Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité


Saint Grégoire de Nysse :

A partir de 385, les dix dernières années de la vie de Saint Grégoire de Nysse sont peu connues. Il n’est plus occupé par la cour de Constantinople et il a perdu son épouse. Il se voue à son diocèse et aux communautés monastiques avec lesquelles il partage les fruits de sa recherche mystique. C’est en effet l’époque où Saint Grégoire de Nysse compose l’essentiel de son œuvre spirituelle : notamment les Homélies sur le Cantique des Cantiques (dédiées à la diaconesse Olympias et prêchées lors d’un carême entre 390 et 394) ; la Vie de Moïse (datant de 392 environ et portant le sous-titre : « traité de la perfection en matière de vertu ») ; trois écrits spirituels exaltant l’ardeur contemplative : le traité Sur la perfection (au moine Olympios) ; la Profession chrétienne (au moine Harmonios) et l’Enseignement sur la vie chrétienne.

Mariette Canévet écrit dans un article (Dictionnaire de spiritualité p. 394 – éd. Beauchesne, 1965) : « il semble que Saint Grégoire de Nysse ait reçu la grâce d’une expérience mystique de plus en plus élevée au cours de sa vie, dont ses ouvrages se font les échos de plus en plus profonds ».

On relève une dernière fois la présence de Grégoire dans un synode à Constantinople. Nous sommes en 394. Sa trace est ensuite perdue. Sans doute est-il mort en 395, à l’âge tout au plus de soixante cinq ans.

Arrivés au terme de cette notice, quels sont les traits de caractère qu’on peut discerner chez Saint Grégoire de Nysse, en se fondant sur son œuvre et sur le témoignage de ses proches (son frère Basile, Grégoire de Nazianze) ?

Sa santé paraît avoir été fragile (peut-être souffrait-il de calculs rénaux [22] ?). Malgré des ressources ménagées, Saint Grégoire de Nysse avait tendance à se dépenser, ce qui l’exposait régulièrement à la fatigue, voire l’épuisement.

Certains commentateurs estiment que la très forte personnalité de Basile a pu susciter chez Saint Grégoire de Nysse un complexe d’infériorité [23]. De fait, tout en aimant son jeune frère, Basile livre sur lui des appréciations négatives : simplicité, manque de sens politique, irréflexion, imprudence … Sûrement les deux frères avaient-ils des personnalités contrastées : alors que Basile atteste de qualités d’organisateur (avec le risque de ne pas toujours approfondir les sujets qu’il aborde), Grégoire est plus porté à la recherche spéculative.

On note aussi chez Grégoire un tempérament fier, conscient de son rang et de sa valeur. Dans une lettre (Lettre 1 [24]), on le voit offusqué d’être mal reçu par son métropolite Hellade, successeur de Basile. Les prétentions aristocratiques de Grégoire, jointes au sentiment d’outrage fait à sa condition « d’homme libre », s’expriment avec force. Cet événement est à rapprocher d’autres échecs dans des missions de médiation (Jérusalem). Grégoire peut susciter l’opposition, il semble peu enclin au compromis.

Par ailleurs, c’est une personne qui révèle aussi une grande sensibilité. Au-delà des figures de rhétorique, il sait manifester sa joie, son amitié. De même il peut s’indigner, montrer de la tristesse. L’homme se passionne pour sa quête, tout en s’efforçant de garder une apparence paisible, de se contenir. Perfectionnement, connaissance et maîtrise de soi sont des valeurs de vie auxquelles Grégoire a souvent fait référence dans son œuvre.


  
  
  


Source : Albert Fandos, http://www.gregoiredenysse.com

Home