Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Les trois questions de la philosophie


Kant : Les trois questions de la philosophie

Kant s'est préoccupé de fournir une réponse décisive aux trois questions suivantes: Que puis-je connaître? Que dois-je faire? Que m'est-il permis d'espérer? qui constituent par excellence le programme de toute philosophie.

Que puis-je connaître?


Avec la première de ces questions, Kant écarte le dogmatisme, qui affirme la possibilité d'atteindre a priori (hors de toute expérience) une connaissance absolument vraie, mais il rejette aussi l'empirisme sceptique, qui nie absolument une telle possibilité en affirmant que, toute connaissance étant dérivée de l'expérience, elle est particulière et contingente.

Par la question Que puis-je connaître?, le philosophe aborde le problème de la connaissance sous un nouvel angle: au lieu d'admettre ou de refuser absolument toute espèce de connaissance, il cherche les conditions de possibilité qui permettent d'atteindre une connaissance vraie, dont le modèle est fourni par la science proprement dite (Kant entend par là la physique mathématique de Galilée et de Newton). Cette science existe, ses succès prouvent ce fait. Mais c'est la Critique de la raison pure qui s'emploie à déterminer à quelles conditions elle est possible. À cette question Kant répond qu'il ne peut y avoir de connaissance que des phénomènes ayant lieu dans l'espace et dans le temps. Seuls ces phénomènes procurent à notre sensibilité des intuitions, qui constituent la matière de nos connaissances et grâce auxquelles nous sommes en relation avec le monde sensible.

La connaissance et l'expérience


En un premier sens, toute connaissance commence donc avec l'expérience. Mais cela ne signifie nullement que toute connaissance dérive de l'expérience. Bien au contraire, c'est l'expérience elle-même qui est a priori, en ce sens qu'il n'y a point d'expérience possible sans les formes a priori de la sensibilité que sont précisément l'espace et le temps. Chacun de ces termes doit être pris au singulier, car il n'y a, du point de vue de la connaissance proprement dite, qu'un espace et qu'un temps, absolument universels et nécessaires. «Deux temps différents, écrit Kant, sont nécessairement successifs.» Et le temps qui «suspend son vol» n'est qu'une invention poétique.

Ainsi, l'«Analytique» de la Critique de la raison pure établit que l'espace et le temps, formes a priori de la sensibilité, sont des conditions de l'existence des choses, mais seulement comme phénomènes (ou apparences), sans que nous puissions connaître les noumènes («choses en soi»), dont nous n'avons nulle intuition sensible et dont ces phénomènes ne sont que les manifestations. En définitive, il n'y a pas d'autre connaissance vraie, c'est-à-dire de science, que celle des objets de l'expérience. Cependant, cette connaissance est loin d'être purement empirique.

La connaissance transcendantale


Pour qu'une connaissance soit réelle, il faut non seulement des intuitions de la sensibilité, dont s'occupe l'esthétique transcendantale, mais aussi des concepts purs de l'entendement, dont traite la logique transcendantale. Kant appelle transcendantale «toute connaissance qui s'occupe moins des objets que de notre manière de les connaître en tant que ce mode de connaissance doit être possible a priori». Les concepts purs de l'entendement (ou catégories) ne peuvent être fournis par l'expérience, puisque ce sont eux, au contraire, qui la rendent possible a priori. Kant a dressé la table systématique des douze catégories qui s'appliquent a priori aux objets de l'intuition en général et qui se groupent en quatre classes (1 quantité: unité, pluralité, totalité; 2 qualité: réalité, négation, limitation; 3 relation: inhérence, causalité, communauté; 4 modalité: possibilité, existence, nécessité).


  
  
  



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