Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Ermite, pèlerin des Himalayas (1957-1971)


Henri Le Saux : Ermite, pèlerin des Himalayas (1957-1971)

L'ãshram/monastère l'intéressant de moins en moins, libre désormais par rapport à son compagnon et attiré par le nord, Henri Le Saux se met en route pour les Himalayas. Il se mêle au flot ininterrompu des pèlerins aux sources du Gange. Il s'établit à Uttarkãshï, cité monastique sur la route de Gangotri, la principale source du fleuve sacré. Il s'y fera construire un petit ermitage.
C'est une période d'intense activité spirituelle. Il écrit, publie. Il reste en relation avec le Shãntivanam qu'il ne quittera définitivement que le 21 mars 1968, lorsqu'il sera repris par Dom Bède Griffiths, bénédictin anglais.
Tout en restant très attaché à sa solitude, il sillonne l'Inde en tous sens pour des rencontres, pour participer activement aussi à l'adaptation de l'Eglise locale aux résolutions du Concile Vatican II - qu'il a suivi avec enthousiasme - , afin de promouvoir une liturgie indienne. Mais lors de son pèlerinage en 1959, il déclara : "Ces Himalayas m'ont conquis".
Après une période d' "incubation", voici la période de "maturation". L'Eglise s'ouvre à ses idées. Il est mieux accepté. Sa pensée se clarifie. Mais le déchirement intérieur entre sa foi chrétienne et le fond ultime de l'hindouisme n'est pas résolu.

Le gourou (1971-1973)

C'est pendant cette période qu'il atteint une certaine paix au sujet du conflit qui l'habite. En octobre 1971, un nouveau tournant dans sa vie inaugure des années de fécondité. A Delhi il rencontre Marc Chaduc, un séminariste lyonnais de vingt-sept ans. Le maître communique son feu intérieur au disciple enthousiaste et fervent. Ils étudient ensemble des upanishads à Pulchatti. Son initiation monastique et œcuménique a lieu dans le Gange le 30 juin 1973. Marc reçoit le nom de Ajãtãnanda (non-né). Henri Le Saux est assisté du Swãmi Chidãnanda pour marquer l'attachement du nouveau moine aux deux traditions d'Orient et d'Occident.
Le Saux et Chaduc vivent tous deux des expériences spirituelles à la fois ineffables et éprouvantes au cours de ce que le Père appelle "la grande semaine" (10-18 juillet), mais le 14 à Rishikesh, en courant après un autobus, Henri Le Saux ressent un malaise cardiaque qui se révèlera être un infarctus. Le 21 août, il peut être transporté à Indore dans la clinique des sœurs franciscaines. Il y restera jusqu'à son décès le 7 décembre 1973.
"Si le grain de blé ne meurt…". La graine que les fondateurs ont semée dans la souffrance, l'aridité, l'incompréhension, commence à devenir un grand arbre et à porter du fruit, puisque son développement a permis l'ouverture du dialogue, non seulement au niveau des monachismes ( chrétien et hindou), mais plus encore au niveau des deux religions et des deux mystiques. Prophète du dialogue inter religieux, pionnier de l'inculturation, mystique de haute volée : voilà Le Saux.
Il paraît à cet égard un précurseur dans son contact avec le monde de l'Inde, comme Teilhard de Chardin l'a été dans son contact avec le monde de la science. Même audace de pensée, même vocabulaire éclaté, chez tous deux un drame : l'écartèlement entre foi au monde et foi au Christ chez l'un, entre advaïta et foi chrétienne chez l'autre. Dans les deux cas, une expérience mystique de haut niveau. Deux hommes brûlés au même feu divin. Swãmiji a été un défricheur en montrant que l'instrument de dialogue le plus adapté pour la rencontre avec les religions non-chrétiennes était le monachisme. De même que Thérèse de Lisieux avait fait prendre conscience de la dimension apostolique de la vie contemplative, Le Saux nous aide à prendre conscience de la dimension missionnaire du monachisme.


  
  
  


Source : Monchaninlesaux-lyon.cef.fr

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