Florilège d'écrits de Bahá’u’lláh
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18 Verses | Page 1 / 1
(Version éditions bahá’íes)



13. 0  
Kitab-i-Iqan
13. 1  
Considérez le passé. Ils étaient nombreux ceux qui, de toutes conditions et en tous temps, souhaitaient ardemment l’avènement des Manifestations de Dieu en la personne sainte de ses Élus. Ils attendaient sans cesse la venue de la Beauté promise et priaient sans répit que le souffle de la miséricorde divine s’élève, que cette Beauté sorte de sa retraite et qu’elle se révèle au monde entier. Mais chaque fois que se sont ouvertes les portes de la grâce, que les nuages de la munificence divine ont déversé leur pluie sur l’humanité et que la lumière de l’invisible a brillé à l’horizon du pouvoir céleste, tous l’ont reniée et se sont détournés de sa face, la face de Dieu lui-même. [...]
13. 2  
Réfléchissez à ce qui peut motiver de semblables actions et provoquer une telle attitude envers ceux qui révèlent la beauté du Très-Glorieux. Quelle que fût jadis la cause qui mena les gens au reniement et à l’opposition, elle induit aujourd’hui la perversité des gens de notre époque. Continuer à prétendre que le témoignage de la providence fut incomplet et fut la cause du rejet des hommes est un pur blasphème. Rien ne serait plus éloigné de la grâce du Très-Généreux, de son affectueuse providence et de sa tendre miséricorde que de choisir l’un d’entre les hommes pour guider ses créatures, puis, d’une part de lui refuser la pleine mesure de son divin témoignage et, d’autre part, d’infliger à son peuple un châtiment sévère pour s’être détourné de son élu ! Au contraire, les multiples bienfaits du Seigneur de tous les êtres n’ont cessé de se répandre sur la terre et sur tout ce qui y demeure grâce aux Manifestations de sa divine Essence. Pas un instant il ne retient sa grâce et les ondées de sa tendre bonté ne cessent de pleuvoir sur l’humanité.
13. 3  
Une telle conduite ne peut être attribuée qu’à l’étroitesse d’esprit de ces âmes qui errent dans la vallée de l’arrogance et de l’orgueil, qui se perdent dans le désert de l’éloignement, suivent le chemin de leurs vaines imaginations et obéissent aux diktats de leurs chefs spirituels. Leur unique souci est de faire opposition, leur seul désir d’ignorer la vérité. Il est évident à tout observateur éclairé que si les gens à chaque époque des manifestations du Soleil de vérité avaient purifié leurs yeux, leurs oreilles et leur coeur de ce qu’ils avaient vu, entendu et ressenti, ils n’auraient certes pas été privés de contempler la beauté de Dieu et ne se seraient pas égarés loin des demeures de gloire. Parce qu’ils ont pesé le témoignage de Dieu à l’aune de leur propre savoir, glané des enseignements des chefs religieux, et qu’ils l’ont trouvé en désaccord avec leur interprétation limitée, ils ont perpétré ces actes si répréhensibles. [...]
13. 4  
Son temps révolu, vint celui de Moïse. Armé de la verge du pouvoir céleste, fort de la blanche main du savoir divin, descendant du Párán de l’amour de Dieu, et brandissant le serpent de puissance et d’éternelle majesté, il rayonna sur le monde depuis le Sinaï de lumière. Il appela au royaume de l’éternité tous les peuples et phratries de la terre, et les invita à partager les fruits de l’arbre de la fidélité. Vous savez combien Pharaon et son peuple s’opposèrent violemment à lui et combien de pierres de vaines imaginations les infidèles jetèrent sur cet Arbre béni. Ils allèrent jusqu’à se lever pour éteindre de toutes leurs forces le feu de cet Arbre sacré sous les eaux du mensonge et du reniement, oubliant qu’aucune eau terrestre ne saurait étouffer les flammes de la sagesse divine, ni aucun souffle mortel éteindre la lampe de l’éternelle souveraineté. Au contraire, une telle eau ne peut qu’attiser la flamme, de tels souffles ne peuvent qu’entretenir la lampe si vous regardiez avec discernement et si vous marchiez sur le chemin de la sainte volonté et du bon plaisir de Dieu...
