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Citation
de Laozi
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Taoisme
Tao-tê-king, § 42, traduction Anne Cheng, Histoire de la pensée Chinoise, Edition du Seuil, 1997, chap.7 Constant et Un ne sont pas transcendants par rapport au changeant et au multiple. Bien au contraire: la réalité dans toute sa multiplicité en découle directement, organiquement, dans un rapport d'engendrement, et non dans un acte de création ex nihilo. (sur ce sujet, cf. R.P. PEERENBOOM, " Cosmogony, the Taoist Way ", Journal of Chinese Philosophy, 17 (1990), p. 157-174).[...]
À partir de la relation ternaire (1), en effet, tout devient possible : le trois ouvre sur le multiple à l'infini. Dans le passage du Dao aux dix mille êtres, on assiste au déploiement de l'Un dans le multiple, processus dans lequel on peut voir le souffle originel, de qualité infiniment subtile, se subdiviser, se diversifier en qi de qualité de plus en plus grossière, dense et compacte. Cette aspiration d'un retour à l'unité perdue se retrouve dans d'autres cultures, mais ce qui reste spécifique à la pensée chinoise est la continuité assurée par le va-et-vient constant entre l'il-n'y-a-pas et l'il-y-a, l'invisible et le visible. La difficulté à désigner l'indésignable, ce qui est à la fois Un et multiple, à la fois indicible et dicible, est un thème récurrent dans le Laozi (Lao Tzeu)
(1) Sur cette triade, cf. Anne CHENG, De la place de l'homme dans l'univers: la conception de la triade Ciel-Terre-Homme à la fin de l'antiquité chinoise ", Extrême-Orient, Extrême-Occident, 3 (1983), p. 11-22. Selon le Taipingiing (Livre de la Grande Paix), texte taoïste du IIe - IIIe siècle (sur lequel voir plus bas chap. 12, note 67): " Tout être est issu du souffle originel. ( ... ) Le souffle originel d'abord confus se concentra spontanément pour former l'Un, qui eut nom Ciel; puis il se divisa pour donner naissance au Yin qui donna la Terre, ce qui eut nom Deux; puis montant vers le Ciel et descendant vers la Terre, le Yin et le Yang se mêlèrent et donnèrent naissance à l'Homme, ce qui eut nom Trois. "
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