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Ibn' Ata' Allah
Miftah al falah, p7, cité et traduit par GG Anawati et Louis Gardet, " La Mystique Musulmane ", Dhikr de l'intime, p226 et suivantes Nous avons là une hiérarchie des mondes bien connue en soufisme.
Tout d'abord, la Jabarut, le monde ou plutôt les mondes créés de la Toute Puissance divine, sujets au changement : c'est le " Dhikr de la langue " et le " Dhikr du cœur " qui mettent le serviteur en communication avec elle, selon le rapport macrocosme - microcosme que nous avons signalé.
Vient ensuite la Malakut, monde des substances angéliques, des esprits prophétiques et des saints. D'autres textes, plus influencés de philosophie helléniste, l'appelleront simplement le monde des substances séparées. D'autre encore, comme Ibn' Atta' Allah, y verront, de préférence, les anges qui approchent le Trône divin. C'est encore un monde des formes, mais des formes supérieures.
Au-dessus de lui, bien que pénétrant toute chose, c'est la Lahut, monde de l'Essence divine, sans forme parce qu'au delà des formes, imparticipable, sans " figure " qui se puisse " ciseler ", mais cependant irradiant et irradié, lumière subsistante et source de toute lumière. (Cf. les conceptions émanatistes et monistes d'Ibn Sina, spécialement dans les gloses sur la pseudo Théologie d'Aristote et les développements de l'école de l'ishraq).
Comment ne pas évoquer ici le monde des " énergies divines ", " réellement distinct " de l'essence divine, elle-même imparticipable, et dont certains Orientaux voient précisément dans la transfiguration lumineuse qu'ils recherchent, ou du moins attendent, le signe de la présence ? On aimerait évoquer par ailleurs la " Terre pure " du Jodo, cette sorte de Nirvana positif, dont Honen promet l'entrée aux fidèles disciples du Nembutsu.
Nous retrouvons une fois de plus la dualité constamment signalée : des effets liés à une expérience, et présentés comme tels, mais diversement conceptualisés au gré des affirmations de foi religieuse. Ce n'est pas le lieu de rechercher des sources historiques et les influences philosophiques (en Chrétienté comme en Islam : néoPlatonisme et gnose), qui ont pu commander de telles représentations. Du point de vue qui nous occupe, leurs concordances parlent d'elles-mêmes. L'existence possible (probable) de source commune n'ôte rien au témoignage que leurs affirmations à la foi semblables et diversifiées, nous livrent sur l'orientation des expériences poursuivies.
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