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Cultes et courants religieux hindous


Hindouisme : Cultes et courants religieux hindous

Les lieux sacrés (tirtha) les plus renommés sont sur le Gange, mais ils sont aussi en tout endroit consacré par le divin. L'Inde est ainsi marquée de lieux de pèlerinage, qui sont visités par les hindous non seulement pour immerger les cendres de leurs morts, rendre un culte à leurs ancêtres, mais aussi pour obtenir leur salut. Pour acquérir des mérites ou pour la réalisation de leurs désirs, un bain purificateur dans l'eau du tirtha, à la fois source de vie et image de la délivrance, s'impose. Quelques tirtha sont plus sacrés que d'autres et, lors de certaines conjonctions astrales, les milliers d'hindous qui vont alors s'y baigner ont l'assurance d'obtenir le salut.

Les trois grandes divinités du panthéon hindou, Brahma le créateur, Vishnou le préservateur et Çiva le destructeur, explicitent une conception cyclique du temps avec ses phases de résorption et de recréation. Seuls Vishnou et Çiva sont des divinités du salut et ont leurs temples, parfois associés à un tirtha renommé, partout où ils ont acquis une forme et un nom propres, là où ils se sont manifestés, c'est-à-dire dans toute localité importante. Le temple est conçu comme un microcosme et comme le centre d'un royaume. Sa vie est animée par un cycle calendaire, au cours duquel la statue, mobile, du Dieu sort en procession, souvent sous l'apparence d'un souverain avec son épouse. Le rituel est en général assuré par des brahmanes, vishnouites ou çivaïtes. La nourriture offerte dans le culte (puja) est végétarienne. Les dévots viennent pour la vision du dieu (darsana), font des offrandes, en nature et en argent, pour les rituels et reçoivent la faveur divine (prasada) que sont les «restes» consacrés des offrandes.

Les multiples dieux locaux, subordonnés aux divinités du salut, sont commis aux besoins de ce monde et à sa nécessaire violence. Leurs prêtres ne sont pas des brahmanes. Leurs temples appartiennent à des unités discrètes de la société (groupes de résidences, lignages) qui font les dépenses des rituels: mortifications, possessions et sacrifices d'animaux. Parmi ces divinités, la déesse qui donne le mal et le guérit a une place prééminente. Conçue comme l'énergie du dieu (çakti), elle agit à sa place, combat les démons usurpateurs, qui deviennent ses dévots. Dans le Tantrisme, la déesse est la divinité suprême.

Ordres renonçants et mouvements dévotionnels

Vers le VIIIe siècle apr. J.-C., Çankara fonda un ordre monastique de brahmanes ascètes (sannyasin). Sa philosophie, celle du vedanta dans sa forme non dualiste, enregistre le développement de la dévotion (bhakti) tout en composant avec l'orthodoxie brahmanique, pour laquelle l'absolu ne privilégie aucune divinité personnelle. Ce qui ne sera plus le cas avec deux autres théoriciens du vedanta, Ramanuja au XIIe siècle et Madhva au XIIIe siècle, pour lesquels l'absolu prend le nom de Vishnou.

À partir du XIIIe siècle, les sectes se multiplient, constituent des institutions monastiques et intègrent des disciples laïcs renonçant au monde. La tradition d'un maître spirituel persiste, mais se transmet dans la lignée des gourous d'un ordre de renonçants ou même de maîtres de maison. Ces courants religieux vishnouites ou çivaïtes, parfois hostiles aux brahmanes, prônent l'égalité de tous en regard du salut, mais composent avec la caste. Suivant leur tendance, ils mettent l'accent sur une conduite de vie contrôlée, sur l'expression affective de la dévotion (krishnaïsme) ou sur l'inversion des valeurs (Tantrisme). Par ailleurs, tout hindou, initié ou non par un gourou, qui coupe ses liens sociaux peut rejoindre la cohorte des mendiants religieux (sadhu). Ceux-ci parcourent les lieux de pèlerinage et, s'ils attirent des disciples, leur qualité de gourou est reconnue. En effet, l'homme, soucieux de son salut et de son statut en ce monde, recherche, dans la relation de disciple à maître, qui est une forme du divin, la connaissance et les techniques (méditation, ascèse, yoga) qui lui confèrent la maîtrise de son être.

Caractéristiques et évolution de l'Hindouisme

L'hindouisme n'a pas de vocation au prosélytisme — on ne peut se convertir à l'hindouisme et les hindous n'ont jamais mené de «guerre sainte» —, ni au manichéisme. Sa vision a englobé, en les hiérarchisant, les valeurs positives élaborées par des siècles de civilisation et leurs contraires. Comme l'homme, le divin est différencié en ce monde, don’t il est la définition totalisante. Il est à la fois un et multiple suivant le point de vue considéré. À la limite, l'idée de Dieu peut disparaître, car il reste le rapport d'appropriation de l'homme au monde, une conception relationnelle et religieuse de la partie au tout. Il n'y a pas d'exclusive: Jésus ou Allah sont aussi des formes du divin pour un hindou. Les mystiques musulmans et hindous ont partagé leurs sources d'inspiration. Les leçons missionnaires et coloniales ont été réinterprétées par un nouveau type de «renonçants», tels que Ram Mohan Roy, Dayananda Sarasvati ou le Mahatma Gandhi. Ces guides spirituels ont repensé le salut ultime, social et politique. Mais l'identité hindoue, en tentant de se fixer, risque de perdre sa relativité et son âme dans les tensions actuelles entre communautés.


  
  
  


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