Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Une philosophie de la durée


Henri Bergson : Une philosophie de la durée

On oublie trop souvent que Henri Bergson a commencé par étudier les mathématiques. Aussi son intérêt pour la philosophie se nourrit-il d'une réflexion sur les mathématiques modernes et la physique, comme en témoigne sa conception de la «durée» ancrée sur l'analyse scientifique de la notion de temps.

Dans sa thèse de doctorat, Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Henri Bergson s'oppose au courant positiviste pour lequel les phénomènes humains et sociaux sont soumis à un déterminisme aussi absolu que celui qui régit les faits du monde physique. La vie psychique, loin de pouvoir être réduite aux lois de la physique et à un traitement quantitatif, est d'un autre ordre, celui du spirituel et non du corporel, du qualitatif, non du quantitatif, de la durée vécue, donnée immédiate de la conscience, que révèle l'«intuition» intérieure. Le temps de la physique est un temps abstrait qui possède tous les caractères de l'espace: juxtaposition, divisibilité, réversibilité, et sans durée. Au contraire, le temps concret, réel, est la durée, continue, indivisible et non mesurable. C'est un temps qualitatif, d'essence spirituelle.

«Matière et mémoire»
La philosophie de Henri Bergson est profondément dualiste, comme en témoigne le titre Matière et mémoire (1896), qui refuse le monisme matérialiste et oppose l'intériorité de la conscience à l'extériorité de la science, l'esprit à la matière. Dès lors, la conscience est liberté, son temps intérieur est imprévisible, temps du «moi profond», opposé au «moi superficiel» soumis aux automatismes de l'habitude et des conventions. «Nous sommes libres, dit Bergson, quand nos actes émanent de notre personnalité entière, quand ils l'expriment.»

Notre vie intérieure est aussi mémoire. Henri Bergson en distingue deux: la «mémoire-habitude», mémoire du corps, faite d'automatismes et de mécanismes, dont l'utilité est d'adapter nos réactions à l'environnement; la «mémoire pure», spirituelle, qui est la conscience même, détachée de tout souci d'agir: le passé survit en elle en une masse indistincte de souvenirs.


  
  
  



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