13. 5  
Et lorsque le temps de Moïse fut passé, et que la lumière de Jésus, de l’aurore de l’Esprit brilla sur le monde, tout le peuple d’Israël se dressa contre lui. Ils prétendirent que celui que la Bible annonçait devait venir pour promouvoir et accomplir les lois de Moïse, alors que ce jeune Nazaréen, qui revendiquait le rang de Messie divin, avait abrogé les lois du divorce et du sabbat, les plus importantes des lois de Moïse. De plus, qu’en est-il des signes de la Manifestation à venir ? Ces gens d’Israël attendent encore aujourd’hui la Manifestation prédite par la Bible.
13. 6  
Combien de Manifestations de sainteté, combien de Révélateurs de la lumière éternelle sont apparus depuis le temps de Moïse, et cependant Israël, enveloppé des voiles les plus opaques de l’imagination satanique et des vaines chimères, attend toujours que l’idole créée de ses propres mains apparaisse avec les signes qu’il a lui-même conçus. Alors Dieu les a punis de leurs péchés, a éteint en eux l’esprit de la foi et les a tourmentés par les feux de l’enfer. Et cela pour la seule raison qu’Israël refusa de comprendre la signification des paroles de la Bible concernant les signes de la révélation à venir. Parce qu’il n’a jamais saisi leur véritable signification et qu’en apparence ces signes ne se sont pas produits, il s’est privé de reconnaître la beauté de Jésus et de contempler la face de Dieu. Et il attend toujours sa venue. Depuis les temps immémoriaux et jusqu’à ce jour, toutes les phratries et les peuples de la terre adhèrent à des pensées aussi vaines qu’inconvenantes et se privent ainsi des eaux claires jaillissant des sources de pureté et de sainteté. [...]
13. 7  
Pour ceux qui sont doués de compréhension, il est clair et manifeste que, lorsque le feu de l’amour de Jésus eut consumé les voiles des limitations juives et que son autorité fut évidente et partiellement établie, lui, le révélateur de la Beauté invisible, s’adressa un jour à ses disciples et fit allusion à son trépas ; allumant dans leur coeur le feu de la séparation, il leur dit : « Je m’en vais et je reviendrai vers vous ». Puis ailleurs : « Je m’en vais et un autre viendra, qui vous dira ce que je ne vous ai pas dit et qui accomplira mes paroles. » Si, avec la clairvoyance divine, vous méditez sur les manifestations de l’unité de Dieu, ces deux phrases n’ont qu’une seule et même signification.
13. 8  
Tout observateur éclairé reconnaîtra que la révélation du Coran confirme et le Livre et la cause de Jésus. Pour ce qui est de la question des noms, Muhammad lui-même déclara : « Je suis Jésus ». Il reconnut la véracité des signes, des prophéties et des paroles de Jésus, témoignant que tous venaient de Dieu. En ce sens, ni la personne de Jésus ni ses Écrits ne diffèrent de la personne de Muhammad et de son Livre saint dans la mesure où l’un et l’autre soutiennent la cause de Dieu, exaltent sa louange et révèlent ses commandements. C’est pourquoi Jésus lui-même déclara : « Je m’en vais et je vous reviendrai. »
13. 9  
Daignez considérer le soleil. S’il disait aujourd’hui « Je suis le soleil d’hier », il dirait la vérité. Et si, tenant compte de l’écoulement du temps, il prétendait être un autre soleil, ce serait toujours la vérité. De même, il est correct de dire que tous les jours ne sont qu’un seul et même jour, et tout aussi correct de dire qu’ils diffèrent si l’on considère leur nom particulier. Car, bien qu’ils soient identiques, on reconnaît chacun par une désignation distincte, un attribut spécifique, un caractère propre. Conçois de la même manière les distinctions, les différences et l’unité qui caractérisent toutes les Manifestations de sainteté ; tu comprendras ainsi les allusions que fait aux mystères de la pluralité et de l’unité le créateur de tous les noms et attributs et, en réponse à ta question, tu comprendras pourquoi cette Beauté éternelle s’est donné des noms et des titres divers selon les époques. [...]
