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Citation
d' Asanga
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Bouddhisme, Mahayana, Yogacara
Mahayanasutralamkara d' Asanga, XIII, 20,22, traduction S. Lévi.
Cet héroïsme est loin d'être une valorisation de la douleur, pour elle-même, car, comme tout autre dharma, la souffrance est reconnue dans sa vacuité et se dissout dans la paix insondable du bodhisattva : l'acceptation de la douleur est créatrice et ne vise qu'à abolir celle d'autrui. La perspective bouddhique laisse à ce sujet le moins de chance possible aux déviations et aux abus. De même, si le bodhisattva " désire " conduire les êtres à l'Éveil et les " aime ", sa compassion ne doit pas être confondue avec une affectivité débordante qui se déverserait sur l'humanité : la grande compassion ne peut surgir que chez un être débarrassé de toute passion, de toute croyance au moi grâce au Vide. Une compassion qui naîtrait de l'attraction envers des êtres aimés au sens habituel de ce mot ne serait en effet qu'illusoire et impure : si l'on désire sauver les êtres en les voyant comme extérieurs à soi, on n'est pas libre de tout lien car on croit encore à l'existence réelle de soi et d'autrui et l'on a le désir de se projeter sur eux en leur faisant partager son illumination.
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