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Milandapanha
Milinda-panha (Les Questions de Milanda) rédigé en pali (le texte original parle de kamma, terme pâli pour le sanscrit karma), voir la traduction de Louis FINOT, datée de 1923, republiée dans la coll. " Connaissance de l'Orient ", Paris, Gallimard, 1992, p. 111. 112. L'image des graines deviendra classique pour décrire le processus karmique dans lequel les bonnes ou mauvaises renaissances ne sont pas des récompenses ou des châtiments, mais simplement les résultats naturels de certains types d'actions. L'apport du bouddhisme dans la théorie du karma est d'avoir mis l'accent, non sur l'acte lui-même dans sa factualité, mais sur l'intentionnalité dont l'acte n'est que la manifestation. C'est l'intention, l'impulsion psychologique qui est génératrice de karma, amorçant ainsi un enchaînement de causes aboutissant au fruit. Voilà Pourquoi le bouddhisme vise d'abord à éradiquer l'intentionnalité, la perpétuelle tension vers, bref le désir perçu comme dukkha. Ce terme désigne l'état d'insatisfaction, de mal-être permanents qui caractérisent la condition de tout être attaché et asservi à la roue du samsâra (de la racine sar-, qui signifie " s'écouler" et qui évoque la " perpétuelle, errance ", le flux constant et universel des existences). La croyance dans la transmigration, profondément enracinée dans la culture indienne, correspond au sentiment du manque, lié à n état conditionné, de plénitude et de permanence dans la perfection Comme le dit si bien Thérèse d'Avila : " Notre désir est sans remède. "
Toute existence est duhkha en ce qu,elle est impermanence. Notre plus grande illusion - et c'est l'intuition centrale du bouddhisme - est la conviction que nous avons de constituer chacun un "moi" permanent : là réside l'obstacle majeur à l'atteinte de l'Absolu. Selon la théorie du " non-moi " (an-âtman), l'être humain se réduit à cinq agrégats (skandha) de purs phénomènes (corps matériel, sentiments, perceptions, formations mentales, actes de conscience) qui constituent la matière première de ce que le sens commun appelle " individualité ".
L'illusion consiste à surimposer à ces agrégats de phénomènes la notion d'un " moi " qui leur confère un semblant d'unité et de permanence, mais qui ne fait que nous attacher à la roue des existences.
Le but ultime est de mettre fin à l'engrenage du désir : une fois le désir éteint, tout karma cesse de se produire et le cycle des renaissances prend fin, signe que le nirvâna a été atteint. Plus que de sortir de la roue du samsâra, il s'agit d'en gagner le milieu, le moyeu, espace vide infini qui seul échappe au tournoiement perpétuel de la roue.
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