13. 10  
Quand l’Invisible, l’Éternel, l’Essence divine, fit lever le soleil de Muhammad à l’horizon de la connaissance, les religieux juifs objectèrent, parmi d’autres ergoteries, qu’après Moïse, Dieu n’enverrait aucun autre prophète. Il est bien fait mention dans les Écritures d’une âme qui doit se manifester pour propager la Foi et favoriser les intérêts du peuple et de Moïse, de telle sorte que la loi de la dispensation mosaïque embrasse le monde entier. C’est ainsi que le Roi de gloire éternelle se réfère, dans son Livre, aux paroles prononcées par ceux qui errent dans les vallées de l’éloignement et de l’erreur : « Les juifs disent : “La main de Dieu est fermée.” Que leurs propres mains soient fermées et qu’ils soient maudits à cause de leurs paroles. Bien au contraire, les mains de Dieu sont largement ouvertes. » Et encore : « La main de Dieu est posée sur leurs mains. »
13. 11  
Bien que les commentateurs du Coran aient diversement rapporté les circonstances accompagnant la révélation de ce verset, tâche cependant d’en saisir le sens. Il dit : c’est faux, ce que les juifs ont imaginé ! La main de celui qui est en vérité le Roi, qui a suscité la figure de Moïse et l’a revêtue de la tunique de prophétie, comment pourrait-elle être fermée et enchaînée ? Comment concevoir que Dieu soit impuissant à susciter après Moïse un autre messager ? Vois l’absurdité de leurs propos. Comme ils s’écartent du chemin de la connaissance et de l’entendement ! Et vois aussi comment, en ce jour, tous ces gens perdent leur temps avec de telles absurdités ridicules ! Depuis plus de mille ans, ils vont répétant ce verset, critiquant inconsciemment les juifs, sans se douter le moins du monde qu’ils professent, en public et en privé, les sentiments et les croyances du peuple juif !
13. 12  
Tu connais sans doute la thèse vaine qu’ils soutiennent : toute révélation est désormais close, les portes de la miséricorde divine se sont fermées, plus jamais aucun soleil ne se lèvera à l’orient d’éternelle sainteté, l’Océan de grâce éternelle est à jamais étale et du tabernacle de l’ancienne gloire, aucun messager de Dieu ne sera plus manifesté. Tel est le degré de compréhension de ces méprisables petits esprits. Ils ont imaginé que s’est tari le flot de la grâce universelle et de l’abondante miséricorde de Dieu, dont aucun esprit ne peut prévoir l’épuisement. Ils se sont levés de toutes parts, endossant le vêtement de la tyrannie, et s’efforcent d’étouffer la flamme du Buisson ardent de Dieu sous les eaux amères de leurs vaines imaginations, oubliant que dans sa puissante forteresse, le globe du pouvoir protège la lampe de Dieu. [...]
