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Histoire et dogmes de la Philosophie

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Philosophie : Histoire et dogmes

Qu'est-ce que la philosophie?

On peut répondre à cette question philosophique, peut-être la plus décisive de toutes, soit en tentant de recenser les diverses acceptions des mots «philosophie» et «philosophe» dans le langage de notre temps, où ils sont employés sans précaution («philosophie de l'entreprise», «philosophie du sport», «nouveaux philosophes», etc.), soit en explorant les différents systèmes qui jalonnent l'histoire de la philosophie, de l'Antiquité à nos jours. Par-delà les multiples variations du sens de ces termes, il convient de cerner l'essence de la philosophie et ses thèmes permanents.L'étymologie du mot, d'origine grecque: philo, «j'aime»; sophia, «sagesse», définit la philosophie comme l'«amour de la sagesse». Cependant, il reste à savoir quelle est cette sagesse don’t la philosophie est l'amour. D'autre part, si la philosophie est née en Grèce, depuis quand existe-t-elle, sous quelles formes s'est-elle manifestée et, enfin, s'il a existé des philosophes et s'il en existe encore, qui sont-ils et quelle est leur activité spécifique?De telles questions ne peuvent recevoir immédiatement une réponse à la fois objective et neutre. En effet, la diversité des doctrines philosophiques et des figures de philosophes est telle qu'on est placé devant un dilemme. Ou bien on fournit une seule réponse, déjà patiemment élaborée par l'une ou l'autre de ces doctrines et réputée a priori contenir toute la philosophie; dans ce cas, la réponse sera cohérente, mais asservie d'emblée à la suprématie d'une seule doctrine. Ou bien on propose un assortiment des diverses réponses possibles, nécessairement partielles, disparates et même contradictoires entre elles; et dans ce cas, l'ensemble se veut encyclopédique, mais il est surtout incohérent. Dès lors, on comprend que le célèbre professeur de philosophie Jules Lachelier ait pu, en 1864, inaugurer son cours à l'École normale supérieure par cet aveu volontairement provocant: «Qu'est-ce que la philosophie? Je l'ignore.»Pour pouvoir dire ce qu'est en fait la philosophie, il faut en premier lieu tenir pour acquis que la philosophie est ou existe d'une certaine manière. Mais la rigueur philosophique interdit d'admettre a priori que tel auteur incarne à lui tout seul le philosophe ou que telle doctrine représente parfaitement la philosophie, à l'exclusion de toutes les autres. En revanche, on peut envisager l'hypothèse selon laquelle l'idée initiale de la philosophie n'a cessé de susciter, tout au long des siècles, des recherches don’t aucune n'est parvenue, en fait, à atteindre un résultat parfait et définitif.C'est en ce sens que, selon Kant, on ne devrait pas parler des philosophes, au pluriel, mais seulement du philosophe, au singulier, «car ce mot, disait-il, caractérise une pure idée», et même, pour ainsi dire, un idéal. Et c'est en ce sens également que nous pouvons suivre la philosophie comme l'idée qui rassemble sous un même projet et qui relie, en dépit de leur extrême diversité, les philosophes et les doctrines don’t l'émergence constitue ce qu'on nomme, à tort ou à raison, «l'histoire de la philosophie».

Naissance de la philosophie

Au début du Vie siècle av. J.-C., en Grèce, plus précisément à Milet, en Ionie – ancienne colonie grecque d'Asie Mineure –, des hommes, réservant aux dieux seuls la qualité de «sages», se déclarèrent philosophes, c'est-à-dire simplement «amis» de la sagesse. Selon une ancienne tradition, c'est Pythagore qui aurait forgé le mot philosophos pour désigner ceux qui s'intéressaient non pas aux événements et aux apparences, mais au principe de toute chose.Le premier d'entre eux, Thalès de Milet (vers 625 — 547 av. J.-C.), n'a rien écrit. On sait seulement que, pour lui, l'élément premier de la nature était l'eau, tandis que, pour Anaximandre, c'était l'infini, pour Anaximène l'air, et pour Héraclite le feu. En fait, dès sa naissance, la philosophie s'est présentée, en opposition avec les mythes cosmogoniques de l'origine du monde, comme la science ou la connaissance vraie de la Nature. Et c'est cette connaissance qui devait permettre à l'homme de se tenir sagement à sa vraie place, entre les dieux et les animaux, au sein des éléments naturels.Dans cette même perspective, la philosophie sera conçue très tôt comme une activité spécifique visant à procurer à ses adeptes le salut par la sagesse. Que faut-il entendre par cette sagesse (sophia), que les Latins nommeront sapientia? «Selon la définition des anciens philosophes, dira Cicéron, c'est la science (ou connaissance exacte et approfondie) des choses divines et humaines, ainsi que des principes sur lesquels elles reposent.» Or nulle autre activité, dans la cité des hommes, n'affiche un projet aussi ambitieux. Dès lors, philosophes et non-philosophes s'accordent implicitement sur cette idée que si la philosophie est possible, si elle n'est pas un vain mot, elle doit faire du philosophe un être qui a quelque rapport avec l'intelligence divine.C'est pourquoi, dès leur apparition, les philosophes feront l'objet de railleries, de procès et de condamnations à la mesure de leur projet. Un certain hermétisme poétique enveloppe toutefois la hardiesse des premières conceptions philosophiques du monde. Il caractérise en particulier le langage des présocratiques de la fin du Vie siècle av. J.-C.: pour Héraclite d'Éphèse, dit l'Obscur (Skoteïnos), la loi éternelle de la Nature est celle de «l'unité des contraires». Pour ce philosophe du devenir, «tout s'écoule» (panta rheï). Pour Parménide d'Élée, au contraire, «seul l'Être est absolu, un, immobile, éternel». Pour Empédocle d'Agrigente, enfin, c'est la discorde qui a rompu l'unité primitive et engendré le monde, avec ses quatre éléments: l'air, le feu, puis l'eau et la terre. De telles épopées, don’t il ne nous reste d'ailleurs que des fragments, sont encore à mi-chemin de la poésie et de la métaphysique, ce qui permet à ces penseurs d'exprimer, sans crainte de représailles, leur vision grandiose de la Nature.En revanche, avec le procès et la mort de Socrate, en 399 av. J.-C., les rapports entre la philosophie, d'une part, et le pouvoir politique et religieux, d'autre part, se sont établis, dès le début, sous le signe d'une concurrence ouverte ou d'une rivalité en profondeur et, en tout cas, d'une tension permanente.


  
  
  
  
  



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