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Les thèmes fondateurs de l'hindouisme


Hindouisme : Les thèmes fondateurs de l'hindouisme

L'hindouisme, issu d'une réflexion qui remit en cause le rite (karman) en regard des fins ultimes, a gardé l'essentiel de la religion védique: la continuité et la prospérité du monde reposent sur le sacrifice, don’t la victime principale est l'homme.

Le sacrifice Hindou


La relation asymétrique de la division du travail entre un «sacrifiant» – roi ou maître de maison, don’t l'offrande est un substitut de lui-même – et un prêtre est la condition de l'efficacité rituelle. Le prêtre, spécialiste par le savoir, la parole et la technique, reçoit des honoraires sacrificiels.Le renoncement hors du monde
La remise en cause du sacrifice et des actes – don’t les fruits ont pour conséquence inéluctable la transmigration et le cycle sans fin des renaissances –, les spéculations sur l'absolu et sur les conditions de la délivrance ont, bien avant le Ve siècle av. J.-C., ouvert la voie à une évolution religieuse de longue portée, d'où devaient naître le bouddhisme, le jaïnisme et l'hindouisme. Le monde brahmanique développa sa réflexion philosophique et ses techniques d'accès à l'absolu, comme le yoga, dans une confrontation constante avec le bouddhisme, jusqu'à l'éviction de ce dernier de l'Inde au Xe siècle apr. J.-C. Il intégra le renoncement (sannyasa) comme étape finale de la vie du brahmane. Face à une société don’t les membres ne se définissent que dans les relations hiérarchisées, l'homme qui a renoncé au monde, coupé ses liens familiaux et intériorisé ses feux sacrificiels est une figure paradoxale, c'est-à-dire celle d'un individu autonome. Celui-ci tend à supprimer tout désir et toute sensation pour un éveil ultime en l'absolu. De ses réflexions sur l'activité en ce monde, la société a retenu la notion de non-violence, ou plutôt l'absence du désir de tuer (ahimsa). Le végétarisme est donc l'un des critères du pur.

Le salut dans le monde par la dévotion



C'est l'invention fondatrice de l'hindouisme. Elle n'est pas datable précisément, mais la Bhagavad Gita, l'épisode le plus célèbre du Mahabharata, en expose l'essentiel. Krishna, avatara de Vishnou, explique qu'il s'incarne sur cette terre pour restaurer le dharma chaque fois que celui-ci s'affaiblit. Par exemple, il exhorte le héros, Arjuna, à suivre son exemple en accomplissant son devoir de guerrier dans le combat fratricide du Mahabharata. Krishna enseigne plusieurs choses à Arjuna: le salut réside dans la faculté d'agir, dans l'accomplissement du sva-dharma, sans s'attacher aux fruits de l'acte, mais en s'abandonnant à la divinité suprême, qui devient le seul objet de désir. La leçon du Dieu enregistre l'apport de l'hindouisme comme dévotion (bhakti). Le salut ultime n'est plus réservé au seul brahmane. Chacun, dans sa caste, y a accès par sa dévotion totale à la divinité suprême. De son côté, le Dieu du salut, Vishnou, dans ses multiples manifestations (avatara), est corporellement présent sur cette terre dans les temples. Ces innovations ont eu plusieurs conséquences: le monde de l'action n'est pas nié, comme il peut l'être par l'homme qui renonce au monde, mais l'individu en sort dévalorisé. Ainsi, il est parfois conçu comme n'étant rien d'autre que maya, cette illusion créée par le jeu divin pour masquer la réalité et empêcher l'homme d'atteindre le salut: celui-ci ne peut être atteint qu'après un long cheminement.

Certes, les rites gardent de leur importance et la prééminence du brahmane, gardien du dharma, subsiste, en particulier par rapport à l'ordre de la caste. Mais en regard du salut, qui peut être atteint par une relation directe à la divinité, le brahmane n'est plus indispensable, et son statut peut être contesté. Cette évolution a ouvert la voie à divers courants religieux, avec des maîtres spirituels, souvent des non-brahmanes, considérés comme des formes incarnées de la divinité du salut.


  
  
  



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