Kaushitaki upanishad
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(Ⅳ)


3. 1  
प्रतर्दनो ह वै दैवोदासिरिन्द्रस्य प्रियं धामोपजगाम युद्धेन
पौरुषेण च तं हेन्द्र उवाच प्रतर्दन वरं ते ददानीति स
होवाच प्रतर्दनस्त्वमेव वृणीश्व यं त्वं मनुष्याय
हिततमं
मन्यस इति तं हेन्द्र उवाच न वै वरं परस्मै वृणीते
त्वमेव
वृणीश्वेत्यवरो वैतर्हि किल म इति होवाच प्रतर्दनोऽथो
खल्विन्द्रः
सत्यादेव नेयाय सत्यं हीन्द्रः स होवाच मामेव
विजानीह्येतदेवाहं
मनुष्याय हिततमं मन्ये यन्मां विजानीयां त्रिशीर्षाणं
त्वाष्ट्रमहनमवाङ्मुखान्यतीन्सालावृकेभ्यः प्रायच्छं
बह्वीः
सन्धा अतिक्रम्य दिवि प्रह्लादीनतृणमहमन्तरिक्षे
पौलोमान्पृथिव्यां कालकाश्यांस्तस्य मे तत्र न लोम च
नामीयते
स यो मां विजानीयान्नास्य केन च कर्मणा लोको मीयते न
मातृवधेन
न पितृवधेन न स्तेयेन न भ्रूणहत्यया नास्य पापं च न
चकृषो मुखान्नीलं वेत्तीति ॥ १॥
- Pratardana, le fils de Divodasa, grâce à ses combats et sa force d'âme, parvint au royaume bien-aimé d'Indra. Celui-ci lui déclara : « Pratardana, choisis donc un voeu, Je te l'accorderai. » Pratardana répondit : « Choisis à ma place le voeu que Tu estimes le plus bénéfique à l'être humain. » — « Le supérieur ne choisit jamais pour l'inférieur. Fais toi-même ce choix. » — « Dans ce cas, ce ne serait pas véritablement un voeu pour moi. » Mais Indra ne voulut pas s'écarter de la vérité, étant lui-même la vérité. Il dit donc à Pratardana : « Connais-Moi, et uniquement Moi ! Voilà ce que J'estime être le plus bénéfique à l'être humain. J'ai décapité le fils à trois têtes de Tvashtri (); J'ai livré aux bêtes sauvages les Arunmukhas et les ascètes; J'ai transgressé maintes promesses en décimant le peuple céleste des Prahladas, le peuple atmophérique des Paulomas, le peuple terrestre des Kalanjas. Et pas un seul cheveu de Ma tête n'en a souffert. Aussi, pour celui qui Me connaît, sa place dans mon monde ne peut-elle être perdue par aucun de ses actes, quels qu'ils soient, ni par le vol, ni par le fait de tuer un embryon, ni par le matricide ou le parricide. Et même s'il a commis un acte mauvais, le brun chaud de son visage ne s'altère pas. (Ⅳ)
3. 2  
स होवाच प्राणोऽस्मि प्रज्ञात्मा तं
मामायुरमृतमित्युपास्वायुः
प्राणः प्राणो वा आयुः प्राण उवाचामृतं
यावद्ध्यस्मि`न्छरीरे
प्राणो वसति तावदायुः प्राणेन
ह्येवामुष्मिंल्लोकेऽमृतत्वमाप्नोति
प्रज्ञया सत्यसङ्कल्पं स यो म आयुरमृतमित्युपास्ते
सर्वमायुरस्मिंल्लोक एवाप्नोत्यमृतत्वमक्षितिं स्वर्गे लोके
तद्धैक
आहुरेकभूयं वै प्राणा गच्छन्तीति न हि कश्चन
शक्नुयात्सकृद्वाचा नाम प्रज्ञापयितुं चक्षुषा रूपं
श्रोत्रेण शब्दं मनसा ध्यानमित्येकभूयं वै प्राणा भूत्वा
एकैकं सर्वाण्येवैतानि प्रज्ञापयन्ति वाचं वदतीं सर्वे
प्राणा
अनुवदन्ति चक्षुः पश्यत्सर्वे प्राणा अनुपश्यन्ति श्रोत्रं
शृण्वत्सर्वे प्राणा अनुशृण्वन्ति मनो ध्यायत्सर्वे प्राणा
अनुध्यायन्ति प्राणं प्राणन्तं सर्वे प्राणा
अनुप्राणन्तीत्येवमुहैवैतदिति हेन्द्र उवाचास्तीत्येव प्राणानां
निःश्रेयसादानमिति ॥ २॥
