַאי טַעְמָא בְּגִין דְּכָלִיל שְׁמָא וּשְׁבָחָא כַּחֲדָא. מַאי שְׁמָא וּשְׁבָחָא. שְׁמָא דָּא (א) י''ה. שְׁבָחָא מַאן אִיהוּ, אֶלָּא דָּא כְּנֶסֶת יִשְׂרָאֵל דְּאִיהוּ (הלל בגימ' ה''ס שהוא אדני) מְתַקְנָּא שְׁבָחָא תָּדִיר לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא, וְלָא אִשְׁתַּכְּכַת. כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (תהלים פג) אֱלהִים אַל דֳּמִי לָךְ אַל תֶּחרָשׁ וְאַל תִּשְׁקֹט אֵל. בְּגִין דְּסִדּוּרָא דְּשְׁבָחָא אִיהִי מְסַדְּרַת וּמְשַׁבַּחַת תָּדִיר לְגַבֵּיהּ. וּבְגִין כָּךְ שְׁמָא וּשְׁבָחָא כַּחֲדָא.

אוֹדֶה יְיָ בְּכָל לֵבָב, כְּמָה דְאוּקְמוּהָ בְּיֵצֶר הַטּוֹב וּבְיֵצֶר הָרָע, בְּגִין דְּאִינוּן מִשְׁתַּכְּחֵי תָּדִיר לְגַבֵּיהּ דְּבַר נָשׁ, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר, (דברים ו׳:ה׳) בְּכָל לְבָבְךָ וְאוּקְמוּהָ. בְּסוֹד יְשָׁרִים (ועדה), אִלֵּין אִינוּן יִשְׂרָאֵל דְּכָל דַּרְגִּין בְּהוּ מִתְעַטְּרָן כַּהֲנֵי וְלֵיוָאֵי, צַדִּיקֵי וַחֲסִידֵי, יְשָׁרִים. וְעֵדָה, כְּמָה דְאַתְּ אָמֵר (תהלים פב) נִצָּב בַּעֲדַת אֵל. וְאִינוּן רָזָא דְּקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא אִתְעַטַּר בְּהוּ.

וּבְגִין כָּךְ בָּעֵי בַר נָשׁ לְשַׁבְּחָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא תָּדִיר, בְּגִין דְּאִיהוּ אִתְרָעֵי בְּשִׁירִין וְתוּשְׁבְּחָן, וּמַאן דְּיָדַע לְשַׁבְּחָא לֵיהּ לְקוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא כְּדְקָא יְאוּת, קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא קַבִּיל צְלוֹתֵיהּ וְשֵׁזִיב לֵיהּ. הֲדָא הוּא דִכְתִיב (תהילים צ״א:י״ד) אֲשַׂגְּבֵהוּ כִּי יָדַע שְׁמִי וְגו' אֹרֶךְ יָמִים וְגו'.

פָּתַח רַבִּי יוֹסֵי וְאָמַר, (תהילים ל״ב:ז׳) אַתָּה סֵתֶר לִי מִצַּר תִּצְרֵנִי רָנִי פַלֵּט תְּסוֹבְבֵנִי סֶלָּה. אַתָּה סֵתֶר לִי, דָא קוּדְשָׁא בְּרִיךְ הוּא דְּאִיהוּ סִתְרָא וּמָגֵן לְבַר נָשׁ דְּאָזִיל בְּאָרְחֵי דְאוֹרַיְיתָא, וְאִיהוּ אִסְתַּתַּר בְּצִלָּא דְגַדְפוֹי דְּלָא יָכְלִין לְאַבְאָשָׁא לֵיהּ. מִצַּר תִּצְרֵנִי, מֵעֵילָא וּמִתַּתָּא, לְעֵילָא אִית לֵיהּ לְבַר נָשׁ מָארֵי דְבָבוּ, לְתַתָּא אוּף הָכִי נָמֵי. וּמַאן אִיהוּ, דָּא יֵצֶר הָרָע,
(Ⅰ)
  
[...] Notes [...]

*1 V. Z. II, fol. 116b.

*2 S. et A. portent la variante suivante : David également a appelé l’Esprit du Mal du nom de « péché », ainsi qu’il est écrit (Ps., XLI, 5) : « Car mon péché est toujours devant moi. » David désignait l’Esprit du Mal sous le nom de « péché », parce que c’est cet esprit qui incite l’homme à pécher contre son Maître.

*3 V. fol. 113a.

*4 Ainsi qu'on l'a déjà vu à plusieurs reprises, ce pouvoir des démons s'exerce dans le monde pendant la décroissance de la lune.

*5 V. fol. 21b.

*6 V. fol. 144b, Z. I, p. 167.

*7 Il avait pris ce soldat pour le brigand dont il appréhendait la rencontre.

*8 V. la note au fol. 126a.

*9 V. fol. 55a et 140a.

*10 V. fol. 17a.

*11 V. fol. 15b.

*12 Médiateur.

*13 Jacob a dit : ta Mg ynsh ta Mg. Or, Mg est l’abrégé de hsm lawg (le Rédempteur Moïse), ykdrm lawg (le Rédempteur Mardochée), et xysm lawg (le Rédempteur Messie). C’est du moins l’explication donnée par certains commentaires.

*14 V. fol. 35 b.

*15 V. fol. 54b.

*16 Dans les éditions A. et P., on trouve en cet endroit un passage enfermé entre parenthèses dont voici la teneur : « Rabbi Josué, fils de Lévi, dit : « Nous inférons de ce mot que la poussière qu’ils ont soulevée pendant leur lutte monta jusqu’au trône sacré. » Cf. Talmud, tr. Houllin, fol. 91 a.

*17 V. fol. 40a.

*18 V. fol. 18a et 71b.

*19 Saint Jérôme, dans l’épitaphe de sainte Paule (ép. XXVII), semble également se ranger à l’avis de ceux qui prétendent que le prophète Abdias était un converti. V. Yalcouth Reubeni, SECTION « Guerim », n° 182.

*20 V. fol. 29a.

*21 V. Z.,II, fol. 23b.

*22 Cf. Thargoum, sur Isaïe, VIII, 8.

*23 Le Z. déduit sa sentence de ce que le mot est écrit wrawu et prononcé wyrawu .

*24 V. fol. 18b, au sujet du visage d’enfant qu’ont les Cheroubim.

*25 V. fol. 166b. (26).

*26 Le Z. attribue l’incident de Dina à la puissance du démon qui a la forme d’un âne, en prêtant au nom propre de « Hamor » le sens d’ « âne ». D’après le Z., l’Écriture appelle la séduction de Dina « Sichem, fils de Hamor », parce qu’il était incité à son crime par le démon qui a la forme d’un âne.

*27 Le mot hébreu leyw signifie « se retira », « se sépara», aussi bien que « s’éleva au-dessus ».

*28 V. fol. 102b.

*29 Cf. fol. 64a.

*30 «Lô» avec un Vav donne au verset la signification contraire : « L’imprécation non motivée sera réalisée. »

*31 On voit que cette interprétation repose sur un jeu de mots.

*32 V. Z. II, fol. 37b.

*33 Le Z. prête au mot « iaschor » la signification de « iaschar ». Tel est également l’avis des Septante.

*34 V. la note au fol. 18a.

*35 Cf. Midrasch, sur le Ps. XXII, 2.

*36 V. Z., III, fol. 76b.

*37 V. fol. 14a.


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