13. 13  
Voyez comme aujourd’hui la souveraineté de Muhammad, le messager de Dieu, est apparente et manifeste parmi les gens. Vous savez bien ? quel fut le sort de sa foi, aux premiers jours de sa dispensation. Terribles furent les souffrances infligées à cette Essence de l’esprit, à cet Être pur et saint, par les infidèles et les égarés, les religieux de son temps et leurs partisans ! Nombreuses furent les épines, les ronces semées sur son chemin ! De toute évidence, cette génération misérable, dans son imagination perfide et diabolique, tenait tout dommage infligé à cet Être immortel pour un moyen d’atteindre à la félicité éternelle. En effet, les religieux reconnus de l’époque, tels que ‘Abdu’lláh-i-Ubayy, l’ermite Abu-’Amir, Ka’b-Ibn-i-A shraf et Nadr-Ibn-i-Hári th le traitèrent tous d’imposteur, le déclarèrent fou et calomniateur. Telles furent les accusations portées contre lui que Dieu, à leur récit, empêche l’encre de couler, notre plume de se mouvoir et la page de les recueillir. Ces perfides accusations incitèrent le peuple à se lever pour le tourmenter. Et plus cruel encore est ce tourment quand le clergé de l’époque en est le principal instigateur, qu’il le dénonce à ses disciples, le rejette de son sein et le déclare mécréant. N’est-ce pas ce qui est advenu aussi à ce Serviteur, ce dont tous sont témoins ?
13. 14  
C’est ce qui explique ce cri de Muhammad : « Aucun prophète de Dieu n’a souffert ce que nous avons enduré ! ». Et le Coran relate toutes les calomnies et tous les reproches dont il fut l’objet, toutes les afflictions qui l’accablèrent. Reportez-vous-y pour savoir ce qui advint de sa révélation. Si sévère fut son sort que, pour un temps, tous cessèrent d’entretenir des relations avec lui ou avec ses compagnons. Et quiconque le fréquentait fut victime de l’implacable cruauté de ses ennemis [...]
13. 15  
Vois comme la situation a changé aujourd’hui ! Vois combien de souverains plient le genou devant son nom, et combien de nations, combien de royaumes recherchent l’abri de son ombre, proclament leur allégeance à sa foi et s’en font gloire ! Du haut des chaires s’élèvent aujourd’hui les paroles de louange qui, avec une humilité profonde, glorifient son nom béni, et du haut des minarets résonne l’appel invitant tout son peuple à l’adorer. Même les rois de la terre qui refusèrent d’embrasser sa foi et de se dépouiller du vêtement de l’incroyance, confessent et proclament néanmoins la grandeur et la majesté souveraines de ce Soleil de tendre bonté. Telle est Sa souveraineté terrestre ! tu peux en voir les signes en tous lieux. C’est cette souveraineté qui doit être révélée et établie, soit du vivant de chaque Manifestation de Dieu, soit après son ascension vers sa demeure véritable dans les royaumes célestes. [...]
13. 16  
Il est évident que les changements apportés dans chaque dispensation forment les sombres nuages qui s’interposent entre l’oeil de l’intelligence humaine et l’Astre divin qui brille à l’orient de l’Essence divine. Vois comme les hommes, depuis des générations, imitent aveuglément leurs pères et sont éduqués selon les usages et les comportements établis par les préceptes de leur foi. Quand donc ils découvrent tout à coup qu’un homme, vivant parmi eux, leur égal dans les limites de la condition humaine, se lève pour abolir chaque principe traditionnel que leur foi leur impose, leur aveuglement les empêche évidemment de reconnaître sa vérité, d’autant plus qu’ils ont été, durant des siècles, entraînés à suivre ces principes et en sont arrivés à tenir pour infidèle, dépravé et mauvais celui qui les rejette. Voilà ce que sont les « nuages » qui voilent les yeux de ceux dont l’être intérieur n’a pas goûté au Salsabíl du détachement ni bu les eaux du Kaw thar de la connaissance de Dieu. Quand ils sont informés de ces faits, ces hommes sont si aveuglés que, sans la moindre hésitation, ils déclarent infidèle et condamnent à mort la Manifestation de Dieu. Comme tu le sais, pareille chose s’est produite à toute époque, et aujourd’hui encore tu en es témoin.
13. 17  
Il nous incombe donc de déployer tous nos efforts afin qu’avec l’invisible assistance de Dieu ces sombres voiles, ces nuages d’épreuves envoyées du ciel, ne nous empêchent de contempler la beauté de son visage resplendissant et que nous puissions le reconnaître uniquement par son Soi.


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Chapitre 13
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