- Indra dit : Je suis le Prana. Vénère-Moi comme étant la conscience du Soi suprême (Prajnatman), la vie, l'immortalité (Amrita). La vie, c'est le souffle vital; et le souffle vital, c'est la vie. Car, tant que le souffle vital demeure dans le corps, celui-ci possède la vie. Car c'est aussi par le souffle vital que l'on obtient l'immortalité en ce monde, assurément, et c'est par l'intelligence soi-consciente (Prajna) qu'on obtient la pensée juste (Satya sankalpa). Aussi celui qui Me vénère comme étant la vie et l'immortalité, parvient-il à la plénitude de sa vie ici-bas; il obtient l'immortalité et l'indestructibilité dans le monde céleste. » À ce moment, Pratardana dit : « Certains affirment que les souffles vitaux forment une unité fonctionnelle; autrement, on ne pourrait faire connaître à la conscience tout à la fois un nom par la parole, une forme par l'oeil, un son par l'oreille, une pensée par le mental. En vérité, c'est en fonctionnant à l'unisson que les souffles vitaux font connaître toutes choses ici-bas, l'une après l'autre; tous les souffles vitaux s'expriment à l'unisson de la parole quand on parle; à l'unisson de l'oeil quand on voit; à l'unisson de l'oreille quand on entend; et tous les souffles vitaux réfléchissent à l'unisson du mental quand on pense, et respirent à l'unisson du souffle quand on respire. » « Il en est effectivement ainsi, dit Indra. Il y néanmoins une prééminence parmi les souffles vitaux. (Ⅳ)
3. 3  
जीवति वागपेतो मूकान्विपश्यामो जीवति
चक्षुरपेतोऽन्धान्विपश्यामो
जीवति श्रोत्रापेतो बधिरान्विपश्यामो जीवतो बाहुच्छिन्नो
जीवत्यूरुच्छिन्न इत्येवं हि पश्याम इत्यथ खलु प्राण एव
प्रज्ञात्मेदं शरीरं परिगृह्योत्यापयति
तस्मादेतमेवोक्थमुपासीत
यो वै प्राणः सा प्रज्ञा या वा प्रज्ञा स प्राणः सह
ह्येतावस्मिञ्छरीरे वसतः सहोत्क्रामतस्तस्यैषैव
दृष्टिरेतद्विज्ञानं यत्रैतत्पुरुषः सुप्तः स्वप्नं न
कञ्चन
पश्यत्यथास्मिन्प्राण एवैकधा भवति तदैनं
वाक्सर्वैर्नामभिः
सहाप्येति चक्षुः सर्वै रूपैः सहाप्येति श्रोत्रं सर्वैः
शब्दैः
सहाप्येति मनः सर्वैर्ध्यातैः सहाप्येति स यदा प्रतिबुध्यते
यथाग्नेर्ज्वलतो विस्फुलिङ्गा
विप्रतिष्ठेरन्नेवमेवैतस्मादात्मनः
प्राणा यथायतनं विप्रतिष्ठन्ते प्राणेभ्यो देवा देवेभ्यो
लोकास्तस्यैषैव सिद्धिरेतद्विज्ञानं यत्रैतत्पुरुष आर्तो
मरिष्यन्नाबल्य न्येत्य मोहं नैति तदाहुरुदक्रमीच्चित्तं न
शृणोति न पश्यति वाचा वदत्यथास्मिन्प्राण एवैकधा भवति
तदैनं वाव सर्वैर्नामभिः सहाप्येति चक्षुः सर्वै रूपैः
सहाप्येति श्रोत्रं सर्वैः शब्दैः सहाप्येति मनः
सर्वैर्ध्यातैः
सहाप्येति स यदा प्रतिबुध्यते यथाग्नेर्ज्वलतो विस्फुलिङ्गा
विप्रतिष्ठेरन्नेवमेवैतस्मादात्मनः प्राणा यथायतनं
विप्रतिष्ठन्ते प्राणेभ्यो देवा देवेभ्यो लोकाः ॥ ३॥
- L'homme survit à la perte de la parole, les muets en témoignent. Il survit à la perte de la vue, les aveugles en témoignent. Il survit à la perte de l'ouïe, les sourds en témoignent. Il peut vivre dénué de mental, les tout-petits en témoignent. Il survit à l'amputation des bras ou des jambes, les estropiés en témoignent. Or c'est le Prana qui est le Soi conscient (6), se saisissant du corps et le faisant se tenir debout. C'est donc lui que l'on doit vénérer comme étant l'énonciation rituelle, l'Uktha (cf. II.6). En cela consiste la pénétration de tous les souffles vitaux au sein du Prana.* Car en vérité, ce qu'est le Prana est aussi la conscience du Soi, et ce qu'est la conscience du Soi est aussi le Prana**; car tous deux cohabitent dans ce corps, et c'est ensemble qu'ils l'abandonnent.
