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Citation
de (Abu Bakr Muhammad b. Ishaq b. Ibrahim al-Hanji al-Bukhari al-Kalabadhi) Kalabadhi
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Islam, Soufisme
Kitab al ta' arruf, p41, cité et traduit par GG Anawati et Louis Gardet, " La Mystique Musulmane ", le souffle dans l'Islam, p206 Aussi bien dans l'usage de certaines formulations ésotériques, la conscience fut prise de la nécessaire discipline du souffle, sinon antérieure, du moins concomitante à la récitation du Dhikr - l'explication alors donnée s'appliquera à rejoindre une ancienne tradition musulmane, celle des " lecteurs du Coran ". Ceux-ci, dès le temps des Compagnons du Prophète, s'exerçaient à " combiner leurs deux souffles ". Entendons : la nafs, " souffle de la glotte, [qui] vient des entrailles, [qui] fait goûter la saveur " - et le " ruh, souffle des narines, [qui] vient du cerveau, […] fait nasiller et éternuer […], sentir les odeurs et discerner les qualités spirituelles " (cf. Louis Massignon, l'idée de l'esprit dans l'Islam, art cit. p277). C'est par le ruh que sont vocalisés et nasillés les trois lettres de chaque racine, dont l'appui consonantique est donné par la nafs.
Dans les conceptions d'anthropologie générale, le vocabulaire reste quelque peu flottant, variant selon les écoles et les influences reçues.La nafs (le nefesh hébreu) n'en désigne pas moins et premièrement " l'âme charnelle " ; tandis que le ruh (hébreu ruah), qui " vient du Commandement (incréé) du Seigneur " (cf. Coran 17, 87 : " Dis : l'esprit vient du Commandement de mon Seigneur ") […]
Plus tard, et sous l'influence des philosophes hellénistes, les soufis mettront l'accent sur la distinction à base coranique, entre l'âme " commandante " (aux passions), l'âme " blâmante " (conscience " morale ") et l'âme " pacifiée, agréante et agréée " et feront de celle ci, ou " âme raisonnable " (natiqa), l'équivalent de l'esprit (ruh) ou du cœur (qalb).
(Cf. Coran 12, 53 : " Je ne m'innocente cependant pas, car l'âme [" âme commandante ", ammara] est très incitatrice au mal, à moins que mon Seigneur, par miséricorde, [ne la préserve du péché]. Mon Seigneur est certes Pardonneur et très Miséricordieux " ;
Coran 75,2 : " Mais non, Je jure par l'âme qui ne cesse de se blâmer. ", et Coran 89,27-28 " Ô âme pacifiée, retourne à ton Seigneur, agréante et agrée "
(quand ils distinguent, les soufis établissent volontiers la hiérarchie ascendante : âme (nafs), cœur (qalb), esprit (ruh) ).
Ils restent que l'un des objectifs de la " voie mystique " sera l'absorption, si l'on peut dire, du souffle chaud et charnel de la nafs par le souffle subtil et spirituel de la ruh.
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