Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Fondation de l'ãshram


Henri Le Saux : Fondation de l'ãshram

Le 21 mars 1950, fête de saint Benoît, les deux compagnons s'installent chacun dans une hutte, puis bientôt construisent une chapelle dans le style des temples hindous du sud. C'est la naissance du monastère de l'ãshram de Saccidãnanda (Être, conscience, Félicité) dans le lieu dit Shantivanam (forêt de la paix). L'abbé Monchanin prend le nom de Parama Arubi Ãnandam (celui dont la joie est le Sans-Forme suprême : l'Esprit Saint) et le Père Le Saux, Abhishiktesvarãnanda (celui dont la joie est l'oint du Seigneur : le Christ). Plus tard, il n'utilisera que la forme abrégée Abhishiktãnanda. Ses amis l'appelleront Swamiji et Abhis. Ils revêtent le Kãvi, la robe des moines (sannyãsi = renonçant). Ce centre de lumière, d'études et de prière ne pouvait que susciter d'acerbes critiques. S'ils étaient sympathiques aux hommes, leurs idées en séduisaient peu.
Le 11 octobre 1951, ils publient un mémorandum adressé peu avant à l'évêque du lieu et l'amplifient : An indian benidictine ãshram, qui repris et modifié deviendra Ermites du Saccidãnanda . Il s'agit de décrire leur idéal monastique, un essai d'intégration chrétienne de la tradition monastique de l'Inde.
Henri Le Saux fait plusieurs séjours dans les grottes d'Arunãchala, à 150 kilomètres au sud ouest de Madras, montagne qui domine Tiruvannãmalai, qu'il considérera toujours comme son lieu de naissance. En effet, peu après son arrivée en Inde, il avait rencontré là Shri Ramana Maharshi (1879-1950), ce sage védantin qui lui fit après coup une forte impression. Ce fut un des évènements qui ont façonnés son existence.
Autre rencontre assez bouleversante, celle de Harilal, védantin de grande classe qui le visite dans sa grotte le 13 mars 1953. Du 12 au 15 septembre 1955, il est aux pieds de celui qui allait devenir son gourou, Gnãnãnanda,et à Kumbakonam il fera une retraite de trente jours en reclus (novembre et décembre 1956).
Voyages, rencontres, retraites données à des contemplatives l'amènent à percevoir que le nord serait plus réceptif à ses idées que le sud, mais le Shantivanam le retient, bien qu'il croit de moins en moins à une possibilité de recrutement indien.
Au début de septembre 1957, de passage à Madras, il apprend que l'abbé Monchanin est gravement malade, que celui-ci l'attend à Pondichéry. Aussitôt il part le rejoindre. Les médecins le considère perdu, mais on peut tenter une opération à Paris.
A Bombay, le Père Le Saux l'installe dans l'avion qui le ramènera en France. Ils ne devaient plus se revoir. Hospitalisé à Saint-Antoine, l'abbé Monchanin meurt d'un cancer un mois plus tard, le 10 octobre 1957, en disant : "Je suis resté trop grec. Le Saux est allé plus loin que moi dans le mystère de l'Inde". Cette date marque un autre tournant important dans la vie d'Henri Le Saux.
Des heurts avaient eu lieu entre ces deux fortes personnalités, les caractères très différents s'étaient affrontés, des divergences d'opinion étaient apparues. Depuis plusieurs années, ils avaient pris l'un par rapport à l'autre. L'abbé Monchalin était un intellectuel, fragile de santé (grand asthmatique), de nature plus délicate que le granit breton. Au plan intellectuel, Monchanin était plus exigeant que le Père Le Saux, moins rigoureux, car il ne croyait pas qu'en Inde on pourrait se rencontrer vraiment au plan du concept.


  
  
  



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