En voici la preuve, en voici l'exemple. Lorsque l'homme est si profondément endormi qu'il ne voit plus aucune image onirique, il est alors parvenu à s'unir au Prana. Entrent alors en lui la parole ainsi que tous les mots, la vue ainsi que toutes les formes, l'ouïe ainsi que tous les sons, le mental ainsi que toutes les pensées. Et lorsqu'il se réveille, alors – de même que d'un feu ardent jaillissent en tous sens des étincelles – de son Soi sortent les souffles vitaux (parole, vue, ouïe, mental), chacun regagnant sa place. Puis des souffles vitaux sortent les divinités (Agni, Surya, Disha (17), Chandramah), et des divinités sortent les mondes (noms, formes, sons, pensées). Or c'est le Prana qui est le Soi conscient, se saisissant du corps et le faisant se tenir debout. C'est donc lui que l'on doit vénérer comme étant l'énonciation rituelle, l'Uktha (cf. II.6). En cela consiste la pénétration de tous les souffles vitaux au sein du Prana. Car en vérité, ce qu'est le Prana est aussi l'intelligence soi-consciente, et ce qu'est l'intelligence soi-consciente est aussi le Prana.
En voici encore une preuve, en voici encore un exemple. Quand un homme affaibli est sur le point de mourir et quand il en vient à un tel stade de faiblesse qu'il tombe dans l'inconscience, on dit de lui : « Son esprit s'est échappé, il n'entend plus, il ne parle plus, il n'a plus de pensées. » C'est qu'il vient de s'unir au Prana, en lequel entrent alors la parole ainsi que tous les mots, la vue ainsi que toutes les formes, l'ouïe ainsi que tous les sons, le mental ainsi que toutes les pensées. Et quand il abandonne son corps, c'est avec eux qu'il s'en extirpe. (Ⅳ)
3. 4  
स यदास्माच्छरीरादुत्क्रामति वागस्मात्सर्वाणि
नामान्यभिविसृजते वाचा सर्वाणि नामान्याप्नोति
प्राणोऽस्मात्सर्वान्गन्धानभिविसृजते प्राणेन
सर्वान्गन्धानाप्नोति चक्षुरस्मात्सर्वाणि रूपाण्यभिविसृजते
चक्षुषा सर्वाणि रूपाण्याप्नोति
श्रोत्रमस्मात्सर्वाञ्छब्दानभिविसृजते श्रोत्रेण
सर्वाञ्छब्दानाप्नोति मनोऽस्मात्सर्वाणि ध्यातान्यभिविसृजते
मनसा सर्वाणि ध्यातान्याप्नोति सैषा प्राणे सर्वाप्तिर्यो वै
प्राणः सा प्रज्ञा या वा प्रज्ञा स प्राणः स ह
ह्येतावस्मिञ्छरीरे वसतः सहत्क्रामतोऽथ खलु यथा
प्रज्ञायां सर्वाणि भूतान्येकी भवन्ति तद्व्याख्यास्यामः ॥
- Lorsqu'il sort de son corps, la parole déverse tous les noms en lui, et par elle il parvient à la totalité des noms. Le nez déverse toutes les odeurs en lui, et par lui il parvient à la totalité des odeurs. L'oeil déverse toutes les formes en lui, et par lui il parvient à la totalité des formes. L'oreille déverse tous les sons en lui, et par elle il parvient à la totalité des sons. Le mental déverse toutes les pensées en lui, et par lui il parvient à la totalité des pensées. En cela consiste la pénétration de tous les souffles vitaux au sein du Prana. Car en vérité, ce qu'est le Prana est aussi l'intelligence soi-consciente, et ce qu'est l'intelligence soi-consciente est aussi le Prana; car tous deux cohabitent dans ce corps, et c'est ensemble qu'ils l'abandonnent. Nous allons maintenant voir comment tous les êtres ne font qu'un avec cette conscience toute-inclusive (Prajna). (Ⅳ)
3. 5  
वागेवास्मा एकमङ्गमुदूढं तस्यै नाम परस्तात्प्रतिविहिता
भूतमात्रा घ्राणमेवास्या एकमङ्गमुदूढं तस्य गन्धः
परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा चक्षुरेवास्या
