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Le rhéteur à Césarée devient évêque de Nysse


Saint Grégoire de Nysse : Le rhéteur à Césarée devient évêque de Nysse

En 370 [11], Basile est élu évêque de Césarée, devenant ainsi métropolite (= archevêque) de Cappadoce. Une petite anecdote livre un trait de caractère de Grégoire. A l’occasion de cette élection, des dissensions interviennent entre Basile et l’un de ses oncles qui est aussi évêque. Grégoire essaie maladroitement de les réconcilier en rédigeant de toutes pièces une lettre censée provenir de l’un des protagonistes. Mais l’artifice est mis à jour : colère et reproches pleuvent sur Grégoire de la part de son aîné (Lettre 58 de Basile [12]) !

En 371, Saint Grégoire de Nysse n’est pas loin de ses quarante ans. Basile l’invite à rédiger, comme cela se pratique à l’époque, un éloge de la virginité et de la vie monastique. Le Traité de la virginité est l’un des premières textes connus de Grégoire. Dans cette œuvre de commande dédiée à son frère, Grégoire force la note pour décrire les inconvénients du mariage, mais sans pour autant dénigrer ce dernier. On voit même transparaître, entre les lignes, la propre expérience de Grégoire et l’attachement qui a pu être le sien pour l’amour conjugal.

Vers 372, l’empereur arien [13] Valens découpe la province de Cappadoce, peut-être pour réduire l’influence de Basile, fidèle au dogme de Nicée. L’Église est divisée. Basile cherche à accroître le nombre de ses suffragants et mobilise alors son frère Grégoire en le nommant de force évêque de Nysse, petite bourgade de l’ouest de la Cappadoce, à quelques kilomètres au sud du fleuve Halys (aujourd’hui : le Kizil Irmak).

Mais Saint Grégoire de Nysse n’est pas homme de poigne, les affaires administratives et ecclésiastiques ne sont pas son fort et il fait preuve, aux yeux de son frère, d’une certaine naïveté au milieu des luttes entre partisans de différents courants théologiques. Il rencontre des difficultés au point que Basile doit dépêcher à Nysse, en 373, Amphiloque d’Iconium pour remettre de l’ordre.

En 375, voilà Saint Grégoire de Nyssee injustement accusé par une conspiration arienne de dilapider les biens de l’Église et de procéder à des ordinations illégales. Un synode réuni à Ancyre (auj. : Ankara) le dépose de sa charge épiscopale et l’oblige à fuir. Un autre synode arien réuni à Nysse en 376 remplace Grégoire par un évêque acquis aux thèses d’Arius. Saint Grégoire de Nysse est condamné à l’exil, comme d’autres évêques du « parti nicéen [14] ». Il faudra attendre l’automne 377 pour que la mort de l’empereur Valens et la révocation des sentences d’exil permettent le retour à Nysse de Grégoire. L’accueil de la population est triomphal (Lettre 6 [15]). Grégoire peut reprendre les initiatives qui lui tiennent à cœur : renforcer la vie monastique à Nysse, achever l’oratoire (martyrium) dédié aux martyrs de Sébastée.

C’est aussi, semble-t-il, en août 377 (selon P. Maraval [16]) ou en août 378 (selon J-R. Pouchet [17]) que survient la mort de Basile de Césarée [18]. Grégoire a environ 45 ans. C’est un tournant de sa vie qui s’amorce alors. Grégoire se sent investi de l’héritage pastoral de son illustre frère : soutenir coûte que coûte la foi de Nicée, achever l’œuvre théologique de Basile, développer le mouvement monastique initié par son frère et sa sœur. Il semble que la disparition de Basile ait libéré en Grégoire des capacités d’engagement et des dimensions de sa personnalité jusqu’alors retenues. Il va désormais passer en première ligne.


  
  
  


Source : Albert Fandos, http://www.gregoiredenysse.com

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