Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

La redécouverte de l'Inde


Gandhi : La redécouverte de l'Inde

Un accueil chaleureux
À son retour dans son pays en 1914, après vingt années passées en Afrique, Mohandas Gandhi est déjà très populaire. Il prend contact avec les intellectuels et les hommes politiques du temps: le modéré hindou Gokhale, le poète bengali Tagore, la théosophe anglaise Annie Besant – fondatrice de la Indian Home Rule League (Ligue pour l'autonomie indienne).

Surtout, il renoue avec l'Inde profonde des villages. Sa première grande cause est la défense des paysans déshérités du Bihar (à la frontière du Népal), métayers obligés de cultiver l'indigotier pour le seul bénéfice des planteurs britanniques. Entouré de jeunes intellectuels, Mohandas Gandhi parcourt les villages, suscite l'enthousiasme des foules et affole les Britanniques. Un compromis est trouvé sur le remboursement des sommes versées indûment aux planteurs: Gandhi a réussi à effacer la «tache d'indigo». Puis le Mahatma (surnom signifiant «Grande Âme») se rend à Ahmadabad pour défendre les ouvriers du textile et inaugure le jeûne politique mené jusqu'à satisfaction des revendications.

Les morts d'Amritsar
Chevaleresque, il soutient l'effort de guerre britannique en appelant au recrutement en 1918, mais reprend bientôt l'action contre l'oppression coloniale. Le 6 avril 1919, il lance le premier grand hartal: grève totale et silence dans tout le pays. C'est un succès. Cependant, à Amritsar (Pendjab), le général anglais Dyer fait tirer sans sommation, «pour l'exemple», sur une foule pacifique; le bilan est terrible: de 300 à 400 morts, près d'un millier de blessés. Gandhi considère alors «avoir commis une erreur grosse comme les montagnes de l'Himalaya», et suspend le mouvement de satyagraha.

La non-coopération



À cette époque, les musulmans indiens se mobilisent pour soutenir le califat, autorité musulmane suprême détenue par le sultan ottoman menacé de déposition – ce dont ils tiennent les Britanniques pour responsables. Une sorte d'union sacrée entre hindous et musulmans s'établit alors contre la domination britannique. En 1920, Mohandas Gandhi propose au parti nationaliste du Congrès (formé en 1885) un programme d'ampleur nationale, fondé sur la non-coopération. Pour ruiner l'Empire, il faut paralyser son fonctionnement, boycotter les titres et fonctions honorifiques, les écoles britanniques, les tribunaux et les produits d'origine étrangère. Tous les foyers indiens sont appelés à filer et à tisser à la main le khadi (étoffe de coton) afin de remplacer les tissus importés et de relancer l'artisanat local. De grands avocats démissionnent, des paysans ne paient plus l'impôt. L'Inde profonde bouge. Mais les Britanniques répriment massivement: 20 000 personnes sont appréhendées à la fin de 1921. La violence explose à Chauri Chaura, où 22 policiers périssent brûlés vifs, lynchés par la foule. Mohandas Gandhi suspend immédiatement toute action, il est pourtant arrêté.

Sous les verrous
Entre 1922 et 1928, le mouvement de masse s'effrite. Condamné à six années de prison, dont deux seront effectuées, Mohandas Gandhi se livre à la réflexion et à la «libération intérieure». Il jeûne beaucoup: vingt et un jours afin de rapprocher hindous et musulmans, qui s'opposent désormais. La Ligue musulmane de Muhammad Ali Jinnah prend la forme d'un véritable parti, bien que beaucoup de musulmans lui restent étrangers.


  
  
  



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