एकमङ्गमुदूढं
तस्य रूपं परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा श्रोत्रमेवास्या
एकमङ्गमुदूढं तस्य शब्दः परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा
जिह्वैवास्या एकमङ्गमुदूढं तस्यान्नरसः परस्तात्प्रतिविहिता
भूतमात्रा हस्तावेवास्या एकमङ्गमुदूढं तयोः कर्म
परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा शरीरमेवास्या
एकमङ्गमुदूढं
तस्य सुखदुःखे परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा उपस्थ एवास्या
एकमङ्गमुदूढं तस्यानन्दो रतिः प्रजातिः परस्तात्प्रतिविहिता
भूतमात्रा पादावेवास्या एकमङ्गमुदूढं तयोरित्या
परस्तात्प्रतिविहिता भूतमात्रा प्रज्ञैवास्या
एकमङ्गमुदूढं
तस्यै धियो विज्ञातव्यं कामाः परस्तात्प्रतिविहिता
भूतमात्रा ॥ ५ ॥
- La parole est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; le nom en est l'objet corrélé externe. Le nez est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soi-consciente; l'odeur en est l'objet corrélé externe. L'oeil est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soi-consciente; la forme en est l'objet corrélé externe. L'oreille est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; le son en est l'objet corrélé externe. La langue est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; la saveur en est l'objet corrélé externe. Les mains sont à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; l'action (Karma) en est l'objet corrélé externe. Le corps est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; plaisir et douleur en sont les objets corrélés externes. L'organe sexuel est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; voluptés, jouissances et puissance procréatrice en sont les objets corrélés externes. Les pieds sont à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; la faculté de mouvement en est l'objet corrélé externe. Le mental est à la fois une partie et une extériorisation de l'intelligence soiconsciente; pensées et désirs en sont les objets corrélés externes. (Ⅳ)
3. 6  
प्रज्ञया वाचं समारुह्य वाचा सर्वाणि सामान्याप्नोति
प्रज्ञया प्राणं समारुह्य प्राणेन सर्वान्गन्धानाप्नोति
प्रज्ञया चक्षुः समारुह्य सर्वाणि रूपाण्याप्नोति प्रज्ञया
श्रोत्रं समारुह्य श्रोत्रेण सर्वाञ्छब्दानाप्नोति प्रज्ञया
जिह्वां समारुह्य जिह्वाया सर्वानन्नरसानाप्नोति प्रज्ञया
हस्तौ समारुह्य हस्ताभ्यां सर्वाणि कर्माण्याप्नोति प्रज्ञया
शरीरं समारुह्य शरीरेण सुखदुःखे आप्नोति प्रज्ञयोपस्थं
समारुह्योपस्थेनानन्दं रतिं प्रजातिमाप्नोति प्रज्ञया पादौ
समारुह्य पादाभ्यां सर्वा इत्या आप्नोति प्रज्ञयैव धियं
समारुह्य प्रज्ञयैव धियो विज्ञातव्यं कामानाप्नोति ॥ ६॥
- Par la parole, lorsqu'elle est maîtrisée par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des noms. Par le nez, lorsqu'il est maîtrisé par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des odeurs. Par l'oeil, lorsqu'il est maîtrisé par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des formes. Par l'oreille, lorsqu'elle est maîtrisée par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des sons. Par la langue, lorsqu'elle est maîtrisée par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des saveurs. Par les mains, lorsqu'elles sont maîtrisées par l'intelligence soi-consciente, on accomplit la totalité des actes. Par le corps, lorsqu'il est maîtrisé par l'intelligence soi-consciente, on connaît la totalité des plaisirs et douleurs. Par l'organe sexuel, lorsqu'il est maîtrisé par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des voluptés, jouissances et puissance procréatrice. Par les pieds, lorsqu'ils sont maîtrisés par l'intelligence soi-consciente, on accomplit la totalité des déplacements. Par le mental, lorsqu'il est maîtrisé par l'intelligence soi-consciente, on parvient à la totalité des pensées et désirs. (Ⅳ)
