Patrimoine  Spirituel  de l'Humanité

Vie et enseignement Dogen

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Dogen : Biographie

Né le 2 janvier de l'an 1200 à Uji (dans la banlieue de l'actuel Kyôto), Dôgen appartenait à une famille princière dont son père le Seigneur Koga Michichika était un courtisan influent à la cour impériale et sa mère était l'une des filles du haut fonctionnaire et poète Fujiwara Motofusa.
Orphelin de père dès l'âge de 2 ans, il perdit sa mère à 7 ans. Ainsi, comme le rapporte sa biographie, "en regardant s'élever l'encens au-dessus du temple [où avaient lieu les funérailles de sa mère], [il] prit conscience de l'impermanence de la vie. Dès lors se manifesta en lui l'esprit d'Eveil".

En 1213, bien qu'adopté par un oncle et choisi comme héritier, il entra au monastère Enryaku-ji sur le Mont Hiei pour embrasser la vie monacale, suivant ainsi les recommandations de sa mère mourrante.

Fondé par Saichô ( Dengyô Daishi, 767-822), l'Enryaku-ji était sur le Mont Hiei le principal centre japonais de l'école Tendaï ( T'ien-T'ai, en chinois).
Mais à l'époque de Dôgen, la rigueur de Saicho et l'esprit initial du Tendaï avait quitté le Mont Hiei. Disposant d'immenses possessions terriennes et foncières, entretenant une nombreuse armée de Sôhei ("moines-soldats") belliqueux, les moines ne souhaitaient en effet que tirer profit de leurs études en occupant un haut rang dans la hiérarchie monastique et mener grand train.

Dôgen prit toute la mesure de cette dérive à la lecture des deux tomes des "Biographies des moines virtueux" d'Inde et de Chine.

Poursuivant ses études de la Voie, il se trouva bientôt en face d'un problème insoluble : "Les doctrines tant ésotériques qu'exotériques que j'étudiais affirmaient toutes que l'Eveil est inhérent à tous les êtres vivants. Comment, dans ce cas, ce faisait-il que les Bouddhas de tous les temps aient dû rechercher l'Eveil et s'engager dans la vie spirituelle ?". N'obtenant pas de réponse à l'Enryaku-ji, il quitta en 1214 le Mont Hiei.
Il devint ainsi disciple du religieux Kôin (1145-1216) au monastère du Onjô-ji à Ômi puis entra en 1217 au monastère Kennin-ji (à Kyôtô) dirigé avec austérité par Yôsai (Eisai) qui avait introduit au Japon l'école Lin-Tsi (Rinzaï) du Zen après deux voyages en Chine.

A la mort de ce dernier à l'âge de 75 ans, il poursuivit (à 16 ans) sa pratique sous la direction de Myôzen (1184-1225), âgé alors de 34 ans et successeur de Yôsai.

Voyage dans la Chine des Song (1223-1225)
En 1223, Myôzen et Dôgen partirent pour la Chine des Song afin d'y rechercher un Bouddhisme plus authentique. A cette époque la traversée était périlleuse : les moines partis en pélerinage cinq ans plus tôt avaient disparu en route. Les premiers moines à retourner en Chine après Dôgen ne s'embarquèrent que neuf ans plus tard.
Arrivés en Chine à la mi-avril 1223 près de Ming Tcheou, Myôzen et Dôgen se séparèrent. Tandis que le premier débarquait, le second préférait se familiariser avec le chinois et restait à bord du navire dans le port de Ch'ing Yuan.

Dôgen partit en pélerinage dans les monastères de la province de Tche-Kiang; en quête d'un maître. Ses premières impressions au contact des moines chinois étaient mauvaises, en particulier le non respect des lois d'hygiène de la bouche (gargarisme, curage ... ) qui rendait leur haleine insupportable.


Au bout de 2 ans de recherches infructueuses et sur le point de retourner au Japon, il lui arriva un épisode marquant rapporté (plus tard) par son disciple Ejô, dans ses "Notes conformes au Trésor de la Vraie Loi" :
" .. au coeur de l'été, Dôgen vit l'un des moines, chargés de la préparation des repas occupé à faire sécher des champignons dans la cours du temple de T'ien-T'ong. Il tenait un bâton de bambou et était tête nue. Le soleil était brûlant et le sol lui-même semblait être un brasier. Sans s'apercevoir de la sueur qui l'inondait, il effectuait son travail pénible. Son dos était courbé comme un arc et ses sourcils blancs comme le plumage d'une grue.
Dôgen s'approcha de lui et lui demanda son âge.
"68 ans !", répondit-il.
Dôgen lui demanda pourquoi il n'appelait pas un homme de tâche.
Alors le moine lui lança : "Ce ne serait pas moi"
Dôgen lui exprima alors son émotion de le voir travailler conformément aux préceptes de la Loi bouddhique. Mais pourquoi peinait-il ainsi sous la chaleur ?
Le vieux moine lui répliqua : "Pourquoi attendrai-je un autre moment ?" "

Comme l'exprime Taisen Deshimaru dans La pratique du Zen,
" "[...] Un autre n'est pas moi, et je ne suis pas un autre. Un autre ne peut pas faire l'expérience de mon action. Si je ne pratique pas moi-même, je ne puis comprendre. Je dois faire mon expérience de sécher les champignons. "
C'est l'essence du Sôtô Zen. Les autres ne sont pas moi. [...] " Ici et maintenant, c'est très important. Pour sécher les champignons, il faut qu'il fasse sec et chaud, demain il peut pleuvoir, et les champignons ne seront plus aussi frais. [...] Si vous voulez trouver le vrai Zen, allez voir mon Maître, Maître Nyojô. " ".


  
  
  



Dogen : Bibliographie

- Poèmes zen de Maître Dôgen de Hachiro Kanno(Dessins), Jacques Brosse(Traduction)
- Vraie loi, trésor de l'œil : Textes choisis du Shôbôgenzô
- I shin den shin de mon âme à ton âme , n°10 : furkanzazengi
- shinjin gakudo" et "shukke kudoku" [de maitre eihei dogen] : grands classiques zen…
- Shodogenzo, Bussho : La nature donc Bouddha
- Polir la lune et labourer les nuages : Œuvres philosophiques et poétiques
- Le Trésor du Zen : Textes de maître Dogen
- Saint français d assise et maitre dogen de Ishigami Iagolnitzer
- L'"Eiheikoroku" de Eihei Dogen (1200-1253)
- Dôgen et les paradoxes de la bouddhéité: Introduction, traduction et commentaire du volume De la bouddhéité (Trésor de l'œil de la loi authentique)
- Uji, être-temps
- La présence au monde
- Yuibutsu Yobutsu : seul Bouddha connaît Bouddha; Shoji, vie et mort
- Maître Dogen : Moine zen, philosophe et poète, 1200-1253 de Jacques Brosse
- Enseignement du maître zen Dogen
- La Vision immédiate : Nature, éveil et tradition selon le Shobogenzo
- Le Shôbôgenzô de maître Dôgen : La Vrai Loi, Trésor de l'Œil

Dogen : Portraits

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Dogen : Liens


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