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Sakyamuni Bouddha
Anguttaranikaya (Le Livre des Discours Graduels), I, 216, 156, cité et traduit par Lilian Silburn, Aux sources du Bouddhisme, Fayard, p.44 Les tendances conditionnées par l'ignorance et devenues inconscientes déterminent à leur tour la conscience et celle-ci, émoussée et confuse, ne perçoit plus les dhamma dans leur libre discontinuité. Lorsqu'elle entre en contact avec le monde externe, elle en fait un non-moi, éprouve une impression agréable ou désagréable, devient la proie de la soif. L'illusion vitale à base de désir et d'ignorance oppose ainsi le moi à un non-moi dans lequel la conscience se projette, auquel elle s'identifie : la fatale appropriation naît.
A cette conscience d'appropriation se rattache la croyance erronée en une personnalité qui dure et transmigre, c'est-à-dire en un moi permanent. Car s'il est facile de se détacher de son corps, il est très difficile de se détacher de sa conscience : "Elle est à moi, pense-t-on, c'est moi, c'est ma conscience." En réalité, la conscience est discontinue, faîte de libres instants, mais ces moments de conscience, soudés par le conditionnement que leur imposent soif et ignorance, donnent l'impression d'une durée.
Si la conscience n'était pas conditionnée par les tendances fabricatrices, elle aurait l'aspect dune Connaissance qui illuminerait les choses sans les saisir ni les construire, sans que le sujet tombe sous la dépendance de l'objet. Ce serait […] conscience discriminatrice.
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