3. 7  
न हि प्रज्ञापेता वाङ्नाम किञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतन्नाम प्राज्ञासिषमिति न हि
प्रज्ञापेतः प्राणो गन्धं कञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतं गन्धं प्राज्ञासिषमिति नहि
प्रज्ञापेतं चक्षू रूपं किञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतद्रूपं प्राज्ञासिषमिति नहि
प्रज्ञापेतं श्रोत्रं शब्दं कञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतं शब्दं प्राज्ञासिषमिति नहि
प्रज्ञापेता जिह्वान्नरसं कञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतमन्नरसं प्राज्ञासिषमिति नहि
प्रज्ञापेतौ हतौ कर्म किञ्चन प्रज्ञपेतामन्यत्र मे
मनोऽभूदित्याह नाहमेतत्कर्म प्राज्ञासिषमिति नहि
प्रज्ञापेतं शरीरं सुखदुःखं किञ्चन प्रज्ञपयेदन्यत्र
मे मनोऽभूदित्याह नाहमेतत्सुखदुःखं प्राज्ञासिषमिति
नहि प्रज्ञापेत उपस्थ आनन्दं रतिं प्रजातिं कञ्चन
प्रज्ञपयेदन्यत्र मे मनोऽभूदित्याह नाहमेतमानन्दं रतिं
प्रजातिं प्राज्ञासिषमिति नहि प्रज्ञापेतौ पादावित्यां
काञ्चन प्रज्ञपयेतामन्यत्र मे मनोऽभूदित्याह
नाहमेतामित्यां
प्राज्ञसिषमिति नहि प्रज्ञापेता धीः काचन सिद्ध्येन्न
प्रज्ञातव्यं प्रज्ञायेत् ॥ ७॥
- Car en vérité, sans l'intelligence soi-consciente, la parole ne ferait connaître aucun nom. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu ce nom. » Sans l'intelligence soi-consciente, le nez ne ferait connaître aucune odeur. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu cette odeur. » Sans l'intelligence soi-consciente, l'oeil ne ferait connaître aucune forme. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu cette forme. » Sans l'intelligence soi-consciente, l'oreille ne ferait connaître aucun son. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu ce son. » Sans l'intelligence soi-consciente, la langue ne ferait connaître aucune saveur. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu cette saveur. » Sans l'intelligence soi-consciente, les mains ne feraient connaître aucun acte. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu cet acte. » Sans l'intelligence soi-consciente, le corps ne ferait connaître aucun plaisir ni douleur. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu ce plaisir ou cette douleur. » Sans l'intelligence soi-consciente, l'organe sexuel ne ferait connaître aucune volupté, jouissance ni puissance procréatrice . « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu cette volupté, jouissance et puissance procréatrice. » Sans l'intelligence soi-consciente, les pieds ne feraient connaître aucun déplacement. « Mon esprit était ailleurs, dit-on, je n'ai pas perçu ce déplacement. » Sans l'intelligence soi-consciente, aucune pensée ne parviendrait au mental, aucun raisonnement ne serait réalisé, et rien ne serait connu, de ce qui doit ou peut l'être. (Ⅳ)
3. 8  
न वाचं विजिज्ञासीत वक्तारं विद्यान्न गन्धं
विजिज्ञासीत
घ्रातारं विद्यान्न रूपं विजिज्ञासीत रूपविदं विद्यान्न
शब्दं विजिज्ञासीत श्रोतारं विद्यान्नान्नरसं
