 |
|
340 |
Lankavatara Sutra
44-46, cité et traduit par Lilian Silburn, Aux sources du Bouddhisme, Fayard, p.226-227 (1) Ce n'est donc pas la véritable extinction. Sur ce fond de lumineuse conscience, se détachant comme des ombres obscurcissantes, déferlent sans un instant de répit cinq consciences sensorielles et une double conscience mentale qui constituent la conscience empirique individuelle.
La conscience mentale procède par séparation, extraction et différenciation. Elle comporte la septième conscience ou manas - pensée claire et lucide que caractérise une perpétuelle cogitation suscitée par l'amour propre - et la sixième conscience mentale proprement dite (manovijnana) qui perçoit les objets. Généralement en activité elle se trouve interrompue dans les ravissements inconscients, les états de torpeur, de syncope, à la mort et à la renaissance. Douée d'opérations intellectuelles elle agit non seulement à l'extérieur comme les consciences sensorielles, mais encore à l'intérieur.
Les consciences sensorielles ayant les organes pour supports découpent le champ de la conscience et perçoivent les objets grossiers.
La pensée (manas) est à la fois discernement, jugement et volonté; elle coordonne et dirige les autres consciences et, percevant leur multiplicité, elle s'y attache. On la dit souillée (klista) parce qu'elle engendre les impuretés ; c'est elle qui interprète la Réalité sous forme de dualité en la scindant en partie prenante - ou vision qui relève du vikalpa et en partie prise, image, signe ou projection extériorisée (nimitta) quand elle perçoit les choses comme attrayantes ou repoussantes.
La conscience de tréfonds (alayavijûàna)
Innovation importante des Vijnanavadin, cette conscience de tréfonds répondait à des difficultés que, selon le Mahayana, les Theravadin n'avaient pu résoudre. Procédant par dissociation, ceux-ci avaient réduit l'âme et univers à leurs principes élémentaires, les dharma, excluant toute chose de durée. Pour résoudre les problèmes qui se posaient quant à la réincarnation, à la souillure et à la purification ou au support des erreurs, les Vijnanavadin, tout en demeurant adeptes du discontinu, eurent recours à une conscience dynamique, latente, " ne se manifestant que par son activité, par ses effets" (Hiuan-tsang (VIIe siècle), Bouddhisme Mahayana (Grand Véhicules),Vijnaptimatratasiddhi, p. 169).
Impersonnelle, neutre, difficile à sonder par l'intelligence tant elle est subtile, on l'appelle alaya (de tréfonds) parce qu'elle embrasse (ali) tous la dharma impurs et que les vues erronées du moi s'attachent (ali) à de comme à un soi (atman). Elle est aussi fruit de rétribution (vipaka) d'actes bons et mauvais qui projettent la ronde des naissances.
|