Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

La pensée de Spinoza


Baruch Spinoza : La pensée de Spinoza

«Dieu, c'est-à-dire la Nature»
Spinoza passe pour panthéiste, et cette appellation, bien qu'elle soit anachronique (le mot n'apparaît qu'au XVIIIe siècle), résume bien une caractéristique de sa pensée. Spinoza, qui se défend d'être athée, ne reconnaît pourtant aucune divinité transcendante. La Nature est le tout du réel, et c'est ce tout qu'il appelle Dieu. C'est peu dire qu'il existe: il est l'existence même, dans son éternelle nécessité et sa productivité infinie. Tout ce qui est est en Dieu, qui est cause de soi (causa sui), et qui est aussi, et par là même, la cause – immanente et non transitive – de tout ce qu'il contient; il n'est donc pas autre chose que la Nature («Deus sive Natura», écrit Spinoza: «Dieu, c'est-à-dire la Nature»), laquelle est à la fois la cause de tout (c'est ce que Spinoza appelle la «Nature naturante») et la totalité de ses effets (la «Nature naturée»).

Réalité et perfection
Ses contemporains y ont vu pour la plupart un athéisme masqué: si la Nature est Dieu, toute croyance en un Dieu surnaturel ou transcendant est en effet exclue, et tel est bien le sens du spinozisme. La Nature est Dieu, certes, mais ce Dieu impersonnel n'est ni créateur ni juge. Il produit ses effets, non par un libre choix de sa volonté, mais par la libre (puisqu'elle n'est soumise qu'à elle-même) nécessité de sa nature. Aussi ne poursuit-il aucune fin: «Cet Être éternel et infini que nous appelons Dieu ou la Nature agit avec la même nécessité qu'il existe… N'existant pour aucune fin, il n'agit donc aussi pour aucune; et comme son existence, son action n'a ni principe ni fin.» C'est donc un Dieu sans morale et sans bienveillance: il n'y a ni bien ni mal dans la Nature, et c'est en quoi, paradoxalement, elle est parfaite, étant toujours exactement tout ce qu'elle peut être, sans aucune faute et sans aucune négativité. Le tout du réel est nécessairement ce qu'il est, et c'est le seul Dieu. «Par réalité et par perfection, écrit Spinoza, j'entends la même chose.»

Substance, attributs, modes
Dans son Éthique, démontrée «selon l'ordre géométrique», Spinoza appelle substance «ce qui est en soi et est conçu par soi». Toute substance, montre-t-il, est cause de soi et absolument infinie, c'est-à-dire constituée «par une infinité d'attributs dont chacun exprime une certaine essence éternelle et infinie». C'est en quoi elle est Dieu: «Dieu, c'est-à-dire une substance constituée par une infinité d'attributs dont chacun exprime une essence éternelle et infinie, existe nécessairement.» Cette substance est unique, et toutes les choses singulières ne sont que ses modifications, ou affections (ses «modes»), qui ne peuvent exister qu'en elle et par elle. Il en est ainsi d'un caillou, d'un arbre, d'un homme.


  
  
  



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