विजिज्ञासीतान्नरसविज्ञातारं विद्यान्न कर्म विजिज्ञासीत
कर्तारं विद्यान्न सुखदुःखे विजिज्ञासीत
सुखदुःखयोर्विज्ञातारं
विद्यान्नानन्दं रतिं प्रजातिं विजिज्ञासीतानन्दस्य रतेः
प्रजातेर्विज्ञातारं विद्यान्नेत्यां विजिज्ञासीतैतारं
विद्यान्न
मनो विजिज्ञासीत मन्तारं विद्यात्ता वा एता दशैव
भूतमात्रा
अधिप्रज्ञं दश प्रज्ञामात्रा अधिभूतं यद्धि
भूतमात्रा न
स्युर्न प्रज्ञामात्राः स्युर्यद्वा प्रज्ञामात्रा न स्युर्न
भूतमात्राः
स्युः ॥ ८॥

न ह्यन्यतरतो रूपं किञ्चन सिद्ध्येन्नो एतन्नाना तद्यथा
रथस्यारेषु नेमिरर्पिता नाभावरा अर्पिता एवमेवैता
भूतमात्राः
प्रज्ञामात्रा स्वर्पिताः प्रज्ञामात्राः प्राणे अर्पिता एष
प्राण एव
प्रज्ञात्मानन्दोऽजरोऽमृतो न साधुना कर्मणा भूयान्नो
एवासाधुना
कर्मणा कनीयानेष ह्येवैनं साधुकर्म कारयति तं
यमन्वानुनेषत्येष एवैनमसाधु कर्म कारयति तं यमेभ्यो
लोकेभ्यो
नुनुत्सत एष लोकपाल एष लोकाधिपतिरेष सर्वेश्वरः स
म आत्मेति
विद्यात्स म आत्मेति विद्यात् ॥ ९॥
- Que l'homme ne cherche pas à comprendre la parole, mais qu'il connaisse celui qui parle. Qu'il ne cherche pas à comprendre l'odeur, mais qu'il connaisse celui qui sent. Qu'il ne cherche pas à comprendre la forme, mais qu'il connaisse celui qui voit. Qu'il ne cherche pas à comprendre le son, mais qu'il connaisse celui qui entend. Qu'il ne cherche pas à comprendre la saveur, mais qu'il connaisse celui qui savoure.Qu'il ne cherche pas à comprendre l'acte, mais qu'il connaisse celui qui agit. Qu'il ne cherche pas à comprendre plaisirs et douleurs, mais qu'il connaisse celui qui les ressent. Qu'il ne cherche pas à comprendre voluptés, jouissances et puissance procréatrice, mais qu'il connaisse celui qui les ressent. Qu'il ne cherche pas à comprendre la faculté de mouvement, mais qu'il connaisse celui qui se meut. Qu'il ne cherche pas à comprendre le mental, mais qu'il connaisse celui qui pense. Ainsi donc, les dix éléments de l'être physique sont dépendants de son intelligence soi-consciente, et les dix éléments de l'intelligence soi-consciente sont dépendants de son être physique. Car s'il n'existait aucun élément de l'être physique, il n'existerait non plus aucun élément de l'intelligence soi-consciente; et s'il n'existait aucun élément de l'intelligence soi-consciente, il n'existerait non plus aucun élément de l'être physique. Car en vérité, aucun phénomène ne surgit par l'un sans qu'il n'y ait l'autre. Et pourtant, il ne s'agit pas d'une pluralité ou d'une multiplicité. Mais, tout comme à la jante d'une roue sont rivés les rayons et ceux-ci sont rivés au moyeu, ces éléments de l'être physique sont rivés à ceux de l'intelligence soi-consciente et ces derniers sont reliés au Prana, car ce Prana est aussi le Soi conscient (Prajnatman), est aussi félicité, ne vieillit pas, est immortel. Il n'est nullement augmenté par les actes positifs, et nullement diminué par les actes négatifs. C'est lui qui, désirant élever un homme au-dessus du monde, l'incite aux bonnes actions. Et c'est lui qui, désirant abaisser un homme, l'incite aux mauvaises actions. Ce Prana est le protecteur du monde, il est le gouverneur du monde, il est le seigneur du monde. Et il est Mon Âme (Atman), que l'homme doit connaître. Oui, il est Mon Âme, que l'homme doit connaître. » [fin de l'enseignement d'Indra] (Ⅳ)


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