Patrimoine  Mondial  de la pensée

L'importance de la spiritualité


Celtiques : L'importance de la spiritualité

Il faut savoir qu'un profond sentiment religieux animait les celtes. Nous ne reviendrons pas sur l'interdiction de l'écrit, qui ressort d'un intedit religieux, comme nous l'avons déjà dit : elle illustre la profonde révérence des celtes pour ces impératifs religieux. A ce titre, il faut surtout comprendre que tous ces concepts, tous ces interdits et obligations magiques, recouvraient une telle importance concrète, matérielle, dans la vie quotidienne des celtes, qu'on peut aller jusqu'à considérer que la religion et ses principes métaphysiques dictaient l'organisation de la société toute entière. C.-J. Guyonvarc'h et F. Le Roux ne l'entendent pas autrement lorsqu'ils expliquent que : " Il est désormais indispensable […] de voir dans la société celtique un reflet des conceptions métaphysiques des druides, lesquels ont crée la société humaine à l'image de la société divine don’t ils ont été la représentation terrestre. Précisons bien de toute façon notre formulation : il importe très peu qu'ils ne l'aient pas crée matériellement. Ce n'est pas la matérialité du fait qui compte mais la correspondance du concept religieux et de l'organisation humaine et notre compréhension de cette correspondance" (passage souligné par les auteurs).


L'immortalité des âmes et l'Autre monde


Les auteurs anciens ont beaucoup commenté les conceptions religieuses des celtes, parfois en les caricaturant un peu. Certains ont assimilé la spiritualité celte à de l'animisme, pensant que les celtes voyaient résider en chaque chose, en chaque arbre ou animal de la forêt un esprit, symbole de l'immortalité des âmes à laquelle ils croyaient. Ainsi, Montaigne lui même, dans ses Essais (II, XI) explique : "Pythagoras emprunta la Métempsychose des Égyptiens ; mais depuis elle a été reçue par plusieurs nations, et notamment par nos Druides (…) La Religion de nos anciens Gaulois portait que les âmes, étant éternelles, ne cessaient de se remuer et changer de place d'un corps à un autre (…) Si elle avait été vaillante, (ils) la logeaient au corps d'un Lion; si voluptueuse, en celui d'un pourceau (…) ainsi du reste, jusques à ce que, purifiée par ce châtiment, elle reprenait le corps de quelque autre homme".

L'existence de la croyance en la métempsychose, la transmigration des âmes, cependant, a été battue en brèche par les travaux les plus récents de certains spécialistes, comme - une fois n'est pas coutume - Ch. J. Guyonvarc'h, qui estime qu'elle n'existait probablement pas, en fait. La question n'est pas définitivement tranchée.

Les celtes croyaient cependant profondément en l'immortalité des âmes. L'Autre Monde : Avalon, Anwynn, Mag Meld, Tir Na Nog, terre de la jeunesse éternelle… Des noms différents pour désigner cet au delà merveilleux ou allaient les braves après la mort, et auquel ils aspiraient tous. Sur cette terre légendaire, ils retrouvaient les dieux, et vivaient éternellement avec eux une existence de joie et de délices. Plus proche du paradis islamique ou du Walhalla germanique que du paradis chrétien (et donc certainement moins morne), il était situé différemment selon les peuples celtes ou même selon les récits : au delà des mers, à l'ouest, dans des îles immenses et riantes, comme l'île d'Avalon dans la légende arthurienne ou Tir na Nog dans le cycle irlandais ; sous la mer ou au fond des lacs, comme dans le récit de la dame du lac (toujours dans les récits arthuriens) ; sous les tertres encore dans le cycle irlandais.

Il faut également ajouter à cette terre des dieux d'autre îles, les "îles au nord du monde", lieu de provenance du savoir et de beaucoup de peuples mythologiques (comme les Tuatha dé Dànnan). Le nord était sans doute assimilé chez les celtes à la source du savoir, et une vieille tradition irlandaise en fait venir aussi les druides. On saisit encore un peu mal la signification symbolique de ces "îles au nord du monde", mais il ne faut en tout cas pas leur chercher la moindre existence géographique. Les explorateurs grecs, et après eux certains celtomanes contemporains y ont vu le continent mythique de l'Hyperborée. La portée de cette croyance, en réalité, ne relevait que du symbolique.


  
  
  



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