 |
|
Citation
de Descartes
,
Philosophie, Cartésianisme
Passions, art. 34. Cette conception holistique de l'âme, qui semble en un premier temps récuser le principe d'une quelconque "localisation", en un cerveau ou en un navire, est cependant corrigée par la situation centrale de l'âme en ce point métaphysique on métapsychique qui concentre en lui toute la dilatation corporelle du monde. Platon insiste en 34b et 36e sur le privilège cosmique accordé au centre d'où l'âme du Monde se déploie en tous sens pour se refermer sur les extrémités du Ciel.
Descartes situe la glande pinéale, ou s'échangent déterminations de l'âme et du corps de l'homme, " dans le milieu de sa [le cerveau] substance " (Passions, art. 31), " au milieu du cerveau " (Passions, art. 34, 47, 51), " environ le milieu de la substance de ce cerveau " (Traité de l'homme), " au milieu, entre toutes les concavités [du cerveau] " (Lettre à Meyssonnier, 29 janvier 1640), etc. Si les lettres à Mersenne insistant plutôt sur l'unité et l'indivisibilité de la glande pinéale, la lettre à Meyssonnier met en évidence la position centrale privilégiée du conarium dans le cerveau. La situation stratégique du milieu du monde et de la glande pinéale, chez Platon et Descartes, en ce point d'émanation unique d'où toutes les voies du cosmos et du cerveau rayonnent et où elles font retour, est naturellement appelée par l'unité indivisible de cette pure origine métaphysique qui est, dans les deux cas, l'âme. […]
Pour Platon comme pour Descartes, la réversibilité de l'âme, tendue entre le divisible et l'indivisible, le Même et l'Autre, est la condition de possibilité de la connaissance, et pour ainsi dire, de l'essence des choses matérielles. Il s'agit maintenant d'assurer la réalité de cette connaissance et de fonder l'existence des choses matérielles, Platon disait " des choses qui sont nées " (29a 6), lesquelles ne sont connues que dans le temps. Nous savons que le démiurge a fait coïncider le milieu du corps et le milieu de l'âme du Monde (36e 1), de sorte que l'âme étend son empire dans toutes les directions depuis le cœur du X jusqu'aux extrémités du Ciel (36e 2) ; dès lors, " tournant en cercle sur elle-même en elle-même, l'âme, commença, d'un mouvement divin, sa vie inextinguible et raisonnable, pour toute la durée des temps " (36e 4-5).
Semblablement, pour Descartes, " l'âme a son siège principal dans la petite glande qui est au milieu du cerveau, d'où elle rayonne dans tout les restes du corps par l'entremise des esprits, des nerfs et même du sang " (Passions, art. 34). […]
Si l'on veut au contraire rester fidèle à l'expérience intégrale le l'homme, il faut bien trouver - ou retrouver - ce point d'origine où se nouent les fils de l'indivisible et du divisible, de l'âme et du corps, du temps et de l'étendue. Ce sera chez Descartes le point physique et métaphysique de " l'union de l'âme et du corps " ou de " la glande pinéale ", troisième substance cartésienne, si l'on veut, comme elle est une sorte de "troisième oeil- dans la pensée indienne. On parlera d'elle en termes de corps - la petite glande au milieu du cerveau - ou en termes d'âme - le lieu où l'âme commande aux esprits animaux ou est affectée par eux - à partir d'un modèle similaire : celui d'un centre où les déterminations contraires de l'âme et du corps, des actions et des passions, de l'inétendu et de l'étendu s'échangent, en ce point instantané étranger à l'ordre du temps comme à celui de l'espace. Comme la glande pinéale unique, alors que les autres parties du cerveau sont doubles, " fort petite " (Passions, art. 31) et même " exiguë " (VIe Méditation), située fort à propos " au milieu du cerveau, d'où elle rayonne dans tout le reste du corps " (Passions, art. 34), est une sorte de point physique minimal, l'instant où l'âme échange ses déterminations avec le corps est une sorte de point métaphysique minimal, mens momentanea. Si, comme nous l'avons vu, nous n'avons jamais qu'une pensée en même temps ", c'est parce que " notre âme n'étant point double, mais une et indivisible " (Lettre à Mersenne, le 30 juillet 1640) est attachée au conarium, ce centre de symétrie simple et unique, degré zéro de " l'homme vrai ", par rapport auquel se distribuent toutes les voies du corps et de l'âme ans un sens ou dans l'autre.
|