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Les dogmes islamiques


Islam : Les dogmes islamiques

Souvent enseignés au moyen d'un «catéchisme», par le biais de questions et de réponses, les dogmes islamiques sont généralement traités selon six grandes catégories: Dieu, les anges, les Écritures, les prophètes, le Jugement dernier et la prédestination. La conception musulmane de Dieu est déterminante pour tous les autres éléments de la foi. Parmi les anges (qui sont tous serviteurs dAllah et soumis à son pouvoir), certains sont censés jouer un rôle particulièrement important dans la vie quotidienne des musulmans: notamment les anges gardiens, qui notent les actes des hommes et don’t ces derniers auront à répondre le jour du Jugement dernier, ainsi que l'ange de la mort et ceux qui interrogent les morts dans leurs tombeaux. Djibrail (Gabriel), don’t le nom est mentionné dans le Coran, est celui qui transmit la révélation divine au Prophète. Promesse ou menace, le Jugement dernier occupe une place importante dans le Coran, dans la pensée et la piété musulmanes. Le jour du Jugement dernier Yom al-Dinn que seul Dieu peut connaître, chaque âme devra répondre de ses actes. L'une des questions fondamentales qui se situent au cœur des discussions théologiques sur le Jugement dernier, et plus généralement sur le concept de Dieu, est de savoir si les descriptions que donne le Coran du paradis et de l'enfer comme des apparitions de Dieu doivent être interprétées de façon littérale ou allégorique. La conception dominante adopte le principe de l'interprétation littérale (Dieu est assis sur le trône, il possède des mains), mais elle introduit des nuances en affirmant que les hommes n'ont pas la faculté de juger et qu'ils doivent éviter de s'interroger sur Allah, car Dieu est incomparable.La question de la prédestination témoigne du même théocentrisme. Se référant à la toute-puissance divine qui seule peut guider les hommes vers la foi («Si Dieu ne nous avait guidés, nous n'aurions sûrement jamais été guidés»), nombreux furent ceux qui en conclurent que Dieu décide également de ne pas guider certains hommes, les laissant s'égarer ou même les égarant délibérément. Dans les débats théologiques ultérieurs, les détracteurs de la prédestination se préoccupaient moins de la liberté et de la dignité humaines que de la défense de l'honneur de Dieu.
Controverses théologiques
D'après les mutazilites, adeptes d'un courant théologique apparu au VIIIe siècle, et les qadirites, confrérie religieuse fondée au XIIe siècle, le message coranique de la justice divine «qui ne lèse pas les hommes» («Ils se lèsent eux-mêmes») exclut la notion d'un Dieu punissant les hommes pour les péchés et l'incroyance, dont ils ne sont pas réellement responsables. Leurs adversaires défendaient au contraire la doctrine de la liberté souveraine de Dieu: ils affirmaient que la liberté divine ne souffre aucune restriction et n'obéit même pas à l'obligation de «faire ce qui est le mieux pour ses créatures».Au Xe siècle, deux théologiens renommés, al-Achari et al-Maturidi, proposèrent des réponses qui influenceront la position sunnite: les actes humains sont voulus et créés par Dieu, mais, pour les faire siens, l'homme doit se les approprier. Dès lors, la conception de Dieu comme Créateur, le Seul et l'Unique, allait de pair avec l'affirmation de la responsabilité humaine.Un autre débat se fit jour autour du concept de l'unité divine, au sujet de l'essence et des attributs de Dieu. Il portait sur la question de savoir si le Coran, c'est-à-dire la parole divine, est créé ou incréé. Les défenseurs de la première conception affirmaient que si le Coran est incréé il faut supposer un second principe de réalité éternelle; or Dieu seul est éternel et on ne peut concevoir l'éternité en dehors de Dieu. Selon leurs contradicteurs, soutenir que le Coran est créé revient à porter atteinte à la nature divine du livre sacré. Selon les sunnites, le Coran en tant qu'écrit ou recueil de prières est créé, mais il est la manifestation de l'éternel «discours intérieur» divin, qui précède toute expression orale ou écrite.Profondément ancrées dans le contexte sociopolitique qui les a vu naître, les querelles théologiques divisèrent l'islam dès ses débuts. Les chiites soutenaient que seuls «les membres de la famille» (les Hachémites ou, dans un sens plus limité, les descendants du Prophète par sa fille Fatima et son mari Ali) pouvaient prétendre au califat. Un autre groupe, les kharidjites, (littéralement, «ceux qui ont fait sécession»), se sépara d'Ali (assassiné par un adepte de la secte) et des Omeyyades. Selon leur doctrine, la confession ou la foi ne font pas le croyant à elles seules, et quiconque commet un péché grave est un incroyant voué à l'enfer. Ils appliquèrent cet argument même aux chefs de la communauté en affirmant que les califes qui avaient gravement péché ne pouvaient réclamer l'allégeance des fidèles.La majorité des musulmans accepta le principe d'une concordance entre la foi et les actes, mais, en insistant sur le fait que Dieu seul peut juger si un homme est croyant ou incroyant, rejeta l'idéal kharidjite qui consistait à établir ici-bas une pure communauté de croyants. Partant du principe que dans l'attente du Jugement dernier il convient de renoncer à juger autrui, les musulmans reconnaissent toute personne comme membre de la communauté des croyants à condition qu'elle accepte les «cinq piliers de la foi». Renoncer à juger autrui implique également le respect du pouvoir politique musulman, même si ceux qui l'exercent se livrent à des pratiques condamnables.


  
  
  
  
  



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